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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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4 janvier 2024 4 04 /01 /janvier /2024 17:44

Un homme, libéré d'un séjour forcé chez les "indiens" de Nouvelle Angleterre, rejoint la colonie du Massachussetts où il était attendu deux années auparavant par sa jeune épouse. Roger Prynne (Henry B. Walthall), qui dissimule son identité, apprend donc que sa jeune épouse Esther (Colleen Moore) ne l'a pas attendu, puisqu'elle est désormais marquée de l'infamie: un A pour "adultère" est désormais cousu sur ses vêtements. C'est qu'on ne rigole pas avec les moeurs dans les colonies puritaines en 1642... Ce que la communauté attend de la jeune femme, c'est qu'elle révèle le nom de son amant... Mais si elle s'y refuse, nous, nous le saurons bien assez tôt...

Difficile de revenir à The Scarlet Letter après la production MGM de 1926n et l'interprétation magistrale de Lillian Gish... Qui avait payé de sa personne en rappelant le statut de classique Américain du roman de Nathaniel Hawthorne publié en 1850... Si Colleen n'est pas Lillian Gish, il ne parait pas totalement inconcevable qu'elle interprète le role d'Esther... étant entendu qu'elle ne pourra pas faire oublier l'interprétation de son illustre collègue! Elle est solide, et s'en tire d'autant plus que contrairement au film de 1926, celui-ci se sépare du premier acte de l'histoire, celui qui mène à la relation entre Esther et le père de son enfant. 

Le scénario incorpore une série de vignettes qui étaient déjà dans le film précédent, et dont le ton exagère l'humour un peu balourd. Car quand Sjoöström racontait les aventures des puritains qui contrevenaient aux lois religieuses, y compris pour de modestes péchés (un baiser volé par exemple), il finissait toujours par revenir aux arrières-plans dramatiques, et à une charge anti-puritaine. Ce dernier asect ne peut pas être aussi important dans cette version où toute scène impliquant le pilori, par exemple, tourne à la joyeuse rigolade. C'est qu'on est en pleine période post-code (depuis le début du printemps 1934) et désormais les pères-et-mères-la-pudeur de Joseph Breen veillent à la bonne moralité du cinéma... Comme en témoigne un avant-propos ui serait un bon  gag si l'intention n'était justement de le prendre au premier degré: en gros, il s'gait d'excuser le fanatisme religieux des puritains du XVIIe siècle (ces gensavec un appétit, disons, brûlant pour la piété), qui ne peut avoir existé que pour de bonnes raisons, nous dit-on.

Dommage que ce film à moitié intéressant, soit le dernier effort d'une très grande actrice. Quant à Roberg G. Vignola, qui ici est un peu coincé, il nous rappelle qu'il n'est pas Sjöström... Bon, on le savait, mais avec Marion Davies, il a fait quelques films qui méritent d'être vus (Beauty's worth, et surtout l'extravagant When Knighthood was in flower, par exemple)... Et en plus, rejeté et coincé dans un placard trop petit pour lui, qui était gay dans l'impitoyable communauté d'Hollywood qui n'acceptait l'homosexualité que chez les gens qui avaient suffisamment d'argent pour qu'on regarde ailleurs, comme Cukor, il aurait eu des choses à dire avec un film qui se prétait à un plaidoyer pour la tolérance et contre le fanatisme!

 

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Published by François Massarelli - dans Colleen Moore Robert Vignola
3 juillet 2019 3 03 /07 /juillet /2019 16:05

L'auteur de A star is born (1937) a mis du temps à percer, si on en croit son imposante filmographie: celle-ci commence en effet en 1920, soit deux ans après la fin d'un événement crucial de sa vie: sa participation à la première guerre mondiale. Ce qu'il en a retiré en tant que cinéaste? Un sens absolu du refus du compromis, et une maîtrise hallucinante des films d'action. Ce qu'il reste de ses vertes années, pourtant, est ce film: l'une des comédies les pires que j'aie pu voir... Et apparemment ce sentiment est unanime.

Il nous conte les mésaventures de Peter Good (George K. Arthur), un nigaud (en Anglais de l'époque, a boob) qui dans un petit coin campagnard et donc fort reculé de l'Amérique, est amoureux depuis toujours de son amie Amy (Gertrude Olmstead). Mais celle-ci lui préfère un beau moustachu, Benson (Harry D'Algy). Pour impressionner et récupérer sa fiancée, Peter décide de devenir un homme d'action...

Théoriquement, c'est Robert Vignola qui devrait être crédité ici, sauf que... Wellman, décidément mal perçu par le nouveau studio qu'était la MGM, a été appelé à la rescousse pour terminer le film à la place de Vignola qui était hors-jeu. C'est assez incroyable qu'un dur à cuire comme Wellman, dont on sait l'efficacité, ait pu être considéré uniquement comme un "réparateur" de films par le studio, puisque ce cas n'est pas isolé dans sa période MGM. Mais sa période de travail sur le film a été jugée suffisamment longue pour qu'il hérite d'un crédit. Je ne pense pas que le cadeau soit très valorisant!

On va le dire tout de suite: Wellman a toujours prétendu qu'il avait commencé à boire plus que de raison durant le tournage de ce film afin d'oublier et de faire passer la pilule. On ne peut que le croire, tellement ce film n'est ni drôle, ni réussi, ni intéressant. Une heure qui passe lentement, dans une torpeur malaisée... Rien à retirer si ce n'est une série d'apparitions de Joan Crawford, dont on peut se demander pourquoi la MGM l'employait au compte-gouttes! Wellman a ensuite tout fait pour se faire virer, et comme on le sait, il a ensuite trouvé refuge à la Paramount où on l'a un peu mieux traité. Ouf.

 

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Published by François Massarelli - dans 1926 William Wellman Comédie Navets Robert Vignola **
14 septembre 2018 5 14 /09 /septembre /2018 15:35

Ethel Hoyt (Marion Davies) est une jeune femme qui n'a semble-t-il de leçon ni de conseil à recevoir de personne... Surtout pas de ses parents. Le père (Tom Lewis), à la fois amusé et irrité, est à la recherche d'un moyen de la faire descendre de ses grands chevaux, comme on dit. C'est en voyant en compagnie de sa fille (Qui typiquement, est venue en compagnie de plusieurs petits amis, car elle les collectionne...) une représentation de La mégère apprivoisée qu'il trouve la bonne idée: il engage Ernest Eddison (Forrest Stanley), qui jouait Petruchio, pour "apprivoiser" Ethel. Et bien sûr les deux jeunes gens vont tomber amoureux.

Une comédie sans prétention, qui permet à Marion Davies à la fois de se faire plaisir, et de porter des costumes à tomber par terre (car les Hoyt appartiennent au meilleur monde!), et une intrigue qui justifie le recours à un interlude théâtral: on voit ici le compromis typique des productions Cosmopolitan de William Randolph Hearst, qui devaient comporter de quoi plaire aussi bien à l'actrice qu'au producteur. Ce dernier voulait du glamour et du grandiose, et la représentation de La belle au bois dormant est là pour ça. Mais Marion Davies, elle, voulait qu'on rigole!

Ce n'est sans doute pas le meilleur film de Vignola et Davies, mais la façon dont le metteur en scène adopte en permanence le parti de calquer sa mise en scène sur le jeu de sa vedette, permet au spectateur de profiter du timing impeccable de celle-ci, et c'est déjà beaucoup... Le film, par ailleurs, a été sauvé de l'oubli par les efforts de quelques passionnés, dont Edward Lorusso, qui consacre une grande part de son temps à revisiter et remettre en circulation les comédies de la star: qu'il en soit remercié.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie 1921 Marion Davies Robert Vignola **
6 septembre 2017 3 06 /09 /septembre /2017 15:35

Les films avec Marion Davies ne sont sans doute pas des révolutions cinématographiques, et ont d'ailleurs une réputation assez peu enviable, au regard de l'histoire du cinéma muet Américain... Et c'est bien dommage! Ce film de 1922 est un conte de fées, qui aurait pu être interprété comme un mélodrame (On pense parfois à la première partie de Way down east, et il se peut que ce ne soit pas involontaire), mais on a (sagement) choisi la voie de la comédie à la place. L'histoire compliquée du couple Hearst (Magnat de la presse et producteur) et de sa maîtresse Marion (Actrice dans les films qu'il produisait avec son studio Cosmopolitan) est connue, et on sait qu'il la souhaitait tragédienne dans des oeuvres épiques, alors qu'elle aimait tant interpréter des comédies...

Prudence Cole a été élevée par ses deux tantes dans la petite localité de Pottsville, dans la plus pure tradition Quaker. Rigueur, pas de distraction, des vêtements aussi tristes que dépassés, pas de sorties.... ce qui n'empêche pas de rêver: elle souhaite revoir un ami d'enfance dont la famille habite à quelques pas, et qui lui a promis un jour d'être son chevalier servant. Mais quand elle revoit Henry (Hallam Cooley), celui-ci a bien changé: il fréquente la bonne société, et les oisifs... mais Prudence s'accroche à ses rêves de petite fille, et elle réussit à obtenir de ses tantes de visiter Henry et sa famille dans leur environnement, sur la côte, dans une station balnéaire extrêmement huppée. Prudence Cole, avec ses robes du siècle d'avant, et sa naïveté, va avoir les plus grandes difficultés à s'adapter à cette ambiance. Mais afin de conquérir Henry, elle va trouver l'aide précieuse de Cheyne Rovein (Forrest Stanley), un peintre qui la voit instantanément comme différente des autres, et qui va s'attacher en lui créant des vêtements, à révéler au monde la beauté intérieure de la jeune femme.

La réalisation de Vignola est impeccable, sans aucune fioriture certes, mais constamment à hauteur de personnages. La direction d'acteurs est toujours très bien dosée, et on a parfois le sentiment que la comédie, sans avoir été plaquée sur le conte de fées, a été savamment distillée (Probablement afin de ne pas effaroucher Hearst!)... du coup il me semble bien difficile de faire la fine bouche devant ce film qui combine la "formule" Marion Davies (Une jeune femme qui possède bien des atouts mais qui est "différente", et souvent cachée, soit par les convenances, soit par les vêtements), avec une saine critique de la bonne société Californienne et ses "sang-bleus" oisifs, massés au bord de la piscine... Une scène formidable occupe un large terrain, au milieu du film, et concerne la "transformation" de Prudence de chrysalide en papillon: ça prend la forme d'une saynète de théâtre, mise en scène et aux costumes imaginés par Rovein. la séquence est superbe, et relance complètement le film dans une nouvelle direction. On comprend que la Paramount et la Cosmopolitan aient donné leur feu vert, ensuite, à l'ambitieux et très réussi When Knighthood was in flower.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie 1922 Marion Davies Robert Vignola *
8 août 2017 2 08 /08 /août /2017 17:05

Le film est adapté d'un livre à succès, publié en 1898 une fantaisie historique, qui s'amusait un peu à relier les points dans l'histoire de la soeur du Roi Anglais Henry VIII, Mary Tudor et de son bref mariage avec Louis XII de France. C'est au moins le quinzième des films interprétés par Marion Davies, mais il est probablement le plus important de ses films d'avant son passage à la comédie: préservé dans une copie intégrale de douze bobines, il montre bien de quelle façon l'actrice cherchait à faire évoluer le type de films dans lesquels elle jouait, contre l'avis de son compagnon - et producteur - William Randolph Hearst... Et à ce titre, c'est une pure merveille, totalement inattendue!

A la cour d'Angleterre, alors qu'Henry VIII Tudor (Lyn Harding) souhaite marier sa soeur au vieillissant Roi de France Louis XII, Mary Tudor (Marion Davies) rencontre le beau combattant Charles Brandon (Forrest Stanley), et c'est le coup de foudre réciproque. Mais Charles n'est pas un noble, et la décision de Henry est finale: Mary sera reine de France. Les deux amoureux tentent de s'échapper...

Ce n'est ici un résumé que pour les deux premiers actes, car le troisième concerne l'histoire du mariage particulièrement bref de Mary avec le vieux, très vieux roi de France, pour ne pas dire gâteux, très gâteux... Et dans ce dernier acte, ce n'est pas le vieux monarque qui est une menace, mais son fils le Duc François, futur François 1er (William Powell)! Une fois la belle Britannique arrivée, on sent qu'il a une idée en tête...

Pour William Randolph Hearst, Marion Davies était la perfection incarnée... ce qui devait bien la faire rigoler. Mais voilà: le magnat de la presse s'était improvisé producteur de films pour les beaux yeux de l'actrice, il lui semblait donc qu'elle avait droit aux plus nobles rôles dramatiques, et ses films devaient baigner dans le luxe: celui-ci, par exemple, on sent qu'on n'a pas lésiné. Mais Marion Davies s'estimait comedienne (En Anglais dans le texte), c'est à dire actrice de comédie. Elle souhaitait s'investir physiquement dans ses films, pas se contenter de porter des toilettes seyantes et sourire à des bellâtres... Ce film est donc un terrain de bataille, entre le producteur et l'actrice, et il serait assez aisé de voir dans la lutte "douce" entre Henry VIII et son opiniâtre soeur, un reflet de ce combat domestique. 

Mais c'est heureusement Marion qui gagne: aidée de Robert Vignola, qui la connaissait bien et avec lequel elle avait plaisir à travailler, ce film qui aurait pu être un véhicule étouffant et dispendieux, devient un écrin paradoxal pour les velléités d'indépendance de la dame... Vignola traite le matériau historico-mélodramatique à sa disposition comme un script de comédie, ou un film de Fairbanks. Marion Davies ne rate pas une opportunité de s'approprier le film physiquement, et ce avec une belle énergie. Si Forrest Stanley est un peu pâle, au moins certains acteurs la suivent-ils sans remords ni regrets, dont bien sûr William Norris qui interprète un Louis XII qui serait bien libidineux... s'il en avait encore les moyens, le pauvre!

Douze bobines, donc, car le film a survécu dans son édition "Road-show", soit un peu plus longue que les copies d'exploitation classique. Le film est une splendeur... 

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1922 Marion Davies Robert Vignola ** William Powell