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27 janvier 2025 1 27 /01 /janvier /2025 22:28

Tourné à l'automne 1922 à Copenhague, ce film de Lau Lauritzen tranche de manière significative sur les autres aventures de "Doublepatte et Patachon", avec Carl Schenstrom et Harald Madsen: toutes les autres oeuvres antérieures ont en effet été tournées à l'été, dans des stations balnéaires, en profitant de la présence de cette troupe de jeunes femmes en maillot (qui étaient en contrat direct avec le metteur en scène, à la façon des Bathing beauties de Mack Sennett), et on y voyait toujours les deux héros en vagabonds ruraux, vivant d'expédients sur les routes et dans la campagne, confrontés en satellites à des intrigues mélodramatiques bourgeoises qui ne les concernaient que de loin... Cette fois, c'est en pleine ville que le film a été tourné, et le t change de manière importante.

Dans une petite pension de famille assez miteuse, vivent de nombreuses personnes, parmi elles, un costaud de foire, une prostituée, et beaucoup de vieilles dames... Ainsi que nos deux amis, qui fabriquent des jouets. Il ya aussi Lise (Helga Bassoe), une mère fraichement divorcée d'un tout jeune garçon, que les deux amis ont pris en amitié. Elle travaille à la chocolaterie locale, du directeur Helmer (Philip Bech)... Mais elle reçoit des visites de son ex-mari (Karl Jorgensen), bien qu'il lui soit interdit de l'importuner. C'est un voyou, et il s'obstine à vouloir prendre l'enfant pour le vendre à un bonhomme inquiétant, le "professeur" (William Bewer)... 

C'est une intrigue de mélo, plus dure et sombre que les habituelles caprices de jeunes bourgeoises écervelées qui ont fait la réputation de la série. Lauritzen se repose bien sûr sur des stéréotypes, et son film n'est pas (pas plus que d'habitude, en tout cas) exempt de préjugés, qui étaient légion dans le cinéma de l'époque: le "professeur", par exemple, présente la figure archétypale du gitan de pacotille, ou pire, du receleur à la Fagin, qui va recueillir un enfant pour probablement en faire un petit voyou. C'est sorti en droite ligne de Griffith ou Dickens! Et bien sûr le directeur de l'usine et sa famille très propre sur elle fourniront à la fin du film un toit et une belle fête de Noël aux trois géros défavorisés... Gorm schmidt, qui était toujours le jeune premier dans les films de l'équipe, y est ainsi présenté comme le fils du brave directeur.

Pourtant, cette intrusion de Doublepatte et Patachon en milieu urbain, quasi intégralement tournée en studio, est bien différente et même innovante. Il ya une certaine poésie dans l'entraide affichée par les habitants de cet immeuble miteux qu'un intertitre qualifie de "septième ciel"... Seuls les deux héros fournissent la comédie, le reste est, finalement, assez sérieux. Doublepatte et Patachon sont plus que jamais touchants, mais c'est le plus petit qui se distinguera le plus, en ayant droit à une séquence spéciale qui permet à Madsen de montrer l'étendue de son talent de danseur de charleston excentrique. Le jazz, inévitable atout urbain des capitales des années 20, fait d'ailleurs son irruption dans deux ou trois scènes... muettes, bien sûr.

La copie que j'ai visionnée est celle du DFI, et il y a fort à parier que c'est la seule trace actuellement disponible du film. Celui-ci n'a pas été  exploité dans les années 70 sous la forme d'un raccourci sonorisé pour la télévision, et c'est sans doute qu'on n'avait à l'époque accès à aucun élément. Mais cette version est très incomplète, et en attendant une hypothétique restauration, la continuité en a beaucoup souffert, sans parler de nombreuses traces de décomposition, qui rendent le visionnage hasardeux... Il faut parfois souffrir pour être un cinéphile.

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Published by François Massarelli - dans Lau Lauritzen Schenström & Madsen 1922 Muet
19 janvier 2025 7 19 /01 /janvier /2025 09:11

La jeune Else (Kiss Andersen) est une fille de bourgeois, mais c'est surtout une jeune femme de 17 ans un peu fantasque. Comme toute sa classe, elle est amoureuse de leur professeur de botanique, Petersen (Gorm Schmidt). Mais ce dernier répond favorablement à ses avances. Elle l'invite donc à la fête organisée par ses parents pour son anniversaire, et annonce leur union. Les parents sont effondrés, mais les amoueux s'enfuient...

Et Doublepatte (Carl Schenström) et Patachon (harald Madsen) alors? Ils sont, comme d'habitude, plus un satellite de l'intrigue qu'autre chose, et la loufoquerie totale de leur participation n'échappera à personne: dans un premier temps, ils sont deux chômeurs, qui renaclent à prendre le moindre emploi qui leur soit proposé par uyn bureau de placement, afin de continuer une partie de cartes particulièrement lucrative puisqu'ils trichent avec application. Mais ils sont mis en demeure d'accepter et seront tour à tour domestiques, des extras engagés pour l'anniversaire d'Else, et pas très doués (voir à ce sujet l'une des illustrations de cet article), puis deux détectives une fois les amoureux enfuis. Le plus étonnant c'est que la famille les ait laissé enquêter, au vu de leur inefficacité en tant que domestiques...

Le film est différent des oeuvres habituelles de la série, Lauritzen l'ayant pobablement tourné à une autre saison que l'été (même si une courte scène est située sur la plage, on y verra pour une fois très peu de personnes qui se risquent à arborer un maillot et surtout personne n'est dans l'eau, et sinon lors d'une scène au début, une sortie botanique se termine par un petit bain dans une rivière). La campagne Danoise m'a plus l'air de montrer qu'on est en automne ou au tout début du printemps, qu'on devine un peu frisquet. Et Kiss Andersen, jeune femme gâtée, mais déterminée, est dotée d'une belle énergie, même si clairement le personnage est une fois de plus très stéréotypé.

Gorm Schmidt, en professeur de botanique (il a donc des lunettes, qui sont supposées altérer son allure de jeune premier), joue assez bien l'embarras, et une scène "risquée" voit les deux amoureux se réfugier dans une auberge, où le jeune homme aura les plus grande difficultés à s'abstenir de venir frapper à la porte de la chambre de la jeune femme. 

La copie visionnée est incomplète, et en assez mauvais état: il est probable que le film a été même considéré comme perdu, il fait d'ailleurs partie d'une poignée de longs métrages de Lauritzen avec son duo vedette, qui n'ont pas été exploités à la télévision dans les années 70. Des six bobines initiales, il reste une version de 44 minutes, à la continuité parfois problématique: une sous-intrigue a probablement particellement disparu (un autre couple qui est recherché, et dont je pense que les deux "détectives" l'ont trouvé sans s'en rendre compte), et il y a des coupes flagrantes, les personnages quittant un hôtel dans un plan, pour se retrouver au matin dans un autre hôtel au plan suivant...

C'est un petit film, donc, moins accompli que bien d'autres, mais dont la loufoquerie, l'alchimie entre ses deux vedettes, le goût de Lauritzen et ses deux acteurs pour l'humour physique et les poursuites idiotes, et une scène absurde de déguisements, gardent un charme certain... Cette scène des déguisement sera partiellement reprise dans Filmens Helte en 1928, et le film Kys, Klap og Kommers de 1929, avec le duo, reprendra l'idée d'en faire de singuliers détectives. 

 

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Published by François Massarelli - dans Schenström & Madsen Lau Lauritzen Muet 1923
15 janvier 2025 3 15 /01 /janvier /2025 22:25

C'est l'été, au Danemark sur les bords de la Mer du Nord, et deux vagabonds (Fy et Bi, ou Doublepatte et Patachon) ont trouvé une combine intéressante pour se faire de l'argent: ils "photographient" les gens avec une boîte en carton vide, et se font payer les clichés en avance, avant de disparaître. Pour commencer, ils escroquent quelques jeunes femmes sur la plage, en prenant une série de "photos", mais finissent par ne pas avoir assez pour régler la note de restaurant... La patronne (Stina Berg) prend alors une décision inattendue: elle les sépare, et garde le plus petit (Harald Madsen) en otage, à charge pour l'autre (Carl Scenström) de revenir et de trouver de quoi payer la note. Mais quand il revient, il a la surprise de constater que son copain va bien, très bien même. On ne peut pas en dire autant de lui...

Pendant ce temps, dans le restaurant, deux drames se jouent: d'une part le comte local (Viggo Wiehe) a perdu il y a des années toute trace de son fils, or celui-ci a séjourné dans la même pension de famille que nos amis, et il y a laissé des traces... d'autre part la patronne emploie une jeune femme, Grethe (Grethe Rutz-Nissen, future Greta Nissen), qui est convoitée par deux jeunes sympathiques motards. Sympathiques? Disons que l'un (Gorm schmidt) est très bien, mais l'autre (Victor Montell)... il tente de forcer la main de la jeune femme, et le deux hommes se battent... 

 

Avec ce film, plutôt réussi, Lauritzen casse le moule de ses films, sans toutefois totalement déroger à ses traditions. Pour commencer, il sépare les deux héros, et c'est étonnant de voir que le film devient presque une aventure en solo pour le petit Harald Madsen, qui retenu en otage, devient carrément l'amant de la patronne du restaurant! Il va même prendre les choses en main, et régler l'histoire d'amour quand elle dérape à cause du jeune félon! Ce qui n'enlève rien au sel des mésaventures hilarantes du contorsionniste de génie qu'était Schenström: il essaie de "prendre en photo" un boucher pendant qu'il dévalise sa camionnette, et quand celui-ci s'en aperçoit, il voit rouge: le plan durant lequel le vagabond se fait rouer de coups a été chorégraphié avec génie... Et plus tard, réduit à trouver les pires moyens de subsistance, il se retrouve à interpréter le chaînon manquant dans un cirque... Il est très convaincant.... dans une scène particulièrement raciste, n'ayons pas peur des mots!

Lauritzen fait comme il le faisait d'habitude pour ces premières comédies du duo vedette: tournage en été, le plus près possible de la mer, avec une prédilection pour les séquences en plein soleil. Parmi ses passages obligés, il se livre à l'inévitable débauche de jeunes femmes en maillot de bain, et à une poursuite entre les deux rivaux, en moto cette fois. Il se dégage de toute façon de ces films particulièrement bien éclairés et très soignés, une impression de bonheur inattendue pour un habitué du cinéma Danois des origines! Et Lauritzen se laisse volontiers aller à donner à la future Greta Nissen une séquence "petite sirène" d'une coquinerie très assumée, l'ayant déshabillée allègrement, ce que ses films Hollywoodiens ne se permettront pas.

Pour finir, il existe deux copies du film à peu près complètes qui ont circulé sur internet, l'une sur le site du cinéma muet danois (https://www.stumfilm.dk/stumfilm/streaming/film/16073) et l'autre qui a été brièvement disponible sur la page Vimeo du DFI. Cette dernière est sonorisée, et possède un montage différent, ainsi que des séquences exclusives (près d'une bobine entière au début du film). Elle est aussi plus éclairée. Ce remontage, à en juger par le son, a du être fait dans les années 30 ou 40...

 

 

 

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Lau Lauritzen Schenström & Madsen Muet 1923
11 janvier 2025 6 11 /01 /janvier /2025 17:19

Un soir, les deux vagabonds Doublepatte (Carl Schenström) et Patachon (Harald Madsen) rencontrent dans une taverne un jeune homme, Per Hammer (Gorm Schmidt), qui boit pour essayer de se remettre d'un chagrin d'amour: sa fiancée est partie précipitamment, emmenée au loin par son père qui désapprouvait leur possible union... Mais après une soirée de beverie mémorable, les deux amis qui squattent un container sur le port de Comenhague, sont emportés jusqu'en montagne... Ils vont avoir la surprise de tomber, si j'ose dire, sur Ellen (Violet Molitor), la petite amie disparue, qui vient de s'enfuir de chez son père...

Ce film est réduit à moins d'une demi-heure, et on peut émettre l'hypothèse que cette demi-heure corresponde en fait à ce qui a été diffusé par la télévision Allemande, qui proposait dans les années 70 des programmes sonorisés de versions abrégées des comédies du duo. Cette abréviation a-t-elle été la cause de la perte de plus de la moitié des 1920 mètres du film, ou cette perte a-t-elle poussé les producteurs de l'émission à produire pour une fois une version intégrale en l'état d'un film de Lauritzen? Il ne m'appartient évidemment pas de répondre à cette interrogation probablement peu importante. Mais on déplore qu'un film comme celui-ci puisse avoir perdu une bonne part de son métrage, ce qui reste assez courant pour les films Danois de Doublepatte et Patachon du reste...

Ce qui manque? D'une part, je suis sûr qu'il y a eu suppression d'une bonne partie du flash-back déclenché lorsque Violet Molitor commence à raconter ses mésaventures avec son père. Et sinon, toute la résolution du drame: en l'état le film montre surtout l'essentiel des trente premières minutes! Et des séquences disjointes et assez illogiques qui lui servent de final.

C'est dommage, pour deux raisons: la première est que pour une fois, on n'a pas d'intrigue répétitive située en été, près de la mer, avec des hordes de jeunes femmes en maillot, ni le faciès peu ragoûtant d'Oscar Stribolt! Le film, qui est probablement une co-production avec la Suède (Violet Molitor est Suédoise) a été tourné en montagne, dans la neige, et il est splendide... La photo d'Hugo Fischer en particulier profite avec élégance des décors naturels. On se doute, au vu de ses méthodes de travail, que Lauritzen allait bientôt alterner les films d'été et les films d'hiver!

L'autre avantage, lié bien sûr, est que cette fois, contrairement à ce qui reste des films précédents, on voit bien que les deux acteurs stars ont été replacés au centre de l'intrigue, et... la neige les sert bien! L'un comme l'autre ne perdent pas une occasion de placer des gags physiques, parfaitement exécutés. Et lors de leur arrivée en montagne, les deux hommes ont même droit à une superbe scène de suspense dans une série de tunnels, avec un train à leur poursuite...

 

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Published by François Massarelli - dans Lau Lauritzen Schenström & Madsen Muet 1923
8 janvier 2025 3 08 /01 /janvier /2025 18:33

Dans un petit pensionnat pour jeunes filles très comme il faut, une élève, Eva (Lyssen Bendix) est particulièrement turbulente: c'est qu'elle se targue de faire du théâtre et profite parfois de la nuit pour organiser des représentations, aidée par des copines, et par deux employés de l'établissement, deux "hommes à tout faire" (Carl Schenström, Harald Madsen) qui ont de la tendresse pour elle. Mais elle est punie et décide de s'enfuir pour tenter sa chance sur les planches. Ses deux amis partent à sa suite, pour la protéger... Mais en chemin ils sont confondus avec deux marins en vadrouille.

C'est l'un des premiers films des aventures de "Doublepatte et Patachon", Fy og bi en Danois. Les intertitres en ont complètement disparu, et n'ont pour l'instant pas encore été reconstitués... Lauritzen y raffine sa formule: d'un côté, une intrigue qui tourne autour d'un (ou plusieurs personnage de jeune femme de la bonne société, en butte à l'autorité soit parentale, soit d'une institution... De l'autre les deux personnages complémentaires de Schenström (le grand échalas, dit Doublepatte) et Madsen (le petit râblé, surnommé Patachon), qui resteront un satellite de l'intrigue principale, et fournissent l'essentiel des gags, souvent très physiques.

C'est souvent un spectacle assez hallucinant à voir, surtout Madsen qui a une façon totalement à lui de se comporter physiquement en toutes circonstances, et comme Laurel avait des yeux d'une nuance que la pellicule de l'époque ne photographiait pas totalement... Il en résulte un comportement lunaire fascinant. 

Une faute de goût à mon humble avis, que cette partie de l'intrigue qui fait intervenir deux "sosies" qui ressemblent autant à Doublepatte et Patachon, que Donald Trump au roi Charles! Par contre, cette fois, l'intrigue, moins estivale que printanière, évite le passage (jusqu'alors obligé dabs ces films très populaires de Lau Lauritzen) par les hordes de jeunes femmes en maillots de bain trop grands!

Ce n'est pas le meilleur de leurs films, mais Lauritzen l'aimera suffisamment pour en proposer une relecture parlante en 1932... Reste à attendre une hypothétique restauration de ses intertitres pour aller plus loin dans la subtilité, on sait que dans ses comédies, Lauritzen reposait beaucoup sur l'humour verbal simple, ce dont les premiers films de la série attestent.

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Published by François Massarelli - dans Schenström & Madsen Muet 1922 Lau Lauritzen
3 janvier 2025 5 03 /01 /janvier /2025 22:20

C'est l'été... Le directeur d'une société de commerce danois-australien, John Muller (William Bewer), accoste au Danemark, avec sa fille Alice (Lissen Bendix) et une amie de celle-ci (Gerda Madsen) . Il souhaite leur faire découvrir le pays, tout en rencontrant le directeur de la branche Danoise, Jens Jessen (Oscar Striboldt). Celui-ci a deux fils (Harry Komdrup et Gorm Schmidt), et il est question que l'un d'entre eux se mariera avec la fille, Alice Muller. Ils sont persuadés que c'est une Australienne sauvage et les deux cherchent à se défiler...

Pendant ce temps là, nous faisons également la connaissance de deux vagabonds qui ont une combine: l'un d'entre eux (Carl Schenström) se fait passer pour un aveugle et joue de l'orgue de barbarie, du moins il fait semblant... A l'intérieur de la caisse, son copain (Harald Madsen) joue de l'accordéon. Ca paie... peu.

Les deux fils, désespérés, les engagent pour jouer leur rôle, puis se ravisent quand ils constatent que la jeune femme qui est arrivée est fort jolie. C'est en vérité la copine d'Alice car cette dernière aussi est méfiante...

Une fois de plus, Lauritzen concocte une comédie autour du marivaudage des jeunes, couvés par la sagesse ventripotente de la bourgeoisie, incarnée encore une fois par Oscar Striboldt. Et la formule est pimentée par l'intrusion de "Doublepatte et Patachon", dont le succès Européen était déjà avéré. Ils n'ont pas grand chose à faire, juste s'investir un peu dans une intrigue qui tend, justement, à les exclure purement et simplement, mais qu'ils vont, paradoxalement, contribuer à faire avancer à leur façon.

C'est assez moyen, et l'équipe, qui avait sans doute beaucoup de commandes à honorer au vu du succès des premiers films, a sans aucun doute précipité la suite des productions. D'où cette impression persistante de déjà vu... Mais au moins, le réalisateur et son équipe ont-ils eu l'idée d'inverser la tendance: cette fois, ce sont les garçons qui sont à marier au lieu des filles! Ce qui ne facilite pas les choses, d'ailleurs: les deux jeunes hommes, querelleurs et indisciplinés, passent le plus clair de leur temps à se battre... 

Dans ces conditions, entre les pères qui s'imaginent légitimes à décider du bonheur de leurs enfants, les deux jeunes femmes qui imaginent un statagème étonnant, et les deux garçons complètement immatures, il est intéressant de constater que Doublepatte et Patachon deviennent finalement les protagonistes les plus sensés de cette histoire invraisemblable...

Et sinon, au milieu, un rêve érotique particulièrement choquant par son racisme... Imaginant le pire à propos de la fiancée potentielle venue de la lointaine Australie, Gorm Schmidt se rêve poursuivi par des amazones dévêtues... et couvertes de suie. 

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Published by François Massarelli - dans 1922 Lau Lauritzen Schenström & Madsen Muet
3 janvier 2025 5 03 /01 /janvier /2025 14:21

C'est le deuxième plus ancien film conservé de la petite entreprise de comédie de Lau Lauritzen avec Carl Schenström et Harald Madsen, et d'une certaine manière on a envie de dire: on prend les mêmes et on recommence! Les deux héros sont de nouveau des vagabonds, à nouveau c'est l'été, et les deux rigolos vont tourner autour du monde presque sans rien y changer... Le titre, conforme au précédent film, signifie en gros Le soleil, l'été, et les études. Il comporte évidemment trois noms.

Un film de trois bobines justifiant bien trois intrigues, il y a ici un père riche et ventripotent (Oscar Striboldt, une superstar à sa façon) qui essaie de reconquérir sa maisonnée et en particulier ses filles qui sont en âge de passer le baccalauréat; il y a aussi des soupirants qui sont prêts à tous les stratagèmes pour approcher les jeunes femmes en question; et bien sûr, deux vagabonds qui ont élu domicile sur un port, pas loin, mais la police les y cherche, il leur faut donc trouver un endroit où se cacher: comme la sainte famille est partie faire du camping sur une île, la maison est vide, donc...

...donc "Doublepatte et Patachon", comme on les appelait, vont s'installer et se comporter en sales gosses, allant jusqu'à enfermer la femme de chambre dans un placard! mais la scène est savoureuse, et servie par une gestuelle de grande précision, et grâce à Schenström et son corps souple de grand échalas, toujours profondément excentrique.

A propos, le film qui n'est disponible que dans une version probablement légèrement raccourcie, recèle un petit mystère: au départ, dès le premier plan, la caméra cadre une affiche placardée dans la rue, qui avertit du fait qu'on recherche les deux héros. Mais c'est rédigé dans un français plus qu'approximatif... Pourquoi cette langue? J'imagine que s'il s'agit d'une copie d'exportation, la syntaxe aurait pu être plus soignée... Et le site du DFI ne mentionne aucune sortie française.

Avec ses trois intrigues qui seront toutes résolues (plus ou moins en même temps), ce n'est peut-être pas le meilleur film du duo, mais il recèle de petits trésors d'humour. Bien sûr, ils seront plus souvent dus à l'impeccable timing des deux acteurs principaux, qu'à Striboldt et sa clique de bathing beauties...

 

 

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Published by François Massarelli - dans Lau Lauritzen Comédie Muet 1922 Schenström & Madsen
3 janvier 2025 5 03 /01 /janvier /2025 14:19

C'est à la Palladium films que Lau Lauritzen va tourner avec Carl Schenstrom (Le grand échalas contorsionniste) et Harald Madsen (le petit râblé) des comédies, dont ceci est l'une des premières: si je ne suis pas tout à fait sûr de la chronologie, je sais qu'il y a eu d'abord un moyen métrage dans lequel Lauritzen expérimentait avec Schenström et un autre acteur... Par contre, on sait clairement qu'il s'agit de leur plus ancien film conservé. C'est un moyen métrage de trois bobines, et il établit de façon durable le caractère des deux principaux protagonistes.

Durant l'été, sur les bords de la mer du nord, on fait connaissance avec une famille très aisée (les parents: Oscar Tribolt et Olga Svendsen), dans laquelle un baron (Torben Meyer) a décidé de s'incruster en épousant la fille (Ingeborg Bertelsen) de la famille. Sauf que le type est un salopard de la pire espèce, qui est déjà fiancé, suivant les conventions habituelles du mélodrame... Et la fille est quand même toujours contente de voir le meilleur ami de son frère (Gorm schmidt), Peter Plum (Victor Montell), un brave garçon, lui. Et deux vagabonds, des rémouleurs miteux (devinez de qui il s'agit) qui traînent dans le coin, interceptent une lettre qui est destiné au traître, et qui prouve ses sombres agissements. Ils décident de s'en mêler...

Le titre signifie "Film, flirt et fiançailles", selon une tradition de comédie que beaucoup des films à venir de Lauritzen avec le duo vont s'efforcer de respecter: trois mots qui décrivent l'essentiel de l'intrigue, et ce en ajoutant une répétition d'un son précis. ...Ici, le son F. Pourquoi "Film"? parce que la fiancée du Baron est actrice, et tous les personnages vont se retrouver sur une plage, où un tournage a lieu, durant lequel le metteur en scène va inviter des locaux à figurer; un prétexte pour voir évoluer les deux acteurs au milieu de jolies filles en maillots de bain affriolants, ce qui là aussi va devenir une tradition de ces films. Et bien sûr nos deux amis vont, à leur corps défendant, contribuer au film avec le style qui les caractérise...

Le plus intéressant reste la façon dont évoluent nos deux anti-héros, la dynamique déjà bien ancrée de ces deux personnes qui pour l'instant restent volontairement à l'écart des gens auxquels ils viennent en aide. Ce ne sera pas toujours le cas. Mais l'ingéniosité aussi, dont ils font preuve en toute circonstance, ainsi que le contraste entre les deux, la réserve de Schenstrom, un adulte qui a trop grandi et ne sait pas trop quoi faire de lui-même, et le côté volontiers enfantin de Madsen, qui lui n'a pas encore trouvé l'occasion de grandir, les différencie de tous leurs homologues Américains. Ils sont, déjà, dès cette première trace de leur travail, extrêmement touchants. Et leur gestuelle nait littéralement sous nos yeux, les montrant pour toujours à l'écart, dans une galerie de mouvements qui n'appartiennent qu'à eux seuls: la façon dont pour se retirer, ils se tiennent la main; l'expression de la joie, qui passe chez Madsen par un étrange tournoiement; le sourire d'enfant de Schenström...

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie 1921 Lau Lauritzen Schenström & Madsen
15 mai 2024 3 15 /05 /mai /2024 21:45

C'est une histoire d'un moulin en danger, à sauver de la destruction, face aux manigances d'un riche propriétaire qui essaie la manière forte pour obtenir ce qu'il veut: la main de la fille des meuniers... Ce qui ne sonne pas, mais alors pas du tout comme une comédie. Mais c'est ainsi: dans les années 20, le genre avait totalement intégré l'idée qu'on puisse faire du mélodrame dans la comédie, ou de la comédie avec une intrigue de mélo. Les deux, ici, fonctionnent très bien...

Et pour obtenir la comédie, Lauritzen pouvait compter sur ses deux atouts: Carl Schenström et Harald Madsen sont donc des traine-savates qui se rendent de boutique en demeure, pour vendre leur unique talent; ils sont exterminateurs de rats... Et d'une certaine façon, aussi bien leur arrivée que leur loufoquerie, va persuader la meunière de les engager, et elle va aussi trouver le petit râblé tout à fait à son goût pour une fois!

Il y aura aussi une séquence inévitable, le moulin étant proche de la mer... Une scène voit en effet Madsen au milieu d'un parterre de jeunes femmes en maillots de bains... Mais pour une fois, le drame en cours est moins bourgeois que d'habitude. Il est aussi d'un tranquille classicisme...

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Published by François Massarelli - dans 1924 Muet Lau Lauritzen Schenström & Madsen
17 avril 2023 1 17 /04 /avril /2023 11:34

Un long métrage sauvé du désastre des ans: une bobine entière de ce film est en effet rongée par un début de décomposition, et comme de juste, c'est le moment le plus réjouissant, dont il ne reste plus qu'une très vague impression. C'est d'autant plus dommage qu'il s'agissait probablement d'un des meilleurs moments du duo Schenstrom-Madsen, et de la plus belle séquence loufoque que j'ai pu (presque) voir dans les films de Lauritzen.

Un couple de bouchers (Oscar Stribolt, Kristine Friis-Hjorth) se met à avoir des illusions de grandeur à cause de leur succès, et madame en particulier souhaite fréquenter la noblesse et les "gens bien". Ce qui la pousse à refuser le mariage de leur fille (Karen Winther) avec leur employé (Einar Hanson)... Celui-ci va trouver une aide inattendue, en rencontrant trois forains, qui voyagent avec leur cirque miteux de plage en plage: il a l'idée de les transformer en un prince (Carl Schenstrom), sa fille (Jessie Rindom) et un domestique (Harald Madsen), d'une part pour revenir en grâce auprès de sa belle-mère potentielle, mais aussi pour dégonfler ses rêves de grandeur...

C'est, comme d'habitude, la peinture d'un monde à deux vitesses, pris sous l'angle de la comédie burlesque et très populaire (avec l'aide de la star Oscar Stribolt qui n'avait pas son pareil pour jouer les roturiers parvenus avec un certain sens du gag populiste): comme d'habitude, le monde des riches et celui de "Doublepatte et Patachon" ne se mélangera que brièvement, et comme d'habitude, le déguisement ne marchera qu'à moitié... C'est plaisant, mais on reste un peu sur sa faim, à part pour une étourdissante séquence de cirque comparable à certaines scènes de The circus de Chaplin, et sans doute pour la séquence des faux fantômes, qui est hélas cachée au milieu de la pellicule décomposée... 

 

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Published by François Massarelli - dans Lau Lauritzen Muet 1925 Schenström & Madsen