
Titre à rallonge, mise en scène absente, dialogues extravagants, mise en abyme de la révolution sexuelle et de ses provocations: pas de doute, on est chez Audiard. Il ne me viendrait pas à l'idée de critiquer ce film comme je peux le faire pour n'importe quelle comédie française des années 60: c'est impossible tant le réalisateur est aux abonnés absents.
J'ai plusieurs hypothèses... comme l'explique doctement un spécialiste sur les suppléments du blu-ray de ce film, Audiard se serait senti dépossédé, trahi en quelque sorte, car ayant écrit tant de films, c'est toujours au metteur en scène qu'on se serait référé... Deux commentaires: d'une part, pourquoi ferait-on autrement? Quand les scénaristes comprendront-ils qu'ils ne sont pas vraiment les auteurs d'un film qu'un autre à mis en scène? D'autre part, il serait malvenu d'émettre cette hypothèse aujourd'hui, quand il faut se battre pour rappeler qu'Audiard n'a pas mis en scène, par exemple, Les tontons flingueurs... Non mais.
Autre hypothèse: Audiard, comme tant de scénaristes avant et après lui, comme les trois quarts du public aussi, était sans doute persuadé d'être l'auteur de ces films et qu'il lui suffirait d'écrire deux, trois répliques qui flinguent et d'apparaître sur le plateau pour "faire un film"... Dont acte: maintenant vous m'autoriserez à douter quand même de l'efficacité de la formule.
Enfin, peut-être, tout simplement, lui a-t-on proposé, et a-t-il accepté, d'autant que l'aubaine était lucrative. Ca ne l'a pas empêché, quelques années plus tard, d'arrêter de mettre en scène, et de juger bien sévèrement sa production!
Quoi qu'il en soit, voici ce film raté, qui doit autant aux parodies baroques de Lautner, qu'au dessin animé (la façon dont les voitures explosent, la palette de couleurs franches et l'attrait du gag), au rythme absent, aux transgressions permanentes (des personnages qui passent leur temps à s'adresser à la caméra) et aux répliques devenues légendaires:
Blier: J'ai bon caractère, mais j'ai le glaive vengeur et le bras séculier. L'aigle va fondre sur la vieille buse!
ou encore:
Françoise Rosay: Tends lui la main, Fred!
André Pousse: si je la lui tends, ce sera en travers de la gueule!
Bref, qu'on le veuille ou non, ce film foutraque, mou du genou, idiot (mais alors vraiment idiot) fait partie du paysage, et distille incidemment, presque sans le vouloir tant ça donne l'impression d'avoir été fait pour payer ses impôts par un cynique gonflé, un plaisir certes coupable, mais que voulez-vous? ... Françoise Rosay en mamie flingueuse, Blier et Pousse en frères ennemis tendant aux aphorismes, et Marlène Jobert mutine et divine (et court-vêtue, ce qu'on ne manquera pas de remarquer dès la première scène... Tiens, même Rosay l'a remarqué!) qui prend un plaisir certain à formuler les répliques que lui a ciselées Audiard... On n'est pas de bois, que voulez-vous.
























