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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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11 février 2024 7 11 /02 /février /2024 15:08

Un vendeur dans un magasin de chaussure reçoit la visite d'une maman et de sa fille, une jeune femme fort avenante... Pendant que la dame attend, à gauche, il fait donc essayer une paire à la jeune cliente; celle-ci soulève sa jupe plus que de raison, ce qui émeut le jeune homme, qui va s'enhardir et lui donner un baiser (qu'elle accepte avec bonne grâce), déclenchant les foudres de la maman...

Outre l'avantage de pouvoir permettre à un écrivaillon de placer des expressions surannées, ce que je fis avec grand plaisir et tout de go, ce film nous rappelle le pouvoir magique du gros plan en insert, puisque l'action molletière et son effet sur la gestuelle fébrile du vendeur de chaussures nous sont livrées dans un rapprochement impressionnant, qui vient scinder le plan général qui constitue l'essentiel de ce court métrage en deux...

Par ailleurs, restons sur le langage n instant et rappelons que le mot Gay, à l'époque, n'avait pas le sens de désigner positivement une personne homosexuelle, mais restait un synonyme de Happy, tout simplement. Parce que ce jeune apprenti chausseur, à en voir son émotion devant la belle courbure d'une gambette, il n'est pas très gay.

 

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Published by François Massarelli - dans Edwin Porter Thomas Edison Muet
11 février 2024 7 11 /02 /février /2024 14:50

En 1903, la concurrence des autres studios balbutiants commence à se faire sentir pour les entreprises Edison, justifiant l'idée de devenir incontournable non pas à la méthode Edison (prétendre avoit tout inventé en déposant des brevets partout, et envoyer des gros bras pour tout casser dans les studios des autres, ce qui justifiera quelques années l'exil pour un grand nombre de compagnies, celle de Griffith par exemple), mais bien à la méthode Porter, homme de cinéma et surtout, d'abord et avant tout, homme de spectacle... Donc alors que les films plus importants, dépassant les dix minutes, commencent sérieusement à faire leur apparition, Edwin S. Porter se dit qu'il serait temps de s'atteler à ce que le cinéma se fasse l'écho du théâtre...

Et pour commencer, donc, le metteur en scène engage une troupe de théâtre et loue les décors qu'elle a construits pour sa Case de l'oncle Tom. L'idée est simple: le public connaît la pièce par coeur (son succès de plusieurs décennies ne se dément pas), et en lui en proposant un digest fait de tous les "clous" du spectacle, on joue forcément gagnant. Porter, pour faire bonne mesure, ajoute pour chaque "tableau" des intertitres qui rappellent le contexte brièvement, et des inserts lors de la scène finale nous rappellent aussi aux conséquences à grande échelle de cette pièce: l'élection de Lincoln en 1860, la guerre civile en 1861, l'affranchissement des esclaves et la figure dominante de Lincoln font donc une apparition.

Maintenant, quelques mot tranchés sur la pièce, adaptée du roman d'Harriet Beecher Stowe paru en 1851. celle-ci était une farouche abolitionniste, c'était aussi et surtout une W.A.S.P. Le roman, et les versions dramatiques qui s'en inspireront, sont motivées pls par la pitié et la charité chrétienne, finalement, que l'humanisme. D'où le fait que l'expression "uncle Tom" soit aujourd'hui utilisée pour désigner les Afro-Américains qui se situent dans une ligne de relative soumission à l'intelligentsia blanche. Une situation qu'après une présidence Obama, on aurait aimé voir reléguée au passé... Mais le cas de cette histoire est aussi beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît, qu'on le veuille ou non, mais Uncle Tom's cabin, sous quelque forme que ce soit, reste aussi un document qui intègre à tort ou à raison tout un folklore, toute une culture (bien présente ici, à travers les danses en particulier) qui sont non seulement représentées avec respect, mais qui en prime ont totalement intégré la culture Américaine en son ensemble... Le cas épineux de cette vieillerie poussiéreuse n'a pas fini de nous intriguer...

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Published by François Massarelli - dans Edwin Porter Thomas Edison Muet
11 février 2024 7 11 /02 /février /2024 10:54

Un seul plan, et la caméra est posée dans la rue. A la façon des Lumière, on imagine donc que la chose soit plutot d'obédience documentaire...

Un temps, on pense que le jeune homme en chemise blanche qui l'a repérée et qui ne bouge pas, se demandant de quoi il retourne (l'objet est sans doute encore un peu mystérieux, après tout), sera le principal sujet du film, mais il n'en est rien...

Car le sujet du film est sur le trottoir: une de ces bouches d'aération, dont de temps à autre, un puissant souffle s'échappe. Donc la dame (accompagnée) à la mode 1901 qui s'avance fort opprtunément vers la caméra (et ça c'est sans doute la preuve que tout ceci n'a rien d'une coïncidence) et passe justement sur la bouche d'aération...

...il se passe effectivement quelque chose, qui nous renvoie au futur glorieux du cinéma. Voilà ce que c'est un gag "vieux comme le monde", ou plutôt "vieux comme le cinéma"!

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Edwin Porter Thomas Edison
10 février 2024 6 10 /02 /février /2024 17:05

Les films Edison quittent leur statut d'invention technologique maline, pour entrer dans le domaine artistique, avec l'arrivée de Porter. Ici, ce dernier, qui vient du monde du spectacle et a intégré au cinéma les attentes probables du public, s'inspire d'un conte célèbre, à la façon dont Méliès (dont il a vu les films, c'est évident) s'attache à utiliser la connaissance par le public de certaines histoires, et de compter sur la façon dont ils vont instinctivement se greffer sur la narration.

Méliès croyait en la nécessité du boniment, qui est souvent indispensable à la compréhension de ses oeuvres, Porter décide de s'en passer, extiment à juste titre que les images et leur enchaînement doivent se suffire à eux-mêmes... C'est donc une étape décisive dans l'histoire de la narration cinématographique et du montage...

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Published by François Massarelli - dans Edwin Porter Thomas Edison Muet
4 février 2024 7 04 /02 /février /2024 09:27

William Heise était l'assistant de W.K.L. Dickson, le premier et principal responsable (on ne disait sans doute pas encore "director" mais ça allait venir) de la prise de vues des films Edison; il était en charge de la photographie, et donc avait quand même un rôle de premier plan, ce qui explique qu'occasionnellement il ait été aussi amené à réaliser des films sous son unique responsabilité. Celui-ci est d'autant plus célèbre qu'il s'agit d'un des plus importants parmi les films Edison: une très grande date en effet.

Il y a un argument, cette fois (on hésite à écrire "une histoire"), à ces quelques secondes. Un homme et une femme sont captés en plan très rapproché, et leurs visages se touchent. Elle parle en souriant, et il l'embrasse un peu, dans une attitude de tendresse évidente. A la fin, il éloigne sa tête comme pour prendre son élan, et lui décoche un gentil baiser sur la bouche...

Les deux protagonistes ne sont pas des inconnus, mais deux acteurs. May Irwin et John C. Rice sont en effet les vedettes d'un triomphe du théâtre populaire de l'époque, The widow Jones; ils jouent ici l'un des "clous" du spectacle, la scène du baiser... 

Et donc, le film inaugure une nouvelle ère du cinéma, puisqu'il se glisse dans l'intimité des gens, même s'il s'agit d'une scène théâtrale. Et il fait mieux que le théâtre, en s'approhant au plus près des protagonistes d'une tendre démonstration d'affection... Pêle-mêle, citons aussi le fait que ce film participe à l'extension du vedettariat de deux acteurs, ce qui est nouveau; d'ailleus le fait d'avoir fait appel à des acteurs est là aussi une nouveauté; enfin, il joue un rôle dans la notoriété d'une pièce de théâtre, ce qu'on n'appelait pas encore de la publicité...

Le public a fait un triomphe au film, qui a aussi attiré l'attention des censeurs de tout poil... Car si le cinéma montrait ces images indécentes, où allions-nous? Ils avaient raison sur un point: les films n'allaient pas s'arrêter à ce modeste baiser...

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Published by François Massarelli - dans Thomas Edison Muet
4 février 2024 7 04 /02 /février /2024 09:19

L'exécution de Mary Stuart, Reine d'Ecosse et prétendante au trône d'Angleterre, sur les ordres de la reine Elizabeth, est un de ces tableaux historiques célèbres, qui ont n avantage certain pour la compagnie Edison: puisqu'on ralise des tout petits films de quelques secondes, il faut quelque chose qui soit immédiat, résolu en quelques secondes, et suffisamment choquant pour qu'on puisse y retourner ou en parler à ses copains/copines, qui voudron à leur tour débourser une pièce de monnaie pour visionner la bande...

Pour réaliser ce "tableau" (ça allait devenir le nom utilisé pour ces scènes élaborées), Edison et ses équipes ont fait appel non pas à W.K.L. Dickson, principal auteur de prises de vues à l'époque, mais à Alfred Clark qui était metteur en scène de théâtre. Il a eu l'idée d'utiliser un truquage que Méliès trouverait à son tour par accident, arrêtant la caméra pour reprendre le tournage après modification des éléments. Bref, la décapitation sans risque était née, le cinéma avait désormais une dimension définitivement sensationnelle, et quant à Mary Stuart, ça ne lui a pas changé sa vie, ni son destin...

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Published by François Massarelli - dans Thomas Edison Muet
4 février 2024 7 04 /02 /février /2024 08:55

Voilà, en une vingtaine de secondes, une belle leçon de cinéma. Etant entendu qu'avec ces images qui, enfin, bougeaient, on pouvait avoir accès au monde à portée d'yeux, les ateliers Edison fonctionnaient en plein et cherchaient des sujets à montrer, qui puissent révéler le monde à tous les cureux qui s'aventureraient dans les arcades près d'un Kinetoscope, une pièce de monnaie à la main pour faire fonctionner la machine... Après les danses sioux des natifs employés par Buffalo Bill, après les muscles de Sandow le culturiste, pourquoi ne pas montrer des pompiers en plein exercice?

Seulement le studio exigu d'Edison étant ce qu'il est, on n'allait quand même pas y mettre le feu, pour appeler les pompiers ensuite... Ce film est donc une tentative assez réussie de reproduction de la réalité à partir d'éléments disjoints, et de moyens de prolonger l'illusion: une échelle, des gestes sûrs, des costumes empruntés, des faux pompiers (des techniciens et ouvriers d'Edison), et une utilisation combinée d'un fond noir et d'un éclairage intense, donnent ainsi l'illusion d'assister à une opération de sauvetage. Le cinéma était né: on pouvait enfin reréer totalement quelque chose de tangible à partir de... rien.

Et le titre, utilisant le terme de Scene, ne nous cache même pas la vérité, il n'aura donc pas fallu longtemps pour comprendre que la destinée du cinéma n'est pas tant de montrer le monde, que de le recréer par la fiction...

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Published by François Massarelli - dans W.K.L. Dickson Muet Thomas Edison
4 février 2024 7 04 /02 /février /2024 08:46

Eugen Sandow (1867 - 1925) était le premier culturiste, ou Body-builder... En temps que tel il était aussi un artiste de foire, se montrant dans des exhibitions, et il avait une certaine notoriété... Ce qui explique ces quelques secondes de film: dans le studio Edison, la "Black Maria", on cherchait justement à reproduire des images qui témoignaient de ce qu'était le monde, et de permettre à tous de pouvoir avoir l'expérience de voir les artistes du monde entier, ou les folklores et les cultures...

Ou les muscles. Car dans les Kinetoscopes, qui étaient je le rappelle des machines de visionnage individuelles, on pouvait aussi se rincer l'oeil. Gageons qu'en exhibant en plans rapprochés le corps de l'athlète allemand, les proto-cinéastes d'Edison savaient ce qu'ils faisaient, et que la chair exposée allait trouver son public, tout comme les mouvements d'Annabelle et de sa danse serpentine... Le cinéma était en route et était déjà un art dans lequel on rappelle le lien entre voir, regarder et voyeurisme...

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Published by François Massarelli - dans W.K.L. Dickson Thomas Edison Muet
4 février 2024 7 04 /02 /février /2024 08:22

"Les films Edison"... Il en va du célèbre homme d'affaires comme d'Elon Musk, ou de Walt Disney: ces gens ont eu du génie, mais leur rôle dans le cinéma, ou les progrès technologiques, est à relativiser. Leur nom prend toute la place, ça c'est sûr... Maintenant la volonté d'Edison de rendre possible le progrès technologique, et à y participer, est aussi indéniable que le fait que Disney, par l'impulsion qu'il donnera à ses équipes, permettra au cinéma d'animation de faire des avancées considérables, même s'il n'en est pas le responsable artistique véritable. Et en cette fin du XIXe siècle, l'image qui bouge est au centre de son attention...

D'un côté, donc, développer un système qui permette non seulement de photographier (ça, on sait faire), mais surtout de restituer le mouvement. Les inventeurs sont nombreux à cette époque, des frères Allemands Skladanovsky, à Louis Le Prince (dont la tentative est la première image mouvante avérée qui éit été conservée), en passant par le farfelu Nadar, ou bien sûr l'anglais Robert William Paul... Edison mettra le paquet pour permettre l'existence d'un système fiable, et qui lui soit propre. Il a effectivement mis la main à la pâte, mais on pense qu'il s'est quand même beaucoup inspiré de dispositifs déjà existants (celui de Edward Muybridge en particulier, l'inventeur du "fusil photographique" qui permettait de capter le mouvement en le décomposant, par exemple les pas d'un cheval au galop). 

Une fois l'invention validée, Edison savait qu'il lui faudrait passer à l'étape suivante, à savoir l'exploitation... Edison aura l'idée d'une formule qui avait du génie: le kinétoscope était en effet un appareil qui permettait à une personne de faire défiler des images prises avec les "caméras" Edison, donc c'était une machine pour un seul consommateur. Edison avait anticipé les possibilités privées de ce qu'on n'appelait pas encore le cinéma, et aussi le voyeurisme qui pouvait fort bien en découler... Mais l'étape cruciale serait réservée à d'autres: les frères Lumière (dont le procédé était, il faut le dire, particulièrement soigné et les images obtenues d'une grande qualité) ont en effet perfectionné de leur côté la projection publique. Et ça ce n'est pas rien...

Revenons donc à ce film, qui est le plus ancien conservé de toute la "production" Edison. Filmé dans le "Black Maria", le studio expérimental de l'entreprise... Souvent, on en verra des versions lentes, car les films Edison étaient souvent tournés assez rapidement, vers 30 ou 36 images par secondes, et la tendance des projectionnistes actuels est de les montrer à 24. D'où des mouvements trop lents (contrairement aux films des années 10, qui eux étaient tournés à 16 ou 18 images par seconde, devenant trop rapides à la vitesse standard actuelle).

On y voit des maréchaux-ferrants s'activer, puis prendre une pause pour boire de la bière... On a l'impression d'assister à une scène captée d'un temps immémorial, à l'époque de la floraison de métiers aujourd'hui quasi disparus... Autant le dire tout de suite, c'est du pipeau: les artisans sont en fait des techniciens d'Edison, et les gestes ont été calculés, répétés, et donc mis en scène. Deux "metteurs en scène" pour un film de trente secondes, bien sûr, c'est un peu beaucoup, mais on est aux temps héroïques... W.K.L. Dickson serait le pionnier Américain du cinéma, finalement, bien plus que Thomas Alva Edison, en comprenant très vite comment créer des situations devant son objectif, qui rendaient les images qui bougent fascinantes pour les futurs spectateurs... Les premiers du moins, car ce qui fascine aujourd'hui, c'est plus le symbole, et cette durable impression de tutoyer un passé disparu rend justement le cinéma indispensable...

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Published by François Massarelli - dans Muet Thomas Edison W.K.L. Dickson
27 juillet 2016 3 27 /07 /juillet /2016 09:12

Dans cette courte comédie, un Français (on le reconnaît comme tel non seulement grâce au titre très explicite, mais aussi par sa barbiche à la Napoléon III) dépose une annonce dans un journal; si on veut se marier avec lui, qu'on le retrouve devant le parvis d'une église... Il attend, et une, puis deux, puis trois, puis... beaucoup de fiancées potentielles font leur apparition. La poursuite, impitoyable, est inévitable.

...Elle est aussi répétitive. Ce sont les débuts du cinéma "commercial", et même un géant (ce qu'il était pour l'époque, n'oublions pas qu'il avait tourné The life of an American fireman et The great train robbery, deux des films les plus influents de la décennie) comme Porter ne sait pas encore trop quoi faire avec ce film, à part une course poursuite débridée. On notera d'une part que le Français n'a pas le beau rôle, prêt à déposer une annonce pour trouver une épouse, n'importe laquelle.

On n'est pas dans une hypothèse contemporaine d'un sentiment anti-Français à la Trump, mais plutôt dans le bon vieux cliché du Fançais inadapté à la modernité, et vaguement consommateur de sexe plutôt que vraiment amoureux des femmes! Ensuite, une fois énoncé le point de départ du film (Mariage, plusieurs femmes, poursuite), rien de nouveau ne se passe, et il est pénible de constater qu'à chaque fois que le décor change, il nous faut passer par la vision de touts les femmes (Elles sont une dizaine) qui traversent l'écran.

Enfin, le film a un écho, réalisé 16 ans plus tard, mais ça, c'est un vrai chef d'oeuvre de la comédie: Seven chances, de Buster Keaton.

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Published by François Massarelli - dans Muet Cinéma premier Edwin Porter Thomas Edison Comédie