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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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26 août 2015 3 26 /08 /août /2015 09:41

J'ai triché. J'ai écrit en en-tête de cet article le vrai nom du réalisateur, mais le film, production Educational avec Al St-John, est en réalité crédité à William Goodrich. L'histoire de ce pseudonyme, selon Buster Keaton, est cocasse, même si elle n'est pas forcément vraie: le grand Roscoe Arbuckle, ayant été acquitté dans un ignoble procès, était malgré tout persona non grata dans le métier, et ses copains lui avaient trouvé un pseudonyme ironique, "Will B. Good"; légèrement modifié, il devint donc William Goodrich... Mais c'est à Arbuckle qu'il faut rendre justice, bien sûr.

Ce film est évidemment une parodie, mais on attend plus facilement de ce court métrage en deux bobines un démarquage de The Iron Horse, de John Ford sorti l'année précédente. Mais le film est en réalité bien plus inspiré de Our hospitality de Buster Keaton: même époque, même costume, et surtout le principal personnage y est un train, celui-là même que Buster avait construit à partir d'un véhicule historique de 1840, et qui était si bien reproduit qu'il avait été acquis par un musée... Le film, comme la première partie du long métrage de Keaton, relate un voyage en train qui est évidemment plein de gags et de péripéties, sous la responsabilité de Al St-John, le conducteur... Et cela ne surprendra personne, ces vingt minutes sont glorieusement idiotes.

J'ai beaucoup mentionné Keaton dans cet article, pourtant il n'est absolument pas dans ce film. La preuve, il n'est pas du tout crédité au générique. Par contre, il y a un chef indien très emplumé, qui fait des cascades très impressionnantes.

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Published by François Massarelli - dans Buster Keaton Muet Comédie Roscoe Arbuckle
3 septembre 2014 3 03 /09 /septembre /2014 17:16

Une image, située au début de ce film de trois bobines, est restée célèbre: un cadre en forme de coeur accueille un à un la tête de chacun des principaux protagonistes de ce triangle amoureux: Roscoe Arbuckle soi-même, en garçon de ferme, puis Mabel Normand, la fille du fermier, et enfin Al St-John, le rival malheureux. Cette image a tellement été utilisée pour symboliser à la fois les grotesque amours un brin rustiques, et le cinéma muet dans son ensemble, qu'il a donné à ce film une aura de classique... Diablement méritée: d'une part, en trois bobines, Arbuckle ralentit volontiers le rythme souvent frénétique des productions Keystone. Il prend le temps d'assoir ses caractères, et raconte une histoire, finalement assez classique... Jusqu'à un certain point: Une fois l'accord des parents de la belle obtenu pour le mariage, Mabel et Roscoe se marient, et trouvent une petite maison sur le bord de l'océan. Mais le rival a décidé de se venger et fait appel à des bandits. Lors d'une tempête mémorable, ils font glisser la cabane en bois sur l'eau, et les deux amoureux dérivent donc sur les vagues du Pacifique!

Non seulement Arbuckle semble garder le meilleur de Sennett (Lisibilité, des acteurs rompus à toute sorte de gags), mais il montre avec ce film une maitrise peu commune en 1916 de l'ensemble des moyens cinématographiques: composition, éclairage, ombres... Comme dans l'excellent He did and he didn't, sorti le même mois (Mais probablement antérieur), il fait glisser son propore univers burlesque vers un terrain nouveau, ne reniant ni les règles du comique franc et massif qu'il pratique, mais en laissant apparemment sans effort son film se laisser envahir par une tendance contemplative et artistique inattendue, comme cette scène (Qui vire au gag allègre) durant laquelle au soir, Mabel observe tendrement son mari pêcher: celui-ci est vu en ombre chinoise devant l'Océan Pacifique, puis se battant avec un gros poisson. Une autre scène fait un usage subtil de l'ombre: Mabel s'endort dans on lit, pendant que Roscoe veille. Il ouvre la porte, et un rayon de lumière projette l'ombre du mari, qui semble embrasser son épouse...

Venant de l'usine à gags qu'était la Keystone en cette période, c'est une glorieuse surprise de découvrir ce film: c'est une merveille, une comédie de grande qualité, un chef d'oeuvre à part entière, voilà.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1916 Comédie Roscoe Arbuckle **
1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 16:52

Contemporain à la fois des premiers films "psychologiques" de DeMille (The cheat en particulier), et de l'explosion du burlesque grotesque à l'imitation de la Kesytone, ce film est étonnant à plus d'un titre, d'abord par l'intrigue qui permet non seulement la comédie mais aussi, par moments, le drame, et ensuite par le soin de la mise en scène, constamment inventive et surprenante par son raffinement... Autant dire que si le film parle d'un soupçon de tricherie extra-conjugale, ce qui n'a rien d'exceptionnel dans les films "urbains" de Roscoe Arbuckle, il n'en est pas moins une expérience de subtilité unique en son genre qui tranche de façon radicale avec le gros des productions de la Keystone, et on se demande bien quelle a pu être la réaction de Mack Sennett devant cette production qui est bien loin d'arborer son style.

Arbuckle y est un médecin, marié depuis quelques années sans doute à Mabel Normand, et les deux tourtereaux sont vus au début du film se parant pour sortir, dans une salle de bains... il y a un peu de chamaillerie gentillette, rien de bien grave, mais plus tard, la jeune femme apprend la venue d'un vieil ami d'école, ce qui va provoquer la jalousie de Roscoe. De plus, pour tout compliquer, un groupe de voleurs va essayer de s'introduire dans la maison, amenant avec lui des quiproquos, de la confusion, et du drame...

Les vingt-cinq minutes du film sont utilisées pour installer une intrigue certes conventionnelle, mais qui tend à privilégier les personnages et l'atmosphère sur le gag. Bien sûr on rit, mais il y a toujours un soupçon d'inquiétude, un brin de sophistication aussi, à tel point que Roscoe (habillé cete fois sans aucune exagération burlesque, c'est notable) et Al St-John (dans une certaine mesure) réussissent même à élaborer un jeu subtil! La photo de Elgin Lessley est très étudiée, avec pour mission évidente de reproduire l'atmosphère sophistiquée des films de DeMille: les éclairages, qui privilégient une source de lumière intérieure au plan, contribuent ainsi grandement à l'ambiance particulière du film, et comment ne pas penser à The cheat?

Sans en être une parodie, le film montre que le metteur en scène a su s'en approprier le style, sans jamais céder  trop de terrain sur ses affinités burlesques (La construction du film mène à un dénouement spectaculaire et hautement physique) ni la bonne humeur de l'ensemble: le titre d'ailleurs nous informe sans trop nous en dire sur le fait qu'il ne faut pas prendre tout ce qu'on voit ici pour argent comptant; je parle évidement du titre Anglais, pas de l'infâme titre Français dont il ne sera ici plus question... Aisément un chef d'oeuvre paradoxal pour le grand et sous-estimé Roscoe Arbuckle.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Roscoe Arbuckle
17 mars 2013 7 17 /03 /mars /2013 12:43

Pourquoi ce film-là plutôt qu'un autre? Disons que dans la vaste oeuvre de ce géant de la comédie, il y a de tout, et en particulier dans les films réalisés à la Keystone entre 1913 et 1916, la routine était on ne peut plus répétitive. C'est surtout embarrassant dans les films d'une bobine, entièrement construits sur de simples histoires d'adultère, le bonhomme étant généralement un coureur de jupons invétéré dans la plupart de ses courts métrages... Le style Keystone, accéléré, exagéré, grotesque et le plus souvent d'un vulgaire un peu trop assumé, se faisait trop sentir. Avec ses films plus longs, la mutation opérée par le metteur en scène et comédien a été plus que bénéfique: les deux bobines étaient dédiées à une vraie histoire, dans laquelle le spectateur avait finalement le temps d'adhérer aux personnages, et de suivre une intrigue qui, si elle restait largement dévolue à des turpitudes extra-conjugales, était quand même un brin plus sophistiquée...

Lassé de la constante interférence de sa belle-mère (Mai Wells) sur son mariage avec Norma Nichols, Arbuckle quitte la maison et va bouder sur un banc; il se retrouve assis aux côtés d'une jeune femme (Louise Fazenda) dont le mari, un gros rustre (Egar Kennedy, avec des cheveux!!!) s'est brièvement absenté, et un photographe (Glen Cavender) qui passe par là les immortalise, persuadé d'avoir affaire à un couple... La chose va forcément être très difficile à expliquer non seulement à la belle-mère, à l'épouse mais surtout au mari, qui est vraiment très chatouilleux...

Si on juge les films burlesques en fonction de leur rythme et de leurs scènes d'anthologie, alors ceci est vraiment un grand classique: Prenant son temps pour établir le problème et les personnages, Arbuckle adopte un timing sobre, avant d'accélérer avec l'entrée en scène de Kennedy et Fazenda. Ces deux-là vont tout compliquer en venant s'installer dans l'appartement déserté de Arbuckle et madame, que la belle-mère s'est empressée de sous-louer. La sacro-sainte poursuite finale sera surtout effectuée dans une maison, et l'accélération se poursuivra jusqu'à une mythique scène sur des fils téléphoniques, pendant une intervention toujours aussi décalée et inutile des Keystone Cops... Chef d'oeuvre, pas moins.

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Published by François Massarelli - dans Muet Mack Sennett Roscoe Arbuckle
19 juin 2011 7 19 /06 /juin /2011 13:38

http://www.formatcourt.com/wp-content/uploads/2010/04/the-cook2.jpg

L'équipe de Arbuckle, en roue libre, dans un restaurant... Keaton est le garçon, obsédé sexuel pas gêné pour faire du gringue à des clientes en présence de leur mari, et Arbuckle est un cuisinier aux méthodes peu orthodoxes, hilarantes bien sur, et salissantes. On retrouve l'innommable cabotin Al St-John, en voyou qui aime à venir embêter les clientes, et le chien Luke, un vrai cabot celui-ci, qui lui tient la dragée haute.

L'histoire est impossible à résumer, mais disons qu'on y voit Arbuckle faire de la cuisine qui ne donne pas envie d'être mangée, pêcher d'une façon inepte: il pêche au chien... et aussi, on y voit, moment fascinant, une danseuse se livrer à des simagrées inspirées manifestement autant de Cléopâtre (Versant Theda Bara, qui avait incarné la fatale reine dans un film de 1917) que de Salomé. Buster et Arbuckle, pris dans la danse, en font des tonnes pour notre plus grand plaisir... avant de s'attabler et de manger des spaghetti de toutes les façons les plus sales possibles...

C'est beau. C'est aussi un moment important dans la vie de Arbuckle et de Keaton, car ce dernier allait quitter le studio pour une dizaine de mois, et se rendre en France pour participer à l'effort de guerre. Il allait sérieusement manquer, et son retour serait fêté en conséquence...

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Published by François Massarelli - dans Buster Keaton Muet Roscoe Arbuckle Al Dente
23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 13:26

Non, Arbuckle, vedette chez Sennett dès les années Keystone, et ce dès les premiers temps héroïques, n'est pas que l'homme du fameux scandale, ni le mentor des premières années de Keaton au cinéma. Plus que rondouillard, doté d'un sens de l'humour méchant et d'un timing ravageur, il promène sa silhouette dans une impressionnante série de courts métrages aux prétentions ouvertement et outrageusement boulevardières...

 

Fatty joins the force (George Nichols, 1913)

A flirt's mistake (George Nichols, 1914)

Ces deux exemples des films d'Atbuckle, encore un peu crus, nous montrent un comédien dont le maquillage n'accentue pas encore le côté poupin, et il est intéressant de noter qu'il a de fait l'air plus jeune dans les films ultérieurs, en particulier les films de 1917 à 1919 avec Keaton et St-John... Le comédien est aux prises avec des gens et des enfants qui l'empêchent d'accomplir son devoir, dans Fatty joins the force , ou il est un policier pourtant valeureux. Dans A flirt's mistake, il joue un rôle dont il lui restera souvent des séquelles, puisqu'il joue un homme marié qui saute sur toutes les femmes qui passent, et sur un rajah un peu remonté (Tous les hommes du coin le draguent à cause de son accoutrement). Bien construites, les deux comédies sont un paradoxe flagrant: Arbucle a beau se vautrer dans la vulgarité, avec délectation, voire militantisme, on ne peut s'empêcher de noter que même dans le comique gras, il y a une certaine noblesse...

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Published by François Massarelli - dans Muet Mack Sennett Roscoe Arbuckle