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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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18 janvier 2016 1 18 /01 /janvier /2016 16:57

Continuant sa réappropriation du personnage de Bugs Bunny en tentant -et en réussissant d'ailleurs- d'élargir son univers au-delà de la sempiternelle anecdote de chasse avec Elmer Fudd, Freleng nous présente ici un film dans lequel la lutte entre caractères (Tous les films du réalisateur, que ce soit avec Speedy Gonzales, Daffy Duck ou Bugs Bunny, passent par là) s'effectue entre un lapin secouru par une vieille dame lors d'un soir de grand froid, et le chien qui appartient à la dame en question, jaloux de ses prérogatives, et de son petit coin de paradis au coin du feu; le reste coule de source, avec moult claquements de portes, et une lutte inégale entre un chien pas très futé, et le lapin le plus vicieux de toute la galaxie...

Des surprises nous attendent pourtant!

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Published by François Massarelli - dans Bugs Bunny Animation Looney Tunes
18 janvier 2016 1 18 /01 /janvier /2016 16:44

Le personnage de Bugs Bunny est totalement établi et intégré lorsque Freleng s'attaque à ce film. Le titre est sans équivoque, il s'agit d'une réappropriation du Petit Chaperon Rouge (Little red riding hood) de Perrault, dans lequel Bugs Bunny interprète en quelque sorte le rôle... de la galette! L'histoire va très vite bifurquer, bien sur, mais disons pour simplifier que la petite jeune fille, très irritante (Elle vocifère des répliques qui la posent tout de suite comme une personne l'intelligence très déduite, tout comme son vocabulaire) se rend chez sa mère-grand pour lui donner un lapin, mais on ne verra jamais la mère-grand en question! Par contre, un loup beaucoup plus gras et musclé que les playboys de Tex Avery va jouer un rôle crucial; d'une part selon la loi du genre, il connait bien sur le conte, mais il n'est pas le seul loup! et d'autre part, le film va vite tourner autour de la confrontation entre le lapin et le loup.

Le film est passionnant, superbe de bout en bout par le tempo choisi par Freleng, qui comme à son habitude laisse la musique s'installer entre nous et les personnages (Ah, ces personnages qui montent des escaliers au son de violoncelles pizzicato!) mais aussi par l'invention dont il témoigne... Et on se prend à comparer ici le style si distinctif du metteur en scène avec celui de Tex Avery, qui aimait tant ce genre de jeu de massacre autour des contes pour enfants. Impossible de se tromper, pourtant ce film est bien de Freleng, une preuve décidément que chaque metteur en scène des Merrie Melodies et des Looney tunes savait garder sa personnalité y compris en reprenant le territoire de ses collègues.

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Published by François Massarelli - dans Bugs Bunny Animation Looney Tunes
18 janvier 2016 1 18 /01 /janvier /2016 16:38

Avec ce petit film somme toute routinier, Freleng poursuit son appropriation du personnage de Bugs Bunny, confronté à l'obsédé de la chasse au lapin Elmer Fudd (D'ailleurs enfin stabilisé dans son apparence) en utilisant le prétexte facile mais fructueux de l'hypnose, qui permet ici plusieurs retournements de situation, le plus curieux étant qu'Elmer à un moment se retrouve lapin, et bien sur mâche carotte sur carotte en lançant des "What's up doc?" à la ronde. Une fois de plus avec Freleng, les gags restent assez terre-à-terre, sans que quoi que ce soit dans le film ne permette l'envol de ce petit film vers les hautes sphères du cartoon...

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Published by François Massarelli - dans Bugs Bunny Animation Looney Tunes
16 janvier 2016 6 16 /01 /janvier /2016 08:34

Perpétuant la tradition, née dans Wabbit Twouble (D'ailleurs cwédité à Wobewt Cwampett, awors que ce fiwm n'est pas signé de Fwiz Fweweng), d'associer jusque dans le titre la présence de Bunny et celle de son adversaire le chasseur Elmer Fudd à a diction si caractéristique, Friz Freleng se livre donc à ce qui aurait pu être un film assez routinier, mais devient éblouissant, dès que la spécificité de l'intrigue apparaît: ayant appris qu'il héritait à condition de ne jamis toucher à un poil du moindre petit innocent animal, Elmer rentre chez lui dans son opulente maison et va devoir subir l'agressive intrusion du lapin, qui a une mission: l'importuner au-delà du raisonnable... Bien mené, énergique, le film est même doté d'un surprenant gag travesti: en cherchant le lapin chez lui, Elmer entre dans une pièce qui a tout du vestiaire féminin, et y surprend Bugs Bunny en plein remaquillage, en sous-vêtements bleu ciel. Mais bon, on peut se poser la question de la pertinence pour le célibataire Elmer d'avoir une telle pièce chez lui... On notera quand même que le design des personnages n'est pas encore totalement établi, notamment celui d'Elmer Fudd qui contrairement à Tex Avery, mais de la même façon que Clampett, a représenté un Elmer Fudd victime de surpoids.

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Published by François Massarelli - dans Bugs Bunny Animation Looney Tunes
16 janvier 2016 6 16 /01 /janvier /2016 08:24

On connait le personnage de Hiawatha, le petit Indien qui chasse dans la forêt hostile pour rire, adapté d'un poème de H. W. Longfellow: il a fait l'objet d'un court métrage chez Disney, l'une des dernières Silly Symphonies. Il était sans doute inévitable qu'il fasse l'objet d'une Merrie melody, la série concurrente de la WB, mais a cerise sur le gâteau, c'est que le film permet d'y ajouter un adversaire de taille, en l'occurrence un lapin, rien moins que le tout récemment baptisé Bugs Bunny. Premier film de Bunny réalisé par Friz Freleng, on y voit un net ralentissement de l'action, poursuivant l'expérimentation entamée par Chuck Jones, et ici on est aux côtés du héros lorsque le petit chasseur arrive. Pour le reste, c'est bien sur une lutte inégale, comme d'habitude: Bugs Bunny ne peut pas perdre! Freleng excelle comme d'habitude avec la musique, le fait de rythmer les allées et venues des personnages reste son point fort, et les décors sont absolument superbes. Cela étant dit, on est devant un film moins caustique, plus enfantin que d'habitude... Et pourtant, sans gonfler le nombre des dessins animés censurés à jamais à 12, il est assez rarement diffusé à cause des stéréotypes raciaux qu'il véhicule. Un argument pas vraiment convaincant au vu d'un film bien gentil...

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Published by François Massarelli - dans Bugs Bunny Animation Looney Tunes
10 janvier 2016 7 10 /01 /janvier /2016 18:16

A wild hare (1940)

Après la création en quatre temps du personnage de lapin des Merrie Melodies et Looney tunes, le film sans doute le plus important pour terminer de cimenter tous les aspects du caractère de celui qui allait bientôt être nommé Bugs Bunny a été confié à Tex Avery; dans A wild hare, Bunny est aux prises avec Elmer Fudd qui est venu chasser le lapin... Et celui-ci le voit venir de loin, et va forcément, une carotte à la bouche, lui demander calmement... "What's up doc?" Le reste est de l'histoire, et ça marche tout seul... La voix de Mel Blanc sans accélération est là, avec un accent qui est un mélange de Brooklyn et du Bronx, et le personnage fonctionne tout seul, dans un partenariat qui sera la base d'un grand nombre de cartoons à venir. La seule addition notable du film suivant (Elmer's pet rabbit, de Chuck Jones, rare et indisponible en DVD) sera le nom lui-même.

Tortoise beats hare (1941)

C'est un Bugs très sur de lui qui s'introduit en douce sur le générique du film, et commente les noms des auteurs, puis s'offusque à l'annonce du titre... Avery avait déjà une idée très arrêtée du caractère de cochon du personnage, et si on s'étonne a posteriori un peu de voir Bugs Bunny se faire arnaquer par un autre, le côté matamore du personnage explique très bien l'idée de se laisser défier par... une tortue. Le concept sera réutilisé dans deux autres films, l'un par Clampett, l'autre par Freleng.

A heckling hare (1941)

Les historiens voudraient bien que ceci soit le dernier Bugs réalisé par Avery... Voir plus bas. Dans ce film qui est une suite de gags liés à la poursuite, Bugs a comme adversaire le chien idiot Willoughby, et c'est un plaisir de voir l'invention déployée par Avery et ses animateurs, notamment dans un concours de grimaces mémorable. Certains gags resserviront dès le Bugs suivant, celui dont on n'a à peine le droit de parler...

All this and rabbit stew

...Sans doute parce qu'il fait partie des Censored 11, les 11 Looney tunes et Merrie melodies interdits de diffusion pour présence de matériel controversé, le plus souvent des stéréotypes ethniques que nous qualifierons pudiquement de "passés de mode"... Remplacez Elmer par un jeune noir un peu lent, et vous aurez compris. L'une des variantes, c'est que Bugs triomphe de son opposant en jouant ses affaires aux dés...

Après ces quatre films, le film Crazy Cruise, fini par Clampett, nous montre une courte apparition de Bugs Bunny en 1942... Grace aux films des uns et des autres, Bunny est désormais une star, et Avery est à la MGM. Mais ses films auront beaucoup fait pour pousser les limites dans lesquelles le personnage évoluerait d'une part, et encore plus pour installer son personnage.

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Published by François Massarelli - dans Bugs Bunny Animation Looney Tunes Tex Avery
10 janvier 2016 7 10 /01 /janvier /2016 15:56

Quatrième apparition de ce lapin qu'on n'appelait pas encore Bugs Bunny, et à nouveau la raffinement du personnage est en marche. Mais ici, l'essentiel de l'apport fait par Chuck Jones est concentré dans le ralentissement de l'action... Elmer Fudd y figure dans sa première apparition sous une forme quasi définitive d'un bonhomme rebondi et lent, avec la fameuse voix d'Arthur Q. Bryan, et cette manie d'utiliser en permanence des mots qui regorgent de R et de L, les deux consonnes qu'il lui est impossible de prononcer correctement... Il ne chasse pas encore, mais il cherche à photographier des animaux dans le cadre idyllique d'une forêt clairsemée... Et bien sur il va rencontrer un lapin qui va mettre un point d'honneur à se payer sa fiole!

La voix de Bunny (Qui s'appelait encore pour le personnel du studio, pour ce film et le suivant A wild hare, "Happy rabbit") n'est pas encore fixée, et ressemble beaucoup à ce qu'elle était dans Hare-um scare-hum, avec une sorte de signature pre-Woody Woodpecker (Dont la voix allait bien sur être fournie par Mel Blanc, ceci explique sans doute cela...): une sorte d'accent bien rustique, mais accéléré, ce qui ajoute au côté délinquant juvénile du personnage... Pas encore totalement défini au niveau visuel, le lapin est au moins très proche de son futur caractère, et comme je le disais plus haut, Jones en ralentissant l'action nous permet d'apprécier le vrai caractère du personnage, son côté farceur, et laisse aux gags le temps d'avoir du sens... Tout y passe dans la confrontation entre Bunny et un adversaire décidément trop bête pour lui... Le film est de fait classique, et superbe sinon éblouissant...

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Published by François Massarelli - dans Bugs Bunny Animation Looney Tunes
10 janvier 2016 7 10 /01 /janvier /2016 10:47

Il y a toujours quelque chose de vaguement insatisfaisant avec les films de Hardaway et Dalton, qu'on les compare à leurs contemporains Freleng, Jones, Tashlin ou Avery, ou leurs successeurs Davis, Mc Kimson et Clampett. Le dessin rondouillard et malhabile renvoie plutôt à la préhistoire du dessin animé, et les intrigues sont surtout le prétexte à des collections de gags parfois drôles, mais dont l'accumulation ne débouche généralement pas contrairement à ce qui se passe chez Avery par exemple, dont le sens du chaos est justement célébré. C'est pourqui il est cocasse de constater que ces deux metteurs en scène vont être à l'origine de la pus brillante carrière d'un personnage de dessin animé... qu'en toute justice d'autres metteurs en scène bien sur sauront bien mieux utiliser...

La véritable petite graine, ce n'est pourtant pas ce film. La première apparition significative d'un lapin dans un court métrage WB a lieu dans Porky's hare hunt, en fin 1938. C'est un film (Looney tune) en noir et blanc, qui reprend la situation de base de Porky's duck hunt, de Tex Avery, avec un lapin fou au lieu d'un canard. Celui-ci en est plus ou moins un remake en couleurs (Merrie melody), avec un nouveau personnage anonyme en lieu et place de Porky Pig (Qui était à cette époque cantonné aux films en noir et blanc), qui préfigure le chasseur malheureux Elmer Fudd. Il lui est d'ailleurs donné une motivation: il se sent harcelé par le gouvernement et les impôts, donc pour ne rien devoir à personne il va chasser... Mais l'intérêt principal de ce film est d'apporter cette fois au lapin un design plus intéressant, avec ce mélange de gris et de blanc qui fera la distinction du futur Bugs Bunny. Pour le reste, il ne mâche pas une carotte, mais du céléri, et la voix de mel Blanc n'est pas encore en place. Et enfin, c'est un insaisissable, énervant rongeur sans grand intérêt, qui bien sur ne se laissera pas facilement attraper...

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Published by François Massarelli - dans Animation Bugs Bunny Looney Tunes
10 janvier 2016 7 10 /01 /janvier /2016 10:24

Bien que particulièrement anecdotique de prime abord il est intéressant de se pencher sur ce film de 1939, un court métrage de la série Merrie Melodies de la WB (Et non Loney tunes comme on le dit un peu trop souvent, il y avait bien deux séries de dessins animés distinctes à la Warner...), du à la direction de Chuck Jones, et qui met en scène deux "héros" qui ne feront pas long feu, les two curious puppies, soit "deux chiots curieux". D'une part, ces deux héros qui ne parlent pas, et sont confrontés à d'étranges phénomènes dans la maison d'un illusionniste, sont l'une des premières occurrences de la veine animalière pour les plus petits de Chuck Jones, un trait finalement paradoxal pour cet animateur spécialisé dans la peinture cynique des désastres les plus tragiques de l'âme, et de l'échec à son plus ridicule. Bref, comment accepter sans broncher que l'auteur immortel du coyote soi aussi celui qui a créé la gentille souris Sniffles, ou le mignon petit chat qui vit avec le gros chien tendre Marc Anthony?

Ensuite, le film pose une question, qui résonne aussi dans un certain nombre de dessins animés de court métrage Disney: comment se fait-il que le surnaturel ne passe pas facilement dans les cartoons? L'absurde, oui. Le surréalisme, totalement, en particulier dans les films de Tex Avery, dans les Felix ou dans un film comme Porky in Wackyland, de Bob Clampett... Mais le plus souvent, un personnage qui va débarquer dans un endroit et être confronté à des phénomènes inexplicables, doit au préalable être doté d'une raison solide afin de permettre au surnaturel de sonner juste! C'est ce qui ne fonctionne pas vraiment dans ce film: les deux chiens se réfugient dans une maison qui est celle d'un illusionniste, et sont confrontés au comportement hallucinant d'une créature, un lapin qui apparaît, disparaît, les terrifie, et semble n'avoir aucune réalité physique.

Quant à la troisième et dernière raison de se pencher sur ce film insatisfaisant, c'est sans doute parce qu'il est, justement, l'histoire de la rencontre avec un lapin! En 1938, Ben Hardaway avait tourné une variation sur Porky's duck hunt, de Tex Avery, avec un lapin fou furieux. C'est donc la deuxième fois que cet anonyme rongeur vient perturber des héros de cartoons de la WB, et comme dans le film précité, on est encore loin d'avoir une forme notable pour l'animal, mais en tout cas l'idée faisait son chemin, et n'allait pas tarder, en deux films (Hare-um, scare-hum, de Hardaway et Dalton, puis Elmer's candid camera, de Jones) à aboutir à la création d'un héros, un vrai, un gros. Donc pas de bugs ici, mais déjà un "Proto-Bunny"...

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Published by François Massarelli - dans Animation Bugs Bunny Looney Tunes
2 février 2014 7 02 /02 /février /2014 16:55

Il est probable que bien des personnages mythiques de dessin animé de court métrage ont ainsi commencé leur carrière: par une apparition dans un one-shot, soit un film à part. Il siffit de penser à One froggy evening du même Chuck Jones, ou pour quitter la Warner Bros, à Screwball Squirrel, inventé par Tex Avery pour les besoins d'une attaque virulente anti-Disney à la MGM. Marc Anthony, le gros chien, n'a pas fait bien sûr une carrière proche de celle d'un Bugs Bunny ou d'un Daffy Duck, loin s'en faut, mais son apparition dans trois Merrie melodies de la WB entre 1951 et 1953 a assuré au gros chien tendre et ami inconditionnel inattendu d'un tout petit chat, un culte durable...

 

Rapellons les trois intrigues des dessins animés, tous réalisés par Jones avec son équipe habituelle, et tous contemporains de quelques-uns des premiers films du Coyote: Dans Feed The Kitty (1951), le plus connu, le bouledogue Marc Anthony croise la route d'un minuscule chaton, commence par se comporter en chien vis-à-vis du petit, qui n'en a cure: il adopte tout de suite le gros animal, qui fond littéralement, et le rapporte chez lui; ça tombe mal, la patronne est justement en pétard dans la mesure ou le gros chien a tellement de jouets qu'elle n'en peut plus de ranger. Il va donc falloir dissimuler la présence du petit chat... Puis, dans Kiss Me Cat (1952), Marc Anthony entend ses patrons (Oui, ils ont adopté le petit chat, qui répond au patronyme de Little Pussyfoot) discuter de l'efficacité du chaton en matière de chasse aux souris. Craignant de voir le couple se débarrasser de son ami, le chien déploie des trésors d'ingéniosité pour élever sa réputation; enfin, dans Feline frame-Up (1953), Jones fait intervenir un autre animal parfois vu dans d'autres films, le chat Claude: Marc Anthony doit défendre le petit chat contre l'inventivité de l'autre félin en matière de méchanceté, tout en se défendant lui-même: son maître trouve en effet que le gros chien se comporte de façon indigne avec les deux chats, ce que Claude va très vite mettre à profit.

 

On est donc en territoire domestique, un domaine cher à Hanna et Barbera avec leur série fétiche Tom et Jerry; le succès de celle-ci explique sans doute le fait que la WB ait demandé à Jones de revenir de temps à autre à ce couple paradoxal d'animaux. Pour autant, on peut commencer par douter que le metteur en scène soit le créateur idéal pour ce type de dessin animé, ce qui expliquerait sans doute le fait que seuls trois courts métrages aient été réalisés: Jones avait besoin d'espace, de folie, pas vraiment de quotidien et de quiétude. Mais en trois dessins animés, il va se livrer à une observation, en axant toute la dynamique de ces films sur l'ingéniosité muette et le dialogue gestuel permanent de Marc Anthony, l'un des personnages les plus gentils (Un terme souvent gênant!) de toute l'histoire du dessin animé. Par ailleurs, Jones mise sur le contraste entre l'hyper-conscience de Marc Anthony, devenu le narrateur de ces histoires, et l'inconscience absolue du petit chat, due autant à la jeunesse qu'à l'insouciance, un état enfantin qu'il faut maintenir coûte que coute! Et le résultat est là: ces trois films, jamais mièvres, sont parmi les films les plus tendres faits à la Warner. Lorsque, dans Feed the kitty, Marc Anthony a caché le chaton dans la farine, et qu'il voit sa maîtresse se lancer dans la préparation de cookies, il ne sait bien sur pas que le petit a quitté sa cachette, et le film devient ensuite basé sur les réactions du chien devant l'horreur de ce qu'il imagine: il ne peut rien faire contre sa maîtresse qui utilise un robot mixeur pour la pâte à gâteaux, et s'imagine à la fin que le cookie qu'on lui donne est tout ce qu'il reste de son ami. Les réactions du chien sont drôles, inventives (Et seront d'ailleurs reprises dans Monsters Inc, de Pete Docter, en guise d'hommage appuyé), mais elles sont surtout sincères et déchirantes, au premier degré...

 

Il y a fort à parier que Jones, qui souhaitait toucher à tout, tout expérimenter, a accepté de se lancer dans l'entreprise avec gourmandise; on retrouve sa patte dans la gestuelle des trois films, et le rythme lui est propre. Qu'il n'y soit pas revenu longtemps ne nous étonnera pas: il était plus attiré par le fait d'explorer la noirceur dans la plupart de ses films, et il avait après tout déjà fort à faire avec ses propres séries, notamment le Coyote, ainsi qu'avec les nombreux films de Bugs Bunny, Daffy Duck, Pepe le Pew ou les all-stars qu'il tournait. Que le premier des trois films soit devenu un classique prouve au moins que l'alliance de la tendresse et de l'humour visuel décalé de Chuck Jones fonctionnait... Et ces films d'un autre âge insouciant fait de confort et de conformité, les années 50 aux Etats-Unis, n'ont pas vieilli, réussissant à provoquer le rire encore aujourd'hui. Qu'un metteur en scène touche-à-tout ait mis à profit des dessins animés plus volontiers destinés aux enfants pour se concentrer sur l'alliance amicale inattendue entre deux animaux qui ont habituellement tendance à se faire la guerre ne manque finalement pas de piquant, mais je ne me rendrai pas sur ce terrain, me contentant de dire qu'en ces temps ou la méfiance entre les communautés refait surface de manière alarmante, on peut toujours se réfugier auprès de Marc Anthony et Little Pussyfoot.

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Published by François Massarelli - dans Animation Looney Tunes Chuck Jones