/image%2F0994617%2F20240406%2Fob_4097e4_26-drive-away-dolls-margaret-qualley-g.jpg)
C'est situé en 1999 et c'est compliqué... Un homme (Pedro Pascal) propriétaire d'une valise sur laquelle il veille comme sur la prunelle de ses yeux, se la fait subtiliser, tout en se faisant d'ailleurs massacrer et décapiter par la même occasion! Pendant ce temps, rien ne va plus pour Jamie (Margaret Qualley), lesbienne Texane, qui a trop de tentations, et subit une rupture car sa petite amie Sukie (Beanie Feldstein) est clairement excédée de ses frasques... Jamie rejoint donc son amie Marian (Geraldine Viswanathan), qui doit se rendre à Tallahasse, Floride, dans sa famille. Durant le voyage, Jamie décide qu'elle en profitera pour dévergonder un peu son amie qui se laisse aller...
Mais elle ne frappent pas à la bonne porte: elle vont louer une voiture chez un loueur qui attend précisément un duo de malfrats qui doivent se rendre... à Tallahassee, pour véhiculer la mystérieuse valise. Sans le savoir, Jamie et Marian ont mis les doigts dans un engrenage fatal, car à leur insu elles transportent une valise contenant des objets sensibles, qui prouvent qu'un sénateur de Floride (Matt Damon), visant la réélection sur une plateforme très Républicaine (en 1999, la vague conservatrice qui portera George Bush au pouvoir commence à se faire sentir), n'est pas l'homme au passé sans tâche qu'il prétend être...
Mais que contient donc la valise mystérieuse? ...Si on a vu The big Lebowski, qui parlait tant et tant de fois de ces petits objets tubulaires et pendouillatoires qui ont une taille et une consistance différentes suivant les circonstances, on le saura. Sinon, on aura une surprise, peut-être d'ailleurs un rien embarrassée, devant ce film qui ne se cache pas beaucoup derrière la pruderie. L'une des scénaristes, la monteuse Tricia Cooke, n'est pas que l'épouse d'Ethan Coen, elle a aussi un passé glorieux de militante lesbienne, et l'une des motivations pour faire le film était justement d'y aller franco. Margaret Qualley est donc hilarante en fille ultra-libérée... Au moment de la conception du scénario, qui ne devait pas être réalisé par Coen, le titre était d'ailleurs Drive-Away Dykes, soit "Les g.....s en cavale". Mais l'époque est sans doute plus prude, et prudente, et le titre initialement prévu fait juste une discrète apparition vers la fin...
Mais sinon, on a le sentiment que Ethan Coen, qui revient à la réalisation de fiction pour la première fois depuis sa participation avec son frère à The Ballad of Buster Scruggs, a repris l'affaire familiale là où elle était rendue: une intrigue vaguement policière trempée dans le vitriol, un jeu des comédiens constamment outré, des digressions à n'en plus finir, des dialogues très travaillés et des accents poussés à l'extrême... Margaret Qualley prend ici la place de George Clooney, et le leitmotiv culturel n'est plus le bowling (Lebowski), ou le cinéma (Hail Caesar), le western (Buster Scruggs) ou l'espionnage (Burn after reading), mais bien le lesbianisme militant des deux actrices principales...
C'est donc un film gonflé, drôle, mais souvent inutile: contrairement à Lebowski, qui étalait avec savoir-faire une impressionnante palette pour faire semblant de pousser vers la grossièreté, tout en rendant un vibrant hommage au film noir, convoquait la sociologie, la linguistique et la cinéphilie, dans une pièce montée d'une grande cohérence, ce film se réfugie beaucoup dans le gag, et dans l'effet immédiat. Un truc de montage apparait souvent, qui irrite d'autant plus qu'on ne le comprend qu'assez tard: des images psychédéliques, accompagnées de musique dans le même ton (dont l'inénarrable Maggot Brain de Funkadelic exécuté par le trop méconnu guitariste Eddie Hazel, le seul Eddie guitariste qui pour moi ait du talent), qui semblent rompre le rythme sans raison. Bon, il y en a une, liée d'ailleurs à l'ntrigue, mais le mal est fait... Le film est vulgaire à souhait, mais avec un tel soin dans l'exécution que ça déclenche parfois des rires... Et parfois un peu de gêne. Car, mais oui, il manque un rien de rigueur dans l'exécution. Et surtout, un certain sens de la tragédie, qui est sinon omniprésent, mais en en tout cas très important dans les films des deux frères... Pas ici.
/image%2F0994617%2F20240406%2Fob_6d1812_drive-aways-dolls-ethan-coen.jpg)
/image%2F0994617%2F20240406%2Fob_77268d_images-2.jpeg)