Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
27 octobre 2024 7 27 /10 /octobre /2024 13:22

Le dernier des "quota quickies" réalisé par Michael Powell est, comme la plupart des films conservés du réalisateur sur cette période de débrouille, bien meilleur qu'on aurait pu l'anticiper! Il est aujourd'hui réduit à un peu moins d'une heure, dans la version distribuée aux etats-Unis. C'était une production de Joe Rock, dont la décision suivante fut de travailler de nouveau avec Powell sur The edge of the world... Le reste, bien sûr, tient autant de la légende que de l'histoire! Il faut croire que le metteur en scène et son producteur Américain se sont bien entendus...

C'est une intrigue policière légère, menée tambour battant: Nick et June, un couple de jeunes gens, ont décidé de s'enfuir et de se marier, en profitant d'un bal costumé organisé chez la jeune femme. Mais un homme qui s'est introduit en douce tente un vol spectaculaire, puis s'enfuit après avoir blessé Nick. Mais celui-ci est soupçonné du délit... Qui est donc "l'homme derrière le masque"?

Mais le film tourne très, très vite, sans aucun scrupule, au baroque le plus absolu, mélangeant l'intrigue policière qui rebondi environ toutes les cinq minutes, à une simili science-fiction, de la comédie, et une belle rasade de frissons typiquement assimilables aux codes du serial le plus délirant...

C'est troublant, de voir qu'on jurerait être, parfois, devant des prises inédites de Young and innocent! Les deux films ne se ressemblent pas tant, mais Powell savait déjà aller au bout de ses possibilités pour créer une atmosphère excitante, comme son illustre collègue. La seule différence c'est que le metteur en scène accomplissait ces films, vite mais bien faits, principalement pour des raisons alimentaires.

Difficile de savoir à quoi ressemblait la version intégrale du film, perdue pour toujours; ici, les événements se suivent à un rythme soutenu, même si on a parfois l'impression d'une certaine gratuité, qui fonctionne après tout fort bien dans un cadre de petit film de divertissement...

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Michael Powell
26 octobre 2024 6 26 /10 /octobre /2024 15:08

Alors que sa santé décline (elle est cardiaque, et pas spécialement réputée pour se ménager), l'épouse (Viola Keats) d'un politicien proéminent (Francis L. Sullivan) s'offre un week-end de plaisir en la compagnie réticente du secrétaire (Hugh Williams) de son mari...

Mais elle décède durant la nuit, alors que le jeune homme a refusé de rester à ses côtés. Il prend malgré tout la suite, et doit affronter la tempête dans la famille, au grand dam de sa petite amie (Sophie Stewart), qui n'est autre que la fille de son patron...

Oui, ça a l'air chargé comme ça, mais c'est un film plein de qualités, seulement elles ne concernent absolument pas l'intrigue elle-même, qui est un ramassis de toutes les conventions, ficelles et obsessions de la fiction Anglais conservatrice: un rien de politique, convenablement flou; des données sociales placées du côté des convenances; des pères qui refusent à leur fille la liberté de se marier à qui bon leur semble... 

Mais voilà, Powell placé ses pions dans le film, à travers le comportement gentiment farfelu de personnages qui sont réjouissants, et qui font plus que de se contenter d'être un vague choeur Grec qui commenterait à sa façon empruntée le drame poussiéreux dont ils sont les témoins. Et Googie Withers, en bonne forcément (très) délurée, et John Laurie, nanti de son précieux accent écossais, en tenancier d'un hôtel miteux qui se rêve en parangon de la vertu, sont fascinants...

Fascinant aussi, le fait que le film est une enveloppe vide, un film policier sans vrai crime, sans vrai criminel, mais avec des intentions tortueuses. Bref: mais qu'est-ce que qu'Hitchcock en aurait fait?

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Michael Powell
23 octobre 2024 3 23 /10 /octobre /2024 08:56

Donc, la légende dit que lorsque Mchael Powell était employé à la réalisation de films vite faits, bien faits, au début des années 30, il a tout fait... Dont des films policiers, dont voici un exemplaire. Il l'a largement critiqué par la suite, en en faisaant presque l'étendard de la médiocrité de cette période... Et franchement on ne le comprend pas: ce n'est pas un de ses chefs d'oeuvre, bien sûr, mais...

Un magnat de la presse (Malcolm Keen) invite une sélection de ses connaissances à un dîner, prétexte à siéger au milieu de sa cour.La soirée est mal engagée, d'autant qu'il a licencié son secrétaire (Ian Hunter)... au prétexte que celui-ci a épousé sa fille (Jane Baxter). Alors que les invités jouent à un jeu de société idiot autour d'un meurtre, l'un des invités, commissaire de police (Leslie Banks) découvre le cadavre du maître de maison. Apparemment, c'est un suicide. Mais très vite son secrétaire est soupçonné.

La petite fête elle-même est un régal de mise en scène drôlatique, avec un casting de choix dans lequel tout le monde s'amuse. On y verra des extravagances, on y entendra des petites choses amusantes (la princesse d'un pays lointain, très collet-monté, qui observe que "on fait beaucoup de choses plaisantes dans l'obscurité"), et on constatera que même doté d'un sujet qu'il n'a pas choisi, Powell évaioti décidément un vrai flair pour a mise en scène; les numéros d'acteur sont un peu excessifs, je pense en particulier à Leslie Banks, mais surtout à Ernest Thesiger... Mais comme je suis à peu près certain que celui-ci a été engagé précisément pour en faire des tonnes, on n'en voudra pas au metteur en scène!

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Michael Powell Whodunit
20 octobre 2024 7 20 /10 /octobre /2024 11:38

Jerry Mason (Jerry Verno) est un employé un peu trop fantasque d'une compagnie Londonienne, qui s'imagine en grand capitaine d'industrie, ce qu'il est loin d'être. Il apprend qu'il est e seul héritier d'un oncle distant, qui lui lègue un hôtel sur la côte: l'Hotel Splendide, en Français dans le texte... Il s'y rend et se rend vite compte, grâce à la franchise de Joyce Dacre (Vera Sherborne), qui gère l'établissement, qu'il s'agit en fait d'une affaire miteuse...

Mais le lieu est aussi l'endroit où un bandit qui sort juste de prison avait planqué le butin d'un cambriolage. Des gangsters rivaux vont donc s'intéresser à l'hôtel. Quand Jerry y arrive, il constate vite que pour un hôtel miteux, il attire malgré tout la clientèle... Mais qui sont tous ces gens?

C'est donc une comédie, dotée d'un arrière-plan de film policier... pour rire (un peu) bien entendu. On est une fois de plus face à un des films réalisés par Michael Powell au début de sa carrière, pour des studios fauchés, sur un budget ridicule, et pour une distribution éclair. Vu ces circonstances, c'est une prouesse: le film montre souvent son côté bricolo, mais il n'en reste pas moins empreint d'une partie du style du metteur en scène, qui joue beaucoup sur le détail pour masquer l'absence de moyens. La façon dont il montre un voyage en train, sachant qu'il n'y avait pas la possibilité de disposer d'un vrai train, montre en particulier l'origine de son impeccable inventivité.

Cela étant, le metteur en scène est aussi limité par ses acteurs. Jerry Verno en particulier (qu'il a souvent du diriger dans cette période de formation) n'est pas apte à nous faire nous relever la nuit pour regarder un de ses films... A moins bien entendu d'une sévère insomnie, bien entendu...

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Michael Powell
19 octobre 2024 6 19 /10 /octobre /2024 23:14

Continuant la série (il y en eut une douzaine) des "travelaughs", ces comédies qui se doublaient d'un travelogue, visitant les endroits convenus de la Côte d'Azur, tout en offrant des gags liés à une troupe de touristes farfelus, ce 10e film possède un plus non négligeable, et ce à travers le personnage interprété par le futur cinéaste Michael Powell...

En effet, de tous les farfelus étrangers qui visitent la Côte d'Azur dans ces petits films, le plus excentrique ne pouvait être que le futur auteur de Colonel Blimp!

Et dans ce film, quand il "décide de répondre à l'appel de Mère Nature" il lui arrive une drôle d'aventure, dans laquelle il se retrouve en faune, en pleine nature, entouré de mystérieuses bacchantes. Un grand moment de fou-rire, ou éventuellement d'embarras... Ca dépendra de ce que vous aurez consommé...

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet Michael Powell
19 octobre 2024 6 19 /10 /octobre /2024 23:00

Attention, voici une rareté! Durant les années 20, Harry Lachman, artiste touche-à-tout, cherche à se rapprocher du cinéma qui le fascine, et il persuade une compagnie de prendre en charge le financement d'une série de travelogues, des films de voyage donc, qui présenteraient dans les cinémas de la pluvieuse Angleterre les beautés de la Côte d'Azur... Mais comme des films de ce genre étaient déjà légion, il s'assurait de la spécificité des siens en offrant en plus un peu de comédie, de burlesque et de slapstick, à travers l'interprétation d'acteurs.

Locaux (Madeleine Guitty, par exemple, qui avait tourné avec Feuillade, de Morlhon et Monca), mais aussi venus d'ailleurs: Michael Powell, bien qu'Anglais, était un peu des deux. Il avait travaillé sur les films Méridionaux de Rex Ingram (on le voit d'ailleurs dans The Magician)... Avec son interprétation de Cicero Simp, il est en quelque sorte le héros de ces films...

Celui-ci, qui est le premier de la série, est consacré à l'arrivée à Cannes, et alterne donc entre des aventures des voygeurs, et des gags "physiques" impliquant Powell, et des vues très orthodoxes des beautés de la Côte d'Azur...

Liés au futur réalisateur de La Belle Marinière, ou de Our relations (avec Laurel et Hardy!), mais aussi et sirtout à Michael Powell, ces films sont un peu une curiosité... de luxe.

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Michael Powell Muet
19 octobre 2024 6 19 /10 /octobre /2024 22:16

Michael Powell, à ses débuts, adapte un roman très populaire: ce film, longtemps réputé perdu, est l'un de ses "quota quickies", les films réalisés vite fait bien fait pour remplir les conditions des contrats de distrobution des studios anglais.

On découvre une intrigue de crise qui mène un homme d'affaires, P.D.G. de la Rynox, à la mort, après avoir été harcelé par un étrange personnage. Un jour, on découvre le cadavre du dirigeant... Aucune trace, pourtant, du mystérieux personnage...

C'est bavard, et parfois gauche... Pourtant ce plus ancien film de Michael Powell à avoir survécu montre au moins que le metteur en scène, s'il n'avait pas moyen (ni le temps) de changer en profondeur la face du film, qui adaptait un roman hautement pompeux et ridicule, pouvait au moins s'y essayer à une mise en scène baroque... ce qui ne le quittera après tout jamais vraiment!

Et sinon, on voit, un peu dans les décors, mais aussi dès le générique, la trace d'une influence art déco, qu'on trouvait aussi beaucoup durant la période pré-code, dans le cinéma Américain...

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Michael Powell
10 décembre 2023 7 10 /12 /décembre /2023 17:51

Il y a toujours eu un malentendu sur le genre de The red shoes (1948), un film si souvent présenté comme un film musical, que c'est désormais inscrit de façon permanente dans l'histoire du cinéma, sans compter le fait qu'hélas les gens n'iront sans doute pas vérifier.. Mais si Powell a souvent en effet été attiré par la relation complexe et stimulante du cinéma avec la musique (en bon connaisseur du cinéma muet, d'ailleurs), il a fallu attendre 1952 et son extravagant Tales of Hoffmann (d'après Offenbach) pour qu'il saute enfin le pas. Ses deux premières tentatives étaient plus une incursion de la musique dans le continuum dramatique de deux mélodrames flamboyants: outre le film pré-cité, je pense bien sûr à Black Narcissus, de 1947.

Il y a eu plusieurs tentatives en effet, souvent tournées vers la musique classique et l'art lyrique: L'apprenti sorcier, d'après Paul Dukas, a été l'occasion pour lui de se lancer dans un court métrage dansé à l'esthétique très marquée, puis il y eut Oh Rosalinda (Die Fledermaus de Strauss), qui mélangeait opérette Viennoise et la comédie des années 50, dans un grand n'importe quoi assez assumé (et une première expérience en Scope), Lune de miel, un film presque tourné en exil en Espagne, et enfin ce film, adapté de l'opéra de Bartok, considéré comme injouable: en effet, il ne se passe rien en matière de scénographie... Ce n'est pas moi qui le dit mais la réputation de cet opéra court.

L'enjeu est pour Judit (Anna Raquel Satre), la quatrième femme de Barbe-Bleue (Norman Foster), de faire comprendre à son mari qu'elle ne pourra être complètement à lui que lorsqu'elle saura tout, ce qui est évidemment symbolisé par les clés qu'il lui donnera au fur et à mesure, cédant à chaque fois un peu plus de terrain... mais la dernière clé donnera accès à une pièce dans laquelle elle rencontrera les anciennes épouses, pas tout à fait mortes, et donc son destin.

Le film, produit à l'origine pour la télévision, dans des couleurs étonnantes, était l'occason pour Powell d'explorer la psyché de ses personnages et d'exposer le vrai terrain de jeu de ces deux amants, un lit où ils passent beaucoup de temps (en relativement tout bien tout honneur, mais le sous-texte est clair). C'est un exercice de style, disons, intéressant... Cela dit avec pudeur.

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Michael Powell
23 août 2019 5 23 /08 /août /2019 16:50

Après The tales of Hoffmann, ce film (lointainement) adapté de l'opérette Die Fledermaus de Richard Strauss est la deuxième incursion de Powell (et Pressburger) dans la musique, cette fois avec un Cinemascope glorieux pour compléter le superbe Technicolor auquel les Archers nous ont habitués... Et c'est, sinon un échec (à ce stade d'étrangeté, je pense qu'il n'y a pas lieu de considérer le film comme un échec: il est bien tel qu'ils l'ont voulu!), en tout cas une sérieuse déception...

Parce que le contexte d'une après-guerre étrange, à Vienne, qui réussit tant au Wilder de A foreign Affair et One, two, three (Situés, eux, à Berlin) débouche sur une confusion certaine, dans cette intrigue où l'on se perd dès la deuxième minute: Anton Walbrook y est Flake, un maître d'hôtel qui se venge d'une bonne farce qu'on lui a faite: il s'est réveillé dans les bras d'une statue Soviétique, fin saoul, et affublé du'n masque de chauve-souris... Sa vengeance touchera un peu tous les camps qui se sont invités à rester à Vienne après la défaite d'Hitler: les Américains, les Anglais, les Russes et les Français. 

Comme dans leur adaptation d'Offenbach, les cinéastes ont privilégié le jeu sur le chant, et donc ils ont invité des acteurs, dont Ludmilla Tcherina, Mel Ferrer, Michael Redgrave, ou Dennis Price, qui ne sont pas nécessairement des chanteurs, quitte à les doubler. L'opéra a été dépoussiéré, non seulement dans ses décors, sa situation et ses costumes, mais aussi dans son texte. Le Cinemascope, utilisé pour la première fois par les deux partenaires dans un long métrage, a donné lieu à quelques scènes intéressantes qui sont tout en largeur... Et puis voilà: quelles que soient la fantaisie des deux excentriques cinéastes, les prouesses, les efforts notables vers la comédie, on s'ennuie ferme. 

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Michael Powell Musical
1 février 2014 6 01 /02 /février /2014 17:20

Dès The spy in black, Powell a réalisé, à sa façon, des films de propagande, déguisé en films à suspense, en comédie, en épopées, ou en films inclassables à message (49th parallel, en particulier, ne ressemble qu'à bien peu d'autres films de guerre!) tout en participant à des projets moins personnels, selon les périodes, à la demande de Korda (The Lion has wings) ou de l'ensemble de l'industrie (The volunteer). Mais il me semble qu'avec A Canterbury tale, Powell et Pressburger font vraiment une oeuvre de propagande qui dépasse l'entendement! On sait, à voir ce film, qu'on est face à une histoire contemporaine, les indices ne manquent pas, de la présence d'uniformes, à la vision désolante des dégâts causés par les bombardements de 1942 sur le beau centre-ville de Canterbury, en passant par les allusions contemporaines au black-out. Mais tout le film semble se faire catapulter les époques, à l'image de l'introduction dans laquelle un faucon lancé au moyen-âge se transforme dans une préfiguration Kubrickienne en un avion de 1944 qui survole le Kent...

 

1944. Trois jeunes gens se rendent dans la région de Canterbury: Bob Johnson (John Sweet), un G.I., fait un peu de tourisme en attendant de reprendre le fil de la guerre; Peter Gibbs (Dennis Price), un soldat Anglais, rejoint son affectation dans le Sud Est, et Alison Smith (Sheila Sim) va commencer un travail dans une ferme de la région dans le cadre de l'effort partagé de guerre. Ils descendent par coïncidence tous trois dans une gare avant d'arriver à Canterbury, durant un black out. Un inconnu agresse la jeune femme, lui répandant de la colle sur les cheveux. Ce n'est pas le premier incident du genre, et durant les quelques jours qu'ils vont passer dans les environs, les trois vont s'efforcer de résoudre cet étrange mystère; ils font également la connaissance du magistrat local, un personnage à la fois attirant et froid, Thomas Colpeper (Eric Portman), qui est une autorité locale en matière de culture, d'histoire de la région, en même temps qu'un indécrottable misogyne... 

Dans un admirable noir et blanc après le Technicolor de Colonel Blimp (La photo, ici est de Erwin Hillier qui sera de retour l'année suivante sur I know where I'm going), Powell et Pressburger brouillent les pistes, et parlent de l'Angleterre de toujours, cette merveilleuse entité qui fait tranquillement face au nazisme. Le passé et le présent se confondent, dans les décors de chaque maison, les intérieurs de chaque hôtel (Tous filmés en studio, et construits avec cette intention de faire se télescoper les époques), mais aussi dans l'idée que Canterbury en 1944 est encore et toujours le même lieu qu'il faut voir, revoir, sentir et ressentir, comme Alison qui vient ici retrouver les sensations d'un amour disparu, comme Bob qui vient ici trouver quelque chose qu'il n'a pas à la maison, et Peter qui va à Canterbury accomplir sa destinée, devenant l'espace d'un service religieux organiste de Cathédrale au lieu de jouer comme il le fait dans le civil, dans un cinéma. Mais pas de religion trop facilement assimilée au message ici, les auteurs se gardent de tout prosélytisme, en assimilant les épiphanies des uns et des autres à quelque chose de plus fort encore mais d'essentiellement humain. Ils portent l'essentiel de leur charge contre le matérialisme, ce que chacun peut ensuite interpréter à sa guise. D'ailleurs, le retournement final qui voit Peter jouer de l'orgue dans une cathédrale transforme après tout celle-ci en cinéma, et permet à Powell d'affirmer la puissance spirituelle de son art... 

Comment s'étonner dans ce film, que la narration prenne son temps, et se laisse aller à des périodes de contemplation? D'autant que de nombreuses scènes permettent aux protagonistes de s'approcher de la Cathédrale qui restera malgré tout le but du voyage dans le film. L'enquête sur "l'homme à la glue" est vite résolue, et sert surtout à cimenter les trois personnages qui la mènent, ainsi que de cerner le rôle du magistrat, le plus étonnant des personnages du film, que Powell destinait à Roger Livesey Mais si l'extravagance du film a permis de détourner les spectateurs de l'époque du film, aujourd'hui son excentricité, son ton si Britannique, son sens du miracle profane en font un passage obligé de tout pèlerinage cinéphile chez Powell et Pressburger.

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Michael Powell Criterion