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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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16 septembre 2017 6 16 /09 /septembre /2017 09:40

Carl, un voleur (Hardy Kruger) en cavale, parce qu'il a un contrat sur sa tête, se réfugie au Liban. Il n'a rien sur lui, et contemple un avenir plus qu'incertain quand soudain il retrouve un bon copain, Alfred (Maurice Biraud). Un minable, mais gentil, Alfred lui propose un partenariat sur un coup un peu foireux: s'attaquer à un joueur compulsif qui perd tous les soirs, mais "finira bien par gagner"! Et ce sir-là, il faudra juste être présent, et l'enlever avec tout son argent. Bref, un coup minable, mais comme Alfred paie, Carl laisse faire. L'attente commence, mais elle va souvent être interrompue, parce que Carl est distrait: il a vu une fille (Mireille Darc) qui traîne autour de l'hôtel, et qui lui a tapé dans l'oeil. La distraction va bientôt prendre toute la place...

Juste après Ne nous fâchons pas, Lautner poursuit son expérimentation autour des genres, en effectuant le mélange cette fois du film noir et d'une certaine idée très 1966-1967 de la comédie sentimentale, le tout mâtiné d'un soupçon de comédie de gangsters, mais délayée et débarrassée de tout l'absurde que le metteur en scène y a injecté (Les Barbouzes, Ne nous fâchons pas) en bonne intelligence avec son complice Michel Audiard: bref, cette Grande Sauterelle est à tous points de vue à la croisée des chemins, d'autant que Lautner y réunit, pour travailler au script, Veha Katcha (Qui avait écrit Galia) et Michel Audiard (Qu'on ne présente plus): sa face sérieuse et "sociologique", et sa face "noir-pour-rire avec vue sur le box-office... Il ajoute à ça un casting composé exclusivement d'acteurs qui jusqu'à présent, toutes proportions gardées, n'ont été que des seconds rôles, à l'exception bien sur de sa star de Galia: Mireille Darc. 

La Grande Sauterelle déçoit.

Parce que Lautner, qui ne veut pas rester enfermé dans la parodie de films de gangsters, mais garde quand même un goût certain pour le polar qu'il peut toujours détourner, a cette fois choisi de rester à l'écart de ses effets comiques, et qu'il semble éviter par tous les moyens ce qu'on attend justement de lui. Ce qui sera plutôt réussi dans Le Pacha, par exemple, est ici bien frustrant, et il a beau styliser avec bon goût (Mais souvent trop de retenue) les allers et venues de son héros paradoxal, on s'ennuie souvent, et longtemps. Comme tous les films de Lautner des années 60, en plus, La Grande Sauterelle est une capsule temporelle, et tous ces gens se vautrent dès qu'ils s'agit de caricaturer le mode de vie "hippie", auquel soyons franc ce petit monde bien Parisien qui passe malgré tout six mois de l'année sur la Côte d'Azur, ne comprend pas grand chose...

Restent quelques moments, quelques répliques (C'est Georges Géret qui ouvre le bal: "Ce que tu peux être con! T'es même pas con, t'es bête. Tu vas pas au cinoche, tu lis pas, tu sais rien. Si ça se trouve, t'as même pas de cerveau. Quand on te regarde par dessus, on doit voir tes dents."), des personnages touchants (Biraud, Francis Blanche), et des moments de noir stylisé, comme cette séquence qui exploite la tension entre Carl et son poursuivant qui l'a retrouvé au Liban: en plein soleil, sur un quai, en quatre plans, Lautner joue avec la perspective, la profondeur de champ, et s'amuse. Nous aussi... Un peu.

Ca a du se sentir, parce que Fleur d'oseille, qui viendra juste après, commence là encore de façon assez sérieuse, avant de bifurquer plein tube vers le bizarre, pour ne pas dire le baroque. Comme quoi...

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Published by François Massarelli - dans Georges Lautner Noir Michel Audiard
1 septembre 2017 5 01 /09 /septembre /2017 07:41

Premier film en couleurs, et dernier des trois films de Lautner avec Lino Ventura, Ne nous fâchons pas est un paradoxe: un film multi-diffusé à la télévision, profitant allègrement du succès des deux précédents (Les tontons flingueurs et Les Barbouzes) tout en étant celui des trois films pour lequel on fait le plus souvent la fine bouche, il est aussi une preuve que Lautner, quand tout va bien pour lui, aime expérimenter... la parodie de films noirs et d'espionnage profite ici d'une envie de taquiner James Bond et ses méchants disposant d'organisations para-militaires tentaculaires, et d'une tendance désormais assumée, et qui se manifestera souvent, d'enrober les morts violentes à l'écran, de gags, de couleurs, de mise en scène inoubliable. Et tout ça sans faire du metteur en scène un esthète du crime, mais bien un pourvoyeur inimitable de comédie... Bref, avec Ne nous fâchons pas, Lautner se lâche encore un peu plus qu'avec Les Barbouzes, s'assume totalement, se fait plaisir enfin! Et il le fait en bonne compagnie, en particulier celle d'Audiard. Le tout débouche sur un film quasiment psychédélique, au délire pleinement assumé!

Et il commence avec une séquence pré-générique inattendue, car n'ayant rien à voir avec l'intrigue: c'est surtout une manière tranquille d'exposer le personnage interprété par Ventura, Antoine Berreto. Ce commerçant "honnête", comme il se définit lui-même, homme serviable mais capable de réactions musclées, est en effet poursuivi par une malédiction tenace: quand on l'irrite, il tape. Et il tape fort. Ca ne sert donc ni l'action ni l'histoire, mais c'est bon à savoir, parce qu'en effet, quand on embête Antoine, il a du répondant, on aura souvent l'occasion de le voir.

L'histoire commence à Collioure, ce qui nous surprendrait presque, nous qui avons tant pris l'habitude de voir les décors de la Côte d'Azur dans les films de Lautner. Antoine Beretto est un ancien truand qui s'est totalement rangé cinq années auparavant. Ce qui n'empêche pas les mauvais souvenirs: deux d'entre eux débarquent dans sa boutique où il vend du matériel de plongée et autres babioles maritimes. "En souvenir du bon vieux temps", ils lui réclament de l'aide (Les transporter en Italie en contrebande, Berreto possède tout le matériel pour) et de l'argent. En échange, ils lui donnent une adresse, celle d'un petit escroc qui leur doit une somme rondelette et qui se planque dans les Alpes-Maritimes; en se rendant à l'hôtel où crèche Léonard Michalon, Beretto met le pied dans un sacré panier de crabes, et pour commencer, selon l'expression d'usage, "bute un mec" qui en voulait à Michalon.

Et on va le voir, Michalon attire les ennuis, et les baffes. C'est très vite l'escalade dans ces deux domaines...

Lautner et Audiard sont une équipe rodée dans ce film, et ça se voit et s'entend. La troupe est là, sous une nouvelle déclinaison après les combinaisons différentes des Tontons et des Barbouzes: autour de Ventura et de Jean Lefebvre (Michalon), on voit Michel Constantin en compagnon ex-gangster qui énonce souvent les chose essentielles à la place de Beretto, et avec lequel ils forment une sorte de couple soudé dont l'enfant serait Michalon. Et puis, il y a bien sur celle dont j'ai du mal à croire qu'il va falloir désormais l'appeler feue Mireille Darc... Elle revient après Les Barbouzes, pour un rôle un petit peu moins garce, un petit peu moins fatale, mais bon, c'est Mireille Darc, quoi: l'épouse de Michalon, une autre de ses victimes, qui va assurer le repos du guerrier entre deux bombes pour Beretto.

Car si on dépasse les bornes (outre en ce qui concerne l'indispensable décompte de gifles) dans ce film, c'est bien sur le nombre d'explosions, de véhicules démolis, d'incendies irrémédiables. Et Ne nous fâchons pas me fait un peu penser, sous certains angles, à The Pink Panther de Blake Edwards: une comédie élégante de gangsters, en couleurs et cinémascope, tournée sur les côtes de la Méditerranée, et dynamitée de l'intérieur par l'esprit frondeur de ses deux auteurs, avec la complicité d'une bande d'acteurs qui n'en finissent pas d'apprécier les vacances studieuses à la Lautner! D'un film qui aurait été plaisant, le réalisateur fait un méta-film, véritable commentaire sur tout un pan du cinéma de genre de l'époque.

Et si Audiard est en bonne forme, le metteur en scène se lâche souvent, trouvant des solutions visuelles totalement dignes de l'esprit des Sixties: je pense sincèrement que ce film est à lui seul une capsule temporelle de ce que sont les années 60, vues à hauteur de vacanciers (On y campe, on s'y baigne, non?), ou de gangsters. Et le baroque malpoli (Ces mods aux casquettes, avec leurs improbables instruments pas toujours branchés et leurs vélomoteurs rouges) n'est après tout pas beaucoup plus improbable que les petites mains qui travaillent pour Blofeld ou Goldfinger. Lautner expérimente avec toutes les ressources de la comédie, ce qu'il fera souvent, et généralement très bien, dans les fécondes années qui vont suivre... Pour notre plaisir.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Georges Lautner Michel Audiard
31 juillet 2016 7 31 /07 /juillet /2016 09:18

Après Les Tontons flingueurs, George Lautner était prudent. Impossible de juger avant la sortie du film de l'effet de cette parodie de film de gangsters sur le public, d'où l'idée de réaliser une comédie loufoque plus traditionnelle, plus noire aussi, avec des acteurs chevronnés plus estampillés "comiques": Francis Blanche, Michel Serrault, Louis de Funès viennent donc s'ajouter avec bonheur à l'univers Lautner-Audiard, et on a en prime l'irremplaçable Maurice Biraud, l'homme qui a sans doute le privilège, avec Blier, de dire au mieux les répliques ciselées d'Audiard.

L'histoire tourne autour de Jack et Jérome, deux cousins. le premier est une petite frappe, qui tue un homme qui veut sa peau, le deuxième est un musicien, propriétaire d'une contrebasse dont l'étui va servir à contenir le cadavre de Pomme-chips, le malfrat éliminé par Jack. L'équipée va virer au burlesque, avec moult échange de bourre-pifs et de bons mots bien sentis... et la recherche d'un sésame vers le paradis: un billet de tiercé gagnant de plusieurs millions, qui a le malheur de se trouver dans la veste d'un mort.

C'est loufoque, moins bien tenu que Les Tontons flingueurs, mais ce film à l'ancienne est toujours plaisant. Louis de Funès a beau ne pas être à l'écran en permanence, il assure une large part du spectacle à lui tout seul, en improvisant une grand proportion de son dialogue dans un yaourt délirant... Et puis il y a Mireille Darc, et les aphorismes de Biraud-Audiard... le personnage de Serrault est formidable, en homme parfaitement décalé en toutes circonstances: il jure sérieusement au milieu des truands avec ses discussions sur la pédagogie musicale, et il ne trouve pas sa place dans la haute société. C'est le cave ultime, celui qui finira d'ailleurs par prendre sa revanche (car c'est bien connu: le cave se rebiffe...) sur toute la société: ceux qui travaillent... et ceux qui travaillent en prison à confectionner des espadrilles.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Georges Lautner Michel Audiard
20 septembre 2014 6 20 /09 /septembre /2014 17:36

Xavier Maréchal, consultant en communication, conseille un ami député qui vient justement de tuer un homme qui s'apprêtait à le faire chanter. Mais l'ami va lui aussi mourir dans des circonstances louches, et ce sera le début d'un vrai jeu de massacre dans lequel le héros sera un peu trop souvent soupçonné des pires turpitudes, et dans lequel un document gênant pourrait bien devenir le fléau de la Ve République...

On pourrait être très cynique, et notamment extrapoler sur la réunion de ces trois anars de droite que sont Delon, Audiard et Lautner, ou ironiser un brin devant ce film qui nous montre une France sous la menace d'un complot d'extrême droite, avec dans le rôle du chevalier blanc, un homme dont les accointances (Actuelles comme passées, il a commencé bien tôt) avec le fascisme à la Française finissent par prendre le pas sur son talent d'acteur. Ce dernier est pourtant, à l'occasion, bien réel, et ici il est évident. Et Mort d'un pourri bénéficie en prime d'être plus ou moins le premier film dans lequel Delon joue un personnage auquel il reviendra souvent, dans les mains moins expertes de Jacques Deray notamment. Mais voilà: Lautner est toujours intéressant (Avant Le professionnel du moins, si on excepte bien sûr l'affligeant Ils sont fous ces sorciers!), et il y aura toujours chez lui une façon de jongler avec l'ambiance lourde, de contourner avec talent les à-cotés du crime: ce metteur en scène ne s'est jamais contenté de filmer la violence de façon frontale, il lui a toujours trouvé un petit je-ne-sais-quoi de surréaliste, un détail, un gimmick, et ce film ne fait pas exception à la règle. Je pense en particulier à la scène formidable durant laquelle Stéphane Audran est confrontée à son tueur, filmée en caméra subjective, d'une façon violente et frontale, qui n'oublie pourtant jamais les petites touches, mais oui, poétiques...

Et puis Mort d'un pourri est totalement inscrit dans les années 70, et l'entre-deux Giscardien est le contexte de ce film où l'on tente de solder les comptes de la machine Gaulliste tout en regardant avec expectative en direction d'un futur qui pourrait bien être à gauche (Daniel Ceccaldi y parle de se prémunir pour l'arrivée des "collectivistes"...). L'urgence de 1977, et d'une situation politique qui menaçait sérieusement de changer, est présente à travers une conversation aimablement enluminée par l'art d'Audiard, mais dans laquelle on devine tout ce qu'on veut: un politicard propose effectivement à Delon de participer à une entreprise de sauvegarde pour se garder de l'éventuelle arrivée de la gauche: on ne sait pas trop s'il s'agit de déplacer des capitaux pour les mettre en sûreté, ou de créer une réplique armée...

Sagement, le héros décline l'offre... Car le film, qui puise dans le climat de la période et ses affaires (Entre le titre et la formule "tous pourris" si chère au Front National d'aujourd'hui, il n'y a après tout qu'un pas...), semble ne jamais en faire trop. C'est une vraie réussite, superbement ornée d'une musique de Philippe Sarde avec Stan Getz en unique soliste de génie, et dans laquelle le verbe d'Audiard évite le clinquant et le voyant de la comédie, sans jamais rien perdre de son percutant, au contraire. Bref: un très grand film de Lautner, sans aucune réserve...

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Published by François Massarelli - dans Georges Lautner Noir Michel Audiard