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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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4 janvier 2013 5 04 /01 /janvier /2013 10:09

Posons les choses une bonne fois pour toutes: on attend de Tim Burton qu'il se ressaisisse depuis Big Fish. Son adaptation certes réussie de Charlie and the chocolate factory était une récréation dans son oeuvre, suivie d'un film d'animation trop long et trop auto-caricatural (Corpse bride); son adaptation de Sweeney Todd là encore ressemblait à du Tim Burton de grande consommation avec les frissons et l'horreur juste là ou il faut... et depuis, on a eu le pire du pire: son Alice in Wonderland, ou comment faire d'un film un parc d'attractions indigent pour la famille tout en sacrifiant son génie. Joli à voir mais totalement prévisible et vide. Maintenant qu'il est devenu un maître reconnu et adulé, il s'est irrémédiablement assis sur son trône et sa légion d'honneur.

Donc Dark Shadows, dans ces circonstances, représente paradoxalement une bonne nouvelle. paradoxalement, parce que il faut dire qu'on est quand même face à un film réalisé avec métier, avec bon goût, et un manque certain d'implication... Cette histoire de vampire décalé (Johnny Depp), qui reprend place dans sa maison deux cents ans après sa malédiction, pour retrouver ses lointains cousins aux prises avec la même sorcière maléfique, provient d'une série télévisée, le genre d'objet médiatique dont on attend que Tim Burton s'y soit abreuvé quand il était jeune... Le film porte la marque du formatage subi par Burton, et là encore on assiste à un spectacle prévisible, avec l'incontournable déchainement lors des dernières trente minutes, lorsqu'il s'agit de cesser de rigoler et de prendre les taureaux par les cornes, c'est à dire de prendre le méchant -ou la méchante, en l'occurence- en face à face, et faire triompher le bon droit, Disney-style.

Et pourtant, le film recèle de petites joies, comme cette façon que Burton et Depp ont de placer le vampire en porte-à-faux par rapport à l'époque dans laquelle il vient de débarquer, les ruptures de ton, et bien sûr les fringales de Depp, le gentil vampire qui s'excuse avant de massacrer une bande de hippies avec lesquels il vient de fraterniser... ou encore cette recréation tendre et amusée de 1972, incarné par une petite-cousine hip qui s'avèrera être un loup-garou au final...

On retrouve aussi le goût de Burton pour la belle image, mais en plus brutal que dans le film précédent. Son goût pour les couleurs riches de sens, aussi, à travers les costumes d'Eva Green, méchante rêvée et diabolique en rouge et noir, l'un de ses plus beaux rôles d'ailleurs. Helena Bonham-Carter est là bien sûr, qui offre des scènes de comédie joviale avec son personnage de psychiatre alcoolique qui tente d'analyser le vampire. Bon, on est loin de Ed Wood ou Edward Scissorhands, voire de Sleepy Hollow, mais au moins, on n'a pas le sentiment d'avoir trop perdu son temps, même si le final et le statut d'adaptation de série du film nous autorise à craindre... une suite, et ça, non ce ne serait pas une bonne nouvelle.

Reste un détail, qui me frappe, même si on pourrait considérer ça comme une goutte d'eau: le crédit de Burton (Qui reste fidèle à cette belle tradition de débuter un film par un générique, c'est dommage que ce soit devenu si rare), Directed by... , arrive sur un plan qui contient... une bicyclette. Et alors? L'accessoire renvoie pour moi à Pee-wee's big adventure, un film qui certes est un ratage total, mais c'était le premier long métrage du maître, et ce clin d'oeil peut être un peu le message subliminal d'un réalisateur enfermé dans ses propres carcans, et qui tente de se reconstruire en prenant les choses à la racine: adaptation d'une série télé, retour à sa propre jeunesse, histoire gothique d'outsider... après tout, le prochain film de Burton n'est-il pas un remake de son moyen métrage Frankenweenie? Un autre retour aux sources, encore plus explicite celui-ci... Allez, on lui laisse encore dix ans pour nous convaincre à nouveau.

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Published by François Massarelli - dans Tim Burton
8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 18:36

Après Sleepy Hollow, Tim Burton s'est attaché à tenter de retrouver l'esprit des réalisateurs de studio de l'age d'or, acceptant pour commencer une commande, qui est sans aucun doute l'un de ses plus mauvais films, Planet of the apes, remake inutile. Puis vint Big Fish, le film incompris: on ne l'attendait pas, celui-ci, habitués à voir en Tim Burton le réalisateur qui s'éloigne systématiquement de notre monde, et de ses joies et peines quotidiennes, pour créer d'autres univers, marqués par la noirceur, la mort, le rire grinçant, et les contes de fées détournés... Donc le film sur la difficulté à perdre son père qu'on n'a jamais compris, on ne pouvait pas s'y attendre... Sauf que. 'une part, ce film est partiellement motivé par une relation pas toujours facile entre Tim et son papa, et d'autre part le principal sujet, au-delà du lien entre un homme et sa famille, reste bien sur le pouvoir absolu de l'imagination, qui va non seulement embellir la vie, mais surtout la recréer, à tel point que si on invente suffisamment d'histoires, aussi délirantes soient-elles, elles finiront toujours par avoir un semblant de vérité.

Bien sûr, le film est situé dans le Sud des Etats-unis, dont le folklore est particulièrement basé sur le mensonge et ce qu'on appelle des "tall tales", des histoires si exégérées qu'il est impossible d'y accorder le moindre sérieux. on apprend, que Ed Bloom, le père de Will (Qui s'est manifestement exilé à paris, pour ne plus avoir de vrai contact avec son père qu'il ne supporte plus, qu'il accuse de tout ramener à lui) va mourir. Le fils va donc renouer avec le père pour ses derniers jours, et grâce à la complicité de sa femme, Joséphine, et de sa mère, il va écouter son père qui lui raconte, et nous raconte sa vie dans les années cinquante, puis soixante, d'éternel affabulateur qui a certes bourlingué.

L'imagination au pouvoir, donc: C'est la leçon qui est donnée à Will Bloom (Billy Crudup), qui au moment ou il perd son père (Albert Finney), en vérité, le retrouve, et peut enfin croire en toutes ses histoires, même les plus invraisemblables, qu'elles parlent de sorcières qui prédit la mort, de géant qui fait peur à une ville, de guerre gagnée par un seul homme, de deux siamoises qui partagent la même paire de jambes, de femme nue qui vit dans la rivière, ou de crue-minute... Et à la fin, une fois le lien recréé, même après la mort, la vie est finalement belle, et a trouvé son but: l'immortalité de l'homme, celle du conteur. Donc non seulement c'est un film qui appartient totalement à Tim Burton, mais plus encore, c'est son dernier grand film... en attendant les prochains?

 

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Published by François Massarelli - dans Tim Burton