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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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29 octobre 2024 2 29 /10 /octobre /2024 14:59

Le remake de ce ilm par William Wellman est tellement fidèle, qu'il me semble approprié de répéter les contours de l'intrigue:

L'action commence autour d'un fort en plein désert, qui vient de subir une attaque. Quand les secours arrivent, on constate que tous les soldats au remparts sont les cadavres de la garnison. Il y a juste eu un coup de feu, qui l'a tiré? L'officier en charge examine les lieux, découvre des étrangetés: un cadavre qui tient une mystérieuse lettre dans sa main, s'accusant d'un crime, et aucune trace du mystérieux tireur... Quand il quitte le fort pour retrouver la troupe, un feu se déclare dans le fort.

Quinze années auparavant, nous faisons la connaissance des trois orphelins Geste: Beau, Digby et John, qui ont été adoptés ensemble... Une étrange affaire se déroule en leur présence, un bijou à la valeur inestimable a été dérobé. Chacun d'entre eux peut être soupçonné, Beau (Ronald Colman) décide de partir le premier, pour éviter que ses deux frères soient suspects. Digby (Neil hamilton) part ensuite et enfin John (Ralph Forbes): ils vont tous s'engager dans la légion étrangère française...

C'est de l'aventure telle qu'elle se concevait entre la fin du XIXe siècle, et les quarante premières années du XXe.  Une aventure dominée dans la plupart des fictions par l'image tutélaire de l'Angleterre, des comportements héroïques plus grands que nature, incarnés ici par trois frères dont l'amour les uns pour les autres "est plus fort que la peur de la mort"... Une aventure qui ne pouvait s'accomplir que dans des endroits reculés, forcément exotiques: le contexte de la légion Etrangère permet le recours au Sahara, et à ses mystérieux Touaregs, enveloppés d'un flou artistique savamment entretenu en même temps que d'étoffes protectrices... Le désert et ses batailles ensablées deviennent les éléments décoratifs d'une aventure absolue, enfermée à la fois dans le destin fatal de ses protagonistes, et dans les clichés sagement accumulés pour satisfaire le spectateur venu les chercher dans les salles obscures. Mais comme de juste, cette aventure rocambolesque qui commence par la disparition mystérieuse (et qui ne sera élucidée qu'à la fin) d'un bijou, est en fait construite, d'une certaine façon... sur du vide.

C'est donc un film extrêmement bien fait, par un orfèvre en la matière. Brenon n'était sans doute pas l'un des plus importants metteurs en scènes Américains du temps du muet, ni l'un des plus inventifs. Mais il savait ce qu'il faisait, et son savoir-faire combiné à, semble-t-il, un certain autoritarisme, débouchent à l'écran sur du particulièrement solide!

Et puis, dans cette histoire certes convenue, on aura le plaisir de revoir des acteurs de premier plan et des seconds rôles qui ne sont pas n'importe qui: Ronald Colman, Noah Beery (en officier qui aurait sans aucun état d'âme pu commander le Bounty!), Victor McLaglen, et l'inévitable William Powell en félon... Classique.

 

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Published by François Massarelli - dans William Powell Herbert Brenon Muet 1926 *
20 septembre 2023 3 20 /09 /septembre /2023 18:08

A la cour d'Espagne, Dom César de Bazan (Antonio Moreno) est un noble dont la fortune a subi de sérieux revers... Lors d'un dîner accordé à la cour par le roi Philippe (Wallace Beery), César tombe amoureux d'une gitane... mais il se fait aussi voler tout l'argent qui lui reste et ne peut empêcher une saisie. Mais la belle gitane, Maritana (Pola Negri), lui ramène (un peu tard) son bien. Elle a aussi tapé dans l'oeil d'un certain nombre de personnages, donc le roi, un sacré coquin... César et Maritana sont partis pour de picaresques aventures au milieu d'intrigues de cours toutes plus rocambolesques les unes que les autres...

Quand Ernst Lubitsch et sa complice Pola Negri sont arrivés aux Etats-Unis, en 1923, suite au succès de leurs films Allemands communs, ils se sont tous deux lancés dans une adaptation de la pièce de théâtre Dom César de Bazan, d'Ennery et Dumanoir. Mais c'étaient deux films différents: l'un, celui-ci, était une spectaculaire production Paramount qui s'intéressait à tous les aspects fastueux du grand spectacle simili-historique, l'autre, Rosita, était une production United Artists de Mary Pickford, mise en scène par Lubitsch, et qui occasionnera (à tort) des regrets à l'actrice. Celle-ci regrettera d'avoir tourné un film trop intime, situé dans le cadre d'une histoire d'amour entre un prince et une danseuse...

Ici, c'est en effet le faste qui domine, mais on a le sentiment que Brenon cherche par tous les moyens à donner au public ce qu'il veut... Et globalement y parvient. Sans jamais trop se prendre au sérieux (et la pièce originale d'ailleurs, démarquage de Ruy Blas comme le serait La Folie des Grandeurs de Gérard Oury, n'était pas à proprement parler une tragédie), le film accumule les coups de théâtre à loisir... Negri est excellente, énergique et mutine mais parfois aussi tentée par le drame. Moreno sait parfaitement ne pas se prendre trop au sérieux et est engageant en héros à l'épée chatouilleuse. La photo est signée du grand James Wong Howe (qui signait encore seulement "Howe"), ce qui est un gage de beauté... La réalisation n'est pas notable par des scènes mémorables, mais Brenon fait bien son travail. Il y a uand même des séquences de foule... que Lubitsch aurait probablement adoré tourner...

 

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Published by François Massarelli - dans Herbert Brenon Muet 1923 **
19 juillet 2019 5 19 /07 /juillet /2019 11:07

Beaucoup, beaucoup plus qu'une curiosité: ce film a beau être complètement assujetti à l'autre (le film d'animation de Clyde Geronimi, Hamilton Luske et Wilfred Jackson, en 1953), au point d'avoir été disponible un moment sous la forme d'un bonus de luxe dans l'édition DVD du classique Disney, mais je pense qu'il faut quand même le réévaluer: pour commencer, non seulement c'est la première version cinématographique du récit de Barrie, mais c'est aussi la seule à laquelle l'auteur ait participé...

D'ailleurs ça se sent un peu dans le prologue étiré, qui reprend non seulement toute l'action de la pièce, mais en prime essaie de jouer uniquement autour d'un seul décor: la chambre des enfants, le lieu de la maison des Darling qui reste évidemment le plus important. ON assiste donc aux préparatifs du coucher, l'arrivée de Nana l'étrange chien/gouvernante, la vision furtive d'un garçon à la fenêtre par Mme Darling (Esther Ralston), puis les différentes façons de temporiser utilisées par les enfants pour ne pas aller au lit.

Et puis une fois les parents (et le chien) partis, l'arrivée de Peter Pan (Betty Bronson) précédé de la fée Tinker Bell (Virginia Brown Faire): le reste de l'histoire on le connaît... sauf que cette fois, il y a à mon sens beaucoup plus d'ambiguïté dans la distribution. Je vais le dire de suite, afin qu'on ne se méprenne: non, je ne parle pas des rapports entre Wendy-Mary Brian et Peter-Betty Bronson. A aucun moment le spectre d'une quelconque romance entre les deux jeunes femmes n'a du traverser les esprits, ni du metteur en scène, ni des actrices. Le choix de Betty Bronson était dicté par un aspect pratique: ce serait beaucoup plus facile d'employer une actrice plus vieille que le rôle, afin de "détacher"Peter des autres "lost boys" de l'histoire, qu'un acteur plus vieux. Et c'est en garçon (et en lutin espiègle) que Betty Bronson joue le rôle...

Non ce qui est ambigu, c'est le décalage entre les volontés de Peter (rester jeune, et si possible pré-pubère, pour l'éternité) et Wendy (Dès le départ son attirance, même innocente, pour Peter, est évidente, et elle passe tout le film à essayer de lui faire dire qu'il est son petit ami... en vain). Tout le film semble être le rêve de quelqu'un (Wendy?) qui se voit plus ou moins obligé(e) de rester en enfance.

Ce qui date le plus le film, c'est sans doute son appartenance à ce genre qui embarrassait tant le cinéma Américain, le merveilleux. Peu représenté, c'est le moins qu'on puisse dire, le genre fantastique dans le cinéma muet Américain avait tout au plus les sagas d'Oz dans les années 10, certains films avec Anette Kellerman en sirène, l'étrange tentative The blue bird de Maurice Tourneur, (1918) assez séduisant dans l'ensemble, et sinon, The thief of Bagdad. C'est à peu près tout ce qui me vient à l'esprit. Et après? Pas grand chose en fait: en dépit du succès certain de ce Peter Pan, le film de 1925 A kiss for Cinderella serait le champ du cygne du genre, en même temps qu'un retour à la froide réalité d'un succès d'estime aussi bien pour Brenon (qui s'en relèverait) que pour Bronson (qui ne s'en relèvera pas)...

Le choix de coller à la pièce originale est un peu déroutant, et c'est d'ailleurs ce qui rend le prologue de près de 35 minutes assez pesant. Mais Brenon, quand il accède à Never Neverland, y trouve un second souffle, et on sent bien que tout le monde s'amuse. Outre Bronson qui est absolument parfaite pour le rôle, on a Ernest Torrence d'une part, qui fait exactement ce qu'on attend de lui en Capitaine Hook. Et en Tiger Lily, fille de chef indien, on a une nouvelle fois une occasion manquée pour Anna May Wong...

Si Peter Pan est réussi c'est en raison de l'adéquation de Brenon, de son équipe et de tous les acteurs au projet: jamais le film ne s'aventure trop loin dans les coulisses sombres de cette histoire, mais il n'y a pas non plus cette volonté de tout aseptiser d'une façon lisse, comme les choix de Disney dans la production de 1953 ont conduit l'équipe à le faire... Le film est donc un entre-deux particulièrement réussi, où les enfants volent, les crocodiles mangent, et les sirènes bronzent. Certes, ce n'est pas le Voleur de Bagdad; mais ce Peter Pan-ci me semble tellement plus tangible que l'autre, voire que celui, assez désastreux, de Joe Wright...

 

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Published by François Massarelli - dans 1924 Muet Herbert Brenon **
18 juillet 2018 3 18 /07 /juillet /2018 09:22

Tito (Lon Chaney) et Simon (Bernard Siegel) sont deux frères, deux clowns itinérants, qui un jour recueillent une enfant perdue, Simonetta. Ils sont jeunes, et Tito, particulièrement sentimental, insiste auprès de son ami bourru... Les années passent, et le duo a de plus en plus de succès. Simonetta devenue une belle jeune femme (Loretta Young), Tito se rend compte que ses sentiments ont changé... Il ne voit donc pas d'un très bon oeil l'idylle naissante entre la jeune femme et le comte Luigi (Nils Ashter), qu'il soupçonne d'être un incorrigible séducteur...

Herbert Brenon était un choix inattendu pour diriger Lon Chaney en 1928; à cette époque, la MGM avait l'habitude de confier les "véhicules" de l'acteur aux metteurs en scène maison, des techniciens compétents qui ne faisaient pas trop d'ombre à la star (William Nigh, George Hill, Jack Conway) ou à Tod Browning, son ami et complice. Le dernier film avec Victor Sjöström était The tower of lies, d'après Selma Lagerlöf, et ça avait été un échec, tout comme l'étrange Mockery tourné par Benjamin Christensen... L'Irlandais, artiste établi et meneur irascible, était un réalisateur fin et ambitieux, et il est à noter que ce long métrage de huit bobines joue dans une catégorie bien différente des films de Chaney de l'époque: c'est un mélodrame, pur et dur, et la résolution en est notable dans la mesure où Chaney échappe à toute tentation du mal...

Les clowns ont inspiré à Chaney un personnage inoubliable, celui de He who gets slapped. Ici, il incarne un vieil artiste, bien sûr amoureux de la jeune femme qu'il a élevé. Pour Lon Chaney, c'est un rôle en or, qui lui permet de montrer toute la gamme de ses talents, dans les registres les plus sentimentaux: le père, l'amoureux transi, l'artiste frustré, et surtout, l'homme vieillissant: à cette époque (en témoignent des films comme Mr Wu, Tell it to the marines, ou les fragments de Thunder, voire le médiocre Where east is east), Chaney s'intéressait particulièrement au vieillissement de l'homme. C'est poignant, quand on pense qu'il n'avait que 45 ans durant le tournage de ce film, et qu'il n'avait plus que deux années au compteur... Et comme de juste, il va aller au bout de son interprétation, en utilisant le costume d'artiste qui pour lui fonctionnait le mieux pour installer son univers de contrastes intimes...

Loretta Young est merveilleuse, et on a du mal à croire, non seulement qu'elle n'avait que 14 ans, mais aussi qu'il s'agit de son premier film... L'histoire a retenu que l'actrice a beaucoup souffert de la direction de Brenon, qui était je le répète un excellent metteur en scène (Ce film en fait foi, tout comme son Peter Pan de 1924), mais aussi un salopard qui aimait se choisir une victime désignée... Jusqu'à ce que Lon Chaney s'en mêle, protégeant Young comme il l'avait fait pour Mary Philbin contre les injonctions délirantes de Rupert Julian en 1925.

Tout ceci, bien sûr, ne se voit pas dans le film, mais ce qui se voit, c'est la délicatesse avec laquelle Chaney, Young et Brenon ont réussi à rendre cette histoire triste de clown amoureux qui se sacrifie en sachant que son âge le condamne aussi bien pour ses sentiments que pour son métier, et la grandeur de Chaney est doublé d'une mise en scène impressionnante pour son sacrifice, qui est, comme souvent dans l'univers de Lon Chaney, particulièrement ouvragé...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Lon Chaney 1928 * Herbert Brenon