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29 août 2022 1 29 /08 /août /2022 09:43

2020: en Italie, un bras de fer se joue entre le très Mussolinien Matteo Salvini, ministre de l'intérieur et homme fort (groumf!) du régime, et l'Europe. Pour soutenir l'effort Européen d'accompagnement humanitaire des migrants, deux dirigeants de l'Union (Angela Merkel et Emmanuel Macron) vont visiter un camp de migrants en Sicile. Nathalie Adler, qui travaille pour la commission Européenne dans ce domaine précis, se trouve donc à Catane, pour préparer la visite. Mais rien ne se passe comme prévu: les représentants des deux nations ont chacun des exigences antagonistes; la représentante de Merkel est une ancienne petite amie de Nathalie, qu'elle souhaite reconquérir; les responsables Parisiens trouvent que les migrants et leur accueil sont trop luxueux, et voudraient changer ça en image d'Epinal plus compréhensible pour l'électeur moyen. Enfin, deux grains de sable imprévus vont faire capoter la machine: le fils de Nathalie, avec lequel le contact est difficile, se trouve déjà dans le camp, et sinon, c'est le premier trimestre 2020 en Italie...

Bref: Virus.

C'est mitigé: Baier, qui avait déjà (Les grandes ondes ou A l'ouest) catapulté des journalistes naïfs de la TV Suisse en pleine révolution des Oeillets, s'intéresse ici à une autre période de carambolage loufoque, dans laquelle il trouve matière à s'attaquer à la bureaucratie Européenne. Il n'y va pas de main morte, d'ailleurs! Le personnage d'Isabelle Carré, qui a fui toute sa vie de maman le rôle de mère Juive" qu'elle ne se voyait pas incarner, est confronté à ses propres sentiments pour un fils qui est, il faut le dire, très incontrôlable! La vision d'une Italie en proie à de vieux démons xénophobes sort du champ de la comédie pour entrer de plain-pied dans une vision du réel, mais à côté, cet univers dans lequel on parle constamment plusieurs langues à la fois tient du loufoque pur. La relation mère-fils, ici, tient en grande majorité d'un amoncellement de clichés parfois irritants, mais la vision burlesque d'un technocrate Parisien reprochant à un Sénégalais d'être trop éduqué vaut son pesant de vitriol...

 

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Published by François Massarelli - dans Lionel Baier Comédie
16 août 2016 2 16 /08 /août /2016 15:39

En avril 1974, la direction de la radio Suisse Romande dépêche une équipe de reporters au Portugal, dans le but de ramener au pays une petite idée sur l'aide de la Suisse envoyée là-bas. Dans un premier temps, l'équipe est formée de trois personnes: Julie (Valérie Donzelli), une journaliste ambitieuse et un brin féministe, galvanisée par les changements récents (La Suisse n'a accordé le droit de vote aux femmes qu'en 1971...); Cauvin (Michel Vuillermoz), un grand reporter un peu lessivé et qui est revenu d'un reportage au Vietnam avec une blessure à la tête qui lui ronge la mémoire, un secret qui est lourd à porter; enfin, Bob (Patrice Lapp), preneur de son, complète l'équipe avantageusement, d'autant qu'il a un combi Volkswagen. Arrivés au pays, ils vont embaucher un jeune Portugais Francophile, Pelé (Francisco Belard), qui rêve d'aller en Provence pour rencontrer Marcel Pagnol, son idole, et qui truffe son Français de "peuchère!" loufoques, tout en étant d'une aide précieuse pour permettre aux trois journalistes de constater que le fascisme est partout dans le Portugal d'Avril 1974... jusqu'au 25, du moins, car alors qu'ils sont sur place, la révolution des Oeillets se déclenche, et ils sont tous quatre pris dans la tourmente...

C'est un plaisir indéfinissable que de se laisser attraper par ce film (Dont la musique est entièrement faite de compositions de Gershwin dans des interprétations mythiques, qui s'intègrent magistralement à l'ensemble y compris dans un ballet inattendu), une comédie légère qui s'amuse à jouer un peu avec nos souvenirs (Si nous avons vécu à cette époque) en recréant des détails vestimentaires, des choses de la vie de tous les jours, sans jamais forcer la dose, et en utilisant avec bonheur un dialogue millimétré.

Bien sûr, le film oppose avec intelligence et subtilité un monde immuable (et qui fait semblant de changer, comme les chefs de la Radio suisse, ou le gouvernement soi-disant moderne de VGE, à la fin du film), et les révolutions en marche, qu'elles soient politiques, démocratiques, sexuelles ou féministes... Le loufoque provient aussi de la façon dont Michel Vuillermoz, qui interprète le journaliste perdant la mémoire, parle un Portugais défaillant qui ne l'empêche pas d'être pris pour un prophète par les révolutionnaires... La révolution sexuelle est présentée par un épisode traité avec humour, et relaté génialement par les dialogues. Au final, ce film essentiellement poétique qui fait semblant d'être un reflet de la vérité, est une bulle bienvenue de burlesque dans le cinéma Européen, tout en nous rappelant des révoltes qui ont mené quelque part sans pour autant tuer des centaines de gens. Voilà.

Les grandes ondes (A l'ouest) (Lionel Baier, 2013)
Les grandes ondes (A l'ouest) (Lionel Baier, 2013)
Les grandes ondes (A l'ouest) (Lionel Baier, 2013)
Les grandes ondes (A l'ouest) (Lionel Baier, 2013)
Les grandes ondes (A l'ouest) (Lionel Baier, 2013)
Les grandes ondes (A l'ouest) (Lionel Baier, 2013)
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Published by François Massarelli - dans Comédie Lionel Baier