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8 avril 2021 4 08 /04 /avril /2021 11:24

Eprise d'un musicien (Georges Thill), une jeune couturière (Grace Moore) désobéit à ses parents pour vivre avec l'homme qu'elle aime... en chantant.

C'st adapté d'une opérette de Charpentier, qui s'est impliqué dans la production, et dans la supervision de la prestation de Grace Moore, une soprano comme on les aimait dans les années 30 vieillissantes. C'est assez éloigné de Lady Gaga.

J'ai dit un jour que Gance avait fait trois types de films: des chefs d'oeuvre, des films mal foutus mais éminemment sympathiques, et des navets. Je me trompais, il a aussi fait Louise, un gâchis de pellicule sur 85 minutes. C'est au-delà de la dimension du navet.

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Published by François Massarelli - dans Musical Abel Gance Navets
18 novembre 2020 3 18 /11 /novembre /2020 17:21

Sorti à l'automne 1968, Funny girl vient au bout d'une part d'un cycle de comédies musicales "différentes" qui ont marqué les années 60 et les derniers feux d'un genre glorieux mais coûteux... Et des productions plus avant-gardistes comme Sweet Charity, sorti l'année suivante, en marqueront la fin; d'autre part la carrière de Wyler arrive quasiment à son terme, et si le vieux metteur en scène se défend encore il est quand même considéré ici comme l'un des maillons de la chaîne: il est le réalisateur certes, mais les séquences musicales gardent la supervision de Herbert Ross, et le film est adapté d'une pièce qui a eu un énorme succès à Broadway. Et pourtant... Mais on y reviendra. 

Non, Funny girl appartient d'abord et avant tout à Barbra Streisand dont c'est le premier rôle à l'écran, et qui obtiendra (c'est décidément ne malédiction des films de Wyler: Bette Davis, Greer Garson, Olivia de Havilland, et Audrey Hepburn peuvent en témoigner) un Oscar bien mérité pour une performance époustouflante... Elle y est fanny Brice, actrice et chanteuse comique qui a fait une carrière exceptionnelle en particulier grâce à ses prestations "différentes" dans les revues de Florenz Ziegfeld. On la suit depuis les quartiers Juifs de New York, puis vers une carrière irrésistible, largement pilotée par elle-même, qui tranche avec les beautés classiques présentées soir après soir dans les revues de Ziegfeld. On suit également son histoire d'amour compliquée avec Nick Arnstein (Omar Sharif), un joueur professionnel qui supportera de plus en plus mal d'être M. Brice après avoir épousé Fanny...

Omar Sharif: c'est l'un des problèmes du film... On peut demander beaucoup à cet acteur, et le fait d'en faire un sympathique joueur invétéré ne me paraît évidemment pas être vraiment l'occasion de lui demander d'interpréter un rôle difficile pour lui. Mais voilà: il chante... Et face à Streisand, ça a dû être dur: et ça se voit. Tous ses efforts, son charme, sont peine perdue: il est pâlot... Et ça va même plus loin, je me demande dans quelle mesure ça n'a pas été un geste délibéré de Wyler d'utiliser cette pâleur afin d'avancer sa propre vision du film... Car Funny girl n'est pas qu'un film sur le vilain petit canard qui devient une star non pas malgré, mais presque grâce à sa laideur. ce qui serait bien sûr un conte de fées... Mais non: c'est l'histoire d'un affranchissement, ce qui ne surprendra aucun des habitués des films du maître: Laura La Plante dans The love trap s'affranchissait d'un scandale, Audrey Hepburn dans Roman Holiday fuyait les obligations du trône. Et Ben-Hur est entièrement dédié à la cause de la liberté, sous de multiples formes... Le film nous montre comment Fanny Brice s'affranchit de tout et mène sa barque, allant jusqu'à jeter les convenances par dessus bord au seuil d'une nuit d'amour bien méritée... Elle affirme au plus haut sa prépondérance sur la gent masculine, et ira au bout en s'affranchissant également de son amour dans une ultime chanson...

Quant à Wyler, il n'est pas en reste... Aidé par le succès et la réputation de la pièce (et aidé sans doute par le fait qu'il devient automatiquement un second couteau quand les scènes musicales prennent le dessus), il filme en liberté, se régale de prises de vues d'un quartier juif plus vrai que nature, même s'il a de façon évidente été filmé en studio; il filme la star chantant dans un train qui sur un chalutier depuis un hélicoptère, et ose des transitions qui rappellent que le cinéma évolue et que le montage est devenu un art de la rupture: le point le plus volontairement grotesque du film (Fanny massacrant sur scène Le lac des cygnes, c'est hilarant et surprenant de dignité à la fois) est suivi sans transition aucune par une scène de conflit entre les amants, qui a tout de la scène de rupture...

Alors oui, il a peut être des défauts, ce film, mais il vaut la peine d'être vu ne serait ce que pour le numéro impressionnant de sa star... Elle est poignante, certes. Et puis quand elle chante, elle chante: ça oui. D'ailleurs Streisand reviendra au rôle pour Funny Lady en 1975, mais sans Wyler qui a fini par décider de s'affranchir de son métier aussi.

 

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Published by François Massarelli - dans Musical William Wyler
8 novembre 2020 7 08 /11 /novembre /2020 10:09

Un musical tardif, qui a coulé la Universal ou presque, avec une star géniale en totale liberté qui se plie à une intrigue cousue main (même si elle vient d'un musical de Broadway) l'autorisant à toutes les extravagances, tout en étant empreint d'une authentique amertume... Ca sonne comme un OFNI, d'ailleurs ça l'est... C'est un film non seulement à voir, mais aussi à réévaluer. Comme je le disais, la chose n'a pas spécialement été un succès...

Charity Hope Valentine, avec son nom triplement significatif, a deux principales occupations: d'une part elle travaille en tant qu'hôtesse dans un bar à danser, où elle offre une peu de compagnonnage moyennant finances, à des clients désoeuvrés; d'autre part elle rêve du prince charmant: au moment où commence le film elle est en couple avec Charlie, un Italien ombrageux qui est aussi marié... Mais ça ne dure pas longtemps, car il lui pique son argent et la flanque à l'eau à Central Park. Elle se met donc en quête d'un prince charmant...

c'est une quête sentimentale qui va être opérée par une indécrottable sentimentale dans un monde en totale mutation: le bar où travaille Charity est montré en contraste aux bars et dancings de la jet-set, où Charity va suivre une rencontre de passage, l'acteur Vittorio Vitale (Ricardo Montalban): un prétexte gourmand pour Fosse de se moquer de la danse à la mode, dans un éblouissant ballet. Ayant rencontré un "type bien", Oscar (John McMartin), qui est surtout d'une fadeur, d'une pruderie et d'une niaiserie absolues, elle le suit dans une soirée religieuse, menée par Sammy Davis Junior avec des congrégants qui sont tous des hippies, et sinon elle doit faire face à son propre ratage, et ce jusqu'au bout du film...

Fosse a donc adapté un musical et en a complètement éclaté la dimension scénique, en libérant tout: dissociant parfois l'intrigue des numéros chantés, interrompant les chansons pour du dialogue ou le contraire, opérant d'incroyables digressions, toujours avec Shirley MacLaine en ligne de mire. Celle qui avait fait du base-ball à l'université et hésité devant une carrière dans le ballet, met son énergie au service du film, et l'excentricité profonde du projet lui sied parfaitement. La superbe musique de Cy Coleman (à mi-chemin entre le jazz et un commentaire ironique sur l'état de la pop en ces années post-psychédéliques) et la profonde ironie des paroles de Dorothy Fields font de Sweet Charity un film à nul autre pareil.

Je suis un peu plus mitigé sur certaines des idées novatrices voire iconoclastes de Fosse (dont c'était le premier film, et qui maîtrise de nombreux aspects au-delà de la chorégraphie): cette manie qu'il a de substituer des arrêts sur images, traités et appauvris, à des séquences en mouvement, est intéressante en soi mais finit par irriter. Et le dernier chapitre, celui dans lequel Charity glisse vers la réalisation de l'échec, est sans doute un peu long: le film est en cela un filmouth, film géant et pur produit des années 60, qu'on se rappelle les durées de My fair lady ou The sound of music... De même, le choix de Fosse pour une fin amère se justifie, mais elle reste quand même assez déroutante. Si l'amertume en est justifiée, la version "rose" alternative est en soi plus intéressante... Au regard du film, ces remarques ne sont pas grand chose: je le répète, il n'y a pas deux films comme celui-ci, qui mérite le coup d'oeil.

Ah, j'oubliais: on m'en voudrait probablement de ne pas mentionner que le musical de Broadway dont ce film est une adaptation était une variation sur Les Nuits de Cabiria de Fellini. Comme je ne supporte pas ce monsieur, ni son cinéma, je vais juste dire que personnellement je m'en fous. Voilà.

 

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Published by François Massarelli - dans Musical Shirley MacLaine Bob Fosse Danse Filmouth
27 octobre 2020 2 27 /10 /octobre /2020 15:57

1922: Quand elle arrive à New York, Millie Dillmount (Julie Andrews) remarque bien vite que la mode n'est plus aux jupes longues, aux cheveux longs et aux boucles blondes... Elle commence donc par se mettre à la page, et comme c'est une femme des années 20, elle va à la fois s'installer dans une pension pour jeunes femmes célibataires, et chercher un travail. Non pour être indépendante, mais bien pour trouver un mari: elle est sténo-dactylo, et compte bien trouver un patron à épouser... Mais ce qu'elle ne sait pas, c'est que la pension très comme il faut dans laquelle elle vit sert de vivier pour une association de malfaiteurs: Mrs Meers (Beatrice Lillie), la mystérieuse tenancière, facilite les enlèvements de jeunes femmes isolées pour un cartel de traite des blanches dirigé par deux blanchisseurs de Chinatown...

C'est une comédie musicale, dont la partition est due à Elmer Bernstein, et si l'heure est à la loufoquerie généralisée, cela n'empêche en rien les chansons et la musique en général d'être particulièrement excellentes, à la fois dans un esprit proche de ce qu'on attend de la musique des années 20, et dans des variations qui s'en éloignent... Julie Andrews est comme un poisson dans l'eau, dans cette aventure délirante qui semble parfois sortie d'une capsule temporelle; George Roy Hill (qui y reviendra pour The great Waldo Pepper) s'est en effet amusé avec les codes, les péripéties, la philosophie et la culture des années 20 jusque dans les moindres détails: la mode bien sûr, recréée avec soin et luxe de précision; le langage utilisé par les jeunes acteurs, qui mélange l'insouciance de la jeunesse avec une certaine innocence (par exemple, Julie Andrews raccourcit les mots); l'esprit particulier de la première puissance mondiale qui vient de retirer ce statut d'une guerre sanglante; un optimisme fondamental qui mène des myriades de jeunes gens pleins d'espoir vers la très grande ville; l'extravagance d'une classe dirigeante tellement riche qu'elle ne sait plus quoi faire (à ce titre, carol Channing qui joue une parvenue d'un certain âge, occupe à mon sens un peu trop d'espace); un goût pour les activités extrêmes et dangereuses (le personnage de Jimmy, joué par James Fox, le petit ami de Millie, ne se contente pas de porter en permanence des lunettes rondes, il escalade aussi les immeubles)... Jusqu'au préjugé infâme selon lequel les Sino-Américains sont tous d'ignobles malfrats qui cherchent à enlever des jeunes femmes pour les prostituer à l'autre bout du monde!

C'est d'ailleurs Beatrice Lillie, authentique rescapée des années 20 (elle y a tourné un film, la comédie Exit smiling de Sam Taylor. Certes, un seul, mais quand même, elle avait tout compris) qui entame la fête avec une scène hilarante qui n'aurait pas été déplacée dans un film de Blake Edwards: elle s'introduit dans la chambre 2021 de l'hôtel Priscilla, y endort sans crier gare la jeune femme qui s'y trouve, puis se dirige vers un ascenseur avec sa proie... Durant toute la séquence, on ne verra d'elle que ses bottines à guêtres violets et le bas de sa jupe trop longue. A la fin, l'ascenseur est coincé et elle doit avoir recours à ce qui va devenir un gag récurrent: le seul moyen de le décoincer est de danser... C'est donc alors qu'elle fait des claquettes que l'ascenseur descend, nous permettant enfin de voir son visage.

Deux constats: elle est hilarante en permanence, joignant le statut d'authentique méchante du film (la preuve elle essaie même de faire le coup de la pomme empoisonnée), et pour le spectateur qui vient de commencer le film, le ton est donné. La comédie musicale sera souvent parfaitement intégrée de cette façon, avec des digressions permanentes, et des adresses directes au public par Julie Andrews qui d'ailleurs nous communique ses pensées via des intertitres... Pour un enthousiaste du cinéma de la période, ça sonne comme un miracle cinématographique... Mais le film a un défaut malgré tout: sacrifiant à la mode des années 60 du filmouth (avec prologue, interlude et "exit music"), il est trop long, et le dosage est fatal à la dernière demi-heure. Ca n'empêche pas Thoroughly modern Millie d'être un film précurseur, situé à l'avant-garde de la mode à venir du retour dans la mode et l'art populaire des styles des années 20, et si on le compare avec un autre exercice de style assez proche, le Dick Tracy de Warren Beatty, la comédie musicale l'emporte haut la main.

 

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Published by François Massarelli - dans Julie Andrews Comédie Musical George Roy Hill
9 octobre 2020 5 09 /10 /octobre /2020 16:04

C'est à l'écart de l'univers développé par Ernst Lubitsch avec les mêmes acteurs (de The love Parade à One hour with you pour rester à la Paramount) que Rouben Mamoulian a tourné ce qui reste sans doute comme l'une des plus glorieuses comédies musicales de l'époque... Contrairement à ce qui se faisait à la Warner, les films du genre proposés par la Paramount étaient souvent inspirés du monde de l'opérette, les personnages n'ayant pas le moindre besoin de s'agiter sur une scène pour tout à coup chanter... Les chansons (ici de Rodgers and Hart) sont donc partie intégrante de l'action du film...

Maurice Courtelain (Chevalier de son vrai nom) est un tailleur Parisien, victime comme ses amis et voisins, autres commerçants, d'un mauvais payeur: le Duc de Varèz (Charlie Ruggles), en effet, a pris l'habitude de vivre aux dépens d'un oncle qui ne veut plus financer un train de vie gênant, et il laisse donc des ardoises un peu partout. La rue élit donc Maurice pour aller chercher le règlement des petites notes. Seulement dans la famille du Duc, on voit un commerçant d'un mauvais oeil, et pour compliquer le tout, la cousine du nobliau, Jeannette (McDonald) est fort avenante: c'est le coup de foudre entre la belle Princesse et le Parisien, qui pour pouvoir s'introduire au château, se fait passer avec la complicité du Duc, pour un Baron.

D'une part, c'est mené tambour battant, et éblouissant de drôlerie: Mamoulian s'amuse; les dialogues fusent, les acteurs s'en donnent à coeur joie: le film est une véritable fête de plaisir, à condition mais c'est la règle du jeu, qu'on accepte le style chanté des deux protagonistes! En titi Parisien revu et corrigé par Hollywood, Chevalier est presque une étrange capsule temporelle à lui seul, et bien sûr Jeannette McDonald, entre tenue austère et déshabillages intempestifs, est une figure de sensualité assez évidente...

Mais il y a mieux encore: contrairement à Lubitsch, qui définit souvent un espace assez limité et y promène son petit monde, Mamoulian lui s'amuse justement à nous balader en permanence, en commençant par s'introduire dans un Paris mythique (les premiers plans du film sont une constante source d'invention), avant justement de nous entraîner dans un château grand luxe, allant jusqu'à nous amener avec lui dans un chasse délirante en forêt. Et lui qui a déjà redéfini le film parlant avec Applause et montré une virtuosité impressionnante avec Dr Jekyll and Mr Hyde, se lance dans une invention permanente, faisant feu de tout bois: ralenti, accéléré, gags aux frontières du surréalisme, brillants jeux d'ombres... Le film est basé de façon plus ou moins visible sur La belle au bois dormant, avec la présence de trois "bonnes fées" qui veillent sur la princesse, et une scène de réveil avec baiser. Toutes ces qualités sont combinées avec des dialogues à double sens du plus bel effet (surtout quand c'est Myrna Loy qui les prononce...), ces ingrédients en feraient presque une comédie avant-gardiste, qui reste malgré tout constamment un spectacle du plus bel effet.

...Mais un spectacle aujourd'hui bien incomplet, puisque seule a survécu une version amoindrie, rabotée du film afin de satisfaire les exigences morale et pudibondes du code de production. On a connaissance des scènes enlevées, bien sûr, mais ces dix minutes promettaient d'être passionnantes, quand on sait que ce qui reste est déjà un beau joyau gonflé de cette période intense de liberté créatrice... Et de penser que ce film, dans lequel la belle Myrna déambule de scène en scène avec toujours une gourmandise à dire qui nous indique que son personnage est une nymphomane ceinture noire, a été censuré, excite quelque peu notre curiosité...

 

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Published by François Massarelli - dans Pre-code Rouben Mamoulian Musical
5 septembre 2020 6 05 /09 /septembre /2020 11:58

CRITIQUE MILITANTE

Pour commencer, on évacue le tout-venant: cette comédie, qui imagine l'arrivée d'un musicien absolument raté dans un univers parallèle où les Beatles (et pas seulement les Beatles, d'ailleurs) n'auraient jamais existé, est une jolie idée qui a été soufflée à Richard Curtis, scénariste intéressant mais cinéaste sans grand talent, qui a eu la bonne idée de la confier à Danny Boyle qui venait de mettre en scène un cas de médiatisation formidable dans Slumdog Millionnaire... 

Jack Malik (Himesh Patel), musicien raté, devient donc "le" compositeur de She loves you, Let it be, Yesterday ou Hey Jude (devenue sur les conseils avisés d'experts de la vente de musique en gros Hey Dude!), dans un monde où on le prend pour un génie... Ca va, vous vous en doutez, changer sa vie, mais pas trop vite non plus, les "nouvelles" chansons devant passer par le processus de médiatisation du web qui est désormais le cheminement de tout artiste...

Le truc du monde parallèle est évidemment un procédé facile et assez courant (il n'y a pas si longtemps, un film français imaginait un univers parallèle très séduisant puisque Johnny Hallyday n'existait pas: une perspective qui fait rêver), dont l'équipe a le bon goût de ne pas abuser, et même à un moment, de s'en débarrasser... et puis les acteurs sont bons et bien dirigés, voir plus haut. Danny Boyle a ainsi pu tempérer la tendance à la facilité et au verbiage des personnages des films de Curtis. Le portrait d'une industrie musicale dans laquelle on marche sur la tête, globalement, est mordant, même si le film s'assure la complicité d'un chanteur authentique pour figurer l'industrie du spectacle, Ed Machin, qui a l'air de ne pas avoir un gramme de talent spécifique. je n'avais jamais entendu parler de lui, je n'entendrai probablement jamais plus parler de lui, et tout est pour le mieux. Mais l'humour est aussi présent: par exemple, en entendant pour la première fois une chanson de Beatles (qui donne son nom au film), un personnage assure qu'il ne faut pas s'emballer: "c'est moins bien que Coldplay", ce qui en soi est non pas une critique des Beatles mais bien une pique adressée au mauvais goût... Un autre gag drôle et relativement subtil est à trouver dans le fait qu'après avoir constaté en cherchant sur Google que le mot Beatles n'aboutit à aucun résultat, il a la curiosité de chercher le groupe Oasis. Il n'est pas surpris de faire, également, chou blanc...

Car oui, dans ce film drôle, fantaisiste et qui reste jusqu'au bout une excellente comédie sentimentale, on imagine effectivement un monde dans lequel non seulement les Beatles n'ont jamais existé, mais aussi dans lequel l'industrie musicale n'a jamais eu l'opportunité de changer pour accommoder les désirs légitimes d'artistes exigeants, comme les Beatles qui ont pu par exemple à partir de Rubber soul, contrôler leurs albums de A jusqu'à Z. Ils étaient les premiers, sans eux, l'industrie musicale était réduite à des labels qui vont dicter aux musiciens le titre, la pochette, le devenir d'un disque, comme dans cette scène qui voit un patron de label imposer un double album à son artiste, qui vient de lui apporter du reste plusieurs chefs d'oeuvre qui assoient tout le monde.

Alors j'admets, mais très mollement, qu'il y aura probablement des gens qui verront ce film et qui feront la fine bouche, en disant un truc du genre "oui, bon les Beatles, moi tu sais..."

Tant pis pour eux.

Et d'autres qui ne rigoleront pas du tout en entendant la comparaison entre Lennon/McCartney et Coldplay...

Tant pis pour eux aussi. Non, le message du film, et il aurait je pense été fonctionnel avec n'importe quel artiste qui a eu un succès phénoménal, c'est qu'on a besoin de musique, de chansons aussi, d'une certaine exigence dans notre vie. On trouve ces chansons, cette musique, cette exigence dans les chansons des Beatles, et le monde de 2020 est façonné au moins pour une petite proportion par le passage de ces quatre météorites conjointes entre 1960 et 1970. De même que sans Sidney Bechet, Louis Armstrong, Duke Ellington ou Jelly Roll Morton, on ne parlerait pas de jazz aujourd'hui, et peut-être pas non plus... des Beatles! Pour finir, le film assume son statut de comédie pop, en nous montrant une scène au cours de laquelle Jack, subjugué, rencontre un vieil homme de 78 ans, à l'existence modeste, qui a fait sa vie sans heurts ni spectaculaire et qui s'appelle... John Lennon. celui auquel Paul McCartney (en 1982) dédiait ces mots: I really love you and was glad you came along. Celui aussi qui a dit "the Beatles are just a band, a band that made it very very big, that's all".

Bref, peu importe les artistes: on a besoin de ces gens dans nos vies, et le mode de fonctionnement de cet art mineur majeur qu'est la chanson (la pop, le rock, appelez ça comme vous voulez) est effectivement en danger aujourd'hui. Ainsi, quand deux autres rescapés du même univers parallèle que Jack le rencontrent, au lieu de lui reprocher son acte de piraterie insensé (ce que lui se reproche tout le temps), ils... le remercient d'avoir reconstitué cette part essentielle de leur vie.

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Published by François Massarelli - dans Musical Comédie
23 août 2020 7 23 /08 /août /2020 16:16

David Byrne est bien sûr le célèbre (?) musicien Américain, chanteur, guitariste, auteur et compositeur qui pour une bonne partie de sa carrière a été associé au groupe les Talking heads, avec lesquels il a fait le grand saut dans le funk et la world music. Mais dans les années 80, ils ont aussi commencé à explorer, après l'apport extérieur essentiel de la musique Africaine, les racines intérieures et traditionnelles de la musique populaire Américaine... le folk, la country notamment. 

Et ce film est à la fois une source et un prolongement pour le groupe: une source car c'est devenu pour Byrne cinéaste et Byrne compositeur une occasion de faire appel au groupe, et par là-même un nouvel album; et un prolongement parce que l'esprit particulier, le ton délibérément alien de ce film ont tout à voir avec ce qu'étaient les Talking heads depuis le début: des observateurs de l'ordinaire, mis en musique d'une façon souvent innovatrice...

Pour son unique long métrage, assisté de l'excellent chef-opérateur Ed Lachmann, Byrne incarne un visiteur extérieur d'une petite ville fictive du Texas, un état dont il nous retrace d'ailleurs l'histoire compliquée dans un montage hilarant. Il est habillé à la mode Texane, vue de loin, avec de très très larges Stetson, et il parcourt les routes plates et mornes du Texas qu'on voit défiler en transparence derrière sa belle voiture rouge décapotable. Et il s'intéresse aussi bien à des gens, qu'à des anecdotes, avec une constante: aucune conclusion, aucun jugement sur tous ces gens qui se préparent à fêter le 150e anniversaire de leur petite bourgade: l'informaticien à la pointe, le brave coeur solitaire qui cherche l'âme soeur, le couple de notables qui ne se parlent plus, la femme qui ment comme elle respire, le prédicateur paranoïaque, le prêtre vaudou, et la femme qui aura fait par pure paresse la plus longue sieste du monde, tous partagent d'être inspirés par ces titres de journaux parfois loufoques qu'on trouve parfois dans ces journaux à bas prix qu'on peut acheter partout... Et tous vont se retrouver autour d'un radio-crochet.

C'est très étonnant, dans la mesure où au delà des anecdotes concernant chacun des personnages identifiables, le film ne raconte finalement rien du tout! Mais il diffuse une étrange et très confortable douceur, une espèce de vision rassurante de l'humanité, car ici, Byrne ne cherche pas à accuser, montrer du doigt ou critiquer qui ou quoi que ce soit, juste s'amuser autour d'un folklore en se laissant vagabonder au gré des idiosyncrasies des uns et des autres. Pour revenir aux Talking heads, il souhaite regarder de plus près, sans les effaroucher, les "Little creatures" dont il parlait dans la chanson du même nom. Il s'est aussi entouré de toute une troupe, parmi lesquels on retrouvera des têtes connues: l'actrice Swoosie Kurtz, mais aussi Spalding Geay et surtout John Goodman, ou encore des musiciens, des vrais, établis (Paulinnho da Costa), des locaux (Esteban "Steve" Jordan y los Vampiros) et même d'illustres inconnus, invités à participer à l'étrange célébration...

Séduisant, mais condamné dès sa sortie: personne ne s'est déplacé pour aller voir le film...

 

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Published by François Massarelli - dans Musical Comédie Criterion
1 juin 2020 1 01 /06 /juin /2020 18:34

Le parcours largement teinté de rose d'une jeune chanteuse (Doris Day), veuve de guerre, flanquée de son fils et d'un agent (Jack Carson)prêt à tout pour placer sa protégée, mais qui joue de malchance: le grand manitou des programmes radiophoniques qui fait la pluie et le beau temps dans le domaine de la chanson légère est complètement aveuglé par l'admiration que sa femme porte pour le chanteur Gary Mitchell... 

Les efforts portés à l'écran font l'essentiel d'une intrigue ô combien légère, mais le film est rythmé sans un seul temps mort, les personnages sont hautement sympathiques (sauf un) et comme on est à la Warner, on a demandé à Friz Freleng de participer à la fête et de laisser Bugs Bunny donner la réplique à Doris Day, sans doute en réponse à la fameuse rencontre entre Gene Kelly et la souris Jerry à la MGM! Michael Curtiz, qui était en quelque sorte l'agent de Doris Day (c'est lui qui l'a découverte), y raconte un peu une histoire proche de leur parcours...

Et il le fait avec le sens phénoménal de la mise en scène qui est le sien, paradoxal en diable dans ce contexte de comédie musicale, il se débrouille pour que toutes les chansons soient en situation plausible, sauf une (voir plus haut!), et s'ingénie à placer la caméra, et donc le public, au coeur de l'action. C'est donc une pause dans la noirceur de son oeuvre, mais cette parenthèse rose bonbon se laisse consommer avec gourmandise...

 

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Published by François Massarelli - dans Michael Curtiz Musical Bugs Bunny
25 avril 2020 6 25 /04 /avril /2020 17:22

Février 1972: on apprend la mort du trompettiste Lee Morgan, 33 ans, abattu par son épouse en pleine crise de jalousie, sur les lieux même de son travail, un club de jazz, et en présence de nombreux musiciens et personnes du public...

Quelques années plus tard, Helen Morgan est sortie de prison, sous conditions, et s'est fondue dans la communauté Afro-Américaine de son quartier. Jusqu'au jour où un ami l'a interviewée, en 1994, à un mois de sa mort...

Le film fait la navette entre l'histoire du musicien (sans grand penchant pour la précision, ni aucune rigueur sur les dates et encore moins sur le développement de la musique), et grâce à cette voix d'outre-tombe recueillie par hasard sur une cassette audio, le témoignage poignant de son épouse et meurtrière. Comme il est d'usage dans ces films documentaires désormais, des témoins viennent raconter leurs impressions sur l'histoire de l'un des musiciens les plus passionnants qui soient: Wayne Shorter, Albert Heath, Jymie Merritt, Bennie Maupin, Larry Ridley... Excusez du peu, tous ces noms rappellent une grande période de mutation dans l'histoire du Jazz.

Et c'est bien ça le problème: sans doute n'y a t-il que peu d'images de Lee Morgan, à l'exception d'une prestation télévisée de 1971, et d'une ou deux prestations effectuées lors de son passage héroïque chez les Jazz Messengers (son solo sur Moanin'!), le fait est que Morgan ne bénéficiait pas de la même cote d'amour qu'un Miles Davis ou un Dizzy Gillespie. Mais du coup, si on peut comprendre l'absence d'images, que penser du flou narratif? Aucune chronologie, aucune preuve tangible ni de son génie ni de son évolution, sans parler de l'étrange faiblesse éditoriale, qui fait monter des images des Messengers de 1959, avec Morgan à la trompette bouchée, sur Search for the new land de 1964, dans lequel on entend le trompettiste sans sourdine!

Et puis le film finit par ne plus se concentrer que sur l'inévitable fin: les circonstances, absurdes et tragiques, et la mort d'un fabuleux musicien... On aurait aimé que ce film soit consacré à Lee Morgan plus qu'à sa mort.

Je râle, mais on se réjouira au moins sur deux faits: d'une part, au moins on parle de Lee Morgan, après tout, c'est déjà ça! Et d'autre part, le film est si pauvre en recherches musicales, qu'il nous pousse à aller fouiller dans la discographie du bonhomme. Ca, c'est bien!

 

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Published by François Massarelli - dans Musical
23 avril 2020 4 23 /04 /avril /2020 16:31

Show boat est non seulement une production majeure des années 30, une comédie musicale de grande classe, c'est aussi un film crucial pour son metteur en scène, l'infortuné James Whale qu'on assimile trop souvent au film d'horreur et d'épouvante dans la mesure où ses quatre films les plus connus font tous partie de cette catégorie... Ce sont pourtant les seuls du genre, dans une oeuvre diverse, où on trouve aussi bien des mélodrames (Waterloo bridge, version de 1931), un musical (Show boat, donc), des films d'aventures historiques (The man in the iron mask), une participation à l'une des versions du film de guerre Hell's angels de Howard Hughes, ou une adaptation de Marcel Pignol (Port of seven seas)! Show boat est sans doute le plus connu des films non fantastiques de Whale, et à juste titre... C'était, il est vrai, une grande date pour la Universal.

Sur le Mississippi, nous assistons à la vie sur le steamboat Cotton Blossom, un show boat, c'est à dire un bateau comprenant un théâtre, qui fait la tournée des villes portuaires sur le fleuve. La famille qui compose la troupe est organisée autour du capitaine Andy Hawk (Charles Winninger) et de sa redoutable épouse Parthenia (Helen Westley): l'acteur principal, Steve Baker (Donald Cook) et son épouse, la prima donna Julie La Verne (Helen Morgan), mais aussi un couple de comiques, Frank Schultz (Sammy White) et Elly Chipley (Queenie Smith): tous chantent, dansent, et jouent la comédie. Magnolia (Irene Dunne), la fille d'Andy et Parthenia, aimerait bien aussi participer, mais sa mère, motivée par une morale Sudiste quasi-Victorienne, le refuse...

...Jusqu'au jour où Julie doit précipitamment quitter la compagnie, étant noire, ce que peu savaient. Elle part avec son mari afin d'éviter les ennuis à ses employeurs. Obligés de trouver un remplacement, les Hawks engagent donc un inconnu, l'aventurier Gaylord Ravenal, et lui donnent comme partenaire leur fille, qui est ravie non seulement de monter sur scène, mais aussi de donner la réplique à un homme qui lui plaît beaucoup...

Et ce n'est que le début: l'intrigue globale du film, comme celle du musical dont elle est partiellement une adaptation, est tirée à l'origine du roman d'Edna Ferber, qui se déroulait sur cinq décennies, et voyait beaucoup de protagonistes mourir... Pas le film de Whale pourtant, qui porte ses efforts ailleurs... Dès le départ, il a pour souci d'intégrer la musique dans la comédie, d'une manière qui soit différente des tendances des années 30, les revues inspirées de Ziegfeld, les films urbains élégants où la danse et le chant sont généralement l'affaire privée des protagonistes interprétés par Fred Astaire et Ginger Rogers,  ou les musicals Warner où le show est la promesse d'un final spectaculaire, coquin et exubérant à une oeuvre qui montre les artistes se démener sang et eau pour répéter pendant une heure de film... et pour intégrer la musique, rien de mieux que de montrer dès la première séquence le show boat arriver, à la grande satisfaction du public potentiel, qu'il soit noir ou blanc, jeune ou vieux, riche ou pauvre... On va même plus loin, c'est l'arrivée du bateau et de sa promesse de spectacle qui donne de la vie à la petite ville où se passe l'introduction.

Du début à la fin, Whale intègre donc la musique à la comédie et la comédie à la musique, laissant l'une envahir l'autre et vice versa. En pleine chanson, un personnage va même parler avant de reprendre le flot musical; les personnages entrent dans une pièce et se joignent à la musique au gré des affinités. Les caméras et les éclairages ne sont pas en reste, Whale ayant pris le parti de multiplier sans répit les angles de prise de vue, tout en utilisant avec réalisme les lieux de l'action: pas de champ qui s'élargisse sous la magie du spectacle comme dans les films de Busby Berkeley, le parti-pris de Whale est de se servir de décors à taille humaine. N'empêche, la mise en scène, le montage, sont d'une incroyable invention: quelle que soit notre affinité avec les styles musicaux représentés, on ne s'ennuie jamais.

Tout tourne autour du bateau dont les protagonistes ne sont pas que les acteurs et chanteurs; on fait aussi connaissance avec les employés, comme l'homme à tout faire Joe (Paul Robeson) ou la cuisinière Queenie (Hattie McDaniel). Ils ne feront jamais tapisserie, même s'ils disparaissent lorsque les protagonistes cessent de vivre en permanence dans le show boat. Mais leur présence va servir aussi à introduire les questions gênantes dans le film: c'est que le show boat, c'est une tradition Sudiste, et le Sud est omniprésent dans les deux premiers tiers du film, et pas qu'à travers le style musical choisi par Jerome Kern (Can't stop loving that man of mine, Old man river...): une scène où Helen Morgan interprète une vieille chanson noire (ce qui au passage est le début d'une information, puisqu'on apprendra plus tard qu'elle est métissée) sert de passage de témoin culturel, entre Queenie qui approuve la version interprétée par ses amis blancs, et Magnolia qui danse à la fin dans un style purement afro-Américain. Paul Robeson, qui faisait partie de la distribution de la production Ziegfeld à Broadway en 1927, interprète Old Man River, appuyé par des images aux forts relents expressionnistes, qui nous rappellent le bon goût de James Whale qui n'avait jamais oublié le cinéma muet Allemand et s'en est souvent inspiré. Show boat est souvent le théâtre d'un métissage culturel revendiqué, souligné, nécessaire... mais aussi de son corollaire, une récupération par les blancs de ces styles musicaux: Julie La Verne, personnage poignant d'actrice qui a cherché à dissimuler sa vraie identité et à cacher ses angoisses dans l'alcool (un autoportrait surprenant de Helen Morgan), va littéralement laisser la place sur la scène dans le dernier tiers du film à Magnolia Hawks, et laisser la petite blanche triompher avec son répertoire... C'est d'ailleurs dans ce même dernier tiers que les protagonistes noirs disparaissent tous.

Une fois de plus, c'est en contrebande, et au vu et au su de tout un chacun, dans une grosse production visant à être vue par toute la famille, que James Whale fait passer un message que d'aucuns pourront juger subversif. Une scène entière, magistrale, nous montre les membres de la troupe se liguer derrière le couple de Julie et Steve, accusés de miscégénation, cet absurde délit d'accouplement inter-racial inventé par les blancs du Sud pour emm... le monde entier. Un sujet qu'on n'attend pas dans un film Américain produit à Hollywood en 1936, et dont James Whale fait un grand moment de prise de conscience pour le public...

Whale sait aussi que le public a évolué depuis les débuts du parlant. Il s'adresse un peu aux audiences sophistiquées des grandes villes quand il prend le parti de montrer les pièces interprétées sur le Cotton Blossom comme étant d'abominables mélodrames fort mal joués... Il se régale (et nous avec!) d'une histoire atroce avec un méchant à moustache et rire diabolique... De la même manière on peut sentir une certaine ironie de sa part dans son traitement d'un numéro de Magnolia en black face. Mais il le fait, et c'est un tour de force, sans jamais se départir de son affection profonde pour les personnages qu'il met en scène... Et c'est sans doute la cerise sur le gâteau, d'un film majeur, époustouflant, et assez exténuant dans ses presque deux heures de spectacle. On raconte, pour finir, qu'il existerait une troisième version du film (celle de Whale étant la deuxième), produite par la MGM en 1951: n'en croyez rien: Show boat, c'est ce film Universal de 1936. Pas autre chose...

 

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Published by François Massarelli - dans James Whale Musical Criterion