
2028, la guerre menace entre la Russie et l'Allemagne, et la terre fait face à une crise redoutable de l'énergie et des scientifiques ont mis au point un accélérateur de particules, le Shepard, qu'ils vont tester depuis un satellite. Une femme qui fait partie de la mission y va autant par devoir, que pour fuir la terre, où elle a accidentellement provoqué la mort de ses enfants. Pendant le test du Shepard, tout se passe fort mal, précipitant le satellite dans une autre zone, voire une autre dimension. A partir de là, ça va être un massacre... Sans parler du fait que pendant ce temps, sur terre, d'étranges phénomènes se produisent.
La franchise Cloverfield est peu banale: elle consiste, d'une manière inédite, en une série de films qui sont des variations sur un principe: on assiste à des événements disjoints pendant qu'une apocalypse ravage la terre, faisant intervenir des monstres gigantesques qu'on aperçoit assez peu en définitive. Le premier film proposait un dispositif de caméscope embarqué, qui était retrouvé avec des images en l'état et montrait les effets du chaos sur de jeunes adultes principalement préoccupés de leur vie sexuelle et sentimentale; le deuxième prenait le parti inverse de s'intéresser à une jeune femme qui échappait au cataclysme en se réfugiant chez un homme qui devenait son kidnappeur au fur et à mesure, l'apocalypse de déroulant essentiellement dans les coulisses. Ce nouveau film lui donne un contexte, mais n'allons pas trop vite! car ce film donne aussi une date, qui n'est jamais utilisée dans les autres films, et joue beaucoup avec l'idée d'une terre sur plusieurs dimensions...
C'est à la fois une tentative de blockbuster sans cervelle par Abrams, un producteur qui connait très bien ses classiques, et un film expérimental, qui étend un univers en jouant avec le creux et le vide, car à partir du moment où le titre contient le mot Cloverfield, un film se retrouve muni de tout un bagage qu'on n'a même pas besoin de chercher à l'écran. Des efforts sont pourtant faits pour relier le film avec ses deux prédécesseurs; mais ce n'est sans doute pas là que l'intérêt de l'expérience réside: c'est plus dans une tentative de renouveler à la fois une franchise et un genre (La science-fiction avec un équipage isolé dans l'espace), à travers un écheveau de pistes de script qui vont dans tous les sens. C'est d'ailleurs précisément ce qu'on lui a reproché, mais je pense que pour une fois (on n'est pas chez Nolan, donc au moins l'humour est volontaire) c'est une erreur de s'en plaindre, car ça ajoute un jeu cérébral intéressant. Maintenant, on a envie d'avertir JJ Abrams: les ramifications, ça peut être rigolo, mais un jour il faudra revenir en arrière, et ça peut donner des catastrophes. Et Abrams, qui était à l'origine de Lost, devrait le savoir...

