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17 novembre 2018 6 17 /11 /novembre /2018 16:50

En compagnie du documentariste Martin Di Bergi, qui partage leur quotidien, nous suivons Spinal Tap (le célèbre groupe de heavy metal Anglais) en tournée en 1982, au moment d la sortie de son deuxième album pour le label Polymer; le premier n'avait pas vraiment été un succès, et ils espèrent que Smell the glove, leur nouvel opus, va rattraper le coup. Mais la malchance s'accumule: pour commencer, le label refuse de sortir l'album, parce que la plupart des magasins désapprouvent le choix sexiste de la pochette... 

Bienvenue dans le monde peu glorieux du rock 'n roll de la survie, de cette musique faite au début des années 80 par des dinosaures tous plus ou moins sortis des fumeuses années 60. Des gens qui comme Nigel Tufnel, le guitariste soliste bas du front, David St-Hubbins le chanteur dont la permanente est sans doute plus pertinente que son cerveau, ou Derek Smalls, le bassiste bien nommé, ne se sont pas construits sur les bancs de l'université, mais bien sur scène. Et assistons, en leur compagnie, à quelques combustions spontanées de batteurs.

On ne peut pas faire plus vrai que ce Mockumentaire, qui n'a finalement pas pris une ride! les acteurs sont géniaux (et font leur propre musique, un concentré infâme de hard rock FM de la pire espèce), les anecdotes sont presque vraies, et on comprend pourquoi les années 80 ont été fatales à tant de vieilles gloires... Mais pas à Rob Reiner que ce film a lancé: en route pour Princess bride, Stand by me, Misery, When Harry me Sally et The American President...

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Published by François Massarelli - dans Rob Reiner Comédie Musical
14 septembre 2018 5 14 /09 /septembre /2018 15:11

En 1963, au moment de succéder à John Fitzgerald Kennedy (Jeffrey Donovan), le vice-président Lyndon B. Johnson (Woody Harrelson) revoit les années qui l'ont mené là où il est, dans une voie de garage: la lutte interne au parti démocrate pour s'imposer en tant que candidat, face à l'irrésistible ascension du boy wonder Catholique, les difficultés à faire valoir ses ambitions face aux connections de Robert Kennedy (Michael Stahl-David), et finalement le compromis du vieux Sudiste face au jeune candidat de la Nouvelle Angleterre. Les manoeuvres parfois un peu bizarres, en coulisses, pour faire passer des pilules difficiles à ses alliés, les "Dixiecrats", ou Démocrates du Sud, particulièrement chatouilleux sur le problème de la ségrégation...

A force de faire tout ce qui lui chante, Rob Reiner a fini par se perdre un peu... Un peu beaucoup même: celui qui tirait de son absence de style, revendiquée, le parti de toucher à tous les genres, a fini aussi par faire n'importe quoi, et s'est spécialisé dans les bas-fonds de la comédie. Mais LBJ, film biographique consacré à l'un des derniers présidents auquel on aurait pensé pouvoir consacrer une production ambitieuse (notez qu'il y a pire: Gerald Ford, par exemple!), ressemble particulièrement à un projet très personnel, pour un metteur en scène dont les idées ont toujours été proches de celles du parti démocrate, dans sa frange la plus progressiste. 

...Ce qui, évidemment, peut paraître antinomique avec un retour sur Lyndon Baines Johnson, d'une part parce que le vieux renard avait entièrement basé sa carrière politique au Texas sur le soutien des franges les plus poussiéreuses du parti dans le Sud, allant jusqu'à combattre toute tentative de changer la donne en matière de discrimination venant de la Maison Blanche, qu'elle vienne de Truman, ou de Einsenhower. Et l'image du Président Johnson est entachée à tout jamais par sa gestion du conflit au Vietnam. Alors Reiner a surtout raconté de quelle manière le vieux politicien, qui avait tant souhaité accéder à la magistrature suprême selon ses propres termes, avait pris la décision d'accomplir le voeu de son malheureux prédécesseurs, une réforme qu'il n'approuvait pas mais qu'il comprenait comme incontournable. L'accomplissement du film est cette réussite. Le reste de la carrière est traité selon la routine du genre, par une série de textes qui nous rappellent l'histoire...

Les acteurs sont bons, très bons même, mais il faut un temps d'adaptation au spectateur pour accepter ce qu'il a sous les yeux et surtout ces abominables maquillages souvent indignes. Ce qui n'enlève rien à la verve de Harrelson, qui nous rend le vieux renard politique décidément bien sympathique. Et cette histoire de politicien qui met le progrès et le bien de l'humanité avant ses propres intérêts (ce qui est bien sûr une vision assez naïve) est finalement assez rafraîchissante alors qu'un fasciste est à la Maison Blanche.

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Published by François Massarelli - dans Rob Reiner
20 janvier 2018 6 20 /01 /janvier /2018 09:58

Rob Reiner, au moment de réaliser ce film, ce n'est pas n'importe qui: il vient de réaliser quatre films les uns après les autres, dans l'ordre: Stand by me, The Princess Bride, When Harry met Sally et Misery. Quatre réussites indéniables, quatre succès, dans quatre genres différents... Fidèle à ses habitudes, il se lance dans un film d'un genre qu'il n'a pas encore abordé, ce qu'on appelle généralement le courtroom drama, soit le film de procès. Mais un procès d'un genre inattendu, puisque situé dans la cadre de cette merveilleuse institution qu'est l'armée Américaine.

Digression #1: si vous avez un problème avec l'anti-militarisme le plus basique, arrêtez de lire, je ne vais absolument pas me priver. Il se peut que je me laisse même aller à des amalgames douteux et inavouables entre les Marines et le fascisme, car je suis plutôt d'un genre facétieux.

Reprenons: toujours selon ses habitudes, Reiner se repose sur une oeuvre préexistante et un scénario d'un tiers, ici l'oeuvre adaptée est une pièce de Aaron Sorkin, qui a lui-même adapté son script. Et Reiner fait appel à un certain nombre d'acteurs compétents, aussi bien une impressionnante valeur sûre (Jack Nicholson) que quelques jeunes acteurs et actrices qui montent, Demi Moore, Kevin Pollak, ou Kevin Bacon. On reconnaît aussi Noah Wyle ou James Marshall. Reiner engage aussi un scientologue pour lui donner le rôle principal.

Digression #2: celui-ci aussi je vais me le payer.

Un Marine est tué dans la nuit par deux camarades, sur la base de Guantanamo. L'affaire est encombrante, car si en apparence les deux tueurs se seraient vengés de ce que l'un d'entre eux allait être dénoncé par la victime, il apparaît à une jeune investigatrice, le lieutenant JoAnne Galloway, que ça ressemble beaucoup à ce type de punition interne et non-officielle qui est parfois ordonné aux Marines pour "maintenir la cohésion" dans leur bataillon. L'état-major va assigner un autre avocat qu'elle pour défendre les deux tueurs, avec l'idée probable d'étouffer l'affaire. On choisit donc un impulsif feignant et incontrôlable: Daniel Kaffee (Le Scientologue). Mais JoAnne, décidée à suivre son intuition, va quand même réussir à se mettre sur le coup. Bien sûr, entre les deux avocats, ça ne va pas se passer très bien... Et bien sûr ils vont s'apprivoiser et gagner leur procès.

Inévitable: un courtroom drama, ça obéit à des règles immuables, comme le premier Marine venu du reste. Donc on a une enquête qui se prépare, et dont les zones d'ombre ne sont pas toutes résolues avant que le procès commence, et le clou du film est le procès lui-même, résumé à ses grands lignes essentiellement par les coups d'éclats et les coups de théâtre. Rob Reiner fait un travail compétent, plus même pour maintenir l'intérêt. la confrontation entre Jack Nicholson en nazi, pardon en colonel de Marine, contre le reste du monde, est forcément un moment qui implique le spectateur. Comme on dit, ça se laisse regarder, le personnage de Kevin Pollak en assistant légal nous permet d'alléger un peu le tout. Et on rappelle que le corps des Marines, ces grands enfants, passe son temps à argumenter qu'ils sont chargés de la protection de la planète, ce qui leur donne manifestement le droit d'oppresser les membres du corps qui sont issus des minorités, et de les tuer si bon leur semble.

Caricatural: forcément, l'armée a tout prévu pour se défendre, forcément les jeunes avocats sans expérience vont déjouer tous les pièges, forcément les deux accusés vont ne rien comprendre (rappelons que ce deux hommes ont pour vocation de ramper dans la boue en se faisant insulter par des ordures dont le métier est justement de rabaisser les jeunes recrues en les humiliant ou en les frappant s'il le faut, donc forcément on n'échappera pas à l'un ou l'autre cliché, et forcément ils ont le QI d'une moule oubliée sur une table depuis l'été 1994), et bien sûr, à partir du moment où on donne le rôle principal au Scientologue, ça va mal se passer.

Insupportable: je suis servi; non seulement Demi Moore n'est pas terrible, ce qui n'a rien de nouveau, mais en plus elle sert de potiche du début à la fin. Mais en plus, heureusement qu'elle répond à un autre avocat qui lui est un homme: la preuve, il joue au base-ball... On imagine aisément Cruise (car c'était lui!) se pencher sur le script pour voir où il pourrait ajouter du "physique". Il est nul. Mais alors nul... Toujours cette insupportable hyper-activité qui est supposée être la preuve d'un esprit fort. Ca ne fait de lui qu'un sale gosse auto-satisfait. Au moins Spielberg, ou Paul Thomas Anderson, sauront-ils utiliser Tom Cruise au lieu de lui servir la soupe.

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Published by François Massarelli - dans Rob Reiner
7 décembre 2017 4 07 /12 /décembre /2017 14:16

Paul Sheldon (James Caan) est un auteur fêté, riche, accompli... du moins si on accepte qu'il ait quelques réserves quant à la source de son succès: la série de romans consacrés au personnage d'aventurière romantique de Misery Chastain lui a apporté la gloire, mais il n'en peut plus... Il a d'autres ambitions que de réaliser des succès faciles, et il entend bien s'y consacrer.

Au moment le plus mal choisi, il a un accident: en plein Colorado (Il est superstitieux, et vient systématiquement dans cet état en voiture, pour y finir ses livres), il a un accident de voiture grave. Selon toute vraisemblance, il en serait mort, s'il n'y avait eu l'intervention providentielle d'une femme, Annie Wilkes (Kathy Bates), infirmière de son état. Le hasard fait bien les choses, car Paul est amoché. Et aussi: Annie est une fan, une vraie... Elle va remettre Paul sur pieds, constater que celui-ci vient d'écrire un roman autobiographique qui ne lui plaît qu'à moitié, et alors que Paul se remet doucement, lire le "nouveau" Misery, tout juste sorti de presse. L'héroïne meurt, Annie voit rouge: elle annonce à Paul qu'il est coincé chez elle, et qu'il a intérêt à filer doux, car elle n'a prévenu personne de sa survie. Il est prisonnier de celle qui se déclare sa fan numéro un.

La réalisation de ce film est exceptionnelle, comme toujours avec Reiner au sommet de son art: c'est juste en permanence, et le film appelait un traitement hitchcockien, le metteur en scène ne se fait pas prier! Le suspense est impressionnant de maîtrise, et les occasions, dans ce qui est presque un huis clos (On sort un peu, grâce aux savoureuses interventions du shériff "Buster', homme de loi paradoxal interprété par Richard Farnsworth), ne manquent pas d'appuyer sur l'angoisse. Reiner cite même une scène de Psycho lors du dénouement de son thriller... On est dans une situation poussée à l'extrême, aussi bien par Reiner que par Stephen King, auteur du roman initial. Et le choix peu banal, de tourner dans une vraie maison débouche sur un réalisme saisissant dans ce qui aurait pu être un grand guignol un peu vain.

Et vain, ça ne l'est jamais: tout dans le film, comme dans le roman, insiste sur l'idée d'un auteur à succès, prisonnier de ses fans et de leur folie, de leur exigence, et au final, de leur mépris pour l'intégrité physique de leur auteur chéri. Et le portrait par Kathy Bates, magistrale (le rôle de sa vie, sans aucune contestation) de l'infirmière Annie Wilkes, est formidable de méchanceté à l'égard d'une catégorie de la population Américaine qui est aujourd'hui particulièrement bien représentée... jusqu'à la maison blanche.

Et après The Shining, autoportrait en forme d'histoire horrifique d'un auteur en voie d'aliénation, Misery vient à point nommé nous rappeler que l'art, ça vous mange tout cru, jusqu'à vous rendre prisonnier. De l'écriture, du public, ou, comme King en son temps, de l'héroïne. Le livre est un classique, oui, mais le film est magistral.

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Published by François Massarelli - dans Rob Reiner Noir Stephen King
30 mars 2017 4 30 /03 /mars /2017 14:17

Tout commence par un prologue superflu, qui va orienter le film dans une mauvaise direction: on s'attend à une variation sur The graduate, de Mike Nichols, puisque le prologue nous raconte comment à Pasadena dans les années 60, une affaire de coucheries entre une dame de la bonne société et un camarade de sa fille aurait influencé l'auteur du futur best-seller de Charles Webb, lui-même un camarade de lycée des deux jeunes... Et la fille aurait ensuite fui avec le jeune homme, pour un dernier week-end de folie, peu de temps avant de se marier... avec un autre. Ouf!

Mais l'histoire ne commence vraiment qu'en 1997, lorsque Sarah (Jennifer Aniston), le produit du mariage en question, revient à Pasadena pour le mariage de sa soeur, en compagnie de son petit ami Jeff (Mark Ruffalo). Elle a des doutes sur l'opportunité de se marier avec ce dernier, doutes qu'elle n'a pas encore exprimés de façon définitive, mais elle pense trouver dans le mariage de sa soeur des réponses à ses interrogations...

Elle va surtout, au contraire, trouver de plus embarrassantes interrogations: elle apprend l'histoire du prologue, que nous conaissons déjà, et commence à se demander si elle est bien la fille de son père, ou...

C'est, en dépit du côté délirant de ce qui précède, d'une grande sagesse. Le défaut de tous les films de Reiner depuis belle lurette, en fait: il assure le strict minimum, fait bien son travail, mais ne va pas plus loin. les acteurs sot parfois bons (Aniston), très bons, (Richard Jenkins, en père apparemment dépassé par les événements), voire excellents (Kevin Costner en incorrigible séducteur, Shirley McLaine en grand-mère politiquement incorrecte), mais il n'y a pas là de quoi se relever la nuit...

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Published by François Massarelli - dans Rob Reiner Comédie
27 mars 2017 1 27 /03 /mars /2017 13:17

 

Dans les adaptations de Stephen King, Stand by me, Misery et The Shining ont une place particulière, à cause de l'évidente présence écrasante de l'auteur. Crise d'inspiration, angoisse personnelle face aux dérives et aux démons intérieurs dans The Shining, l'auteur littéralement prisonnier de son succès et dépendance à l'héroïne pour Misery, les clés qui rattachent ces oeuvres à l'écrivain Stephen King sont nombreuses. The Body est un roman court (ou une grosse nouvelle) paru en 1982, qui renvoie au souvenir d'enfance d'un écrivain à succès, qui vient d'être confronté à la nouvelle du décès d'un ami qu'il n'a pas revu depuis longtemps, et le titre, même totalement approprié, posait problème en raison de l'équivoque interprétation qu'on pouvait en faire. C'est pourquoi on a eu l'idée de Stand by me... Passons.

King tenait Kubrick en bien piètre estime, estimant qu'il avait sans doute trahi son livre The shining... Comme d'habitude, l'écrivain se croyait également l'auteur des films adaptés de son oeuvre! Par contre, il n'a eu que des louanges à l'égard de Reiner, dont il estimait qu'il avait lui su adapter sans jamais trahir, que ce soit pour ce film ou pour Misery... Et il a raison sur un point: Stand by me est un sacrément bon film!

Eté 1959: quatre ados vont partir à pieds dans un périple qui n'est qu'un prétexte, car l'un d'entre eux a entendu son grand frère raconter à un copain qu'il a découvert le corps inanimé d'un jeune garçon qui est recherché par tout le conté. Ils ont décidé de partir à la recherche du corps, afin de se couvrir de gloire en le ramenant... Mais le grand frère et ses copains, pas vraiment des tendres, vont se mettre en quête aussi, en voiture par contre... Les quatre garçons de douze ans, qui s'apprêtent à intégrer le collège (Et de fait à se séparer), sont Chris Chambers (River Phoenix), un jeune garçon brillant, mais qui vit dans une famille pauvre, et sujette à la tentation de la délinquance; Teddy Duchamp (Corey Feldman), un gamin à leur de peau, qui a du mal à grandir, et qui souffre en particulier de la réputation de son père, considéré comme fou, et ce ne serait pas forcément loin de la vérité; Vern Tessio (Jerry O'Connell), un gamin un peu lent, et un peu trop enveloppé, qui est parfois le souffre-douleur un peu facile de ses copains; enfin, Gordie Lachance (Wil Wheaton), un enfant brillant mais solitaire, qui a le malheur de ne pas ressembler suffisamment à son frère décédé Denny, qui était lui un sportif connu de tous; son père, en particulier, lui en veut d'être celui de ses deux enfants qui a survécu... Alors il écrit, beaucoup, et en particulier développe des nouvelles cocasses ou étranges, dont il raconte parfois des extraits à ses copains...

La virée prend deux jours, et bien sur il va y avoir du pittoresque, des moments de peur un peu forcés, car l'un des intérêts de cette promenade dans l'Oregon est précisément de se donner l'impression de vivre une grande aventure... Et il y aura des menaces, même si peu sont vraiment graves: le propriétaire d'une case et son chien à la réputation terrifiante, qui s'avère être un toutou relativement accommodant; des trains qui passent, ce qui est embêtant quand on suit la voie ferrée et qu'on est sur un pont étroit; des sangsues, qui s'attaquent à un endroit particulièrement embarrassant; et puis, bien sur, les grands frères, bande de malfrats mal dégrossis, qui s'occupent en donnant des coups de batte de base-ball sur les boîtes aux lettres et qui prennent assez mal le fait d'avoir été devancés auprès du corps du jeune garçon par les petits. Mais aucune de ces menaces ne changera rien au fait que le voyage initiatique que s'imposent les garçons est surtout pour eux la dernière occasion de rester ensemble, avant que la vie ne les sépare. Et cette promenade va être celle durant laquelle ils vont beaucoup échanger, sur leurs frustrations, leurs craintes pour l'avenir, et pourquoi pas tester leur amitié...

Le "corps", celui dont ils veulent s'emparer les premiers afin de briller un peu dans le ronron quotidien de la petite localité, devient leur planche de salut, un petit Graal qui va les aider à se faire accepter, et à s'accepter eux-mêmes. il est aussi une fin annoncée de l'histoire, un prétexte donc à raconter quelques chose, car comme le dit Gordie, "un jour, je raconterai cette histoire... si je n'ai pas d'autre idée!". Mais l'idée est trop bonne pour ne pas le faire. On notera donc que King s'est bien sur mis en scène en la personne de Gordie, mais qu'il n'a pas oublié de donner à son jeune écrivain un auditoire parfois critique, comme Annie Wilkes sait si bien l'être dans Misery: Teddy désapprouve la fin d'une histoire que Gordie raconte mais lui suggère une autre fin!

Reiner a parfaitement choisi ses jeunes acteurs, et capture à merveille la douceur Américaine de vivre de ces années 50, et l'insupportable mal-être de ces quatre jeunes hommes coincés entre deux mondes inconciliables: les trente glorieuses, et la classe ouvrière Américaine... 

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Published by François Massarelli - dans Rob Reiner Stephen King
23 mars 2017 4 23 /03 /mars /2017 14:26

Quand Harry (Billy Crystal) a rencontré Sally (Meg Ryan)... il ne s'est pourtant pas passé grand chose. Trop d'agressivité chez des ados à peine sortis de l'université, et qui campaient fermement sur des positions tranchées vis-à-vis des rapports hommes-femmes. Ce n'est qu'au bout de quelques années, de quelques rencontres l'un avec l'autre, qu'ils ont dévelopé une vraie amitié, qui débouche irrémédiablement sur un grand nombre d'interrogations: se sont-ils rendus compte qu'ils étaint faits l'un pour l'autre? Quand succomberont-ils? Pourquoi s'acharnent-ils à tenter de se placer avec d'autres? Et que se passera-t-il quand... ?

Le classiscisme assumé de cette comédie maline est sans doute du à son parfait équilibre entre la comédie à point de vue, typique de Woody Allen (Annie Hall, Manhattan) et la comédie romantique classique. Rob Reiner oblige, réalisateur au non-style revendiqué, le film penche plutôt vers cette sage mais efficace caractéristique, et fait désormais office de grand ancêtre pour un grand nombre de comédies romantiques, dont peu lui arrivent en plus à la cheville! Un jeu s'effectue avec le public, qui suit les pérégrinations romantiques de deux personnages en sachant bien qu'à un moment ou à une autre, ils iront dans les bras l'un de l'autre... le sel du film provient donc de l'habile dosage, de l'abattage des comédies, du savant suspense qui consiste à ne pas lâcher du lest trop vite, des clins d'oeil aux changements d'époques qui passent, bien sur, par les coupes de cheveux et la mode. Et puis il y a LA scène mythique, plus un clin d'oeil bien assumé à un film mythique, dans lequel, comme au début de When Harry met Sally, on assiste à la naissance d'a beautiful friendship....

Il y a finalement pas mal d'éléments qui relient ce film avec une autre comédie romantique de Reiner, The American president. Celle-ci reste malgré tout supérieure en tous points, de par sa légèreté, sa liberté de ton, par les personnages aussi. Je référais à Woody Allen tout à l'heure: ses films me laissent pourtant froid (Pour parler avec tact), en raison de la trop grande liberté laissée aux comédiens. Ici, le juste milieu a été atteint, les dialogues sont vifs, percutants, drôles, les personnages touchants, et le film accomplit une sorte de miracle, en manipulant toutefois un brin son spectateur, par le biais de tous ces couples qui apparaissent pour ponctuer l'évolution de l'intrigue: des couples âgés, qui nous racontent quelques détails sur leur histoire commune. Des vrais, des faux peu importe: ils sont adorables.

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Published by François Massarelli - dans Comédie Rob Reiner
22 mars 2017 3 22 /03 /mars /2017 17:08

On va essayer de faire abstraction du fait que désormais l'expression du titre désigne forcément beaucoup plus une vermine fasciste irresponsable qu'un type foncièrement sympathique, et rappeler ceci: comme beaucoup de films, finalement, The American president n'a rien de politique mais utilise le pouvoir magique de la fiction pour créer un président Américain imaginaire, sans aucun message autre qu'une jolie histoire... Ce n'est pas la première fois qu'on imagine un président, rappelez-vous la fable Gabriel over de White House de La Cava, sorti en 1932... Suivi par des dizaines d'autres. 

Andrew Shepherd (Michael Douglas) est un président Démocrate élu par malheur, sur la sympathie qu'avait engendré dans l'opinion le décès inopiné de son épouse peu de temps avant l'échéance. Le maintien de sa popularité tient largement à la continuation de ce capital sympathie engendré dans la pitié. Et il sait que c'est bien fragile donc il hésite à se lancer dans des réformes qui pourraient faire trop de vagues. Symboliquement, il a renoncé depuis belle lurette à la plus controversée de ses promesses de campagnes: une législation sur les armes qui viendrait contrer les effets dévastateurs du deuxième amendement à la constitution. En lieu et place, il s'apprête à mettre la dernière main à une réforme anti-criminalité tiède, mais consensuelle et sans risque. C'est à ce stade qu'une association de militants de l'environnement lui envoie dans les pattes une lobbyiste hors pair, qui a pour mission de lui faire accepter une réforme écologique difficile...Sydney Elle Wade (Annette Bening) ne sait pas qu'une fois qu'elle aura mis les pieds à la Maison Blanche, l'histoire d'amour qui va les unir ne les lâchera plus.

Qu'importe la politique, après tout: Michael Douglas joue à la fois de son charme naturel (et d'âge moyen) et d'une certaine dose de mystère bienvenue pour interpréter son président qui sait qu'il est en sursis: tant qu'il sera "le pauvre veuf", il restera président. Après... ce sera une autre paire de manches. Il sait que l'un de ses opposants, le sénateur Républicain Bob Rumson (Richard Dreyfuss) se tient prêt à se lancer dans une campagne électorale qui ne fera pas de quartier. En même temps, l'histoire d'amour entre deux personnages plus si jeunes, joue à fond la carte du romantisme échevelé, et Annette Bening est fantastique en scoute du lobbying qui se fait surprendre par l'irrésistible attrait des sentiments. On évoque Capra, bien sur, dans une scène en forme de clin d'oeil. C'est tout sauf un hasard, même si Rob Reiner, comme il l'a toujours revendiqué, fait "juste son travail"... Mais le fait décidément (Stand by me, When Harry met Sally, The princess bride, Misery) très bien... On admettra que si la situation de base du film est inhabituelle, la construction de ce film qui se résoudra dans une prise de position digne assortie d'un discours bien senti, débouche sur une batterie d'émotions conventionnelles. Oui, mais bon: Annette Bening et Michael Douglas, quand même.

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Published by François Massarelli - dans Comédie Rob Reiner