Le chat "Beans" part en expédition, pour retrouver l'épave d'un gallion disparu, contentant un trésor... Il ne sait pas qu'il emmène avec lui ses deux neveux, Ham et Ex (Ham and Ex: ham'n eggs), mais il lui permettront de s'en tirer, quand une fois arrivé, il "réveillera" sans le vouloir deux pirates congelés...
C'est plus que moyen... Jack King, qui était à l'aise pour tourner chez Disney des films de la série Silly Symphonies, et des Mickey Mouse, s'est concentré sur le personnage de Beans, celui qui sans doute rappelait le plus Mickey parmi les protagonistes des Looney tunes de l'époque... Contrairement aux autres metteurs en scène qui avait repéré un peu plus de potentiel chez Porky pig. Le film semble coincé dans l'animation de 1933, et l'aspect schématique des personnages rebute. Une fois retourné chez Disney, comme par miracle, King retrouvera son savoir-faire et signera quelques chefs d'oeuvre...
Les trois ours apparus en 1944 dans Bugs Bunny and the three bears sont occupés à prendre un goûter, mais Junior (également appelé Junyer) vide intégralement un pot de miel. Le père, dans tous ses états, décide d'en récupérer dans une ruche, ignorant les tentatives désespérées de son épouse pour lui dire qu'en fait il y en a un placard plein. La colère du père, l'ineptie du fils, et les abeilles pas forcément prêtes à accepter qu'on leur pique le miel, vont déclencher des catastrophes...
La famille étrangement disfonctionnelle de ces trois ours est devenue récurrente, avec une équipe de voix qui contribuent à leur donner une personnalité formidable (Mel Blanc, Bea Benederet et Stan Freberg); ce film est notable par le fait qu'il se concentre sur une seule situation, vouée comme souvent dans les films de Jones, à l'échec le plus cuisant...
Mais on peut aussi voir ici un portrait au vitriol de la famille Américaine, du mâle Américain aussi à travers ce père violent (il s'en prend physiquement, en permanence, à son fils et son épouse), cette mère éteinte, liée organiquement aux tâches ménagères (elle est présentée comme les deux autres par une voix off, en pleine distribution de toasts) et ce fils apparemment choyé mais aussi laissé dans un état d'abrutissement coupable...
Et bien sûr, si on accepte que contrairement à George et Junior, les deux héros de Tex Avery qui ont un rapport très violent, Papa Ours et Junyer soient père abusif et fils maltraité, c'est néanmoins très drôle. Evidemment, dit comme ça...
Les trois ours veillent tard... Le père décrète pourtant qu'il est l'heure d'hiberner, d'autant qu'en dépit de ses efforts pour tricher, il s'est fait plumer aux cartes par son épouse (qui ne paie pourtant pas de mine)...
Car oui, maman ours, dans les dessins animés de Chuck Jones avec cette famille si particulière, est si souvent totalement effacée qu'elle ne servirait presque à rien... Et pourtant elle semble indispensable à cette étrange trilogie à peu près contemporaine de la création des aventures malencontreuses du coyote... Là où la série quasi avant-gardiste se concentre sur l'échec et rien que l'échec, ici, il est question de caractère....
...Et des secousses sismiques créées par la recontre inopinée entre la bêtise insondable, cataclysmique du fiston, et le côté colérique explosif et incontrôlable du papa... Un dessins animé donc relativement traditionnel, d'autant qu'à l'origine il se basait sur un conte. Mais... on est loin du conte.
Un renard n'arrive pas à dormir: un livre le renseigne sur la cause de son insomnie: il lui faut un oreiller fourré de plumes de canard. Le voilà partir pour une lutte sans merci pour récupérer le plumage d'un palmipède...
Le style d'Art Davis, l'un des réalisateurs qui s'est le moins illustré à la Warner lors des années les plus fastes, soit derrière Jones, Freleng et McKimson, est particulièrement atypoique: nerveux, énergique, et profondément fantasque. Privé de cet espèce de zèle dans le raisonnable qui tend à gangréner un peu l'évolution des courts métrages de l'époque, il règne ici une impression de liberté dans l'animation, et d'élasticité qui nous rappelle les meilleurs moments de Bob Clampett... Ce qui est un sacré compliment.
Et en prime, cette histoire raconte une lutte littéralement à mort entre un chasseur dont il est attendu qu'il soit impitoyable, et une proie qui a tout pour être facile. Ca ne vous rappelle rien? Il est probable que Chuck Jones et Michael Maltese ont beaucoup aimé ce film, qui accumule les tentatives malheureuses de l'un pour attraper l'autre...
Un chien est assigné à garder le poulailler où vit le coq Foghorn Leghorn. Celui-ci prend un malin plaisir à faire tourner son gardien en bourrique, et faisant s'échapper les poussins, alors qu'une fouine complètement décadente rôde...
Sans surprise: l'idée, pourquoi pas, tourne autour de la méchanceté gratuite et limite danegereuse d'un personnage... Mais d'une part le héros est insupportable, et en prime la pauvreté de l'animation, combinée à des idées mal foutues de McKimson finit par rejeter complètement tout plaisir de voir le film. La fouine est assez franchement dégoûtante et n'a rien d'esthétique...
Dommage, car ici le coq adopte le comportement d'un Bugs Bunny, nettement plus malin qu'à son habitude...
Une cigogne saoule transporte un chérubin... et justement, M. et Mme Sylvester n'ont pas de petit. Sauf que ce que l'oiseau leur apporte est...
Une souris.
Dans un premier temps, Sylvester se verrait bien manger le petit, mais il se ravise, car il a craqué pour son "fils". Mais les chats du voisinage, eux, entendent bien s'emparer de la proie...
C'est un film étrange, dans lequel une vision de la situation matrimoniale qui pourrait bien être celle de Freleng nous apparaît dans toute son horreur, une vision paternaliste, machiste, et assez vieillotte, pour ne pas dire réactionnaire. Mais le réalisateur a une longue histoire de s'identifeir, justement, à ses méchants dans lesquels il disait se représenter sans aucune pudeur: Yosemite Sam ou Sylvester notamment.
On est donc dans une auto-caricature assez poussée, où Monsieur dit être occupé alors qu'il dort toute la journée, madame est préoccupée par l'absence d'enfant alors que Monsieur s'en fout... Gonflée jusqu'à la vulgarité, la caricature est grinçante, et possède sans doute juste ce qu'il faut d'exagération pour être drôle.
Mais le plus drôle ici reste bien sûr la façon dont une armée de chats aux idées toutes plus saugrenues les unes que les autres va s'attacher à kidnapper une souris adoptive...
Et la fin, qui voit un renversement des rôles, est assez surprenante...
Un chat qui souhaite pêcher comprend (les poissons le lui ayant expliqué) qu'il ne pourra rien obtenir sans un appat; il cherche un ver, en trouve un... mais doit se battre pour l'avoir car il a de la compétition. L'insupportable coq sudiste Forghorn Leghorn a faim...
La faim, un ressort classique, qui reste intéressant y compris dans ce film plus que moyen. Habituellement, le coq est opposé à deux personnages de son environnement, le chat ici présent étant un personnage moins établi. Il est aussi assez repoussant, McKimson avait vraiment commencé à se laisser aller...
Le conflit repose sur l'absence totale de compréhension de ce qui se passe autour de lui, du personnage de Foghorn. Certes, on se moque de lui en le montrant engagé dans une loghorrée qui consiste essentiellement à se plaindre, avec idiomes du Kentucky, de l'incapacité à se taire d'un personnage qui lui n'arrive pas à en placer une... en soi ça peut être drôle. Mais ça ne l'est pas. Ce personnage récurrent, bien que très populaire aux Etats-Unis en raison de la connotation régionale (dans laquelle paraît-il McKimson a mis beaucoup de lui-même, et a constamment instruit Mel Blanc sur les expressions typiques et la prononciation), reste pour moi un poids lourd d'agacement...
Dans une petite maison (au mur, un canevas: home, sweet home...), deux animaux vivent en paix... L'un est un chien, un gros bouledogue (Mike), et l'autre un chat avec un souci de diction (Sylvester)... Mais il y a un troisième animal, aussi: une souris affamée. Et comme elle a senti qu'un fromage très appétissant se trouvait sur la table du salon, elle va user de stratagèmes pour se l'approprier.
Manipulation, bricolage (notamment un gros aimant, décidément un objet très usuel dans les courts métrages animés), elle va surtout tenter de ruiner l'amitié des deux bestioles en semant la division... C'est enlevé, très drôle, et comme souvent dans les dessins animés de Friz Freleng, il se plait à inverser les codes en faisant de la proie le méchant...
Tweety, poursuivi par Sylvester, lui-même poursuivi par un gros chien, Mike... C'est la scène qui ouvre le film, et les trois animaux provoquent un accident, hors champ bien entendu. On les retrouve donc à l'hôpital, où ils vont se remettre, pendant qu'une infirmière d'un certain âge tente d'empêcher les deux gros d'assumer leurs instincts respectifs...
C'est un film tardif, et on peut noter qu'on y crédite les deux stars (Tweety and Sylvester in...) au générique. Pourtant Tweety s'est affadi, et n'apas beaucoup le temps de se faire remarquer. Peut-être quelqu'un à la Warner s'était-il rendu compte que Clampett et Freleng, qui avaient créé le personnage, en avaient en fait fait un oiseau au comportement assez trouble, le vrai héros devant plutôt être Sylvester!
Sinon, un autre commentaire s'impose: dans un effort de diversification, la grand-mère très "fin XIXe" des films habituels est ici une infirmière, vaguement décalée, et qui a une mission impossible: empêcher le chien d'embêter le chat, le chat de chasser l'oiseau, et bien sûr le chat de faire des coups pendables au chien... C'est quand même rigolo, une fois qu'on a compris que Tweety n'est qu'un prétexte!
En 1959, Chuck Jones réalise pour la Warner des films à sa guise, et le studio a bien changé. En témoignent un certain nombre d'indices: d'une part les décors, particulièrement ceux des aventures désastreuses du Coyote (oui, vous n'imaginez quand même pas que le héros soit l'oiseau, quand même?) sont de plus en plus abstraits, et c'est frappant de voir à quel point Jones et Maurice Noble, responsable ds décors (et souvent crédité à la co-réalisation, un signe qui ne trompe pas) sont inventifs avec les paysages typiques de ce qu'on trouve en Arizona...
Et sinon, le film continue à rendre toujours plus austère la quête du vide du Coyote, condamné à chasser pour rien un oiseau qu'il n'attrapera jamais, et mangera encore moins, tout en étant, vaguement, un reflet de son époque: la vente par correspondance, par exemple, le hobby du bricolage, sont des passe-temps qui sentent bon les années 50, quand la vie s'est allégée... Et le jet, très présent dans ce film, est lui typique d'une tentation de la modernité un peu inutile, qui allait s'exprimer un peu partout (et notamment avec le jet-pack, dans Thunderball (Opération Tonnerre)!
Et donc, je viens, sans effort apparent, de comparer James Bond et le Coyote. Il fallait le faire.