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7 janvier 2018 7 07 /01 /janvier /2018 14:10

De prime abord, on n'a pas besoin d'un énième documentaire sur Janis Joplin. Pour en apprendre quoi? Pour y retrouver quel aspect de sa courte vie qui n'aura pas déjà été documenté? Mais ce film, qui en 2015 faisait le point sur l'état des lieux de ce qu'on sait de la chanteuse, et de son histoire, possède un avantage certain: le recul.

Bien sûr, pour ménager ses effets dramatiques, Amy Berg a trouvé une combine, celle qui consiste à faire ire à une actrice les lettres de Joplin à ses amis et sa famille; et comme on a interrogé la plupart des survivants (Et ils étaient nombreux en 2015, quoi qu'on en dise), qui font bien comprendre la douleur d'avoir perdu quelqu'un, sans jamais le dire ni en rajouter: les survivants des groupes Big Brother and the Holding Company, Kozmic Blues Band et Full Tilt Boogie, les collaborateurs occasionnels, les anciens petits amis et petites amies, les journalistes influents, le documentariste D. A. Pennebaker (Le réalisateur de Monterey Pop) et le frère et la soeur de Janis Joplin sont dans le panel. Nous avons même droit, in extremis, à un témoignage de John et Yoko, capté à la télévision en 1972 ou 1973, pendant le générique de fin.

Le film commence, après une introduction d'usage, par le commencement: la vie à Port Arthur, à la fin des années 50 et au début des années 60, était manifestement bien difficile pour une jeune adolescente, disons, différente: ni belle, ni mince, boutonneuse, n'ayant pas encore pris conscience de son talent musical inné et de sa voix qui devait tant à Bessie Smith et Otis Redding (deux artistes, rappelons-le, noirs), ni pris la mesure de la nécessité pour elle de partir au plus loin, au plus vite: la ville est sous la coupe du KKK, et Janis, qui croit en l'intégration, n'est pas compatible avec les diktats de l'organisation... Et puis elle s'ennuie à l'école ou elle ne fera jamais ce qu'on attend d'elle. Mais s'enfuir, pour Austin d'abord, montre bien vite ses limites, et c'est finalement vers San Francisco qu'elle va partir, se retrouvant bien vite au sein du groupe local, Big Brother and the Holding Company. Le groupe avec lequel elle va détourner avec passion et intelligence la musique noire entre 1966 et 1968... De Gershwin (Summertime) à Otis Redding, encore lui...

Les avis sont contradictoires: il est de bon ton de dénigrer les musiciens de ce groupe, et de vouloir faire de Janis une perle qui aurait alors été donnée à des cochons. Je pense, preuve à l'appui (Deux albums studio, après tout, dont l'incontournable Cheap Thrills) que d'une part ces musiciens, tout en n'étant pas aussi doués que, au hasard, Sly and the family Stone pour rester à San Francisco, ou les Byrds pour aller plus au sud, étaient quand même furieusement compétents, et dotés d'une énergie unique; et d'autre part, que de toute façon Janis Joplin était au final faite pour voler de ses propres ailes. Le documentaire nous aiguille dans une direction inévitable: oui, elle a eu raison de partir vers une carrière solo, mais elle l'a fait trop tôt...

Parce qu'il faut quand même le dire, quand Janis Joplin décède en octobre 1970, elle n'a eu la possibilité d'enregistrer complètement qu'un seul album en solo, le sympathique-mais-sans-plus I got dem old kozmic blues again, mama, avec le Kozmic blues band, une organisation que la jeune femme ne parvenait pas à mener... Pearl, son dernier disque, est inachevé, et le pire c'est qu'il donne clairement l'indication qu'il allait par contre être un chef d'oeuvre.

Voilà, c'est ce que transmet ce documentaire, ce qu'il donne enfin à voir, après que la mort survenue trop tôt ait cristallisé la légende: Janis Joplin est morte avant de donner tout ce qu'elle avait à donner. Et elle a laissé derrière elle une troupe enviable de musiciens, ceux des trois groupes, mais pas seulement, des gens qui auraient sans doute eu leur mot à dire. Les images sélectionnées par Amy Berg sont d'ailleurs souvent émouvantes, mais aussi assez hallucinantes pour les connaisseurs de la période: Cass Elliott et Michelle Philips, des Mamas and papas, sont filmées découvrant à Monterey la puissance dévastatrice d ela jeune chanteuse du groupe Big Brother and the Holding Company; les photos-souvenir d'une courte romance entre Country Joe "Gimme an F" McDonald, et Janis Joplin; de toutes ces rencontres, et flirts, et coucheries, et boeufs, bref de tout ce fatras, se dégage finalement le portrait d'une jeune femme qui avait enfin trouvé sa place, mais aussi qui était comme tout un chacun à cette période soumise à toutes les sensations: alcool, drogues... Quelqu'un qui disait 'je survivrai, vous verrez'. Elle avait tort. Et à la fin de ce maelström d'images, certaines que je n'avais jamais vues, je dois dire que ça me fait vraiment de la peine. 

 

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Published by François Massarelli - dans Musical
1 novembre 2017 3 01 /11 /novembre /2017 09:39

Après les cartons successifs de On the town, An American in Paris et Singin' in the rain, le premier et le troisième étant co-réalisés par Kelly et Stanley Donen, il était inévitable que Gene Kelly tente une aventure complètement solo. C'est ce qu'est cet étrange film, unique en son genre dans l'histoire de l'unité d'Arthur Freed. Mais le moins qu'on puisse dire c'est que ce film était voué à l'échec commercial... Il est formidable d'ailleurs qu'il ait pu être réalisé...

Le projet prend sa source d'une part dans l'esprit bouillonnant de Kelly, qui a trop d'idées à la minute pour ne pas avoir envie de les exploiter, et dans la volonté d'étendre le musical au-delà des frontières communément admises depuis les années 30 et 40. Donc, après avoir, le plus souvent à la MGM, créé des ballets de plus d'un quart d'heure qui s'intégraient de façon impressionnante dans des narratifs plus traditionnels, et réalisé prouesse technique après prouesse technique (Danser avec une souris de dessin animé, avec un fantôme de lui-même, ou encore transformer les rues, les vraies et celles de studio, en un terrain de jeu), Kelly avait révolutionné le musical de façon durable en créant pour le public une figure identifiable, un brave type comme eux. Le temps était venu de faire un film entièrement consacré à la danse...

Donc, en trois ballets cinématographiques, Invitation to the dance se débarrasse des oripeaux conventionnels de la comédie musicale, en supprimant l'intrigue et les dialogues. Et Kelly s'est entouré d'un nombre impressionnants de talents Européens notamment, pour danser avec lui: Tamara Toumanova, qu'on reverra aussi bien dans Torn Curtain d'Hitchcock, que dans The private life of Sherlock Holmes de Billy Wilder, ou encore Claude Bessy font des apparitions notables (Toumanova hors de son registre classique); le metteur en scène a vraiment voulu créer une version totalement cinématographique de la danse. Une fois de plus, les prouesses de ce film (Qui reprend l'idée d'utiliser le cartoon sur un des trois ballets) sont uniquement disponibles sur film, les ballets en sont impossibles à reproduire hors de l'espace filmique...

Ce n'est absolument pas une surprise, Invitation to the dance doit énormément au cinéma muet, dont il reprend l'expressivité. Le premier des trois ballets contient d'ailleurs des allusions à Chaplin et au Cirque; le titre en est Circus. Il s'y inspire aussi partiellement de la fameuse séquence de pantomime policière qui ouvre Les enfants du Paradis pour faire bonne mesure. Le deuxième segment, Ring around the rosy, le plus "moderne", reprend l'idée de La ronde, en montrant au passage avec une grande ironie une vision surréaliste de la bonne société "avancée" de New York. La musique en est signée par André Prévin, très présent au piano. Enfin, Sinbad the sailor reprend le fétiche du danseur-comédien-metteur en scène-chorégraphe pour l'uniforme, en contant un Sinbad danseur, qui passe du pays des mille et une nuits, au pays des cartoons de Hanna et Barbera. C'était j'imagine prévu comme le clou du film... On peut noter que la partition de ce conte est inévitablement tirée de l'increvable Schéréhazade de Rimsky-Korsakov. Mais je pense que le deuxième segment reste le meilleur moment du film. 

Pourquoi l'échec, alors? Les gens avaient besoin d'une histoire, d'une part. Et si Freed a soutenu Kelly, on ne peut pas en dire autant du studio, qui a tout fait pour étouffer le film: tourné en 1952, post-produit en 1953, prévu pour sortir en 1954, et sorti finalement en double programme en 1956, rare film Américain à sortir en 1: 33:1 au milieu des superproductions en Cinémascope qui envahissaient les écrans... Je ne suis pas surpris. Mais je le suis beaucoup plus qu'on ait fini par oublier un peu ce film, qui me semble résumer à sa façon, en 90 minutes bien remplies, l'art si particulier d'un des plus grands chorégraphes de tous les temps, qui n'oublie jamais d'être avant tout un cinéaste.

 

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Published by François Massarelli - dans Musical Gene Kelly Danse
7 octobre 2017 6 07 /10 /octobre /2017 16:28

L'Ecosse, 1954: Deux Américains cherchant un raccourci qu'ils ne trouveraient jamais les ont rencontrés: les habitants de Brigadoon; Un petit pays coincé au nord des montagnes, et qui ne se réveille qu'une fois tous les cent ans, passant totalement inaperçu, et gardant depuis deux siècles sa tranquillité et son bonheur de vivre... Les deux amis ne sont pas d'accord: Jeff (Van Johnson) y trouve la vie trop simple, et Tommy (Gene Kelly) y trouve surtout la belle miss Campbell (Cyd Charisse) trop belle, voire franchement irrésistible...

Je suis mitigé sur ce film, qui est du reste l'adaptation d'un spectacle à succès, montré à . Broadway depuis 1947... Non qu'il soit mauvais, loin de là. Mais disons qu'on ne peut s'empêcher de penser qu'il y avait peut-être mieux à faire, aussi bien pour Minnelli, dont les films dramatiques devenaient passionnants, et pour Kelly qui a du une fois de plus se mordre les doigts devant ses obligations à la MGM, qui le poussaient à faire le contraire de ce qu'il aimait faire: la poésie de sa chorégraphie est essentiellement urbaine, et ici, il doit arranger de belles volutes dansées par des athlètes chevronnés et tous calibrés, dans une nature reconstituée, qui est certes parfaitement photogénique, mais qui finit par devenir gnan-gnan... Alors il y a de bons moments, ça oui, et il y a Cyd Charisse, et de l'humour avec le cynisme incarné de Van Johnson (A travers le contraste entre le monde New Yorkais et le pays 'oublié' de Brigadoon, passe un peu la désillusion qui nourrira le film de Kelly et Donen It's always fair weather l'année suivante), mais comme c'est joli, bien propre, bien rangé: avez-vous remarqué que, fournies par le département costumes de la MGM, toutes les femmes portent ici les mêmes ballerines? Que tous les danseurs ont rigoureusement la même taille?

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Published by François Massarelli - dans Musical Vincente Minnelli Gene Kelly Danse
5 octobre 2017 4 05 /10 /octobre /2017 18:17

Trois GIs fêtent à New York la victoire et leur démobilisation: ils vont accomplir de grandes choses, et se promettent de se retrouver dans dix ans, au même endroit... Ted Riley (Gene Kelly) sera avocat, et il se mariera avec sa petite amie; Angie Valentine (Michael Kidd) sera cuistot, et il ouvrira un restaurant pour y faire de la cuisine à la Française; et Doug Hallerton (Dan Dailey) peindra, il envisage d'ailleurs de retourner en Europe pour y peindre des chefs d'oeuvre.

Bon.

En fait, la petite amie de Ted avoue dès la fin de la guerre qu'elle ne l'a pas attendu et il va abandonner ses rêves pour devenir manager d'un boxeur déclassé, Angie va ouvrir un fast-food familial, et Doug va devenir une huile, certes... mais de la publicité. Sans parler de son mariage qui va vite tourner au désastre. Alors quand ils se retrouvent, les trois ex-amis n'ont plus rien à se dire...

La bonne fée, là-dedans, sera la belle Jackie Leighton: rencontrée par hasard, la très efficace (Et esthétique: c'est Cyd Charisse) cadre dans la publicité va réussir à les réunir pour une émission de télévision, séquence émotion... l'occasion pour chacun des trois d'affronter ses démons.

Les trois, les trois, c'est vite dit: Michael Kidd a peut-être fondu un peu au montage, mais Kelly et Dailey, en revanche, ont droit à leur évolution, et à des aventures détaillées: un pétage de plombs monumental et hilarant pour Dailey, qui n'en peut plus de l'univers corporatiste dans lequel il évolue, et une aventure à la Kid Galahad pour Kelly qui tombe dans les griffes de la mafia. Comme on le voit, avec ce troisième film de Kelly et Donen, on n'est plus tout à fait dans l'univers rose bonbon des deux premiers. Ca racle dur, et la vie n'a pas été tendre avec ces trois anciens soldats... A tel point que le film, honnêtement, a le plus grand mal à démarrer. Heureusement, avec Cyd Charisse, l'intrigue décolle, et le niveau remonte de façon spectaculaire. Mais l'impression générale est celle d'un mélange parfois mal fichu, qui rend le film un peu indigeste. 

Et puis, après tout, comment pouvait-il en être autrement? Les deux réalisateurs ne souhaitaient pas retravailler ensemble après leurs deux films, et le fait de les rassembler a précipité une brouille qui ne s'est d'ailleurs jamais démentie jusqu'à la mort de Kelly! Et comme les deux hommes avaient généralement des vues différentes sur le style de leurs films, l'un prêchant le réalisme à tout crin, l'autre attiré par le factice, on se trouve ici sur un versant conflictuel de l'opposition entre ces deux tendances. Et Kelly peine dans un premier temps à gagner la sympathie pour son personnage... Ce qui n'empêche ni les grands moments (Kelly en roller skate dans les rues de New York, Cyd Charisse en meneuse de revue sur un ring avec un choeur de gueules cassées), ni les prouesses techniques (un numéro synchronisé filmé en split-screen...). donc si le film n'est pas Singin in the rain ni On the town, il ne mérite absolument pas le manque de succès qu'il a subi... Ni bien sûr le traitement indigne que le studio a fait subir, mais qui explique bien sur le flop! Donc si vous voulez voir un musical amer, un brin cynique, voire parfois mordant (la satire de la télévision), ne cherchez pas plus loin...

 

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Published by François Massarelli - dans Stanley Donen Musical Gene Kelly Danse
13 août 2017 7 13 /08 /août /2017 18:13

A Vienne, le Lieutenant Niki (Maurice Chevalier)est toujours prêt. Pour son empereur, bien sur, mais aussi pour les dames, qui se bousculent au portillon! C'en est au point où quand un de ses collègues (Charlie Ruggles) le consulte pour que Niki lui donne son avis sur une jeune violoniste, Franzi  (Claudette Colbert), c'est finalement Niki qui se retrouve au bras de la jeune femme. Il en néglige d'ailleurs bien vite toutes les autres. Jusqu'à un drame: lors de l'arrivée du Roi Adolph XV (George Barbier) d'un royaume quelconque, en compagnie de sa fille Anna (Miriam Hopkins), Niki qui n'a que Franzi dans son champ de vision sourit béatement, ce que la jeune femme pincée prend pour une moquerie. pour réparer ce qui menace de devenir un incident diplomatique, Niki se sacrifie et prétend avoir été sous le charme d'Anna...

Oui, Miriam Hopkins en jeune femme pincée... Ca surprend, mais elle le fait très bien. Le film est la troisième production parlante-et-chantante de Lubitsch pour la Paramount, et cette fois Jeanette McDonald n'est pas présente. Les deux actrices en vedette ne sont, ni l'une ni l'autre, des chanteuses, et ça s'entend... d'où une tendance à mettre les ritournelles en veilleuse. On ne s'en plaindra pas, après tout: ce n'est pas ce qu'on vient chercher dans un Lubitsch, enfin!

...Et c'est justement délicieux. L'histoire, on peut assez facilement le constater, pourrait largement déboucher sur de la mélancolie, car après tout il y est question de rang social, et de trois niveaux qui ne peuvent cohabiter: la Princesse, le lieutenant et la violoniste... Le lieutenant étant d'extraction noble, le mariage avec la princesse devient possible. Il peut en revanche facilement fricoter avec Franzi (Voire prendre des petits déjeuners avec elle) mais ne pourra l'épouser: elle le sait d'ailleurs très bien... Mais si le film nous raconte d'une certaine façon la prise au piège du séducteur, et le renvoi à l'égout de la jeune musicienne, il le fait avec le style si léger du Lubitsch "Viennois"... bien que ce dernier soit Berlinois! Et les scènes d'anthologie sont nombreuses...

Citons deux perles: la seule confrontation dans ce film entre Hopkins et Colbert est une merveille. Ce qui aurait du tourner au règlement de comptes (Aussi bien entre les personnages qu'entre les deux actrices, d'ailleurs) se résout en une merveilleuse séquence de complicité féminine. Et il en résultera une métamorphose de Anna, de vieille chrysalide en papillon flambant neuf, qui occasionne un grand moment de slapstick: Chevalier pouvait aussi, en fin, se taire!

Lubitsch cherchait la bonne formule à cette époque: ce film a été suivi d'une oeuvre ambitieuse et douloureuse, Broken Lullaby, puis d'une quatrième comédie musicale (One hour with you) reprenant la trame d'un de ses films muets (The marriage circle), et enfin d'un film qui reprend la même réflexion sur les différences de classe, à nouveau avec Miriam Hopkins: mais en compagnie de Herbert Marshall et de Kay Francis: dans Trouble in paradise, la comédie n'est plus musicale, et la mélancolie ne se cachera plus. Ici, c'est à peine si on y pense...

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Musical Pre-code Ernst Lubitsch Criterion
8 juillet 2017 6 08 /07 /juillet /2017 16:26

"I'm an American, and I live in Paris", la première réplique par laquelle Jerry Mulligan (aucune relation consciente, au fait, avec l'immense saxophoniste Gerry Mulligan, c'est une pure coïncidence) s'adresse à nous a le mérite de justifier pleinement le titre, mais comme chacun sait sans doute, l'Américain à Paris du film est en réalité George Gershwin, seul compositeur dont la musique soit entendu dans l'intrigue. Une sorte de pari, pour le producteur Arthur Freed, qui souhaitait "emprunter" à Ira Gershwin ce joli nom pour une comédie musicale. Le frère du compositeur décédé n'aurait parait-il accepté qu'à la condition que toute la partition soit basée sur les compositions de George.

Arthur Freed, c'est bien sûr M. Musical à la MGM entre la fin des années 40 et les années 50, et il n'avait sans doute plus grand chose à prouver... pourtant ce film va occasionner un renouveau profond du genre, qui aboutira dès l'année suivante à l'un des plus beaux films du monde... Pas celui-ci, même si avec An American in Paris, on s'attaque quand même à un monument. Mais aussi à une oeuvre composite, paradoxale, et qui a du frustrer un peu les deux "autres" auteurs, Gene Kelly et Vincente MInnelli. J'y reviens plus loin...

Freed, Kelly et Minnelli se sont donc entendus sur l'histoire de Mulligan (Kelly), un ex G.I. resté à Paris pour tenter d'y vivre de la peinture, mais qui connaît aussi d'autres artistes: un pianiste de concert qui est sans le sou, Américain lui aussi (Oscar Levant, dont la présence ici s'explique sans doute principalement par le fait qu'il était un ami personnel de Gershwin), et Henri Baurel (Georges Guétary), un jeune chanteur à succès. Jerry Mulligan est "découvert" par une riche Américaine dont les intentions semblent plus qu'ambiguës, mais il fait aussi la rencontre de la jeune et jolie Lise Bouvier (Leslie Caron), et ils tombent tous les deux amoureux... Le problème, c'est que Jerry ne sait pas que Lise est fiancée à Henri...

C'est tout, et c'est après tout bien suffisant pour les images d'Epinal dont le film se nourrit. Son Paris est le Paris de toujours, celui des cartes postales... Seules quelques images de la seconde unité telles que celles qu'on voit derrière la voix off du début par exemple, ont été tournées à Paris... Et c'est là qu'on va pouvoir reparler de la frustration de Minnelli et Kelly, mais pas tout de suite. D'abord, admettons que si ce film a obtenu l'oscar du meilleur film en 1951, il l'a sacrément mérité! C'est une leçon de plaisir, aussi fausse que revigorante, et le pari un peu fou de Freed, confié à ces deux experts que sont Kelly et Minnelli, fonctionne sans trop de bémols (si j'ose dire): marier cette image du gai Paris tel qu'on le rêve, avec la peinture, la danse et bien sûr les chansons de Gershwin, toutes re-contextualisées: I got rhythm devient un échange entre Kelly et des enfants qui sollicitent une leçon d'Anglais, S'wonderful est chanté par Guétary et Kelly qui ne savent pas qu'en échangeant sur leurs amours, ils viennent de parler de la même femme, et Quand il danse avec elle dans une cave de St Germain, Kelly sussurre à l'oreille de Leslie Caron Our love is here to stay... A chaque occasion sa chanson, et si j'excepte la scène de Guétary sur Stairway to Paradise qui n'a aucun intérêt (Pauvre Guétary... Au passage il est nullissime, qu'il chante ou qu'il parle), même l'interprétation par Levant d'un Concerto in F en mode narcissique (il est au piano, mais il est aussi les musiciens, le chef d'orchestre et même un membre du public) qui aurait pu être anecdotique est relevé par une mise en scène qui joue admirablement des lumières et des couleurs, nous préparant à l'extraordinaire final du film...

Avant ce ballet de 17 minutes (pour lesquelles on utilise l'arrangement de Ferde Grofe pour An American in Paris, et comme il ne dure que 13 minutes, il a fallu l'étendre pour les besoins du film...), deux films de Michael Powell s'étaient penchés sur la possibilité de mélanger intelligemment musique et drame, sans un gramme de dialogue, sur une longue séquence. Black Narcissus (1947) est le premier, sans danse, avec une séquence entièrement muette mais rythmée par la musique, et le deuxième était bien sûr The red shoes, dans lequel le ballet du même nom se substituait au film, sur un quart d'heure, traitant la danse à la façon d'un Busby Berkeley faisant exploser les limites théâtrales et cinématographiques: voilà ce que désirait Freed, mais avec un fil rouge essentiel: Jerry Mulligan devait y évoluer dans la peinture, et cette peinture devait s'animer. Pari réussi, cette séquence est fabuleuse, et nous montre autant un homme qui est hanté par sa rencontre avec la femme idéale, qu'un artiste qui teste son art avec celui des grands anciens, pour se retrouver, à la fin, confronté à la même esquisse qu'au début... Leslie caron y est fantastique, la musique aussi évidemment, et Gene Kelly se joue de toutes les contraintes. Seulement voilà, le film lui a sans doute laissé un goût un peu amer...

Gene Kelly était un danseur passionné par l'idée que la danse puisse surgir de la vie et la vie de la danse: alors un film entièrement tourné en studio, forcément, ça ne lui convenait pas tant que ça. Et puis cet extraordinaire ballet prenant toute la place finit par être tout sauf spontané, il avait même fallu arrêter le tournage du film avant de pouvoir le mettre en route! Il est probablement que Kelly a du beaucoup accepter de compromis pour faire ce film, et c'est très certainement la raison pour laquelle il se retrouvera aux commandes du film suivant dans le genre...

Et Minnelli, qui garde ici un grand pouvoir (Son sens des couleurs, son contrôle sur des scènes difficiles, comme le bal en noir et blanc, ou encore son jeu autour des monochromes reste formidable) a du malgré tout ressentir un peu la même frustration, d'autant qu'entre la danse, la musique et la peinture, il était vraiment à la maison. Mais voilà: Freed n'allait pas se laisser voler le contrôle d'un tel film, qu'il souhaitait piloter... jusqu'aux Oscars. Et le metteur en scène était attiré par des intrigues généralement plus noires, plus complexes en tout cas que celle-ci. 

Mais après tout, tant pis pour eux, pourrait-on dire. Tant pis pour Guétary, laissons-nous aller à la danse, la musique de Gershwin, et à ce ballet difficile, véritable film dans le film, qui va installer un précédent (Auquel répondront Kelly et Donen dans Singin' in the rain, comme de juste): An American in Paris, c'est du plaisir.

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Published by François Massarelli - dans Musical Vincente Minnelli Gene Kelly Danse
23 juin 2017 5 23 /06 /juin /2017 08:19

A Los Angeles, de nos jours, nous assistons à la rencontre de deux jeunes gens désireux de percer: Mia (Emma Stone) veut devenir actrice depuis toujours, ce qui lui a fait quitter son Nevada natal et depuis elle a réussi à se rapprocher, en faisant un petit boulot de serveuse dans une cafétéria proche des studios, et enchaîne les passages obligés: audition sur audition, soirée sur soirée... Sebastian (Ryan Gosling) a quant à lui une passion dévorante pour le jazz, un mode d'expression qu'il estime en voie de disparition. Il se verrait bien en sauveur et ambitionne d'ouvrir dans un lieu historique un club de jazz, un vrai. En attendant, eh bien... piano bar: plus "Jingle bells' que "Now's the time', en fait...

Et en fait, c'est tout. Ou presque: ajoutons que ces deux-là font des étincelles ensemble, et se soutiennent mutuellement, jusqu'à ce que... le succès de l'un ou de l'autre vienne gâcher la fête.

Car sinon, y a-t-il vraiment un enjeu dans ce film? Je pense que oui, mais ce ne sera pas dans l'intrigue ni dans les personnages, aussi réussis soient-ils. On n'échappe pas aux clichés... En même temps, c'est Los Angeles, donc le cliché est partout! Mais l'enjeu de ce film, c'est de reprendre le flambeau de la comédie musicale, la belle, la vraie, celle qui chante sous la pluie, qui prenait des chemins inattendus aux moments les plus loufoques, celle dans laquelle deux personnages qui sont en train de se parler glissent tout à coup en mode Fred Astaire / Ginger Rogers...

Ou plutôt en mode Gene Kelly / Cyd Charisse tant la dette de Chazelle pour les musicals de la MGM, ceux produits par Arthur Freed et mis en scène par Kelly, Vincente Minnelli ou Stanley Donen, est évidente! Minnelli en particulier, dont le style baroque est clairement référencé dans un grand final qui récapitule en re-développant les thèmes du film en version rose. C'est l'une des belles idées du film, d'ailleurs; Chazelle qui a voulu rester dans son intrigue aussi réaliste que possible (D'où une impression occasionnelle de ronronnement, par exemple lorsqu'on assiste à la scène inévitable de l'engueulade autour d'un repas) a donc choisi de faire passer ses personnages par des destins contrariés, et maintient un profil pessimiste quant aux chances de ces deux-là de finir ensemble. Ca ne l'empêche pas de nous donner à voir, par la danse, une alternative séduisante qui passe par toutes les couleurs de l'optimisme... et par Paris.

Pour le reste, la magie de la comédie musicale fait comme la jeune fille: elle opère. Dès le début, on apprécie une scène enlevée de ballet qui surgit d'un embouteillage et qui passe par un plan-séquence bouillonnant,  et un parti-pris qui me réjouit: ces danseurs ne sont pas des machines athlétiques ni des rats de conservatoire, ce sont des gens avec des corps certes opérationnels, mais qui les font ressembler à tout un chacun. Comme Gosling et Stone, qui ne sont pas des danseurs! Ce ne sont pas des chanteurs non plus, mais il y a du charme y compris dans la gaucherie, avec une caméra qui sait rester à distance, et des effets spéciaux qui savent ajouter la magie nécessaire sans jamais en faire trop... Mais par contre, on n'échappe pas aux clichés du jazz-dans-les-films: "name-dropping": 'Bien sur que j'aime le jazz: Charlie Parker, Chick Webb'... Argot: 'my man!'... Souffrance du pianiste de fond lorsque au lieu de jouer ce qu'il aime, il doit jouer Jingle Bells... Ignorance crasse des gens qui confinent au mépris, ou fans transis qui... dansent sur du be-bop. Ce dernier est sans doute le plus difficile à avaler! Mais on a le bon goût de nous montrer Ryan Gosling en obsédé de la note juste qui répète jusqu'à l'épuisement un passage forcément difficile de Japanese Folk Song, interprété par Thelonious Monk (Extrait de Straight no chaser, 1967)...

Bon inévitablement, il va falloir le dire: non, ce film n'invente pas grand chose et ne sauve rien. La comédie musicale à l'ancienne n'a pas besoin d'être sauvée, les films ont juste besoin d'être vus... et parfois d'être réalisés. Merci à Damien Chazelle d'avoir tenté sa chance et réussi dans la mesure où le succès a été au rendez-vous. Mais il n'a pas fait un film inoubliable, loin de là: pour commencer, qui dit comédie musicale dit chansons, et je n'en ai pas entendu une seule qui me semble mériter de rester dans les annales. Elles sont tout au plus fonctionnelles. Cela dit, le réalisateur se rattrape avec certains parti-pris, comme je l'ai déjà dit, et avec un jeu obsessionnel sur le temps, véritable thème directeur en même temps que fil rouge structurel. Les événements suivent une trame chronologique, annoncée par des cartons simples: hiver, printemps cinq ans plus tard... c'est d'autant plus nécessaire qu'en Californie on porte des shorts en décembre, bien sur! Mais tout ce qui se rapporte aux personnages renvoie au temps: la nostalgie, inévitable à LA alors qu'on y détruit tout en permanence, et présentée comme le thème principal de la pièce avec laquelle Mia tente de percer; le rappel constant de la voie d'extinction du jazz; le destin des monuments, lieux de spectacle et autres lieux; Mia et Sebastian assistent à une projection de Rebel without a cause, et veulent prolonger ce qu'ils ont vu (avant que la pellicule ne craque) en se rendant à l'observatoire du parc Griffith: Chazelle imite directement le plan du film de Nicholas ray en nous montrant la voiture qui arrive à l'observatoire! la comparaison devient inévitable, c'est une jolie idée... Mais deux ou trois séquences plus tard, Mia passe en voiture devant le cinéma où ils se sont rendus: il est fermé...

Tout a une fin. Bon, si c'est le message, lui non plus n'est pas révolutionnaire... Mais c'est le pari, ainsi que l'écueil, du film: tenter d'infiltrer un genre baroque entre tous en racontant des histoires... raisonnables. Puis réussir, contre vents et marées, à y insuffler, ne serait-ce qu'un instant, un brin de magie et de charme. Bref: bref, refaire ce qu'a voulu faire Scorsese dans son désastreux New York, New York... mais en bien mieux.

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Published by François Massarelli - dans Ryan Gosling Musical Danse
25 janvier 2017 3 25 /01 /janvier /2017 18:32

Eddie (Eddie Cantor) est un peu simplet, mais tout le monde l'aime bien, dans la ville de West Rome; sauf le très méchant promoteur Cooper, qui en a assez de le retrouver sur son chemin. Et là, bien sur, on s'attend à ce que Eddie, par son volontarisme sa gentillesse et sa naïveté, triomphe du sale promoteur pourri, mais... c'est ce qui arriverait dans un film de Capra. Ici, c'est bien différent: Eddie est chassé de la ville, a un petit accident, et... se retrouve à Rome. Mais pas West Rome, non, LE Rome, et à l'époque Romaine en prime... Il va y déjouer les plans de l'empereur Valerius, libérer des esclaves, rapprocher des amoureux, visiter les bains des femmes (Longuement), et... chanter.

Oui, c'est un musical, et historiquement, c'est l'un des grands intérêts du film: Goldwyn avait eu la bonne idée d'engager un chorégraphe inconnu avec un oeil cinématographique, Busby Berkeley, et de lui confier les girls des follies Ziegfeld, pour pimenter le film.

Eh bien c'est très efficace...

Sinon, Cantor fait tout ce qu'il peut, de sa voix fluette, pour occuper un peu de terrain. Il a le physique (malingre, comme la plupart des plus grands!!) de l'emploi de comédien, le volontarisme, et ne recule devant aucune loufoquerie. Il a aussi un talent pour asséner les mires sous-entendus avec un aplomb extraordinaire. Et il commence une poursuite de chars cloué à la nacelle de son véhicule, ce qui est déjà intéressant, mais surtout il finira en ski. 

Et ça, il fallait l'oser.

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Published by François Massarelli - dans Comédie Musical Pre-code
20 novembre 2016 7 20 /11 /novembre /2016 18:01

Le duc Otto Von Liebenheim (Claud Allister) va se marier, du moins le croit-il: sa fiancée, la belle comtesse Mara (Jeanette McDonald), l'a pourtant habitué à partir sans crier gare, c'est la troisième fois! Il va essayer de la reconquérir, mais la belle s'est installée à Monte-Carlo, ou elle espère naïvement faire une fortune au jeu... Elle va, bien sur, tout perdre. Sauf l'admiration d'un inconnu, Rudolph (Jack Buchanan) qui va essayer de se rendre vite indispensable, en se faisant passer pour un coiffeur aux largesses inattendues, auprès de celle qui n'a pas les moyens d'en engager un...

Quiconque a vu le précédent film de Lubitsch, The Love Parade, sera immédiatement en territoire connu: comédie musicale empreinte d'audaces, de délicieux marivaudages et de sous-entendus grivois , les chansons y sont parfaitement intégrées et la comédie n'y est jamais non plus un prétexte au remplissage. Bien sur, on est dans une ère pré-Berkeley (A une ou deux années près), donc pas de chorégraphie au sens strict: juste un incessant balet des corps, des têtes et du reste, pour ces riches oisifs et leurs valets et domestiques, qui se retrouvent dans une situation proche du Monsieur Beaucaire de André Messager: un prince, déguisé en un coiffeur qui prétend être noble... L'occasion pour les acteurs du film, dans le final, de se mesurer à ceux de la pièce...

Comme le film précédent, celui-ci est une réussite, aussi friponne que peut l'être un film de Lubitsch de 1930, et une fois de plus l'auteur se contrefiche des limitations de la caméra, à cette époque ou les plus grands metteurs en scène tendaient à marquer un temps d'arrêt pour apprivoiser le nouveau médium, Lubitsch fait comme il l'a toujours fait: du Lubitsch! Avec ou sans Maurice Chevalier... Mais avec Jack Buchanan, excellent, l'inévitable Jeannette McDonald, et en soubrette décalée, la grande ZaSu Pitts. 

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Published by François Massarelli - dans Ernst Lubitsch Pré-code Musical Criterion
11 juillet 2016 1 11 /07 /juillet /2016 11:11

D'un film comme celui-ci, on attend toujours plus que ce qu'il a à offrir... Un metteur en scène de tout premier plan (Pour les néophytes, Singing in the rain, On the town, Seven Brides for seven brothers, Two for the road, Bedazzled, Funny Face, et... Charade!), un sujet extravagant menant à des choix esthétiques radicaux, des acteurs légendaires (George C. Scott!! Eli Wallach!!) n'ayant peur ni des risques, ni des coups, et un hommage au cinéma des années 30: forcément, ça fait écarquiller les yeux sur le papier...

Comme le titre l'indique, ce n'est pas un film, d'ailleurs, mais deux: Donen souhaitait tourner un hommage au cinéma des doubles programmes, celui des années 30 qui vous donnait deux séries B pour le prix d'un ticket, avec ses genres ultra-codifiés. Donc, on a un film de boxe (Dynamite Hands), tourné en noir et blanc, et une comédie musicale à la façon de la WB des années 30, Baxter's beauties of 1933, en couleurs. Scott est la star en titre des deux parties. Dans la première, un jeune boxeur avec une morale se fait piéger par un truand alors qu'il fait tout pour gagner l'argent nécessaire à une opération destinée à sauver la vue de sa soeur, mais sans pour autant perdre son âme. Dans la deuxième un entrepreneur de spectacles se lance alors qu'il n' a plus qu'un mois à vivre, dans la préparation de ce dont il désire faire son meilleur show. Parviendra-t-il à survivre jusqu'au bout? Dans les deux parties, des éléments typiques de mélodrame viennent se greffer, et on a même droit à une bande-annonce délavée d'un film de guerre idiot... avec George C. Scott, bien sur.

Ce qui pose problème? Trois fois rien... Et un peu tout. On aura beau faire, ce genre de film ne peut pas ressembler à autre chose qu'un film des années 70 déguisé en film des années 30. Et le premier degré affiché dans l'ensemble ne délivrera sans doute ses épices secrètes qu'au bout de 45 visions. En attendant on peut s'amuser à compter les parallèles troublants entre les deux "films": même premier plan, par exemple, même destin pour le héros... On peut aussi savourer un hommage d'un génie du musical à un autre, avec un finale à la Busby Berkeley, passage obligé s'il en est, ou encore les discrètes mais décisives preuves de la supériorité de Donen quand il s'agit de composer avec la couleur.

Au fait, Dynamite Hands est de fait la seule aventure de Donen avec le noir et blanc!

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Published by François Massarelli - dans Stanley Donen Musical