Overblog Tous les blogs Top blogs Films, TV & Vidéos Tous les blogs Films, TV & Vidéos
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU

Présentation

  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
  • Contact

Recherche

Catégories

5 novembre 2025 3 05 /11 /novembre /2025 21:44

Don Quichotte de la Mancha a lu, beaucoup lu, et principalement des romans de chevalerie. A tel point que ça lui est carrément monté à la tête, et il est donc parti en quête d'aventures... le problème c'est qu'il est vieux et, on l'aura compris, fou. Aidé, plus ou moins, de son écuyer Sancho Panza, il parcourt les routes à la recherche de rencontres guerrières. Et quand il ne trouve rien, eh bien! ...L'imagination débordante du vieil homme fait le reste... Mais bientôt, le légende se répand, et les deux hommes deviennent la cible des moqueries...

Carl Schenstrom et Harald Madsen, alias Fy og Bi au Danemark, étaient mieux connus sous le nom hallucinant (mais justifié) de Doublepatte et Patachon en France, ils étaient Pat und Patachon en Allemagne ou encore Long and Short dans les pays Anglophones. Leurs films souvent réalisés par Lau Lauritzen (Senior) sont encore aussi populaires en Scandinavie et en Allemagne que le sont Laurel et Hardy aux Etats-Unis, pour situer.

Pourtant ce film très ambitieux est à part: clairement, il n'a pas été tourné au Danemark mais bien en Espagne, et très peu de concessions apparentes ont été faites aux deux personnages habituels de Schenstrom (qui interprète un Quichotte très convaincant avec sa silhouette de géant filiforme) et Madsen (qui prête à Sancho sa rondeur et sa petite taille). Et surtout pour ce dernier, le personnage de Sancho Panza est très éloigné des emplois habituels de clown lunaire lent et timide du comédien. Sancho est roublard, calculateur, dédié aux plaisirs... Juste, peut-on faire remarquer, il est quand même un peu naïf, surtout lorsqu'un canular pendable lui est joué, afin de lui faire croire qu'il est gouverneur d'une île.

Ce film, qu'on peut enfin voir entier (voir plus bas) est une fascinante entreprise: il s'agissait pour Lauritzen de faire une adaptation stricte de la tragi-comédie de Cervantès, avec deux comiques dans les rôles principaux; et en plus, comme c'est le seul film dans lequel on ne reconnaisse pas le maquillage traditionnel des deux comédiens Schenstrom et Madsen, c'était un risque commercial certain; mais l'idée de décalage entre un monde qui tourne dans un sens et deux hommes qui tournent dans l'autre (surtout Quichotte, car cette fois c'est Schenstrom qui est le plus à part!) est somme toute présente dans le film.

Reste quand même une interrogation: qu'est-ce qui a bien pu pousser dans cette direction Lauritzen, metteur en scène et producteur d'une série de films de comédie qui, s'ils n'ont sans doute pas révolutionné le médium, ont quand même provoqué un succès considérable pour lui et ses interprètes, l'excellente fortune de la Palladium, et même une réputation très enviable de poule aux oeufs d'or pour la scénariste et productrice Alice O'Fredericks? Le film est ambitieux, soigné même, l'intrigue du roman y est respectée, les personnages en sont bien définis, surtout bien sûr Quichotte et Panza, mais aussi les deux chevaliers ennemis d'une intrigue secondaire, deux beaux jeunes hommes comme il y en avait toujours pour "seconder" les héros joués par Schenstrom et Madsen, mais cette fois dans des personnages tangibles et riches... La photo de Julius Jaenzon, confrontée à l'aridité Espagnole, est d'une luminosité exceptionnelle, et les décors souvent printaniers nous rappellent que nous sommes entre les mains de maîtres Danois. Les deux acteurs principaux sont absolument géniaux mais ça on le savait déjà!

...Et pourtant le film est réussi mais sans plus. Lauritzen a soigné sa partition, bien utilisé les décors existants, et bichonné ses effets spéciaux: la scène mythique des moulins, par exemple, donne lieu dans cette version à une visualisation très baroque des «monstres» et géants aperçus par le vieux chevalier fou...  Il manque pourtant à cette superproduction un peu austère la gentille folie douce habituelle des films du duo, et dans ce contexte le ton du film, de la romance picaresque jusqu'à l'inévitable tragédie, on débouche sur une version soignée d'un grand roman, qui se cantonne à une sagesse embarrassante: on pense pour comparer au Carmen, de feyder, d'ailleurs tourné la même année, également en Espagne. Fallait-il absolument, pour exister, que les deux clowns et leur metteur en scène prouvent une bonne fois pour toutes que oui, ils pouvaient aussi faire un film sérieux, ou un "grand sujet"?

Pendant des années, on ne pouvait voir de ce film que des extraits diffusés dans le cadre d'une série télévisée Allemande qui recyclait les longs métrages du duo; de ces dix bobines (soit 135 minutes à 20 images par seconde), il nous restait 48 minutes en tout, dénuées d'intertitres, et remontées afin de donner une idée du film plus qu'autre chose. Le remontage avait été fait afin de privilégier la comédie, mais le début était à peu près intact. La seconde intrigue, qui voit se développer une trahison chez d'authentiques chevaliers, qui vont ensuite être authentiquement aidés par Quichotte et Panza, ne mettait pas suffisamment les deux stars en valeur et avait été tout bonnement supprimée. Maintenant, le Danske Filminstitut a enfin rendu publique sa version restaurée (un tirage soigné, mais aux marques du temps bien visible) de la version intégrale, disponible sur le site Stumfilm du DFI, où il sera visible en permanence, comme la digne pièce de musée qu'il est enfin.

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Scandinavie 1926 Lau Lauritzen Schenström & Madsen *
4 novembre 2025 2 04 /11 /novembre /2025 22:10

A Copenhague, nous faisons la connaissance de Nikolajsen (Oscar Stribolt), un tavernier qui a des soucis: il vient d'apprendre l'existence d'une fille qu'il a eu d'une première idylle, et son épouse n'est pas au courant. Elle vit au Jutland, mais comment justifier un voyage? Il se confie à ses amis, tous commerçants et artisans dans son quartier... Apprenant qu'il y a une soudaine et inexplicable invasion de loups dans la région, ils décident de s'y rendre, pour chercher la jeune femme, sous le prétexte de faire la chasse aux loups...

Pendant ce temps, un étudiant (Gorm Schmidt), habitué de la taverne, est justement en vacances au Jutland, où il fait la rencontre d'une délicieuse jeune femme (Lise Bauditz)... Et deux vagabonds (Carl Schenström, Harald Madsen, alias Doublepatte et Patachon) se greffent sur la chasse au loup pour y gagner un peu d'argent...

C'est un scénario loufoque, et on regrette qu'il le soit, finalement, plus que le film: car c'est sage, et assez routinier... Une fois de plus, le décor est superbement mis en valeur (c'est surtout qu'il y a un lac, et des forêts autour, et que voulez-vous, j'y suis très sensible), et le camping à la dure dans les bois est rehaussé de la présence des inévitables jolies baigneuses, invitées permanentes des films de Lauritzen... On devine dès le départ que tout va rentrer dans l'ordre...

Se pourrait-il qu'à l'heure de se concentrer sur un Don Quichotte nettement plus ambitieux, Lauritzen et ses deux acteurs fétiches n'avaient pas trop de temps à perdre avec un film aussi banal?

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet Schenström & Madsen Lau Lauritzen 1926
30 octobre 2025 4 30 /10 /octobre /2025 18:17

Un long métrage sauvé du désastre des ans: une bobine entière de ce film est en effet rongée par un début de décomposition, et comme de juste, c'est le moment le plus réjouissant, dont il ne reste plus qu'une très vague impression. C'est d'autant plus dommage qu'il s'agissait probablement d'un des meilleurs moments du duo Schenstrom-Madsen, et de la plus belle séquence loufoque que j'ai pu (presque) voir dans les films de Lauritzen.

Un couple de bouchers (Oscar Stribolt, Kristine Friis-Hjorth) se met à avoir des illusions de grandeur à cause de leur succès, et madame en particulier souhaite fréquenter la noblesse et les "gens bien". Ce qui la pousse à refuser le mariage de leur fille (Karen Winther) avec leur employé (Einar Hanson)... Celui-ci va trouver une aide inattendue, en rencontrant trois forains, qui voyagent avec leur cirque miteux de plage en plage: il a l'idée de les transformer en un prince (Carl Schenstrom), sa fille (Jessie Rindom) et un domestique (Harald Madsen), d'une part pour revenir en grâce auprès de sa belle-mère potentielle, mais aussi pour dégonfler ses rêves de grandeur...

C'est, comme d'habitude, la peinture d'un monde à deux vitesses, pris sous l'angle de la comédie burlesque et très populaire (avec l'aide de la star Oscar Stribolt qui n'avait pas son pareil pour jouer les roturiers parvenus avec un certain sens du gag populiste): comme d'habitude, le monde des riches et celui de "Doublepatte et Patachon" ne se mélangera que brièvement, et comme d'habitude, le déguisement ne marchera qu'à moitié... C'est plaisant, mais on reste un peu sur sa faim, à part pour une étourdissante séquence de cirque comparable à certaines scènes de The circus de Chaplin, et sans doute pour la séquence des faux fantômes, qui est hélas cachée au milieu de la pellicule décomposée... 

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Lau Lauritzen Muet 1925 Schenström & Madsen
30 mars 2025 7 30 /03 /mars /2025 10:31

Dans le petit village danois de Grønkøbing, la vie est douce et immuable... Car il n'y a pas grand monde pour bousculer quoi que ce soit. La ville est menée par un duo de notables qui ne souhaitent pas que quoi que ce soit change... Ils ont pris en grippe un jeune avocat qui tente de changer les choses: il l'appellent "le brasseur d'air"... Celui-ci rencontre deux vagabonds (Carl Schenstrøm, Harald Madsen, soit Doublepatte et Patachon) avec lesquels il va trouver une idée saugrenue pour bousculer la tranquillité satisfaite de la localité...

Et pour commencer, l'un des deux trublions reçoit une lettre lui annonçant un héritage phénoménal... D'ailleurs dans toute l'Europe ou presque, le titre du film était "Millionnaires"...

C'est l'ombre d'un film, en somme: il ne reste de cette comédie (annoncée comme devant faire 2800 mètres sur le site de la Cinémathèque de Copenhague, ce qui en ferait un film d'environ 1h45, mais ces métrages annoncés sont souvent douteux) que 38 minutes, mais ce n'est pas un fragment, c'est certainement un condensé. Mais de ce condensé, il est parfois difficile de retirer une certaine logique, et la cohérence n'en est pas la plus grande qualité...

Certes, on comprend où ça va: la lutte entre les anciens et les modernes, le jeune homme qui incarne la modernité est un stéréotype des films de Lauritzen, un bellâtre viril au cheveu blond, Benno Smytt (dont c'est le seul film), et toutes les cases sont cochées... Mais pour une fois qu'on donnait un peu plus à faire aux deux anti-héros en en faisant des millionnaires (faux), on attendait plus... Et quand on fête nos amis à la fin, on doit admettre qu'on n'a pas compris exactement ce qui s'est passé... Peu importe: on les retrouvera au prochain film...

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Lau Lauritzen Schenström & Madsen Muet 1925
11 mars 2025 2 11 /03 /mars /2025 09:34

L'année 1924 a été très importante dans la carrière de Lau Lauritzen, Carl Schenstrom et Harald Madsen, puisque d'une part ils ont sorti un grand nombre de films, mais aussi le succès est devenu très important: ils s'exportaient: une allusion à leurs personnages est visible dans une scène du Dernier des hommes de Murnau, qui a d'ailleurs provoqué qu'on en crédite assez souvent les deux acteurs, ce qui est faux.

Pour autant, Lauritzen s'entenait à une formule, un certain nombre d'ingrédients, de l'huile de coude, un paquet de clichés, facilités et automatismes, et surtout l'énergie de ses deux compères... Et aussi un titre: comme tous ceux qui ont précédé, ce film est intitulé avec trois mots qui ont la même initiale, ce qui provoque d'ailleurs une incohérence. Car si Professor Petersens Plejebørn veut bien dire L'enfant adoptif du Pr Petersen, ça ne colle pas car il n'y a pas de Professeur Petersen. Il y a bien un professeur, mais il s'appelle Wolmer... Et sinon Mademoiselle Petersen est sa gouvernante. En anglais, le film s'intitulait The smugglers (Les Contrebandiers), donnant de l'importance au début et à la fin du film; et en français, sans aucune explication pour ma part, le titre était Dans un rêve. En Allemand, enfin, le titre est étrange mais se justifie: Der Kampf mit der Drachen, c'est Le combat avec le dragon, et... il y en a un.

Pour commencer, donc, le Professeur Wolmer (Svend Melsing), un passionné de nature et des animaux, se rend sur une île pour y observer les oiseaux, mais ils tombe entre les mains de contrebandiers. Deux d'entre eux (lesinévitables Doublepatte et Patachon) l'aident à fuir et pour leur prouver sa reconnaissance il les engage comme domestiques... Ils vont être confrontés à la rigidité de la gouvernante, Mademoiselle Petersen (Maria Garland). Quand Wolmer reçoit une lettre d'un ami qui lui annonce la venue de sa fille pour une période indéterminée, le professeur et Mademoiselle Petersen s'imaginent accueillir une enfant, mais Anita (Lili Lani) est une jeune femme, et Wolmer tombe sous le charme, ce qui n'arrange pas les affaires et les aspirations de sa gouvernante...

C'est évidemment loufique et sans temps morts. Les deux acteurs sont beaucoup plus sollicités que d'habitude, et leur tandem fonctionne magnifiquement, sans parler de séquences de pur slapstick, surtout sur l'île aux contrebandiers... Une bagarre générale en particulier semble réjouir particulièrement les acteurs eux-mêmes! Le reste, plus policé, se voit sans déplaisir grâce à la dynamique négative amenée par Maria Garland, qui contraste fort bien avec le style décontracté des deux vagabonds. Svend Melsing et Lili Lani sont parfaitement fonctionnels en inévitables tourtereaux... Une fois de plus, c'est un gentil foutoir, mais on s'en contentera agréablement.

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Lau Lauritzen Schenström & Madsen Muet 1924
2 mars 2025 7 02 /03 /mars /2025 09:38

Sorti en 1924, le film a cependant été tourné en 1923, et montre Doublepatte (Carl Schenstrøm) et Patachon (Harald Madsen) en compagnie d'une troupe fréquente: à leurs côtés, donc les acteurs Gorm Schmidt, Oscar Striboldt, Stine Berg; le rôle principal féminin est tenu par Grethe Rutz Nissen (Future Greta Nissen aux Etats-Unis, attirée par un contrat avec la Fox), une ancienne ballerine qui a été repérée par Lauritzen et qui jouait la jeune orpheline (...et la Petite Sirène) dans un film antérieur, Daarksab, dyd og driverter.

Dans une petit groupe d'amis à Copenhague, un maître de ballet (Charles Wilken) prépare fébrilement sa petite fille (Grethe Nissen) à devenir une vedette du ballet. Mais elle est amoureuse de Bent (Gorm Schmidt), un étudiant qui ne voit pas cette obsessin d'un bon oeil, car il pense qu'elle ne lui permet pas d'espérer se marier avec elle. Parmi les amis, deux musiciens aident la petite troupe, en jouant pour les cours de ballet: un violonisste (Madsen) et un flûtiste alto (Schenstrøm)... Ceux-ci récupèrent l'argent d'une vieille dame qui a été agressée par des voleurs, et en mettent un peu de côté pour eux-mêmes. Ils vont ainsi pouvoir fournir des costumes à la jeune femme pour une grande soirée de gala, durant laquelle elle va rencontrer un producteur Américain...

C'est le mélange habituel des films de Lauritzen avec le duo, un peu d'art, un soupçon de romance, beaucoup de comédie un rien suranée, une ou deux poursuites, et des jolies filles (dans une scène un peu téléphonée, montrant vers la fin que les deux héros se sont reconvertis en employés de piscine: Lauritzen avait une troupe de jeunes actrices sous contrat, dont la fonction première était d'apparaître en maillot de bain! Comme chez Mack Sennett...). Le film a probablement été tourné à l'économie, car tous les décors semblent avoir été tournés en studio, et sont aisément recyclables; les scènes au théâtre peuvent avoir été tournées dans n'importe quel studio, et Lauritzen s'est permis une fois de plus de lâcher ses héros en ville, notamment en allant tourner avec eux lors de l'authentique dépat d'un transatlantique!

C'est un aimable divertissement, qui n'ajoute rien et ne retranche rien à l'univers des deux acteurs, qui une fois de plus agissent un peu en satellites de l'histoire dans laquelle ils évoluent. Leurs deux scènes de poursuite finissent par ressembler à un passage obligé, avec l'inévitable accélération de l'action. La présence d'Oscar Striboldt (pas le plus sibtil des acteurs, mais c'était une supestar...) en étudiant fera grincer quelques dents... Sinon, une partie du film profite des capacités de Grethe Nissen pour la danse.

Et une scène se dégage, celle de la piscine: il y a une manifestation d'humour noir assez hallucinante. Madsen y est moniteur de natation (même si son comportement nous pousse à penser qu'il ne sait pas nager lui-même). Il s'occupe de donner des instructions à un monsieur d'âge mûr, qu'il tient au bout d'une perche. Le monsieu galère. Quand son copain l'interpelle, Madsen lâche sa perche et laisse son élève se noyer. Il se dirige vers un groupe et demande: "Au suivant!" Même Buster Keaton et Roscoe Arbuckle n'avaient pas été aussi loin et aussi ouvertement dans l'humour noir...

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet 1924 Schenström & Madsen Lau Lauritzen
21 février 2025 5 21 /02 /février /2025 08:59

A Copenhague, un Italien, le vieux Guido Buzzio (Philip Bech), travaille dans son atelier: il vend des figurines en plâtre. Pour l'aider, il a sa petite-fille, Mona (Agnes Petersen), ainsi que deux assistants, un grand maigre (Doublepatte, Carl Schenstrom) et un petit râblé (Patachon, Harald Madsen). Un jeune homme (Svend Melsing), étudiant en art dramatique de son état, vient souvent à la boutique acheter des figurines... pour voir Mona. Mais un jour, un objet de valeur sentimentale est cassé: une cruche porte-bonheur qui se transmet de génération en génération dans la famille Buzzio... A l'intérieur, un papier propose des instructions incomplètes pour localiser un trésor sur la côté méditerranéenne.

Mona et les deux assistants se mettent en route, mais ils sont suivis par trois personnages interlopes et inquiétants: le fils (Karl Jørgensen) de la logeuse de Guido, un bon à rien qui a entendu la conversation; un mystérieux moine; et un étrange bonhomme (Waldemar Maes) apparemment cinglé qui a aperçu un bouton sur la veste de Patachon, et pense qu'il fait partie de la même société secrète que lui: des anarchistes à la mode des années 20...

Quelle bonne idée, finalement: après avoir alterné entre les films "estivaux" (Sol, Sommer og Studiner), les film ruraux (Ole Opfinders Offer) et les films citadins (Blandt Byens Børn), Lauritzen et la société Palladium envoient leur deux "héros" en voyage, et ils vont passer par l'Allemagne, puis Amsterdam, puis Paris et enfin l'Italie (Pise) et plus généralement la Méditerranée (Monte-Carlo). Les deux acteurs ont certainement été lâchés en pleine rue, à Paris aussi bien qu'à amstredam, et les prises de vue en extérieurs ne trichent absolument pas, Pise est bien Pise (avec l'inévitable visite à la Tour) et les côtes Italiennes ne font pas semblant non plus... Les passants qui croisent Doublepatte et Patachon à paris comme à Amsterdam n'en reviennent d'ailleurs pas. Et un plan Parisien a été pris d'une telle distance que les acteurs sont vraiment sans filet.

C'est une aventure avec ce qu'elle peut comporter de péripéties attendues: on s'intéresse un peu mollement à cette "énigme des cruches", pour reprendre le titre français, mais pas tant que ça: c'est assez expédié, au profit probable d'une certaine improvisation! Impossible de suivre d'ailleurs, sans constater que les personnages ont finalement bien peu d'indices pour trouver leur trésor, mais le trouvent quand même...

Ce qui fait merveille, par contre, c'est que les deux personnages de Doublepatte et Patachon (dont Lauritzen a fini par comprendre qu'ils sont LA principale attraction de ses longs métrages, et qu'on n'a pas nécessairement besoin des jolies filles en maillot qu'il plaçait dans tous leurs films) sont vraiment des acteurs de cette intrigue, pour laquelle ils déploient avec la prudence timide qui les caractaérise, un certaine énergie et une bonne volonté qui font plaisir. Bien sûr, ils vont se faire griller la politesse par l'un des étranges personnages qui les suivent, mais quelle surprise de voir Carl Schenstrom avec un petit piostolet automatique!

La continuité du film tel qu'on peut le voir aujourd'hui est par contre assez étrange: l'épisode Hollandais est entrecoupé d'un passage à Paris qui ne cadre pas: erreur de montage de 1924, ou de la restauration? J'espère que quelqu'un y remédiera; il existe des montages alternatifs de certains films du duo, mais la plupart des longs métrages ont été préservés dans des copies uniques. Celle-ci est vraisemblablement l'unique version de ce petit film de vacances...

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Schenström & Madsen Lau Lauritzen 1924 Muet
14 février 2025 5 14 /02 /février /2025 10:44

Dans un petit village Danois, disons, rural, une ptite communauté vit et survit... C'est que les officiels n'ont pas leur pareil pour débarquer à l'improviste et embarquer ls biens pour le paiement des impôts. Un riche fermier, Per Storegård (Sigurd Lamberg), a des vues sur Grethe (Agnes Petersen), la jolie fille de la meunière Ane (Jutta Lund). Mais celle-ci n'a d'yeux que pour le jeune compagnon meunier (Erik Hofman)... le fermier en devient très jaloux.

La pression fiscale devenant trop forte, le meunier exaspéré se demande si on ne ferait pas mieux de brûler le moulin! Et l'un des aides du meunier a trouvé chez le forgeron Ole (William Bewer) une machine que ce dernier a inventé, une sorte de briquet amélioré... Quand un incendie se déclare, inévitablement, les soupçons se portent immédiatement sur le meunier et ses amis...

Parlons de ses amis, d'ailleurs: dans un film qui est assez long (80 minutes) et qui a pu être conservé in extenso semble-t-il, ce qui serait une première pour un long métrage de cette taille, nous retrouvons les deux héros des comédies de Lau Lauritzen, Fyrtaarnet (Doublepatte, Carl Schenstrøm) et Bivognen (Patachon, Harald Madsen); au début, ils sont vaguement des vagabonds, et on a l'impression que leur rencontre avec l'équipe qui collecte les impôts les autorise à être dans le film. A la fin, ils partiront, comme ils étaient venus, avec leur raison sociale douteuse:ils ont une technique délirante pour piéger les rats, ce qu'ils ne feront d'ailleurs jamais dans le film, et se feront engager au moulin à la place.

"Patachon" a aussi, comme dans le film Daarskab, Dyd og Driverter de 1923, droit à sa petite histoire d'amour avec Stina Berg. Ce qui ne l'empêchera pas de se livrer à un petit interlude plaqué dans l'histoire, qui le montre draguer une bande de filles en maillot qui se baignent sur la plage! ...Lauritzen tenait à utiliser ce gag dans tous ses films quand c'était possible.

On est en pleine formule, donc: les deux héros, si on ose les appeler ainsi, voyagent à travers ce film sans trop se faire remarquer, et y ont un peu de place pour leurs excentricités. C'est loufoque, assez franchement foutraque aussi. Le fait est que Lauritzen, contrairement à ses deux vedettes qui étaient des génies de la comédie physique, n'a pas trop le don de montrer la comédie. Pour preuve, le fait que le film a plus de 200 intertitres... Quand le moulin brûle, en revanche, il laisse libre cours à ses images, et on y ent même de l'improvisation, quand les deux acteurs participent à la tentative désespérée des pompiers... 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet 1924 Lau Lauritzen Schenström & Madsen
27 janvier 2025 1 27 /01 /janvier /2025 22:28

Tourné à l'automne 1922 à Copenhague, ce film de Lau Lauritzen tranche de manière significative sur les autres aventures de "Doublepatte et Patachon", avec Carl Schenstrom et Harald Madsen: toutes les autres oeuvres antérieures ont en effet été tournées à l'été, dans des stations balnéaires, en profitant de la présence de cette troupe de jeunes femmes en maillot (qui étaient en contrat direct avec le metteur en scène, à la façon des Bathing beauties de Mack Sennett), et on y voyait toujours les deux héros en vagabonds ruraux, vivant d'expédients sur les routes et dans la campagne, confrontés en satellites à des intrigues mélodramatiques bourgeoises qui ne les concernaient que de loin... Cette fois, c'est en pleine ville que le film a été tourné, et le t change de manière importante.

Dans une petite pension de famille assez miteuse, vivent de nombreuses personnes, parmi elles, un costaud de foire, une prostituée, et beaucoup de vieilles dames... Ainsi que nos deux amis, qui fabriquent des jouets. Il ya aussi Lise (Helga Bassoe), une mère fraichement divorcée d'un tout jeune garçon, que les deux amis ont pris en amitié. Elle travaille à la chocolaterie locale, du directeur Helmer (Philip Bech)... Mais elle reçoit des visites de son ex-mari (Karl Jorgensen), bien qu'il lui soit interdit de l'importuner. C'est un voyou, et il s'obstine à vouloir prendre l'enfant pour le vendre à un bonhomme inquiétant, le "professeur" (William Bewer)... 

C'est une intrigue de mélo, plus dure et sombre que les habituelles caprices de jeunes bourgeoises écervelées qui ont fait la réputation de la série. Lauritzen se repose bien sûr sur des stéréotypes, et son film n'est pas (pas plus que d'habitude, en tout cas) exempt de préjugés, qui étaient légion dans le cinéma de l'époque: le "professeur", par exemple, présente la figure archétypale du gitan de pacotille, ou pire, du receleur à la Fagin, qui va recueillir un enfant pour probablement en faire un petit voyou. C'est sorti en droite ligne de Griffith ou Dickens! Et bien sûr le directeur de l'usine et sa famille très propre sur elle fourniront à la fin du film un toit et une belle fête de Noël aux trois géros défavorisés... Gorm schmidt, qui était toujours le jeune premier dans les films de l'équipe, y est ainsi présenté comme le fils du brave directeur.

Pourtant, cette intrusion de Doublepatte et Patachon en milieu urbain, quasi intégralement tournée en studio, est bien différente et même innovante. Il ya une certaine poésie dans l'entraide affichée par les habitants de cet immeuble miteux qu'un intertitre qualifie de "septième ciel"... Seuls les deux héros fournissent la comédie, le reste est, finalement, assez sérieux. Doublepatte et Patachon sont plus que jamais touchants, mais c'est le plus petit qui se distinguera le plus, en ayant droit à une séquence spéciale qui permet à Madsen de montrer l'étendue de son talent de danseur de charleston excentrique. Le jazz, inévitable atout urbain des capitales des années 20, fait d'ailleurs son irruption dans deux ou trois scènes... muettes, bien sûr.

La copie que j'ai visionnée est celle du DFI, et il y a fort à parier que c'est la seule trace actuellement disponible du film. Celui-ci n'a pas été  exploité dans les années 70 sous la forme d'un raccourci sonorisé pour la télévision, et c'est sans doute qu'on n'avait à l'époque accès à aucun élément. Mais cette version est très incomplète, et en attendant une hypothétique restauration, la continuité en a beaucoup souffert, sans parler de nombreuses traces de décomposition, qui rendent le visionnage hasardeux... Il faut parfois souffrir pour être un cinéphile.

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Lau Lauritzen Schenström & Madsen 1922 Muet
19 janvier 2025 7 19 /01 /janvier /2025 09:11

La jeune Else (Kiss Andersen) est une fille de bourgeois, mais c'est surtout une jeune femme de 17 ans un peu fantasque. Comme toute sa classe, elle est amoureuse de leur professeur de botanique, Petersen (Gorm Schmidt). Mais ce dernier répond favorablement à ses avances. Elle l'invite donc à la fête organisée par ses parents pour son anniversaire, et annonce leur union. Les parents sont effondrés, mais les amoueux s'enfuient...

Et Doublepatte (Carl Schenström) et Patachon (harald Madsen) alors? Ils sont, comme d'habitude, plus un satellite de l'intrigue qu'autre chose, et la loufoquerie totale de leur participation n'échappera à personne: dans un premier temps, ils sont deux chômeurs, qui renaclent à prendre le moindre emploi qui leur soit proposé par uyn bureau de placement, afin de continuer une partie de cartes particulièrement lucrative puisqu'ils trichent avec application. Mais ils sont mis en demeure d'accepter et seront tour à tour domestiques, des extras engagés pour l'anniversaire d'Else, et pas très doués (voir à ce sujet l'une des illustrations de cet article), puis deux détectives une fois les amoureux enfuis. Le plus étonnant c'est que la famille les ait laissé enquêter, au vu de leur inefficacité en tant que domestiques...

Le film est différent des oeuvres habituelles de la série, Lauritzen l'ayant pobablement tourné à une autre saison que l'été (même si une courte scène est située sur la plage, on y verra pour une fois très peu de personnes qui se risquent à arborer un maillot et surtout personne n'est dans l'eau, et sinon lors d'une scène au début, une sortie botanique se termine par un petit bain dans une rivière). La campagne Danoise m'a plus l'air de montrer qu'on est en automne ou au tout début du printemps, qu'on devine un peu frisquet. Et Kiss Andersen, jeune femme gâtée, mais déterminée, est dotée d'une belle énergie, même si clairement le personnage est une fois de plus très stéréotypé.

Gorm Schmidt, en professeur de botanique (il a donc des lunettes, qui sont supposées altérer son allure de jeune premier), joue assez bien l'embarras, et une scène "risquée" voit les deux amoureux se réfugier dans une auberge, où le jeune homme aura les plus grande difficultés à s'abstenir de venir frapper à la porte de la chambre de la jeune femme. 

La copie visionnée est incomplète, et en assez mauvais état: il est probable que le film a été même considéré comme perdu, il fait d'ailleurs partie d'une poignée de longs métrages de Lauritzen avec son duo vedette, qui n'ont pas été exploités à la télévision dans les années 70. Des six bobines initiales, il reste une version de 44 minutes, à la continuité parfois problématique: une sous-intrigue a probablement particellement disparu (un autre couple qui est recherché, et dont je pense que les deux "détectives" l'ont trouvé sans s'en rendre compte), et il y a des coupes flagrantes, les personnages quittant un hôtel dans un plan, pour se retrouver au matin dans un autre hôtel au plan suivant...

C'est un petit film, donc, moins accompli que bien d'autres, mais dont la loufoquerie, l'alchimie entre ses deux vedettes, le goût de Lauritzen et ses deux acteurs pour l'humour physique et les poursuites idiotes, et une scène absurde de déguisements, gardent un charme certain... Cette scène des déguisement sera partiellement reprise dans Filmens Helte en 1928, et le film Kys, Klap og Kommers de 1929, avec le duo, reprendra l'idée d'en faire de singuliers détectives. 

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Schenström & Madsen Lau Lauritzen Muet 1923