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9 juillet 2021 5 09 /07 /juillet /2021 10:49

Mickey est une orpheline recueillie par un mineur, et elle vit en pleine nature dans l'Ouest... Elle fait la rencontre d'un beau jeune homme qui est venu repérer les lieux avant de travailler sur une mine. Mais la vie est trop compliquée pour son père adoptif, d'autant que la mine familiale ne rapporte rien, et il l'envoie dans l'est, retrouver sa famille: croyant qu'elle est une riche héritière, sa tante l'accueille, mais elle déchante bien vite. Heureusement, le beau jeune homme dont je parlais plus haut est un visiteur fréquent dans la maison des Drake...

On ne va pas aller chercher très loin: tout ça c'est du Griffith, et on pourrait même aller jusqu'à soupçonner l'influence directe de Way down east si le film n'avait pas été réalisé deux ans plus tard! Mais Griffith puisait directement à la source du mélo (et de Dickens), et chez Sennett on était encouragé à faire la même chose! D'ailleurs ce film est une étrangeté bien significative pour le petit studio de comédies débridées, puisqu'il nous montre une facette, sinon dramatique, en tout cas plus mélodramatique du cinéma. Un écrin intéressant pour la star Mabel Normand, qui a tout donné dans un film qui lui ressemble beaucoup... 

Un film qui n'a pas eu de succès, du reste, montré au public et boudé par les distributeurs, il a fallu un an avant qu'il ne soit montré, provoquant un raz de marée d'entrées! Entre-temps, il avait subi de sérieuses modifications, entraînant l'existence de deux montages différents, avec des séquences communes mais dont les plans sont souvent différents... un petit mystère qui montre bien à quel point dès qu'on sortait de la comédie dune ou deux bobines, chez Sennett, les choses se compliquaient...

Pas les intrigues par contre, ni la mise en scène: ici, on va droit au but, sans prendre de gants; Mickey, malgré son pedigree particulier (comédie, oui, mais sentimentale), c'est du Sennett 100% pur, non dilué. Ca va vite, sans sophistication extrême, mais avec bon goût: la photographie est souvent soignée. Plus en tout cas que la tenue de Mabel Normand, qui après avoir si souvent incarné les héroïnes sophistiquées dans des comédies ribaudes à souhait, interprète cette fois une sauvageonne brute de décoffrage dans un film plus ambitieux. Elle l'interprète avec énergie et gourmandise...

 

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Published by François Massarelli - dans Mabel Normand 1918 Muet Comédie **
14 avril 2021 3 14 /04 /avril /2021 09:30

Réalisé durant l'année 1926 et distribué en janvier 1927, ce court métrage de deux bobines est l'avant-dernier film d'une très grande dame: Mabel Normand. Après avoir été chez Sennett l'une des stars, l'une des premières d'ailleurs pour le cinéma tout court, elle avait été frappée par un déclin de plus en plus prononcé, en particulier dans la faveur du public. Elle a fait partie d'un certain nombre de "vieilles gloires" du cinéma qui vont être repêchées par les studios Roach, soit pour les aider, soit... parce qu'ils souhaitaient désespérément travailler à n'importe quel prix: Betty Blythe, Nita Naldi, Theda Bara, Creighton Hale et Priscilla Dean sont tous passées par là...

Normand interprète une jeune femme qui est recueillie par un automobiliste (Creighton Hale): il est cambrioleur, elle est voleuse, ils sont faits pour s'entendre! Ils montent donc une affaire "à la Tod Browning": comme dans The exquisite Thief, le film de ce dernier, ils s'introduisent dans des fêtes organisées dans le beau monde pour y subtiliser des bijoux et, manifestement, de l'argenterie.

J'ai toujours été intrigué par Creighton Hale... L'impression qu'il dégage est qu'on aurait facilement le sentiment qu'il n'a rien à faire sur l'écran, qu'il est l'erreur de casting ultime. Comme s'il ne savait pas jouer, réagir, faire rire, et comme s'il était utilisé précisément pour ces défauts: ce film au titre générique (le nombre de ces courts métrages Roach avec "should" dans le titre est assez impressionnant) n'enlève rien à cette impression. 

Pour Mabel Normand, c'est différent: d'une part elle a fait ses preuves, à la fois en incarnant des héroïnes délicates et sentimentales lâchées dans l'enfer de la comédie physique à la Sennett, et en réussissant à faire vivre ses héroïnes bien au-delà du cliché. Elle possédait un vrai timing, et la ressource mystérieuse d'un des visages les plus distinctifs qui soient... Ici, elle a 34 ans: le bel âge, certes, mais elle se remettait d'une tuberculose, et en prime elle s'adonnait à une toxicomanie galopante; ça se voit, quand même... Cela étant elle garde un talent corporel évident, qui est assez étonnant dans la mesure où elle joue sur la lenteur, et le décalage entre l'action et sa présence physique.

...Bref, elle fait quand même beaucoup penser à Harry Langdon.

Sinon, dans un film qui est loufoque à souhait, un peu répétitif mais bien construit, on verra aussi Eugene Palette, et une superstar en devenir: Oliver Hardy, rien que ça.

 

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Published by François Massarelli - dans Mabel Normand Laurel & Hardy Muet Comédie Leo McCarey
2 décembre 2018 7 02 /12 /décembre /2018 10:56

Lors d'une réception dans la bonne société, la maîtresse de maison (Alice Davenport) cherche sa fille (Mabel Normand)... et la trouve tendrement lovée dans les bras d'un jeune homme (Owen Moore) tout ce qu'il y de bien. Celui-ci vient de la demander en mariage: une cause de réjouissance, sauf que... une dame (on ne devait pas encore dire "Vamp" en 1915, mais ça n'allait pas tarder) intrigante et maquillée à outrance (Fontaine La Rue), en mal d'affection, a jeté son dévolu sur le même prétendant. Ca va donc, on s'en doute, chauffer...

Très peu de décors dans ce film qui une fois de plus recours à un minimum d'effets outranciers, et privilégie un comique de situation bien appuyé, à une quelconque tentation du grotesque. Même si, bien sûr, on a une apparition notable de Mack Swain en invité surprise à la dernière minute, avec son impressionnante moustache de morse! Les "invités" de la fête dansent beaucoup, et d'ailleurs Owen Moore et Mabel mouillent aussi la chemise, dans le film, qui joue à un moment sur un effet de montage : nous les voyons danser, dignes, mais le plan de leurs pieds qui suit contredit une certaine agitation... Et s'il y avait plus dans le mariage, que les simples regards tendres?

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Published by François Massarelli - dans Mack Sennett Mabel Normand Muet Comédie
2 décembre 2018 7 02 /12 /décembre /2018 10:43

Ils sont mariés, et c'est jour de lessive pour Mabel et Roscoe. Mais pas ensemble, car s'ils sont mariés, ce n'est pas l'un avec l'autre. Par contre ils sont voisins... Mabel doit supporter une grosse feignasse qui entend bien rester au lit à se plaindre en permanence (Harry McCoy) pendant que Roscoe est quotidiennement brutalisé par Alice Davenport, en registre vieille mégère acariâtre... Pourront-ils s'échapper et passer un peu de temps ensemble, pour de vrai?

La réponse est oui, mais. Car force doit rester à l'institution du mariage, bien sûr! Mais elle en prend pour son grade, l'institution du mariage. Elle ne sent pas très bon... Le film est signé de Roscoe, mais curieusement le ton général reste celui d'un film de Mabel: la situation est amenée avec une certaine délicatesse, dans une exposition bien rangée... Mais peu importe, dans la mesure où ces deux-là savaient travailler en collaboration et en toute intelligence. Et puis comme toujours dans leurs films communs, ils vont tellement bien ensemble, qu'on en vient à la maudire brièvement, la sacro-sainte institution du mariage!

 

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Published by François Massarelli - dans Roscoe Arbuckle Mack Sennett Muet Comédie Mabel Normand
2 décembre 2018 7 02 /12 /décembre /2018 10:31

"Blunder", c'est une gaffe, ou un quiproquo. Et ici, il est tout ce qu'il y a de simple: Mabel travaille en tant que secrétaire pour une firme, sous la supervision d'un jeune homme (Harry McCoy) qui l'a demandée en mariage. Leur union est encore secrète, mais le patron, son futur beau-père (Charles Bennett), a des vues sur elle aussi. Mais un jour, une jeune femme mystérieuse vient visiter les bureaux, et son intimité avec le fiancé de l'héroïne choque celle-ci. Avec la complicité de son frère, qui échange ses vêtements avec elle, Mabel les suit jusqu'à la petite réception de plein air improvisée par leur copain Billy Bronx (Charley Chase)... 

Comme souvent dans ses films, Mabel Normand évite soigneusement d'avoir recours à des maquillages outranciers et autres grosses moustaches, préférant laisser la comédie elle-même provoquer les rires. Elle expose la situation dans une succession de scènes situées dans deux pièces des bureaux de la firme ou ce petit monde travaille, et dans la deuxième bobine commence à étendre la situation.

Le film repose beaucoup sur le déguisement, mais pas encore d'une façon très raffinée, comme dans le long métrage contemporain de Sidney Drew A Florida Enchantment par exemple. Le principal moteur du film reste la jalousie maladive, celle qui fait faire des bêtises! Enfin, signalons que le frère de Mabel dans ce film serait Al St-John, ce qui est plausible, mais alors sans un gramme de maquillage, et... il y a quelque chose qui ne va pas: il est subtil.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Mabel Normand Mack Sennett Comédie
18 juin 2018 1 18 /06 /juin /2018 08:20

Très officiellement la première comédie burlesque de long métrage, premier long métrage aussi bien de Mack Sennett réalisateur que de son studio, le film possède une importance historique indéniable, et on peut ajouter par dessus qu'il s'agit aussi du premier long métrage de Charles Chaplin, même si l'implication de ce dernier est limitée.

Marie Dressler, actrice reconnue pour son travail au théâtre, est la véritable vedette de ce film (Adaptée d'une pièce à succès, Tillie's nightmare), et interprète donc Tillie Banks, une jeune femme franchement disgracieuse dont un coureur de dot (Chaplin, en costume pré-vagabond) essaie de faire sa prochaine victime: il a en effet constaté que son père avait un sacré bas de laine. Lorsqu'il apprend par la presse que Tillie est l'héritière de la fabuleuse fortune de son oncle milliardaire, qui a disparu lors d'une chute en montagne, le malfrat l'épouse. Son authentique petite amie, interprétée par Mabel Normand, n'a aucun mal à se faire engager comme soubrette pour y voir clair et récupérer son homme...

C'est gros et gras, et si j'ai parlé d'importance historique, cela ne va pas beaucoup plus loin. Sauf... que Chaplin vampirise l'écran, et n'a aucun mal à s'imposer avec la mise en scène basique de Sennett: il demande au chef-opérateur de poser la caméra, et doit vaguement demander aux acteurs de bouger. Beaucoup d'entre eux s'agitent, certains en font des tonnes, Chaplin, lui, vampirise l'écran; rien que sa première apparition est splendide: il est de dos, et contemple la ville comme s'il prenait une pause avant de fondre sur sa proie. Quelques gestes, et subrepticement, il se place en plein milieu du cadre, tout simplement. En ces mois de mai et juin, il n'en était qu'à tourner ses premiers courts, mais nous qui savons ce qui a suivi,; nous n'avons aucun mal à le reconnaître. heureusement qu'il est là, sinon, le reste du film est bien sur regardable, mais pas franchement extraordinaire. Et pourtant, c'est par ce film qu'est née la comédie de long métrage, pas par The kid comme on le lit parfois.

On remarquera qu'au-delà de l'attraction représentée par le film lui-même qui quoi qu'il en soit était un grand pas en avant pour Sennett, il a fait en sorte que tout le monde participe. On peut s'amuser à reconnaître ses acteurs, de Mack Swain à Chester Conklin, en passant par Minta Durfee, Al St-John ou Charles Parrott. Mais on ne verra ni Sennett, ni Arbuckle, qui ne jouent ni l'un ni l'autre.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie 1914 Mabel Normand Charles Chaplin *
17 juin 2018 7 17 /06 /juin /2018 10:42

Tout a une fin: avec ce film, Chaplin quitte la Keystone de Mack Sennett pour la compagnie Essanay, ou il avait enfin, et en étant mieux payé, la possibilité de faire ce qu'il voulait au lieu de faire ce qu'il pouvait. Le problème, il allait très vite s'en rendre compte, c'est qu'il fallait pour cela aller à Chicago, ou les conditions météorologiques n'étaient pas propices, mais n'anticipons pas.

Getting acquainted est, une énième fois, la bonne vieille formule "allons au parc, et tournons une histoire de marivaudage endiablé avec deux couples dont les maris sont de fieffés dragueurs". Chaplin et son rival Mack Swain sont mariés respectivement à Phillys Allen et Mabel Normand, et le lieu a déjà servi et resservira. Toutefois, on mesure à quel point la formule, aussi usée soit-elle, a été raffinée par Chaplin, qui a réussi à faire en sorte que la frénésie soit tempérée par un début de caractérisation, qui donne aux épouses un peu plus que le rôle de faire-valoir, qui donne au policier (Edgar Kennedy) un rôle beaucoup plus subtil d'arbitre, et qui structure justement le film autour du ballet des couples, de conciliabules entre les époux et les épouses, et pour finir qui évite comme le note justement Jeffrey Vance dans ses notes de se livrer au moindre jet de briques ou de tartes à la crème...

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Mabel Normand Charles Chaplin
5 juin 2018 2 05 /06 /juin /2018 11:29

Bien que signé par Mack Sennett, le film met en valeur, souvent séparément, les deux stars de la firme que sont Chaplin et Mabel Normand. De plus, ils sont très officiellement crédités du script de ce petit film, on peut raisonnablement le leur attribuer, sachant que c'est très éloigné du style de Sennett, comme pouvait l'être The knockout, et que la complicité entre les deux acteurs, pourtant rivaux, est évidente dans la scène finale. C'est une comédie conjugale qu'on peut considérer comme une certaine forme de parodie de court métrage à la Griffith, dont n'oublions pas que les films de la Keystone sont les héritiers directs.

Chaplin et Normand y sont un couple, aux prises avec un voyou, interprété par Mack Swain. Mabel reproche à son mari de ne pas la défendre contre les séducteurs, et lui lui reproche de se laisser faire. Une dispute plus tard, elle achète un mannequin pour faire croire qu'elle a un homme (Un vrai) chez elle, et lui va consciencieusement s'abimer dans une intense soûlographie, qui lui donne tant de courage, qu'il rentre chez lui et casse la figure au mannequin. Certes, on n'est pas dans Citizen Kane, mais on sent l'effort pour faire évoluer la comédie conjugale, et Chaplin, quant à lui, confère à ses segments un jeu de plus en plus subtil, non seulement de sa part, mais aussi de ses partenaires: Sennett n'aurait jamais permis à ses figurants d'être aussi bons...

A ce propos, dans la scène du café, l'un des jeunes voyous présents retrouvera Chaplin 17 ans plus tard, sur un ring: il s'agit de Hank Mann dont la scène qu'il jouera dans City Lights est un des très grands moments de la carrière de Chaplin.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Charles Chaplin Mabel Normand
5 juin 2018 2 05 /06 /juin /2018 11:25

Mack Sennett fait comme d'habitude: il investit un endroit public un jour de forte affluence, lâche ses comédiens au milieu, et leur demande d'improviser. Chaplin, Mabel Normand, Chester Conklin font ce qu'il peuvent, le film était destiné à être sans intérêt: c'est réussi. Mabel normand y incarne une jeune femme venue vendre des hot-dogs sur le site d'une course de voitures, et va se faire escroquer par un indélicat à moustaches.

On sent la présence du réalisateur, qui aboyait sas doute les instructions de jeu au gré de ses humeurs, à des comédiens qui font ce qu'ils peuvent, en présence d'un public qui cache à peine sa curiosité et sa joie de se trouver sur le lieu d'un tournage...

A noter, toutefois, le titre Français le plus crétin de l'histoire du cinéma, après l'immortel navet de Philippe Clair Rodriguez au pays des merguez: Charlot et les saucisses.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Mabel Normand Charles Chaplin
31 mai 2018 4 31 /05 /mai /2018 19:19

C'est amusant de constater qu'alors que Mack Sennett avait offert à Chaplin l'opportunité de réaliser afin de le dégager des jambes de Mabel Normand, qui ne l'aimait pas, ils se se soient retrouvés co-réalisateurs et co-vedettes de ce film: un garçon de café séduit une bourgeoise en se faisant passer pour l'ambassadeur du Groenland (!) mais va devoir affronter la déception de celle-ci lorsqu'elle vient dans son café pour s'encanailler.

Bon, certes, on est encore dans un territoire propice aux coups de pieds aux fesses, mais Chaplin continue à faire évoluer son personnage, déjà physiquement très proche de ce que nous allons bientôt savourer. De plus, la multiplicité des décors, l'enjeu, une situation écrite plutôt qu'improvisée, nous éloigne des mauvaises manies de la Keystone. Le cinéma est en marche!

On attribue officiellement ces deux bobines à la seule Mabel Normand, et c'est vrai que la partie romantique porte totalement sa griffe, essentiellement dégagée des obligations habituelles de la Keystone: les gags y sont liés à la situation, les caractères y sont moins caricaturaux, et il y a une vraie intrigue. Mais de la même manière, les scènes dans le cabaret sont du pur Chaplin, avec l'utilisation austère mais précise de deux décors dans lesquels Chaplin et ses collègues s'activent. Et le comédien, qui a semble-t-il décidé d'explorer toutes les ressources de cet art nouveau qui le fascine, s'amuse joliment avec les ruptures de ton, dans son jeu, lorsque pris par l'émotion d'une chanson qu'il entend, son personnage est pris de sanglots... Une scène du plus haut tragi-comique.

En deux bobines, cette collaboration qui n'a pas du être de tout repos s'avère une étape essentielle dans la carrière des deux comédiens-cinéastes.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Charles Chaplin Mabel Normand