2065: sur une terre désolée, un couple qui habite une très vieille maison, dans lequel la communication devient difficile, reçoit une visite inattendue: un homme (Aaron Pierre) leur annonce que l'homme, Junior (Paul Mescal), a été sélectionné / réquisitionné pour une mission spatiale d'exploration en vue d'un exil humain. Ils n'ont pas le choix, et Hen (Saoirse Ronan), l'épouse, ne put l'accompagner, car elle n'a pas la constitution pour les tâches demandées. Mais on leur annonce qu'une réplique, une IA construite à l'identique de Junior, sera laissée sur place. La nouvelle a des effets inattendus, et la tension s'accroît...
C'est une adaptation d'un roman récent de Iain Reid, une dystopie romantique, et très vite on verra que l'aspect de science-fiction passe nettement au second plan, même si les considérations climatiques se rappellent parfois à notre souvenir... L'essentiel du film est un huis-clos, dans lequel Hen et Junior, souvent accompagnés de l'énigmatique Terrance, pèsent le pour et le contre d'un échange inattendu (le film est exploité en France sur la plateforme Amazon sous le titre Le Remplaçant, incidemment)... Avant que, bien sûr, le doute s'installe.
Car l'inévitable préambule nous prévient: les IA sont partout, on les utilise dans l'industrie, etc, etc... Du coup il apparaît inévitable qu'on se pose la question: et si un échange avait déjà eu lieu? Car c'est bien de ça qu'il s'agira, de l'impossibilité d'envisager un tel remplacement, pour les humains, et pour les IA, eh bien de l'impossibilité d'envisager de ne pas être humain... Ce qui est en soi un sujet potentiellement fascinant.
Mais j'insiste bien sûr sur le terme potentiellement, car en dépit de tous les efforts des acteurs pour installer une intimité dans ce long film à trois personnages, c'est un ratage. Oh, pas total, non, c'est juste assez ennuyeux, et doté de dialogues ou non-dialogues du plus haut ridicule. C'est dommage...
Dans les années 1860, la famille March, du nom du pasteur qui est le chef de famille comme on disait alors, la mère (Laura Dern) et les quatre filles doivent faire face à l'absence du père, aumonier militaire retenu sur le front de la Guerre Civile... Les quatre filles sont toutes bien différentes: la plus âgée, Meg (Emma Watson), ne jure que par un destin de femme mariée, selon son rang bien évidemment; Josephine, dite Jo (Saoirse Ronan), se destine à une carrière d'autrice; elle écrit et met en scène des spectacles qui mettent en valeur toutes ses soeurs, pour le bénéfice de sa famille et de leurs amis elle dit à qui veut l'entendre qu'elle ne se mariera jamais; Amy (Florence Pugh) hésite ntre l'influence de Meg, et la tentation du mariage, et l'influence de Jo (avec laquelle elle se chamaille constamment), elle a un intérêt pour la peinture; enfin, Beth (Eliza Scanlen), la plus fragile, est pianiste, de tempérament constant, et hélas bien malade. Au point qu'il faut souvent s'inquiéter pour elle... Deux jeunes hommes vont graviter autour de la famille et en particulier autour de Jo et Amy: un voisin, Theodore "Laurie" Laawrence (Timothée Chalamet), qui est attiré par Jo mais fait beaucoup d'effet sur sa jeune soeur, et plus tard dans le récit, Friedrich (Louis Garrel), un précepteur Européen que Jo rencontrera à New York...
"Plus tard dans le récit"... J'admets, j'ai triché: on rencontrera Friendrich avant les trois soeurs de Jo, car le récit est ancré en 1868, alors que Jo est devenue enseignante et qu'elle cherche à placer des nouvelles et un roman. Le film est raconté en flash-backs et flash-forwards, ce qui est peut-être une concession à la modernité (car il faut bien dire qu'en matière de nouveauté, cette histoire a du plomb dans l'aile!), mais permet surtout à Greta Gerwig, totalement et seule responsable de l'adaptation du roman de Louisa May Alcott, de mettre en valeur ce qu'elle y a perçu: une fratrie (vous avez remarqué? c'est ce mot qui est utilisé, que les enfants d'un ménage soient mixtes, tous mâles ou tous femelles, ou quelle que soit leur identité) de quatre jeunes femmes qui toutes vont illustrer les choix envisageables d'une femme ou d'une future femme du XIXe siècle... Y compris le décès pour l'une d'entre elles. La chronologie est bouleversée, afin de brouiller les pistes et de laisser à chaque destin un angle pour s'accomplir, sans pour autant avoir le même suspense morbide que le roman et ses adaptations (combien de lecteurs et lectrices, de spectateurs des 6 autres films, ont-ils été traumatisés par le décès de Beth?
En procédant de cette façon et en encadrant le récit de deux scènes qui sont un écho de la réalité (Louisa May Alcott a clairement basé son roman sur l'histoire de sa famille), lorsque Jo tente de placer sa première nouvelle et en voit acceptée la publication, et la fin qui voit le roman publié et Jo débattre du destin de son héroïne principale (c'est à dire d'elle-même), l'accent est mis précisément sur le livre lui-même. Celui-ci, entre le destin contrarié de la petite Beth, le mariage de Meg, qui ne sera ni riche ni de tout repos, et les amours contrariées d'Amy, représente le plus grand succès des "little women" de la famille March... Et l'ensemble des péripéties, entre les provocations de Jo, son désir de secouer ses soeurs (qui toutes l'adorent) et les tentations sentimentales, glisse un message tendrement féministe. ...A sa façon, bien sûr.
Le film se glisse donc plutôt bien dans la carrière atypique de cette réalisatrice (et actrice) qui, après avoir participé en scénariste, actrice et réalisatrice à des projets "indépendants" et souvent fauchés, voire expérimentaux, a obtenu un succès non négligeable et mérité avec Ladybird, oùelle dirigeait pour la première fois timothée Chalamet et Saoirse Ronan, pour un de ses derniers rôles d'adolescente. Un film personnel, une comédie aussi, mais qui recélait des aspects de plus grande gravité... Mais elle l'a voulue, son adaptation de ce classique, puisqu'elle avait commencé à y travailler dès avant Ladybird... Un parcours de femme et d'autrice dont la dernière étape est actuellement Barbie.
Une scène fait écho aussi à la principale différence entre Jo et Louisa May Alcott elle-même... L'éditeur se demande "pourquoi Jo ne se marie-t-elle pas?", ce à quoi la vraie Jo répond qu'elle ne l'a jamais souhaité et le dit constamment... Mais l'éditeur insiste... Une façon comme une autre pour Gerwig de replacer l'autrice du livre devant des "choix" qui lui auront sans doute été imposés avec insistance, lors de la publicationn de son roman, en 1868... Preuve aussi que décidément, pour l'égalité, il y avait du travail.
N'empêche, Louisa May Alcott a tenu bon: pas pour son personnage, qui a du se marier. Non, elle en revanche, a toujours fait l'impasse... Le film pour sa part se glisse donc plutôt bien dans la carrière atypique de cette réalisatrice (et actrice) qui, après avoir participé en scénariste, actrice et réalisatrice à des projets "indépendants" et souvent fauchés, voire expérimentaux, a obtenu un succès non négligeable et mérité avec Ladybird, oùelle dirigeait pour la première fois timothée Chalamet et Saoirse Ronan, pour un de ses derniers rôles d'adolescente. Un film personnel, une comédie aussi, mais qui recélait des aspects de plus grande gravité... Mais elle l'a voulue, son adaptation de ce classique, puisqu'elle avait commencé à y travailler dès avant Ladybird... Un parcours de femme et d'autrice dont la dernière étape est actuellement Barbie.
Le journal The Evening Sun, basé à Liberty (Kansas), possède une branche dont la rédaction est située en France, dans la ville d'Ennui-Sur-Blasé: The French Dispatch est une tradition du quotidien, qui s'honore d'avoir réussi à établir aussi loin de la maison-mère une tradition de journalisme intransigeant... Mais le supplément est condamné à très brève échéance, car le directeur (Bill Murray) qui vient de mourir a stipulé dans on testament que le journal cesserait de paraître après son décès. Le dernier numéro reprend donc trois articles mythiques et un éloge funèbre...
Un prologue aux trois autres parties contient un segment sur un journaliste cycliste, Herbsaint Sazérac (Owen Wilson), qui nous permet de visiter la ville; le premier des trois articles est l'oeuvre de la très respectée J.K.L. Berensen (Tilda Swinton) qui nous raconte l'étrange épopée du peintre psychopathe Moses Rosenthaler (Benicio Del Toro), depuis sont enfance au Mexique jusqu'à son enfermement dans une prison, où sa relation clandestine avec une gardienne de prison (Léa Seydoux) va provoquer une révolution artistique; le deuxième article s'intéresse à une mini-révolution qui ressemble beaucoup à Mai 68 (il y est question pour les garçons d'avoir accès au dortoir des filles à l'université d'Ennui-sur-Blasé): l'article est signé Lucinda Kremetz (Frances McDormand) qui a bien connu le meneur estudiantin Zeffirelli (Timothée Chalamet) avec lequel elle a eu une aventure; enfin, le dernier article est dû à la plume de Roebuck Wright (Jeffrey Wright), dont une enquête culinaire va se transformer en une véritable histoire policière, avec enlèvement d'enfant à la clé...
C'est extravagant, et on peut le dire tout de suite, ce film, le plus franchement excentrique de toute la production de Wes Anderson, n'a pas plu à tout le monde. Entre une ovation de dix minutes à Cannes où il a été projeté, et des articles acerbes voire vengeurs de nombreux médias de par le monde (pour certains articles, on en viendrait à se demander sil n'y avait pas une sourde, sournoise, et très ancienne envie de s'essuyer les pieds sur le petit génie Texan), la réception a été, disons, variée... Bien sûr, il y a aussi eu des critiques très positives, mais l'occasionnelle volée de bois vert est notable justement parce que c'est rare dans l'histoire du metteur en scène. Pour ma part, j'admets que le film n'est sans doute pas, sur bien des points, son meilleur, mais cette vendetta ne se justifie en rien: d'une part, Anderson a lui-même choisi de faire le contraire de ce qu'il a toujours fait en proposant un film à segments, dans lequel les personnages se multiplient, tout en amenuisant leur portée.
Donc oui, en effet, on pourra se plaindre de rester trop peu de temps avec Lucinda Kremetz et Zeffirelli par exemple, ou on pourra déplorer que la petite amie de celui-ci soit un personnage moins développé que Agathe, la petite pâtissière (Saoirse Ronan) de The grand Budapest Hotel, qui donnait à tout le film un parfum de nostalgie triste par son passage. Mais le propos, qui à mon sens complète et prolonge The Grand Budapest Hotel (sans doute LE meilleur film d'Anderson) est bien moins de s'intéresser aux personnages, que de rendre hommage à trois univers bien particuliers, et imbriqués les uns dans les autres: la France de toujours ou de jamais, non pas celle des années 50, 60 ou 70 telle qu'elle donne l'impression d'être représentée dans le film, mais bien son double fictif, cette France vue à travers les films tournés souvent en langue anglaise, dans les années 30, 40, 50 et 60 justement, par des Lubitsch, des Wilder, Blake Edwards ou d'autres génies. Une France décalée, inexistante, que Wes Anderson recrée à grand renfort de noms tous plus gentiment impossibles les uns que les autres (Nescaffier, Le Boulier, la gardienne Simone, et... Zeffirelli?), et qui sent bon le cinéma: Love in the afternoon, Irma La Douce ou Bluebeard's eighth wife, par exemple. Et on y fume des Gaullistes...
Autre tradition explicitement référencée, celle du cinéma français. Comme j'en ai marre qu'on profite de Wes Anderson pour montrer sa science en ce qui concerne Godaut et Truffard, qui sont effectivement tous deux dans le panthéon du cinéaste (c'est son droit), je vais me contenter ici de rappeler deux choses: d'une part l'influence évidente de Jacques Tati, plus forte sur ce film que d'habitude, et dont Anderson a emprunté la géniale maison-dédale de M. Hulot (c'était dans Mon Oncle); et d'autre part le commissaire joué par Mathieu Amalric est un ancien colonial, moustachu et malade, qui a ramené des colonies un petit orphelin métis. Il ressemble tellement à l'inspecteur Antoine (Louis Jouvet dans Quai des orfèvres de Clouzot) que c'en est troublant.
Enfin, il y a la presse, celle qu'on vilipende partout, de complotisme en manifestations, d'éditoriaux de tout petits candidats fascistes, en colère infantile de tous petits candidats d'extrême gauche. C'est pareil aux Etats-Unis, où un président a pu tenir quatre ans à nier tout et n'importe quoi en attaquant systématiquement les journalistes, pourtant la presse est supposée être une institution aux Etats-Unis. Anderson utilise donc le cinéma, et ses possibilités, pour envoyer une lettre d'amour amusée aux journalistes de terrain, comme il avait inscrit son film précédent dans une logique profondément littéraire. Avec The French Dispatch, on voit à l'oeuvre des journalistes investis à 100 % dans une recherche souvent tellement précise et minutieuse qu'elle en devient absurde, comme Berensen qui semble avoir passé sa vie entière à écrire un article sur Rosenthaler... des journalistes qui sont autant d'auteurs, et qui dépendent d'un rédacteur en chef qui saura exactement trouver quoi prendre et qui laisser dans leur production... Bref, des pros et des artistes. D'où un sens aigu de la digression qui se retrouve dans la forme délirante du film.
Et c'est peut-être ce qui a gêné dans ce film étrange, cette façon, mélangeant une constante référence au texte, dans ces images toujours aussi impeccablement et géométriquement horizontales, avec ces mouvements d'une caméra habitée qui nous oblige à la suivre, un coup à droite, un coup à gauche. Le film est un dédale de sollicitations textuelles, sonores et picturales, en 1:33:1 sur une large part mais pas que, aux couleurs pastel, mais parfois en noir et blanc en fonction des besoins... Il y a même de l'animation mal fichue (moins plaisante aux yeux en tout cas que les maquettes en image par image des poursuites de The Grand Budapest Hotel). La musique d'Alexandre Desplat est sans doute la partie la plus normale de ce drôle de film! C'est épuisant, mais on s'y fait très vite, et on sait qu'on y reviendra justement avec le plus grand plaisir... Enfin, moi, en tout cas.
Et pour finir, vous avez un aperçu du casting exceptionnel dans cet article. Mais il y a en a d'autres, et non des moindres... Allez y faire un tour, vous verrez...
Au milieu du XIXe siècle, Mary Anning (Kate Winslet), paléontologue autodidacte, vit à Lyme Regis dans le Dorset, où depuis l'âge de douze ans, elle écume la plage à la recherche de fossiles. Elle a d'ailleurs fait des découvertes exceptionnelles, certaines étant exposées à Londres dans un musée prestigieux. Elle reçoit la visite d'un couple Londonien, les Murchison: le mari (James McArdle) souhaite en effet trouver des pièces pour sa collection, et en profite pour amener son épouse Charlotte (Saoirse Ronan) dont la santé fragile a bien besoin de l'écume et de l'air de la mer... Avec réticences, Mary qui n'aime pas trop partager son quotidien, accompagne Murchison, et constate que celui-ci a les plus grandes difficultés à sortir Charlotte de sa torpeur...
Quand Roderick Murchison part pour Londres, les deux femmes restent seules. L'état de Charlotte empire, et Mary se dédie tant bien que mal à la remettre sur pieds: Charlotte s'ouvre enfin...
Le film est basé sur des faits réels, et au moins sur un personnage authentique, celui de Mary Anning, qui avait déjà eu son heure de gloire dans la fiction populaire dans l'excellent roman de Tracy Chevalier Remarkable Creatures, qui se gardait bien d'explorer sa sexualité. C'est là que le film de Francis Lee a prêté le flanc à la critique... Peu importe, d'une façon: maintenant, le film exploite le fit que la paléontologue, en ses 47 années d'existence, n'ait jamais été mariée, et n'ait pas eu à la connaissance de quoi que ce soit, de relations hétérosexuelles répertoriée! Mais Ammonite (du nom de ces coquillages fossilisés qui sont légion dans les mines de fossiles) se veut une extrapolation fictive autour d'une situation aux contours féministes, et le fait savoir dès son générique: au musée à Londres, pendant que des hommes amènent cérémonieusement un fossile d'Ichtyosaure (un spécimen spectaculaire d'un fameux reptile marin, trouvé à 12 ans par Mary Anning), ils ne se préoccupent pas vraiment d'une femme qui est en train de nettoyer le sol, laborieusement. En écho à cette situation initiale, le film évolue dans des sphères essentiellement féminines, avec Mary qui vit auprès dune mère acariâtre (Gemma Jones), ou qui garde des relations distantes avec Elizabeth Philpot, une autre paléontologue historique, mieux née que Mary: on comprendra que les deux femmes ont eu une relation...
Et bien sûr, le film conte l'histoire d'amour passionnelle entre deux femmes, Charlotte Murchison et Mary Anning. Une histoire d'amour qui naît de leur promiscuité durant la maladie de Charlotte, mais aussi de leur éloignement du monde (Roderick est parti à Londres sans prévenir son épouse) et d'une certaine frustration, aussi: une scène nous montre Charlotte tentant un rapprochement avec son mari, qui l'arrête en lui disant qu'il n'est pas le moment d'avoir des enfants. La sensualité de la jeune femme va donc trouver à s'exprimer auprès de Mary...
Le film nous montre la lente maturation d'une complicité, puis la montée du désir, avec parfois une vraie délicatesse... et puis explose dans une scène spectaculaire qui a du émouvoir plus d'un internaute! Winslet et Ronan donnent tout (dans les scènes intimes comme dans les scènes plus présentables) avec énergie, et leur complicité est plus que plaisante. Reste que le film est à son meilleur dans la peinture d'une époque saisie dans ses détails les plus inattendus, dans les gros plans d'outils qui grattent, de mains qui fouillent dans la vase des bords de mer, et surtout dans les sons d'une époque révolue: des sons systématiquement mixés en avant, par-dessus dialogues et musique... D'ailleurs, "dialogues", c'est vite dit, on parle peu dans ce film et c'est bien: on saura quand même tout ce qui n'est pas dit: que Mary et Elizabeth ont eu une relation passionnelle, et que Charlotte se remet tant bien que mal d'une fausse couche...
Un petit rendez-vous délicat, donc, pour les amoureux d'un cinéma qui prend son temps, et pour sur la difficulté à trouver l'âme soeur pendant qu'on entend le tumulte des vagues. Révolutionnaire? Non, bien sûr. Mais du plaisir cinématographique? Ca oui!
Veuve du roi de France François II, la Catholique Mary Stuart (Saoirse Ronan) retourne sur son trône en Ecosse, mais elle va devoir composer avec, puis se battre, avec la majorité protestante... Par ailleurs elle entame un bras de fer à distance avec sa cousine Elizabeth (Margot Robbie), qui l'estime mais ne souhaite pas lui laisser la couronne d'Angleterre, alors que Mary est justement la prochaine héritière du trône après elle...
Le film s'ancre à la fois sur une chronologie historique, et sur un moment précis: la condamnation à mort et la décapitation de Mary, par laquelle Josie Rourke a choisi de commencer le film. Entre les couleurs dé-saturées des scènes extérieures Ecossaises (seule la rousse chevelure impertinente de Saoirse Ronan se détache), et de formidables clair-obscurs inspirés des maîtres flamands pour les scènes d'intérieur, la réalisatrice nous donne à voir un film d'une incroyable beauté plastique, et possédant une certaine rigueur dans son réalisme. Elle a choisi de confronter les deux femmes et de les rapprocher dans leur lutte pour le pouvoir personnel et sans partage, face à des hommes qui tous, à un moment ou un autre, peuvent les trahir... Il en ressort un film hautement féministe qui est concentré autour du corps de l'une (Saoirse Ronan, qui incarne la reine écossaise à la grande beauté) et de l'autre (Margot Robbie, enlaidie par un maquillage qui donne, disons, du poids à son nez, et par des artifices qui nous rappellent que la variole n'a pas été tendre avec la reine absolue...), comme en" deux poids deux mesures" de la condition féminine. L'une tente d'arriver au pouvoir par les voies de la maternité et du mariage, l'autre s'interdit au contraire toute tentation matrimoniale et par là-même d'enfanter... L'une mourra, l'autre règnera 45 ans.
Le problème du film est d'avoir concentré une masse d'événements en moins de deux heures, qui auraient sans doute pu être plus explicites sur quatre heures. Mais ces quatre heures auraient-elles été intéressantes? Question qui restera sans réponse. En l'état, le film ressemble, surtout dans sa première demi-heure, à une bande-annonce de deux heures! Reste des actrices formidables, et une confrontation rêvée (on ne pense pas qu'historiquement les deux cousines se soient jamais croisées): dans le film, elles se fixent un rendez-vous de négociation secret, où éclate la différence physique, donnant presque l'impression que ces deux femmes, deux rousses flamboyantes et cousines de surcroît, sont les deux versions d'un Dorian Gray au féminin... Mary, étincelante dans sa jeunesse préservée, et Elizabeth, le visage blafard sous les trois kilos de maquillage, et sa calvitie précoce dissimulée sous une perruque...
Le film est un rendez-vous manqué, mais il possède malgré tout ses beaux moments... Et c'est, derrière les entrevues éminemment politiques donc bavardes, de fort belles images.
A deux pas d'une ville qu'on ne verra jamais, une mère, Billy (Christina Hendricks), et ses deux fils vivent dans une zone où toutes les maisons sont menacées de destruction. Pour s'en sortir, elle va accepter un travail étonnant, dans une boîte qui montre des illusions à un public avide de sensations fortes, mais on y trouve aussi un sous-sol où des échanges sordides ont lieu... Le fils aîné (Iain de Caestecker) tente de trouver du cuivre dans les débris de maison, mais il empiète sur le territoire d'un sale type, Bully, qui a pour habitude de découper la bouche de ceux qui lui déplaisent ou lui désobéissent...
Le premier et unique film du réalisateur Ryan Gosling ressemble beaucoup à la revendication d'un artiste... Ce qui sera en son cas à la fois un défaut et une qualité.
Un défaut d'abord: le réalisateur a été beaucoup critiqué pour son indulgence (en anglais, le terme est particulièrement critique), sa tendance à exagérer tous les aspects de la mise en scène: surcharger les plans, faire passer l'esthétisme devant la lisibilité, se complaire dans un misérabilisme glauque, dans chaque séquence... Et de fait la clarté n'est pas le propre du scénario, qui fait justement toujours des choix esthétiques avant tout, et qui est cantonné dans des zones systématiquement marquées par le délabrement. Il en ressort un sentiment d'étouffement, qui bien sûr fait partie de ce que Gosling voulait produire. Mais il arrive assez souvent que le spectateur, devant ces événements contés dans une narration sans colonne vertébrale, crie "grâce!"... Difficile de faire un film en 2013 avec un script qui parle surtout de stagnation.
Mais des qualités aussi, car il y a une certaine sincérité qui se dégage de ces prestations d'acteurs, et quels acteurs: Iain de Caestecker, qu'on a vu par ailleurs dans Agents of S.H.I.E.L.D., Saoirse Ronan, Christina Hendricks (rencontrée par Gosling sur le plateau de Drive, et toujours impeccable), et même Reda Kateb que le metteur en scène a été chercher en France... Les personnages ont parfois du mal à exister derrière leur caractérisation simpliste mais ils sont attachants, particulièrement Hendricks en mère courage qui accepte un boulot louche pour s'en sortir... Ryan Gosling n'est peut-être pas Riant Gosling, mais il a réussi à truffer son film de petites marques ironiques, des rimes inattendues. Un individu parle de "voyager vers le sud", et on verra dans le plan suivant un vol d'oiseaux sauvages. Le "méchant" mutile ses victimes, et le numéro de Billy consiste en un spectacle de mutilation. Et derrière cette histoire de zone infernale où survivent des oubliés de la crise, c'est aussi toute une vérité du nord des Etats-Unis, occultée par beaucoup de médias, qui se déroule. Enfin, une série de séquences sont situées autour d'un lac artificiel, vers lequel une route abandonnée se dirige... Les lampadaires qui sortent de l'eau occasionnent un effet inattendu, et qui restera en mémoire. C'est d'ailleurs cette image que le metteur en scène a choisi pour servir de coda à son film.
2002: Elle s'appelle Christine, mais elle préfère qu'on l'appelle Lady Bird. Avec tout le culot de ses 17 ans, elle veut d'ailleurs l'imposer: à ses parents, ses amis (ils sont d'accords, du reste, puisqu'ils trouvent que c'est cool: je cite, bien sûr), à son lycée, bref à la terre entière; elle ne sait pas exactement ce qu'elle veut faire plus tard, mais elle y travaille, et pour l'instant elle aborde une nouvelle étape de sa vie: après le drame du 11 septembre, sa mère (Laurie Metcalf) a remis en cause son appartenance au lycée public de Sacramento où elle se rendait, elle ira désormais au lycée Catholique le plus huppé de la ville, en dépit de sérieux soucis économiques dans lesquels sont plongés ses parents.
C'est cette année de terminale, par une élève à peu près lambda, mais sans doute persuadée d'avoir une personnalité hors du commun, entre résultats encourageants, petites incivilités, amitiés d'abord avec quelques personnes en mal de sécurité, puis avec les lycéens les plus cool (sic) de l'univers, de dépucelage express en biture inattendue, que le film nous raconte... Ainsi qu'un conflit sourd, mais violent, le pire des conflits: celui entre une mère et une fille, qui s'aiment au-delà de tout raisonnable.
C'est drôle, finement observé, à une certaine distance, mais toujours au plus près du point de vue de Lady Bird. Aucun jugement, finalement, et aucune envie systématique d'adoucir le constat: à la fin du film, on est juste à une nouvelle étape. Mais la confrontation des acteurs, le naturel fabuleux, la tendresse et les non-dits qui sous-tendent le film, en font une réussite exceptionnelle, celle d'un film à l'univers très proche de ceux de Noah Baumbach, mais sans le vernis désagréable de mettre en avant tout ce qui gratte. C'est l'une des deux plus belle réussites de ce beau film, que d'avoir réussi à montrer tous les événements tels quels, mais sans jamais nous repousser. L'autre, c'est l'interprétation fabuleuse: Saoirse Ronan en tête, naturelle des pieds à la tête. Un peu plus âgée, mais pas tant que ça, que la jeune femme qu'elle interprète, elle est formidable. Et Greta Gerwig n'a peut-être pas choisi la date au hasard, elle qui a vécu sa dernière année de terminale à peu près au moment durant lequel le film se déroule...
On entre dans ce film par la vision d'une maison de poupées, puis la caméra nous révèle la chambre où on la trouve, en particulier une procession de jouets, des animaux aux tailles dépareillées alignés dans une étrange procession... On est dans la chambre de Briony, 13 ans, une jeune fille fantasque (Saoirse Ronan) qui écrit. Elle met la dernière main à sa première pièce, dont elle espère pouvoir diriger la première interprétation le soir même, car dans la maison des Tallis, arrivent trois cousins: Lola (Juno Temple), qui est un peu plus âgée qu'elle, et ses deux jumeaux de frères, qui sont bien turbulents.
A cette occasion estivale, toute la famille se réunit dans la luxueuse demeure familiale, et un dîner est organisé le soir même, comme pour fêter le retour au bercail de Leon (Patrick Kennedy), le grand frère. Celui-ci amène un ami, un fils à papa un rien snob (Benedict Cumberbatch), l'héritier d'un chocolatier très en vue. Mais un autre sera invité lors de cette soirée, Robbie Turner (James McAvoy), le fils de la gouvernante. M. Tallis l'a pris sous son aile et lui a financé ses études en échange de travaux occasionnels (...et quotidiens) sur la propriété. Il a grandi avec les enfants Tallis mais surtout avec Cecilia (Keira Knightley), la grande soeur de Briony.
Cecilia est d'ailleurs prise entre deux comportements: ignorer Robbie, comme sied à son rang, ou bien continuer à le fréquenter et afficher de la complicité avec lui... Lors des premiers moments du film, dans cette demeure qui ressemble d'ailleurs fort à la maison de poupées du début, Briony va voir un incident qui aura des conséquences néfastes sur bien des personnages. Nous aussi allons le voir, deux fois: Briony avait vu Robbie, près du luxueux bassin qui est situé devant la résidence. Rejoint par Cecilia, les deux parlaient, quand soudain Briony a vu Cecilia, manifestement en colère, se déshabiller... pour plonger dans le bassin, et ressortir, ruisselante et en chemise, et planter là son ami qui ne savait clairement pas où se mettre. Briony, instinctivement, pense que Robbie a fait quelque chose. Tout de suite après nous allons voir plus en détail le déroulement des événements, et nous apercevoir qu'il s'est bien passé quelque chose, mais qu'en aucun cas Robbie n'a poussé Cecilia à faire son plongeon dans le bassin... Cecilia a cherché un prétexte pour approcher le jeune homme, et dans leur conversation, celui-ci a cassé et fait tomber les morceaux d'un vase de luxe qu'elle portait dans le bassin. Cecilia s'est donc déshabillée afin de récupérer les fragments du vase. Avait-elle calculé que par le théorème du T-shirt mouillé, il en résulterait pour le jeune homme une irrésistible vision? Quoi qu'il en soit, après leur entrevue il est rentré chez lui et avant de se préparer pour le dîner, a écrit une lettre d'excuses à Cecilia...
Cette répétition d'un événement, sous deux points de vue différents, celui de Briony et le nôtre, installe donc une illustration à la fois du conflit de classes, qui perdure dans le film jusque dans ses moindres recoins, et qui est si typique de l'Angleterre des années 30, mais aussi du fait que nous sommes, pour une large part du film, les témoins de l'imagination fantasque de Briony. C'est donc une excellente idée que d'avoir confié le rôle de la jeune femme à Saoirse Ronan, qui sait jouer dans un territoire intermédiaire, entre la petite peste capricieuse, et la naïveté adolescente, le rôle d'une personne qui décidément a trop d'imagination... Les deux autres parties du rôle la voient grandir (Romola Garaï) puis vieillir (Vanessa Redgrave).
Le reste de la soirée va encore, à trois reprises, être modelé à partir de l'imagination fertile de Briony: en écrivant sa lettre à Cecilia, Robbie s'emmêle les pinceaux, et recommence sa missive sans succès. Au bout d'un moment, il se lâche et écrit quelques lignes, sur un mode explicite et pornographique... Ce qui le fait bien rire, mais surtout ça l'a défoulé: du coup le message qu'il écrit juste après est le bon! Excuses ciselées, mais aussi des allusions claires mais pas excessives à ses sentiments pour elle. Une fois le message écrit, Robbie s'habille, et se prépare à partir. Il prend une lettre, la met dans une enveloppe, part, et confie l'enveloppe à Briony pour que celle-ci la donne à Cecilia...
Maintenant, si on voulait que tout se passe bien pour les personnages, il est à peu près sûr que le message serait le bon. Voire que Briony ne le lirait pas... Mais d'une part Briony va le lire, et d'autre part, bien sûr il s'agit du message porno, qui est non seulement très salé, mais aussi, et Cecilia le prendra comme tel, fortement sincère. Il en résultera une scène d'amour dans la bibliothèque, qui aura un témoin malencontreux: Briony, bien sûr. Et enfin, Briony qui a vu sa cousine Lola en pleine nuit, juste après qu'elle ait été violée (Par qui? On le saura à la fin du film, j'y reviendrai), accusera Robbie: après tout, c'est une bonne occasion, pense-t-elle, de se débarrasser de celui qui fait du trucs pas catholiques à sa soeur, et de plus, au cas où on n'aurait pas encore compris, Briony n'est pas douée que d'une imagination fertile: elle est très jalouse.
Le reste du film est conditionné par ce prologue brillant, dans lequel Joe Wright conditionne tout à l'imagination d'une jeune fille déjà attirée par l'écriture. Mais cette fois, elle a trouvé, involontairement, le moyen de donner du corps à ce qu'elle imagine. Non content de soumettre sa mise en scène à cette notion de point de vue et d'imagination, Joe Wright fait preuve dans toute cette partie d'une verve visuelle impressionnante...
Le reste du film est situé en pleine guerre mondiale, et nous assistons au calvaire de Robbie, engagé coincé sur les plages à proximité de Dunkerque, qui rêve de retourner en Angleterre, car il a revu Cecilia qui n'a jamais cru en sa culpabilité, et souhaite reprendre avec lui là où ils s'étaient arrêtés dans leur relation. Cecilia, souhaitant couper les ponts avec sa famille, est devenue infirmière. Quant à Briony, rongée par le remords, elle a elle aussi commencé à travailler en tant qu'infirmière. Et elle cherche à contacter sa soeur et tout faire pour tenter de réparer le mal qu'elle a fait...
C'est brillant là encore, avec des morceaux de bravoure de la part d'un cinéaste qui revendique sa part d'héritage de David Lean: il accomplit un tour de force avec la reconstitution de Londres en plein Blitz, et surtout Dunkerque, la fameuse bataille controversée de la Guerre-éclair, fait l'objet d'un plan-séquence hallucinant; on n'oubliera pas non plus les pérégrinations de trois soldats Anglais dans la Somme dévastée qui rappellent le sublime "La condition de l'homme" de Masaki Kobayashi. Rien que ça... Bref, ce film passionné est bien plus qu'un film de luxe avec des rôles en or pour stars en devenir (Qui sont tous brillants de bout en bout, à propos): c'est un exercice de style dans lequel le cinéaste nous montre l'art et l'imagination comme rempart contre l'horreur et l'injustice, tout en faisant se joindre deux imaginations fertiles: celle d'une enfant, et celle d'une dame trop âgée. Mais il a aussi beaucoup situé son film sur un terrain "social", en nous montrant les filles Tallis obsédées par leur "rang", et la différence de leurs petites personnes avec le fils de la gouvernante, mêle adoubé par leur père. Et ironiquement, quand on voit vers la fin du film une dernière confrontation entre Cecilia et Robbie d'une part, et Briony qui avoue son mensonge, celle-ci se rend compte que tout ce temps, les deux amoureux sans se concerter avaient cru que le coupable du viol était Dannie (Alfie Allen), un domestique de la propriété Tallis que personne ne regarde quand on s'adresse à lui: il n'est personne...
Haut la main, le meilleur film de Wright, facilement.
Quand une adaptation d'un roman débouche sur un ratage, les possibilités sont nombreuses. Eu égard à l'impression générale des autres films du scénariste de The Truman Show (Perfide, je sais), on aura tôt fait de désigner l'auteur Stephanie Meyer, la McDonald's du romantisme adolescent, comme la responsable de ce qui ne va pas dans ce film. Mouais. C'est facile. Pourquoi imputerait-on la débilité profonde des Misérables de Claude Lelouch à Victor Hugo? Après tout, le responsable d'un film est le réalisateur, à plus forte raison quand il a signé le script... Dont acte.
Non que le film soit totalement indigne... C'est bien là que ça heurte: il y a des petites choses énervantes ça et là, à commencer par Saoirse Ronan, qui ne déçoit pas. Et à tout prendre, Niccol ne fait après tout ici pas autre chose que dans Gattaca et In Time: il invente un monde futur de A à Z, avec un petit je-ne-sais quoi de plus: dans Gattaca c'était la génétique extrême, dans In Time l'espérance de vie devenue monnaie, ici, c'est... une invasion d'aliens qui viennent coloniser le corps des êtres humains. Mais le plus du plus, c'est que la cohabitation, après avoir été l'objet d'une guerre, commence à déboucher sur une fraternisation...
Mais deux heures? Non, vraiment, pas possible. Certes, les images sont jolies, mais...
En entendant parler de cette évasion spectaculaire de prisonniers d'un goulag en pleine seconde guerre mondiale, Peter Weir a plus que tout souhaité savoir si leur expérience, contée dans un roman, était authentique ou non. De fait, trois hommes ont bien réussi à rejoindre l'Inde depuis la Sibérie, en marchant. Les péripéties, l'itinéraire, tout est vrai. Les personnages sont inspirés des caractères originaux, mais sont bien sur romancés...
Bien sur, si le film est généreux, il a ses défauts, à commencer par l'insupportable manie de donner à des personnages qui parlent l'Anglais pour les besoins du public, mais qui sont d'origine non anglophones, un accent idiot: Jim Sturgess, Colin Farrell et Saoirse Ronan doivent ici mâcher leur langue et rouler les R. Mais c'est une convention que le scénario explique en mettant dans les prisonniers un Américain, qui va faire que les autres s'expriment d'abord et avant tout dans sa langue, car après tout ils viennent d'un peu partout: Russes, Polonais, Lettons...
Les commentaires sur ce beau film sont unanimes: peut mieux faire! Mais comment faire mieux qu'une évocation délicate et respectueuse, qui se refuse en permanence au spectaculaire, et qui prend bien soin d'opposer deux philosophies de la survie, celle d'un individualiste forcené (Ed Harris, l'Américain), et celle d'un Polonais déterminé à rester décent, et la générosité à fleur de peau (Jim Sturgess, le Polonais)? Peut-être l'ascèse cherchée (Mais pas atteinte) par Weir a-t-elle gêné? Cette équipée grandiose, qui a été tournée sur des lieux plausibles, en Asie sur les traces du parcours original (Sibérie, lac Baïkal, Mongolie, Chine, Tibet, Inde), rappelle le prix qu'accorde Peter Weir à la liberté, fut-elle cosmique (Picnic at Hanging rock), spirituelle (Witness), culturelle (Dead poets Society), concrète et politique (Green card) ou sous toute autre forme (Mosquito Coast, The Truman Show, Master and commander). et ce film est de ceux qu'on reverra souvent et avec plaisir, j'en suis certain. Partis du goulag, déshumanisés, animalisés, ses protagonistes vont littéralement apprendre à redevenir humains. Et "The way back", le chemin du retour donc, devient essentiellement un chemin vers l'avenir.
Et puis quand on aime Peter Weir, comment ne pas constater les allusions? Un plan qui mêle un train et une carriole, est-il un renvoi conscient à Witness? Un autre qui montre un personnage épuisé par le soleil en plein désert, qui se voit visiter par un serpent, est-il un clin d'oeil à Picnic at Hanging Rock? Coïncidences, ou dépôt de bilan? après ce film, et à l'heure où j'écris, pas de nouvelles du metteur en scène.