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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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14 juin 2019 5 14 /06 /juin /2019 10:18

Le quatrième et dernier film Universal de Leni, qui allait décéder quelques mois plus tard, est assez proche de The cat and the canary, le premier, et le film probablement le plus célèbre de sa production Américaine. Il s'agit d'une énigme à tiroirs autour d'un thème de maison hantée, la maison étant cette fois un théâtre. Un immense avantage à cette intrigue, bien sûr, était qu'à la Universal, quand on avait besoin d'un décor de théâtre ou d'opéra, on avait déjà ça sous la main, depuis 1925!

L'intrigue commence par une représentation théâtrale perturbée: l'acteur principal, John Woodford (D'Arcy Corrigan), vient en effet de mourir en scène. Une mort louche, dont la police scientifique ne tirera rien, car le corps a disparu quelques minutes seulement après le constat du décès, et la panique qui s'ensuivit. Une affaire donc jamais élucidée, et propre à renvoyer chez eux tous les employés des lieux... Mais quelques années plus tard, sous la responsabilité de McHugh (Montagu Love), un solide producteur, les propriétaires, les frères Josiah (Burr McIntosh) et Robert Bunce (Mack Swain), font rouvrir les lieux, en compagnie d'une troupe qui contient beaucoup des anciens acteurs de la troupe, et quelques petits nouveaux: Richard Quayle (John Boles) va pouvoir retrouver sa petite amie l'actrice Doris Terry (Laura La Plante). Les rôles de John Woodford iront désormais à Harvey Carleton (Roy D'Arcy) qui auparavant jouait les "villains" à moustache, et d'autres acteurs complètent la troupe: on y reconnait en particulier Margaret Livingston, qui joue une femme manifestement ambitieuse qui s'attache très vite aux pas de Robert Bunce. Slim Summerville joue un électricien, et Bert Roach est le régisseur...

Evidemment, tout le monde est suspect, pour la police, qui s'arrache d'ailleurs bien vite les cheveux, mais aussi pour le public; l'intérêt n'est pas, pour nous, d'essayer de deviner qui a commis le crime, ni si les fantômes qui ne vont pas manquer de s'accumuler sont authentiques ou faux. L'intérêt bien sûr est de trouver du plaisir, en compagnie d'un casting exceptionnel, mais aussi d'un metteur en scène qui prend un plaisir gourmand à investir absolument chaque recoin du fabuleux décor, avec sa caméra. Le plaisir de filmer ici est tellement manifeste, que je suis persuadé qu'il y a plus d'un critique tatillon en France qui condamnerait ce film à vue pour sa virtuosité!

Quel dommage que Leni n'ait pu mettre ensuite sa virtuosité, justement, au service du cinéma fantastique de la Universal, comme c'était prévu. Il y a dans ses trois oeuvres Américaines qui nous restent, The cat and the canary, The man who laughs, et ce dernier film en forme de chant du cygne muet, tellement de promesses, qu'on n'ose imaginer comment il aurait pu donner sa version de Dracula, ou de la Momie... Et cet amoureux du spectacle, qui était un génie de la composition, savait mieux que personne imaginer les mouvements de caméra, et il était gonflé de surcroît, comme dans une des premières scènes où il demande carrément à son opérateur de passer sous le rideau dans la scène de panique, soulignant sans vergogne la présence continuelle d'une caméra au milieu des protagonistes... Il met en scène la peur des acteurs, devenus soudain malgré eux les marionnettes de plusieurs metteurs en scène: un ou plusieurs meurtriers, des policiers, un producteur qui cache quelque chose... devant le public du théâtre, ou plus simplement devant nous spectateurs, lors des répétitions, les cabotins jouent avec leur vie. Un cinéaste singulier, unique, qui avait certainement beaucoup à dire.... Flûte.

 

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Paul Leni 1928 **
12 avril 2016 2 12 /04 /avril /2016 16:39

Cause célèbre de l'expressionnisme Allemand, ce film a eu longuement la réputation d'être un film d'horreur... avant qu'on puisse enfin le voir. Une fois confronté à une copie, on constate avec une certaine surprise que ce film est essentiellement une anthologie, assez humoristique en soi, et je ne suis même pas sur qu'il ait été terminé... Mais il y plus troublant encore, voir plus bas...

Ce Cabinet des figures de cire, comme dit le titre une fois traduit en Français, raconte l'histoire d'un jeune poète (Wilhelm, futur William, Dieterle) qui arrive à un petit musée de cire dans un carnaval. On cherche un homme capable de donner vie à des créatures figées en inventant et écrivant des histoires pour les personnages exposés. Il se met aussitôt à l'oeuvre, et inspiré par la présence de la jeune fille du propriétaire de l'attraction, il imagine autour du personnage d'Haroun El-Rachid, Calife de Bagdad, une intrigue dans laquelle un pâtissier (Dieterle) se rend chez le calife pour lui voler une bague magique, pendant que le calife (Emil Jannings) vient faire mumuse avec son épouse dans sa boutique... Le personnage d'Ivan le terrible (Conrad Veidt) lui inspire au contraire une histoire de torture: Ivan se rend à un mariage et ramène les mariés chez lui au Kremlin après avoir terrorisé la noce. Il va donc tenter de passer la nuit de noces auprès de la jeune épouse tout en torturant le mari...

Une troisième intrigue autour d'un troisième personnage est en fait réduite à sa plus simple expression: le poète épuisé s'endort et rêve que Jack l'éventreur (Werner Krauss) en veut à la jeune femme à ses côtés. Il vient pour les tuer tous deux... un troisième épisode réduit à quelques minutes de surimpression qui doivent beaucoup à la présence menaçante de Krauss. Mais un quatrième personnage de cire est visible dans le petit musée, à l'écran. il s'agit d'un certain Rinaldo Rinaldini, héros d'un obscur roman, et Leni aurait décidé de supprimer l'histoire avant le tournage. De fait, le film largement concentré sur deux anecdotes parait bien vide...

Le metteur en scène, comme le faisait Wiene avec son "Cabinet" à lui, celui du Dr Caligari, se repose surtout sur les décors extravagants, et largement inspirés des canons de l'expressionnisme. Ceux de l'histoire à Bagdad sont rondouillards comme Jannings, ceux de l'épisode Russe sont chargés et font grand usage de la lumière inquiétante qui semble accompagner l'affreux Ivan partout où il va. Mais si on attribue la mise en scène du film à Leni, qui a aussi décoré le film, il semblerait que ce ne soit pas aussi simple. C'était semble-t-il le cas aussi pour Hintertreppe, L'escalier de service en 1921: La mise en scène était divisée entre Leopold Jessner, qui s'occupait des acteurs, et Leni en charge du reste. Ce film est du à une nouvelle association du même type: un certain Leo Birinski est supposé avoir assisté Leni à la direction d'acteurs... C'est donc sur ce film bancal et lourdingue que Leni allait construire sa réputation, qui allait le conduire aux Etats-Unis pour y réaliser quatre films, dont deux merveilles... Ouf.

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Published by François Massarelli - dans Paul Leni Muet Allemagne 1924 ** ...Jusqu'à l'aube
11 avril 2016 1 11 /04 /avril /2016 17:06

Paul Leni,dans les années 20, est connu surtout pour un film, lorsqu'il arrive aux Etats-Unis en 1926. Il a été engagé par la Universal sur la foi du seul Das Wachsfigurenkabinett (Le cabinet des figures de cire), un film authentiquement expressionniste - et parodique, car ce n'est pas incompatible - qu'il a tourné en 1923, et dont il a été le décorateur. C'est surtout pour ce dernier aspect de son métier qu'il était connu en Europe, mais qu'importe: à l'heure où la Fox importe à grands renforts de publicité Murnau, la petite Universal est contente de pouvoir jouer dans la cour des grands... Et a vraiment tiré le bon numéro, car même s'il ne reste à Leni que trois années à vivre, son passage à la Universal laissera des traces profondes...

Un homme meurt, seul dans sa maison sinistre. Il laisse un testament, qui est énigmatique: il ne doit pas être ouvert avant vingt ans. Vingt ans plus tard, donc, le notaire Maître Crosby (Tully Marshall) convoque la famille. Ils sont six, an plus de l'énigmatique, pour ne pas dire sinistre, fidèle gouvernante de la maison, "mammy Pleasant" (Martha Mattox): parmi eux, deux jeunes gens dont on devine très vite qu'ils feront un gentil couple, l'habitué des films de maison hantée Creighton Hale, et la star des comédies légères de la Universal, Laura la Plante. C'est elle qui va hériter, mais c'est autour d'elle que les ennuis vont se cristalliser durant la nuit, une nuit durant laquelle personne ne va dormir. Les événements étranges, terrifiants, vont se déchaîner: un homme va disparaître et mourir, un prisonnier évadé et son gardien de prison vont semer la panique, des mains étranges et effrayantes vont sortir des murs, et... un monstre va faire son apparition.

Ce film est une comédie de maison hantée, un genre qui existait déjà, et obéissait à des lois d'airain: pas de logique, tout dans le frisson gratuit, et surtout, beaucoup de moments de comédie pour contrebalancer l'effroi... Mais en reprenant la pièce de John Willard et ses portes qui claquaient, Paul Leni a tout bonnement inventé le fantastique Américain, à des années-lumière des expériences ratées de Roland West (The monster , The bat, tous les deux mollement adaptés fidèlement de pièces du même genre), et en allant bien plus loin que ne l'avaient été à leurs façons respectives Tod Browning et Rupert Julian (Dont The phantom of the opera, tourné deux ans plus tôt pour la Universal, était encore dans toutes les mémoires...). En utilisant aussi bien une mise en scène d'une grande sophistication, des mouvements de caméra splendides, le clair-obscur, la profondeur de champ, le flou, le montage parallèle, la composition, les ombres; il utilise au mieux la caméra mobile, et nous plonge dans l'effroi de ses personnages en s'amusant comme un fou: il fait un film-somme qui est encore imité aujourd'hui. C'est un film parodique à énigme, il n'y a donc aucun message, juste du cinéma pur... Mais ce brillant exercice de style a montré la voie à la compagnie, qui a demandé d'autres frissons à Leni. Tous n'ont pas survécu, mais la grande étape suivante, c'était le merveilleux The man who laughs, adapté de Victor Hugo. La compagnie était en marche, irrémédiablement, vers Dracula et Frankenstein. Merci qui? Merci Paul Leni.

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Published by François Massarelli - dans Paul Leni Muet 1927 **
16 septembre 2012 7 16 /09 /septembre /2012 16:40

Il aurait fallu pouvoir compter sur Paul Leni. mais la mort du metteur en scène en 1929 a été un point final tragique à une carrière prometteuse, que le fait d'avoir été cantonnée au muet a aussi précipitée dans l'oubli pendant très longtemps. Décorateur génial à Berlin, il a aussi très vite mis en scène des films sans jamais abandonner, du moins en Europe, sa première activité... On lui doit un film expressioniste tardif, Le cabinet des figures de cire (1924), film à sketches avec Emil Jannings, Wilhelm Dieterle, Conrad Veidt et Werner Krauss, soit le gratin du cinéma Allemand; appelé à Hollywood par Carl Laemmle qui souhaitait lui aussi avoir sous contrat un génie Européen (Il en aura d'ailleurs plusieurs, puisque outre Leni, Karl Freund et Paul Fejos réaliseront aussi des films pour la Universal durant les dernières années du muet ou les débuts du parlant), il dirige des films esthétiquement très différents de ce qui se pratique alors à Hollywood, et va beaucoup faire pour définir un style fantastique dont la firme fera le socle d'un genre à venir: en d'autres termes, sans l'arrivée de Leni et son Cat and the canary (1927), pas de Dracula (1931) ni de Frankenstein (1931). Leni était d'ailleurs le réalisateur pressenti pour Dracula lors des premiers préparatifs de l'adaptation de la pièce inspirée du roman de Bram Stoker.

Avant The man who laughs, il y a The hunchback of Notre-Dame (Worsley, 1923), puis The phantom of the opera (Julian, 1925), bien sur: tout en restant une usine à films (La fameuse "usine à saucisses", comme l'appelait sans grande affection Erich Von Stroheim), la firme de Carl Laemmle cherchait le prestige, en s'inspirant de romans fantastiques ou gothiques Français, après avoir cherché la classe du coté de Stroheim et de ses poisons Viennois... Le succès de Lon Chaney dans les deux premiers films ne pouvaient qu'appeler une suite, et le fait d'avoir de nouveau recours à Hugo s'explique de multiples façons: l'adaptation de Notre-Dame de Paris avait été une tâche difficile, mais pas aussi complexe que The phantom of the opera, qui avait du être retourné puis remonté durant un an avant que des compromis acceptables voient le jour, et les romans de Hugo reposaient moins sur le sensationnel que ceux de Leroux. Et L'homme qui rit, roman mineur de Victor Hugo, permettait de toucher paradoxalement un plus grand nombre par son sujet étonnant, tout en permettant un creuset de genres. Il est probable que le film était déja dans les cartons au moment ou se terminait le montage du Fantôme, mais le fait que Chaney ait définitivement dit adieu à la Universal en partant pour la MGM a du freiner les ambitions du studio... Par contre, dès son arrivée, Leni est l'homme idéal pour le film, étant probablement le plus prestigieux des réalisateurs de la firme. Il est vrai que la Universal est un studio que l'on quitte (Stroheim, bien sur; Ford, Ingram, Wyler...) mais auquel on revient peu (Sauf Browning!)... les metteurs en scène sont plus à l'aise dans les prestigieuses Fox, MGM et Paramount...

 

Arrive alors Conrad Veidt: venu à Hollywood sur l'insistance de John Barrymore qui voulait travailler avec le prestigieux acteur Allemand (The beloved rogue, Crosland, 1927), il est aussitôt pressenti par Leni autant que par Laemmle pour jouer le rôle de Gwynplaine. Il est remarquable de constater que Laemmle, considéré comme un abominable inculte (une blague célèbre lui prête un mémo envoyé à un assistant, après que le patron de la Universal ait vu une pièce de Shakespeare: Carl Laemmle demandait à rencontrer l'auteur pour lui faire signer un contrat...), avait en ce qui concerne le cinéma de son pays d'origine un instinct redoutable: il avait fait venir Leni, Veidt, à la Universal, et s'était chargé de signer le contrat de distribution du Dernier des hommes, ce qui eut pour effet de faire venir Murnau à Hollywood... Veidt, encore marqué dans les esprits par sa participation de premier plan au cinéma expressionniste, n'était pas Lon Chaney, mais il était juste lui aussi un immense acteur, dont le jeu énorme garantissait les grands frissons pour un tel rôle; de plus, son physique particulier le rendait là aussi idéal... Pour compléter la distribution, Leni a pioché d'une part dans le vivier d'acteurs de la Universal, avec le méchant Brandon Hurst (The hunchback of Notre-Dame), et l'actrice Mary Philbin (The phantom of the opera); il a aussi sur compter sur les grands "character actors", notamment Josephine Crowell, plus une faune de gens souvent aperçus dans les petits rôles durant les années 20: John George, Cesare Gravina, Lon Poff... enfin, Leni et Veidt se sont tous les deux impliqués dans le débauchage d'une actrice Russe de passage, Olga Baclanova, dont Sternberg alait vite repérer l'insolente plastique (probablement dans The man who laughs, justement) et l'engager pour deux films.

 

Gwynplaine, un enfant héritier du domaine d'un ennemi politique du roi James II, est vendu à des gitans qui vont le défigurer afin de faire de lui un monstre de foire. Désormais paré d'un éternel sourire grimaçant, il échappe à la mort lorsque ses nouveaux maîtres sont sommés de partir d'Angleterre; il est recueilli en même temps qu'une petite fille aveugle, Déa, par Ursus, un forain. Les trois vont rester ensemble et monter un spectacle basé sur le physique particulier de Gwynplaine. Mais les intrigues de cour vont les rattraper, puisque les biens et les terres qui doivent revenir à Gwynplaine sont sous le contrôle de la duchesse Josiana, une cousine de la reine à la beauté (et la libido) sans limites...

 

Le mal dont souffre Gwynplaine est qu'il aime Déa, sans retenue, mais qu'il se demande si elle serait toujours amoureuse si elle pouvait le voir. De son coté, la jeune femme aime sans aucune condition celui auprès duquel elle a grandi, et leur idylle est surveillée de près, avec tendresse, par Ursus... Par comparaison, le reste du monde régi par la politique du royaume d'Angleterre est sans pitié, et bien sur l'éminence grise de la Reine Anne, qui jouait déjà ce rôle sous le roi James, est également de mèche avec la duchesse Josiana. Celle-ci, interprétée par Olga Baclanova, est d'une importance capitale pour l'intrigue, dans la mesure ou elle va servir à Gwynplaine de révélateur durant un épisode du film: venue voir la pièce L'homme qui rit, avec en vedette un Gwynplaine au succès phénoménal, elle a décidé de le séduire... une scène fougueuse de séduction durant laquelle Baclanova fait fondre la pellicule s'ensuit. De son coté, Gwynplaine est motivé par son propre amour, ce qui peut paraître paradoxal: il se dit que si une femme peut le désirer tel qu'il est, alors il n'y a plus d'obstacle à son amour avec Déa. Ne nous le cachons pas, cette dernière, jouée par Mary Philbin, est l'un des moindres intérêts du film... Baclanova a d'ailleurs droit à une autre scène érotique, durant laquelle elle est vue prenant un bain, à travers de nombreux dispositifs pour (à peine) cacher son corps.

Veidt, assisté par Jack Pierce dont le studio utilisera bientôt la science du maquillage pour ses films fantastiques (le fameux monstre de Frankenstein par Boris Karloff!!), a composé un personnage laid, dont le sourire permanent et grimaçant est encore aujourd'hui inconfortable. L'acteur joue de ses yeux extraordinairement expressifs, et de son corps long et élancé. Le maquillage de Veidt était si contraignant qu'il garantissait que le film ne pouvait qu'être muet tant il était malaisé pour l'acteur de parler durant le tournage...

Les moyens dont Leni a bénéficié sont très impressionnants, et on sent la confiance que lui témoignait Laemmle; les décors certainement largement récupérés de productions antérieures, dont The hunchback of Notre-dame bien sur, sont utilisés avec un sens plastique extraordinaire, la photo joue de toutes les nuances de gris, les costumes sont superbes... il commande sans difficultés aux foules qui peuplent son Londres post-expressionniste. Et Leni n'a pas son pareil pour truffer son film de détails macabres, comme ces gibets dans la brume durant les scènes hivernales. Du coup, le film quant il est vu dans sa version intégrale restaurée est l'un des plus beaux et vénéneux à voir de toute la période muette Américaine...

 

Je le disais: la maîtrise dont Leni a fait preuve sur ce film lui garantissait de mener la révolution des films d'horreur Américains, un genre dans lequel le cinéma Américain a toujours été mal à l'aise... Avant que la firme ne produise coup sur coup Dracula et Frankenstein en 1931. Mais le sort en a décidé autrement, puisque Leni ne fera, après cet Homme qui rit, qu'un seul film, The last Warning, petite comédie à frissons située dans le monde du théâtre qui n'a rien d'indispensable... Mais avec The man who laughs, il a signé le meilleur des trois films gothiques fleuves que la Universal a produit durant le muet, un des plus beaux films de l'année, et un film qui aurait été un immense succès et un grand classique... si le parlant n'avait pas été tant à la mode en dépit de ses imperfections techniques durant cette fatidique année 1928.

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Published by François Massarelli - dans Muet Paul Leni 1928 **