La liberté, valeur essentielle des Etats-Unis d’Amérique : voilà quelle idée maîtresse inaugure ce film: on nous rappelle le plus sérieusement du monde les grandes dates de la conquête de la liberté par les Américains, de la courageuse installation des armées de Washington à Valley Forge, à l’arrivée de Pershing en Europe, en passant par Lincoln, et en finissant par … Laurel et Hardy, bagnards évadés, poursuivis par la police, et se réfugiant dans la voiture de complices, qui leurs donnent des vêtements à enfiler sur la banquette arrière avant de les déposer en ville: là, les deux héros constatent qu’ils se sont trompés de pantalons : ils faut donc les échanger, et afin de pouvoir le faire, les enlever en pleine ville… la complicité fusionnelle des deux comédiens monte ici d’un cran. On est endroit de remarquer l’arrière-plan équivoque (le fait symbolique, d’abord, de voir ces deux hommes se précipiter fébrilement pour se déshabiller dans toutes les cachettes possibles, ou encore la pensée qui doit venir à l’esprit de tous les témoins de l’action) mais une fois de plus, on peut aussi bien se contenter de ce que Stan Laurel et Oliver Hardy ont souhaité une fois de plus incarner: deux gosses, inadaptés à leur environnement, et qui ne parviendront qu’au prix d’efforts surhumains à leurs fins, avant de passer à une autre situation embarrassante.
La deuxième bobine les voit régler leur problème, en empruntant un ascenseur qui mène en haut d’un immeuble en construction, ce qui leur permet de défier la pesanteur à la façon d’Harold Lloyd pour le reste du film. A noter, alors que les films de Laurel et Hardy jouent souvent sur une légère distorsion de la réalité, un final surréaliste, ce qui n’est arrivé réellement que dans Two tars: dans les deux cas, les deux comédiens apportent à la notion de distorsion une illustration au premier degré que je vous laisse découvrir. Le film, le deuxième de McCarey pour le duo, est sorti en janvier 1929 agrémenté d'une bande-son originale, l'une des rares à avoir été conservées parmi les muets tardifs de l'équipe.
le dernier court métrage de Laurel et Hardy sorti en 1928 est également le premier film des garçons qui soit signé par Leo McCarey, le quatrième homme: en effet, quatre cinéastes ont plus ou moins revendiqué la paternité du "couplage" entre les deux comédiens. On ne s'étonnera pas qu'Hal Roach, le patron du studio en ait endossé la paternité, même si on doute qu'il ait été aussi perspicace. Stan Laurel a toujours dit avoir été celui qui avait présidé à la décision, mais dans ce cas elle aurait été bien tardive, vu le temps écoulé entre la première rencontre des deux acteurs et la naissance du duo... En tant que directeur général du studio entre 1922 et 1923, le comédien Charles Parrott (Charley Chase donc) avait appelé de ses voeux une association de Laurel avec un autre comédien, croyant avec raison que le génie de Stan se révélerait dans une telle série. Leo McCarey, le plus prestigieux sans doute, est le dernier à avoir revendiqué la paternité du duo. Il faut dire qu'il a été amené à superviser la production de tous les films de 1928, derrière Clyde Bruckman ou James Parrott (jusqu'à 1927, c'est F. Richard Jones qui occupait cette place au studio), et qu'il était aux côtés de Chase un metteur en scène aguerri par ses nombreuses réalisations de courts métrages. Mais je pense qu'il fait attribuer à ses allégations la même importance qu'à celles de Capra clamant qu'il avait "créé" le personnage de Harry Langdon... C'est à dire aucune.
Qu'il ait été un affabulateur opportuniste ne doit pas nous détourner d'une vérité essentielle: Leo McCarey était dans son domaine la crème de la crème. Et les trois films qu'il a réalisés pour l'équipe de Laurel et Hardy sont sacrément bons! Dans celui-ci, il revient à une veine matrimoniale, qu'il avait beaucoup explorée dans ses courts métrages en compagnie de Charley Chase... We faw down est surprenant à la fois par son austérité et son efficacité. Austère, il l’est par l’économie de moyens : après tout, la deuxième partie se situe presque intégralement dans un salon, entre les deux compères et leurs épouses. Alors qu’ils aident deux jeunes femmes dans la rue, Laurel et Hardy se salissent. Ils accompagnent donc leurs deux « conquêtes » chez elles le temps de se sécher ; entre-temps, leurs épouses auxquelles ils avaient prétendu qu’ils iraient au théâtre, sont sorties précipitamment : elles ont appris qu’un incendie avait ravagé le théâtre en question. Dans la rue, elles voient Stan et Oliver, sortant de chez les deux jeunes femmes, en se rhabillant… Voilà pourquoi ensuite, les deux compères ont les plus grandes difficultés du monde à être convaincants lorsque ils racontent leur soirée au théâtre à leurs deux épouses.
Pour sa première vraie mise en scène pour Laurel et Hardy, McCarey ressort toute la science de la comédie de situation telle qu’il l’a pratiquée en symbiose totale avec Chase pendant 3 ans, et ne cherche pas à noyer le poisson: dès le départ, il est question de mentir sciemment, afin de mener des rapports conjugaux aussi sains et agréables que possible. La séquence de Laurel et Hardy chez les deux jeunes femmes présente une scène tournée en plans serrsés, vec Laurel qui craque parce que Kay Deslys flirte un peu trop agressivement avec lui, la scène est longue, mais magistrale. Leo McCarey sera un maître de la screwball comedy, mais il est clair qu’il sait déjà manipuler le graveleux et le rendre acceptable … Sinon,le final du film est tellement drôle qu’il resservira, d’une part, et que je ne vais pas vous le raconter, d’autre part.
Pour la deuxième fois consécutive, Lloyd interprète un personnage, dans un film, qui n'est en aucun cas un Harold. pas important, sans doute, mais en réalité eu égard à
l'histoire du comédien et la façon de faire le lien entre lui et son public, c'est une certaine forme d'acceptation d'une évolution nécessaire, si ce n'est pas une capitulation, une hypothèse
d'autant plus valide selon moi qu'à la fin du film une deuxième transgression, plus choquante encore (Toutes proportions gardées) se présente à nous... J'y reviendrai.
Harold Lloyd joue donc ici un personnage de laitier un peu benêt, Burleigh Sullivan, dont la première scène nous fait clairement
comprendre qu'il n'est pas des plus efficaces. Un soir, alors qu'il rentre chez lui en compagnie de sa soeur, ils rencontrent deux hommes saouls, avec lesquels il se bat. Dans la mêlée, il
apparait que Sullivan a mis l'un d'entre eux K.O... or, l'homme en question n'est autre qu'un champion de boxe. Pour le manager du boxeur, le seul moyen d'échapper au ridicule de la situation, la
presse s'étant joyeusement emparé de la nouvelle, est bien sur de travailler en compagnie du "laitier boxeur", sans le mettre au courant de toutes les subtilités: Burleigh commence donc une
nouvelle carrière de boxeur, sans rien comprendre au succès foudroyant qui lui tombe dessus...
Les acteurs de premier et second plan qui entourent Lloyd sont ici des gens connus, déja vus dans d'autres films des nouveaux
princes de la comédie (Capra, Leisen, LaCava, et... McCarey). Lionel Stander et Adolphe Menjou s'en donnent à coeur joie, Menjou en particulier, en manager véreux jusqu'aux orteils, et il est
presque l'égal de John Barrymore lorsqu'il s'agit de voler une scène. Mais Lloyd se défend quand même, sachant qu'après tout les idiomes des deux comédiens ne sont
pas les mêmes... Comédie plus verbale, donc, basée sur la nervosité et l'expression joyeuse d'une certaine vulgarité pour Menjou, et plus coroporelle pour Lloyd qui reste agile, même s'il n'a pas
l'age de son rôle... McCarey ici fait son métier, plutôt pas mal dans un film qui n'est pas son meilleur, mais qui est aussi l'un des meilleurs Lloyd.
...Même si le fait qu'il y ait Harold Lloyd ici devient finalement accessoire. Je reviens à cette mystérieuse transgression à
laquelle je faisais allusion plus haut: Lloyd, a un moment, boxe, et quelqu'un suggère à son adversaire... d'enlever les lunettes du héros. certes, il ne le fait pas... Mais c'est la première
fois qu'elles sont mentionnées. On le sait, cet accessoire fait partie intégrante du personnage, qui dort avec , prend des douches avec, et ne les enlève jamais. On n'en parle pas...Ce n'est donc
sans doute pas un hasard si peu de temps après ce film, et après le suivant (Professor Beware), Lloyd allait se lancer dans une nouvelle aventure inattendue, pour lui: une
semi-retraite...
Si Ruggles of Red Gap est bien une étape-clé de la comédie Américaine, c'est une position bien paradoxale. En
effet, les canons de la "screwball comedy", née du parlant et de la recherche d'un rythme de jeu adéquat pour la comédie qui venait pallier au burlesque en ce milieu des années 30,
poussaient plutôt les metteurs en scène vers des intrigues sentimentales, il suffit de voir les jalons du genre pour s'en convaincre: It happened one night (Capra, 1934), qui
concrétisa le genre au point de s'attribuer un Oscar, ou encore Bringing up baby de Hawks (1938) en sont de superbes exemples, dans le sillage de la comédie sophistiquée incarnée
par Lubitsch et consorts. Mais si McCarey tracera des limites de ton dans le genre, de la réserve mélancolique de Love affair (D'ailleurs pas vraiment screwball, et pas
beaucoup plus comedy) à l'exubérance de l'affrontement des époux séparés de The awful truth. Et avec Ruggles of Red Gap, il prend le genre à contrepied
en écartant presque toute référence sentimentale... Tout est dans le "presque".
Vers 1900, "gentleman's gentleman", comme il se définit lui-même, Marmaduke Ruggles est un valet Anglais dont la famille a la fierté d'avoir constamment servi la même
famille, les Comtes de Burnstead. A Paris un matin, son peu fortuné maitre lui annonce qu'il l'a perdu au poker à des nouveaux riches Américains, les Floud. C'est la maman d'Effie, Mrs Floud, qui
a l'argent, mais le moins qu'on puisse dire, c'est que ce nouveau statut est monté à la tête de l'épouse... par contre, Egbert Floud, lui, n'a pas vraiment la vocation à évoluer dans le beau
monde, le saloon et les copains de la petite bourgade de Red Gap lui suffisant. Sous l'impulsion d'Effie, et avec les lubies contradictoires d'Egbert, Ruggles va donc apprendre la différence
fondamentale entre un Américain et un Anglais, s'émanciper, et au passage dénoncer avec véhémence ceux qui veulent maintenir les inégalités statutaires entre esclaves et maitres, dont
l'abominable beau-frère d'Egbert, l'affreux Belknap-Jackson...
Le film appartiendrait presque tout entier à Charles Laughton, génial comme il se doit, si le metteur en scène n'avait trouvé à
lui opposer que des acteurs de grand talent: Charlie Ruggles, le bien nommé est le sympathique bouseux, costumé presque par religion entièrement de carreaux! Et son épouse, qui passe son temps à
écorcher sans honte ni remords le français afin de paraitre du 'haut monde', comme elle le dit, est jouée par Mary Boland. Le peu connu Lucien Littlefield, lui-même habitué des rôles de
valets (Voire de savants fous, comme il le fit plusieurs fois chez Laurel et Hardy) interprète un Belknap-Jackson vil et veule à souhait. Enfin, Roland Young interprète avec la rertenue
Britannique qui lui est coutumière le rôle du comte. Et puis cerise sur le gâteau, Zasu Pitts a le droit de ne pas être une idiote, ce qui n'arrivait pas souvent depuis ses rôles marquants chez
Stroheim: elle est Mrs Judson, la veuve qui ouvre les yeux à Ruggles, et va lui servir de motivation pour rester à Red Gap.
Laughton a
parfaitement servi le rôle de Ruggles, lui donnant toute la retenue physique du valet Britannique, la gaucherie face à des Américains qui ne se comportent pas en gentlemen, et son évolution vers
une assurance toute de dignité vêtue... et il recêle le vrai sens du film, montrant sa valeur d'être humain avant son statut de valet, et rappelant à toute la population d'un saloon de l'Etat de
Washington le fameux discours de Lincoln à Gettysburg, qui établissait après avoir commencé à triompher des Etats esclavagistes la nécessité d'une mise à plat des deux camps engagés dans le
conflit de la guerre de sécession, en réaffirmant par ailleurs avec force la base humaniste de la constitution Américaine, fondée sur la déclaration des droits de l'homme. Un moment fort, qui
réaffirme avec conviction une croyance réelle de la part du metteur en scène: le film, tout en montrant avec talent une vraie sensibilité de comédie chez Laughton, et en offrant un spectacle
d'une grande drôlerie, fait aussi partie de ces films fondamentaux qui redéfinissent en ces temps troublés de crise et de montée des périls la nature fondamentale de l'homo Americanus...
La découverte d'un nouveau pan de l'héritage de Hal Roach est toujours excitante, d'abord parce que le studio où s'illustrèrent Harold Lloyd, Charley Chase, Our gang, et bien sur Laurel & Hardy a su installer sur les écrans une tradition de qualité rare en matière de comédie, et aussi parce que le petit monde des acteurs qui s'y égayaient, qu'ils soient de premier plan ou second rôle, est toujours une source de plaisir. Avec la parution chez Edition Filmmuseum de ces deux DVD, on a un intérêt supplémentaire: contrairement à Charley Chase ou Harold Lloyd, ou bien sûr Laurel & Hardy, les comédies de Max Davidson, à deux exceptions près, sont bannies des formats numériques, et ce n'est probablement pas demain la veille qu'une parution Américaine aura lieu. La raison? Ces films qui eurent un grand succès à l'époque de leur sortie concernent un humour basé sur la représentation de stéréotypes qu'on considérerait comme raciaux aujourd'hui (Bien qu'ils soient culturels et non basés sur une idée de "race", ce qui est d'ailleurs toujours une source de bêtise). La série a été abandonnée en 1929 précisément pour cette raison...
Max Davidson, né à Berlin en 1875, vient au cinéma au début des années 10, et va se spécialiser dans des petits rôles, dont un voisin de Mae marsh dans Intolerance (1916) de Griffith! le succès de la pièce Abie's Irish rose lui permet de trouver un rôle dans l'une des troupes qui sillonnent les Etats-Unis pour y représenter la comédie. Cette histoire de famille Juive qui doit accepter la venue d'une fiancée Irlandaise est à la base d'un courant 'ethnique' de la comédie Américaine, qui met en scène des familles antagonistes Irlandaises et juives, vues souvent du point de vue des Juifs: The Cohen and the Kellys est une série de courts produite par Universal en 1925. Davidson fait alors son entrée au royaume des seconds rôles de luxe, dès 1922. Un coup d'oeil sur les noms des personnages qu'il interprète ne laisse aucune ambiguité: Abe Rosenstein, Solomon Levinsky, Moe Ginsberg... l'acteur impose une silhouette en dépit ou peut-être à cause de sa petite taille, et va introduire à l'écran un paquet de maniérismes et de tics observés durant sa jeunesse. Il joue à merveille le père Juif comique sur lequel le ciel tombe à chaque coin de rue. C'est à ce titre qu'il interprète, chez Hal Roach, aux cotés de Charley Chase un second rôle dans Long fliv the King, de Leo McCarey. Il y joue non seulement aux cotés de Chase, mais il y partage aussi l'affiche avec Martha Sleeper, qu'il retrouvera bientôt. Roach se lance dans l'aventure de la comédie ethnique lui aussi, avec Leo McCarey pour lancer la série, et les deux hommes produisent vite 5 films de court métrage avec Max Davidson en vedette, dans un contexte familial qui sied tant au studio. Devant le succès, Roach rempile pour une autre série, vue d'un bon oeil par la MGM qui va désormais distribuer les films du petit studio. Mais en 1929, après un film parlant, la série est arrêtée: le succès est au rendez-vous, il n'y a eu aucune plainte en rapport avec le coté ethnique des films, mais la MGM a peur que le parlant n'accentue la caricature; de plus, on sait que les dirigeants de studio, s'ils viennent pour beaucoup de l'immigration des Juifs d'Europe centrale, ont eu à coeur d'étouffer cet aspect de leur histoire en vue de s'assimiler; ils ne souhaitent pas continuer à voir sur l'écran un reflet de ce qu'ils étaient avant, à savoir un acteur qui joue un Juif immigré de fraîche date qui se trouve confronté à l'Américanisation de ses enfants, et reste sur la défensive, freinant in fine toute assimilation. La série est finie, et la carrière de star de Davidson, décidément trop typé pour Hollywood, aussi.
On ne jugera pas ces films de la même manière qu'on parlerait de courts métrages de Laurel, avec ou sans Hardy, de Chase, de Chaplin ou de Keaton: tous ces gens sont les auteurs complets de leurs films, un atout qu'ils ont pris le temps de conquérir: on n'en laissera pas le temps à Max Davidson, qui est aujourd'hui non seulement oublié, mais aussi invisible, honteux, alors que ses films sont le résultat du travail des meilleures équipes de comédie de court métrage de leur époque, avec le concours des réalisateurs Leo McCarey, Fred Guiol, Hal yates, Clyde Bruckman, et d'autres; du chef-opérateur George Stevens, des scénaristes Roach et McCarey (oui!) parfois assistés par Laurel (oui aussi!!), avec les acteurs Davidson, mais aussi sa Nemesis, en fait son fils souvent incarné par le jeune Spec O'Donnell, ou encore la grande Martha Sleeper, voire Viola richard, ou encore selon les films les acteurs Edgar Kennedy, Oliver Hardy, James Finlayson, Leo Willis ou Noah Young.
Le jeu de Davidson, stéréotypé en effet, n'est pourtant pas à mes yeux une source de délire antisémite. Au contraire, le personnage est souvent à la base de quiproquos et d'embarras, mais le Judaïsme des protagonistes n'y est qu'une couleur locale, une coloration culturelle. L'historien Paolo Cherchi Usai ne s'y est pas trompé, qui a vu en Davidson un cas rare: "Le fait que ses films parodient les particularités ethniques sans le moindre soupçon de racisme est ce qui confère de la grandeur à Davidson", dit-il, cité dans l'essai de Richard Bann qui est inclus dans le beau livret exhaustif qui accompagne les DVD.
Seules 12 comédies ont survécu sur les 19, et certaines dans des fragments à peine exploitables. c'est à porter au crédit des compilateurs d'avoir pris le parti de restaurer toutes les images qui bougent d'une part (Ainsi l'un des films, réduit à à peine une minute, est-il l'objet d'une reconstitution sous forme de montage de photos dans lequel on a glissé en continuité les deux passages de film qui subsistent: Love'em and feed'em.), et d'avoir donné à voir pour tous les films un dossier sur DVD-Rom, de documentation, images, scripts, qui permet un accès à tout ce qui subsiste de certains films perdus. Un travail éditorial exemplaire, complété par un livret avec des essais très pertinents... Le tout, en Anglais et en allemand; il ne faut pas rêver... Les films sont en Anglais (intertitres) avec des sous-titres Allemands optionnels.
Why girls say no (Leo McCarey, 1927)
Le premier film est une sorte d'exposition pour un grand nombre des courts qui suivront: Davidson se soucie du fait que sa fille ait été chercher un jeune homme qui a l'air plus Irlandais qu'autre chose (C'est Creighton Hale). On remarque Oliver Hardy dans un rôle de policier soupçonneux, qui se trouve face à son pire ennemi: le trou d'eau d'1m50 situé à un coin de rue dans le studio Roach.
Jewish Prudence (Leo McCarey, 1927)
L'un des deux films qui a été publié, récemment, sur le 21e volume de la collection Laurel & Hardy en Grande-Bretagne: Laurel en est le scénariste. Un film tout à fait solide, avec à nouveau un mariage en vue pour la fille de Max (Martha Sleeper), cette fois à un avocat. Problème: l'avocat en question doit défendre des clients CONTRE Max...
Don't tell everything (Leo McCarey, 1927)
Celui-ci est hallucinant: au moment de faire sa cour à une riche héritière, Max cache à cette dernière l'existence de son fils (Spec O'Donnell). celui-ci n'a d'autre moyen pour vivre aux coté de son père que de se faire passer pour... la bonne! La supercherie ira assez loin dans le graveleux. On notera l'apparition de James Finlayson...
Should second husbands come first? (Leo McCarey, 1927)
Max est le choix d'une veuve pour se remarier; lorsqu'ils le voient, les deux fils de la dame décident de le dissuader et se livrent à tout un tas de stupidités. Très drôle, et un dispositif (Une personne qui assiste éberlué à des gens qui se livrent à des excentricités absurdes pour son seul bénéfice) qui resservira...
Flaming fathers (Leo McCarey, 1927)
Petit tour à la plage, avec Max qui surveille de près sa fille (Martha Sleeper) qui est avec son fiancé... Le policier local, joué par Tiny Sanford, aura beaucoup de mal à passer une après-midi tranquille tant il est impossible pour Max Davidson d'aller à la plage sans devenir une attraction...
Call of the cuckoos (Clyde Bruckman, 1927)
Celui-ci est connu, puisque les invités de luxe ont pour nom Laurel, Hardy, Chase, ou encore Finlayson: Davidson souhaite vendre sa maison, à cause des abominables voisins qui se livrent en permanence à des excentricités insupportables (Les comiques Roach improvisent des bêtises devant la caméra). Il trouve un client, qui vient avec une affaire: il échange sa maison contre celle de Max. ce que ce dernier ne sait pas, c'est que la maison ou ils vont est encore plus invivable que celle de Buster Keaton dans One week... le film est bon, et possède la plus magnifique des introductions pour le personnage du fils de Max,interprété comme si souvent par O'Donnell: Love's greatest mistake: la plus grande erreur de l'amour...
Love 'em and feed 'em (Clyde Bruckman, Hal Roach, 1927)
Hardy et Davidson cherchent de l'or et font fortune, ils mènent ensuite la grande vie dans un palace, et vont se trouver à la base d'une séquence de tartes à la crème que je donnerais cher pour voir: elle a été perdue, comme 95% du film... Quelques mètres de pellicule nous présentent l'interaction entre Max et Martha Sleeper en dactylo pincée, donc c'est déjà ça...
Pass the gravy (Fred Guiol, 1928)
Chef d'oeuvre: ce film est hilarant. Max est le voisin d'un irascible éleveur de poules, qui exhibe son coq de concours à tout le monde. Ils passent leur temps à se chamailler, mais la fille de Max (Martha Sleeper) et le fils de Schultz, le voisin (Gene Morgan) viennent de se fiancer, et pour fêter ça, Max demande à Spec de lui ramener un poulet... devinez lequel. Une situation, un décor, cinq personnages, et un poulet fumant, une mine d'or pour gags géniaux. J'ai l'air d'être très enthousiaste à l'égard de Martha Sleeper, ancienne partenaire de Charley Chase: ce film me donne raison. Elle imite la poule à la perfection, et paie de sa personne en permanence.
Dumb daddies (Hal Yates, 1928)
Max surprend une répétition de pièce de théatre criminelle entre Spec et Viola Richard, sans savoir qu'il s'agit de théâtre, et croit être témoin d'un crime... Un rôle en or pour Edgar Kennedy, en policier dépassé par les événements. La moitié de la première bobine a disparu.
Came the dawn (Arch Heath, 1928)
Max, Polly Moran, Gene Morgan leur fils et Viola richard leur fille passent une nuit d'halloween agitée dans leur nouvelle maison, dont ils viennent d'apprendre qu'un meurtre y a été commis. Un sujet facile, auquel se sont livrés presque tous les comiques de l'époque. Difficile de juger, il n'en reste que des fragments disjoints.
The boy friend (Fred Guiol, 1928)
Parce que sa fille (Marion Byron) a rencontré un inconnu avec lequel elle s'est tout de suite trouvé des affinités, Max et Mme vont essayer de faire fuir le jeune homme en se livrant à la même routine que les deux gamins de Should second husbands come first?.
Hurdy Gurdy (Hal Roach, 1929)
Comme tous les premiers films parlants de l'écurie Roach, un film qui y va prudemment, et qui transforme relativement bien l'essai. cette histoire de petit mystère (pourquoi Thelma Todd a-t-elle besoin de tant de pains de glace, que cache-t-elle?) entre voisins pendant une canicule vaut surtout pour son melting pot: accents et particularismes se mélangent joyeusement. Max Davidson n'y est qu'un des acteurs, ce n'est pas un film qui le mette particulièrement en vedette.
The itching hour (Lewis Foster, 1931)
Jouant les faire-valoir pour Louise Fazenda, Max y apparaît aux cotés de Spec O'Donnell, mais cette histoire d'hôtel hanté fait plus bailler qu'autre chose. Des gags toutefois rappellent que l'équipe de ce court métrage RKO a vu les films de Davidson, et sinon on y aperçoit le grand Lon Poff, silhouette inquiétante dans de nombreux films des années 20, dont Greed.
Voilà:il convient d'ajouter à destination des des Anglophobes et des Anglodicapés que les films sont en Anglais, et les seuls sous-titres en Allemand. En tout cas, pour ma part, c'est une découverte essentielle, et un pur bonheur. Quant à l'embarras suscité par le coté marqué et stéréotypé, je rappelle qu'on trouve des DVD de Birth of a nation à tous les coins de rue, donc ce ne devrait pas être un problème; et d'ailleurs, contrairement à Griffith, Davidson, McCarey et Roach ne prêchent pas la haine, mais ils sont des messagers du gag.