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Un touriste d'une obscure république des Balkans arrive à New York, à l'aéroport John F. Kennedy. Il y a un problème: son passeport est refusé. Après un temp, Viktor Navorsky (Tom Hanks) apprend que son pays a été l'objet d'une révolution soudaine, et le gouvernement Américain a pris la décision de mettre en standby toute immigration ne serait-ce que pour quelques jours... Il est donc obligé d'attendre à l'aéroport, ne pouvant ni être admis à le quitter, ni être renvoyé dans son pays en raison de l'incertitude. Les officiels de l'aéroport, ainsi que les gens qui y travaillent, à tous les niveaux, vont devoir faire avec sa présence...
Totalement inattendu à l'époque de sa sortie, ce film est devenu un peu l'un des vilains petit canards au regard de sa situation: même après des oeuvres aussi exigeantes et ambitieuses que The Color Purple, Schindler's list ou Saving private Ryan n'ont pas préparé le grand public à ce que l'auteur de Jurassic Park réalise l'histoire d'un homme coincé entre l'Europe en mutation, et l'Amérique frileuse, sans aucune scène spectaculaire, ni invasion d'alien! Mais Spielberg, héritier éternel de Ford, Capra, Wellman, Curtiz et Hitchcock, souhaitait aussi questionner les valeurs Américaines d'accueil, et le rayonnement international du pays, à travers cette histoire d'un homme coincé dans un aéroport... Et en cette époque troublée, 3 ans après le 11 septembre, c'était vraiment approprié.
Pourtant le film est basé sur une histoire totalement Européenne: un réfugié Iranien a en effet du attendre 18 ans à l'aéroport Charles de Gaulle, ayant perdu son passeport de réfugié: au moment où le film sortait, il y était d'ailleurs encore pour deux ans... Mais Viktor Navorsky, venu pour une mission affective et familiale d'une importance capitale à ses yeux, sera en butte à la frilosité d'un personnel administratif incarné par l'excellent Stanley Tucci. Le directeur de l'aéroport est en effet constamment persuadé que la seule façon de traiter les cas d'immigration est la méfiance... Il est même prêt à pousser Viktor à s'échapper de l'aéroport de manière à ce qu'il ne puisse être responsable de lui. Il incarne à merveille l'amérique des années Bush...
De son côté, Navorsky est un prétexte pour Hanks et Spielberg de rendre un hommage assez clair à Jacques Tati: Viktor navorsky, incapable au début du film d eparler ou de comprendre l'anglais, est un électron libre, très libre même au vu de son esprit, lâché dans un univers qu'il rend immédiatement absurde de par sa seule présence. Cet aspect sera surtout palpable dans les premières minutes du film, qui installent une ambiance mi-amère (Viktor est, après tout, un indésirable dans ce pays), mi-burlesque (Viktor est dans un entre-deux, et observe, et nous fait observer avec lui ce qui fait un aéroport). Mais on est quand même dans un feel good movie, assez classique, dans lequel une bonne part de l'intrigue sera véhiculée par la parole, c'est le prix à payer...
Mais seul un dialogue, probablement, pouvait faire passer une étonnante histoire qui crée une attente chez le spectateur: pourquoi Viktor se retrouve-t-il à New York, avec une boîte de conserve? Nous l'apprendrons, et c'est une jolie histoire, d'ailleurs liée à un fait authentique, une mythique photo de Harlem en 1958, sur laquelle sont rassemblés quelques-uns des jazzmen les plus importants de l'époque. Je vous laisse découvrir cette étonnante odyssée d'un homme à la recherche d'un moyen de finir son deuil, qui nous permet en prime de bénéficier de quelques images et de quelques sons du grand Benny Golson, l'un des très grands saxophonistes ténors, qui s'est laissé convaincre d'apparaître dans le film. en parlat de musique, John Williams, qui a montré l'etendue de sa versatilité avec un score extraordinaie dans Catch me if you can, s'amuse comme un gosse à saupoudrer une partition très légère, d'épices héritées d'Europe de l'est...
Et pour le reste, on s'attachera à cette histoire tranquille et tendre, qui prend son temps, qui permettra à Viktor Navorsky de passer à côté d'une histoire d'amour avec Catherine Zeta-Jones (Hulot, jusqu'au bout), dans un décor certes immense, mais qui reste quand même unique, une zone de transit où un homme a du s'installer contre son gré, avant de pouvoir enfin faire ce qu'il était venu faire: célébrer la culture admirable du pays qui aurait du l'accueillir, mais...
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