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13 septembre 2019 5 13 /09 /septembre /2019 17:16

Un homme parmi d'autres, dans les transports en commun d'une ville plus ou moins moderne, se laisse attraper par l'absurdité des situations et de gestes mécaniques à la Metropolis que lui et tous les humains, pauvre pions d'un système diabolique, font machinalement. Mais l'homme (Thom Yorke) devient sans le vouloir un grain de sable dans la machine, et va conquérir de façon inattendue sa part de liberté en allant à contre-courant pour pouvoir s'approcher d'une femme qui a croisée...

Thom Yorke a sorti un nouvel album en solo cette année, baptisé Anima, qui est comme son premier disque Eraser un album austère largement fait de musique électronique. Anderson, chargé par Netflix d'assurer à sa façon la promotion de l'album en question, a choisi trois chansons et a bâti en collaboration avec un certain nombre de chorégraphes un spectacle de danse inattendu, auquel Yorke, toujours à l'affût de nouvelles expériences, s'est livré avec bonheur.

C'est donc certes anecdotique, mais ce quart d'heure promotionnel raconte une histoire qui se situe dans la continuité immédiate d'oeuvres comme Metropolis, et explore aussi l'ombre de Kafka (nous sommes à Prague, du reste), en utilisant en priorité des techniques de truquage physiques, plus que numériques. Et fidèle à ses convictions, Paul Thomas Anderson tourne en 35 mm. Quel dommage qu'il faille voir ça sur Netflix (ou à la Cinémathèque Française, bientôt, en collaboration avec le cinéma Le Concorde de La Roche Sur Yon!!!), le site qui joue à l'heure actuelle les fossoyeurs du cinéma...

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Published by François Massarelli - dans Paul Thomas Anderson Musical Danse
13 septembre 2019 5 13 /09 /septembre /2019 17:07

En 2015, Paul Thomas Anderson a rejoint son ami et fréquent collaborateur Jonny Greenwood et Nigel Godrich au Rajastan, où le musicien de Radiohead et le compositeur-guitariste-chanteur Shye Ben Tzur enregistrent un album en compagnie d'une sélection de musiciens Indiens. Le metteur en scène a donc posé ses caméras dans le château (parfois alimenté en courant, parfois pas...) où les musiciens enregistrent.

Le metteur en scène a donc du jouer la "fly on the wall", sauf que cette fois, quand on a vu le film on pourrait plus facilement parler d'un pigeon que d'une mouche! Car les conditions d'enregistrement, dans un château qui est aussi un temple dédié semble-t-il à plusieurs religions, sont particulièrement farfelues. Mais la magie opère durant tout le documentaire qui suit un cheminement volontairement flou et pas nécessairement chronologique, privilégiant les impressions et l'indolence sur la rigueur narrative, et s'amusent comme il le fait dans ses fictions à fouiller en permanence les coulisses de l'événement principal.

Bref: on est envoûté, par la rencontre musicale improbable entre un musicien de rock Britannique (Et quel!), un musicien Israélien, et une troupe disparate de membre de plusieurs groupes ethniques, de religions différentes, tous unis pour chanter dans une langue (l'hébreu) qu'ils ne comprennent a priori pas, des compositions qui incorporent tout ce qu'ils voudront y apporter... 

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Published by François Massarelli - dans Paul Thomas Anderson Musical
23 août 2019 5 23 /08 /août /2019 16:50

Après The tales of Hoffmann, ce film (lointainement) adapté de l'opérette Die Fledermaus de Richard Strauss est la deuxième incursion de Powell (et Pressburger) dans la musique, cette fois avec un Cinemascope glorieux pour compléter le superbe Technicolor auquel les Archers nous ont habitués... Et c'est, sinon un échec (à ce stade d'étrangeté, je pense qu'il n'y a pas lieu de considérer le film comme un échec: il est bien tel qu'ils l'ont voulu!), en tout cas une sérieuse déception...

Parce que le contexte d'une après-guerre étrange, à Vienne, qui réussit tant au Wilder de A foreign Affair et One, two, three (Situés, eux, à Berlin) débouche sur une confusion certaine, dans cette intrigue où l'on se perd dès la deuxième minute: Anton Walbrook y est Flake, un maître d'hôtel qui se venge d'une bonne farce qu'on lui a faite: il s'est réveillé dans les bras d'une statue Soviétique, fin saoul, et affublé du'n masque de chauve-souris... Sa vengeance touchera un peu tous les camps qui se sont invités à rester à Vienne après la défaite d'Hitler: les Américains, les Anglais, les Russes et les Français. 

Comme dans leur adaptation d'Offenbach, les cinéastes ont privilégié le jeu sur le chant, et donc ils ont invité des acteurs, dont Ludmilla Tcherina, Mel Ferrer, Michael Redgrave, ou Dennis Price, qui ne sont pas nécessairement des chanteurs, quitte à les doubler. L'opéra a été dépoussiéré, non seulement dans ses décors, sa situation et ses costumes, mais aussi dans son texte. Le Cinemascope, utilisé pour la première fois par les deux partenaires dans un long métrage, a donné lieu à quelques scènes intéressantes qui sont tout en largeur... Et puis voilà: quelles que soient la fantaisie des deux excentriques cinéastes, les prouesses, les efforts notables vers la comédie, on s'ennuie ferme. 

 

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Published by François Massarelli - dans Michael Powell Musical
31 mai 2019 5 31 /05 /mai /2019 16:13

Le titre annonce la couleur: Hip, c'est une hanche... Il est souvent question du corps féminin, dans cette petite comédie musicale due au petit studio Radio pictures, qui allait bientôt fusionner avec RKO, mais c'est beaucoup plus dans le décor qu'au premier plan. Toutefois, la toute première scène, un numéro vaguement chorégraphié (avec un style qui tente de faire du Busby Berkeley sans trop de moyens) y va carrément: des mannequins prennent leur bain sur un podium, leur modestie protégée par des objets stratégiquement placés, pendant que Ruth Etting pousse la chansonnette... On est à Maiden America, une entreprise qui produit des cosmétiques, et on s'y inquiète d ela concurrence effrénée de Madame Irene. Mais la jeune vendeurse Daisy fait la connaissance de deux bons génies, supposés avoir le génie de la vente...

...Sauf que les deux garçons en question sont des escrocs. Et puis, qu'importe le script et l'intrigue, ce qui compte dans ce film c'est la dose solide de farfelu, qui est bien fournie mais sans doute pas tout à fait assez. Au moins, il y a une scène d'anthologie: les deux escrocs (Wheeler et Woolsey) se lancent dans une chorégraphie hallucinante, en compagnie de Thelma Todd et Dorothy Lee qui participent à la fiesta sans trop se poser de questions. Cinq minutes de pur bonheur qui sont sans effort le sommet du film. Pour le reste, c'est une comédie musicale fauchée et pre-code. Comme des dizaines meilleures que certaines, pire que d'autres...

Pour finir, si on regarde sans doute ce film plus pour y voir la grande Thelma Todd qui joue cette fois la patronne d'une entreprise et qui commençait à glisser vers des rôles plus murs avant que la tragédie ne nous en prive,  en tout cas je peux dire que j'ai vu un film avec les deux comiques étranges que sont Wheeler et Woolsey. Ils ne sont pas incompétents, non... Pas totalement insupportables, pas manchots non plus; mais... n'est pas Laurel ou Hardy qui veut. Ici, ce serait plutôt un mélange entre Groucho sous tranquillisant et Jimmy Durante sobre pour l'un, et un compromis entre ce pauvre Zeppo Marx, et un Harry Langdon bavard pour l'autre... 

 

 

 

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Musical Pre-code
25 mars 2019 1 25 /03 /mars /2019 17:25

Décembre 1983: les Talking heads investissent les planches du prestigieux Pantages à Los Angeles, qu'ils comptent bien remplir de gens et de sons. Le concept, pour ce groupe fer de lance de la New Wave Américaine, est de reconstruire littéralement un groupe et son public à partir de rien: David Byrne (Chant, guitare) arrive donc sur une scène nue et pas préparée, une guitare à la main, et s'approche du micro pour chanter Psycho Killer, le premier single du groupe (de 1977), seulement accompagné d'une cassette dont le son vient d'un gros magnétophone posé à ses pieds: un ghetto blaster, comme on disait alors, en cette époque de fusion des genres et de rap naissant.

Puis il est rejoint par la bassiste du groupe Tina Weymouth, pour interpréter Heaven; Chris Frantz (batterie) et Jerry Harrison (Guitare et claviers) les rejoignent sur respectivement le troisième et quatrième morceau, puis les musiciens continuent à s'ajouter à la formule, pendant que les petites mains s'affairent à construire au fur et à mesure le décor du spectacle. Une fois tout ce petit monde (avec en plus des quatre membres, rien moins que cinq musiciens: deux choristes, un guitariste, un clavier et un percussionniste) en place, la mise en scène continue, constamment changeante: des projections font évoluer le décor, Byrne et Weymouth changent de tenue, cette dernière chante d'ailleurs une chanson (Genius of love) en grande prêtresse de l'encore plus avant-gardiste Tom Tom Club, et un éclairagiste se promène tranquillement dans les rangs des musiciens pour les illuminer de spots qui projettent des ombres changeantes...

Et durant tout ce temps, le groupe assure. Certes, en cette fin 1983, le groupe est plus qu'installé et respecté. Mais la façon dont le concert se passe est purement magique: une énergie folle de tous les instants anime ces neuf musiciens, les chansons sont une fusion constamment excitante de simplicité harmonique et de polyrythmie avancée, l'Afrique (dont le groupe a commencé à s'inspirer avec le superbe album Fear of music en 1979 est ici combinée d'éléments funk particulièrement bien assumés... qu'ils soient membres permanents ou "employés", les neuf artistes donnent tout et sont traités à même enseigne, par un David Byrne qui assure à lui tout seul une partie impressionnante du show, mais l'essentiel, bien sûr, c'est la musique: et là, on est servi, le groupe ayant suffisamment de bonnes choses à son actif pour que le spectacle soit réussi. Donc, pas un seul temps mort, pas un moment de repos.

Et on voit bien ce qui a intéressé Jonathan Demme, un documentariste passé chez Corman, ou un fictionniste chevronné fasciné par l'intrusion du documentaire, on ne sait plus très bien: car un groupe qui expose sa mise en scène dans toute sa nudité, tout en jouant live des chansons que personne ne peut réussir - ou rater- à sa place, c'est du pur documentaire avec de vrais morceaux de tension dedans, et ça peut, si c'est bien fait, faire un film formidable.

Et c'est exactement ce que les Talking heads et Jonathan Demme ont fait: un chef d'oeuvre, de part et d'autre. Le metteur en scène, qui fera interpréter live la chanson Heaven dans Philadelphia (où Denzel Washington citera aussi le titre de la chanson Making flippy floppy) se souviendra longtemps de cette expérience enrichissante.

PS: oui, bien sûr, les Talking heads interprètent les fabuleux Once in a lifetime, Life during wartime et Take me to the river

 

 

 

 

 

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Published by François Massarelli - dans Musical Jonathan Demme Danse
6 mars 2019 3 06 /03 /mars /2019 17:55

Si tu vas à Rio, n'oublie pas de monter là-haut... en effet!

L'intrigue de cette petite comédie musicale est très accessoire, et le film se présente clairement comme une tentative pour un studio moindre (la RKO) de concurrencer la Warner qui en cette année 1933 a déjà sorti trois comédies musicales révolutionnaires avec des ballets de Busby Berkeley, sur son propre terrain... On y voit un orchestre Américain, dirigé par Gene Raymond, et avec entre autres Fred Astaire et Ginger Rogers, se rendre à Rio pour un engagement dans un hôtel... Ils doivent y donner un spectacle, et évidemment le spectacle ne va pas pouvoir se faire à moins de trouver une idée de génie...

C'est un pur produit de son époque, après tout, et si on ne peut pas dire que Flying down to Rio arrive à la cheville de Footlight parade, 42nd Street et Gold diggers of 1933, au moins, sa vulgarité assumée, son côté gentiment foutraque et sa glorieuse loufoquerie lui assurent au moins une place dans l'histoire... Grâce aussi, soyons juste, à quelques passages formidables: une hallucinante variation d'un quart d'heure sur la Carioca (...PrYoupi), pour commencer, durant laquelle le scénario part purement et simplement et saute de la carlingue sans parachute; une série d'interventions spectaculaires de Fred Astaire, qui n'a pas volé le statut de star que ce film lui a volé; et UNE séquence à laquelle Berkeley n'avait pas pensé...

Bon, certes, en prime il y a Dolores Del Rio, impériale en amoureuse Brésilienne, à tel point qu'on aurait sans doute bien pu appeler le film Flying down to Del Rio... Mais Merian Cooper, le producteur de ce film, avait vraiment la passion de l'aviation, comme le prouve la séquence hautement improbable qui clôt le film: des girls fortement déshabillées qui dansent...

Et alors me direz-vous?

...sur les ailes d'un groupe d'avions. Sans Kong.

 

 

 

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Published by François Massarelli - dans Musical Pre-code Danse
19 janvier 2019 6 19 /01 /janvier /2019 16:34

L'unique film musical de Cecil B. DeMille est son deuxième film parlant, réalisé durant une époque particulièrement troublée: la faillite de sa société a obligé le metteur en scène à se réfugier à la MGM en attendant que l'orage cesse, et il n'y bénéficie bien sûr pas d'une grande liberté. Néanmoins, on peut parier en voyant ce film unique en son genre, qu'il y a eu une certaine marge de manoeuvre, tant Madam Satan lui ressemble... Pour le pire.

Angela Brooks (Kay Johnson) se désole: son mari Bob (Reginald Denny) va chercher le bonheur ailleurs, en particulier auprès de Trixie (Lillian Roth), une jeune femme dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle n'a pas froid aux yeux, ni ailleurs. Devant la situation, Angela que son mari prend pour une bourgeoise prude et rangée, joue le tout pour le tout, et lors de la soirée olé olé organisée par James Wade (Roland Young), le meilleur copain de Bob, elle apparait déguisée en femme fatale pour faire tourner toutes les têtes...

La soirée en question a lieu sur un zeppelin, c'est important à signaler puisque le film repose sur la promesse d'une catastrophe qui implique le vaisseau et une tempête, ainsi qu'un nombre potentiellement restreint de parachutes... Mais le film choisit en un peu moins de deux heures un cheminement paradoxal pour mener à cette séquence que le metteur en scène voulait spectaculaire. Ce n'est pas la première fois que DeMille s'adonne à ce genre de piment dramatique: Something to think about, The road to yesterday ou The Godless girl ont eux aussi leur séquence-choc, mais celle-ci est particulière: elle est excessive, prétentieuse et plutôt mal foutue!

En attendant, on a donc une ouverture à la Lubitsch, mais sans la moindre subtilité, un développement au rythme intéressant, qui tente de jouer la carte boulevardière comme le faisaient certains courts Hal Roach. Puis on a la fiesta dans le zeppelin, un chef d'oeuvre de mauvais goût involontaire, avec ses costumes et ses non-costumes, et ses ballets qui trahissent l'absence d'un Busby Berkeley pour prendre les idées extravagantes et en faire de l'or. Ici, c'est plutôt d'une autre matière qu'il s'agit, mais nettement moins précieuse...

Maintenant, tentons l'impossible: pourquoi verrait-on ce film?

Il y a Martha Sleeper. Un peu, mais c'est déjà ça. 

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Published by François Massarelli - dans Cecil B. DeMille Comédie Musical Pre-code Reginald Denny
17 novembre 2018 6 17 /11 /novembre /2018 16:50

En compagnie du documentariste Martin Di Bergi, qui partage leur quotidien, nous suivons Spinal Tap (le célèbre groupe de heavy metal Anglais) en tournée en 1982, au moment d la sortie de son deuxième album pour le label Polymer; le premier n'avait pas vraiment été un succès, et ils espèrent que Smell the glove, leur nouvel opus, va rattraper le coup. Mais la malchance s'accumule: pour commencer, le label refuse de sortir l'album, parce que la plupart des magasins désapprouvent le choix sexiste de la pochette... 

Bienvenue dans le monde peu glorieux du rock 'n roll de la survie, de cette musique faite au début des années 80 par des dinosaures tous plus ou moins sortis des fumeuses années 60. Des gens qui comme Nigel Tufnel, le guitariste soliste bas du front, David St-Hubbins le chanteur dont la permanente est sans doute plus pertinente que son cerveau, ou Derek Smalls, le bassiste bien nommé, ne se sont pas construits sur les bancs de l'université, mais bien sur scène. Et assistons, en leur compagnie, à quelques combustions spontanées de batteurs.

On ne peut pas faire plus vrai que ce Mockumentaire, qui n'a finalement pas pris une ride! les acteurs sont géniaux (et font leur propre musique, un concentré infâme de hard rock FM de la pire espèce), les anecdotes sont presque vraies, et on comprend pourquoi les années 80 ont été fatales à tant de vieilles gloires... Mais pas à Rob Reiner que ce film a lancé: en route pour Princess bride, Stand by me, Misery, When Harry me Sally et The American President...

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Published by François Massarelli - dans Rob Reiner Comédie Musical
16 novembre 2018 5 16 /11 /novembre /2018 17:50

Nous suivons le parcours du groupe Anglais Queen, des prémices de la formation (le groupe auparavant appelé Smile et sa rencontre avec le jeune immigré Parsi Farrokh Bulsara, qui souhaitait tant qu'on l'appelle Freddie, puis nous assistons en trois actes à la montée en puissance phénoménale du groupe, puis à ses dissensions, luttes d'ego, puis un rabibochage avant un événement planétaire... Et durant tout ce temps, nous sommes confrontés à la quête identitaire de Freddie Mercury, l'un des chanteurs les plus emblématiques qui soient, mais qui pour son malheur, est né au mauvais moment sur bien des points: trop tôt pour assister enfin à l'acceptation par la société (partielle, il reste encore trop de cons partout) de la différence sexuelle; et surtout trop tôt pour pouvoir survivre plus longtemps à la découverte de sa maladie.

On va tout de suite évacuer les deux soucis relatés ça et là: oui, c'est vrai, la chronologie et les faits de l'histoire de Queen et Freddie Mercury ont été malmenés, je dirais même sciemment, par la production de ce film. Pour commencer, ou pour finir, le chanteur n'a pas été diagnostiqué avant Live aid, mais deux années plus tard. La chanson Killer Queen n'est pas sur le premier album du groupe. Ou ils n'ont pas joué Fat-Bottomed girls durant sa première tournée Américaine de 1974, et pour cause, la chanson ayant été écrite pour l'album Jazz de 1978. Et enfin, si le film nous donne l'impression que Brian May a apporté We will rock you en 1980, c'est faux, la chanson ouvrant en réalité l'album News of the world, en 1977.

Bon. Et alors? C'est un film, il a besoin de vous apporter une réalité virtuelle durant deux heures, et ma foi, ça marche... Ca marche aussi pour la plupart des acteurs. J'ai même tendance à dire que la plupart du temps, les trois-quarts de Queen sont totalement plausibles: le côté play-boy, mauvais garçon, androgyne mais ô combien viril de Roger Taylor (Ben Hardy), et surtout le brave Roger Deacon (Joseph Mazello), et le co-leader virtuel Brian May (Gwilym Lee) sont totalement crédibles. Le seul dont j'ai du mal à croire que c'est vraiment son personnage, je l'admets, c'est Rami Malek, mais c'est purement physique, donc on le suit quand même. La gestuelle, la pose, et d'une manière générale cette façon que Mercury avait d'habiter tout l'espace rien qu'en entrant dans un lieu, sont bluffants. 

Autre souci, et de taille semble-t-il, c'est le côté baroque de la production, depuis le rythme imprimé au jeu des acteurs, jusqu'aux événements choisis (de partie fine en orgie cocaïnée, en passant par des séances d'enregistrement souvent délirantes). Donc, ça disjoncte assez joyeusement, mais... C'est que premièrement, on parle de Queen; et de Freddie Mercury! et surtout, c'est un film de Bryan Singer. Ou presque: rattrapé par des problèmes de santé (c'est la version officielle, mais j'en ai une autre, plus salée), le réalisateur a cessé de venir sur le plateau, laissant la place à un autre (Dexter Fletcher), mais assuré de garder sa place au générique par son contrat. Mais c'est un film de Singer de A jusqu'à Z: depuis une reconstitution ludique des années Queen de 1970 à 1985 qui nous renvoient à ses exercices de recréation du passé dans la série des X-Men et dans Walkyrie, jusqu'à ce côté désinvolte de traiter les personnages, qui pourtant a toujours assez bien fonctionné dans la plupart de ses films. Le baroque, vous pouvez le croire, c'est l'univers du réalisateur de Superman returns et Usual suspects.

Et puis... je crois que cette fois, Singer, qui a beaucoup tiré sur la corde durant quinze années (parties fines et cocaïne, lui aussi, mais aussi et surtout les plaintes pour harcèlement, et autres trucs plus ou moins louches le visant dans l'ombre de l'affaire Spacey) et semble ici s'être choisi un point de vue à sa mesure: celui de Freddie Mercury! Il est évident que le metteur en scène, attiré par les excès d'une vie dans la puissance et le luxe, a clairement fait un processus d'identification, d'où un sentiment, parfois, que les autres membres de Queen sont un peu "à côté". Ils sont ici appréhendés selon le point de vue de Mercury.

Et musicalement, la reconstitution vaut vraiment la peine d'être vue. Le processus d'enregistrement d'un album comme un château de cartes a rarement été aussi bien représenté, à part peut-être dans le très beau film Love and Mercy. Et nous avons droit à quelques glorieux moments de joyeux délire, par des musiciens éminemment Anglais, qui se voient pour leur album A night at the opera, offrir une carte blanche, et en tirent un joyau... Dans lequel on trouve la perle des perles: la chanson qui donne son titre à l'album, et qui est sans doute la clé de ce qu'est Freddie Mercury: cette histoire d'homme qui s'est découvert criminel, et qui peine à le dire à sa mère, est un reflet assez fidèle de l'histoire qui nous est contée. 

Et pour finir, la reconstitution du concert mythique de juillet 2015 est hallucinante, jusque dans les moindres gestes des quatre musiciens. Un témoignage, une fois de plus, du pouvoir du cinéma pour créer ou recréer, aussi bien des moments d'histoire, que de l'émotion; alors: on ne fait pas la fine bouche, on enfile ses Ray-Ban, et on va tous voir le film qui nous permet de prolonger un peu le plaisir d'écouter Bohemian Rhapsody, sans pour autant nous imposer d'écouter Hot Space... Et on attend pour savoir si un jour, on aura de nouveau des nouvelles de Bryan Singer.

 

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Published by François Massarelli - dans Bryan Singer Musical
20 août 2018 1 20 /08 /août /2018 17:03

Réalisé durant le printemps 1934, mais sorti en septembre, soit après le retour du Code de production qui limitait sérieusement la liberté (et donc les côtés subversifs) des films produits dans les studios Hollywoodiens, Dames est la dernière grande comédie musicale de la Warner, cette fameuse série dont les ciné-chorégraphies assurées et filmées par Busby Berkeley étaient le centre d'attention. C'est aussi un cas d'école, car il me semble que c'est le premier de ces films dans lesquels les fameuses séquences musicales se font, mais oui, voler la vedette par la comédie !

La faute au casting, à n'en pas douter... Horace P. Hemingway (Guy Kibbee) se rend chez son cousin par alliance, le richissime et excentrique philantrope et père la pudeur Ezra Ounce (Hugh Herbert). Celui-ci lui promet de lui doner, en avance sur son testament, dix millions de dollars, à condition que ce brave Horace, bon père de famille, mari sans histoire (De Mathilda interprétée âr Zasu Pitts), et emballeur de saucisses de son état, mène une vie irréprochable. Facile, pense Horace... Mais deux éléments vont lui mettre des bâtons dans les roues : d'une part, sa fille Barbara (Ruby Keeler) est amoureuse du lointain cousin Jimmy (Dick Powell), un acteur (!!!), donc la brebis galeuse de la famille aux yeux d'Ezra ; d'autre part, sur le chemin qui le ramène en comagnie d'Ezra, Horace tombe entre les mains expertes d'une showgirl, Mabel (Joan Blondell)... Qui une fois en ville saura le faire chanter pour le pousser à financer pour Jimmy un show du genre qu'Ezra déteste : il y a des filles (« dames ») dedans...

La formule habituelle des films Warner se double ici d'une solide comédie de mœurs avec quiproquos et portes qui claquent, dans laquelle Guy Kibbee excelle. Ajoutez à ça Zasu Pitts et Hugh Herbert, et dès le départ, on a une promesse de comédie bien charpentée. Dans la lutte désespérée du cousin Ezra pour rester du côté de la probité, on notera un gag récurrent : à chaque fois qu'il est pris de hoquet, le bon Ezra se sert une goulée d'un élixir dont il est absolument persuadé qu'il va le guérir, sans jamais s'percevoir qu'il s'agit probablement de la gnôle frelatée de la pire espèce... Il est contagieux en plus, et Mathilda et Horace le rejoignent dans une scène de saoulôgraphie particulièrement appuyée.

Et puis il y a le code... Donc Busby Berkeley se retient beaucoup, notamment dans un numéro charmant et collet monté, qui plus est chanté par Joan Blondell : pas une bonne idée, maintenant on sait pourquoi Busby Berkeley avait souhaité ne proposer u'un numéro « parlé » à l'actrice dans le ballet Remember my forgotten man, dans Gold Diggers of 1933! Sinon, le ciné-chorégraphe laisse libre cours à son génie délirant dans I've only got eyes for you, où il démultiplie Ruby Keeler d'une façon très extravagante. Enfin, avec Dames, il se lâche un peu, ose nous convier dans la salle de bains des « filles » célébrées dans la chanson.

Mais tout en ayant leurs mérites, ces numéros ne possèdent pas la vitalité, la nouveauté, le mordant des splendeurs passées telles qu'elles sont apparues dans 42nd street, Footlight parade et Gold Diggers of 1933. Le film avec lequel Busby Berkeley commencera à son tour à mettre en scène non seulement les numéros musicaux mais aussi toute l'intrigue, sera d'ailleurs le moins bon de tout le cycle : bien fait, oui, mais terriblement fade... Ce qu'on ne peut pas dire de celui-ci, dans lequel pour la dernière fois, l'intrigue et les personnages jouent à cache-cache (ou à cache-sexe ? Je sors?) avec la censure : Joan Blondell, attendant Horace dans sa cabine en nuisette, les Dames dans leur baignoire sous une couche abondante de mousse, et les très efféminé Ezra qui proclame fièrement qu'il « Disapproves of females »... La friponnerie faisait encore un peu de résistance, mais ça n'allait pas durer.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Musical Busby Berkeley Danse