Screwy s'évade de l'asile où il est enfermé, et Meathead le chien part à sa poursuite...
On voit bien pourquoi Avery a fini par se débarrasser (dans une fameuse scène de Lonesome Lenny) de ce personnage d'écureuil fou furieux... Il se permettait trop de choses, et dynamitait sans doute toute possibilité de scénario... Donc, une fois de plus, c'est une suite de gags, sans queue ni tête, tous plus vertigineusement idiots les uns que les autres...
Remontant à l'arrivée des colons en Nouvelle-Angleterre, Avery détourne en la simplifiant considérablement une anecdote sur les premières manifestations de Thanksgiving... Il va simplifier en particulier en limitant les personnages à trois:
un colon, arrivé comme il se doit sur le Mayflower, et qui est une sorte de croisement entre Droopy (la voix, et une certaine lenteur sans émotion) et feu Egghead pour le physique, mais sérieusement modifié...
une dinde, qui parle avec la voix de Jimmy Durante et qui va tout faire pour se payer la tête du précédent, en se démultipliant à l'occasion...
et un ours.
Le film vaut pour son dosage impertinent d'absurde et de satire: les colons s'installent et se séparent en deux camps, les Démocrates et les Républicains... La vieille graphie Anglaise Ye au lieu de The est utilisée à tout bout de champ, et prononcée comme on peut le lire, et l'ours semble se promener sans autre but que de nous inciter à manger chez Joe. Mais de tous les gags, c'est sans doute le moins gratuit...
Encore un chef d'oeuvre qui figure parmi les premiers courts métrages de Tex Avery pour la MGM: c'est une fois de plus un film dont l'animation excellente est sous forte influence de Disney, c'est à dire ronde... Un personnage se distingue, celui d'un porcelet infernal, et qui sait à quel point il est infect!
C'est Noël, et le petit de M. et Mme Cochon (le père n'est autre que le plus malin des trois animaux, celui dont la maison a tenu face au danger du loup) va rester debout durant la nuit, pas vraiment pour rencontrer le père Noël, mais plutôt pour lui en faire baver...
C'est un festival indescriptible de méchancetés sans précédent, dont j'apprécie particulièrement un attentat pâtissier assez inédit: afin de décorer le loup (qui s'est déguisé en père Noël, bien entendu) d'une belle tarte à la crème, le cochon va tout bonnement en confectionner une en quelques secondes... Et lorsque le loup se lasse, le cher petit ne trouver rien d'autre à faire que de se retourner vers nous et nous torturer avec un tableau noir et une craie!
Ce film est une rareté: c'est l'un des derniers courts métrages effectués par Avery pour la Warner, une période durant laquelle il était souvent empêché de réaliser ses films exactement comme il le voulait. Un exemple, justement, est le fait que Leon Schlesinger a fait redoubler le film avant sa sortie. Mais une version "originale" restaurée vient de sortir, j'y reviendrai...
Un chien, Willoughby, qui est particulièrement stupide, comme souvent les chiens chez Avery, subit les provocations permanentes d'une caille qu'il essaie de chasser...
La chasse: bien sûr, ce sera le principal terrain de jeu de Bugs Bunny, et le personnage était en gestation. Disons qu'ici il est un peu présent quand même, mais déguisé en caille. D'ailleurs, l'oiseau s'adresse au chien en l'appelant, vous l'aurez deviné, "Doc". Sinon, l'animal va faire subir, gratuitement bien entendu, un enfer au chien, qui se retrouve toujours à s'emplafonner des arbres. Le personnage principal est donc une caille qui se mouille.
Donc, c'était une caille, qui avait pour Avery une certaine tendance à abuser du prout facial! Ce que la Warner a refusé, et donc aujourd'hui on peut enfin entendre la version originale, et... franchement ça ne m'a pas paru si scandaleux. Beaucoup plus intéressante est la familiarité avec les futurs films autour du personnage de Screwy, l'écureuil cinglé: en particulier, on voit à un moment un de ces sublimes décrochages idiots de l'action quand les personnages parcourent le décor en tous sens en se cachant ici ou là, sans aucune logique...
Le loup et les trois petits cochons, révisés dans l'optique de la propagande anti-nazie, avec comme mission de faire vendre des bons de la défense, ça valait bien un film qui dépasse un peu le cadre habituel des productions MGM. Il fallait vraiment croire en Tex Avery pour lui laisser faire ce qu'il voulait avec ce film, qui se situe d'emblée bien au-dessus de la production patriotique d'alors, que ce soit chez Disney (Der Fuerher's face) ou chez Warner (Confessions of a nutzi spy). Car avec Blitz Wolf, Tex Avery ne force rien, ne change rien à son univers ni à sa méthode, en profitant même pour raffiner des gags géniaux qui trouvent ici leur expression définitive...
Des exemples? La façon dont Avery démultiplie l'approche de Hitler (représenté bien sûr en loup) en le montrant aux commandes d'une machine qui va souffler (huff and puff, les deux verbes qui sont des clichés du conte dans sa version Anglaise), ou encore le fait que le loup, visé par des multitudes de balles, prétend ne pas avoir été touché alors qu'il laisse filtrer la lumière...
Et puis l'animation est belle, fluide, ronde et d'une immense qualité, rien à voir avec ce qu'elle deviendra en moins de dix ans, officiellement pour évoluer avec son temps mais en réalité pour économiser du temps: Blitz Wolf est un manifeste spectaculaire du talent de Tex Avery et de son équipe à leurs débuts à la MGM, et en prime on y parle des nazis comme il doit en être fait mention. Aujourd'hui ce serait impossible de faire un tel film, parce que les fascistes, on les invite à la télévision, et on les édite même chez Albin Michel!
C'est a priori le premier film MGM de Tex Avery, éclipsé par le deuxième, sorti avant: ces deux films sont d'ailleurs d'une durée bien supérieure à la normale, puisque Blitz Wolf dépasse 9 mn, et celui-ci les atteint presque...
C'est un ensemble de situations entre un oiseau, un ver et un chat: autant dire le tout-venant du dessin animé tel qu'il était pratiqué aussi bien chez Disney que chez Warner. Donc dès le départ, Avery affiche aussi bien son style que ses envies et ambitions: situer dans le terrain de jeu des animateurs de tous bords un combat entre la rationalité d'une narration liée au conte, et une furieuse envie de dynamiter les limites narrative et le bon goût... Tout en se livrant à un commentaire permanent sur le cinéma, par exemple il est ici fait allusion à un film MGM qui s'appellerait Mrs Minimum...
Mais au vu de Blitz Wolf on comprendra aisément qu'il soit plus célèbre que celui-ci et que leurs sorties aient été interverties...
Tout en étant un remake partiel de Porky's duck hunt, ce court métrage en couleurs (d'ailleurs splendides), fait donc partie de la série "merrie melodies", à laquelle Avery était préposé en priorité. Parodie de la série Disney Silly Symphonies, on y tournait autour de la musique, e qui explique ici le recours à une chanson entonnée par Daffy Duck: The merry-go-round broke down, qui date de la même année, deviendra plus tard le thème obligé des dessins animés Warner.
On voit comment, dès le départ, Avery fait se mesurer les deux héros sur l'autel de la folie pure, puisqu'il les fait sortir de deux coquilles de noix avant de s'affronter... Le film est aussi une variation sur le thème de la chasse, ce qui me permet de faire une transition osée: en effet, Egghead est la première incarnation d'un personnage qui deviendra, un jour, Elmer Fudd. Mais pour l'instant, il chasse les canards...
Ni bon ni mauvais, le film est surtout notable pour sa réutilisation d'une séquence de folie pure de Porky's Duck Hunt dans laquelle Daffy Duck, animé par Bob Clampett, partait en vrille et dans tous les sens. Inutile de dire que l'effet de répétition lasse un peu...
Avery nous promène au gré de sa fantaisie, aux Etats-Unis, en sautant avec allégresse et sans aucun scrupule d'un abominable jeu de mot à l'autre, d'une situation absurde à l'autre...
C'est un de ces travelogues idiots qui sont si nombreux dans l'oeuvre du réalisateur, mais c'est tout de même un poids léger. Le fil rouge, car il y en avait toujours un, est l'ascension apparemment inexorable d'un "homme-mouche" sur le flanc d'un immense building, qui renvoie à une manie des records idiots, née dans les turbulentes années 20 (voir Safety Last, de Harold Lloyd, basé sur une telle ascension).
Fidèle à la malédiction du metteur en scène Avery, le film est souvent censuré pour cause de gags ethniques... Pourtant bien innocents. On verra donc ici détournée l'expression "cliff dwellers", qui désigne les troglodytes du Sud West (notamment les indiens Hopi), la fameuse "snake dance" , mais on verra aussi un inuit (on disait alors un eskimo, mais c'est péjoratif) qui ramène chez lui un afro-américain qui se languit du Sud, grâce à une très hypothétique frontière entre l'Alaska et la Virginie...
Ce dernier film de la série "Of tomorrow" occupe une place à part dans la série, parce qu'il s'occupe d'un domaine finalement bien moins novateur, en apparence, que les trois autres (dans l'ordre, House, puis Car et enfin T.V.). Le futurisme ici est affaire de science et de génétique, puisqu'une bonne part du film se consacre essentiellement aux croisements possibles entre animaux... Prétextes à gags bien sûr, mais aussi à jeux de mots, tous glorieusement plus lamentables les uns que les autres...
Soyons juste, on y trouvera aussi des incubateurs modernes et des machines à trier les oeufs. Mais il semblerait que le sujet ait été assez rapidement abandonné par l'équipe.
Le troisième film de la série de pseudocumentaires de Tex Avery s'intéresse à un domine particulier, qui le fascinait... La télévision, qu'il ressentait probablement comme une menace sur son métier (ce en quoi il avait parfaitement raison) est en effet omniprésente à partir de la fin des années 40 dans ses courts métrages. Ici, il lui fait un sort en imaginant de quelle façon les concepteurs d'écrans vont adapter les téléviseurs à l'avenir et en particulier à la personnalité des membres de la famille...
Il a donc conçu la maison comme s'organisant autour de la télévision dans le futur, et chaque situation renvoie aux stéréotypes de l'époque, comme ce téléviseur à plusieurs écrans qui montre des programmes différents selon les publics visés... Comme toujours dans ces documenteurs il exagère avec méthode, montrant ses gags avec autant de clarté que possible pendant qu'un narrateur impassible fait l'article avec enthousiasme. Et bien évidemment il va se débrouiller pour décliner les images de western qui sont pour lui toujours associées à ce média, qui il est vrai montrait à l'époque aux garnements des fusillades durant toute la journée aux chères têtes blondes.