Après le pseudo-visionnaire The house of tomorrow qui imaginait es débordements hilarants des architectes dans le futur cosy et tiède qu'on envisageait dans les années 50, Avery continue sur sa lancée avec le deuxième film de la série (sur 4): à nouveau, c'est un faux documentaire promotionnel qui part de toutes les figures imposées de la famille, de la vie quotidienne, et va jusqu'à imaginer des voitures "ethniques" qui bien entendu donnent lieu à des gags douteux, glorieusement douteux!
Et le film va assez loin pour nous rendre compte d'une certaine vérité, notamment quand il imagine des voitures équipées d'un système qui rend impossible toute échappatoire pour le piéton, victime potentielle des chauffards: un modèle prévoir d'ailleurs un plancher vitré pour que le chauffeur du véhicule puisse voir la victime...
Six mois après The counterfeit cat, Avery sort un autre film mettant en scène le bouledogue Spike aux prises avec un chat malhonnête. Celui-ci a pourtant eu un cri du coeur assez compréhensible, ayant écrit "I hate dogs" sur une palissade. Pour se débarrasser du chien, et lui jouer un mauvais tour, le chat va donc se servir d'un gadget inventé pour les besoins du film, un "projecteur de voix" pour ventriloque lui permettant de faire miauler n'importe quel objet du voisinage... Voici donc Spike parti chercher des chats qui n'existent pas, et des ennuis bien réels...
C'est l'animation classique, le style encore rond et hyper-lisible de l'âge d'or, et on sent l'équipe à l'aise. Il n'y a d'ailleurs aucun dialogue, et aucun besoin d'en ajouter! Pourquoi la "série" Spike a-t-elle été arrêtée à ces deux films, je ne sais pas, en tout cas, le personnage du gros bouledogue profitait sans doute plus d'être un faire-valoir de Droopy, ou peut-être qu'Avery ne se sentait pas inspiré. Allez savoir. En tout cas il y a dans ce film quelques-uns des plus beaux moments de réaction d'un chat qui puissent être, généralement hirsutes et spectaculaires...
Un chat a faim, et on sait à quel point ça peut faire un bon point de départ pour un dessin animé... Car il y a un oiseau dans les environs. Le problème, c'est que dans la même maison, il y a aussi un chien, vous savez, ce mammifère qui sent mauvais et qui prend toute la place en faisant beaucoup de bruit... Et qui n'aime pas les chats. Spike le chien a pour mission d'empêcher le félin de venir se servir à manger dans la cage, mais a l'autorisation de jouer avec son voisin... Le chat a entendu la maîtresse, et va donc se déguiser: pour ça, il, eh bien, arrache donc le scalp du chien voisin, et s'introduit sur les lieux en faisant semblant d'aboyer...
Il y aura donc un gag récurrent: le chat déguisé en chien tente une approche pour essayer d'attraper le canari, mais le chien arrive et pour s'en débarrasser, il sort un os de nulle part, et le gros chien rendu fou de joie n'a plus qu'une obsession: enterrer la chose... et la hache de guerre.
Par ailleurs, dans ce film où les animaux sont souvent très près les uns des autres, on constate que les uns et les autres s'attrapent beaucoup, par la langue notamment! On y touche, voire arrache les dents des autres animaux... Ce qui vient ajouter un peu plus de sauvagerie à un tableau rendu déjà assez noir par l'idée d'arracher la coiffe d'un chien en début de film! Bref, on est bien chez Avery, ce qu'a compris le canari: quand on s'approche d'un peu trop près, lui aussi est capable de se défendre... avec les crocs. Non mais! Il y aura un autre film de Spike avec un chat similaire, The ventriloquist cat...
Dans ce film où l'animation "angulaire" à la UPA domine, Droopy perd toute substance en étant un chien-chef d'orchestre, obsédé par le Dixieland (mais pourquoi?) et qui rêve de remplir le Hollywood bowl en y dirigeant un orchestre. Il fait une rencontre déterminante, celle du trompettiste Pee Wee Runt, qui comme les membres de son orchestre, est...
...Une puce.
Il conviendrait d'étudier un jour le démon qui pousse Avery à assimiler de manière systématique les chiens à la puce. Et ce qui le pousse à revenir constamment sur le gag de la puce savante... Mais ce n'est pas le propos ici: je me borne à constater, et le film est pour moi sans appel: c'est bien médiocre, tout ça...
Après Drag-a-long Droopy, ce film est à nouveau un western qui en est assez proche: cette fois, Droopy est un "homesteader", soit un paysan qui va installer une petite exploitation dans la prairie, ce qui est considéré comme un crime de lèse-bovin, comme le sait toute personne qui a lu toute l'oeuvre encyclopédique de Morris et Goscinny.
On prend une fois de plus les mêmes, et on recommence, avec une variante quand même étrange: non seulement Droopy est marié, mais en plus il a aussi un enfant... Qui lui ressemble beaucoup. Une bonne partie des gags est liée au fait que le gamin, d'une part, tète tout le temps, et qu'il est particulièrement taciturne... D'autres gags sont directement recyclés du film évoqué plus haut, notamment la communication entre le shérif et une vache.
Comme le dit un carton introductif, cette histoire est forcément vraie puisqu'elle a été racontée par un Texan! Une petite pique personnelle de la part d'un réalisateur dont les origines sont souvent apparues dans ses films, ce qui ne l'a jamais empêché de se moquer de lui-même...
Ce film fait donc partie de cette longue histoire des rapports affectueux de Tex avec sa patrie d'origine, et puise donc dans le folklore local: la façon dont les patrons de ranchs tentaculaires faisaient régner la loi à leur profit en s'en prenant aux autres, notamment aux bergers. Et justement, Droopy conduit un troupeau de moutons qui empiètent sur le territoire ans fin des vaches d'un loup... Qui n'est pas content.
Le film participe aussi, hélas, de l'appauvrissement de plus en plus inquiétant du personnage (ou du non-personnage) de Droopy, dont les films dépendent largement des gags et aussi de son opposant pour être notables. Ou du fait qu'il y a des centaines de moutons qui broutent.
Un agent de la fourrière avec un accent Sudiste prononcé tente de capturer les trois frères Snoopy, Loopy et Droopy. Les deux premiers sont deux nigauds, du genre à bâtir une niche en paille ou en bois... Pas Droopy...
D'un côté, c'est un exercice en accumulation soignée, méthodique et minimale de gags ciselés, qui prennent autant leur temps que l'accent sudiste du loup de la fourrière est traînant... De plus, Avery y prouve une fois de plus sa fascination pour la télévision, un domaine qu'il finira par rejoindre à la fin de cette même décennie!
...De l'autre, ça sent la fin de l'âge d'or: l'animation aussi est minimale, les personnages sont contourés à gros traits, c'est un film assez laid, pour tut dire. Et ces tentatives occasionnelles de donner un univers tangibles à Droopy sont toutes vouées à l'échec.
Droopy est majordome, et pour aider son maître il doit faire appel à un extra, il pense donc à son frère Drippy: il est absolument semblable en tous points à lui, si ce n'est qu'il a une force hors du commun... C'est le mauvais moment qu'avait choisi Spike, un bouledogue, pour venir mendier de la nourriture à Droopy. Mais Spike ignore l'existence d'un jumeau et celui-ci est fort peu accommodant...
Il y a des gags et quelques moments de pure grâce, mais l'anarchie de Tex Avery s'accommode fort mal d'un encadrement logique. Il souligne le côté mécanique de son cinéma, et ça apparaît de façon assez cruelle dans ce film, beaucoup trop sage...
Pour raconter l'histoire du premier bandit de l'histoire des Etats-Unis, "Tex" Avery choisit inévitablement de concentrer sur le Texas, et va donc nous asséner une histoire tout ce qu'il y a de fausse, celle de Dinosaur Dan, l'homme des cavernes qui le premier a usé du colt, en chevauchant son diplodocus pour semer la terreur dans les villes des premiers temps de l'humanité.
Ce n'est sans doute pas le meilleur film de Tex Avery (il y exploite finalement un ou deux gags, avec une certaine lourdeur dans l'insistance, notamment pour ces pauvres belles-mères qui n'en demandent sans doute pas tant), mais il est suffisamment farfelu pour soutenir gentiment l'intérêt pendant sept minutes. Et le choix a été fait de voir un maximum de choses à distance, permettant de profiter du décor et de la profusion d'animaux gigantesques.
Une série de vignettes inspirées des articles de chasse et de pêche publiés dans le magasine Field and stream: Tex Avery revient à son style anecdotique, celui-là même qu'il avait inventé à la Warner...
On suit donc un chasseur/pêcheur dans ses tentatives, et le réalisateur s'amuse avec les codes de la chasse, avec son folklore aussi. Le style est volontiers bien plus raide que d'habitude, l'équipe d'Avery suivant la mode des traits anguleux lancée par UPA. Si on s'amuse beaucoup de jouer sur les mots (les différents types de fusil, notamment le fusil à éléphant doté d'une trompe), le meilleur du film vient sans doute du fait qu'on y massacre un certain nombre de chasseurs, et ça c'est quand même formidable.