Un cas nous est présenté, d'une jeune mère de la classe ouvrière, qui souhaite faire en sorte que ses deux enfants soient pris en charge afin de lui permettre de travailler. De façon quasi-documentaire, le film s'attache à nous montrer les différences entre le placement chez une nourrice agréée, et un placement dans un orphelinat, montrant en particulier les risques de ce dernier système...
Au-delà de la charge d'un autre temps, qui attaquait probablement le modèle social de cette fin de mandat de Taft, le film montre comment la compagnie Edison envisageait que le cinéma devienne une arme d'éducation, d'un côté, mais aussi un moyen de faire passer l'idée des réformes. Malgré tout les images sont parfois dures, comme cette partie du film qui nous montre des cas de malnutrition, avec des présentations de bébés qui font froid dans le dos (ce n'est pas du tout le cas pour l'illustration que j'ai choisie!). C'est troublant, de constater que derrière ce quasi-documentaire, on a presque l'ancètre d'un clip de campagne!
Cet aspect du spectre du cinéma américain tendra malgré tout à disparaître, n'apparaissant généralement que chez Griffith, ou pendant le seconde guerre mondiale (qu'on se rappelle de Mission to Moscow, de Curtiz!)...
Dans la rédaction d'un journal, situé dans une petite localité, un accident va entrainer la perte de la première page de l'édition en cours d'accomplissement... Aidé par son assistant, une jeune garçon quirève de devenir reporter, le responsable de l'imprimerie va confectionner une nouvelle une, entièrement consacrée à des nouvelles locales, que le gamin aura été glaner dans le village...
C'est presque Griffithien, si ce n'est que les acteurs jouent pour la comédie... C'est un portrait charmant de l'Amérique des petits villages, avec beaucoup d'anecdotes: dans le cours de son périple, le jeune reporter en herbe sera témoin de trois petits "drames" qui tous auraient pu faire l'objet d'un film en ces temps reculés: un pasteur victime de l'esprit farceur d'un ivrogne, qui a versé du whisky dans sa limonade, et qui en résultat se comporte de façon erratique avec ses paroissiens; un couple qui s'engueule (le monsieur est interprété par Harry Beaumont); et un avare (Charle Ogle) qui coue les vivres à une veuve... Le journal va redresser les torts, et créer du lien...
Un dîner va se tenir entre cinq étudiants, sous un portrait imposant, celui d'une femme que l'un des convives présente comme étant sa mère. Ils apprennent que le sixième copain qui devait les rejoindre sera absent, l'un d'entre eux suggère d'inviter le premier venu dans la rue à se joindre à eux... Ils invitent donc un homme assez âgé, qui a l'air fatigué, et semble se réjouir de l'aubaine: c'est Marc McDermott. Chacun des convives raconte une histoire de sa vie, et quand arrive son tour, le vieil homme se lance dans un édifiant récit de sa vie, trahi par la femme qu'il a aimée, et hanté par elle jusqu'à maintenant. Elle a ruiné sa vie, et tout ce qui a suivi lui est dû...
Devinez qui est la dame du portrait...
C'est un petit film mélodramatique, à l'intrigue prenante précisément par son flash-back. Et la façon dont on ménage les surprises, aussi, car on jurerait quand le film commence, qu'il s'agit d'une comédie... Mais la prestation de l'Australien McDermott est sans aucune équivoque. Il est grand temp, d'ailleurs, de vanter le métier d'un comédien qui était un grand nom du théâtre, et a assisté les débuts du cinéma, avant que l'âge des studios ne sont formellement accompli.
Doué pour incarner des personnages plus vieux qu'il n'était, il a tourné pour Edison, mais aussi Solax (d'Alice Guy, qui aurait très bien pu signer ce film qui est dans sa manière), et a aussi eu une fin de carrière en composant des silhouettes de bourgeois qui tendaient à disparaître à la fin du premier acte, souvent à cause de Greta Garbo d'ailleurs: The Temptress, Flesh and the devil... Il est aussi identifié comme l'un des méchants de He Who Gets Slapped, de Victor Sjöström, aux côtés de Tully Marshall.
Un jeune homme courtise une jeune femme, et tout irait pour le mieux, si le père de la belle n'était très rigoureux sur un pruncipe: il est hors de question qu'un jeune gandin oisif prétende à épouser sa fille, tant qu'il n'aura pas fait la preuve de sa valeur en travaillant... La mort dans l'âme, il accepte, et va donc devoir tenir un mois sans voir sa fiancée, et à travailler de ses mains, s'il veut la revoir. Mais le rival du héros décide de profiter de la situation et de tenter sa chance...
C'est une adaptation de O.Henry, un pourvoyeur de contes et nouvelles satiriques qui a eu un énorme succès en son temps (et a parfois fourni le cinéma, en témoigne par exemple le film anthologique O.Henry's full house). La nouvelle est tournée sans aucne tentation du grotesque, mais ça reste de la comédie. L'idée principale, celle d'un "contrat" qui impose à un oisif de travailler, est en soi géniale, et on peut en retrouver des échos dans de nombreuses oeuvres muettes, surtout des comédies, autour des univers de Harold Lloyd, Buster Keaton ou encore Charley Chase.
Pour aller un peu plus loin, dans cette intrigue qui nous montre à quel point le héros, aussi privilégié qu'il soit, est inadapté au travail, je me demande s'il n'y a pas un peu de la source (conscient ou inconsciente) du film The idle class, de Chaplin: car ici aussi, le héros se retrouve coincé dans une armure...
On ne saura pas qui est le réalisateur, pour les films Edison, de ce petit film, qui fait partie d'un genre bien précis. Il s'agit d'archiver des images d'un artiste de music-hall, en l'occurrence une personne de petite taille, Adolph Zink, qui jouait non seulement de sa taille, mais aussi de son talent de transformiste.
Le choix a été de ne pas le montrer sur scène, mais de poster la caméra dans les coulisses, où il s'attache à changer de costume avant de retourner pour ses numéros. On verra donc l'artiste occupé à se maquiller, s'habiller, se déshabiller, au gré des exigences de sa prestation. Du début à la fin, Zink est très conscient de l'oeil de la caméra et joue beaucoup pour elle, et bien sûr avec elle...
"Bumptious", c'est un équivalent de "prétentieux"... Et M. Bumptious (John R. Cumpson) pense qu'il peut sans aucun problème se substituer à un professionnel pour placer du papier peint... Mauvaise idée.
Les gags qui vont venir sont assez peu inventifs, surtout de notre point de vue aiguisé de 2024. Mais ce n'est pas le plus intéressant: car nous assistons un peu à l'histoire en marche. Difficilepeut-être à envisager au vu de ce film, mais en 1910 le cinéma a fait des pas de géants depuis ses tout débuts: désormais, il y a une économie, une grammaire cinématographique, et des grandes étapes à franchir, encore et toujours...
Pour ce qui est de l'économie, on a inventé aux Etats-Unis le split-reel. Les films étant dans leur très vaste majorité de durée très courte, on a eu l'idée d'en tirer plusieurs sur une bobine, minimisant ainsi les frais et la pellicule, et les deux films pouvaient être projetés dans les mêmes programmes. C'est particulièrement vrai pour ce qui est de la comédie... Celle ci n'atteint pas les 5 minutes. Sennett allait beaucoup utiliser ce moyen dans les années 10.
La grammaire cinématographique repose à cette époque sur le montage et la variation des plans et angles de prise de vue. Le film a beau être court, il est découpé, et le metteur en scène a considérablement rapproché sa caméra, car désormais on est dans l'intimité des personnages, ce qui sera un ressort important durant toute l'époque de la comédie muette... Pour assister au désastre du papier peint, on a bsoin d'être au plus près de l'action... Voilà en quoi ce tout petit film de rien, au jeu assez primitif, est novateur.
C'est un documentaire, pris dans les rues de New York, et préparé à destination des pays Européens, pour leur donner une impression de la plus impressionnante, et la plus moderne, ville de la côte Est des Etats-Unis...
Le film n'est pas signé, et dans un premier temps, on pourrait presque croire qu'en réalité il a été principalement concocté dans les ateliers de montage de chez Edison à partir de diverses sources et de "stock footage" (le studio n'en manquait certainement pas après près de vingt années à tourner à tour de bras)... Mais il n'en est rien, le film a bien été tourné et planifié avec une intention. Celle, comme l'indique le titre, de montrer "le New York d'aujourd'hui", entre beauté, majesté et modernité...
Ce qui le prouve, c'est ll'homogénéïté évidente des prises de vues, la dimension éditoriale de capter tous les aspects de la ville, mais aussi et surtout deux détails: d'une part, le fait qu'on croise beaucoup de voitures motorisées individuelles, qui commençaient à prendre de la place dans le maysage mais partageaient l'espace avec les voitures à cheval... Et d'autre part, un couple de touristes semble jouer les fils rouges, et non seulement ce sont toujours les mêmes, mais surtout je ne serais pas étonné qu'il s'agisse de deux acteurs...
Dans l'Ouest, un homme qui est sur le point de se marier se perd dans le jeu. Il va devoir entrer en confrontation pour les yeux de sa petite amie, avec un shériff, qui lui propose un duel peu banal: avec un serpent à sonnette...
C'est du western mélodramatique, mais il est intéressant de comparer ce western anonyme avec ceux que Porter a pu faire, notamment son Great train robbery, pour la même firme... En 1909, le genre finit par se mettre en place et ce film, qui dure 16 minutes, nous montre les aspects narratifs établis d'un genre très inventif: les codes (vêtements, décors) sont en place, et le petit plus est évidemment le degré d'invention mélodramatique!
Sûr qu'avec un protagoniste à sonnette, ça élimine la concurrence...
Il ne reste quasiment rien de ce film, juste un fragment de 90 seconds, probablement situé à la fin de ce qui ressemble clairement à un conte, avec costumes...
Le film n'est sans doute pas révolutionnaire narrativement, mais se distingue du tout venant par un dispositif intéressant: Porter y utilise des caches en forme de feuilles d'arbres, toutes de formes différentes, donnant ainsi du sens au titre!
En cette année 1908, les metteurs en scène de chez Edison ont clairement décidé d'expérimenter avec les incrustations, comme ils l'ont déjà fait dans Fireside reminiscences.
Ici, on imagine une journée particulière de Cupidon, qui aimerait tant rester chez lui, mais qu'on envoie faire son travail... Et il s'y rend en renaclant. Pour s'occuper, l'espiègle angelot sème la discorde parmi les deux tourtereaux qu'il a rapporchés, et ça lui occaionnera de sortir amoché de la maison du couple...
c'est très anecdotique, mais d'une part il y a quelques (discrets) truquages à la Méliès, et d'autre part, des incrustations de l'image d'Epinal d'un Cupidon qui survole la ville à la recherche de ses"victimes"...