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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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11 mars 2025 2 11 /03 /mars /2025 09:34

L'année 1924 a été très importante dans la carrière de Lau Lauritzen, Carl Schenstrom et Harald Madsen, puisque d'une part ils ont sorti un grand nombre de films, mais aussi le succès est devenu très important: ils s'exportaient: une allusion à leurs personnages est visible dans une scène du Dernier des hommes de Murnau, qui a d'ailleurs provoqué qu'on en crédite assez souvent les deux acteurs, ce qui est faux.

Pour autant, Lauritzen s'entenait à une formule, un certain nombre d'ingrédients, de l'huile de coude, un paquet de clichés, facilités et automatismes, et surtout l'énergie de ses deux compères... Et aussi un titre: comme tous ceux qui ont précédé, ce film est intitulé avec trois mots qui ont la même initiale, ce qui provoque d'ailleurs une incohérence. Car si Professor Petersens Plejebørn veut bien dire L'enfant adoptif du Pr Petersen, ça ne colle pas car il n'y a pas de Professeur Petersen. Il y a bien un professeur, mais il s'appelle Wolmer... Et sinon Mademoiselle Petersen est sa gouvernante. En anglais, le film s'intitulait The smugglers (Les Contrebandiers), donnant de l'importance au début et à la fin du film; et en français, sans aucune explication pour ma part, le titre était Dans un rêve. En Allemand, enfin, le titre est étrange mais se justifie: Der Kampf mit der Drachen, c'est Le combat avec le dragon, et... il y en a un.

Pour commencer, donc, le Professeur Wolmer (Svend Melsing), un passionné de nature et des animaux, se rend sur une île pour y observer les oiseaux, mais ils tombe entre les mains de contrebandiers. Deux d'entre eux (lesinévitables Doublepatte et Patachon) l'aident à fuir et pour leur prouver sa reconnaissance il les engage comme domestiques... Ils vont être confrontés à la rigidité de la gouvernante, Mademoiselle Petersen (Maria Garland). Quand Wolmer reçoit une lettre d'un ami qui lui annonce la venue de sa fille pour une période indéterminée, le professeur et Mademoiselle Petersen s'imaginent accueillir une enfant, mais Anita (Lili Lani) est une jeune femme, et Wolmer tombe sous le charme, ce qui n'arrange pas les affaires et les aspirations de sa gouvernante...

C'est évidemment loufique et sans temps morts. Les deux acteurs sont beaucoup plus sollicités que d'habitude, et leur tandem fonctionne magnifiquement, sans parler de séquences de pur slapstick, surtout sur l'île aux contrebandiers... Une bagarre générale en particulier semble réjouir particulièrement les acteurs eux-mêmes! Le reste, plus policé, se voit sans déplaisir grâce à la dynamique négative amenée par Maria Garland, qui contraste fort bien avec le style décontracté des deux vagabonds. Svend Melsing et Lili Lani sont parfaitement fonctionnels en inévitables tourtereaux... Une fois de plus, c'est un gentil foutoir, mais on s'en contentera agréablement.

 

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Published by François Massarelli - dans Lau Lauritzen Schenström & Madsen Muet 1924
2 mars 2025 7 02 /03 /mars /2025 09:38

Sorti en 1924, le film a cependant été tourné en 1923, et montre Doublepatte (Carl Schenstrøm) et Patachon (Harald Madsen) en compagnie d'une troupe fréquente: à leurs côtés, donc les acteurs Gorm Schmidt, Oscar Striboldt, Stine Berg; le rôle principal féminin est tenu par Grethe Rutz Nissen (Future Greta Nissen aux Etats-Unis, attirée par un contrat avec la Fox), une ancienne ballerine qui a été repérée par Lauritzen et qui jouait la jeune orpheline (...et la Petite Sirène) dans un film antérieur, Daarksab, dyd og driverter.

Dans une petit groupe d'amis à Copenhague, un maître de ballet (Charles Wilken) prépare fébrilement sa petite fille (Grethe Nissen) à devenir une vedette du ballet. Mais elle est amoureuse de Bent (Gorm Schmidt), un étudiant qui ne voit pas cette obsessin d'un bon oeil, car il pense qu'elle ne lui permet pas d'espérer se marier avec elle. Parmi les amis, deux musiciens aident la petite troupe, en jouant pour les cours de ballet: un violonisste (Madsen) et un flûtiste alto (Schenstrøm)... Ceux-ci récupèrent l'argent d'une vieille dame qui a été agressée par des voleurs, et en mettent un peu de côté pour eux-mêmes. Ils vont ainsi pouvoir fournir des costumes à la jeune femme pour une grande soirée de gala, durant laquelle elle va rencontrer un producteur Américain...

C'est le mélange habituel des films de Lauritzen avec le duo, un peu d'art, un soupçon de romance, beaucoup de comédie un rien suranée, une ou deux poursuites, et des jolies filles (dans une scène un peu téléphonée, montrant vers la fin que les deux héros se sont reconvertis en employés de piscine: Lauritzen avait une troupe de jeunes actrices sous contrat, dont la fonction première était d'apparaître en maillot de bain! Comme chez Mack Sennett...). Le film a probablement été tourné à l'économie, car tous les décors semblent avoir été tournés en studio, et sont aisément recyclables; les scènes au théâtre peuvent avoir été tournées dans n'importe quel studio, et Lauritzen s'est permis une fois de plus de lâcher ses héros en ville, notamment en allant tourner avec eux lors de l'authentique dépat d'un transatlantique!

C'est un aimable divertissement, qui n'ajoute rien et ne retranche rien à l'univers des deux acteurs, qui une fois de plus agissent un peu en satellites de l'histoire dans laquelle ils évoluent. Leurs deux scènes de poursuite finissent par ressembler à un passage obligé, avec l'inévitable accélération de l'action. La présence d'Oscar Striboldt (pas le plus sibtil des acteurs, mais c'était une supestar...) en étudiant fera grincer quelques dents... Sinon, une partie du film profite des capacités de Grethe Nissen pour la danse.

Et une scène se dégage, celle de la piscine: il y a une manifestation d'humour noir assez hallucinante. Madsen y est moniteur de natation (même si son comportement nous pousse à penser qu'il ne sait pas nager lui-même). Il s'occupe de donner des instructions à un monsieur d'âge mûr, qu'il tient au bout d'une perche. Le monsieu galère. Quand son copain l'interpelle, Madsen lâche sa perche et laisse son élève se noyer. Il se dirige vers un groupe et demande: "Au suivant!" Même Buster Keaton et Roscoe Arbuckle n'avaient pas été aussi loin et aussi ouvertement dans l'humour noir...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1924 Schenström & Madsen Lau Lauritzen
21 février 2025 5 21 /02 /février /2025 08:59

A Copenhague, un Italien, le vieux Guido Buzzio (Philip Bech), travaille dans son atelier: il vend des figurines en plâtre. Pour l'aider, il a sa petite-fille, Mona (Agnes Petersen), ainsi que deux assistants, un grand maigre (Doublepatte, Carl Schenstrom) et un petit râblé (Patachon, Harald Madsen). Un jeune homme (Svend Melsing), étudiant en art dramatique de son état, vient souvent à la boutique acheter des figurines... pour voir Mona. Mais un jour, un objet de valeur sentimentale est cassé: une cruche porte-bonheur qui se transmet de génération en génération dans la famille Buzzio... A l'intérieur, un papier propose des instructions incomplètes pour localiser un trésor sur la côté méditerranéenne.

Mona et les deux assistants se mettent en route, mais ils sont suivis par trois personnages interlopes et inquiétants: le fils (Karl Jørgensen) de la logeuse de Guido, un bon à rien qui a entendu la conversation; un mystérieux moine; et un étrange bonhomme (Waldemar Maes) apparemment cinglé qui a aperçu un bouton sur la veste de Patachon, et pense qu'il fait partie de la même société secrète que lui: des anarchistes à la mode des années 20...

Quelle bonne idée, finalement: après avoir alterné entre les films "estivaux" (Sol, Sommer og Studiner), les film ruraux (Ole Opfinders Offer) et les films citadins (Blandt Byens Børn), Lauritzen et la société Palladium envoient leur deux "héros" en voyage, et ils vont passer par l'Allemagne, puis Amsterdam, puis Paris et enfin l'Italie (Pise) et plus généralement la Méditerranée (Monte-Carlo). Les deux acteurs ont certainement été lâchés en pleine rue, à Paris aussi bien qu'à amstredam, et les prises de vue en extérieurs ne trichent absolument pas, Pise est bien Pise (avec l'inévitable visite à la Tour) et les côtes Italiennes ne font pas semblant non plus... Les passants qui croisent Doublepatte et Patachon à paris comme à Amsterdam n'en reviennent d'ailleurs pas. Et un plan Parisien a été pris d'une telle distance que les acteurs sont vraiment sans filet.

C'est une aventure avec ce qu'elle peut comporter de péripéties attendues: on s'intéresse un peu mollement à cette "énigme des cruches", pour reprendre le titre français, mais pas tant que ça: c'est assez expédié, au profit probable d'une certaine improvisation! Impossible de suivre d'ailleurs, sans constater que les personnages ont finalement bien peu d'indices pour trouver leur trésor, mais le trouvent quand même...

Ce qui fait merveille, par contre, c'est que les deux personnages de Doublepatte et Patachon (dont Lauritzen a fini par comprendre qu'ils sont LA principale attraction de ses longs métrages, et qu'on n'a pas nécessairement besoin des jolies filles en maillot qu'il plaçait dans tous leurs films) sont vraiment des acteurs de cette intrigue, pour laquelle ils déploient avec la prudence timide qui les caractaérise, un certaine énergie et une bonne volonté qui font plaisir. Bien sûr, ils vont se faire griller la politesse par l'un des étranges personnages qui les suivent, mais quelle surprise de voir Carl Schenstrom avec un petit piostolet automatique!

La continuité du film tel qu'on peut le voir aujourd'hui est par contre assez étrange: l'épisode Hollandais est entrecoupé d'un passage à Paris qui ne cadre pas: erreur de montage de 1924, ou de la restauration? J'espère que quelqu'un y remédiera; il existe des montages alternatifs de certains films du duo, mais la plupart des longs métrages ont été préservés dans des copies uniques. Celle-ci est vraisemblablement l'unique version de ce petit film de vacances...

 

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Published by François Massarelli - dans Schenström & Madsen Lau Lauritzen 1924 Muet
14 février 2025 5 14 /02 /février /2025 10:44

Dans un petit village Danois, disons, rural, une ptite communauté vit et survit... C'est que les officiels n'ont pas leur pareil pour débarquer à l'improviste et embarquer ls biens pour le paiement des impôts. Un riche fermier, Per Storegård (Sigurd Lamberg), a des vues sur Grethe (Agnes Petersen), la jolie fille de la meunière Ane (Jutta Lund). Mais celle-ci n'a d'yeux que pour le jeune compagnon meunier (Erik Hofman)... le fermier en devient très jaloux.

La pression fiscale devenant trop forte, le meunier exaspéré se demande si on ne ferait pas mieux de brûler le moulin! Et l'un des aides du meunier a trouvé chez le forgeron Ole (William Bewer) une machine que ce dernier a inventé, une sorte de briquet amélioré... Quand un incendie se déclare, inévitablement, les soupçons se portent immédiatement sur le meunier et ses amis...

Parlons de ses amis, d'ailleurs: dans un film qui est assez long (80 minutes) et qui a pu être conservé in extenso semble-t-il, ce qui serait une première pour un long métrage de cette taille, nous retrouvons les deux héros des comédies de Lau Lauritzen, Fyrtaarnet (Doublepatte, Carl Schenstrøm) et Bivognen (Patachon, Harald Madsen); au début, ils sont vaguement des vagabonds, et on a l'impression que leur rencontre avec l'équipe qui collecte les impôts les autorise à être dans le film. A la fin, ils partiront, comme ils étaient venus, avec leur raison sociale douteuse:ils ont une technique délirante pour piéger les rats, ce qu'ils ne feront d'ailleurs jamais dans le film, et se feront engager au moulin à la place.

"Patachon" a aussi, comme dans le film Daarskab, Dyd og Driverter de 1923, droit à sa petite histoire d'amour avec Stina Berg. Ce qui ne l'empêchera pas de se livrer à un petit interlude plaqué dans l'histoire, qui le montre draguer une bande de filles en maillot qui se baignent sur la plage! ...Lauritzen tenait à utiliser ce gag dans tous ses films quand c'était possible.

On est en pleine formule, donc: les deux héros, si on ose les appeler ainsi, voyagent à travers ce film sans trop se faire remarquer, et y ont un peu de place pour leurs excentricités. C'est loufoque, assez franchement foutraque aussi. Le fait est que Lauritzen, contrairement à ses deux vedettes qui étaient des génies de la comédie physique, n'a pas trop le don de montrer la comédie. Pour preuve, le fait que le film a plus de 200 intertitres... Quand le moulin brûle, en revanche, il laisse libre cours à ses images, et on y ent même de l'improvisation, quand les deux acteurs participent à la tentative désespérée des pompiers... 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1924 Lau Lauritzen Schenström & Madsen
27 janvier 2025 1 27 /01 /janvier /2025 22:28

Tourné à l'automne 1922 à Copenhague, ce film de Lau Lauritzen tranche de manière significative sur les autres aventures de "Doublepatte et Patachon", avec Carl Schenstrom et Harald Madsen: toutes les autres oeuvres antérieures ont en effet été tournées à l'été, dans des stations balnéaires, en profitant de la présence de cette troupe de jeunes femmes en maillot (qui étaient en contrat direct avec le metteur en scène, à la façon des Bathing beauties de Mack Sennett), et on y voyait toujours les deux héros en vagabonds ruraux, vivant d'expédients sur les routes et dans la campagne, confrontés en satellites à des intrigues mélodramatiques bourgeoises qui ne les concernaient que de loin... Cette fois, c'est en pleine ville que le film a été tourné, et le t change de manière importante.

Dans une petite pension de famille assez miteuse, vivent de nombreuses personnes, parmi elles, un costaud de foire, une prostituée, et beaucoup de vieilles dames... Ainsi que nos deux amis, qui fabriquent des jouets. Il ya aussi Lise (Helga Bassoe), une mère fraichement divorcée d'un tout jeune garçon, que les deux amis ont pris en amitié. Elle travaille à la chocolaterie locale, du directeur Helmer (Philip Bech)... Mais elle reçoit des visites de son ex-mari (Karl Jorgensen), bien qu'il lui soit interdit de l'importuner. C'est un voyou, et il s'obstine à vouloir prendre l'enfant pour le vendre à un bonhomme inquiétant, le "professeur" (William Bewer)... 

C'est une intrigue de mélo, plus dure et sombre que les habituelles caprices de jeunes bourgeoises écervelées qui ont fait la réputation de la série. Lauritzen se repose bien sûr sur des stéréotypes, et son film n'est pas (pas plus que d'habitude, en tout cas) exempt de préjugés, qui étaient légion dans le cinéma de l'époque: le "professeur", par exemple, présente la figure archétypale du gitan de pacotille, ou pire, du receleur à la Fagin, qui va recueillir un enfant pour probablement en faire un petit voyou. C'est sorti en droite ligne de Griffith ou Dickens! Et bien sûr le directeur de l'usine et sa famille très propre sur elle fourniront à la fin du film un toit et une belle fête de Noël aux trois géros défavorisés... Gorm schmidt, qui était toujours le jeune premier dans les films de l'équipe, y est ainsi présenté comme le fils du brave directeur.

Pourtant, cette intrusion de Doublepatte et Patachon en milieu urbain, quasi intégralement tournée en studio, est bien différente et même innovante. Il ya une certaine poésie dans l'entraide affichée par les habitants de cet immeuble miteux qu'un intertitre qualifie de "septième ciel"... Seuls les deux héros fournissent la comédie, le reste est, finalement, assez sérieux. Doublepatte et Patachon sont plus que jamais touchants, mais c'est le plus petit qui se distinguera le plus, en ayant droit à une séquence spéciale qui permet à Madsen de montrer l'étendue de son talent de danseur de charleston excentrique. Le jazz, inévitable atout urbain des capitales des années 20, fait d'ailleurs son irruption dans deux ou trois scènes... muettes, bien sûr.

La copie que j'ai visionnée est celle du DFI, et il y a fort à parier que c'est la seule trace actuellement disponible du film. Celui-ci n'a pas été  exploité dans les années 70 sous la forme d'un raccourci sonorisé pour la télévision, et c'est sans doute qu'on n'avait à l'époque accès à aucun élément. Mais cette version est très incomplète, et en attendant une hypothétique restauration, la continuité en a beaucoup souffert, sans parler de nombreuses traces de décomposition, qui rendent le visionnage hasardeux... Il faut parfois souffrir pour être un cinéphile.

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Published by François Massarelli - dans Lau Lauritzen Schenström & Madsen 1922 Muet
19 janvier 2025 7 19 /01 /janvier /2025 09:11

La jeune Else (Kiss Andersen) est une fille de bourgeois, mais c'est surtout une jeune femme de 17 ans un peu fantasque. Comme toute sa classe, elle est amoureuse de leur professeur de botanique, Petersen (Gorm Schmidt). Mais ce dernier répond favorablement à ses avances. Elle l'invite donc à la fête organisée par ses parents pour son anniversaire, et annonce leur union. Les parents sont effondrés, mais les amoueux s'enfuient...

Et Doublepatte (Carl Schenström) et Patachon (harald Madsen) alors? Ils sont, comme d'habitude, plus un satellite de l'intrigue qu'autre chose, et la loufoquerie totale de leur participation n'échappera à personne: dans un premier temps, ils sont deux chômeurs, qui renaclent à prendre le moindre emploi qui leur soit proposé par uyn bureau de placement, afin de continuer une partie de cartes particulièrement lucrative puisqu'ils trichent avec application. Mais ils sont mis en demeure d'accepter et seront tour à tour domestiques, des extras engagés pour l'anniversaire d'Else, et pas très doués (voir à ce sujet l'une des illustrations de cet article), puis deux détectives une fois les amoureux enfuis. Le plus étonnant c'est que la famille les ait laissé enquêter, au vu de leur inefficacité en tant que domestiques...

Le film est différent des oeuvres habituelles de la série, Lauritzen l'ayant pobablement tourné à une autre saison que l'été (même si une courte scène est située sur la plage, on y verra pour une fois très peu de personnes qui se risquent à arborer un maillot et surtout personne n'est dans l'eau, et sinon lors d'une scène au début, une sortie botanique se termine par un petit bain dans une rivière). La campagne Danoise m'a plus l'air de montrer qu'on est en automne ou au tout début du printemps, qu'on devine un peu frisquet. Et Kiss Andersen, jeune femme gâtée, mais déterminée, est dotée d'une belle énergie, même si clairement le personnage est une fois de plus très stéréotypé.

Gorm Schmidt, en professeur de botanique (il a donc des lunettes, qui sont supposées altérer son allure de jeune premier), joue assez bien l'embarras, et une scène "risquée" voit les deux amoureux se réfugier dans une auberge, où le jeune homme aura les plus grande difficultés à s'abstenir de venir frapper à la porte de la chambre de la jeune femme. 

La copie visionnée est incomplète, et en assez mauvais état: il est probable que le film a été même considéré comme perdu, il fait d'ailleurs partie d'une poignée de longs métrages de Lauritzen avec son duo vedette, qui n'ont pas été exploités à la télévision dans les années 70. Des six bobines initiales, il reste une version de 44 minutes, à la continuité parfois problématique: une sous-intrigue a probablement particellement disparu (un autre couple qui est recherché, et dont je pense que les deux "détectives" l'ont trouvé sans s'en rendre compte), et il y a des coupes flagrantes, les personnages quittant un hôtel dans un plan, pour se retrouver au matin dans un autre hôtel au plan suivant...

C'est un petit film, donc, moins accompli que bien d'autres, mais dont la loufoquerie, l'alchimie entre ses deux vedettes, le goût de Lauritzen et ses deux acteurs pour l'humour physique et les poursuites idiotes, et une scène absurde de déguisements, gardent un charme certain... Cette scène des déguisement sera partiellement reprise dans Filmens Helte en 1928, et le film Kys, Klap og Kommers de 1929, avec le duo, reprendra l'idée d'en faire de singuliers détectives. 

 

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Published by François Massarelli - dans Schenström & Madsen Lau Lauritzen Muet 1923
15 janvier 2025 3 15 /01 /janvier /2025 22:25

C'est l'été, au Danemark sur les bords de la Mer du Nord, et deux vagabonds (Fy et Bi, ou Doublepatte et Patachon) ont trouvé une combine intéressante pour se faire de l'argent: ils "photographient" les gens avec une boîte en carton vide, et se font payer les clichés en avance, avant de disparaître. Pour commencer, ils escroquent quelques jeunes femmes sur la plage, en prenant une série de "photos", mais finissent par ne pas avoir assez pour régler la note de restaurant... La patronne (Stina Berg) prend alors une décision inattendue: elle les sépare, et garde le plus petit (Harald Madsen) en otage, à charge pour l'autre (Carl Scenström) de revenir et de trouver de quoi payer la note. Mais quand il revient, il a la surprise de constater que son copain va bien, très bien même. On ne peut pas en dire autant de lui...

Pendant ce temps, dans le restaurant, deux drames se jouent: d'une part le comte local (Viggo Wiehe) a perdu il y a des années toute trace de son fils, or celui-ci a séjourné dans la même pension de famille que nos amis, et il y a laissé des traces... d'autre part la patronne emploie une jeune femme, Grethe (Grethe Rutz-Nissen, future Greta Nissen), qui est convoitée par deux jeunes sympathiques motards. Sympathiques? Disons que l'un (Gorm schmidt) est très bien, mais l'autre (Victor Montell)... il tente de forcer la main de la jeune femme, et le deux hommes se battent... 

 

Avec ce film, plutôt réussi, Lauritzen casse le moule de ses films, sans toutefois totalement déroger à ses traditions. Pour commencer, il sépare les deux héros, et c'est étonnant de voir que le film devient presque une aventure en solo pour le petit Harald Madsen, qui retenu en otage, devient carrément l'amant de la patronne du restaurant! Il va même prendre les choses en main, et régler l'histoire d'amour quand elle dérape à cause du jeune félon! Ce qui n'enlève rien au sel des mésaventures hilarantes du contorsionniste de génie qu'était Schenström: il essaie de "prendre en photo" un boucher pendant qu'il dévalise sa camionnette, et quand celui-ci s'en aperçoit, il voit rouge: le plan durant lequel le vagabond se fait rouer de coups a été chorégraphié avec génie... Et plus tard, réduit à trouver les pires moyens de subsistance, il se retrouve à interpréter le chaînon manquant dans un cirque... Il est très convaincant.... dans une scène particulièrement raciste, n'ayons pas peur des mots!

Lauritzen fait comme il le faisait d'habitude pour ces premières comédies du duo vedette: tournage en été, le plus près possible de la mer, avec une prédilection pour les séquences en plein soleil. Parmi ses passages obligés, il se livre à l'inévitable débauche de jeunes femmes en maillot de bain, et à une poursuite entre les deux rivaux, en moto cette fois. Il se dégage de toute façon de ces films particulièrement bien éclairés et très soignés, une impression de bonheur inattendue pour un habitué du cinéma Danois des origines! Et Lauritzen se laisse volontiers aller à donner à la future Greta Nissen une séquence "petite sirène" d'une coquinerie très assumée, l'ayant déshabillée allègrement, ce que ses films Hollywoodiens ne se permettront pas.

Pour finir, il existe deux copies du film à peu près complètes qui ont circulé sur internet, l'une sur le site du cinéma muet danois (https://www.stumfilm.dk/stumfilm/streaming/film/16073) et l'autre qui a été brièvement disponible sur la page Vimeo du DFI. Cette dernière est sonorisée, et possède un montage différent, ainsi que des séquences exclusives (près d'une bobine entière au début du film). Elle est aussi plus éclairée. Ce remontage, à en juger par le son, a du être fait dans les années 30 ou 40...

 

 

 

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Lau Lauritzen Schenström & Madsen Muet 1923
11 janvier 2025 6 11 /01 /janvier /2025 17:19

Un soir, les deux vagabonds Doublepatte (Carl Schenström) et Patachon (Harald Madsen) rencontrent dans une taverne un jeune homme, Per Hammer (Gorm Schmidt), qui boit pour essayer de se remettre d'un chagrin d'amour: sa fiancée est partie précipitamment, emmenée au loin par son père qui désapprouvait leur possible union... Mais après une soirée de beverie mémorable, les deux amis qui squattent un container sur le port de Comenhague, sont emportés jusqu'en montagne... Ils vont avoir la surprise de tomber, si j'ose dire, sur Ellen (Violet Molitor), la petite amie disparue, qui vient de s'enfuir de chez son père...

Ce film est réduit à moins d'une demi-heure, et on peut émettre l'hypothèse que cette demi-heure corresponde en fait à ce qui a été diffusé par la télévision Allemande, qui proposait dans les années 70 des programmes sonorisés de versions abrégées des comédies du duo. Cette abréviation a-t-elle été la cause de la perte de plus de la moitié des 1920 mètres du film, ou cette perte a-t-elle poussé les producteurs de l'émission à produire pour une fois une version intégrale en l'état d'un film de Lauritzen? Il ne m'appartient évidemment pas de répondre à cette interrogation probablement peu importante. Mais on déplore qu'un film comme celui-ci puisse avoir perdu une bonne part de son métrage, ce qui reste assez courant pour les films Danois de Doublepatte et Patachon du reste...

Ce qui manque? D'une part, je suis sûr qu'il y a eu suppression d'une bonne partie du flash-back déclenché lorsque Violet Molitor commence à raconter ses mésaventures avec son père. Et sinon, toute la résolution du drame: en l'état le film montre surtout l'essentiel des trente premières minutes! Et des séquences disjointes et assez illogiques qui lui servent de final.

C'est dommage, pour deux raisons: la première est que pour une fois, on n'a pas d'intrigue répétitive située en été, près de la mer, avec des hordes de jeunes femmes en maillot, ni le faciès peu ragoûtant d'Oscar Stribolt! Le film, qui est probablement une co-production avec la Suède (Violet Molitor est Suédoise) a été tourné en montagne, dans la neige, et il est splendide... La photo d'Hugo Fischer en particulier profite avec élégance des décors naturels. On se doute, au vu de ses méthodes de travail, que Lauritzen allait bientôt alterner les films d'été et les films d'hiver!

L'autre avantage, lié bien sûr, est que cette fois, contrairement à ce qui reste des films précédents, on voit bien que les deux acteurs stars ont été replacés au centre de l'intrigue, et... la neige les sert bien! L'un comme l'autre ne perdent pas une occasion de placer des gags physiques, parfaitement exécutés. Et lors de leur arrivée en montagne, les deux hommes ont même droit à une superbe scène de suspense dans une série de tunnels, avec un train à leur poursuite...

 

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Published by François Massarelli - dans Lau Lauritzen Schenström & Madsen Muet 1923
8 janvier 2025 3 08 /01 /janvier /2025 18:33

Dans un petit pensionnat pour jeunes filles très comme il faut, une élève, Eva (Lyssen Bendix) est particulièrement turbulente: c'est qu'elle se targue de faire du théâtre et profite parfois de la nuit pour organiser des représentations, aidée par des copines, et par deux employés de l'établissement, deux "hommes à tout faire" (Carl Schenström, Harald Madsen) qui ont de la tendresse pour elle. Mais elle est punie et décide de s'enfuir pour tenter sa chance sur les planches. Ses deux amis partent à sa suite, pour la protéger... Mais en chemin ils sont confondus avec deux marins en vadrouille.

C'est l'un des premiers films des aventures de "Doublepatte et Patachon", Fy og bi en Danois. Les intertitres en ont complètement disparu, et n'ont pour l'instant pas encore été reconstitués... Lauritzen y raffine sa formule: d'un côté, une intrigue qui tourne autour d'un (ou plusieurs personnage de jeune femme de la bonne société, en butte à l'autorité soit parentale, soit d'une institution... De l'autre les deux personnages complémentaires de Schenström (le grand échalas, dit Doublepatte) et Madsen (le petit râblé, surnommé Patachon), qui resteront un satellite de l'intrigue principale, et fournissent l'essentiel des gags, souvent très physiques.

C'est souvent un spectacle assez hallucinant à voir, surtout Madsen qui a une façon totalement à lui de se comporter physiquement en toutes circonstances, et comme Laurel avait des yeux d'une nuance que la pellicule de l'époque ne photographiait pas totalement... Il en résulte un comportement lunaire fascinant. 

Une faute de goût à mon humble avis, que cette partie de l'intrigue qui fait intervenir deux "sosies" qui ressemblent autant à Doublepatte et Patachon, que Donald Trump au roi Charles! Par contre, cette fois, l'intrigue, moins estivale que printanière, évite le passage (jusqu'alors obligé dabs ces films très populaires de Lau Lauritzen) par les hordes de jeunes femmes en maillots de bain trop grands!

Ce n'est pas le meilleur de leurs films, mais Lauritzen l'aimera suffisamment pour en proposer une relecture parlante en 1932... Reste à attendre une hypothétique restauration de ses intertitres pour aller plus loin dans la subtilité, on sait que dans ses comédies, Lauritzen reposait beaucoup sur l'humour verbal simple, ce dont les premiers films de la série attestent.

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Published by François Massarelli - dans Schenström & Madsen Muet 1922 Lau Lauritzen
3 janvier 2025 5 03 /01 /janvier /2025 22:20

C'est l'été... Le directeur d'une société de commerce danois-australien, John Muller (William Bewer), accoste au Danemark, avec sa fille Alice (Lissen Bendix) et une amie de celle-ci (Gerda Madsen) . Il souhaite leur faire découvrir le pays, tout en rencontrant le directeur de la branche Danoise, Jens Jessen (Oscar Striboldt). Celui-ci a deux fils (Harry Komdrup et Gorm Schmidt), et il est question que l'un d'entre eux se mariera avec la fille, Alice Muller. Ils sont persuadés que c'est une Australienne sauvage et les deux cherchent à se défiler...

Pendant ce temps là, nous faisons également la connaissance de deux vagabonds qui ont une combine: l'un d'entre eux (Carl Schenström) se fait passer pour un aveugle et joue de l'orgue de barbarie, du moins il fait semblant... A l'intérieur de la caisse, son copain (Harald Madsen) joue de l'accordéon. Ca paie... peu.

Les deux fils, désespérés, les engagent pour jouer leur rôle, puis se ravisent quand ils constatent que la jeune femme qui est arrivée est fort jolie. C'est en vérité la copine d'Alice car cette dernière aussi est méfiante...

Une fois de plus, Lauritzen concocte une comédie autour du marivaudage des jeunes, couvés par la sagesse ventripotente de la bourgeoisie, incarnée encore une fois par Oscar Striboldt. Et la formule est pimentée par l'intrusion de "Doublepatte et Patachon", dont le succès Européen était déjà avéré. Ils n'ont pas grand chose à faire, juste s'investir un peu dans une intrigue qui tend, justement, à les exclure purement et simplement, mais qu'ils vont, paradoxalement, contribuer à faire avancer à leur façon.

C'est assez moyen, et l'équipe, qui avait sans doute beaucoup de commandes à honorer au vu du succès des premiers films, a sans aucun doute précipité la suite des productions. D'où cette impression persistante de déjà vu... Mais au moins, le réalisateur et son équipe ont-ils eu l'idée d'inverser la tendance: cette fois, ce sont les garçons qui sont à marier au lieu des filles! Ce qui ne facilite pas les choses, d'ailleurs: les deux jeunes hommes, querelleurs et indisciplinés, passent le plus clair de leur temps à se battre... 

Dans ces conditions, entre les pères qui s'imaginent légitimes à décider du bonheur de leurs enfants, les deux jeunes femmes qui imaginent un statagème étonnant, et les deux garçons complètement immatures, il est intéressant de constater que Doublepatte et Patachon deviennent finalement les protagonistes les plus sensés de cette histoire invraisemblable...

Et sinon, au milieu, un rêve érotique particulièrement choquant par son racisme... Imaginant le pire à propos de la fiancée potentielle venue de la lointaine Australie, Gorm Schmidt se rêve poursuivi par des amazones dévêtues... et couvertes de suie. 

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Published by François Massarelli - dans 1922 Lau Lauritzen Schenström & Madsen Muet