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17 février 2017 5 17 /02 /février /2017 15:47

C'est toujours avec une certaine appréhension voire un certain fatalisme qu'on s'attelle au visionnage d'un film de Verhoeven,l'immortel (?) auteur de Showgirls, Hollow man, Basic Instinct et Robocop... Car il ne fait pas oublier qu'avant de cultiver les navets aux Etats-Unis, le monsieur avait fait ses premières armes dans sa Hollande natale, en y multipliant les provocations et le mauvais gout souvent un peu trop assumé (Turkish Delights, Spetters). C'es donc avec la plus grande des surprises qu'on accueille ce film, nommé sur nos écrans Francophones Black book. Il propose une vision de l'Hollande sous la botte, qui nous change de tant de récits si souvent lénifiants de "notre" résistance, en proposant une vision noire, sans concessions, de l'expérience Hollandaise, tout en proposant des péripéties qui vont vite.

Un peu trop vite même parfois: Rachel Stein, une Israelienne d'origine Néerlandaise, se souvient de "sa" guerre, lorsque après s'être cachée chez des fermiers, elle avait assisté à la destruction de la maison de sa famille d'accueil, puis avait rejoint une filière de passage vers la Belgique en compagnie de ses parents, qui étaient tombés dans un piège auquel elle seule avait survécu. Puis,  elle avait rejoint la résistance à Amsterdam, dont le but était d'infiltrer la Kommandantür locale. La mission de Rachel, rebaptisée Ellis De Vries et teinte en blonde, était donc d'infiltrer les appartements d'un haut dignitaire nazi, Muntze, et au besoin de coucher avec lui...

...Mais pas de tomber amoureuse. A partir de là, tout va aller très mal.

On se souvient de ce que disait Desproges, ironisant sur les choix "simples" entre la Résistance et la collaboration... Ici, on a effectivement une situation qui dépasse la simplicité des livres d'histoire d'antan: il y a des profiteurs de guerre chez les nazis, ce dont on se serait un peu douté, mais ils sont en affaires avec certains résistants. Les frontières du bien du mak, qui seront si claires en apparence à la libération, sont en réalité définitivement floues. Certains se mouillent pour survivre, c'est le cas de la secrétaire Ronnie, qui couche avec un nazi avant, et avec un Canadien après la libération, sans jamais apparaître comme une opportuniste. On notera en revanche que les Résistants sont prompts à condamner Rachel, qu'ils ont poussée à se compromettre avec un Allemand, en faisant des commentaires sur le fait que les Juifs sont peu fiables (Rappelons que tout commentaire qui commence par "les Juifs" est souvent une connerie)...

Le film trépide, et on suit avec un certain bonheur l'énergie communicative de Carice Van Houten, dont les péripéties en quatre langues (Hollandais, Allemand, Anglais et Hébreu) sont du plus haut captivant, et tout en remettent ce petit monde chaotique en place, permettent de toucher un peu à la vérité probable du grand bazar de la fin de la guerre tout en nous distrayant. Pour reprendre les mots de Desproges: Boum, le train! Boum, le convoi d'armement!

S'il fallait formuler un regret, ce serait sans doute lié à une scène, que je qualifierais volontiers de "Verhoeven chimiquement pur"... Rachel prend en environ 12 secondes la décision de coucher avec un nazi afin de mieux effectuer sa mission d'espionnage. Si on compare au supplice de questionnement intime que s'inflige l'héroïne de Lust, Caution, de Ang Lee dans les mêmes circonstances, il y a de quoi hausser un peu les épaules... Mais quand elle s'apprête à infiltrer les lieux et qu'elle se teint les poils pubiens (Ce qui nous vaut des plans anatomiques du plus bel effet), fallait-il vraiment nous inviter à voir de quelle façon elle laissait le premier venu se rincer l'oeil, puis coucher avec elle? Verhoeven restera toujours un sacré cochon, y compris quand il tourne un bon film!

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Published by François Massarelli - dans Seconde guerre mondiale
30 juillet 2016 6 30 /07 /juillet /2016 22:17

FLAGS OF OUR FATHERS

C'est donc le premier film du diptyque commémoratif consacré à Iwo Jima, le versant "Américain". Hanté en ces années crépusculaires par le thème du legs que l'homme laisse à ses suivants, Eastwood profite de la commande de Spielberg de réaliser une oeuvre sur la fameuse bataille d'Iwo Jima pour montrer les chemins que l'héroïsme, la vérité, la légende et le vécu de l'homme peuvent prendre lors d'une guerre, et ce que les générations futures auront à en retirer.

Comme le faisait remarquer John ford à propos de l'Ouest, dans The man who sho Liberty Valance, quand la légende dépasse la réalité, on imprime la légende. Un beau film de guerre dont l'ennemi est presque systématiquement absent de l'image, mais on le retrouvera dans le deuxième film...

LETTERS FROM IWO JIMA

Après le douloureux passage à la postérité de Flags of our fathers, le choix d'Eastwood de faire non pas un mais deux films est une surprise totale, mais peut être expliqué de trois façons: 1. Eastwood appartient à notre époque, qui a appris à faire la part des choses et à se garder d'un excessif ethnocentriste, d'où ici le choix de voir "les deux points de vue", et non pas un point de vue Américano-américain. 2. Eastwood a toujours révé de réaliser un film Japonais. 3. Eastwood est Libertarien, et donc ne prend pas partie de manière systématique. Ici, il livre les points de vue différents afin de témoigner d'un certain respect à l'égard de l'ennemi d'hier...

A travers les lettres de soldats, préservées à Iwo jima, on retrace les derniers jours de combattants Japonais, pris entre défaitisme et héroïsme, mais aussi entre tradition (Hara Kiri à la grenade) et modernité (Savoir battre en retraite au bon moment). un film âpre, respectueux, pas confortable, mais salutaire: chef d'oeuvre.

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Published by François Massarelli - dans Clint Eastwood Seconde guerre mondiale