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13 mars 2020 5 13 /03 /mars /2020 17:16

Les metteurs en scène (ils s'y sont mis à cinq, quand même) qui ont signé cette anthologie de parodies ont sans doute passé une partie de leur jeunesse à regarder des films à la télévision, le plus souvent dans des copies moches comme tout, et entrecoupées de généreuses tranches de publicité. Du coup, cette oeuvre collective se veut un clin d'oeil à cette expérience très particulière...

Admettons d'ailleurs qu'aussi bien John Landis que Joe Dante ont déjà copieusement servi ce genre de démarche en se permettant, pour le premier, de laisser l'esprit parodique infecter gentiment la plupart de ses films, pour le second de mettre en scène un grand nombre de ces geeks du cinéma qui consommaient des tonnes de télévision dans ses longs métrages.

Mais bon! Sans doute y avait-il pour Landis la nostalgie de cette époque dorée durant laquelle, ne respectant rien (surtout pas le bon goût) il commettait avec les Zucker et Abrahams le curieux film Kentucky fried movie... Qui était, par moments seulement, drôle. 

Pas ce film, ou alors si peu. Au moins un segment, mais trop long, fera un peu rire les fans des films d'horreur Universal, avec The son of the invisible man. Sinon, le premier sketch est extrêmement drôle. C'est le seul.

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Published by François Massarelli - dans John Landis Joe Dante Comédie
5 mai 2018 6 05 /05 /mai /2018 17:16

On est partagé.

D'un côté, il y a le fait que ces films sans queue ni tête qui tournent autour de la cohabitation entre humains et personnages de cartoons, depuis Who framed Roger Rabbit, ne parviennent pas à renouveler l'apport essentiel du film de Zemeckis, qui reste la référence du genre, et ne devrait pas avoir à subir de concurrence.

Sans parler du fait que le plus souvent, l'intrigue n'est qu'un prétexte et ne vaut pas tripette, et qu'en plus on a le sentiment que les acteurs qui jouent das ces films ont été punis... 

Alors je ne parlerai pas de l'intrigue, je me contenterai de dire qu'elle est un énième prétexte à virer Daffy Duck, à afficher sa tendance à être jaloux de Bugs Bunny, et sinon, qu'on y voir Steven Martin dans ce qui est sans doute son rôle le plus atroce. Même si cette fois, en revanche, c'est volontaire...

Mais c'est un film de Joe Dante, l'enfant terrible déchu, qui a accepté le défi, non seulement parce qu'il fait bien vivre, mais aussi parce qu'il lui permettait de rendre un hommage vibrant à Chuck Jones. Après tout, pourquoi pas? Mais qu'il est loin, le temps de Matinée, de The howling, ou de The Burbs.

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Published by François Massarelli - dans Comédie Animation Looney Tunes Joe Dante
15 janvier 2017 7 15 /01 /janvier /2017 15:54

Dans un studio vide, six touristes (En fait tous habitant à Hollywood) visitent une étrange maison, qui est en fait le décor d'un film mythique. Comme dans le film en question, ils se retrouvent, en compagnie de leur guide (Henry Gibson), coincés, condamnés à raconter des histoires horrifiques afin d'avoir le "droit" de sortir. Ils s'exécutent, et si ce qui précède, à savoir la portion du film réalisée par Joe Dante (On aperçoit ce bon vieux Dick Miller en gardien taciturne), est sans aucun intérêt, ce qui suit est pire: quatre histoires minables, ridicules, réalisées par des metteurs en scène, dont certains excusez du peu ont quand même un statut légendaires, mais qui là, franchement, se sont vomi dessus. C'est tout simplement mauvais, ridicule, à fuir, et en un mot, complètement con.

Sans parler du fait qu'un film qui annonce "5 tales of terror", c'est supposé faire peur. 

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Published by François Massarelli - dans Joe Dante Navets
28 décembre 2016 3 28 /12 /décembre /2016 09:34

En 1985, Joe Dante faisait confiance à son cinquième long métrage pour l'installer définitivement parmi les metteurs en scène qui comptent. Du moins pendant le tournage. C'était sans compter sur, comment va-t-on appeler ça? La poisse? La malédiction? Quoi qu'il en soit, c'était sans compter sur le studio qui s'apprêtait à le sortir, pour les fêtes pensait Dante, mais en fait en été. le tournage n'était pas fini, les scènes à effets spéciaux n'avaient pas été finalisées, et la fin n'était même pas décidée. Le résultat est un naufrage...

Ben (Ethan Hawke) et ses copains Wolfgang (River Phoenix) et Darren (Jason Presson) sont des pré-ados assez typique de ce qu'on trouve dans un film de Dante: des jeunes mal assurés, victimes des railleries des néandertals qui les entourent, et laissés à des parents qui les négligent (Ben), les battent (Darren), ou sont tout simplement complètement à l'ouest (Wolfgang). Mais Ben a reçu, en rêve, des instructions mystérieuses pour pouvoir aller à la rencontre... des extra-terrestres. Et comme ils n'ont rien de mieux à faire, ils se mettent au travail.

Ouch! Une fois passées les premières quarante minutes, qui sont du pur Joe Dante (Description amusée d'une banlieue modeste, établissement de la différence entre Ben et ses copains d'une part, qui sont fans de cinéma et de cartoons classiques évidemment, et les débiles qui les entourent (Comme le dit un gamin: "J'aime pas les livres, j'aime pas l'école"), l'histoire devient du grand n'importe quoi. La rencontre avec les extra-terrestres a bien lieu, mais elle a l'air tellement amateur qu'elle est embarrassante et insupportable à regarder... D'autant qu'elle est longue et redondante. Dante assurait que dans tout ce qui a été coupé il y aurait le coeur du film, ce qui est toujours facile à dire une fois que le mal est fait, mais tel qu'il est, le film et surtout son dernier tiers, sont tellement embarrassants, qu'on ne demande qu'à le croire! reste que les ados vont rencontrer des extra-terrestres qui sont en fait... des ados. Et que la menace qui pèse sur eux et qui a motivé leur appel au secours, c'était bien sur leurs parents. Le monde est petit...

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Published by François Massarelli - dans Science-fiction Joe Dante
20 octobre 2015 2 20 /10 /octobre /2015 16:21

 

Une ex-petite amie d'autant plus récalcitrante qu'elle est morte? On a déjà vu ça, bien sur, dans Blithe Spirit de David Lean, d'après Noel Coward. Mais là où les deux maîtres d'oeuvre très Anglais de ce classique de 1945 ont eu recours au très traditionnel et très Britannique procédé du fantôme qui hante le nouveau couple, Joe Dante, Américain et surtout, comme nul n'ignore, fan de films d'épouvante, a quant à lui à gérer une affaire de zombie... Ou de zombies, comme nous révèle l'intrigue de cette, mais oui, comédie sentimentale, car techniquement, il s'agit pour Max (Anton Yelchin) de se débarrasser d'une petite amie encombrante, Evelyn (Ashley Greene), dont il est clair qu'ils n'ont décidément rien en commun, afin de filer enfin le parfait amour avec la jolie Olivia (Alexandra Daddario) qui elle est totalement faite pour lui... Le film ajoute du piment avec le fait qu'Evelyn soit morte, et enterrée d'ailleurs.

La décennie précédente a entériné le fait que Dante, naguère enfant prodige sous la protection de Seven Spielberg, appartient plus ou moins au passé, et il n'a sorti entre 1999 et 2009 que deux films au cinéma, le controversé (Mais il a ses fans, et j'en suis) Looney Tunes back in action, et d'autre part le film d'horreur sage pour ados The hole; on a aussi vu quelques productions télévisées, notamment deux épisodes de l'anthologie Masters of horror: c'est tout, et ce n'est pas grand chose...

Donc qu'un nouveau film sorte d'un studio avec sa griffe, même si c'est pour finir directement en vente en DVD, c'est toujours une bonne nouvelle. Et ce Burying the ex, techniquement très soigné, est une comédie bien dans la ligne des films de ce réalisateur qui a choisi un jour de ne pas choisir entre burlesque (Il est très fan de cartoons) et horreur (Un domaine dans lequel, comme la plupart de ses héros, il s'y connait particulièrement!). Les acteurs font donc bien leur travail, et jouent clairement la carte de la comédie contemporaine, avec un certain succès... Mais quant à penser qu'il apporte quoi que ce soit de plus à la légende et à l'oeuvre du réalisateur de tant de films majeurs, je crois qu'il ne faut pas rêver. On y passe une heure et demie en agréable compagnie, et certaines scènes nous rappellent vaguement quelques frissons passés, c'est à peu près tout. Déjà pas mal...

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Published by François Massarelli - dans Joe Dante Comédie
2 mai 2015 6 02 /05 /mai /2015 08:37

Les jouets qui deviennet fous, c'est bien sur un passage obligé du bestiaire d'horreur, dont on attendait qu'à un moment ou un autre Joe Dante s'y attelle. En 1998, le metteur en scène est un peu mal en point, passé de façon répétée par la case télévision de sa carrière, faute de soutiens. Son denier long métrage était justement un film acclamé (The second Civil War) pour HBO, signe que les temps sont en train de changer. Et effectivement, tous les films qu'il fera après sont, d'une certaine manière, beaucoup plus marqués par le compromis que son travail de télévision, qui respire une certaine liberté... Pourtant, il y a peu de raisons de bouder notre plaisir devant cette poduction Dreamworks. Et le studio faisant appel à Joe Dante, on tendrait donc à penser que Spielberg lui a finalement pardonné d'avoir en quelque sorte "cassé" les Gremlins avec sa suite furieuse et infernale de 1990...

C'est vrai, on y revient toujours. Gremlins, c'est un peu le sommet de la carrière de Dante: sans doute pas le film qu'il préférait parmi ceux qu'il a réalisés, mais un classique, un énorme succès, et une oeuvre dont la thématique et le déroulement sont finalement une excellente introduction à son style. Un film marqué par son époque, assez typique du milieu des années 80, mais auquel on peut revenir sans crainte 30 ans plus tard. Alors ici, on ne va pas s'en priver: dès les dix premières minutes, le mot "Gizmo" est prononcé, voire souligné. Une clé dont on n'avait d'ailleurs pas besoin, par certains côtés, Small soldiers ressemble presque à un remake raisonnable de Gremlins. Presque, parce que le film va loin par certains côtés: on y fait quand même des expériences dégueulasses sur Barbie! ET les poupées ainsi créées deviennent folles, homicides et particulièrement moches...

Alan est un jeune homme assez typique de l'univers de son metteur en scène: un peu en porte-à-faux avec ses parents, avec l'autorité en général, il a été exclu de plusieurs écoles et comme tout se sait, il n'est pas très apprécié au lycée. ...donc il est seul. Il fait des efforts pourtant, en particulier auprès de ses parents, car il veut montrer qu'il a changé, et qu'il est devenu responsable. Son père vend des jouets en bois, des classiques, donc il ne vend rien ou presque, et Alan passe souvent du temps à tenir la boutique, c'est l'un des moyens qu'il utilise pour montrer qu'il est devenu plus raisonnable. Un jour, le convoyeur apporte une livraison, et par hasard, Alan aperçoit une cargaison de jouets modernes qui ont l'air très intéressants: il négocie afin d'en détourner une caisse, ce qui permettra sans doute à la boutique de faire un peu d'aargent pour une fois. Ce qu'il ne sait pas, c'est que ces jouets, un petit commando de soldats d'un côté, et des créatures extra-terrestres de l'autre, pas encore lancés sur le marché, sont dotés d'une puce ultra-sophistiquée qui leur donne des capacités bien au-delà d'un jouet moyen, et surtout sont programmés pour se faire une guerre totale et sans merci. Ce qu'ils vont faire, justement, de façon incontrôlable! Sale temps pour Alan, qui va en plus faire la connaissance de sa petite voisine Christy, une jolie ado "qui sort avec des garçons plus agés", selon ses propres termes, mais qui aime manifestement bien passer du temps dans la boutique...

Un prologue obligatoire nous explique la créations des "Gorgonites" et du commando de soldats qui les pourchassent: une petite entreprise qui fabriquait des jouets a été racheté par un gros ponte de l'électronique, un sale crétin d'ailleurs, qui entend bien leur demander de créer un jouet rentable. Les deux seuls rescapés de la boîte, deux concepteurs que tout oppose (L'un utilise l'informatique et crée les soldats, l'autre dessine au crayon et a créé les "Gorgonites", des créatures un peu plus poétiques) ont trois mois pour donner vie à un jouet "qui fait exactement ce qu'on montre dans la pub", comme le demande le nouveau propriétaire. C'est là qu'intervient un gimmick en forme de McGuffin: comme les Gremlins qui pour exister ont besoin que les mogwais mangent après minuit et d'un peu d'eau, les jouets créés par ces deux-là vont bénéficier d'une puce ultra-secrète et aux propriétés phénoménales, ce qui excuse par avance tout ce qui arrive dans le film! On s'en accomode très bien... Le groupe de créatures extra-terrestres est sympathique, mais autant le dire, ils sont assez laids. C'est le cas pour le commando, mais ce sont des militaires, donc on s'yattendait un peu! Par ailleurs, ils feraient passer Buzz Lightyear pour le clown Baptiste des Enfants du Paradis! En plus de Tommy Lee Jones, Dante a fait appel pour leurs voix aux acteurs de The dirty Dozen...

Une fois de plus, le film est situé dans une petite ville, pas dans la mégalopole. Depuis The 'Burbs on sait à quel point Dante est inspiré par l'Amérique moyenne; On sait aussi à quel point il réserve sa tendresse pour les petits, les exclus et les gens qui sont, gentiment marginaux, qu'ils soient ados (Explorers, The hole, Runaway daughters, Matinée), enfants (Piranha), adultes mal dégrossis (Innerspace) et en chômage technique (The burbs)... Il oppose ici les parents: ceux d'Alan sont des braves gens, certes un peu excentriques, mais ceux de Christy (Interprétée par la jeune Kirsten Dunst) sont en revanche atroces: madame noie son stress dans le gin, et le père est obsédé par son confort et la technique de pointe érigée en signe extérieur de richesse... Et il est un fort mauvais voisin, le genre à tronconner votre arbre sans vous demander votre avis! Pourtant, Dante aime bien les gens, les petites gens, s'entend. ceux qu'il n'aime pas, ce sont les puissants, mais comme le metteur en scène est gentil, il en pousse les caractéristiques jusqu'à les rendre si caricaturaux qu'ils deviennent inoffensif. Dante a depuis toujours un art consommé pour noyer le poisson. Ca lui permet de prendre des libertés comme ici de montrer un commando de jouets de 15 centimètres de haut qui se livre à une orgie de destruction, et en particulier à des expériences à la Frankenstein sur des Barbies (Nommées ici "Gwendy", mais on les a reconnues!). Il fait appel à ses acteurs fétiches, qui font des apparitions: Dick Miller, Robert Picardo, Belinda Belaski et Wendy Schaal sont tous là... Et surtout, le film décalque Gremlins: même situation de base, un jeune ado se retrouve avec des créatures sympathiques mais encombrantes, et très vite la violence et le chaos vont s'inviter autour de lui, et c'est la banlieue qui va trinquer. Et comme si on avait aussi recours à ce qui arrive dans Gremlins 2 the new batch, le commando infernal va faire appel à ...d'autres commandos sortis d'usine, qui sont exactement de la même trempe. Donc ça va péter dans tous les coins...

Le film est donc une fois de plus un portrait tendre et loufoque de l'adolescence perturbée, ce passage terrifiant de tout humain et en particulier des Américains, mais aussi une énième variation sur le monde de l'entertainment Américain, et sa capacité à générer la violence et le chaos, qui sont partie intégrantes de son ADN. Je ne pense pas qu'il y ait ici un "message" au sens philosophique du terme, mais la façon dont Joe Dante accomplit son film, en extrapolant autour d'un postulat simple, en maintenant jusqu'au bout son esprit de comédie et sans qu'aucune personne ne meure, est bluffante. Donc si ce n'est pas un chef d'oeuvre, voilà un film avec lequel on passe beaucoup de bon temps, en fort belle compagnie, et si c'est une redite, elle a au moins le mérite d'être effectuée avec un talent fou.

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Published by François Massarelli - dans Joe Dante Science-fiction
24 avril 2015 5 24 /04 /avril /2015 11:15

The screwfly solution est, comme Homecoming, un film de moins d'une heure réalisé pour la télévision par Joe Dante, scénarisé par Sam Hamm, et adapté d'une obscure nouvelle: Alice Sheldon a écrit la nouvelle en 1977, et l'histoire est une intéressante variation sur le féminisme. Mais cette interprétation reste en creux, car du début à la fin, le film multiplie les fausses pistes: deux scientifiques qui ont travaillé dans la forêt tropicale sur des solutions pour régler un problème d'insectes, constatent quand ils reviennent chez eux à Houston que les Etats-Unis sont en proie à une guerre entre les hommes et les femmes: on se rend vite compte que les hommes ont été touchés par une maladie liée aux insectes, qui les rend agressifs dès qu'ils ont des pulsions sexuelles, et ils finissent par se livrer au meurtre des femmes, quel que soit leur age, et quels que soient leurs liens avec leurs victimes. L'épidémie s'étend, et l'un des scientifiques, Alan (Jason Priestley), fait comprendre à son épouse (Kerry Norton) qu'elle ferait mieux de partir avec leur fille aussi loin de lui que possible...

Nettement plus linéaire que The Homecoming, le film est aussi beaucoup moins drôle. Le propos, durant presque toute la durée de l'intrigue, nous oriente vers une lecture environnementaliste, en pointant du doigt une force extérieure (Divine? Extra-terrestre? la solution, pur truc de fiction, est donnée pour la satisfaction du public à la fin, mais à mon sens, elle importe peu) qui aurait pris la décision de se débarrasser de la race humaine en détraquant la libido des hommes. De fait, le film à mon humble avis parle plutôt de cette étonnante tendance des hommes à toujours chercher les prétextes les plus divers pour se retourner contre les femmes. Un maire tue une épidémiologiste, parce qu'elle est une intellectuelle; des hommes dans la rue font un écart en voiture pour tuer deux piétonnes, et un père qui éprouve une attirance pour sa fille va la tuer... On évoque aussi la Charia des fondamentalistes Islamistes... Bref, une tendance partagée, et le problème c'est que ça n'a rien d'une fiction, même si le film va loin: il prévoit effectivement la disparition de la gent féminine, et donc à terme de la race humaine...

Quoi qu'il en soit, le message est clair: cette tendance, si répandue, de l'homme à agir avec violence contre les femmes, est une façon de jouer contre lui-même. Le film le dit, et le dit avec la science impeeccable de Dante pour la mise en scène, et la construction dramatique. Une fois d eplus, il peut en dire plus à la télévision qu'au cinéma...

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Published by François Massarelli - dans Joe Dante
24 avril 2015 5 24 /04 /avril /2015 10:34

2008: David Murch, un conseiller Républicain du président en exercice, candidat à sa propre réelection, est interrogé à la télévision par une mère de soldat. Elle a perdu son fils, engagé en Irak, et réclame des réponses à toutes les questions légitimes que peuvent se poser les mères dans son cas. Il est troublé: il a lui-même perdu son frère, parti se faire tuer au Vietnam, et la question va longtemps résonner dans son esprit. Il fait en direct le voeu que les soldats reviennent afin de juger si l'intervention était légitime ou non. Egalement présente sur le plateau, une intellectuelle de droite, mais vraiment de droite, et séductrice notoire, Jane Cleaver, applaudit à ce qu'elle croit être une technique de Murch. Elle va d'ailleurs lui conseiller de souffler au président de faire le même voeu, tout en débutant une relation agressive avec le jeune conseiller. Le problème, c'est que le camp Républicain ne va pas tarder à constater que le voeu s'est bien réalisé, mais que les zombies de la guerre d'Irak ne sont pas contents, mais alors pas du tout: il veulent voter, et a priori pas pour le président... Son staff électoral a des soucis à se faire. Pendant ce temps, l'ambitieuse Jane Cleaver monte un à un les échelons de l'appareil de campagne...

C'eest dans le cadre d'une série de télévision, l'anthologie Masters of Horror, que dante a réalisé ce petit film. Le constat est sans appel: autant le cinéma semble ne plus avoir de place pour un metteur en scène aussi reconnu et talentueux que Dante (Qui pour les studios, reste probablement le responsable du naufrage de Gremlins 2, The New Batch), autant la télévision est une terre d'accueil pour des projets décidément atypiques, mais dans lesquels il a, relativement, carte blanche. Le sujet de ce film d'horreur politique (A ma connaissance, une première) est inspiré d'une nouvelle de Dale Bailey, Death and Suffrage, publiée en 2002, et qui voyait avec préscience le camp de Bush tout faire pour exploiter la ferveur guerrière, et éventuellement contourner l'opposition à la guerre en leur faveur, pour l'élection de 2004. C'est exactement ce qu'ils ont fait... Sam Hamm, scénariste réputé, a adapté la nouvelle afin de l'intégrer à l'anthologie produite par IDT Entertainment. Le choix de Dante est d'autant plus pertinent qu'il est de notoriété publique plutôt à gauche, et depuis toujours s'est fait un chantre d'une Amérique des bonnes gens face aux tricheurs et menteurs de tout poil, généralement situé sdans les conseils d'administration (Looney Tunes back in action), dans l'armée (Piranha), les politiciens (The second Civil War).

Le film, en son état, est plutôt une comédie qu'une film d'horreur, dont il détourne par contre certains codes: le choix a été fait de débuter sur une scène spectaculaire de rencontre entre David (Jon Tenney) et Jane (Thea Gill) d'une part, qui conduisent de nuit sur une route isolée, et des zombies qui les ont identifiés comme ceux qui les ont trahis. La scène donne lieu ensuite à un flash-back qui nous présente toute la situation, mais elle est aussi chargée en sens: la voiture est conduite par Murch, mais Jane fume sans vergogne, lui disant que c'est "sa voiture". Toute l'outrecuidance du personnage est contenue dans un échange amer; quelques instants après, une clé transparente est donnée par les auteurs: on aperçoit la plaque d'immatriculation, dont l'identification est BSH BABE, un renvoi, à un U près, au président contemporain. Sans jamais le nommer, le film est un brûlot anti-Bush, particulièrement fort d'autant qu'il est surtout destiné à taper sur son camp: ainsi Murch, politicien intègre qui s'est trompé, est-il le seul à êttre épargné. tous les autres voient arriver les zombies et décident de trouver le moyen devoler l'élection avec eux. A plusieurs reprises, Jane Cleaver (Cleaver, c'est un hachoir à viande, au passage) dit des horreurs sur la gauche, dont il est clair qu'elle les pense (Elle me fait immanquablement penser à Nadine Morano, mais elle pense quand même); il est parfois fait allusion à l'histoire lamentable du vol de l'élection de 2000 par les Républicains de Floride, et le staff du président parle effectivement de "ne pas l'élection à l'autre camp"! Donc, nous dit en substance ce film de moins d'une heure, la démocratie est en danger...

Bon, tout ce qui précède donne sans doute l'impression d'un spectacle d'une grande finesse, mais on peut faire confiance à Dante pour éviter toute grandiloquence: il s'amuse, comme il le fait dans tous ses films, avec les codes, le jeu des ateurs, et la sacro-sainte urgence d'un film d'horreur: pas de discours pesant, du gag, de l'exagération... Et des allusions: parmi les tombes de soldats aperçues ça et là au cours du film, on notera celles de Gordon Douglas, George Romero, et Jacques Tourneur. Dante est, depuis toujours et pour toujours, un connaisseur et le choix de l'hommage à ces trois cinéastes fait sen... Ne payant pas de mine, ce petit film gonflé et pétant de santé est excellent, d'autant qu'on ne peut pas le taxer de la moindre prétention. Il est aussi bien plus réussi, à mon sens, que l'autre participation de Dante à la même série, intitulé The screwfly solution, et diffusé l'année suivante.

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Published by François Massarelli - dans Joe Dante
21 avril 2015 2 21 /04 /avril /2015 09:25

"If it's a good picture, it's a MIRACLE (Si c'est un bon film, c'est un miracle!)", c'est donc par ces mots que commence le film, devise du studio fictif dont on nous raconte l'histoire... Cette petite blague facile mais de bon aloi est un emprunt, à Tex Avery pour être précis: dans Daffy Duck In Hollywood(1938), le canard maudit ruine les plans d'un metteur en scène porcin qui travaille pour la Wonder Pictures Corporation et la devise du studio est "If it's a good picture, it's a Wonder", qui veut dire approximativement la même chose.

Réalisé en deux minutes cinquante avec des acteurs payés trois dollars l'année, ou presque, ce film de série B est en réalité d'un réjouissant second degré. Réutilisant sans vergogne des rushes et extraits d'autres films de l'écurie Corman, il raconte les désastreux tournages de films de série Z, et ressemble à une auto-parodie non dénuée de sado-masochisme du monde des drive-ins. Et puis il y a les meurtres gratuits, les cascades mal foutues, les gags ahurissants, et le sens déja consommé de Dante pour le décalage, plus inévitablement la nudité abondante, gratuite et parfois humide.

A la base de l'existence du film, on trouve deux facteurs: d'une part, Roger Corman, patron de New World pictures, est tout à fait disposé à laisser ses techniciens tenter l'aventure d'un tournage, et de l'autre, il encourage ses metteurs en scène à constamment réutiliser un maximum de plans de ses propres films afin de gagner du temps et de l'argent. De la sorte, il produit des films aussi peu chers que finalement rentables. Dante a par exemple révélé que ce film a du coùter environ 50 000 dollars, et que c'est le prix exact qui a été payé par un distributeur pour le montrer en Espagne... Dante et Arkush sont les deux monteurs de bande-annonces du studio au moment ou ils ont l'idée saugrenue de faire ce film; comme Daffy Duck in Hollywood, il s'agit d'une parodie du monde de la confection cinématographique... Comme le cartoon en question, ils vont mettre bout à bout des extraits d'autres films et presque faire du sens... Ce qu'ils font depuis un certain temps en tricotant des bande-annonces!

Il raconte plus ou moins l'histoire de Candy, une jeune femme qui veut absolument percer à Hollywood, mais le seul agent à accepter de travailler avec elle (Dick Miller, l'acteur fétiche de Dante) la met en contact avec Miracle pictures, qui vient de perdre une cascadeuse dans des circonstances tragiques (Et un peu rigolotes aussi, voir plus loin). Candy vient donc avec réticences pour faire la cascadeuse, mais ne tarde pas à interpréter aussi quelques rôles, et des scènes pas vraiment shakespeariennes, en compagnie de ses copines. Mais l'une d'entre elles est tuée lors d'un tournage, par une balle: une arme a été chargée par mégarde. A moins que...?

La première scène est peut-être le meilleur moment du film: une équipe de tournage s'affaire au sol, pendant que des cascadeurs font du sky-diving. Parmi les spectateurs, Mary est la star du film, et l'une des cascadeuses la double. Mais son parachute ne s'ouvre pas, et... Elle laisse un bon gros trou de cartoon dans le sol. Les personnes présentes décrètent qu'il faut lui trouver une remplaçante, car Mary, comme les autres femmes dans les films à deux balles réalisés par le studio, est amenée à tourner des rôles de femmes actives, très actives: morts violentes, déshabillages intensifs, gros flingues, tout y passe. Comme dans les films de Roger Corman, quoi! Dante et Arkush ne se sont pas contentés de recycler tout un pan de l'oeuvre cormanienne (dont des films aux titres aussi gracieux que Behind the dollhouse, Big bad mama, Death race 2000 ou The terror), ils ont aussi recréé l'esprit du studio sans aucune retenue. La gratuité abonde dans le film, qui devient un commentaire extrêmement approprié du monde un peu délirant de la New World pictures... Impossible à juger par trop de second degré, Hollywood Boulevard se regarde avec l'esprit aussi ouvert que possible, c'est le seul film au monde qui donne du sens à l'image d'un dinosaure en plastique qui lit un scénario sur des toilettes en plein air. Le seul film aussi qui crédite, à ma connaissance, un acteur Japonais et un seul pour jouer le rôle de tous les Philippins du film, d'ailleurs tirés d'un autre film. Le seul aussi dans lequel, afin de coïncider avec les extraits de films qu'il utilisaient, les metteurs en scène aient demandé à une actrice conduisant une voiture de quitter le volant pour monter sur le capot, sans aucune autre raison que le fait qu'ils allaient utiliser un plan d'action dans lequel on voit une voiture rouler à tombeau ouvert avec une fille sur le capot... Bref, ce film a été diversement reçu, on s'en doute: la critique préférée de Dante, fréquemment citée, demandait à ce que Hollywood Boulevard soit enterré sous une chappe de ciment.

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Published by François Massarelli - dans Joe Dante
20 avril 2015 1 20 /04 /avril /2015 17:11

Deux adolescents ont l'idée saugrenue de se baigner dans des cuves abandonnées d'un ancien terrain de recherches autrefois détenu par l'armée. C'est une mauvaise idée, car les mirlitaires y développaient (Mais pourquoi, grands dieux?) une race de piranhas qui pouvaient indifféremment passer de l'eau douce à l'eau salée. Suite à l'intervention inopinée d'un agent d'assurances qui enquête sur leur disparition, les piranhas sont relâchés, et n'ont plus comme but que de rejoindre le large, en passant par tous les cours d'eaux possibles. Le fait qu'il y ait de nombreux enfants dans l'eau, ne les gêne pas, au contraire...

Vers le début de ce petit film, en fait au début de la deuxième scène après l'exposition contenant deux ados qui se font joyeusement bouffer, l'héroïne du film trompe son ennui en jouant à un jeu d'arcade: Jaws, dans lequel des requins mangent d'innocents plongeurs... Une façon de signaler à toute personne désireuse de renvoyer Corman et Dante, respectivement producteur et réalisateur de ce film à leur statut de plagiaires du film spectaculaire de Spielberg, que c'est parfaitement assumé. Du reste, quelques minutes auparavant, Dante n'a pas pu s'empêcher de commencer le film sur une vision de barbelés menaçants qui font lourdement penser au premier plan ("No trespassing") de Citizen Kane, et dans la séquence de baignade qui s'ensuit, l'un des protagonistes parle de Creature of the black lagoon, de Jack Arnold! Donc pour sa première réalisation en solo, Dante signe une bonne fois pour toutes son film sous le triple patronage du petit génie de la débrouille du moment, d'un certain pan "noble" du cinéma d'épouvante, et d'un grand nom, respecté et reconnu, de l'histoire du cinéma...

Gonflé, sans doute, mais Dante n'a jamais été simplement un faiseur du cinéma de série Z, contrairement à Corman: auteur, il se situe en droite ligne de ces autres amoureux du cinéma. Que ceci soit son premier vrai film (Les précédents étaient des co-réalisations) importe peu, il sait déjà comment faire un vrai film avec trois bouts de ficelle. Et même si la tâche est ingrate (Piquer un maximum d'idées à Jaws, et en profiter pour placer un maximum de poursuites en voiture, et un peu de plans de filles qui se dénudent pour faire bonne mesure), il réussit à s'en tirer en distillant l'humour avec générosité... Ce film a donc réussi, non seulement à inaugurer la carrière d'un metteur en scène que nombreux parmi ses admirateurs tiennent pour un génie, mais aussi à échapper à la malheureuse destinée de tant de films Corman, celle de n'être que de médiocres plaisirs coupables.

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Published by François Massarelli - dans Joe Dante Science-fiction