Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
  • Contact

Recherche

Catégories

26 décembre 2023 2 26 /12 /décembre /2023 11:34

Deux jeunes femmes, à peu près du même âge, ont été confrontées dès leur plus jeune âge à des circonstances fort différentes: Stella Maris (Mary Pickford), élevée par sa famille richissime, est invalide mais très bien suivie, et maintenue depuis sa chambre dans une ignorance absolue de tout ce qui pourrait lui rappeler que le monde est cruel: par exemple, l'homme qu'elle aime, et qui le lui rend bien (Conway Tearle), est marié à une femme de mauvaise vie (Maria Manon), comme on dit: alcoolique et cynique, violente et menteuse... De son côté, Unity Blake (Mary Pickford) a vécu toute sa jeunesse dans un orphelinat, donc quand une femme vient l'adopter, à tout prendre, après tout pourquoi pas. Sauf que cette femme est justement l'épouse du journaliste John Risca, l'amoureux platonique de Stella Maris, et si elle l'adopte, c'est pour l'exploiter... Par des chemins inattendus, les deux personnages vont se croiser et se rencontrer...

Je vous arrête de suite: si la dimension mélodramatique du film est parfois assez évidente, il ne s'agira pas ici, ni de récit d'une paire de jumelles séparées à la naissance par des secrets compliqués et délirants, ni d'une histoire dans laquelle les deux femmes vont devenir les meilleures amies et vivre dans la soie jusqu'à la fin de leurs jours. On peut argumenter du statut de la fin comme étant heureuse, pendant des jours, il n'en reste pas moins que c'est quand même assez poignant...

Le nombre de films produits par Mary Pickford qui "sortaient de son style habituel" est tellement important (Fanchon the cricket, A romance of the redwoods, Tess of the storm country, Rosita, Little Annie Rooney, Sparrows, My best girl...) qu'on en finirait presque par se denmander si on ne serait pas victime d'un cliché persistant: car l'actrice, ici, a soigné particulièrement le rôle de l'orpheline Unity Blake, jouant sans le moindre maquillage (et devenant de fait quasiment méconnaissable, un truc qu'utilisera Marion Davies dans plus d'un film) et se livrant à une variation troublante sur ses "pauvres petites filles riches... En fait une très pauvre petite fille pauvre! et le film adopte souvent son point de vue, montrant Stella Maris comme l'idéal absolu de vie pour la petite Unity qui pas un instant, ne s'imagine vraiment qu'elle pourra avoir une telle existence. Le film est donc très noir, je le disais plus haut.

Et Neilan a été encouragé par les circonstances (la nécessité de truquer certaines scènes, et de proposer parfois deux Mary Pickford dans les mêmes scènes) à soigner particulièrement sa mise en scène et ses images. Et c'est un festival de beautés cinématographiques, de clair-obscurs, d'utilisation savante de l'ombre et de la lumière... C'est une merveille, l'un des plus grands films de ses auteurs... Mary Pickford, Frances Marion la scénariste, et bien sûr le trop oublié Marshall "Mickey" Neilan.

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Marshall Neilan Mary Pickford Muet 1918 **
19 août 2019 1 19 /08 /août /2019 16:46

Ceci est le sixième et dernier de ceux réalisés par Neilan pour le compte de Mary Pickford, et il est aussi la première production personnelle de l'actrice, distribué comme les deux suivants par First National avant que Pickford ne fasse distribuer ses longs métrages par United Artists. Il est évident que le film est conçu dès le départ comme une oeuvre très importante, et aussi bien la star que le metteur en scène vont s'y déchaîner...

Jerusha "Judy" Abbott ne s'appelle ainsi que parce qu'il fallait bien lui trouver un nom. Elle est une enfant trouvée, placée dans l'orphelinat de John Grier, un bienfaiteur qui comme tous les bienfaiteurs, se lave un peu les mains des conditions dans lesquelles les enfants dont il finance l'éducation, sont pris en charge: l'orphelinat est un enfer, où la fantaisie et l'inventivité de la petite Judy (Mary Pickford) entrent en conflit avec l'autorité discutable des gérants du lieu... Mais quand elle approche des dix-huit ans, une des âmes charitables qui ont investi dans l'asile réussit à décider un mécène de financer des études pour elle, car elle la trouve brillante... Judy se trouve donc confrontée au grand monde, mais aussi... à l'amour: entre le jeune play-boy un peu immature, Jimmy McBride (Marshall Neilan) et le séduisant mais un peu plus âgé Jarvis Pendleton (Mahlon Hamilton), quel sera l'heureux élu? Et Judy réussira-t-elle à aller au-delà de sa condition d'orpheline pour se marier? Et surtout, qui est 'Daddy-Long-legs', comme elle a surnommé le mystérieux bienfaiteur qui semble refuser de la rencontrer mais la soutient dans ses études?

Ces questions, bien sûr, trouveront toutes des réponses dans ce très joli film, où Pickford a tout fait pour qu'on s'y trouve autant dans une atmosphère de comédie, qu'une intrigue mélodramatique. L'actrice a en effet fait le pari de jouer toutes les scènes de la première moitié comme une enfant, faisant passer la dureté (châtiments corporels, menaces lourdes de conséquences sur les enfants, et même la mort d'un petit dans les bras de la jeune fille) derrière l'énergie phénoménale de la star.

Et cette extravagance qui semble profiter de l'indépendance de la jeune actrice, paie en permanence. On comprend pourquoi elle a confié la mise en scène à Neilan, avec lequel elle s'était si bien entendue pour cinq films consécutifs à a compagnie Artcraft, et qui tranchait sur les autres réalisateurs: Tourneur et DeMille étaient sans doute moins enclins à l'écouter, alors que le style visuel et le type de direction de Neilan s'adaptent totalement à l'univers que cherche à créer l'actrice: dès le départ, le choix de prendre son temps dans une série de vignettes qui installent les deux mondes (les privilégiés et les malchanceux), puis la façon dont la mise en scène se met en permanence au diapason du personnage de Judy, donnent au final un film absolument formidable.

...Et l'un des rares où Pickford peut se voir vraiment évoluer, en passant de l'enfance espiègle, à l'âge adulte, en changeant son personnage avec subtilité de séquence en séquence. Elle s'y révèle, décidément, une actrice exceptionnelle. Elle reviendra, pour un film nettement moins enjoué, à ce type de personnage de "grande soeur" des orphelins, avec l'admirable Sparrows de William Beaudine, tourné en 1926.

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans 1919 Muet Mary Pickford Marshall Neilan Comédie *
29 juillet 2019 1 29 /07 /juillet /2019 11:14

Amarilly Jenkins (Mary Pickford) vit de ce que d'aucuns considèrent comme le mauvais côté de San Francisco, avec sa famille Irlandaise: elle a quatre frères, ceux qui sont adultes sont devenus policiers, et ceux qui ne le sont pas encore sont plus ou moins des voyous... La mère (Kate Price) est une fière lavandière, fille de lavandière et si Amarilly veut bien suivre la lignée, mère de lavandière. Une famille simple, saine, qui vit sa petite vie tranquille loin des soucis, et en plus Amarilly a un petit ami, le barman Terry (William Scott). Jusqu'au jour où, à l faveur d'une bagarre qui a éclaté alors qu'il s'encanaillait, Amarilly ramène à la maison le beau dandy Gordon Philips (Norman Kerry), un oisif qui est doté d'une famille qui est tout le contraire de celle d'Amarilly. A partir du moment où la jeune femme est entrée dans la vie de Gordon et de sa riche famille, ceux-ci se mettent en tête de l'élever socialement et humainement, si possible...

Marshall Neilan et Mary Pickford, avec ce scénario insubmersible de Frances Marion, visent la comédie tout de suite, et ils ont raison!: l'énergie déployée par tous les acteurs, Pickford en tête, pour mettre en valeur les qualités humaines et la vie profondément enthousiaste des Jenkins, ne peuvent aller que dans ce sens. Du coup le film se joue de coups de théâtre qui en d'autres circonstances auraient pu tourner au drame, et la rencontre entre les Jenkins et la richesse va devenir, pour la famille Irlandaise, juste une expérience burlesque. Dans le contexte cinématographique éminemment édifiant de la fin des années, c'est une excellente idée, et c'est assez novateur.

Le film, durant vingt minutes, nous promène d'ailleurs dune famille à l'autre avec un montage parallèle discret, nous permettant d'avoir fait notre choix au moment où Norman Kerry et Mary Pickford se rejoignent. Le choix de l'acteur est excellent, car il n'a pas son pareil pour jouer à la fois une fripouille et un type sympathique... Et il extrêmement crédible en fêtard. La bonne humeur générale, la vivacité de la production, l'abattage de Pickford, rien n'est raté dans ce joli film, l'un des derniers de l'actrice pour Artcraft avant la création de sa compagnie.

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans 1918 Marshall Neilan Muet Comédie Mary Pickford *