1657: depuis 8 ans (et pour trois années encore) l'Angleterre est une république, sous la direction d'Oliver Cromwell, qui a imposé au pays, contre les excès de l'église, la doctrine puritaine. La guerre a été fratricide, et un ancien officier de Cromwell goute une retraite bien méritée: John Lye (Charles Dance) est le plus puritain des hommes. Son épouse Fanny (Maxine Peake) lui a donné un fils, qui n'a absolument aucun droit à l'amusement; et à la moindre erreur, le soldat rigoureux bat son fils ou son épouse...
Ce matin-là, deux personnes nues comme des vers profitent de l'absence de la famille Lye pour s'installer dans leur grange; il fait froid, ils ont faim, et comme ils sont nus il leur faut des vêtements... Thomas Ashbury (Freddie Fox) et Rebecca Henshaw (Tanya Reynolds) se présentent comme un couple marié, et pour amadouer leurs hôtes qui ne tardent pas à revenir, ils prétendent être de la même obédience qu'eux. Alors que pas du tout, comme on ne va pas tarder à l'apprendre...
C'est une fable, et pas des plus simples, ni des plus enfantines... Car ce qui arrive chez ces fanatiques pro-Cromwell, et surtout chez un homme étouffant par ses principes même, ce sont d'autres fanatiques. Des membres d'une secte qui se sont érigés le droit de contester toute direction, et en particulier celles de la Bible. Ils sont aussi convaincus de la nécessité de commettre l'acte de chair le plus souvent possible et si possible en public... Bref: les Lye ont trouvé leur exact opposé...
C'est vrai, il y a eu à cette époque une explosion des obédiences religieuses les plus extrêmes, mais il faut quand même le dire, le puritanisme tel que Cromwell le préconisait était déjà à lui tout seul un cas d'école. C'est ça le fond de ce film si provocateur, qui oppose à l'affreux John Lye deux personnes qui lui sont tellement opposés qu'il ne peut y avoir qu'explosion: de haine, mais aussi de violence. Et ça se terminera dans le sang. Bizarrement, ce sera à cause de tierces personnes...
Pourtant le titre nous renvoie à un autre personnage que les deux fanatiques Thomas et John. Fanny est pourtant en apparence la personne la plus effacée de ce conte cruel... Eh bien sous la narration d'ailleurs très effective de Rebecca, qui va sympathiser avec elle de façon imprévue durant le déroulement de l'intrigue, on comprend qu'en réalité cette expérience qui tourne au cauchemar, agira aussi en qualité d'épiphanie pour elle...
Et sous le rigorisme religieux, le film nous montre aussi la façon dont les femmes sont systématiquement maltraitées par la religion, par leurs maris, par la société et jusque dans les hautes sphères politiques. Dans ce film provocateur, sardonique et rudement bien interprété, elles prennent une revanche à la profonde ironie, mordante et noire... Les acteurs sont géniaux, et la mention spéciale va à l'impressionnante Tanya Reynolds. Elle ira loin...
Jean de Rovéra, obscur littérateur, avait reçu la redoutable mission de documenter les Jeux Olympiques de 1924 à Paris pour les salles de cinéma. Il a donc produit / réalisé deux films, un moyen métrage consacré à Chamonix et aux premières Olympiades d'hiver, et un très long métrage (3h) consacré aux jeux de Paris...
Ce court métrage de huit minutes, complète le paquet, en quelque sorte, et propose une vision de ce qu'étaient les jeux à l'époque de l'antiquité dans l'esprit de 1924. C'est très décoratif, avec des athlètes à demi-nus, qui miment comme autant de statues vivantes, les épreuves des jeux antiques. Un seul décrochage dans ce qui est un très anecdotique exercice plastique: le visage inspiré d'une jeune femme, probablement émue par tout ce muscle?
Avanti, ou l'art de rebondir d'une façon inattendue. L'échec public de The private life of Sherlock Holmes avait de quoi rendre bougon, et le tour de cochon joué à Wilder par ses producteurs aurait pu le terrasser de façon durable, mais deux ans après cette douloureuse expérience, voici un film drôle, sentimental, impertinent, et léger, en dépit de sa longueur. Situé entre la gravité du précédent, et la frénésie du suivant (The front page, 1974), c'est une halte bienvenue...
"Permesso?" Cette demande à la fois polie et obligée, c'est bien sur ce que dans un hôtel le personnel demande au client afin de savoir s'il a ou non le droit d'entrer. "Avanti!": voilà la réponse à donner, et voilà donc ce que nous dit Wilder, et de fait le rythme du film est au début du moins, apparemment rapide: Avanti! Wendell Armbruster Jr (Jack Lemmon) a un avion à attraper, et le voilà, sur l'écran, qui quitte le jet privé de la compagnie qui porte le nom de son père. On le distingue bien, même à distance: il porte un gilet rouge par dessus une tenue de golf. Il prend donc l'avion, avec si peu de bagages, et trouve un homme avec lequel échanger ses vêtements. On apprendra, à la douane Italienne, qu'il est venu en quatrième vitesse, parce qu'il a eu une mauvaise nouvelle. On apprend, en même temps, que le monsieur est un type pressé, manquant totalement d'humour, et assez franchement désagréable, ce que les fonctionnaires Italiens commencent gentiment à lui faire payer dès l'aéroport. Il doit donc se rendre à Ischia, dans la baie de Naples, ou son père qui prenait ses vacances annuelles a eu un accident de voiture, et est décédé. Comme il va devenir sous peu le remplaçant de son père, et que la situation de l'entreprise n'est pas brillante, il faut faire vite.
Seulement Wendell Armbruster Jr n'est pas seul: dans le même train, dans le même bateau, et bientôt dans le même hôtel, une jeune Anglaise, Pamela Piggott (Juliet Mills) semble le suivre. Armbruster apprend la raison: son père n'était pas seul dans l'accident, il y avait aussi une femme, Katherine, la mère de Pamela. Par ailleurs, Armbruster apprend que les deux tourtereaux en étaient à leur dixième période de vacances ensemble...
A coté de la rencontre entre miss Piggott, l'Anglaise complexée et minée par son obsession du surpoids, et Wendell Armbruster, l'homme pressé et conservateur qui n'a jamais pris le temps d'apprécier la vie, on fera la connaissance aussi de Signor Carlucci (Clive Revill), un gérant de l'hôtel particulièrement arrangeant pour les enfants de ceux qu'il considérait comme ses amis; on verra aussi Bruno, maitre d'hôtel et maître chanteur, qui possède un certain nombre de photos compromettantes, ainsi qu'une maitresse encombrante; sinon, il y aura la famille Trotta, Napolitaine pur jus, qui a une vision de la vie qui implique l'abduction éventuelle des êtres chers, en échange de rétribution, et tout ce petit monde est mené au pas de charge dans une intrigue sans temps mort, du moins le croit-on tant que Wendell Armbruster, éternel homme pressé, tient la barre. Seulement, de la découverte de la double vie de son père, à la désagréable habitude des habitants de la région de prendre leur temps, en passant par les désirs de Miss Piggott, qui vont à l'encontre des siens en ce qui concerne les arrangements funéraires, Armbruster voit vite que la partie est loin d'être à son avantage... En dépit donc de son obsession d'imposer son rythme personnel à tout ce qui passe autour de lui, Armbruster va finalement, comme Miss Piggott, se laisser aller, et succomber au charme de l'endroit, comme l'avaient fait avant eux leurs parents...
Golfeur au début du film, un homme comme Wendell ne pouvait faire que ce sport de riches. Le vêtement en est d'ailleurs aussi codé que ridicule en toute autres circonstances, ce qui permet aux premières scènes de charger le pauvre Lemmon de tout un poids satirique: voilà bien un Américain de la bonne société; comme il s'appelle Armbruster, on sent l'homme habitué à diriger: son nom est doté d'un suffixe (-er) qui l'identifie comme un actif. De fait, il se comporte au début en véritable dictateur, ou comme une armée en conquête. Le seul autre Américain vivant du film, le diplomate-barbouze qui vient en hélicoptère pour chercher le corps paternel, se comporte de façon encore pire: il passe son temps à pester contre les Italiens, qu'il appelle "Foreigners", soit étrangers, assure que c'était mieux sous Mussolini, et n'a aucune ouverture d'esprit. On juge d'autant mieux la transformation du personnage principal...
Miss Piggott, quant à elle, est affublée d'un nom qui la condamnait en effet à cultiver des complexes, et les allusions à son poids sont nombreuses; mais au moins, elle vient préparée: c'est elle, dans le bateau, qui rappelle à un Armbruster indifférent qu'en Italien, le simple fait de demander du savon, revient à chanter un opéra... Elle succombera d'autant plus vite à la magie des lieux. D'autant que contrairement à Wendell, elle savait ce qui se passait tous les étés.A ce sujet, Roger Ebert à la sortie du film se plaignait que le personnage de Lemmon mette si longtemps à comprendre la nature des vacances de son père, et estimait que ça mettait le personnage en porte-à-faux vis-à-vis du public; il me semble que c'est justement le but de Wilder.
Cette délicieuse comédie qui se laisse vite porter par le rythme particulier du lieu, et ralentit considérablement sur la dernière heure, a bénéficié de la permissivité du début des années 70, ce qui apparaît dans un certain nombre de scènes. La première est un gag splendide, entièrement visuel, qui repose sur le fait qu'Armbruster doit se changer une fois dans l'avion. Il trouve un homme auquel proposer un échange de vêtements, et ils vont tous les deux dans les toilettes. Pas un mot n'est prononcé, mais la réaction de tout le monde dans l'avion est hilarante. Sinon la fameuse scène de la baignade, durant laquelle les deux acteurs sont totalement nus, à l'exception des chaussettes noires de Lemmon, est justement célèbre; certains commentateurs du film se plaignent de ces scènes de nudité pour leur manque d'érotisme! C'est vrai qu'à notre époque de silhouettes calibrées, ces scènes détonnent. Tant mieux: de fait, les acteurs, aussi peu habitués à se déshabiller que leurs personnages, révèlent une peau peu habituée à être si exposée. Il me semble que cette franchise sert plutôt bien le film... Sinon, on est définitivement dans le monde magique des comédies de Wilder, avec ses personnages de conte de fée, son Carlucci-bonne fée, qui arrange tout en avance. C'est la deuxième fois que Clive Revill joue pour Wilder; la fois précédente, c'était pour incarner un Russe (dans The Private life of Sherlock Holmes), ici, c'est avec l'accent Italien que le maitre de cérémonies arrange tout, à la façon dont "Moustache" tirait quelques ficelles dans Irma la douce. les dialogues, toujours aussi riches, nous gratifient des passages obligés de tout film de Wilder qui se respecte: on a droit aux sous-entendus, à des allusions vachardes à la culture de l'époque (Lemmon, en particulier, dont le personnage cherche à se montrer au goût du jour, mais montre surtout qu'il est à coté de la plaque, lorsqu'il fait l'éloge de la libération des moeurs, tant qu'elle n'est pas entachée d'amour. Mais Miss Piggott nous montre une photo assez ridicule de son ex-fiancé Bertram, guitariste dans un groupe de rock progressif... ).
La bonne chère, la musique Napolitaine, la douceur de la Méditerrannée, le charme de Miss Piggott... tout comme Pamela qui "devient sa mère" en jouant la manucure de l'hôtel lorsqu'il faut dissimuler à un visiteur intempestif la nature de leur relation, Wendell Armbruster Junior "devient" enfin son père. Si on en revient à l'importance du dernier mot dans un film de Wilder, on constatera que la dernière chose importante ici, c'est Lemmon qui la dit: "Miss Piggott, si vous perdez ne serait-ce qu'un gramme, c'est fini entre nous", lui dit-il avant de partir. Lui qui lui disait, lorsqu'elle mentionnait ses kilos en trop lors de leur premier échange: "Oui, j'ai remarqué.". Lui qui l'a appelé d'un terme insultant qui faisait allusion à l'imposante taille de son arrière-train, d'ailleurs surestimée à mon avis. Bref, de butor, goujat, détestable personnage, il se laisse enfin aller et devient un brave homme, nous permettant au bout de deux heures et vingt minutes de l'aimer. Si The private life of Sherlock Holmes était à bien des égards un testament noir pour Wilder et Diamond, Avanti! et sa célébration de l'amour simple, son plaidoyer pour ralentir et prendre le temps, ressemble à une résurrection. Les deux films n'ont peut-être pas la même importance par rapport à la carrière de leur auteur, mais celui-ci nous permet de nous laisser aller complètement. Et il offre le temps de 2 heures et 18 minutes de cinéma, un échappatoire en formes de vacances accélérées dans une Italie de rêve...
Alors là, c'est TRES compliqué... A l'origine de ce film, il y avait un projet pharaonique, probablement inspiré de l'actualité cinématographique des années 70: Anatole Dauman, producteur exigeant et réputé de cinéma d'auteurs, avait produit pour un des plus grands cinéastes Japonais un film aussi explicite que miraculeux, qu'il sur-vendait parfois comme un film pornographique (L'empire des sens, de Nagisa Oshima). Ce qu'il n'était pas. A l'inverse, Bob Guccione, patron d'un empire porté sur la fesse, à savoir le magazine Penthouse, a donc décidé de le faire à son tour...
En brouillant les pistes, d'une part: son film allait raconter la Rome Antique, et tant qu'à faire cette partie de l'histoire qu'on connait moins, à savoir l'époque de Caligula César, héritier de son grand-père Tibère qui lui-même avait récupéré le pouvoir après Auguste, l'héritier direct de Jules! POur le scénario, Guccione a eu l'étrange idée de faire appel à Gore Vidal, donnant ainsi une connotation sophistiquée à son projet. Mais en confiant la mise en scène à Tinto Brass, réalisateur auto-proclamé obsédé sexuel, qui déjà à l'époque réalisait des films d'une confondante vulgarité avec une obsession particulière pour les popotins, il montrait comme une certaine tendance au grand écart! Grand écart encore, aux côtés de grands acteurs Britanniques comme Peter O'Toole, Helen Mirren, John Gielgud et bien entendu Malcolm McDowell, le film montre des acteurs venus d'autre horizons: Teresa Ann Savoy tournait à l'époque des films érotiques... Et le producteur-impresario est venu avec ses "Penthouse Pets", des mannequins pas souvent frileuses...
Le projet était délirant, et avait trop de capitaines. Vidal est parti en claquant vertement la porte en apprenant que Brass refusait de lire son script. Guccione remplaçait en douce des scènes du film derrière le dos de tout le monde en tournant des scènes porno et en les insérant sans ménagement ni logique. Et Brass afini par être viré pour s'en être plaint!
Les acteurs (les vrais, désolé pour cette vision des choses, mais quand on compare le jeu de Mirren et celui de Savoy on voit bien qu'un métier, ça s'apprend) ont gardé un souvenir vivace d'un tournage, disons, coloré. Mon anecdote préférée reste la réaction de Gielgud qui confessait à la fin de sa vie, lui qui fut longtemps un gay militant dans le milieu du théâtre et du cinéma, quand c'était encore plus difficile que maintenant, qu'il "n'avait jamais vu autant de bites de sa vie"... Le terme est une traduction fidèle du sien...
Ce film raconte, suivant les versions, l'accession (violente) au pouvoir de Caligula, fils adoptif de Germanicus, lui-même fils décédé de l'empereur Tibère. Epris de sa soeur mais marié à une prêtresse libertine, Caligula a lentement laissé le pouvoir le rendre plus fou et tyrannique que jamais. Entretemps, il aura participé avec allégresse à la décadence totale de l'empire Romain...
Il y a si je ne me trompe pas cinq versions: la version originale, dite "uncut", voulue par Bob Guccione, et "volée" à Tinto Brass. Guccione y a inséré une dizaine de minutes de sexe très explicite. La version originale recoupée pour l'export dans les pays Anglo-saxons, qui culmine à moins de deux heures, et qui élimine une bonne part des scènes les plus problématiques. Pas toutes, sinon il n'en resterait rien! Une version internationale, aussi longue que l'uncut, mais privée de ses scènes porno, remplacées par des séquences alternatives. Une version alternative Italienne (Io, Caligola) a été montée à partir de chutes (le film a été tourné avec un nombre excessif de scènes, autant que de prises) en 1983. Enfin, la nouvelle version, présentée à Cannes en 2023, est supposée donner à voir une vision proche de ce qu'une collaboration éventuelle entre Vidal et Brass aurait pu donner si le metteur en scène avait suivi les plans de son prestigieux scénariste, et le tout sans une seule des scènes pornographiques (elles sont essentiellement regroupées sur deux séquences, en réalité) voulues par Guccione. C'est Caligula, the ultimate cut, confectionné à partir de chutes, là encore, propose un montage beaucoup plus cohérent. Cette version est due à Thomas Negovan, un fan du film qui entendait restaurer la vision originale du film.
Au final, ce film est surtout notable pour ses excès, ses ratés, son baroque, ses horreurs, et pas vraiment pour ses leçons d'histoire. Il semble concentrer à lui tout seul, les possibilités les plus folles de la rencontre entre le cinéma d'auteur (quoique... Tinto Brass?), l'Histoire, et l'esprit Penthouse, soit des filles dans le plus simple appareil. Un résultat plus que vulgaire, c'est le moins qu'on puisse dire. Mais un mélange détonnant qui était dans l'air: comme on dit souvent, "ça, après tout, on ne l'a pas essayé". Ce qui ne veut pas ire que ce puisse être une bonne idée pour autant, la preuve!
Un magazine lance un projet de concours, celui de l'organisation du mariage le plus original. Trois couples sont choisis: Isabel (Meredith MacNeill) et Josef (Stephen Mangan) sont deux joueurs de tennis, hyper-compétitifs et stressés; Sam (Jessica Stevenson) et Matt (Martin Freeman), deux romantiques, et enfin Joanna (Olivia Colman) et Michael (Bobert Webb) sont des naturistes militants (surtout Michael)... Avec l'aide d'un couple d'organisateurs de mariages (Vincent Franklin, Jason Watkins), la compétition commence sous l'oeil des caméras.
Oui, car en 2006, on était encore sous le choc de la téléréalité, et c'était encore considéré comme un geste de bravoure d'essayer de parodier la chose. Aujourd'hui c'est devenu une norme, donc cet aspect ne fonctionne plus du tout. Sans surprises, finalement: les gens s'engueulent, se rabibochent; la production s'écharpe devant les choix imposés par les candidats, et les naturistes passent leur temps à poil. ...et pas une seule fois, pas une seule, ça n'est drôle. C'est affligeant...
C'est le début de l'année au lycée John Hughes, en Californie du Sud: les lycéens arrivent et développent leurs stratégies pour l'année... Priscilla, cheerleader, se sépare de son petit ami pour se laisser séduire par un type très bizarre; Janey, qui a des lunettes, est donc officiellement moche, et comme elle aime les arts, elle est officiellement bizarre aussi... Mais étant secrètement belle (elle peut très bien enlever ses lunettes), elle va faire l'objet d'un étrange pari entre deux garçons; les garçons se divisent en deux catégories: les losers d'un côté, et les néandertaliens: riches, sportifs, avec un QI d'huître... Enfin les juniors vont tout faire pour perdre leur virginité...
C'est une parodie. Je le dis, des fois que... Mais il faudrait avoir le QI d'un Jock moyen pour ne pas s'en rendre compte, puisque le film le signale tout le temps... C'est son pire défaut d'ailleurs: si je trouve très saine la capacité qu'a le cinéma américain à se moquer de lui-même (voir à ce sujet les films des Zucker et Abraham), le fait est qu'il semble interdit de le faire en soignant sa copie... j'ai horreur de mettre en avant "notre" cinématographie nationale, qui est souvent indigente (surtout en matière de comédie) quand on la compare aux films américains, mais cette fois comment l'éviter? Michel Hazanavicius a tout compris de la parodie, quitte d'ailleurs à avoir plutôt recours au pastiche: subtil, léger, profond... Ici, ce n'est pas subtil, mais alors pas du tout; ce n'est jamais léger, puisque les personnages parlent souvent en méta: comment voulez-vous rendre léger un dialogue dans lequel le personnage dira "je vais dire 'Damn!', car je suis un lycéen Afro-Américain, et c'est ma fonction de ne dire que ça"?
Et au-delà du fait qu'on rit parfois (la première scène, qui est sans doute la toute meilleure du film), et qu'il y a un certain nombre (impressionnant du reste) d'allusions et clins d'yeux au genre de la comédie lycéenne (le nom du lycée, ou encore la boutique Spicoli aperçue en ville), d'ailleurs remontant parfois près de vingt années en arrière (ce qu'on ne ferait plus dans notre monde amnésique), le film se vautre occasionnellement dans l'exploitation pure et simple... Le fait d'imaginer une étudiante d'un échange culturel, naturiste, et qui donc est nue du matin au soir, permet effectivement sans aucune gène aux auteurs d'avoir une actrice nue dans toutes ses scènes... L'introduction de l'inceste militant chez certains personnages est un facteur de grincement de dents extrême... Et si on observe bien de quelle façon les films présentent les codes de fonctionnement d'un lycée Américains, les catégories (filles belles/filles moches, minorités, "geeks", "jocks", etc) il n'en reste pas moins que le constat relève surtout d'une observation des réalités de toute une société. Si ces films ont tendance à être si manichéens, c'est que l'école Américaine l'est, justement...
Et comme le titre français (qui n'y va pas de main morte, ça non: Sex Academy) semble avoir gommé toute prétention de parodie, je me demande si les spectateurs d'aujourd'hui sont conscients de cet aspect... Bref: je n'aurais jamais imaginé le dire ou l'écrire, mais finalement, ce film est bien moins intéressant que certains des films du genre qu'il parodie. Je pense bien sûr à Fast times at Ridgemont high (qui en est probablement le prototype), voire à Eurotrip (qui prend les choses frontalement, même si avec un humour franchement balourd... mais totalement assumé)...
Ann Dixon (Helen Foster) est une jeune femme très comme il faut, qui a rencontré dans son lycée des jeunes gens de son âge, mais qui vont la pousser à se dévergonder un peu: alcool, tabac, puis son petit ami va lui imposer des rapports... La descente aux enfers, toujours plus loin, toujours plus bas, va se poursuivre, jusqu'à l'irréparable...
Ce résumé est exactement le même que celui du film de Willis Kent et Norton Parker de 1928, avec la même actrice principale... Foster, donc, reste, il est vrai qu'à 29 ans, elle a encore un minois qui lui permet de jouer les lycéennes... Mais le film, pas plus que sa version muette, ne s'adresse pas à la jeunesse, loin s'en faut! Cette nouvelle version est réalisée par Dorothy Davenport, qui signait "Mrs Wallace Reid" et s'était fait une spécialité paradoxale, suite à la mort de son mari, tué par son addiction à la morphine: produire, écrire ou réaliser des films qui alertaient sur les dangers de la société Américaine...
Elle a donc ici co-signé le script avec Kent, et il reprend fidèlement les développements du premier film: donc, la descente aux enfers pour la jeune femme va passer par la pression des copines, l'attrait de l'interdit, l'alcool, le tabac, le sexe... La sexualité, dans ce film comme dans le précédent, est principalement considéré comme un rite de passage, un moyen de s'imposer en accédant aux désir de l'homme, et non comme un désir assumé.
Une tendance qui rend le film assez prude, derrière ses provocations: la franchise de ce qui est montré, la façon dont dès que les adultes ont le dos tourné les jeunes se lissent aller, et une scène de plouf-tout-nus dans la piscine, le tout sous couvert d'éducation des masses... Le film est sans doute beaucoup plus démonstratif que son prédecesseur... Il est aussi beaucoup moins soigné, et le rythme en est vraiment beaucoup plus lent.
En Floride, la jeunesse désoeuvrée oscille entre petits boulots (vente dans les fast-foods), le surf, la débrouille (un plan improvisé pour du strip-tease masculin), et la consommation de dope et bien sûr du sexe: on est chez Larry Clark, donc les personnages sont tous très portés sur la chose... Bobby et Marty sont deux copains, mais on se demande pourquoi: Bobby (Nick Stahl) est un male alpha typique, dominateur et porté sur le plaisir sadique d'humilier son pote à la moindre occasion, et Marty (Brad Renfro) encaisse - avec difficulté. Ils rencontrent des filles de leur âge: Lisa (Rachel Milner) est amoureuse au premier regard de Marty. Mais elle voit bien qu'il souffre, et elle en vient à concevoir un plan étonnant... Tuer Bobby. Elle va faire appel à un groupe d'amis et à Marty bien sûr...
Rude, cru, naturaliste, le cinéma de Larry Clark explore ce que les films traditionnels ne voient pas ou évitent de montrer, et c'est inconfortable. Ici, c'est inspiré d'une affaire criminelle lamentable, le meurtre d'un jeune homme dominateur par ses amis en 1993, et afin de coller à l'intrigue du fait divers, les noms choisis par le scénariste sont ceux des protagonistes de l'affaire.
Les ingrédients du film, clairement, dessinent les contours d'un monde dans lequel la loi de la nature, déjà passablement dégueulasse par elle-même, se voit encore pervertie par une société dans laquelle la confrontation violente et humiliante devient en quelque sorte le passage obligé pour s'en sortir (comme dit son père à Nick, à propos de Marty, "laisse-le tomber, il te tire vers le bas"...): le film montre vraiment cette réalité si présente dans les écoles Anglo-saxonnes, en particulier les lycées publics Américains.
Si on peut s'assurer en voyant ce film que l'on est bien loin de Disney et du tout venant Hollywoodien, devant un tel déluge de coucheries, violences et dérapages, consommation de drogues diverses et variées, et abus parentaux, il faut quand même dire que l'excès finit (très vite, en fait) par lasser... Et que dans un certain cinéma qui se veut undeground, le passage par des scènes de jeunes aux yeux explosés, qui couchent les uns avec les autres comme on fait son tiercé (le plus souvent en public), en écoutant du rap (cliché parmi les clichés), tout ça ça tourne au conventionnel aussi.
Le destin absurde de Jean-Baptiste Grenouille (Ben Whishaw), né par hasard sous l'étal d'une poissonnerie au coeur du XVIIIe siècle à Paris, qui réussissant à survivre au milieu des abats de poisson en a gardé un talent extraordinaire pour l'utilisation de son sens olfactif... Mais né du mauvais côté de la barrière, il lui a fallu des tribulations incroyables pour réussir à accomplir l'oeuvre de sa vie: un parfum ultime, conférant à celui qui le porte des pouvoirs étonnants, et aux effets inattendus... Un parfum fait à partir de l'essence d'une dizaine de jeunes femmes qu'il lui aura fallu assassiner pour commencer.
On doit dire ça de beaucoup de romans, mais Das Parfum de Patrick Süskind est particulièrement réputé pour être un livre inadaptable, et entre sa publication en 1985 et la sortie de ce film, il s'est écoulé pas moins de 20 années. La production est internationale, avec des capitaux Américains (un conglomérat hétéroclite de studios), une équipe allemande (Autour de Tom Tykwer) et un tournage en europe, sans oublier des acteurs aussi bien Anglais, Américains, qu'Allemands, sans oublier les figurants (souvent espagnols). Bref, ça a tout d'un film hors-normes... Et Tykwer a finalement réussi au moins sur un point, transcrire cette histoire dont les mots indiquent tant de couleurs, dans des images qui lui rendentjustice, sans trop de concessions au bon goût. Car chez twyker comme chez Süskind, ce n'est pas un film qui sent la violette, et ce sans attendre, puisque la première scène est une évocation sans un gramme de délicatesse d'une naissance dans la fange...
Et la distance narrative (Süskind utilisait un langage fleuri qui apportait une délicieuse ditance ironique) est maintenue par la grâce d'une merveilleuse piste de narration, confiée à un maître, John Hurt soi-même. Un avantage à utiliser, quand le personnage principal tend à ne pas parler souvent. Par contre, autour de Whishaw, on reconnaîtra entre autres Dustin Hoffman (dans le rôle très ironique du mentor de Grenouille dans la première partie), et Alan Rickman, pour l'un de ses rôles les plus surprenants... Néanmoins le principal défaut du film reste sans doute que l'humour du roman, qu'il tente de transcrire, reste quand même fermement à la porte. Car nous y assistons à une série de crime crapuleux, qui donnent à tous ceux que nous voyons tenter de résoudre l'énigme une légitimité que la narration de Süskind empéchait... L'humour apparaît bien sûr, à travers les morts violentes (et accidentelles) de tous ceux qui ont croisé le chemin de Grenouille dans la première partie, mais d'une manière générale, les images le rendent moins explicites que ce qui, à mon avis, était l'intention.
Un film comme celui-ci est sans doute impossible à entreprendre aujourd'hui, puisqu'à l'époque de Netflix et des spin-offs à n'en plus finir, il faut tout explorer, tout expliquer en permanence. Sans parler des transgressions auxquelles la production s'est livrée, la plus fameuse et la plus notable étant quand même l'orgie hallucinante de 800 figurants vers la fin du film...
Dans un petit poste de police municipale, une jeune femme a été appréhendée pour kidnapping... Et parce qu'en plus, avec la petite qu'elle a kidnappé, elles couraient nues dans la montagne... Camille (Alice de Lencquesain) est très énervée, assez atypique, et pour tout dire obsédée par un désir d'enfant, qui passe obligatoirement par le kidnapping. D'une part, c'est plus rapide, et de son point de vue ça peut lui permettre de "sauver un enfant" de l'influence néfaste de ses parents... Ce sera la mission de Clément (Anthony Sonigo), policier stagiaire, de la remettre, si possible, dans le droit chemin...
C'est une jolie comédie, qui passe par des chemins assez loufoques, confrontant un policier timide et effacé et une personne sans filtre, dont il va évidemment tomber amoureux... Le film s'amuse de les placer ensemble, et de montrer Clément se charger de la "rééducation" impossible de sa nouvelle amie. C'est frais, parfois brut de décoffrage, et les deux acteurs sont excellents...