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1 mai 2022 7 01 /05 /mai /2022 17:01

Mario (Lido Manetti) entame ses études: il souhaite étudier le droit et se rend à Turin; il y trouve une chambre idéale pour vivre, tenue par une dame dont la fille Dorina (Maria Jacobini) est plus que charmante: les deux jeunes deviennent amoureux, jusqu'au jour où une dame sophistiquée (Helena Makowska) commence à attirer l'oeil de Mario...

A l'origine de ce film, il y a une pièce écrite par Nino Oxilia et Sandro Camaso. Une première adaptation a été réalisée vers 1911, qui est perdue, mais Oxilia, devenu metteur en scène, comptait bien en réaliser un remake. Son départ pour le front, puis sa mort en 1917 l'en ont empêché. C'est donc le co-adaptateur Augusto Genina qui a été désigné réalisateur...

Et c'est une belle surprise. Le film se départit rarement de son ton indubitablement tourné vers la comédie, et utilise au maximum les décors de Turin, beaucoup de scènes ont d'ailleurs été tournées en pleine rue, mais aussi dans des cages d'escalier qui sonnent particulièrement véridiques! Le cinéma Italien a entamé sa grande mutation, et désormais l'heure n'est plus aux divas et aux femmes fatales: c'est la leçon de ce film, qui comme si souvent à l'époque du muet, oppose deux femmes, la mystérieuse Elena et la douce Dorina, cette dernière opposant à la fois son bon sens et sa joie de vivre à la froideur manipulatrice de sa rivale. Mais si cette dernière reste volontairement esquissée (elle en devient une ombre, une fatalité qui retournera vers le néant à la fin du film), on est ébahi du jeu tout en invention permanente de Maria Jacobini qui souvent porte le film à bout de bras. Du coup, c'est son point de vue qui prime...

Le titre est d'ailleurs à double sens: certes, le passage de Mario, qui achève ses études et devient un avocat promis à un bel avenir à la fin, est un peu le baroud d'honneur de sa jeunesse, mais on pense plus volontiers au sacrifice que Dorina fait, elle qui comprend qu'elle ne verra plus jamais l'homme qui a failli la trahir... Dans la joie ou l'amertume, Jacobini est solaire, nuancée, et son visage est un festival d'expressions, qui nous font regretter que si peu de ses films aient survécu.

 

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Published by François Massarelli - dans Augusto Genina 1918 Muet Nino Oxilia *
29 février 2020 6 29 /02 /février /2020 09:01

Ce film est un cas à part, y compris dans le contexte parfois franchement baroque du cinéma Italien des "divas " des années 10! Il est l'adaptation d'un poème de Fausto Martini, une variation sur Faust au féminin. Non seulement il a été conçu comme un "véhicule" pour Lyda Borelli, mais il était accompagné 'une partition très élaborée de Pietro Mascagni, faisant du film une sorte d'opéra cinématographique!

La respectable vieille dame Alba d'Oltrevita (Lyda Borelli) aime à s'entourer de jeunes personnes dans sa demeure, mais ils lui rappellent cruellement la vérité sur son sort. Passant devant une toile présentant Faust et Mephisto, elle émet le souhait d'être confrontée comme le vieux Faust à une nouvelle jeunesse... ce qui n'est pas tombé dans les oreilles d'un sourd: Mephisto (Ugo Bazzini) l'a entendue, et le tableau s'anime.

L'accord conclu entre le démon et la vieille dame est simple: elle va récupérer sa jeunesse et sa beauté, mais a l'obligation de ne pas tomber amoureuse. Et bien sûr elle accepte...

Dans la première partie, Alba tourne la tête d'un jeune homme, Sergio (Giovanni Cinni) qui ne l'intéresse pas du tout. Elle préfère passer du temps avec le frère de celui-ci, Tristano (Andrea Habay) qui est venu pour lui demander de cesser ses manigances, et bien entendu, elle tombe amoureuse, ce qui va précipiter les deux frères dans la mort...

Oxilia a conçu le film en trois parties distinctes, un prologue donc, la première partie qui laisse la place au lyrisme et dans laquelle Lyda Borelli se retrouve très entourée. Mephisto est généralement dans l'ombre, mais au fur et à mesure de l'avancée de la situation, les figurants disparaissent... La deuxième partie, qui vient après la révélation de l'amour d'Alba pour Tristano, est quasiment un solo de l'actrice, qui joue comme elle savait le faire, des pieds à la tête: son jeu n'est ni timide, ni mesuré, mais elle réussit à éviter le ridicule en maintenant un répertoire d'expressions magistral. Oxilia se plait à filmer avec adresse tous les éléments de l'immense propriété où se situe l'action, trouvant toujours des solutions personnelles pour cadrer l'actrice derrière des filtres, des éléments de décor, des branchages... Le cinéaste profite aussi d'une belle lumière estivale.

Un élément essentiel du film, outre sa partition, est la couleur: teintes, mais aussi pochoirs, sont utilisés dramatiquement. Alba et Mephisto en particulier bénéficient d'un traitement de faveur, puisque dans de nombreuses scènes ils sont les seuls à avoir été colorés: Mephisto en pourpre, et Alba en fuschia... Ce dispositif particulier est l'un des éléments qui ont fait que la sortie du film a été retardée, jusqu'à juillet 1917, peu de temps avant la mort d'Oxilia.

Ce reflet extravagant d'une autre époque, mais aussi d'une confiance inconditionnelle dans les pouvoirs du cinéma, cette fois allié aux autres arts, est de ces oeuvres qui ne peuvent laisser indifférent, et qui plus de cent années plus tard, intriguent forcément... A voir donc à tête reposée, dans les meilleures conditions possibles, soit avec ses couleurs et sa musique.

 

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Published by François Massarelli - dans 1915 Nino Oxilia Muet Lyda Borelli *
28 février 2020 5 28 /02 /février /2020 11:00

Ce film de Nino Oxilia, qui inaugure la période la plus importante de la carrière de Francesca Bertini est situé en France, sinon il aurait probablement été impossible de le situer dans la prude et très Catholique Italie de 1914: un divorce, des adultères, un suicide sur scène... La barque est bien chargée, la censure allait donc se déchaîner.

La Princesse de MontVallon (Francesca Bertini) , ou de Monte Cabello dans la version néérlandaise qui circule sur internet, a enfin la preuve que son mari a une aventure avec une comtesse volage... Elle lui fait une courte scène, mais ne peut se résoudre à abandonner son semblant de bonheur familial. Mais le Prince Consort, lui, ne se gêne absolument pas: il prend prétexte de la scène que lui a faite son épouse pour déclencher une procédure de séparation, puis de divorce. Puis, avec un coup de pouce de la comtesse, il obtient 'un juge que la princesse, dont la moralité est mise en doute après avoir été vue en compagnie d'un acteur, perde la garde de leur unique enfant. C'est la descente aux enfers...

Oxilia suit les aventures de la belle dame, et son tourment grandissant, en mettant beaucoup l'accent sur la perte de statut, et les soudaines barrières que le destin lui met dans son parcours: si le film réussit à se terminer, in extremis, par une fin heureuse, le metteur en scène auront malgré tout eu le temps de nous montrer, sous le soleil radieux de la méditerranée, les affres d'une vie entière de luxe et de volupté, qui tout à coup se dérobe sous les pas de l'héroïne. Francesca Bertini, qui joue des pieds à la tête, et de façon intense, le drame, est magistrale, et la mise en scène est toute de lumière, avec un sens aigu de la composition.

Nino Oxilia, mort d'une explosion dans une tranchée lors d'une bataille contre l'Autriche en 1917, était un très grand nmo des jeunes années du cinéma Italien... On appréciera ce film en particulier pour cette façon impressionnante qu'il a ici de cadrer Francesca Bertini, de penser la mise en scène en fonction à la fois des lumières, du cadre et du corps de la star, sans parler de son utilisation constamment symbolique et géniale du décor...

https://www.youtube.com/watch?v=FweGcuLu2jk

 

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Published by François Massarelli - dans 1914 Nino Oxilia Muet Francesca Bertini *