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28 août 2019 3 28 /08 /août /2019 16:02

Le Dr Hudson a un accident, mais ne peut être sauvé: dans sa clinique, c'est la consternation. La jeune épouse Helen (Irene Dunne) et la fille du défunt (Betty Furness) sont effondrées, et par dessus le marché un jeune homme qui a eu un accident stupide (provoqué par sa conduite indigne) au même moment que le docteur, est présent à l'hôpital, au grand dam du personnel: il se murmure que les soins qui lui ont été prodigués à lui, auraient pu sauver Hudson...

Pourtant Bob Merrick (Robert Taylor), malgré son immaturité, a de la compassion pour Helen, au point de commencer à la harceler de sa présence. Il a aussi appris l'un des secrets étranges du défunt docteur: celui-ci pratiquait une activité secrète de bon samaritain... Mais ce qu'il obtient quand il essaie de faire le bien pour son propre intérêt, va être catastrophique: il va provoquer un accident dans lequel Helen perd la vue. Bobby change alors de façon spectaculaire, déterminé à suivre l'exemple du Dr Hudson.

Nous sommes en plein mélodrame, assumé jusqu'aux coïncidences les plus énormes, et c'est un vrai bonheur. Si les films de Stahl réalisés pour Universal dans les années trente, restent un peu plus froid que leurs remakes flamboyants par Douglas Sirk (un cas assez rare de remake éclipsant l'original), reste que cette atmosphère entre drame humain déchirant, et comédie, est très réussie. Robert Taylor, qui doit se vieillir dans le film, donne une belle évolution à son personnage, d'un dandy vain et imbu de sa personne, vers un médecin digne et très efficace, et Irene Dunne est comme à son habitude: excellente...

Ce qui est sans doute une petite réserve devant cette première adaptation du roman de Lloyd C. Douglas, c'est sans doute que justement, il y a eu un effort conscient de la Universal de se raccrocher au wagon de la screwball comedy naissante, et par moments, certaines scènes par ailleurs excellentes nous éloignent un peu de l'atmosphère folle du mélo...

 

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Published by François Massarelli - dans John Stahl
21 février 2018 3 21 /02 /février /2018 16:59

Tout commence comme une comédie romantique, par une rencontre entre un homme et une femme dans un train. Ils sont jeunes, ils ne sont pas vilains, elle (Gene Tierney) lit un livre, et il (Cornel Wilde) l'a écrit. Tout est en place pour la petite comédie des quiproquos, et on se doute qu'avant peu, les deux seront mariés ou amants.

Mais qu'on s'en souvienne: Suspicion, d'Alfred Hitchcock, commençait un peu de cette façon, après tout... Et ensuite plongeait le spectateur dans la spirale de l'incertitude, du doute, et de l'échec sentimental... en quelque sorte du moins. Le point de vue adopté par le public était celui de l'épouse.

Stahl, lui, prend un peu le contre-pied: il abandonne assez vite le ton de la comédie pour partir vers une évocation mélodramatique des sentiments, bien sûr rehaussée par l'usage d'un Technicolor rutilant... Richard l'écrivain, aime en effet Ellen, sa belle épouse, et semble dans un premier temps ne pas trop se soucier de l'intensité extravagante de ses affections. Mais le film n'adopte pas son point de vue. Nous partageons en effet plus souvent celui de la jeune femme, mais jusqu'à un certain point.

Et on voit bien qu'Ellen n'apprécie pas la place énorme que prend Danny, le jeune frère handicapé de Richard, dans la vie de son mari. Mais delà à le tuer, de sang-froid? 

C'est à ce moment qu'on se rend compte qu'on est devant un film noir, baroque, intense, et totalement inattendu. Gene Tierney joue avec retenue, de façon aussi austère que possible, le rôle d'une folle furieuse qui est prête à tout, vraiment tout pour garder son mari pour elle, et pour elle seule. Et Stahl nous montre à plusieurs reprises Ellen comme une femme froide et calculatrice, qui se met en condition et s'habille (Que ce soit en mettant de lunettes noires, ou un déshabillé élégant) pour tuer, qu'il s'agisse de tuer un tiers, ou... elle-même. Et franchement, ça fait froid dans le dos. Et même si le titre piqué à Shakespeare nous enjoint de la laisser au jugement du ciel, c'est assez difficile de ne pas s'impliquer!

 

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Published by François Massarelli - dans Noir John Stahl