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4 septembre 2019 3 04 /09 /septembre /2019 16:51

Lors du tournage d'un film Warner que le réalisateur Von Hamburger doit finir le plus vite possible, Daffy Duck à son plus espiègle vient tourmenter le pauvre metteur en scène... et finit par monter un fatras d'images disjointes qu'il substitue au chef d'oeuvre anticipé du grand artiste...

Avec Avery, on est bien loin du canard neurasthénique qui sera développé ensuite parfois pour le meilleur (Jones et sa trilogie fabuleuse entre toutes) ou pour le pire (les oeuvres indignes, fades et rarement drôles de Bob McKimson) par les metteurs en scène qui resteront à la Warner. Mais s'il faut complimenter Avery d'avoir repéré le potentiel destructeur du héros Daffy Duck, je pense qu'il conviendra de rendre à Bob Clampett-César ce qui lui appartient: car la loufoquerie militante de Daffy Duck, c'est lui qui l'a inventée, quand il a animé en totale autonomie une séquence de Porky's Duck Hunt, dont ici Avery fait plus que de répéter, il le souligne, persiste, et signe.

Sinon, bien sûr, c'est un splendide effort de Tex Avery, qui plus est riche en ces scènes qui font appel à un sens du détail (idiot) hors du commun, un sens de la formule gourmand (I'll take a turrrrrrrrrrrrrrrkey with all the trrrrrrrrrrrrrrimmings), et une animation pétante de santé...

 

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Published by François Massarelli - dans Animation Looney Tunes Tex Avery
22 juin 2019 6 22 /06 /juin /2019 10:19

Droopy se retrouve embarqué dans un remake de Dumb-Hounded, son premier film, qui est aussi comme son titre en témoigne inspiré du film Northwest-Mounted police de Cecil B. DeMille. Un loup s'évade, et prend la direction du grand nord Canadien pour se planquer, mais ce qu'il ne sait pas encore mais va ne pas trop tarder à savoir, c'est qu'il est suivi par le sergent Droopy McPoodle, un limier redoutable...

Le film reprend donc la formule simple de l'évadé qui doit systématiquement se retrouver face à son poursuivant, et réagir de façon toujours plus folle. Si certains gags sont repris plus ou moins verbatim (à commencer par le génial moment où le loup pressé sort du cadre de la pellicule sous nos yeux), le rythme s'est accéléré, et les torrents de fou-rire déclenchés par le précédent film ont poussé l'équipe à en rajouter: les réactions du loup sont ici encore plus folle que dans Dumb-hounded.

Sinon, on l'a échappé belle: Avery a cherché à donner une explication rationnelle à l'omniprésence de Droopy, ce qui aurait pu déboucher sur une séquence inutile. En lieu et place il termine le film par un emprunt à Tortoise beats hare, un de ses excellents films Warner: il n'y a pas qu'un seul Droopy...

 

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Published by François Massarelli - dans Tex Avery Animation
22 juin 2019 6 22 /06 /juin /2019 10:08

Un bandit redoutable arrive dans une petite localité pour y dépenser le butin de son dernier méfait, mais il y découvre une belle chanteuse, et décide de la kidnapper. Poursuivi par un "posse", il va se retrouver confronté au justicier... Droopy.

C'est un classique, qui mélange certains aspects de The shooting of Dan McGoo (le numéro de la chanteuse face à un loup totalement excité qui fait rigoureusement n'importe quoi) avec une série de gags nouveaux qui sont autant de variations sur le western, un style que Tex Avery cette fois explore avec d'autant plus de bonheur qu'il le situe dans un paysage aride proche de son Texas natal...

 

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Published by François Massarelli - dans Western Tex Avery Animation
21 juin 2019 5 21 /06 /juin /2019 11:38

Revenant deux années plus tard au personnage de Droopy qu'il avait créé pour Dumb-hounded, dans lequel le héros paradoxal se démultipliait pour rendre la fuite impossible à un bagnard évadé, Tex Avery rend une fois de plus hommage à un aspect du western, mais cette fois sur le versant Nord Ouest: ce film se passe en effet en Alaska, et se paie le luxe de ne pas vraiment développer une intrigue: en effet, à l'instar de son "pre-make" (Dangerous Dan McFoo à la Warner), The shooting of Dan McGoo ne raconte pas autre chose que l'arrivée d'un bandit, son installation dans un saloon, sa rivalité avec le héros et une bagarre... 

Mais évidemment, tout est une fois de plus dans la manière de le raconter: en détournant les codes du western (la table des tricheurs), en jouant sur les formes (la voiture étonnamment longue), sur le quatrième mur ("what corny dialogue") , et en ajoutant une petite touche de tradition, avec une chanson interprétée par une pin-up devant un loup conquis et chauffé à blanc... Bref, un classique, dans lequel les verres et les barmen jouent avec les lois de la physique, et Avery avec la censure tatillonne.

 

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Published by François Massarelli - dans Western Tex Avery Animation
21 juin 2019 5 21 /06 /juin /2019 11:24

Ce premier film mettant en scène Droopy est tiré de l'époque merveilleuse durant laquelle Tex Avery, nouveau venu à la MGM, s'amuse encore, n'est pas tenté par l'imitation servile et un peu embarrassante des styles des autres (UPA d'un côté, Chuck Jones de l'autre), et bénéficie du soutien sans faille d'une équipe d'animateurs solides, parmi lesquels Preston Blair, ancien de chez Disney, brille d'un éclat particulier. L'unité de Tex, par ailleurs, est en "concurrence" amicale avec celle de Hanna et Barbera et les uns et les autres vont créer une émulation saine qui va brièvement élever la MGM au même rang, voire au-dessus (Screwball Squirrel) de la Warner...

J'insiste sur le "brièvement", car bien vite, les films vont devenir répétitifs et recycler encore et toujours les mêmes gags, et le personnage de droopy perdra en substance. Pourtant ici, il a vraiment un statut de héros, avec une histoire qui prend son temps pour installer le caractère, ce visage marqué par l'ennui et le détachement extrême, cette voix traînante, et bien sûr cette omniprésence suspecte. 

Ce film est le premier à mettre Droopy aux prises avec un loup qui croit un peu vite qu'il ne fera qu'une bouchée d'un ennemi aussi insignifiant, et va y perdre bien vite la raison et la santé. L'animation en est superbe et parmi les nombreux morceaux de bravoure impeccablement enchaînés, comment résister au moment hallucinant durant lequel l'animal a tellement pris de vitesse qu'il sort littéralement de la pellicule dans sa course... Et si comme on le disait, jouer la comédie ("acting") c'est réagir ("reacting") alors le loup (et ses animateurs) sont les plus grands acteurs du monde: voyez la gamme délirante des réactions du loup à la présence de Droopy derrière lui...

 

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Published by François Massarelli - dans Animation Tex Avery
18 juin 2019 2 18 /06 /juin /2019 19:08

Il y a plusieurs Droopy, en fonction du film et du script, et j'imagine des besoins du réalisateur... Si on retient bien sûr le personnage dans son manque total d'implication émotionnelle, Droopy pouvait aussi être plus encore absent qu'indifférent, remplaçant ses émotions par une omniprésence impossible. Il était aussi très souvent malin, très malin... mais pas ici, car il interprète un chien employé à la chasse au renard, et le renard justement est très malin. 

Même s'il lit Fox-News...

Quoi qu'il en soit, si j'ai souvent des réserves quant aux films réalisés à la MGM par Tex Avery, celui-ci, qui prend sa source dans un Warner (Of Fox and Hounds) est excellent, notamment avec le fantastique renard imaginé par Avery et impeccablement mis en image par l'expert Michael Lah, souvent utilisé pour animer l'élégance. Et on a toute la grammaire Averyenne, ce rythme adapté à l'apparition des gags, et ces soudaines fulgurances: voyez l'extraordinaire réaction du renard au mot "steak", par exemple... Pour finir, le film date résolument de l'époque où le studio ne cherchait pas à rendre ses graphismes trop anguleux, pour concurrencer les nouveaux animateurs. Ici, c'est rond, et c'est beau!

 

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Published by François Massarelli - dans Tex Avery Animation
2 juin 2019 7 02 /06 /juin /2019 09:07

Egghead est le premier personnage qui vienne vraiment de l'inspiration de Tex Avery, et qu'il a essayé de lancer comme plus tard on lancerait Bugs Bunny. Mais le moins qu'on puisse dire c'est que ça n'a pas marché. Les quelques tentatives qui nous restent montrent un personnage en quête d'identité, qui est toujours à son meilleur en perturbateur d'intrigue, pas quand on lui confie le rôle principal... Sauf sans doute dans Johnny Smith and Poker-Huntas, mais il est vrai que ce film est de toute façon déjà pourvu d'une intrigue complètement dynamitée de l'intérieur! Autre problème, la voix: parfois dotée d'un accent New Yorkais de wise-guy, grâce à mel Blanc (Johnny Smith and Poker-Huntas), parfois plus indicative d'un simple d'esprit, et parfois proche d'une imitation de Jimmy Durante comme c'est le cas dans ce film, ces changements montrent que l'équipe d'Avery n'avait pas encore trouvé quoi faire avec le personnage, qui allait évoluer vers Elmer Fudd en assez peu de temps.

Dans ce film, Avery se paie au moins le plaisir de parodier un monde qu'il affectionnait et pour cause, celui du western: Egghead rêve de partir à la conquête de l'ouest sauvage et répond à une annonce du Bar-None Ranch: on cherche des cow-boys... Les essais seront peu convaincants, c'est une évidence...

Quelques gags se distinguent ici, notamment ceux de l'environnement westernien... Mais le film est comme le personnage, il se cherche. Et Egghead, quand il doit mener une histoire sérieuse, ne fait décidément pas le poids...

 

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Published by François Massarelli - dans Animation Tex Avery Looney Tunes
2 juin 2019 7 02 /06 /juin /2019 08:56

Tex Avery se plaindra souvent du manque de liberté dont il disposait à la Warner, mais il faut reconnaître qu'il y aura eu de fort bons moments... Ce film qui aurait pu en d'autres mains virer au conte édifiant en est un exemple, et sur un grand nombre de points, il annonce le style qui sera le sien à la MGM, le systématisme en moins...

Une famille de perroquets est en pleine leçon: les trois petits reçoivent des instructions de leur maman pour dire convenablement "Polly wants a cracker", ce qui déplaît fortement à l'un d'entre eux: il voudrait être marin comme son père... Malgré les efforts de sa mère pour l'en empêcher il se lance vite à la conquête du vaste monde...

Pour ce faire, on notera au passage qu'il est aidé d'un caneton (jaune) interprété par Mel Blanc qui commençait à poser sa marque indélébile sur les films du studio. Les raisons d'apprécier ce film (qui finit quand même par raconter une histoire, tout en s'adonnant au plaisir du gag) sont nombreuses, notamment dans la destruction du fameux quatrième mur, lors d'un flash-back (le père ivre, dont la mère raconte le départ définitif, qui corrige la narration entre deux hoquets), et aussi par le fait que la mère s'adresse directement à nous. Avery fait tout pour nous montrer qu'il ne croit pas une seule seconde à l'histoire édifiante qui nous est racontée, en dynamitant le suspense interne, et il s'amuse beaucoup avec l'environnement, d'une façon qu'il affectionnait.

 

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Published by François Massarelli - dans Looney Tunes Animation Tex Avery
3 mai 2019 5 03 /05 /mai /2019 16:13

C'est une "Merrie Melody", mais on est bien loin des fadaises de Freleng et de Harman et Ising! Avery n'avait pas son pareil pour dépoussiérer à la dynamite tous les départements où il passait, et on voit bien avec ce film que la respectable série animée en couleurs, qui était au départ prévue pour chasser avec le plus d'élégance du côté de Disney, ne lui a pas résisté. En route donc pour un film de gangsters à la manière de, avec un bull-dog qui répond au nom pas vraiment crypté de Edward G. Robemsome, dans le rôle du bandit.

Dès le départ, Avery n'attend même pas que la situation soit installée pour balancer des gags idiots (mais alors vraiment!) à la mitraillette. Le chef de la police s'appelle Flat-foot Flanagan, ce qui permet un sous-titre 'With a floy-floy", allusion au méga-tube de Slim Gaillard et Slam Stewart, The flat-foot floogee with a floy, floy (une preuve de goût). Les banques dévalisées commencent par la First National bank, mais très vite ça dégénère: la 2nd National bank, puis ça monte jusqu'à la 112e. A l'exception notable de la treizième, le bandit étant superstitieux... Enfin, c'est l'une des plus célèbres intrusion dans le film d'un membre du public avec ce spectateur qui cafte à la police...

Bref tout n'est jamais sérieux. On regrette que l'imitation de Robinson tombe quand même un peu à plat, et on se délecte des jeux autour du langage, l'un des péchés mignons d'Avery, auteur de l'incontournable Symphony in slang.

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Published by François Massarelli - dans Animation Looney Tunes Tex Avery
20 août 2018 1 20 /08 /août /2018 17:00

C'est en 1937, soit trois ans après la sortie du film WB Dames, que Tex Avery va en détourner la pièce de résistance. On sait que la plupart des fimls de la série Merrie Melodies sont largement basés sur les chansons entendues dans les films de la Warner; le fait que I've only got eyes for you, chanté à deux reprises par Dick Powell dans le film déjà cité plus haut de Ray Enright, soit devenu plus ou moins un « tube » de l'époque, n'a fait qu'encourager le studio de Leon Schlesinger...

Mais en 1937, on attendrait plutôt que Friz Freleng ne dirige un tel film... Car le style du vétéran et celui du Texan, sont quand même radicalement différent. A la base, le script du film raconte l'habituelle histoire mélodramatique du ver de terre amoureux d'une étoile. Un oiseau, vendeur de glace, aime une belle dame canari, qui ne se soucie pas de lui, puisqu'elle n'aime que les crooners. Il va la séduire par un stratagème, et rater sévèrement son coup... Mais dans le film d'Avery, tout change. D'abord, il allonge l'exposition pour en faire un prologue, donne une substance (parodique, certes, mais quand même) non négligeable au personnage principal, et en fait la victime des attentions pas vraiment catholiques d'une oiselle défraîchie, qui veut le garder avec elle pour le gaver de tartes ; enfin, il fait de la dame des pensées du héros une émule de Katharine Hepburn, un gag qui reviendra souvent... Et c'est plutôt drôle.

Le héros, qui parle avec un bafouillage particulièrement prononcé, est le contraire même de la sophistication, et il lui faut trouver un partenaire pour devenir un crooner : il persuade un imitateur (doué, il en fait une démonstration impressionnante) de chanter dans son camion de glace, pendant qu'il chante en play-back, une chanson qui n'est autre que...

(Soupir)

...I've only got ice for you. Tout ça pour ça ? Disons que quand un jeu de mot est aussi insondablement, glorieusement, pathétiquement mauvais, il mérite au moins l'attention, sinon le respect...

Quant à la morale, c'est le héros qui la fournit, lorsqu'il se résigne à accepter les avances en tartes de l'autre femme : Anyhow, she can cook.

 

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Published by François Massarelli - dans Animation Looney Tunes Tex Avery