A la cour de Louis XV, le roi (Lowell Sherman) décrète que le Duc de Chartres (Rudolf Valentino) épousera la princesse Henriette (Bebe Daniels). Fondamentalement, l'un et l'autre en sont ravis, mais la princesse objecte que le Duc a la réputation (pas usurpée) d'un fieffé coquin, et le Duc pour sa part s'amuse des grands airs de la belle... Il prend donc la fuite et s'installe en Angleterre, sous l'identité du barbier de l'ambassadeur de France: c'est un ami. Il va essayer d'infiltrer les nobles, en se déguisant: il va donc être un noble déguisé en barbier se faisant passer pour un noble...
C'était une bonne idée, probablement pilotée par Valentino et Rambova (qui est responsable des costumes) pour mettre en route une comédie satirique sophistiquée, dans laquelle l'obsession pour le sang bleu devenait le terrain de jeu idéal pour montrer la force des idéaux démocratiques, ou en tout cas de la vraie valeur des hommes. Ca se transforme un peu rapidement en un catalogue de scènes compassées, mises en scène (malgré la qualité des éclairages, manifestement) sans originalité aucune. Olcott, déjà un vétéran, avait réussi brillamment avec Marion Davies dans le superbe Little Old New York, mais ici il débouche sur un pensum taillé entièrement à la gloire de Valentino: danse, costumes, déshabillages, regard de braise, séduction, etc... Un film, la suite de sa carrière (The eagle bien sûr) le prouvera, qui aurait été bien meilleur s'il avait été plus court... Et si Bebe Daniels n'avait été sacrifiée.
La famille Maguire est mal partie: non seulement l'oncle ne fout rien, non seulement le père (qui vient de revenir après 5 années d'absence, passées probablement au café du coin parce que plus loin ça aurait représenté un effort) a transformé le fait de feignanter en discipline olympique, mais en prime la fille, Mary (Mae Murray) vient de se faire virer de son travail. Elle trouve néanmoins une idée: dans le même numéro d'un journal local, elle a lu un article sur une danseuse qui a disparu dans la nature et se cacherait dans les environs, et elle a appris qu'un établissement en mal de respectabilité cherchait une attraction: elle se fera donc passer pour Gloria Du Moine...
Ca va être difficile, bien sûr, surtout quand les hommes vont entrer dans l'équation: d'un côté, le jeune playboy Jimmy Calhoun (Rudolf Valentino) qui est enchanté à la vision de "Gloria", de l'autre, le vrai fiancé (Bertram Grassby) de la vraie Gloria Du Moine, un escroc international qui voit en Mary une occasion de continuer à duper le monde...
C'est une petite merveille, à sa façon: sans aucune prétention, cette comédie Universal permet à Mae Murray de faire ce qu'elle aime par dessus tout: danser, être le centre du spectacle et minauder. Mais cette fois, c'est totalement en phase avec le ton délibérément farfelu du film. On excusera Mae Murray de ressembler à une caricature de Mary Pickford quand celle-ci tente de jouer les Irlandaises de caractère, parce que là encore la caricature fonctionne à merveille... Tout le monde s'est manifestement beaucoup amusé dans ce film, qui a été tourné parfois avec une intention délibérée de doubler la vitesse, donc le final est époustouflant de drôlerie.