Tom souhaite manger Jerry, mais dans l'agitation d'une poursuite, se retrouve face à son rival. Du coup les deux chats vont devoir se battre pour gagner le droit de mange la souris...
C'est un chef d'oeuvre: l'animation est à son top niveau, il suffit de voir, dans la premire minute, la foule de détails qui permettent de cerner la personnalité de Jerry, chaque geste voire chaque frémissement... Et cette excellence dans l'animation va rester la règle jusqu'à la dernière seconde: les années 40; pour le département "cartoon" de la MGM, étaient vraiment l'âge d'or.
Maintenant, il y a de façon évidente des différences essentielles entre Hanna et Barbera et Tex Avery, même si les trois réalisateurs ont toujours dit avoir maintenu une certaine émulation de studio à studio, plutôt qu'une compétition: et la principale différence reste dans le fil rouge narratif: si Avery prenait en permanence le risque de le perdre en accumulant les digressions, les ruptures de continuité, les entorses au quatrième mur et les non-sequiturs (notamment l'état des personnages, par exemple après une explosion, qui retrouvaient leur physionomie normale en passant au plan suivant), Hanna et Barbera ont toujours pris le parti de garder une continuité solide, et d'y inscrire les gags sans trop déborder... Il n'empêche, ça donne d'excellents résultats ici.
Enfin, on ne peut pas l'ignorer, si derrière Tom et Jerry se cache une impression de violence extrême, dans ce film c'est sans doute à son plus violent! Et non seulement c'est violent, mais chaque gag nous rappelle à l'idée de nourriture. Quand Jerry se cache pour échapper aux deux féins, c'est dans une boîte de sardines... Quand Tom assome son rival c'est avec une poêle. Eh oui, le but c'est quand même qu'un des personnage en croque un autre...
Voulant échapper aux dents acérées de Tom, Jerry la souris se réfugie... sous une poule. On n'ira pas plus loin, la source de gags et la possibilité de faire tournoyer l'action et la violence dans le film sont toutes trouvées: c'est que Tom va avoir des difficultés, non seulement avec sa victime potentielle habituelle, mais aussi et surtout avec la bête...
C'est fou comme une poule de dessin animé peut être intelligente, en fait: celle-ci tient tête au chat sans aucune espèce de problème et Jerry va en profiter grandement. Comme d'habitude, le cadre défini dès le début (dans une version cette fois rurale) ne variera pas, et les deux metteurs en scène vont au bout de leur exploration de cette saga à plumes...
Ayant sans doute compris assez tôt que leurs deux personnages avaient une forte personnalité, instantanément reconnaissable l'un et l'autre, Hanna et Barbera passeront toute la période durant laquelle ils présideront aux destinées de Tom et Jerry à les confronter à des espaces distincts dans lesquels ils seront les seuls protagonistes...
Ainsi, ce film oppose les deux ennemis dans un bowling, où toute possibilité et toute combinaison sont dûment explorées, avec toujours l'idée, rigoureusement respectée, que Tom initie les hostilités, poussant Jerry à répliuer avec ingéniosité. On notera que si Tom et Jerry sont toujours extrêmement violents, avec des boules de bowling ça devient particulièrement évident!
Tom et Jerry vaquent à leurs occupations, c'est-à-dire que le chat s'amuse à exercer son pouvoir de domination sur la souris, quand un événement inattendu se produit: une voisine demande à Mammy Two-Shoes de garder... une jolie petite chatte. Tom tomb instantanément amoureux. De jouet, Jerry devient une offrande potentielle, ce qui change la donne...
Bien qu'un autre félin se soit introduit entre les deux compères, le film ne s'intéresse pas plus que ça à cette nouvelle velue. Le premier atout de ce cartoon, c'est bien sûr le ridicule absolu avec lequel Tom va tenter de se rendre séduisant, puis le clou sera la façon dont Jerry ridiculisera le chat en utilisant un phonographe hi-tech, qui va nous permettre d'assister à une séance de torture en musique: Chinoise, ragtime, tout va y passer...
Tout commence de façon classique: Tom poursuit Jerry avec insistance, dans la maison, et Jerry échappe en permanence, de peu, à un massacre... Mais l'un et l'autre vont trouver un ennemi commun: un animal massif, encombrant, et particulièrement obtus... Un GROS CHIEN!
C'est un de ces bouledogues de dessin animé, ces sales bêtes qui portent en eux les stigmates de la bêtise dans toute sa splendeur... Vous avez remarqué que ces gros chiens (dont leurs maîtres vous diront bien entendu qu'ils sont adorables et qu'il n'y a pas plus conciliant) sont toujours des grosses brutes dans les cartoons? Une seule exception à cette règle, Marc Anthony, le chien de Chuck Jones qui adopte un chaton. Mais reprenons...
Bref: Tom et Jerry, devant un ennemi commun, s'allient avec ingéniosité, et c'est assez étonnant. Mais depuis le début de la série de dessins animés, on le savait que ces deux-là s'adoraient... à leur façon.
Tom le chat a pris une mauvaise habitude: il écoute une émission de radio qui raconte aux enfants des histoires à dormir debout... Et comme il est particulièrement impressionnable, ça donne à Jerry la souris, qui a tout vu, l'idée de jouer un bon tour à son pire ennemi...
C'est un ressort comique assez traditionnel, qu'on a déjà souvent vu, chez Hal Roach par exemple: Harold Lloyd, Laurel et Hardy ou Charley Chase ont tous eu droit à leur "film de fantômes" à un moment ou un autre. Ce qui est intéressant, en plus du fait que le film soit évidemment soigné et très drôle, c'est le fait que Jerry la souris se définit de plus en plus comme étant le véritable meneur du duo.
Mais rappelons qu'il s'agit d'un court métrage de "Tom et Jerry", pas de Jerry seul: le film prend le parti de révéler le pot-aux-roses à Tom à peu près à la moitié, ce qui relance de façon très agressive la rivalité entre les deux...
Une petite faim nocturne de Jerry la souris, qui mène à une autre petite faim nocturne, de Tom le chat: dans ce film, le premier effort "conscient", après le succès mérité de Puss gets the boot, Hanna et Barbera ont complètement évité le thème du chat qui souhaite manger la souris... Et en tirent un effet maximum, en campant une souris qui souhaite juste vivre sa vie, et un chat dont la tâche naturelle est de l'empêcher justement de le faire!
Tout est en place dans ce superbe court métrage, où Jerry assume désormais le rôle principal et récupère une grande dose de sympathie du public, mais ça n'enlève rien à la réussite du personnage de Tom le chat (qu'on entend encore se faire appeler Thomas par la bonne "Mammy Two-Shoes"), un chat débonnaire et foncièrement sympathique, mais qui peut être particulièrement menaçant si l'envie lui en prend... Même si comme ça va vite devenir une habitude il s'en prend vraiment plein la figure à la fin du film!
Ce film n'est après tout que le 20e court métrage de Tom & Jerry. Dans cette excellente période, qu'est-ce qui peut bien le distinguer des autres? D'une part, l'intrigue, qui même si elle amène les deux animaux à se battre de façon assez musclée comme d'habitude, est motivée par un élément inédit: Tom joue au golf, et a une folle envie d'associer Jerry à ce sport de plein air, si possible en mettant la souris entre le club et la balle. Et donc, qui dit plein air, dit sortir du ron-ron domestique, ce que le chat et la souris ne font pas beaucoup...
Et d'autre part, leur habituelle façon de gérer leurs rapports conflictuels se nourrit justement cette fois de leur environnement renouvelé. Disons que l'un et l'autre, dans les coups, bosses, horions et autres brutalités mutuelles qu'ils se prodiguent, rivalisent d'invention sadique. La palme revient quand même à ce qui arrive lorsque Tom, une paille, un entonnoir, un plan d'eau, et un essaim d'abeilles dépêché par Jerry se rencontrent...
Ce film est tout bonnement une merveille de bout en bout, qui prouve alors que dans d'autres lieux, des animateurs Américains planchent sur les aventures révolutionnaires et privées de scénario d'un coyote malchanceux confronté à une proie impossible à attraper, que le dessin animé, c'est d'abord du mouvement, ensuite de la violence, et... c'est tout. Pas un gramme d'intrigue ici, c'est juste 7mn et 30 secondes de poursuites, de coups, de bosses. Tom pourchasse Jerry qui fait alliance avec un canari, et le chat s'en prend plein la figure. Le cartoon, qui s'arrête au bout de son temps réglementaire, aurait d'ailleurs pu continuer très longtemps sans que rien ne change!
A noter, une nouvelle trace de la concurrence amicale que se livraient Hanna et Barbera d'un côté, et Tex Avery de l'autre, lorsque ces deux unités d'animation travaillaient côte à côte à la MGM: les déformations en cascade de la physionomie de Tom, qui sortent largement du raisonnable...
De tous les films des années 40 parmi les Tom and Jerry à avoir décroché la timbale de l'Oscar, c'est celui-ci le moins intéressant. Malgré tout, il est souvent programmé, et il a atteint le statut de classique, mais son pedigree de parodie même est ce qui le différencie. Non qu'il soit mauvais, loin de là! Mais Dr Jekyll, c'est peut-être une barre placée assez haut, et le film abandonne assez vite ce chemin pour devenir systématique... Tom a en effet une idée de génie pour se débarrasser de Jerry: il va concocter un poison ultime. Mais n'ayant aucune connaissance ni en chimie, ni en alchimie, ni en magie ou en meurtre, le chat confectionne en réalité un breuvage qui va transformer la souris en... super-souris.
C'est plaisant; c'est même drôle, mais le reste du film est finalement entièrement soumis à cette idée: Jerry boit, devient une super-souris, perd ses pouvoirs, reboit, etc...