
L'hiver 1999-2000 est le dernier d'Odell Barnes, condamné à mort parce qu'il a été reconnu coupable du meurtre assorti d'un viol, d'une femme d'âge mûr, une amie de sa mère. Incapable de se disculper, mais surtout comme on dit "bien connu des services de police", Barnes était en liberté conditionnelle. Par ailleurs, l'enquête avait été rapide et comme c'est souvent le cas au Texas, le futur condamné n'avait pas pu bénéficier des services d'un avocat compétent...
Je suis contre la peine de mort, à 100%. Et j'ai tendance à considérer qu'il ne faut pas, quand on fait un film sur le sujet, se lancer dans un réquisitoire qui passerait par le piège de "l'innocent condamné à tort": si le seul moyen qu'on a de condamner la peine de mort est de dire que ça peut parfois mener à la mort d'un innocent, c'est qu'on n'est pas contre le principe de cette tendance à la légalisation de l'acte de vengeance aveugle...
Mais ce beau film documentaire, âpre et singulier, ne cherche pas à nous démontrer quoi que ce soit, du moins quoi que ce soit d'autre que le fait de se lancer dans une procédure administrative qui mène à l'assassinat pur et simple d'un être humain. Le tournage de ce film (sur lequel Solveig Anspach s'est retrouvée un peu tardivement, une grande part de l'enquête menée par la journaliste Cindy Babski ayant eu lieu sans elle) s'est déroulé entre la fin 1999 et les quelques jours qui ont précédé l'élection de George W. Bush à la Maison Blanche: celle-ci n'est pas présente dans le film, et c'est une bonne chose puisque comme on le sait, ça a été une telle panade cette année-là, qu'il valait mieux éviter d'alourdir le film.
Mais on a bien l'essentiel: les points de vue de la famille de Barnes, celui de l'avocat général (dont objectivement il faut bien dire qu'il a fait un boulot franchement salopé), et quelques autres. Un groupe de militants montrent le travail qu'ils font, et Solveig Anspach n'oublie pas de montrer le Texas comme un lieu de fortes disparités sociales, dans lequel 90% des citoyens sont passibles d'avoir les pires ennuis parce que contrairement aux 10% restant, ils n'ont pas les moyens de se payer un avocat en cas de coup dur. Un état où on élit encore les juges, ceux-ci ont donc à coeur de garder leur injection létale en bon état de marche!
Made in the USA est un film militant, c'est aussi un documentaire qui vous laissera en paix avec vos opinions, et c'est un regard noir sur une société à plusieurs vitesse, dont on a envie de dire que "Le Texas, ça ne vaut pas Montreuil"...