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31 décembre 2010 5 31 /12 /décembre /2010 13:04

(Textes déja publiés en décembre 2009 sur l'infatigable forum DVDclassik)

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The Bohemian girl (VOLUME 9) février 1936. Réal : James W. Horne et Charles Rogers. 68 minutes

Fruit d’une longue gestation, ce film planifié dès 1934 a été finalisé lors d’une période durant laquelle les crises se sont succédées : tout d’abord, l’abandon de fait des courts métrages que j’évoquais plus haut, qui n’a pas du être vécu avec bonheur par Stan et Babe ; ensuite, les difficultés relationnelles entre Roach et Stan, qui comme on le sait ne vont pas en s’améliorant ; Laurel en plus, est au milieu des années 30 en plain chaos familial, alternant mariages et divorces ; pour couronner le tout, Thelma Todd qui jouait dans le film est retrouvée morte à son domicile en décembre 1935, dans des circonstances douteuses. Le fait qu’elle soit décédée ainsi va pousser le studio, à l’approbation générale, à effacer purement et simplement son rôle, n’en retenant que des bribes, et en retravaillant et retournant quelques scènes : il s’agissait, pour Roach et Laurel, de ne pas risquer d’exploiter de quelque manière que ce soit la mort tragique de l’actrice, à l’approche d’un scandale éventuel. Le décès ne sera jamais élucidé, et Thelma Todd, tout en n’apparaissant que 5 minutes durant lesquelles elle chante, doublée par une autre, une des chansons du film, conservera au générique sa place, la troisième… Un hommage, plutôt étrange vu les circonstances, mais un hommage quand même à une grande dame.

Sur cette photo, une scène entre Moreno et Todd, coupée dans la version définitive:
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Deux metteurs en scène pour un long métrage de Laurel & Hardy, ce n’est pas la première fois, mais ici la nouveauté réside dans le fait que Horne et Rogers sont, à part entière l’un et l’autre, des réalisateurs attitrés des courts et longs du duo, là ou habituellement Roach nommait en co-réalisation un homme pour la comédie, un pour l’intrigue : voir à ce sujet Gus Meins et Rogers, ou encore Rogers et Roach. Il est probable que Horne s’est vu confier la mise en scène de scènes de l’intrigue principale, et Rogers de la pure comédie. Comme dans les deux précédents films musicaux du duo, on a affaire à une étrange bête à corne dont les parties s’intègrent mal, même si un effort a été fourni de manière à intégrer les deux hommes à l’intrigue proprement dite : Des Bohémiens s’installent près d’un château, dont le maitre des lieux est un farouche ennemi des gitans. Ils volent à tout va dans la ville, mais l’un d’entre eux, le fier Devilshoof, se fait prendre, et reçoit en sanction des coups de fouet. Devilshoof, interprété par Antonio Moreno (Mare Nostrum, The temptress, It, The Searchers...), est également au camp des Bohémiens l’amant de Mrs Hardy, la femme d’un autre gitan. Celle-ci est incarnée par Mae Busch, qui retourne à cet effet dans le registre odieux de la mégère, et on peut dire que le traitement infligé par ces deux-là à ce pauvre Hardy est du plus haut sadisme. Au moment ou les gitans vont partir, Mrs Hardy «vole» l’unique enfant du comte Arnheim pour venger son amant, et fait brièvement croire à Hardy qu’il est le père avant de prendre le large avec son amant et les bijoux de son mari. Hardy et son ami Stan vont donc élever l’enfant, Arline, qui pas un seul instant ne pense à signaler qu’elle a par ailleurs une famille, et qu’elle aimerait les retrouver ; mais douze plus, tard, les gitans reviennent sur les lieux, et la petite Arline devenue grande s’introduit dans le château. Le seul moyen de faire passer ce ramassis de n’importe quoi pour un scénario, ce sont… des chansons.

On voit qu’on a réussi à introduire Babe Hardy dans le scnéario ; Stan traverse une bonne partie du film comme s’il s’était trompé d’adresse, mais ce détachement a des effets qui donnent malgré tout de l’intérêt à un visionnage souvent terne : d’une part, comme il semble n’y avoir pas eu l’ombre d’un capitaine dans le navire, ni Rogers ni Horne ne parvenant à prendre les rênes de la production, et Roach devant éviter comme la peste de se trouver sur le même plateau que Laurel, les deux hommes ont réussi à infiltrer une bonne dose d’anarchie personnelle dans le film : Stan, en particulier, développe ici beaucoup de dons, depuis la façon toute personnelle de détrousser les passants en leur disant la bonne aventure, jusqu’à une scène durant laquelle au lieu de mettre le vin en bouteille, il l’ingurgite en le siphonnant, tant et si bien que le vin lui coule par les oreilles ; il continue à mettre son corps étrange en scène, avec une oreille élastique et un index amovible, et il chante alternativement avec une voix de soprano et une voix de basse. Sinon, il tente de filouter Hardy à plusieurs reprises, s’affirmant même prêt à collaborer avec l’épouse de ce dernier dans le but de lui nuire, afin de récupérer les bijoux. Enfin, confronté à la possibilité de recevoir des coups de fouet, il se transforme en Stan Laurel de 1924, agressif et agile, aussi bien dans la gestuelle que dans l’adresse. Mais un final surréaliste et physique vient nous rappeler que nous sommes bien dans un Laurel et Hardy de 1936…

Outre Mae Busch et l’infortunée Thelma Todd, le seul grand nom de chez Roach à faire une apparition notable est James Finlayson, décidément un porte-bonheur, ou un moyen d’éviter le naufrage. Même sous-employé, il reste un plaisir à regarder dans un film bien terne, et que je vais m’empresser d’oublier, en rêvant au suivant, le plus classique Our relations

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Published by François Massarelli - dans Laurel & Hardy
31 décembre 2010 5 31 /12 /décembre /2010 13:00

(textes déja publiés en novembre et décembre 2009 sur l'extraordinaire forum de DVDClassik)

 

Babes in Toyland/March of the wooden soldiers (Goodtimes DVD) Novembre 1934. Réal: Charles Rogers & Gus Meins ; 79 minutes.
Après la comédie burlesque, l’opéra comique (The devil’s brother), la comédie sentimentale (Pack up your troubles), voici un nouveau genre exploré par Roach, Laurel & Hardy : le film catastrophe.

J’ai déjà fait part ici de mes réserves devant The devil’s brother, mais devant ce nouvau film musical à grosse production, force est de constater que décidément, ce « fra Diavolo » n’est qu’un film médiocre de Laurel et Hardy, ce qui n’est déjà pas si mal. Babes in Toyland est peut-être l’un des plus appréciés (Aux USA) de tous leurs films, mais en ce qui me concerne je trouve cela incompréhensible : c’est d’un ennui mortel, d’un mauvais goût permanent, et Laurel et Hardy sont sous-employés, et aucun des grands seconds rôles mythiques ne les accompagne ici, même si cela a un temps été prévu. Le merveilleux a toujours été une alchimie complexe au cinéma, et la frontière entre mièvrerie et indigence d’une part, et fantastique de l’autre, est la ligne à ne pas franchir. Les décors et costumes de ce film (Situé rappelons-le au pays des jouets) sont laids, les acteurs jouent mal ou pire (Le pompon étant l’acteur Henry Brandon qui joue ici le méchant de service), et ce n’est pas drôle.
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Le film est co-signé par Charles Rogers, donc Stan Laurel, et Gus Meins. Rogers avait en charge les scènes de comédie, et Meins, par ailleurs réalisateur des Our Gang durant les années 30, le reste. Tous les acteurs ont salué le travail de cet artisan, qui ne s’énervait jamais, restait poli, et faisait très gentiment son travail, mais quel ennui…
L’histoire de la production de ce qui devait être le fleuron de la production des studios Hal roach a été émaillée d’incidents, d’acteurs qui quitte le plateau en actrice malade, de Roach qui écrit le scénario en Laurel qui le fait ré-écrire, et au final, le produit obtenu ne satisfaisait pas le producteur. A tel point que Roach, lorsqu’il a fallu renouveler le copyright des films Roach de Laurel et Hardy, n’a pas levé le petit doigt, laissant le film tomber dans le domaine public… A ce sujet, il existe trois versions de ce film : une, sous le titre de Babes in Toyland, totalisant 79 minutes, et probablement projetée à la preview. La deuxième, ressortie quelques années après sous le titre de March of the wooden soldiers, et ne durant que 69 minutes. Celle que j’ai vue provient d’un DVD Américain qui restitue le montage original, mais sous le deuxième titre, et constitue une troisième version. Elle est colorisée, mais j’ai pu la voir en noir et blanc, et j’en frémis encore.

The live ghost (VOLUME 16) Décembre 1934. Réal: Charles Rogers. 2 bobines.

Bonne idée, revenons à du court métrage basique, avec un scénario simple, un méchant grandiose joué par Walter Long, une ou deux apparitions des acteurs maisons, les Leo willis, Charlie hall et Mae Busch, ajoutons à cela un décor parfait : un vieux port dans la brume, un bateau, et la cerise sur le gâteau : Arthur Housman, saoul comme d’habitude. Et on obtient quelque chose qui tient la route… Laurel et Hardy sont employés par le loup de mer Walter Long, qui ne parvient pas à embaucher des marins sur son bateau, qui a la réputation d’être hanté : cela l’énerve tellement de l’entendre qu’il fait le serment de tordre littéralement le cou de ceux qui prononceront le mot « Ghost » en sa présence, de telle sorte que « lorsqu’ils se dirigeront vers le Nord, il regarderont vers le sud… ». depuis Going bye-bye, on sait ce que vaut ce gere d'avertissement de la part de walter Long... les deux hommes mettent au point un stratagème afin de forcer la main des clients d’une taverne de marins, mais vont bien sur se retrouver engagés de force à leur tour. A noter ici, une confrontation à coup d’œufs crus entre Hardy et Hall, et le numéro habituel d’Arthur Housman, dont Laurel assurait qu’il jouait effectivement l’homme ivre : il exagérait en fait son état normal, puisqu’il était en état constant d’ébriété.

 
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Tit for tat
(VOLUME 2 ) Janvier 1935. Réal: Charles Rogers. 2 bobines.
Voici donc la glorieuse suite de Them that hills, encore meilleure : Laurel et Hardy ouvrent un magasin d’électricité, situé par hasard à coté de l’épicerie tenue par Charlie Hall et Mae Busch. Si cette dernière se réjouit de retrouver les deux compères, ce n’est pas le cas de son mari, qui leur fait comprendre qu’il ne tolérera rien de leur part. Très vite, la confrontation va dégénérer en une bataille de « tit for tat » (L’expression est utilisée explicitement par Hardy), de l’épicerie au magasin d’électricité, et les basses vengeances et mauvaises action vont pleuvoir, de coups bas en coups bas, pour notre plus grand bonheur : jet de crème, barbouillage au saindoux, montres passées au mixeur… Rien n’est trop beau pour ce chef-d’œuvre. Tout au long de la bataille, un « client » de Laurel et Hardy profite de la confusion pour se servir. Il vient vite avec une brouette, et termine par se servir avec un camion de déménagement.

 

The fixer-uppers (VOLUME 10) Février 1935. Réal: Charles Rogers. 2 bobines.
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Un moindre film enfin, leur avant-dernier court. Au moment de sa conception, le couperet est tombé : une fois le « deux-bobines » suivant achevé, aucun court métrage de Laurel et hardy n’est prévu. Une page se tourne… Pour l’instant, ce film est un remake du lointain Slipping Wives de 1927, dans lequel Priscilla Dean ravivait la flamme de son mariage en provoquant la jalousie de son mari avec Stan Laurel. Ici, c’est Hardy qui est mobilisé par Mae Busch , malgré une scène surréaliste durant laquelle l’actrice se lance dans une démonstration sur Laurel du type de baiser qu’elle envisage d’effectuer afin de provoquer son mari. Après une étreinte d’une minute, Stan s’évanouit… Le mari est joué par Charles Middleton, toujours aussi cabotin, et un voisin saoul qui promène son regard embué est interprété par l’inévitable Arthur Housman. Il n’y a pas de quoi faire la fine bouche… on remarquera aussi un rare rôle parlant du grand Noah Young en barman, devenu bien rare depuis 1928. Mais il ne fait hélas que passer…

1935 est une année noire pour Laurel et Hardy. Quatre films seulement sont sortis cette année, mais ce n’est pas le plus grave. Aucun n’est un chef d’œuvre, mais ce n’est toujours pas ça le problème ; non : Thicker than water est le dernier court métrage de Laurel et Hardy. La forme toujours privilégiée durant les années 20 par Hal Roach, les deux bobines si amoureusement construites par Laurel, ses scénaristes, gagmen, et ce format si propice à l’éclosion poétique d’un univers délicat fait de gags idiots et de bourre-pifs, tout ça c’est fini.

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Bonnie Scotland (TCM ARCHIVES) Aout 1935 Réal: James W. Horne. 80 minutes

Tout comme Sons of the desert a succédé à The devil’s brother en 1933, Bonnie Scotland poursuit l’alternance entre films musicaux et comédies plus traditionnelles. C’est dire si je suis beaucoup plus disposé à être indulgent avec ce film, par ailleurs l’un des deux seuls de la période Roach dont les droits ont été conservés par MGM, puis Turner, l’autre étant justement The devil’s brother. Indulgent, oui, mais pas aveugle :ce film est manifestement plein de trous, et je ne pense pas que les pièces manquantes du puzzle soient des scènes impliquant Laurel et Hardy. Après avoir exposé les deux comédiens aux risques de la guimauve, du mauvais goût et diverses autres exactions malencontreuses dans divers longs métrages plus ou moins dispensables, Roach était prêt, en 1935, à en faire des seconds rôles. Cette hypothèse n’en est pas une : l’acteur William Jeanney (Alan Douglas, dans le film) a révélé à Randy Skretvedt que le premier montage mettait l’accent sur l’intrigue amoureuse parallèle entre lui et June Lang, au détriment des gags et apparitions de Laurel et Hardy : la preuve que pour Roach, après avoir fait de ses deux principaux acteurs des faire-valoirs de films musicaux, il était semble-t-il impossible de construire un film autour d’une intrigue dominée par Laurel et Hardy. Et Pardon us? Et Sons of the desert? Et Beau Hunks? I est ironique de constater que ce que Roach reprochaità la MGM au temps de The rogue song, on doive désormais le reprocher à Roach lui-même. De plus, les rapports entre le producteur et Laurel sont désormais totalement hostiles, et chaque film devient un prétexte à empoignades.

L’intrigue, donc, concerne un héritage dans la famille McLaurel : Lorna McLaurel, jouée par June Lang, est l’héritière principale de la fortune du vieux Angus McLaurel, et le sœur de son tuteur va tout faire pour que ledit tuteur, le général Gregor McGregor, l’épouse, malgré le jeune amour tout frais tout rose entre la jeune femme et le gentil Alan Douglas. De leurs cotés, Oliver Norvell Hardy et Sandy « Stan » McLaurel ont débarqué des USA (ils y étaient en prison) afin de toucher « leur » part d’héritage : en fait, une cornemuse et une boite de tabac à priser. Privés de ressources, ils s’engagent malgré eux dans l’armée, et participent à une campagne en Inde, aux cotés de Alan Douglas, qui s’est engagé lui afin de recontacter Lorna qui est en Inde elle aussi. Les scènes en Ecosse sont un mélange inacceptable d’accents, de l’avoué qui parle avec un accent façon Ecossais, les tourtereaux qui parlent un Américain léger (Lang : je voudrais tant rester en Ecosse, ou j’ai passé toute ma vie ! Sic !). Heureusement, dans tout ce fatras, on a un James Finlayson qui lui, est un authentique Ecossais.
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L’interaction entre Laurel, Hardy et l’intrigue est limitée à la scène de l’héritage, et quelques dialogues entre Alan et les deux compères. Tout porte à croire que le film actuel a été remonté afin d’intégrer un peu plus Laurel et Hardy dans l’histoire. Mais celle-ci est incomplète, parfois illogique ou boiteuse, et en réalité, ce n’est pas grave : elle est nullissime, et qui plus est prise au premier degré. Ce qui compte, ce sont bien sur les quelques 50 minutes dévolues, ou concédées à Laurel et Hardy : leur première apparition est d’ailleurs une digression, très jolie : on quitte le bureau de l’avoué, chez lequel la lecture du testament vient de s’achever, et on se retrouve sans aucune explication chez un maréchal-ferrant : celui-ci entonne, an tapant adroitement le marteau sur l’enclume, la « cuckoo song », le fameux thème de Laurel et Hardy : au fonds de l’atelier, une porte ouverte sur la roue noues révèle soudain deux silhouettes familières. Sinon, les eux hommes vont cuire un poisson à la bougie sur un sommier, découvrir ce qu’est un mirage grâce à un accordéon invisible, se frotter à plusieurs reprises au sergent Finlayson, généreusement représenté dans le métrage : une scène montre les deus garçons, de corvée de ramassage d’ordures, se mettre à danser (Avec grâce, bien sur ) au son d’un orchestre qui répète un air traditionnel Ecossais, sous l’œil de plus en plus furibard de Fin, qui explosera une fois de plus en un feu d’artifice d’agressivité, le tout sans qu’aucun mot ne soit échangé. Laurel a également un gag « physique » bizarre : il souffle dans son pouce, ce qui fait bouger son casque (Facile à faire chez soi), et sinon, il réussit à montrer son pouvoir de contagion : incapable de marcher au pas, il impose à tout un régiment son propre rythme ! On a de quoi faire, donc, ce qui console, et ce qui rend la vision du film souvent agréable. La fin est un aveu très gênant de la part de Horne et Roach : on abandonne l’intrigue en plein vol pour finir sur une cascade de gas et délires en tous genres, sans prendre le temps de conclure, en ajoutant quelques réminiscences de Beau Hunks et de With love and hisses, qui inscrivent de fait le film dans une tradition de film troupier : on l’a échappé belle…

Sinon, un regret : un figurant, bien visible dans la scène de l’accordéon, n’a rien à faire d’autre que de rester assis sans se manifester. Dans son regard fatigué, je ne sais pas s’il faut lire de la gène ou de la gaucherie, d’être là à ne rien faire, ou tout simplement le sentiment de ne plus être taillé pour la comédie depuis qu’elle parle : c’est Noah Young, dans son dernier film aux cotés de Laurel et Hardy, son dernier film tout court.

Thicker than water (VOLUME 3) Aout 1935 Réal: James W. Horne. 2 bobines

Dernier film tout court pour Laurel et hardy, et film mineur, Thicker than water possède un titre générique, comme Another fine mess: il s’agit d’une allusion au langage courant, l’expression Blood is thicker than water », occasionnellement prononcée par laurel dans ses logorhées explicatives auxquelles personne pas même lui-même ne comprend jamais rien, sauf Hardy. C’est aussi, avec l’adjectif thick (épais), une allusion à la bêtise, supposée, des deux garçons. Ce genre de commentaire est rare chez Roach, il deviendra légion dans les scénarios des films ultérieurs, dans lesquels on n’hésitera pas, pour faire court, à parler de deux nigauds, deux andouilles, etc. Appelons ça l’effet Abbott & Costello, et détournons le regard : pour l’heure, saluons le dernier court métrage de Laurel et Hardy.

Daphne Pollard, déjà aperçue dans Bonnie scotland (La bonne qui fricote avec Finlayson) joue Mrs Hardy. Elle n’est pas Mae Busch, mais elle a cette agressivité cinglante qui lui permet efficacement d’incarner l’adversité face à Laurel et Hardy. Elle reproche à son locataire Laurel de ne pas avoir payé son loyer, mais il se défend en admettant l’avoir payé à son mari, M. Hardy. L’indépendance des deux hommes face à l’arrogante matrone occupe une large part de la première bobine, mais la deuxième est surtout consacrée à la question de l’indépendance financière : Laurel conseille à Hardy de passer outre l’autorité matriarcale en effectuant une opération d’argent. Ce sera un désastre. Quelques avantages de ce film un peu poussif : un créancier égressif est joué par Finlayson, et donne lieu à une scène au cours de laquelle un échange d’argent embrouillé devient un prétexte à un dialogue nerveux et rythmé. Sinon, deux gags bizarres, du genre auquel Stan aimait à avoir recours parcimonieusement : lorsque les deux compères quittent une scène, l’un ou l’autre se rend à droite de l’écran, et attrape la scène suivante, afin de permettre le changement de plan. C’est non seulement inattendu, mais aussi réussi. Et de plus, c’est cinq ans avant les gags similaires de Tex Avery à la MGM. Le final est étrange également : suite à une transfusion, les deux hommes échangent leur personnalité : voir Laurel jouer Hardy, et Hardy jouer Laurel, ça n’a pas de prix.

 

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Published by François Massarelli - dans Laurel & Hardy
29 décembre 2010 3 29 /12 /décembre /2010 11:22
Sons of the desert (VOLUME 13) Décembre 1933, réalisé : William E. Seiter, assisté par Lloyd French. 7 bobines (65 minutes)

Convention city, réalisé par Archie Mayo, conte les exactions cocasses d’un groupe de participants à une convention sise à Atlantic City. C’est l’un des films perdus les plus emblématiques de la période dite pré-code ; cette comédie avec Joan Blondell et Dick Powell serait, selon les sources, soit l’un des films les plus vulgaires jamais sorti par un studio, soit l’une des œuvres à l’avant-garde de ce qu’on ne doit ni montrer, ni aborder dans un film en 1933 ; et quoi qu’il arrive, puisqu’il est perdu, le film peut être interprété comme bon nous semble; le fait qu’il soit perdu ne fait que peu de doute : dans le collimateur du Breen Office, ce film était réputé insortable, tant et si bien que la Warner a fait procéder à la destruction de son négatif après que la décomposition l’ait de toutes façons rendu inutilisable-et dangereux. Le film porte donc le funeste honneur, d’une part d’avoir sans doute significativement contribué à un renforcement du code de censure en 1934, d’autre part d’être le dernier film Warner–First National perdu… Et le rapport avec Laurel et Hardy, c’est que Convention City a triomphé à l’automne 1933, et en décembre 1933 Sons of the desert sortait.
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Sons of the desert, dont le nom glorieux a été repris par un club international dédié à célébrer la gloire de nos deux héros, est un film de long métrage absolument délicieux, totalement dans la lignée des courts métrages des deux vedettes : en alternance avec les films musicaux (entre The devil’s brother et Babes in Toyland pour être précis), le duo joue pour ainsi dire à domicile : les garçons ont fait le serment de participer avec tous les membres de leur loge des « fils du désert », une société plus ou moins Maçonnique semble-t-il, à la convention de Chicago, un prétexte à faire la fête et à se comporter en célibataire. Le problème, c’est que Mrs Hardy (Mae Busch) ne veut pas. Mrs Laurel (Dorothy Christie) a autorisé Stan à participer, mais celui-ci va être obligé de se mouiller dans les mensonges de Oliver, afin d’aider celui-ci à participer quand même aux festivités ; les deux hommes font appel à un vétérinaire (A l’origine, Hardy avait demandé à Stan de lui amener un docteur, mais bon.) interprété par Lucien Littlefield afin de déclarer Hardy malade, et de lui prescrire un voyage à Honolulu ; puis, une fois le subterfuge réussi, les deux hommes rencontrent à Chicago un délégué du Texas, vulgaire, farceur et bruyant, interprété par Charley Chase, et dont le personnage s’avèrera être en fait le beau-frère inconnu de Hardy… Ouf ! Lorsque la convention s’achève, les deux épouses apprennent que le bateau censé ramener les deux hommes de Honolulu a coulé…

Au-delà de l’enjeu initial, le pari (Réussi) de transcrire l’esprit des courts métrages de Laurel et Hardy dans un long métrage, on appréciera les multiples petites touches qui donnent encore plus de vie à l’ensemble : les têtes des spectateurs d’un cinéma qui bougent en rythme dans la mêem direction en regardant une compétition sportive lors des actualités, le plan de laurel et hardy sortant du taxi : le taxi s’arrête, le chauffeur court pour permettre à Laurel (Assis à l’arrière, à droite) de descendre, mais se prend la portière en pleine figure et tombe. Lorsqu’il se relève, il trébuche sur la valise que son passager à opportunément laissé là. Pas un mot pour nous distraire de la perfection du slapstick avant que Hardy ne remercie fort civilement le chauffeur sonné, à terre. Comme quoi tout en restant fidèle à l’esprit du duo, le film élargit le champ d’action de Stan Laurel qui peut également nuire à autrui sans pour autant que Hardy en souffre, ou en soit même conscient.

Reprenant la situation matrimoniale déjà explorée de diverses façons (We faw down, Be big !) le film donne un contexte qui n’a besoin que d’un seul plan : lorsque les deux hommes rentrent chez eux après la réunion de leur loge, ils ont parlé dans le taxi de l’importance pour un home d’être le maitre chez lui ; comme en écho à cette idée, on voit en gros plan la sonnette du 2220, Fairview Avenue : Mrs and Mr Laurel, puis juste à coté, le 2222 : Mr Hardy and wife. Mais les apparences sont trompeuses, et on verra vite qu’à coté de Mae Busch (Désormais blonde, mais toujours aussi tonique) Oliver Hardy ne peut rivaliser.
Charley Chase, dans le rôle du gêneur de service, de l’odieux et excité farceur, ne ressemble pas tant à ce personnage qu’il a soigneusement composé dans ses courts métrages, mais ce n’est pas grave : il reste inoubliable, et il est d’autant plus précieux de le voir là que le comédien n’est pas apparu dans beaucoup de films de long métrage. un autre intérêt de ce film est de situer dans une certaine continuité chez Roach, dont de nombreux comédiens étaient soit franc-maçons (Laurel et Hardy) soit membres d'organisations à la Sons of the desert (Lloyd était un "Shriner"); mais dès 1917, dans un court métrage, Lloyd se moquait gentiment des rites de ces réunions. Ici, la moquerie passe par les farces de collégien auxquelles se livre Chase...

Voilà ce que l'on peut dire sur ce film très réussi et dont la vision redonne confiance en l’humanité : après tout, pour l’un des personnages, l’affaire se termine plutôt bien.

Hollywood Party (Extraits dans TCM archives ; The Laurel and Hardy collection) Juin 1934; Réal: ? + George Stevens. 68 minutes.
La participation de Laurel et Hardy à cette entreprise MGM (sans capitaine, puisqu'aucun des 84 metteurs en scène y ayant participé n'a souhaité signer, même pas ous le nom d'Alan Smithee) de 1934 se résume à deux scènes, plus ou moins dirigée par George Stevens: lors d’une fête organisée à Hollywood, Laurel et Hardy viennent pour se plaindre que l’invité d’honneur les ait escroqués. Ils se heurtent à un majordome vindicatif dans la première scène, puis à une Lupe Velez très remontée contre un barman qui refuse de la servir dans la deuxième : une scène quais muette de Tit for tat s’ensuit durant laquelle des œufs sont utilisés par Stan et Babe d’un coté et par Lupe de l’autre Lupe Velez porte une robe importable qui aurait pu à elle toute seule faire interdire le film, et le reste de ce long métrage est également représenté dans la collection Tarzan (Le coffret métal, chez Warner Home Vidéo) par des extraits parodiques d’un faux film, Schnarzan, avec Jimmy Durante dans le rôle principal et Lupe Velez dans le rôle d’une Jane qui tend à perdre dans la savane le peu de vêtements qu’elle a sur elle. Hum.
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Oliver the eighth (VOLUME 6 ) Février 1934. Réal: Lloyd French; 3 bobines.
Avec le dernier court métrage dépassant la durée de trios bobines, le studio aborde manifestement une nouvelle ère de relative incertitude. Le passage au long métrage a porté ses fruits, et si les grosses comédies musicales restent la principale préoccupation de Hal Roach, Sons of the desert a prouvé combien l’esprit des courts métrages était transposable au long ; des raisons économiques vont bientôt pousser Roach à éliminer purement et simplement les courts métrages de deux bobines. La bobine supplémentaire de celui-ci ne s’explique pas comme pouvaient s’expliquer les minutes ajoutées à la durée habituelle dans les films de 1931 et 32. Ce recyclage du principe de The Laurel and Hardy murder case est poussif, et ne s’imposait pas. Au moins nous donne-t-il le plaisir d’applaudir Mae Busch dans un nouveau rôle grandiose de femme fatale, et nous assure-t-il aussi le spectacle rare d’un suspense meurtrier traité par Laurel et Hardy : Les deux hommes, coiffeurs de leur état, répondent à une annonce : une femme cherche un mari afin de partager sa fortune. Babe gagne en trichant (il n’a envoyé que sa réponse, et non celle de Stan) et va devenir la 8e victime de la dame : celle-ci, en effet, se venge d’un Oliver qui lui a fait du mal en massacrant tous les Oliver qui croisent son chemin. Elle est aidée d’un domestique aussi timbré qu’elle, interprété par Jack Barty.


Going bye-bye ! (VOLUME 20) Juin 1934. Réal: Charles Rogers. 2 bobines.
Alors que la production de leur prochain long, Babes in Toyland, était ralentie puis stoppée par des accumulations de problèmes (Parmi lesquels une relation de plus en plus tendue entre Roach et Laurel), ce petit film est une (petite) oasis de Laurelethardytude, pas primordiale, mais pleine de bons moments : les deux amis sont des auxiliaires de police qui ont permis (Comment, c’est un mystère…)l’arrestation d’un fou criminel interprété par le grand Walter Long. Celui-ci, au procès, déclare qu’il va s’évader et se venger en leur accrochant à tous deux les jambes autour du cou. Les deux hommes décident de prendre la fuite, mais doivent trouver une tierce personne afin de partager les frais du voyage. Ils passent une annonce, et Mae Busch y répond : elle souhaite également quitter la ville, mais son petit ami (Devinez qui c’est !) s’est évadé de prison et il va falloir l’emmener…
Derrière ce scénario invraisemblable se cache un gag à tiroirs : Long, qui n’a pas encore repéré que les deux hommes avec lesquels il va s’enfuir sont ses deux ennemis, est caché pour les besoins du film dans une malle dont il ne peut sortir. Les efforts déployés par Laurel et Hardy pour l’en sortir seront bien sur l’occasion pour eux de lui faire subir diverses tortures. Sinon, lorsqu’il sort, il même sa vengeance à la lettre.
Avec ce film commence une période durant laquelle Charles Rogers, l’homme de confiance de Stan, devient le metteur en scène attitré. Si aucun de ces films n’est notable par sa mise en scène, ils permettronty au moins à Laurel et Hardy d’offrir en toute quiétude la quintessence de leur art, tandis qu’au dehors l’orage Roach/Laurel gronde. Il est toujours assez frappant de constater que si Laurel n’était sans doute pas facile à vivre, il n’ya semble-t-il jamais eu la moindre friction entre lui et Hardy, toutes les disputes et grosses fâcheries, conflits d’ego et « différents créatifs »ayant eu lieu entre Laurel et leur producteur…


Them thar hills (VOLUME 2) Juillet 1934. Réal: Charles Rogers. 2 bobines.
Ce classique mérite d’entrer dans l’histoire d’abord parce qu’il est un excellent cru, mais aussi parce qu’il a fait l’objet d’une suite.
L’histoire est bien connue : Laurel et Hardy doivent prendre le large afin de permettre à Hardy de soigner sa goutte. Il partent donc prendre les eaux dans les collines, avec une caravane : ils s’installent près d’un puits dans lequel ils ne savent pas que juste avant leur arrivée, un groupe de trafiquants a jeté de l’alcool de contrebande. Ils s’installent et vaquent à leurs occupations, faisant la cuisine en sifflant de temps à autre une louchée de ce précieux liquide. L’ambiance se réchauffe bien vite, et ils sont rejoints par un couple tombé en panne, Charlie Hall et Mae Busch. Elle reste avec les garçons, et participe à la beuverie, pendant que son mari s’occupe de la voiture. L’irascible mari prend très mal les familiarités des eux hommes avec son épouse, un « tit for tat » magistral termine le film, plus froid et plus lent que jamais. A noter, dans ce court métrage, l’apparition d’un « signe » «cinématographique : la chanson interprétée par Hardy (Qui chante), Laurel (Qui ponctue de "Pum Pum" incongrus) et Mae Busch (Qui hurle des "pum pum" de plus en plus fort au fur et à mesure de l’augmentation de son taux d’alcoolémie), reviendra dans Tit for tat, et sera l’ indice donné au public de la continuité entre les deux films. Il est par aileurs à noter que si Charlie hall est toujours un ennemi juré et menaçant (Il fait partie de ces méchants d'autant plus dangereux qu'ils ne font qu'1m60), ici mae Busch a enfin l'occasion de devenir copine avec les deux comédiens. Ca fait plaisir.
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Published by François Massarelli - dans Laurel & Hardy
29 décembre 2010 3 29 /12 /décembre /2010 11:17
L’année 1933 est marquée de deux évènements chez Laurel et Hardy: d’une part, le départ de James Parrott, réputé incontrôlable pour son alcoolisme, mais dont surtout Roach ne voulait plus pour réaliser des longs métrages, désormais le format privilégié du producteur, au grand dam de Stan. Ce départ s’accompagne de l’arrivée discrète et occasionnelle dans le fauteuil de réalisateur et co-réalisateur, d’un collaborateur dévoué à Stan; un signe que désormais, y compris dans le petit studio familial ou on s’amuse à travailler en faisant rire, la guerre de tranchées entre les exécutifs et els créatifs a commencé. Le deuxième évènement de taille, c’est la mise en chantier de Fra Diavolo, un film musical adapté d'un opéraa comique dont Roach est persuadé qu’il va achever de persuader la terre entière du génie de Laurel et Hardy, bien qu’il les étouffe en permanence derrière une intrigue totalement insipide. Une attitude qui ne présage rien de bon dans la mesure ou Laurel et Hardy vont devoir bientôt passer définitivement au long métrage…

Twice two (VOLUME 5) Fevrier 1933 Réal: James Parrott, 2 bobines

On ne peut pas dire qu’avec ce film, Parrott fasse des adieux brillants. C’est lent, et peu inspiré, sauf en matière de prouesse technique : Laurel est marié avec la sœur de Hardy, et Hardy avec la sœur de Laurel ; c’est une soirée d’anniversaire, pour les deux couples qui se sont mariés le même jour, et Mrs Laurel(Donc, Oliver déguisé) a préparé une surprise pour tout le monde. C’est très bien fait, et çà supporte une deuxième vision sans aucun problème, rien que pour juger sur pièces des truquages (En fait, un montage particulièrement minutieux la plupart du temps, plus une double exposition de quelques plans. Pour le reste, on peut aussi voir que si Laurel reprend le rôle déja exploré dans Another fine mess d'Agnes, en y ajoutant juste le doublage crétin (Aucune des deux dames ne reprend sa vraie voix), Hardy interprète vraiment le rôle de sa soeur avec une conviction qui laisse pantois: ça s'appelle le génie.

The devil’s brother (TCM Archives: The Laurel & Hardy collection) Mai 1933. Réal: hal Roach, Charles Rogers, 9 bobines, 89 minutes.
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Hal Roach dans le rôle de réalisateur de long métrage, c'est le signe d'un film important pour le studio...Fra Diavolo, donc, devait être le titre Américain, de ce film, mais on l’a Anglicisé. D’autres modifications d’importance ont eu lieu, notamment un resserrement du montage, qui totalisait 11 bobines, faisant la part belles aux chansons et aux moments-Chantilly de qui reste, je le répète, une opérette. L'actuelle version de 9 bobines a été resserrée autour des deux vedettes, mais ce n'est pas suffisant. Fra Diavolo est un bandit qui se cache en chantant à tue-tête des airs (de sa voix de baryton, si je ne m’abuse) dans lesquels il s’auto-dénonce en permanence, et il s’acoquine avec Stanlio et Ollio, deux bandits ratés, pour subtiliser les bijoux et l’argent d’un couple d’aristocrates joués par James Finlayson et Thelma Todd. Les moments-clés de l’opérette ne sont que rarement et moyennement drôles, mis en scène par Hal Roach. Le reste du film, c’est-à-dire dire l’épopée mal intégrée de Stan Laurel et Babe Hardy a été tournée par Charles Rogers, et sans doute largement supervisée par Laurel lui-même. Les moments de slapstick prennent leur temps, mais on ne s’y ennuie heureusement pas. Il est regrettable que Finlayson (Toujours aussi moustachu) et Todd (Toujours aussi charmante) aient eu peu d’occasions d’échanger avec leur collègues du studio, tant Dennis King, qui joue Diavolo, est tarte (A la chantilly, donc). Le plus drôle, c’est que ce film est considéré comme un classique en France, on le retrouve d’ailleurs en avantageuse compagnie dans le livre de Patrick Brion consacré à la comédie. Sans doute à cause des plaisanteries de Stan, qui pour passer le temps, fait des jeux de mains hilarants et assez virtuoses, en même temps que parfaitement inutiles.
 
Le reste de la cuvée 1933, après quelques retards au démarrage, dus à l’attention du studio entièrement concentrée sur The devil’s brother, a soudainement eu une embellie phénoménale. Les prétentions de tout le monde ont été revues à la baisse, et un certain nombre de scripts très Laureliens ont été développés, résultant dans quatre perles…

Me and my pal (VOLUME 4) Mai 1933 Réal: Charles Rogers, Lloyd French, 2 bobines
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Hardy s’apprête à se marier, autant avec les millions de son futur beau-père (James Finlayson) qu’avec sa fiancée, et il a chargé Stan de prendre les mesures qui s’imposent: notamment, celui-ci a ramené un cadeau bien intentionné: un puzzle pour les longues soirées d’hiver. Au lieu de se charger des derniers préparatifs, Stan se lance dans le puzzle, et la contagion aidant, le mariage programmé a vite du plomb dans l’aile. Dans ce film réalisé par Charles Rogers, et donc largement piloté par Stan Laurel soi-même, Laurel et Hardy démontre que tout l’art de la comédie courte ne repose pas sur le fait de pouvoir aller d’un point A à un point B : il suffit d’avoir l’intention d'aller d'un point A à un point B, et d'en être empêché. En vérité, une fois le puzzle ouvert, non seulement ni Laurel ni Hardy ne quitteront la maison, mais le reste du monde va s’installer à domicile, happé par le puzzle. Et bien sur, la maison sera détruite au final.

The midnight patrol (VOLUME 20) Aout 1933 Réal: Lloyd French, 2 bobines

L’agent Laurel et l’agent Hardy ont été engagés le jour même, et ils sont particulièrement inefficaces, ce que les bandits eux-mêmes ne peuvent que remarquer, et ils ne se font pas prier : Stan en surprend même en train de voler les roues de leur voiture de patrouille, alors que les garçons sont au volant ! Ils vont ensuite intervenir pour un supposé cambriolage, et arrêter le chef de la police qui avait oublié ses clés. Celui-ci trouvera à la fin du film une solution radicale pour se débarrasser d’eux. Encore un film qui passe tout seul…

Busy bodies (VOLUME 14) Septembre 1933 Réal: Lloyd French, 2 bobines
Laurel et Hardy sont employés dans une scierie. Le reste n’est que gags, destruction, sciure et hilarité : encore un film parfait!
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Dirty work (VOLUME 14) Octobre 1933 Réal: Lloyd French, 2 bobines

Les deux héros sont des ramoneurs, et vont ramoner la cheminée d’un savant fou qui a inventé une potion de rajeunissement parfaitement efficace, dont Hardy va au final faire les frais : cela implique des bassines d’eau, donc Hardy ne peut qu’y tomber. Le professeur Noodle ( = Nouille), joué par Lucien Littlefield, nous permet de voir ce comédien, un vétéran des studios Roach, dans un rôle inhabituel pour lui. En effet, Littlefield, dès son séjour à la Paramount dans les années 10, est devenu un majordome plus vrai que nature, ce qu’il a continué à faire encore et encore pour le « lot of fun », notamment chez Charley Chase. Ici, en savant fou particulièrement atteint (Il est très convaincant) , il donne la réplique à Sam Adams, qui joue Jessup, … son majordome. Quant à la partie « ramonage » du film, faut-il préciser qu’on s’y salit beaucoup ? Indispensable.
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29 décembre 2010 3 29 /12 /décembre /2010 11:13
Trois courts métrages célébrant le « retour » de James Parrott à la réalisation. Un chef d’œuvre incontournable, un assez bon film avec des moments de grâce loufoques, et un film raté, qui annonce un déclin du court métrage…

The music box (VOLUME 14 )Mars 1932. Réal: James Parrott, 3 bobines.
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Celui-ci n’est plus à présenter: vainqueur d'un Oscar, cette odyssée de deux hommes qui montent un escalier pour livrer un piano est justement célébrée. D'abord, on y massacre un piano, comme toujours, et ensuite, on y dénombre les fameuses 131 marches les plus absurdes de l’histoire du cinéma, celles qu’on utilise pour se rendre chez un professeur qui n’aime pas les pianos. C’est vrai qu’il n’ya pas grand-chose d’autre dans ce film, mais les quelques 20 minutes passées à gravir ces marches sont riches par quelques gags bien placés, et l’habituel chaos né de la rencontre de Laurel et hardy d’un coté, et du reste du monde de l’autre, ici incarné par un policier vindicatif, une bonne d’enfant moqueuse (et revancharde, voyez ce qui se passe lorsqu’elle reçoit un coup de pied méchant asséné par Stan Laurel), et surtout le prof. Theodore Von Schwartzenhoffen, interprété par un Billy Gilbert en belle forme. Ces 20 minutes absurdes sont bien sur possibles à analyser comme une métaphore d’une vie entière à contre-courant, mais il y a mieux à faire : et pour commencer, on remarque assez bien que la fin de la montée des marches dans le film correspond à un passage en studio, alors que le reste du film a été tourné « on location » : les 131 marches sont toujours visibles à Los Angeles, mais elles mènent… à un cul-de-sac. Vous avez dit absurde ?

The chimp (VOLUME 17 ) Mai 1932. Réal: James Parrott, 3 bobines.

Charles Gemora et Billy Gilbert sont les deux autres protagonistes majeurs de ce film parfois mal vu, mais dont la poésie idiote me semble trop contagieuse pour qu’on boude son plaisir. Finlayson, trop brièvement aperçu, est le patron d’un cirque auquel une intervention des deux hommes à tout faire Laurel et Hardy va mettre le feu. Le propriétaire, ruiné, n’a pas les moyens de payer tous ses collaborateurs, et il tire au sort les possessions du cirque afin d’en faire des lots pour redistribuer à tous ses employés : Laurel tire le cirque de puces, et Hardy Ethel le chimpanzé… Qui ne l’aime d’ailleurs pas, elle lui préfère Laurel . Ethel est jouée par Gemora, un artiste spécialisé dans les imitations de gorilles, mais qui fait aussi très bien le chimpanzé… tout ce petit monde (Laurel , hardy, les puces, Ethel) échoue dans une pension de famille tenue par un mari jaloux dont la femme s’appelle Ethel, ce qui va donner lieu çà une série de quiproquos du meilleur mauvais goût, d’autant que le mari est joué par Billy Gilbert.

County hospital (VOLUME 2 ) Mai 1932. Réal: James Parrott, 2 bobines.
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Ce petit film échoue, à cause d’un manque évident de moyens, malgré un excellent début : Laurel visite Hardy qui est à l’hôpital suite à une intervention sur sa jambe. Laurel présent, tout se précipite dans le chaos, et une scène aurait pu être mémorable : suspendus de part et d’autre d’un cable, Billy Gilbert en chirurgien et Hardy en convalescent pendouillent l’un dans sa chambre, l’autre dans le vide… Mais c’est gâché par le recours aux transparences, assez franchement minables, d’autant plus pour un studio autrefois responsable de Safety last, Never weaken et Liberty. Les transparences gâchent aussi, tant qu’à faire, le final-poursuite en voiture, auquel on ne croit pas une seconde.
Pack up your troubles (VOLUME 15 ) Septembre 1932. Réal: George Marshall, Ray McCarey, 7 bobines, 68 minutes

Le deuxième long métrage de Laurel et Hardy n’est pas excessivement meilleur que le premier. Les deux metteurs en scène sont des nouveaux venus, mais l’un d’entre eux n’a pas vraiment été présent, et on soupçonne Ray de n’être qu’un pistonné qui a profité de la notoriété (Et des entrées chez Roach) de son frère pour se faire créditer et payer sans rien faire, en tout cas pas dans ce film, totalement assumé par George Marshall. Ce dernier n’a pas fait un mauvais boulot, avec une histoire assez classique qui renvoie à plusieurs comédies muettes, de The kid à Three’s a crowd. Laurel et Hardy sont deux soldats de la 1e guerre mondiale qui doivent recueillir la fille d’un camarade mort au combat, fâché avec sa famille, et retrouver le grand père de la petite afin de la lui confier. Le film se déroule sans incident notable, avec des gags moyens, mais reste assez inhabituel dans la mesure ou le pathos, et les drames de la guerre y jouent un rôle dont Laurel et Hardy apparaissent conscients. Non que le mélange soit raté, mais cette apparition d’un surcroit de réalisme étonne. De toutes façons, on préfère cent fois cette histoire-ci avec cette petite fille, à l’étrange court métrage tourné quelques semaines plus tard sous le titre de Their first mistake. A noter qu’ici, Laurel et Hardy sont, une fois de plus entrepreneurs (D’un business de Hot-dogs…), mais qu’un certain nombre d’éléments du film renvoient aux démarches qu’ils doivent entreprendre afin d’améliorer leur situation. Donc, décidément, nous somme passées de l’autre coté du miroir, dans un monde plus adulte que d’habitude… Mais qui reste sauvé par l'indéniable tendresse portée par les deux amis à cette petite fille, mais aussi celle qu'on leur porte.

Scram! (VOLUME 12 ) Septembre 1932. Réal: Ray McCarey, 2 bobines.

Ce film, mis en scène (du moins officiellement) par Ray McCarey, est très bon. Il met au prises deux vagabonds, sommés de quitter la vile par un juge irascible (Richard Cramer), avec un bon samaritain saoul (Arthur Housman dans son propre état) : celui-ci, jugeant qu’il ne peut laisser aller deux hommes qui l’ont aidé à récupérer sa clé par un temps aussi dégoutant, les invite chez lui, mais se trompe de maison, et laisse Laurel et Hardy dans les mains de l’épouse (Vivian Oakland, également saoule) du véritable maitre de maison, qui n’est autre que le juge. On regrettera que le juge ressemble à Edgar Kennedy, mais qu’il ne soit que Richard cramer. Sinon, les 5 minutes durant lesquelles Vivian Oakland fait joujou avec nos deux amis sont riches de possibilités : que se passerait-il vraiment si le juge ne rentrait pas, sachant qu’elle les pousse ostensiblement vers le lit ?
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Ah, j’oubliais : en argot de l’époque, « Scram ! », une injonction impérative donc, veut dire en gros « Casse-toi, pauvre con » bien qu’il nous répugne d’utiliser cette expression basse et vulgaire qui n’est digne que des plus goujats parmi les goujats.

Their first mistake (VOLUME 15 ) Novembre 1932. Réal: George Marshall, 2 bobines.
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Parce que Mrs Hardy (Mae Busch) se plaint de voir son mari s’associer constamment avec Mr Laurel, ce dernier suggère à son ami d’adopter un enfant ; mais lorsque de retour à la maison avec un bébé Hardy apprend que son épouse souhaite divorcer, il va donc devoir élever cet enfant seul, ou plutôt avec Laurel, ce qui est pire. L’histoire ne tient pas debout, et par ailleurs, on remarquera la façon dont le bébé devient un objet pur et simple et bruyant. Quelques bons gags sauvent l’entreprise, avec en particulier le biberon que Laurel sort de sa chemise de nuit, comme s’il y était toujours caché, et diverses scènes de destruction dues à la rencontre inopinée entre la tête de Hardy et les meubles.

Towed in a hole (VOLUME 16 ) Janvier 1933. Réal: George Marshall, 2 bobines.

Pour faire simple, disons, que Hardy et Laurel achètent en première minute un bateau à retaper, qu’ils vont saboter en voulant le réparer sur le reste du court métrage. De bons gags, impliquant beaucoup d’eau et de peinture, et un mémorable Tit for tat : cette expression désigne dans le monde de Laurel et Hardy les échanges froids et agressifs, par exemple la réaction de Charlie Hall dans the battle of the century lorsqu’il prend calmement une tarte et l’envoie poliment à la tête de Hardy, déclenchant une réaction en chaine ; ici, Hardy se venge d’avoir reçu de l’eau en posant un tuyau d’arrosage dans la salopette de Laurel, le tout avec le plus grand calme et la plus grande concentration… les échanges se poursuivent ensuite durant 4 minutes… Un autre gag notable arrive lorsque Laurel reste à l’intérieur du bateau, sommé par Hardy de ne rien faire afin d’éviter toute catastrophe : il souffle alors dans son pouce, provoquant un mouvement de son chapeau. C’est la deuxième excentricité physique de Laurel, après ses oreilles qui bougent de Blotto et Any old port! Bientôt, The devil’s brother allait en rajouter dans ce domaine…
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Published by Allen john - dans Laurel & Hardy
27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 12:28
(Textes publiés en octobre 2009 sur le plantureux forum de DVDClassik: l'essayer, c'est l'adopter)
 
Our wife (VOLUME 4 ) Mai 1931 Réal: James W. Horne 2 bobines

Un nouveau film matrimonial pour la route, avec l’imposante Babe London en finacée de Hardy, et l’inénarrable James Finlayson en père de la mariée, qui, découvrant la tête du fiancé, pique une colère monumentale, poussant les deux tourtereaux à s’enfuir pour un mariage en douce. Le juge de paix est joué par Ben Turpin (voir photo) devinez qui finira marié à Hardy ?
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Finlayson a dans ce film l’un de ses "double-takes" les plus mémorables : ce jeu de regard, tout sauf subtil, était sa spécialité : la personne jette un coup d’œil rapide, sans vraiment préter attention, puis ayant détourné son regard, réalise ce qu’il ou elle a vu, et y revient. Finlayson ajoute à ça le regard vers la caméra, un ensemble œil fermé/moustache retroussée, un air furibard, et des onomatopées incroyables. Ici, l’objet de sa surprise et de sa fureur est la photo de Hardy.
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Come clean (VOLUME 8 ) Septembre 1931 Réal: James W. Horne 2 bobines

Sublime !

Je sais, il faudrait s’arrêter à l’adjectif qui précède. Mais bon : comme dans Should married men go home , les Hardy s’apprêtent à passer une soirée en amoureux, et se réjouissent de l’absence de… Mr and mrs Laurel! Ceux-ci sont justement à la porte, et on les laisse rentrer, malgré les réticences initiales, et malgré les ruses déployées pour faire croire qu’il n’ y a personne . Une fois rentrés, Mrs Laurel (Linda Loredo, pour sa seule apparition en Anglais aux cotés de Laurel & Hardy) bien polie refuse d’embêter le monde, mais Stan réclame de la glace. Sortis pour satisfaire ce caprice dans un établissement tenu par Charlie Hall, nos deux héros sauvent une femme du suicide par noyade, et Mae Busch (Car c’était elle !) les fait chanter : « si vous ne me donnez pas tout ce que je veux, je dis que c’est vous qui m’avez poussée ! »

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Le reste est anarchique, hilarant, bruyant, pas subtil, en un mot… Sublime.

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One good turn (VOLUME 3 ) Octobre 1931 Réal: James W. Horne 2 bobines

Vagabonds, Laurel et Hardy viennent demander de l’aide à une vieille dame, chez laquelle une répétition théâtrale a lieu. Ils croient que l’acteur James Finlayson est un véritable brigand venu pour lui soutirer ses sous, et ils partent en ville pour vendre aux enchères leur Ford T.

Un film qui roule tout seul, sans être une merveille. C’est jusqu’à présent l’une des rares incursions hors du contexte urbain, malgré la scène de la vente de la voiture, qui met aux prises Laurel et Hardy avec Billy Gilbert, un nouveau venu qu’on reverra pour notre plus grand bonheur. Une question maintenant me taraude : cette Ford T qui subit systématiquement le même sort, était-ce un modèle auto-destructible fabriqué en série pour Roach, ou c’était TOUJOURS LA MEME ?
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Beau Hunks (VOLUME 4 ) Novembre 1931. Réal: James W. Horne, 4 bobines.
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En cette fin 1931, le tandem Laurel et Hardy vit de beaux jours, et après une longue série de films généralement de haute qualité attribués à la main experte de leur collaborateur, collègue et ami James Parrott, Laurel et Hardy sont passés sous la férule de James Horne pour un grand nombre de films, sans que la qualité s’en ressente vraiment. Vrai, Parrott a un flair pour les ouvertures élégantes, la mise en valeur du décor, ou des constructions plus originales que les autres, mais un metteur en scène de Laurel et Hardy, cela reste fondamentalement un artiste dont la vocation première est de faire ce que Stan Laurel veut qu’on fasse. Avec Horne, un vieux routier de la comédie, ça roule tout seul. Et c’est à James Horne, A.K.A. Abdul Khasim K’Horne, que revient l’honneur de mettre en scène l’un des films les plus paradoxaux de l’œuvre; pas par son histoire ou sa réalisation, loin de là, c’est du L& H pur jus; non, Beau Hunks est paradoxal parce qu’il a été fait et distribué à perte : Roach l’avait déjà prévendu lorsque le film était en finition, comme un court métrage de deux bobines, et a du maintenir son prix. Mais le réslutat final, de 38 minutes, était sui bon que personne n’avait le cœur de la couper, et c’est une splendide comédie de quatre bobines qui est venue triompher dans les cinémas, avec une MGM qui se frottait les mains en le vendant comme… le deuxième long métrage de Laurel et Hardy. Le résultat, disais-je, est du pur Laurel et Hardy, et du meilleur : Hardy est amoureux, mais apprend que sa chère et tendre le quitte. Il n’a d’autre ressource que de s’engager dans la légion, et bien sur d’y enrôler Stan en prime. Le passage des deux compères à l’armée, en plein désert, donne lieu à un ensemble de gags plaisants, mais le gag le plus mémorable est sans aucun doute le fait qu’à chaque fois qu’un légionnaire est aperçu se lamentant sur la photo de sa fiancée, sans nul doute la responsable de son engagement, il s’agit à chaque fois de la même photo, la petite amie de Hardy, d’ailleurs « jouée » sur la photo par rien moins que Jean Harlow… quant aux arabes, il n’ya pas de surprise : ils sont bêtes, fourbes, cruels… Comme dans les Tarzan, le traitement réservé aux peuples du désert est rarement tendre. Surtout avec Laurel et Hardy qui les accueillent avec des punaises... Mais on notera quand même la performance d’un certain Abdul Khasim K’Horne qui joue leur chef…
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On the loose (VOLUME 9 ) Février 1932. Réal : Hal Roach, 2 bobines.
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Une simple apparition de Laurel & Hardy dans ce court métrage ennuyeux et peu inventif suffit à lui donner un peu de relief : il s’agit d’un film d’une série menée par celles dont Roach voulait faire les Laurel & Hardy féminins, Thelma Todd et Zasu Pitts. Les deux filles se plaignent que tous leurs petits amis les emmènent systématiquement à Coney Island, et bien sur leurs nouveaux petits amis les emmènent à Coney Island, ou elles subissent exactement ce dont elles se plaignent au début du film : des bleus, des bosses, des échardes, des manèges qui ne sont sue prétexte à dévoiler les jambes et les sous-vêtements, etc…

Helpmates (VOLUME 4 ) Décembre 1931. Réal: James Parrott, 2 bobines.
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A nouveau, la grâce a visité le plateau pour un court métrage dans lequel Laurel et Hardy doivent, suite à une nouba bien arrosée (a laquelle n’a pas participé Laurel) arranger la maison, avant que Mrs Hardy ne rentre. Les efforts des deux hommes vont bien sur dans des sens contraires, Laurel s’arrangeant systématiquement pour saboter tous les efforts de Hardy. C’est un sommet de l’œuvre. J’ai longtemps eu une bobine super 8 Film Office intitulée La cuisine Infernale, tirée de ce film (J’avais également La bataille du siècle des tartes à la crème, et un extrait de 10 minutes de Perfect day. ).

Any old port (VOLUME 16 ) Février 1932. Réal: James W. Horne, 2 bobines.
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On baisse d’un cran, avec un film mal fichu, dont le manque d’unité est accentué par l’histoire peu banale de sa production : après avoir fini le court en deux bobines, Laurel et Roach ont pris la décision de couper toute la première bobine, de faire de la deuxième le début du film et d’en tourner une autre afin d’avoir deux bobines en tout ; cela explique pourquoi le manque d’unité est flagrant : deux marins en escale trouvent à se loger dans un petit hôtel plus que miteux, tenu par un odieux personnage (Walter Long) qui passe son temps à martyriser sa bonne, avant de décider de l’épouser : il demande à Laurel et Hardy d’être ses témoins. La deuxième partie du film, après une course poursuite non résolue entre les deux héros et le tortionnaire, les voit s’engager dans un match de boxe arrangé entre Laurel et … Walter Long, filmé sans aucune imagination, contrairement à la première bobine de The battle of the century. Un film pour pas grand-chose, donc.
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Published by François Massarelli - dans Laurel & Hardy
27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 10:56
(Textes déja publiés sur le merveilleux forum de Dvdclassik en octobre 2009)
 
Pardon us (VOLUME 19 ), Aout 1931. Réal: James Parrott. Sept bobines/67mn
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Le premier long métrage de Laurel et Hardy, conçu sur une période relativement longue (le script a été commencé en mai 1930, et les dernières prises de vue datent de décembre 1930), a fait l’objet d’un travail prudent, qui a à la fois bénéficié de l’attention concentrée de tous ceux qui y ont participé, de Laurel & Hardy eux-mêmes, mais surtout Laurel, à Hal Roach, en passant par le metteur en scène, James Parrott, qui ne fera aucun autre long métrage avec le duo. Il faut dire que depuis Why worry, en 1923, Roach n’avait pas produit de long métrage comique, ayant laissé Lloyd faire cavalier seul justement afin de continuer à se concentrer sur les courts métrages, la véritable spécialité du studio : c’est dire si ce film est important : de lui va découler l’avenir du studio. La réticence de Roach s’explique par le fait qu’à l’époque peu de comédiens ont réellement percé dans le long métraghe, à part Chaplin. Mais même Chaplin, à ce moment, a considérablement ralenti ses activités. En 1931 Lloyd s’apprête à descendre lentement mais surement aux enfers du film médiocre, puis à disparaitre. Keaton, depuis The general et son semi-échec (Public, s’entend), est lessivé, et ses films MGM ne sont pas à la hauteur de sa réputation. Quant à Langdon, ses 6 films indépendants réalisés pour la First National l’ont coulé. L’analyse de Roach (et Laurel) peut donc raisonnablement s’expliquer une fois rappelé ce contexte. Pourtant, si il ne s’agit ni d’un grand film, ni d’un grand Laurel et Hardy, Pardon us est bougrement sympathique. D’une part, il repose sur une situation qui leur sied bien, avec nos compères qui vont en prison, pour avoir ingénument vendu le produit de leur distillerie clandestine, et se retrouvent au milieu de la jungle des bagnes, deux enfants parmi les loups. D’autre part, il recycle intelligemment quelques situations bien menées, dont le problème de dentisterie de Leave’em laughing, sans le recours à du gaz hilarant ; sinon, il recycle aussi par le biais de la parodie les passages obligés de Big House, ainsi que son décor. Il y a aussi du neuf, en particulier un running gag à la fois ultra-primitif et totalement hilarant : Laurel a donc un problème de dent, qui le fait siffler fort malencontreusement à chaque parole qu’il prononce, mais c’est tellement évident que Laurel force le bruit (Vraiment grossier) que cela ajoute une bonne pincée de second degré à l’ensemble. Le principal défaut du film, c’est probablement le fait que, suite à l’indécision qui a parfois présidé à son élaboration (le mois entier de retakes en témoigne), certaines scènes s’intègrent mal à l’ensemble, ou sont trop longues : le passage ou Laurel et Hardy, en blackface, s’intègrent à un groupe de travailleurs noirs dans le sud, sent l’esclavagisme à plein nez. D’autres scènes, aujourd’hui réintégrées, ont été retirées du montage final à sa sortie en 1931 : le final, au cours duquel Laurel et Hardy sauvent la fille du directeur de la prison d’un destin fatal ET d’un incendie n’était peut-être pas très Laurelethardyienne, elle a pourtant été réintégrée dans la copie disponible actuellement sur DVD. Bien que le film ait fait l’objet de versions Espagnoles, Française, et Allemande, la collection de DVD n’intègrent qu’une bande-annonce de la version Allemande, contenant 2mn d’extraits. Ach!

Another fine mess (VOLUME 1 ), Novembre 1930. Réal: James Parrott. 3 bobines.

Conçu et sorti pendant la lente maturatiion du premier long métrage, ce film qui recycle Duck soup est un chef d’œuvre, irrésistible et parfait : on sent l’équipe rassurée par la limite de temps imposée par les trois bobines. Ici, pas de remplissage, et le film marche entièrement au diapason de sa première scène : Finlayson quitte sa maison, en laissant les clés au majordome, et à la bonne, qui s’empressent dès que le propriétaire est parti de prendre la poudre d’escampette. La caméra se déplace alors vers la droite, et on aperçoit les deux vagabonds Laurel et Hardy qui sont poursuivis par un policier : pas de temps mort, en moins d’une minute, le cadre et la motivation sont établies. Réfugiés chez Finlayson, Hardy vont devoir incarner le colonel Buckshot(Hardy) et à la fois le majordome Hives et sa sœur jumelle Agnes (Laurel) lorsque deux locataires potentiels vont arriver, incarnés par Thelma Todd et Charles Gerrard. Pour finir, le titre fait allusion à une phrase tirée de Pardon us, qui reviendra désormais souvent, mais légèrement différente: It's another NICE mess you've gotten me into (Tu m'as à nouveau mis dans une situation délicate), généralement prononcée par Hardy, mais pas exclusivement: Laurel le reconnaitra d'ailleurs au moins une fois: Well, it's another nice mess I've gotten you into.

Be big (VOLUME 18 ), Février 1931. Réal: James Parrott, mais crédité à James W. Horne. 3 bobines
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Par contre, Be big possède un défaut, et de taille. Bien sur, il repose sur une mécanique classique, avec un voyage idyllique prévu pour les deux couples Laurel et Hardy, mais lorsque les amis de nos deux compères les invitent à une bringue en leur honneur, sous couvert de retrouvailles d’un club de chasse, ils doivent mentir en prétendant que Hardy est malade afin de laisser les épouses partir et vaquer à leurs propres occupations. Là ou le bât blesse, c’est que la suite donne lieu à une situation, et une seule : Hardy a mis les bottes de Laurel, et réciproquement. S’il est facile à Stan d’enlever les bottes de son ami, celui-ci est en revanche bel et bien coincé… Pendant 20 minutes de film. Lorsque les épouses (Anita Garvin et Isabelle Keith) reviennent, avec deux énormes fusils, on respire enfin ! Les versions Française et Espagnole de ce film sont en fait une compilation de Be big et Laughin’ gravy, un court métrage ultérieur. Les deux films font environ 60 minutes, et j’en reparlerai autour de Laughin’ gravy, justement. Sinon, saluons une dernière participation de Anita garvin à un film court de Laurel et Hardy.
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Chickens come home (VOLUME 8 ), Mars 1931. Réal: James W. Horne. 3 bobines
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Recyclant la situation de Love’em and weep, Chickens come home est une nouvelle réussite, dans laquelle le duo a réussi à transformer ce qui aurait pu n’être qu’une redite supplémentaire en une petite réussite de vaudeville. Il sera donc question d’un homme qui voit son avenir et son bonheur conjugal menacé par une visite d’une dame avec laquelle il a eu, il fut un temps, des relations compromettantes. Cette fois Hardy est un notable qui vise la mairie, Thelma Todd joue son épouse, Laurel son assistant obligé d’endosser une part de responsabilité dans les mensonges qui sont l’objet de l’intrigue, et Finlayson est le majordome doté d’un sens moral aigu : il dévisage son patron comme seul James Finlayson peut le faire, dès qu’il soupçonne Mr Hardy de se livrer à l’adultère. Quant à la dame par laquelle le scandale arrive, c’est une fois de plus la grande Mae Busch.
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Politiquerias (VOLUME 8 ), Mars 1931.Réal: James W. Horne. 6 bobines/55 minutes

On prend encore les mêmes, et on fait la même chose en Espagnol et plus lentement, en ajoutant de-ci de là un numéro de music-hall plat, ou une redite. D'autant que Rinal Liguoro ressemble à Mae Busch, mais elle n'est pas Mae Busch, même si elle fait tout pour l'imiter.
The stolen jools (1931) Paramount/RKO/Chesterfield cigarettes. Réal: William McGann. 2 bobines

On trouve ce court métrage anecdotique sur le dvd retour de Flamme volume 1, chez Lobster. C’est un "all-stars" de charité, afin de lutter contre les maladies pulmonaires. C'est charmant à regarder une fois, et pour jouer à repérer les stars : Joan Crawford, Wallace Beery, Buster Keaton, Fay Wray, Richard Barthelmess, Gary Cooper,… Ah ! J’oubliais : Laurel & Hardy y détruisent une Ford T.

Laughing gravy (VOLUME 10 ) Avril 1931 Réal: James W. Horne 2 bobines

Laughing gravy est un chien, et c’est le moins cabot des cinq acteurs de ce film. Avant de rentrer brièvement dans le vif du sujet, voici un record absolu avec cinq versions différentes toutes disponibles dans la collection Universal Anglaise Les mérites (Ou les apports, plutôt) de chaque version seront discutés cas par cas. Cette version est le Laughing gravy authentique, tel que sorti en avril 1931 : Laurel et Hardy sont les propriétaires non fortunés d’un petit chien, qu’ils cachent à leur propriétaire, interprété par Charlie Hall. Celui-ci entend du bruit, puis des aboiements, et les deux compères doivent donc alternativement cacher leur chien, puis le récupérer quand leur propriétaire réussit à le mettre dehors puisque toutes leurs tentatives pour être discrets en cachant le chien échouent lamentablement; et dehors, il neige. Sur un canevas simple, un film très distrayant, drôle, avec lequel on ne s’ennuie pas. Lorsque le film a été fini, il faisait une bobine de plus, qui ne satisfaisait pas tout le monde (C’est à dire que Laurel n’en était pas content), et la bobine a été tout simplement enlevée, et remplacée par une fin simple, sublime, sordide et hilarante, qui conclut le film sur une note macabre, en une minute.

Laughing gravy (VOLUME 10) Avril 1931 Réal: James W. Horne 3 bobines

Donc, on a retrouvé au début des années 80 la bobine inédite, et voici la deuxième version : au bout de 20 minutes, sommés de partir, Laurel et hardy reçoivent une lettre, adressée en fait à Laurel seul : il recevra un héritage phénoménal s’il cesse toute connection avec Hardy, et donc avec Laughing Gravy le chien. Ces dix minutes grinçantes éclairent d’un jour particulier, presque intime, la relation entre les deux hommes, mais elle s’intègre assez mal selon moi à l’ensemble. La version de deux bobines est meilleure.

Laughing gravy (VOLUME 10) Avril 1931 Réal: James W. Horne Version colorisée 3 bobines

Cette version colorisée ne devrait pas avoir sa place ici, puisque je ne les mentionne jamais, mais elle possède un atout intéressant : elle contient les deux versions déjà mentionnées, en intégrant à la version en trois bobines la fin de l’autre, et élève le temps total à presque 31 minutes. Sinon les fausses couleurs sont ignobles, et je rappelle qu’on ne doit pas coloriser les films en noir et blanc : c’est mal.

Las calaveras (VOLUME 18 ) Avril 1931 Réal: James W. Horne 6 bobines

Version Espagnole de Be big + Laughing gravy : Be big est toujours constitué d’un seul gag étiré sur 30 minutes, donc je suis assez mitigé, et en prime, le lien avec l’autre film est tellement ténu, qu’on n’y croie pas une seule seconde. Sinon, la deuxième partie est basée sur la version longue de Laughing gravy, sans la deuxième fin (Celle qui est sortie en 1931.), et donc, je ne suis pas non plus très enthousiaste, surtout que décidément je ne comprends rien à l’Espagnol. Bon, ça c'est de la mauvaise foi: qu'importe les dialogues?

Les carottiers (VOLUME 10) Avril 1931 Réal: James W. Horne 6 bobines

Même découpage que Las Calaveras, mais en Français. Seuls Laurel et Hardy parlent le Français franchement, les autres, dont Charlie Hall et Anita Garvin, sont souvent doublés bien qu’ils miment les mots. Mais c’est tellement mal fait, et les acteurs se débrouillent tellement souvent pour être dos à la caméra, que c’en est navrant. On espère que les autres versions françaises antérieures ont été mieux traitées. Remarquez, elles sont toutes perdues…

C’en est fini des versions alternatives, Laurel et Hardy allaient à l’avenir être doublés. Bien que cela soit difficile et couteux, ces versions rapportaient ; elle rapportaient tant et si bien que la MGM, qui distribuait Roach rappelons-le, a demandé qu’on y mette un point final, en ayant asez de devoir recevoir des lettres de cinéphiles leur demandant de faire parler Garbo et gable dans leur langue : « Laurel et Hardy le font bien, eux… »

La leçon a retirer de ces multiples versions disponibles, c’est quans même que l’équilibre de Laurel et Hardy, établi pendant les années muettes sur le format de deux bobines, est bel et bien fragile. De toutes ces versions, la meilleure est bel et bien celle de deux bobines. Conscients de cela, ils vont ensuite se concentrer sur ce format pour les trois films suivants, avant l’affaire Beau Hunks.
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Published by François Massarelli - dans Laurel & Hardy