Une scierie sur les bords d'un lac, avec tout son personnel... En particulier deux personnes, le contremaître irascible et violent (Oliver Hardy) et l'homme à tout faire (Larry Semon) inventif, mais pas forcément en efficacité... Nous faisons aussi connaissance du propriétaire du site et de sa fille, qui va attirer autour d'elle les personnages, rivaux en amour...
C'est du pur Larry Semon, une fois le décor planté, il semble que les gagmen aient juste laissé faire! Les décors, d'ailleurs, sont spectaculaires, à Hume Lake en Sierra Nevada au centre montagneux de la Californie. C'est du cinéma en liberté, pas beaucoup plus... Et e n'est pas si mal...
Dans un hôtel, un membre du gouvernement cache des papiers secrets ultra-importants dans un coffre-fort, mais des espions les volent avec la complicité du directeur (Oliver Hardy). c'est à un groom (a bell hop) qu'il échoit de les combattre...
C'est la définition même du film de Semon, ici déclinée sur une luxueuse demi-heure, comme les films de Chaplin de 1918-1919... Une marque des ambitions de Semon qui typiquement a demandé à la Vitagraph un budget conséquent, tout en faisant exploser énormément de dynamite!
On a donc droit à la peinture forcément exagérée d'un lieu, ici un hôtel, dont Semon n'est qu'un des rouages, le plus poétique forcément. Des gags s'accumulent dans un rythme effréné, puis l'intrigue se met en route: les auteurs ne sont pas forcément dupes des clichés qu'ils véhiculent, surtout si on en croit le début, qui détaille précisément les données du film comme étant des clichés! Un classique donc, mais mal poli, paradoxal, et brut de décoffrage...
Trois metteurs en scène? Pour un court métrage en deux bobines, ce n'est pas tout à fait raisonnable... Mais ce film est en effet crédité à semon, maître d'oeuvre, à Taurog qui était un collaborateur fréquent et fréquemment crédité jusqu'à 1922, et à Mort Peebles, obscur scénariste et gagman, associé à Semon à l'époque.
Ce qui n'est finalement pas étonnant, car le film ressemble beaucoup plus à une collection de gags tous plus loufoques les uns que les autres, qu'à une véritable comédie construite sur une progression ou une intrigue... Ca commence par une journée terrible à l'école, une école où on accueille manifestement les élèves par une perfusion de caféïne! Dire qu'ils sont dissipés relève de l'euphémisme militant, ou de l'aveuglement caractérisé!
Pour gouverner ces petits garnements (dont Semon, mais aussi Lucile Carlisle sa "leading lady" de prédilection à l'époque, ou le corpulent Frank Alexander, qui jouait le "heavy", quand Oliver hardy n'était pas là), une institutrice qui ressemble furieusement à Frank Hayes en costume de vieille dame, se prend sur le coin de la figure toute l'espièglerie possible et imaginable...
Le film se voit bifurquer vers un saut de dix ans dans le temps, qui change un peu la catégorie des gags, mais assez peu: il n'en reste pas moins que ce court métrage court désespérément après une certaine logique, ou une idée, qui le rendrait un peu plus désirable...
Présenté dans une copie en fort mauvais état, mais d'origine, soit un positif 35mm, et incomplète, ce film a vu les critiques Américains faire la moue... Car il est partiellement atypique.
Partiellement: on retrouve l'univers du réaisateur-acteur, qui a choisi une profession pour en faire le titre de son film, et a demandé à la Vitagraph de plus en plus embarrassée par ces dépenses inconsidérées un budget imposant; enfin, ses acteurs de prédilection sont là, et en particulier un génie: Oliver Hardy.
L'intrigue concerne un restaurant dans lequel le maître d'hôtel est irascible, colérique et pour tout dire pas forcément sympathique envers les vagabonds qui tentent d'y manger gratuitement. C'est le cas de Semon, qui est expulsé manu militari, ce qui fait qu'il tend à se retrouver entre les mains d'un autre colérique qui ne le porte pas dans son coeur (Hardy)... Mais le maître d'hôtel et les autres employés partent sur un coup de tête et le restaurant va donc devoir employer les vagabonds...
Ce qui est atpique, c'est que les gags semblent plus retenus, moins délirants et avec moins de cascades que d'habitude... Moins ne veut pas dire évidemment qu'il n'y en avait pas! Et on regrettera que le final soit perdu...
Par contre il est difficile de ne pas repérer l'influence très forte de Chaplin et de A dog's life (1918) sur ce film...
Larry Semon est un "Grocery clerk", donc l'employé d'une épicerie, et pour une épicerie elle est de belle taille: le succès aidant, le cinéaste demandait à son patron des budgets extravagants et des décors conséquents... et les obtenait.
Le film est une fois de plus typique de sa manière: on expose un magasin dans lequel tout devrait se passer au mieux, mais les carcactères et le rythme de vie ou de travail de tous ces gens aenés à cohabiter finit par porter sur les nerfs... Et comme l'un d'entre eux (Semon, bien entendu) est différent de tous les autres, il irrite particulièrement.
Les rivalités (financières, amoureuses ou autres) s'accumulent, jusqu'au point de non-retour, qui est généralement une course-poursuite avec moult cascades.
Une formule quasi-immuable qui donne d'étranges mais réelles satisfactions... Tout en promettant d'agacer celui qui devra en voir une dizaine à la suite!
Par ailleurs Semon avait des manies, et pas toujours enviables. L'une d'elle était de traiter ses personnages Afro-Américains (et donc ses acteurs) d'une façon assez irritante (impliquant le plus souvent de la farine, voire de la mélasse). Une autre consistait à utiliser des animaux dans des gags douteux, c'est un chat (et un très beau chat en plus) qui fait ici les frais de cette attitude qui serait proscrite aujourd'hui...
Des membres d'une secte Indienne sont prêts à tout pour récupérer un collier sacré qui leur a été volé... Dont le voleur (un malhonnête!) se débarrasse en le revendant à Larry Semon (un innocent!)... Celui-ci a des ennuis...
Les ennuis en question sont un ballet incessant, loufoque et répétitif (mais pour la bonne cause), de tentatives de Semon d'échapper à ses poursuivants,, qui de leur côté, réapparaissent de façon surréaliste en permanence, et en dépit du bon sens. On pense donc finalement bien plus à Tex Avery (les géniales démultiplications de Droopy) qu'à Buster Keaton et Cops...
Par contre le film montre aussi une belle énergie sur l'ensemble de la bobine, avec le type de structure que Semon aimait tant et qui prendra vraiment son envol une fois qu'il sera passé au format de deux bobine; une lente et loufoque ascension vers des cascades-prétexte, toutes plus absurdes et spectaculaires les unes que les autres...
Ce film est attribué à Larry Semon, qui était à l'époque réalisateur pour la Vitagraph avant de devenir une importante vedette comique. Mais la star ici est Frank Daniels, qui avait un style très particulier: doté d'un tout petit corps trapu, et plus tout à fait à considérer comme un jeune homme, son jeu reposait sur ses yeux principalement, et il raffinait donc à sa façon l'idée que le jeu (acting) était essentiellement un art de la réaction (reacting)...
Mr Jinks est un être tellement gentil que son épouse, qui souhaiterait le grand frisson de l'aventure, se désespère, et regarde avec envie sa voisine qui vit ce qu'elle devrait considérer comme un enfer conjugal: elle se fait houspiller, insulter, taper dessus parfois, mais elle se pâme devant son primate de mari, Mr Casey.
Pause: oui, je pense qu'on n'en fait plus des films comme celui-ci... Je reprends!
...Et pourtant Mr Casey est un brave homme: quand Mr Jinks a un accident, son voisin est volontaire pour une transfusion de la dernière chance! Une fois la chose effectuée, les deux hommes ont interverti leur personnalité!
...Ce qui par contre est assez drôle en soi, et plonge dans la loufoquerie la plus débridée. Ca rattrape le côté gênant de l'anecdote, même si... Ai-je l'esprit mal placé pour imaginer que cette histoire de dames qui se pâment devant un pithécanthropepourraient avoir des pensées infamantes en réalité? Hum... Bon, je passe à un autre film.
Avec Hughie Mack, Patsy de Forrest et Jimmy Aubrey, ce film Vitagraph d'une bobine pré-date les films de Semon dont il assumera la vedette en plus du script et de la réalisation... et qui sont infiniment meilleurs. Après avoir goûté le plaisir de visionner des films sophistiqués de Sidney Drew pour la même compagnie, je n'ai rien contre le fait de voir ici l'autre versant dela comédie, le slapstick... mais il n'y a aucune logique, aucun scénario, et il faut bien dire que c'est moyennement drôle.
Ce n'est pas non plus totalement indispensable, mais on aurait aussi aimé y comprendre quelque chose! Par contre le film possède le redoutable honneur d'avoir un avantage en commun avec le digne film Joan the Woman, de Cecil B. DeMille: il préfigure une guerre dans laquelle les Etats-Unis n'étaient pas encore engagés...
Une rivalité ancestrale entre deux familles dans les collines: c'est un scénario classique, que Keaton réutilisera dans son deuxième long métrage Our hospitality... Larry Semon est l'un des membres d'une des deux familles, qui est par ailleurs amoureux d'une fille de l'autre famille. Mais cet aspect de l'intrigue ne va pas très loin, car comme souvent à cette époque, le comédien jette son intrigue avant le milieu de la deuxième bobine pour se concentrer sur un enchaînement de poursuites...
Elles impliquent d'une part deux ours, souvent doublés par des comédiens (et ça se voit!), et outre Semon lui-même, un autre personnage, qui ressemble à s'y méprendre à un simple passant auquel on a ajouté du temps de présence au fur et à mesure du tournage! C'est Stan Laurel, et bien qu'il soit plus ou moins étranger à l'intrigue, il finit le film à égalité avec le metteur en scène, poursuivi par un ours... C'est le deuxième de trois courts métrages réalisés par Semon avec Laurel.
Un théâtre présente une revue de music hall: on va alterner entre les coulisses et la scène, en suivant principalement trois personnages; le régisseur, une grosse brute (Oliver Hardy), l'accessoiriste, une personnage lunaire (Larry Semon) et l'actrice principale de la revue (Lucille Carlisle)... De temps à autre, le film se promène dans le public où certaines personnes se distinguent.
Tiens, une fois de plus le modèle de Chaplin est évident, mais je n'aurai aucun scrupule à le dire: ce The show est nettement plus intéressant que le film éponyme de Chaplin, auquel il pique sans vergogne l'idée d'interpréter un certain nombre de personnages en plus de son accessoiriste. Le Chaplin était il est vrai largement basé sur les souvenirs de music hall anglais de son auteur, et il a été tourné en 1915, autrement dit une éternité avant celui-ci.
Cette fois encore on peut exprimer des doutes sur l'opportunité pour Semon d'interpréter le personnage principal, et la structure manque encore une fois de colonne vertébrale, mais il y a une troublante envie de faire du cinéma, ici: le film, très ambitieux, prend son temps pour installer le décor, filmé dans l'ouverture depuis le public. Et le final (qui est un rêve) est spectaculaire, avec un certain nombre de gags et de cascades spectaculaires liées à un train! C'est sans doute à la fois un des meilleurs films de son auteur, en même temps qu'un témoignage sans appel sur les raisons qui précipiteront sa chute: son comique extravagant devait coûter cher, très cher...
Reste à rappeler ce qui est une obsession pour Larry Semon: les gags "colorés"... Qui consistent le plus souvent à souligner de façon embarrassante les différences de couleur entre acteurs blancs et noirs, ces derniers étant cantonnés bien entendu dans les rôles subalternes; ici, c'est d'une part une camériste noire qui se retrouve blanchie par de la poudre de maquillage, et sinon le public se voit transformé en une troupe de Al Jolson par un accident qui implique de la suie. Autre temps... etc.