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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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12 mai 2022 4 12 /05 /mai /2022 07:25

Un jeune homme (René Ferté) est arrêté pour l'assassinat d'un directeur de banque, le patron de sa maîtresse (France Dhélia). Nous vivons le calvaire de sa mère, qui doit assister à l'humiliation de voir son fils, innocent, traîné devant un tribunal...

Epstein, avec ce moyen métrage contemporain de ses premiers films Bretons et marins (Notamment Finis Terrae), souhaitait s'intéresser à une intrigue criminelle, sans passer par la case du cinéma policier: ni enquête, ni suspense. Le mot "calvaire" dans mon résumé est choisi avec soin, car c'est tout à fait ça; un film qui pousse le bouchon de l'avant-garde (chronologie bouleversée sans crier gare, absence relative d'intertitres, et interprétation sans aucune émotion) vers des retranchements, disons, inutiles. Clairement en cette fin du muet, Epstein avait la tête ailleurs...

Visible sur la plateforme Henri, de la Cinémathèque Française...

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Published by François Massarelli - dans Jean Epstein 1929 Muet
8 août 2021 7 08 /08 /août /2021 15:20

Un ami de Roderick Usher se rend dans la maison de ce dernier, pour vérifier si tout se passe bien chez lui: il a entendu des nouvelles alarmantes... Et c'est vrai que ça ne va pas fort: le maître de l'horrible maison, perdue au milieu des marécages, se perd dans une folie furieuse, s'acharnant à peindre le portrait de sa femme comme l'ont fait ses ancêtres... Mais plus il la peint et plus l'original s'étiole. A la fin elle s'écroule, morte... Mais le portrait a plus d'un tour dans son sac.

Soutenu par Gance, dont la compagne Marguerite interprète ici le rôle de Madeline Usher, Epstein s'est jeté à corps perdu dans toutes les expériences de cinéma possible, pour déboucher sur une prouesse embarrassante: avec des moyens cinématographiques et poétiques considérables, et un sujet pour une histoire de fantômes en or massif, il a en une heure, pas plus, commis l'un des films les plus ennuyeux que j'aie vus. Et s'il fallait le passer à une autre vitesse, pour commencer?

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Published by François Massarelli - dans Muet 1928 Jean Epstein *
9 janvier 2021 6 09 /01 /janvier /2021 11:00

Les deux frères Jean et Jérôme de Ners vivent ensemble, soudés par la mort de leur père. Ils sont très dissemblables: Jérôme (Edmond Van Daële) est médecin, il est l'aîné et c'est un homme sérieux et ombrageux. Jean (Nino Costantini) est papillonnant, et... amoureux. Un jour, il disparaît: il est parti vivre avec Mary (Suzy Pierson), une vie de plaisirs à l'écart des responsabilités. Mais la jeune femme le quitte pour un autre, un danseur en vogue (René Ferté), alors Jean décide de disparaître pour de bon...

C'est une fois devenu indépendant que Epstein a tourné ce genre de films, dont ceci est probablement le pire: un scénario vide, un montage incohérent, et quelques épices d'avant-garde (surimpressions, notamment) pour masquer le vide abyssal du script de la soeur Marie Epstein: deux frères, évidemment nobles, dont l'un va (horreur!) tomber amoureux d'une femme, qui sera forcément inconséquente et volage... C'est un lot de clichés dont le cinéma n'avait déjà pas grand chose à faire en 1920, alors sept années plus tard...

Une explication s'impose, pour finir, sur le titre étrange de ce long métrage: c'est tout simplement en millimètres, le ratio de la pellicule Kodak pour une photo. Voilà tout: car dans ce film, une photo est importante, si vous survivez jusqu'à la dernière bobine de ce film vide et prétentieux.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1927 Jean Epstein Navets *
1 mars 2020 7 01 /03 /mars /2020 10:11

Un bateau contenant une expédition scientifique aborde l'îlot Dumont D'Urville, situé au beau milieu de l'océan, et vide d'habitants... sauf trois personnes: Anna (Germaine Rouer), une Bretonne qui s'est exilée, et qui tient un paradoxal café pour les marins de passage, avec son mari et son fils. Le mari est un ancien marin, qui n'a plus toute sa tête...

Le but de l'expédition scientifique menée par Arlanger (Robert Le Vigan) est de ramener du minerai de radium, mais il va falloir très vite se rendre à l'évidence: il n'y en a pas, les hommes sont arrivés sur une fausse information... Mais l'équipage s'en fout, tous les hommes ne pensent qu'à une seule chose toute la journée, rejoindre le café et écouter les chansons de la femme... Surtout le lieutenant Robert Jacquet (Jean-Pierre Aumont) qui est d'ailleurs dans cette expédition par dépit amoureux...

C'est un film mutilé, d'ailleurs sorti sous un autre titre, Ile perdue... Epstein s'est vu déposséder du montage, selon un schéma qui s'est reproduit bien souvent dans sa vie. Ce film faisait pourtant partie de sa veine "commerciale", ces films qu'il a tournés pour d'autres afin de pouvoir continuer à financer ses projets "Bretons"...

Et justement, la touche d'Epstein, dans ce film, ce sont les plans qui nous montrent l'austérité des lieux, des rochers peu accueillants à perte de vue, d'ailleurs probablement à Ouessant, comme Finis Terrae (1928), son premier film Breton "en liberté"... Les hommes qui arrivent sur cet île avec un idéal, quel qu'il soit (trouver du radium, oublier l'amour, se faire aimer d'Anna, se perdre dans les beaux yeux d'une femme idéalisée) se trompent tous, et paradoxalement, le plus raisonnable est sans doute le plus désagréable des hommes, le mécanicien agressif et querelleur (Charles Vanel), qui se moque du romantisme des autres et essaie de séduire aussi lourdement que possible Anna. Il n'y arrivera pas non plus, il mais il agira comme un révélateur de la perte des repères de ces hommes...

Et le cinéaste se perd dans les visions lyriques des ces vagues, ces embruns et ces plans de tristesse sauvage et de rochers... Il savait capter la détresse d'hommes qui ont plus ou moins confusément choisi leur destin en restant dans des îles à y faire un travail ingrat, et nous le rappelle ici en filmant la mélancolie profonde des marins et des trois habitants de l'île. Cela étant, on admettra que Germaine Rouer, priée de figurer la tristesse infinie de l'exil volontaire, en fait trois fois trop en adoptant une diction à la Alain Cuny...

Mais l'ironie est profonde, et les hommes vont presque tous en souffrir: Arlanger, par exemple, va devenir fou après avoir falsifié les journaux de bord, et envoyé à ses commanditaires des messages uniformément positifs alors qu'il n'a rien trouvé. Jacquet va maladroitement tenter de séduire Anna, ce sera un échec... Le mousse va se suicider... Et le mécanicien, lui, va tuer un homme. La fin peu glorieuse des illusions romantiques, donc.

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Published by François Massarelli - dans Jean Epstein
14 avril 2017 5 14 /04 /avril /2017 08:57

Le nom de Robert Macaire est pour toujours associé à un film, Les enfants du Paradis, qu'on n'a plus besoin de présenter. Il était, rappelons-nous, non pas un personnage du film, mais  le personnage qui avait donné la notoriété à l'acteur Frédérick Lemaître, incarné dans le film de Carné par Pierre Brasseur; Ce qui, du reste, était conforme à la vérité historique, puisque Lemaître avait triomphé au théâtre en 1832 en interprétant non seulement le personnage de Macaire dans la pièce L'auberge des Adrets, mais aussi la pièce elle-même, transformée par la grâce du laisser-aller volontaire et de l'improvisation calculée, en une pochade alors que l'intention de ses auteurs était mélodramatique... Macaire n'a existé que dans cette pièce, il est malgré tout l'archétype du brigand de cette première moitié du XIXe siècle. C'est l'époque de la fin des dernières conséquences du passage de Napoléon, des décombres de feue la Révolution Française, d'une restauration qui se cherche, et dans l'imaginaire collectif, c'est l'époque de Vidocq et des premiers trains; la campagne est encore un monde complètement éloigné de la ville, mais pour combien de temps? C'est ce monde qui vit ses derniers instants, que parcourent dans le long film d'Epstein Robert Macaire (Jean Angelo) et son fidèle compagnon Bertrand (Alex Allin).

Ces "aventures" sont au nombre de cinq, le film épousant la forme d'un serial classique... Mais ces cinq "aventures" seront en fait exploitées en deux temps: le premier épisode se compose des trois premières, et les deux suivantes se retrouvent donc dans le deuxième service. Entre les deux, un cliffhanger en forme d'un saut dans le temps, de 17 années... Macaire et Bertrand sont deux brigands professionnels, sans le sou évidemment, qui parcouret les routes à la recherche de rapines. Leur armes favorites: la ruse, le déguisement, la persuasion plutôt que la violence. On les voit détrousser une fermière pingre qui leur a refusé un repas, en jouant sur sa superstition: ils sont déguisés, respectivement, en St Antoine (Que la fermière aime tant prier) et son cochon. Mais lors de leur première aventure , ils font la connaissance de la belle Louise de Sermèze (Suzanne Bianchetti), qu'ils sauvent, en se faisant passer pour le Vicomte de la Tour Macaire et son intendant Picard... Louise et Macaire s'aiment, ce qui n'est pas du goût de tous. Apprenant qui est réellement Macaire, le frère de Louise (Nino Costantini) tente de les faire arrêter; ils le seront finalement, au terme d'une aventure ou d'une autre... Et la deuxième partie les verra revenir sur le théâtre de ces événements, pour permettre à la fille de Louise disparue, et donc la fille de Robert Macaire lui-même) de connaître un meilleur destin que son père... Tout en faisant quelques affaires, bien entendu.

Le format surprend, d'autant qu'Epstein, qui a si souvent versé dans le mélodrame, n'a pas pour habitude de faire durer ses films aussi longtemps... Mais le propos avec ce Robert Macaire qui est une commande de la compagnie Albatros (La dernière des collaborations d'Epstein pour cet excellent studio), était de fournir à moindre frais du picaresque décoratif, et quoi de mieux que cette époque bénie, ces costumes si caractéristiques, et le frisson facile de la rapine, du brigandage, et de la vie au jour le jour et au grand air de deux fripouilles sympathiques? Deux types qui s'adorent, se complètent, mais se signalent l'un à l'autre leur amitié indéfectible en se faisant mutuellement les poches... Car bien sur, à l'imitation de Lemaître, le film ne se prend jamais vraiment au sérieux. Pour preuve, cette présentation de leurs exploits par une famille de paysans qui se racontent des horreurs à la veillée, dans laquelle Angelo et Allin incarnent des versions terrifiantes (Et sérieusement exagérées) de leurs personnages... Personnages que nous connaissons déjà, et dont le public peut apprécier le décalage par rapport à l'image de ces horribles voyous inquiétants qui nous sont montrés dans cette narration au coin du feu!

Epstein et son équipe se sont tranquillement promenés dans les campagnes et vallées provençales, faisant merveille avec les décors naturels, profitant justement des lieux pour alterner de façon efficace les gros plans (son pêché mignon, il fait le rappeler) et les plans d'ensemble qui inscrivent les aventures picaresques de Macaire et Bertrand dans la nature même, une nature bien sur encore proche de celle du XIXe siècle, mais condamnée tôt ou tard à disparaître. Il fait taire ses petites manies d'avant-gardiste, au profit d'une narration tranquille et linéaire, laissant ses acteurs faire leur travail en toute simplicité: pas d'excès, mais beaucoup de clins d'oeil dans les aventures de Macaire. Angelo a trouvé l'exact milieu entre le sérieux d'un bandit qui se prend toujours pour quelqu'un d'important, y compris quand on l'arrête, et le fieffé escroc pour lequel plus c'est gros, plus ça passe... Bref, avec Macaire et Bertrand, qui commencent le film exactement comme ils vont le finir, en arpentant les routes, tout cela est fait très sérieusement, même si ce n'est pas sérieux du tout.

Et dans ce monde sans foi ni loi, ou se confondent les braves gens et les méchants (Des nobles incapables de laisser les tourtereaux en paix), Macaire nous apparaît comme une sorte de Robin des bois, marqué par le passage des ans perdant ça et là un bout de son costume, voire un oeil (Lequel au fait? Le bandeau noir sur l'oeil semble hésiter entre les deux...), un personnage hauts en couleurs dont on aimerait bien qu'il ait existé, ne serait-ce qu'un peu. 

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie 1925 Jean Epstein Albatros
13 avril 2017 4 13 /04 /avril /2017 17:01

Adapté de George Sand, le film raconte une aventure de deux tourtereaux perdus dans le monde cruel des Mauprat, une famille du Berry dont l'une des branches vit de brigandage, sous l'influence du patriarche (L'impayable Maurice Schutz). Sa nièce, Edmée (Sandra Milowanoff), tombe sous sa coupe. Elle va s'échapper grâce à son cousin Bertrand (Nino Costantini). mais celui-ci fait partie de la bande... Echappera-t-il à l'exécution?

Epstein retrouve pour sa toute première production indépendante (Des "films Jean Epstein") l'esprit de Robert Macaire, qu'il avait tourné dans les décors naturels du Sud. Et en toute liberté il réalise en plein Berry une adaptation de George Sand, il place donc ses acteurs dans les lieux même du drame et se laisse prendre dans une splendide spirale mélodramatique sans temps mort. Pas de rigolade ici contrairement à son film à épisodes cités plus haut, mais je ne comprends absolument pas la réputation de médiocrité dont soufre ce film: Certes, c'est un divertissement, mais il atteint son but avec style, avec panache même, dans l'esprit des meilleurs films romanesques... C'est une grande réussite.

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Published by François Massarelli - dans Jean Epstein Muet 1926 *
12 avril 2017 3 12 /04 /avril /2017 20:45

Ceci est le troisième film d'Epstein pour la compagnie Albatros, et le scénario en est signé de sa soeur Marie... Mais la patronne incontestée, déjà vue dans Le lion des Mogols, et qui avait joué aux côtés d'Ivan Mosjoukine aussi bien en Russie qu'en France (Le brasier ardent), c'est Natalie Lissenko. Mon sentiment, devant ce film, c'est qu'Epstein s'est tout simplement dit qu'il allait profiter de la commande pour faire ses gammes...

La comtesse Maresco (Lissenko) se sacrifie pour un homme (Jean Angelo) qui disparaît en la laissant enceinte. Vingt ans plus tard, les fantômes du passé resurgissent: alors qu'elle a refait sa vie autour de son fils unique, Jacques (Pierre Batcheff), elle constate que celui-ci devient aussi joueur que l'était son père... Et celui-ci, qui a fait fortune aux Etats-Unis, refait surface.

Naalie Lissenko est grande, belle et digne, Jean Angelo est lent, et Pierre Batcheff intense dans un de ses premiers rôles. Epstein souligne un peu trop ses effets, dans une production qui pourrait finir par devenir profondément ennuyeuse à force de lenteur... Mais on voit ou toute l'équipe veut en venir: on sonde ici les tréfonds de l'âme d'une mère: passionnée, jusqu'au-boutiste, accueillant à bras ouverts la mauvaise foi si la bonne santé de son fils en dépend... Une maman bien Russe, au fond.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1925 Jean Epstein Albatros *
21 janvier 2017 6 21 /01 /janvier /2017 15:39

Un homme raconte, lors d'un dîner informel, une histoire étrange à ses amis... Située en 1799, l'anecdote raconte un mystère sanglant, qui a conduit à la mort d'un innocent. Lors d'un orage, deux militaires se sont arrêtés à une auberge où on leur a fait une place. Puis un homme, négociant en diamants, est arrivé, mais l'aubergiste ne pouvant lui offrir une chambre, les deux militaires lui ont fait une place. Le lendemain, le diamantaire a été retrouvé mort, et on a rondement accusé le seul des deux militaires, Prosper Magnan, du crime. Mais qu'est devenu l'autre? Il a disparu... 

Pas tout à fait, car c'est l'un des convives du dîner...

Jean Epstein a adapté ici un conte de Balzac, en y expérimentant sur la subjectivité, à l'aide du montage et d'un jeu de gros plans qui tous permettent un changement permanent de point de vue. L'atmosphère légère et chaleureuse du dîner initial, qui se charge en lourdeur au fur et à mesure du déroulement de l'anecdote, l'orage et la menace palpable représentée par la clientèle quelque peu sordide de l'auberge, tout vient en réalité de l'image et de son agencement. C'est intéressant, mais comme souvent chez Epstein, c'est aussi assez froid et démonstratif. Reste une série de belles interprétations: Gina Manès, en particulier...

Sinon, afin que ce soit dit une bonne fois pour toutes: n'attendez pas ici de voir un prêtre perdu entre devoir et trouille, ni cannibalisme: ce film, n'a rien à voir avec la comédie sardonique du même nom de Claude Autant-Lara avec Fernandel, Françoise Rosay et Julien Carette.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1923 Jean Epstein
19 février 2015 4 19 /02 /février /2015 17:36

Le prince Roundgito-Singh (Ivan Mosjoukine) fuit dans de périlleuses circonstances son Tibet natal, dans lequel il était pour le peuple une consolation, tant le tyran qui les gouvernait était craint et vil. Pervenu au terme d'un long voyage en Europe, il interrompt le tournage d'un film, et devant son exotisme, l'actrice principale Lady Anna (Natalie Lyssenko) intriguée, l'invite à se joindre à la production. Lady Anna, justement, qui vit une union fort compliquée avec son producteur de compagnon, jaloux et teigneux, est fort intrigante pour une actrice Française: elle parle le langage maternel du Prince. Quel secret cache-t-elle donc? Et que cherchent exactement les mystérieux individus qui parcourent la ville à la recherche du prince?

Ce film de prestige rocambolesque est l'une des premières productions de la firme Albatros lorsqu'elles se tournèrent vers des jeunes et moins jeunes réalisateurs établis. Et Epstein voyait d'un oeil gourmand les possibilités de mélanger son style audacieux et avant-gardiste avec le "style Mosjoukine". Celui-ci, de fait la plus grande vedette de l'Albatros si ce n'est du cinéma Français, n'allait plus mettre lui-même en scène ses productions (Au vu du Brasier Ardent, on ne peut que le regretter), mais continuait à fournir des scénarios. Un film avec Mosjoukine en provenance des studios Albatros, sur un scénario de la star, forcément ça impose le respect...

Pourtant cette histoire sans queue ni tête (Qualifiée d'idiote par Abel Gance lui-même, et l'auteur de l'immortel nanar La fin du monde était un connaisseur pourtant) sonne comme une métaphore vide de sens de la vie de Mosjoukine l'exilé à Paris. Au moins, Epstein profite des largesses de l'Albatros pour se lancer dans des extravagances stylistiques mâtinées d'une solide dose d'avant-garde... Mais après l'éclat flamboyant et l'humour dévastateur du Brasier Ardent, on reste perplexe devant les possibilités gâchées et le manque d'humour (Les ouvertures vers le baroque ne manquent pourtant pas, loin de là) fait décidément beaucoup pour le côté poids lourd de cette production, menée sans doute par un Mosjoukine fort imbu de lui-même (Mais ce n'est pas nouveau), mais qu'un réalisateur un peu plus aguerri et volontaire aurait certainement su canaliser: voir, à ce sujet, de quelle belle façon L'Herbier l'année suivante sut mélanger son univers et celui de Mosjoukine dans le superbe Feu Mathias Pascal.

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Published by François Massarelli - dans Muet Ivan Mosjoukine Albatros 1924 Jean Epstein *
23 février 2014 7 23 /02 /février /2014 09:37

Marie (Gina Manès) est une enfant trouvée, élevée et exploitée dans un bar du Vieux Port de Marseille par un couple de cafetiers, les Hochon. elle est convoitée par Petit Paul, le caïd local (Edmond Van Daële), une grosse brute qui raconte des boniments au patron du café, de toute façon trop content de la perspective de se débarrasser de la jeune femme. Mais Marie aime Jean (Léon Mathot), un brave homme qui surtout est décidé à la respecter, ce qui n'est absolument pas le cas de Paul. Celui-ci réussit à faire croire à Hochon qu'il emporte Marie pour se marier avec elle, mais il veut surtout passer du bon temps, et Jean qui les a suivi à Manosque intervient au moment ou Paul entraine Marie dans un hôtel; ils se battent, et Jean considéré comme l'agresseur va écoper d'un an de prison. Pendant ce temps, Marie vit avec son bourreau, qui lui a donné un enfant. A sa sortie de prison, Jean est déterminé à retrouver la jeune femme.

 

C'est un scénario original de Jean et Marie Epstein qui sert de prétexte à ce film, une production Pathé qui réconcilie le mélodrame très populaire et classique, avec l'avant-garde, dans le sillage de Gance. Mais une autre influence qui apparait de façon frappante, c'est celle de Stroheim à travers l'utilisation savante du sordide magnifié par les sentiments, des détails mis en exergue au service d'une narration au plus près des corps. La lenteur du film est bien entendu contemplative, l'interprétation étant dominée par un naturalisme des gestes, et une accentuation du regard. Epstein, avec le chef-opérateur Léon Donnot, utilise intelligemment ses effets (Surimpressions, montage rapide, iris blancs, filtres, fondus et contrechamps inattendus). Les décors naturels (La Provence, inondée de lumière) sont fort bien combinés avec des intérieurs tournés à Vincennes mais criants de vérité... et de saleté! Epstein a donné dans la deuxième partie un rôle crucial à Marie Epstein, celui d'une jeune infirme (Là enciore, on pense à Stroheim!) qui va beaucoup donner pour le couple, et participer à un motif qui donne son titre au film: elle utilise de la craie pour signaler à Jean les absences de Paul, un feu vert en forme de coeur pour aller retrouver Marie. Une jolie idée, qui trouve dans le film son  contrepoint, puisque Paul a lui aussi une "donneuse", une prostituée qui la renseigne sur les faits et les gestes de Marie Et Jean derrière son dos. 

 

Malgré un épilogue en forme de happy ending, le film se clôt presque sur une image qui fait froid dans le dos, celle d'un homme mort dont la tête repose sur le couffin d'un enfant. La juxtaposition de la tête ensanglantée et du bébé qui pleure ne présage rien de bon, ni pour l'enfant, ni pour les amants survivants... Le premier film importantde Jean Epstein, qui a bénéficié de la confiance de Pathé en dépit du fait qu'il n'était après tout qu'un amateur éclairé, est une belle preuve d'un temps héroïque du cinéma français dans lequel l'ambition artistique pouvait faire corps avec une réelle fibre populaire du cinéma...

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Published by François Massarelli - dans Muet Jean Epstein 1923 **