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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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28 juin 2023 3 28 /06 /juin /2023 15:54

Un touriste d'une obscure république des Balkans arrive à New York, à l'aéroport John F. Kennedy. Il y a un problème: son passeport est refusé. Après un temp, Viktor Navorsky (Tom Hanks) apprend que son pays a été l'objet d'une révolution soudaine, et le gouvernement Américain a pris la décision de mettre en standby toute immigration ne serait-ce que pour quelques jours... Il est donc obligé d'attendre à l'aéroport, ne pouvant ni être admis à le quitter, ni être renvoyé dans son pays en raison de l'incertitude. Les officiels de l'aéroport, ainsi que les gens qui y travaillent, à tous les niveaux, vont devoir faire avec sa présence... 

Totalement inattendu à l'époque de sa sortie, ce film est devenu un peu l'un des vilains petit canards au regard de sa situation: même après des oeuvres aussi exigeantes et ambitieuses que The Color Purple, Schindler's list ou Saving private Ryan n'ont pas préparé le grand public à ce que l'auteur de Jurassic Park réalise l'histoire d'un homme coincé entre l'Europe en mutation, et l'Amérique frileuse, sans aucune scène spectaculaire, ni invasion d'alien! Mais Spielberg, héritier éternel de Ford, Capra, Wellman, Curtiz et Hitchcock, souhaitait aussi questionner les valeurs Américaines d'accueil, et le rayonnement international du pays, à travers cette histoire d'un homme coincé dans un aéroport... Et en cette époque troublée, 3 ans après le 11 septembre, c'était vraiment approprié.

Pourtant le film est basé sur une histoire totalement Européenne: un réfugié Iranien a en effet du attendre 18 ans à l'aéroport Charles de Gaulle, ayant perdu son passeport de réfugié: au moment où le film sortait, il y était d'ailleurs encore pour deux ans... Mais Viktor Navorsky, venu pour une mission affective et familiale d'une importance capitale à ses yeux, sera en butte à la frilosité d'un personnel administratif incarné par l'excellent Stanley Tucci. Le directeur de l'aéroport est en effet constamment persuadé que la seule façon de traiter les cas d'immigration est la méfiance... Il est même prêt à pousser Viktor à s'échapper de l'aéroport de manière à ce qu'il ne puisse être responsable de lui. Il incarne à merveille l'amérique des années Bush... 

De son côté, Navorsky est un prétexte pour Hanks et Spielberg de rendre un hommage assez clair à Jacques Tati: Viktor navorsky, incapable au début du film d eparler ou de comprendre l'anglais, est un électron libre, très libre même au vu de son esprit, lâché dans un univers qu'il rend immédiatement absurde de par sa seule présence. Cet aspect sera surtout palpable dans les  premières minutes du film, qui installent une ambiance mi-amère (Viktor est, après tout, un indésirable dans ce pays), mi-burlesque (Viktor est dans un entre-deux, et observe, et nous fait observer avec lui ce qui fait un aéroport). Mais on est quand même dans un feel good movie, assez classique, dans lequel une bonne part de l'intrigue sera véhiculée par la parole, c'est le prix à payer...

Mais seul un dialogue, probablement, pouvait faire passer une étonnante histoire qui crée une attente chez le spectateur: pourquoi Viktor se retrouve-t-il à New York, avec une boîte de conserve? Nous l'apprendrons, et c'est une jolie histoire, d'ailleurs liée à un fait authentique, une mythique photo de Harlem en 1958, sur laquelle sont rassemblés quelques-uns des jazzmen les plus importants de l'époque. Je vous laisse découvrir cette étonnante odyssée d'un homme à la recherche d'un moyen de finir son deuil, qui nous permet en prime de bénéficier de quelques images et de quelques sons du grand Benny Golson, l'un des très grands saxophonistes ténors, qui s'est laissé convaincre d'apparaître dans le film. en parlat de musique, John Williams, qui a montré l'etendue de sa versatilité avec un score extraordinaie dans Catch me if you can, s'amuse comme un gosse à saupoudrer une partition très légère, d'épices héritées d'Europe de l'est...

Et pour le reste, on s'attachera à cette histoire tranquille et tendre, qui prend son temps, qui permettra à Viktor Navorsky de passer à côté d'une histoire d'amour avec Catherine Zeta-Jones (Hulot, jusqu'au bout), dans un décor certes immense, mais qui reste quand même unique, une zone de transit où un homme a du s'installer contre son gré, avant de pouvoir enfin faire ce qu'il était venu faire: célébrer la culture admirable du pays qui aurait du l'accueillir, mais...

 

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Published by François Massarelli - dans Steven Spielberg Tom Hanks Comédie
30 juin 2021 3 30 /06 /juin /2021 17:17

Les Washowski ne sont pas simples: leurs films sont souvent un écheveau complexe reposant au mieux que des structures liées à deux univers au moins, quand ce n'est pas comme dans leur série Sense8 sur huit personnages, mutants sensoriels interconnectés... On connaît Matrix et ses héros qui se déguisent en ninja du futur (gros manteau en cuir et lunettes de grosses mouches) dans le but de passer inaperçu, mais Matrix a été un énorme succès (pourquoi d'ailleurs, ça me dépasse). Pas Cloud Atlas.

D'ailleurs, ce film de 2013, qui a quand même du beau monde au générique, a droit à sa recherche "explication de Cloud Atlas" sur Google. Pas de panique, il y en a pour beaucoup de films, et pas forcément uniquement pour ceux qui sont complexes! De fait, Cloud Atlas est à la fois complexe par sa structure et ses ambitions, et simple comme bonjour. La preuve?

Complexe: six histoires, avec une récurrence des mêmes acteurs dans des rôles systématiquement différents. En bonus, les actrices et acteurs échangent parfois leur identité sexuelle, et les histoires n'ont intrinsèquement pas de lien entre elles, si ce n'est un personnage, par-ci, par-là. Chaque histoire est égrenée sur l'ensemble de 172 minutes, en ordre chronologique, et les liens de transitions sont à la fois arbitraires et thématiques, jouant souvent sur l'effet et les associations d'idées. Ainsi, quand dans une des histoires un personnage est tué, puis glissé dans le four d'un crématorium, la séquence suivante, appartenant à une autre narration, nous montre les restes d'un incendie. Des personnages "répondent" aux questions des protagonistes d'une autre intrigue, et les "points" marqués dans leur progression par les personnages semblent également bénéficier à leurs collègues d'un autre arc narratif...

Ce qui nous rappelle furieusement quelque chose, à nous autres qui étudions de près le cinéma muet, mais n'allons pas trop vite.

Simple comme bonjour: chaque intrigue se situe dans une époque clairement définie (de 1845 au 25e siècle) des personnages ont des problèmes, ils tentent d'y remédier, et ils y parviennent... Plusieurs couples (Doona Bae et Jim Sturgess, Tom Hanks et Halle Berry, Jim Broadbent et Susan Sarandon, Ben Whishaw et James D'Arcy) se maintiennent d'une intrigue à l'autre pour triompher à la fin, et sinon les méchants sont systématiquement Hugh Grant et Hugo Weaving... 

Le film passe d'un genre à l'autre, avec une thématique forte mais simplissime (apprentissage et acquisition de la liberté, triomphe du bien sur le mal, triompher de la lâcheté, découvrir un complot mondial, ne pas être bouffé par des cannibales, etc), et sans jamais se restreindre sur le bizarre ni sur la comédie. Il en résulte une poésie du trop plein, qu'on ne va pas condamner trop vite (et Kubrick? Et Gance? ...Et Griffith, alors?) parce que tant qu'il y aura des artistes pour trouver un budget aussi pharaonique pour faire des films aussi uniquement étranges, qu'importe qu'il y ait des moments de ridicule absolu, après tout ça témoigne encore d'une certaine vivacité du septième art.

Oui, un art.

 

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Published by François Massarelli - dans Washowski Science-fiction Tom Hanks
20 décembre 2020 7 20 /12 /décembre /2020 09:09

Erie, Pennsylvanie, 1964: quelques fois, il suffit de pas grand chose... Comme un batteur (Giovanni Ribisi) qui se casse la figure en faisant l'imbécile dans la rue, alors que le soir il joue avec son groupe pour un très important "tremplin"! Vous savez, ces "talent shows" qu'on appelait des "radio-crochets" en France... Donc le batteur du groupe de Jimmy (Johnathon Schaech), Leo (Steve Zahn) et ...de leur bassiste dont le nom nous échappe (Ethan Embry) se voit donc obligé de recruter un autre batteur, le fou de jazz Guy Patterson ((Tom Everett Scott). Celui-ci n'aura aucun problème à maîtriser la chanson qu'ils doivent interpréter pour l'occasion, écrite par Jimmy, mais pris d'une pulsion soudaine il en triple le tempo, et... c'est une merveille! Le public devient fou, le groupe (baptisé The Oneders, à la façon des Beatles: "one" + "ders", ce qui donne "the Wonders" mais les condamne pour le premier tiers à se faire appeler "the Oneeders") gagne le premier prix et le succès est au rendez-vous. Guy va rester dans le groupe... Ils vont donc jouer dans un restaurant qu'ils vont remplir, puis enregistrer un single avec un oncle de Guy, puis rencontrer un manager local, puis attirer l'attention d'un label qui leur envoie un émissaire en la personne d'Amos White (Tom Hanks)... Celui-ci va leur permettre de bénéficier de toute l'expérience d'un groupe Américain de 1964, tournées, télévision, et plein d'autres choses encore. Et bien sûr, ce sera sous le nom modifié de "The Wonders"...

Le film, produit quasiment en famille (avec le copain Jonathan Demme qui venait de triompher en compagnie de Hanks et Philadelphia), est une façon pour l'acteur de réfléchir sur la futilité impressionnante du succès, puisqu'évidemment les Wonders ("merveilles") vont devenir une vrai "One-hit wonder", soit un groupe d'un seul tube. L'acteur s'est clairement fait plaisir en réussissant à mobiliser la Fox autour de son projet et s'est vu confier des moyens impressionnants (ce qu'il se refusera pour son deuxième film vingt ans après) pour recréer l'Amérique de 1964... C'est l'une des plus importantes qualités de cette comédie d'ailleurs que de donner à voir l'Amérique telle qu'elle se rêvait à l'époque. On aurait presque l'impression que dans ce monde de 1964, il n'y a pas de Vietnam, que la vie d'un groupe n'est que copinage et plaisir, et que tout est bel et bon, et pourtant...

Hanks s'est plus à truffer son film d'une myriade de petits détails qu'on captera ou pas, et qui offre la possibilité d'autres lectures... Pour commencer, dans ce film on ne connaîtra pas le nom d'un des musiciens, et non des moindres puisque c'est le bassiste: au générique Ethan Embry y est crédité pour le rôle de T. B. Player, un gag mais qui rappelle bien l'anonymat forcé que vivent tant de musiciens, dans une industrie qui choisit ses vedettes. On voit de quelle manière la compétition sera imposée entre l'ombrageux Jimmy, principal compositeur et chanteur des Wonders, et le batteur d'un soir devenu sauveur du groupe, Guy Patterson, auquel Amos White impose un accessoire arbitraire qui va devenir une marque de fabrique: une paire de lunettes noires... Une jeune femme, la petite amie de Jimmy, Faye (Liv Tyler), suit le groupe dans sa tournée et va devoir subir les sautes d'humeur de son petit ami avant de se voir traiter comme de la crotte. Le mot 'groupie' n'est pas loin, et le fait est qu'elle développe de plus en plus une affection visible pour Guy. Et quand elle est malade, Amos White lui donne sans autres commentaires trois pilules sans intervention d'un médecin... Que se serait-il passé si la tournée avait duré plus que quelques mois? Le bassiste, de son côté, a programmé de ne pas finir la tournée, puisqu'il s'est engagé dans l'armée. Comme on s'en doute, il partira au Vietnam. Donc sous la comédie, Hanks n'oublie jamais de montrer des bribes d'un réalisme, qui sont discrètes parce que jusqu'à un certain point, ces jeunes gens vivent, après tout, un conte de fées. Mais un conte de fées avec des chambres d'hôtel, des filles en robe rose qui crient, et des conflits d'ego... Et Hanks, tout juste sorti de Philadephia, envoie une petite allusion au film de Demme en suggérant que son personnage est gay... Comme Brian Epstein, a-t-on inévitablement envie de dire.

Outre la reconstitution, l'énergie déployée pour la comédie est communicative et repose sur un choix d'acteurs très réussi, dans lequel Hanks ne se prive pas d'introduire une bonne part de gaucherie, car tous ces ados ne sont pas forcément très à l'aise en toute circonstances. On évite beaucoup de clichés sur les éventuelles coucheries, et Guy, gentleman jusqu'au bout des ongles, ne profitera pas de toutes les aubaines, sans doute parce qu'il croit longtemps que sa petite amie l'attend à Erie (elle n'a as attendu très longtemps...). L'un des aspects les plus intéressants de ce jeu d'acteurs réside dans le choix d'un réalisme impressionnant pour figurer des musiciens: aucun n'avait le niveau de jouer aussi bien, mais tous ont appris les gestes, résultant dans l'impression que les jeunes acteurs jouent vraiment! Et comme la bande-son a été très travaillée, on assiste au raffinement d'une chanson puisque That thing you do, chanson à la manière des Beatles, évolue en fonction des situations. Ce qui permet d'apporter du crédit à l'idée que ces jeunes musiciens s'améliorent et s'endurcissent...

De toutes façons, le film est aussi et surtout une somme de plaisirs: celui de Hanks de réaliser à sa façon un film, de diriger les acteurs à sa guise et de figurer une Amérique plus belle qu'elle ne le sera jamais; celui des acteurs de s'amuser jusqu'au bout être ces gendres parfaits; celui même de Jonathan Demme d'apparaître discrètement en réalisateur de navets Californiens! C'est sans doute une sucrerie, un feel good movie, il y aurait peut-être à redire sur certaines longueurs, mais c'est du bonheur, et on ne peut s'empêcher qu'ici l'Amérique réécrit un peu son histoire, car à travers la folle équipée d'une troupe de jeunes musiciens propres sur eux, on peut lire la frustration d'une industrie musicale Américaine qui s'est endormie entre 1964 et 1967, au point de se laisser envahir par la compétition Européenne, la fameuse "British Invasion"! Mais ne nous y trompons pas, le succès des Wonders, qui semble durer environ deux ou trois mois, n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan. Le succès tout court? Ce n'est rien, juste un passage, nous dit Tom Hanks le sage... C'est juste un bon moment à passer. Comme le film, tiens!

 

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Published by François Massarelli - dans Tom Hanks Comédie
14 août 2020 5 14 /08 /août /2020 10:45

Le deuxième (et pour l'instant, dernier) film de Tmo Hanks est ce qu'on appelle un feel-good movie, une comédie qui est sensée nous faire sentir mieux et que les esprits chagrins vont balayer du revers d'une main, parce que la vraie vie ce n'est pas ça. Bon.

Maintenant qu'on est entre nous, intéressons-nous à cette petite comédie qui ressemble tant à un film des années 80, sans pour autant être Reaganienne le moins du monde... Ce qu'on attendrait de toutes façons pas du tout de Tom Hanks, il est vrai: le rythme, le montage, et même la musique (sans parler des deux chansons d'ELO, estampillées vintage, qui ouvrent et terminent le bal), tout est comme un musée des films de l'époque, sauf bien entendu que le film se situe fermement en 2011, dans l'énonomie post-récession, et les gens ont... un portable.

Hanks est donc le Larry Crowe du titre, un ancien marin (il était cuistot) qui promène sa bonne humeur dans les allées du magasin de bricolage où il travaille depuis bien longtemps. Divorcé, mais optimiste, seul mais bon voisin, Crowne vivote gentiment jusqu'à ce qu'il se fasse licencier. Il va donc retourner à l'université, et là-bas, sa vie va changer: d'une part il se met à faire du scooter avec des jeunes étudiants, dont la jolie Talia. Ensuite il fait de l'économie de compétition, et il est doué. Enfin, il a rencontré Mercedes Tainot, professeur de littérature et de langage, qui est incarnée par Julia Roberts. Mariée, mais bon, pas pour longtemps...

C'est soigné, vibrant, souvent très élégamment bricolé. Certes, c'est sans doute gnan-gnan, mais parfois on a besoin que voulez-vous... Et puis Hanks est un réalisateur au plus près de ses personnages et ça en deviendrait presque une leçon de la ligne claire en comédie, celle qui n'accepte aucune équivoque en matière de narration ou de point de vue. Enfin, Hanks a participé à des grands films avec des grands réalisateurs, et il en a retiré des leçons: par exemple la scène durant laquelle il se fait virer est un démarquage très soigné d'une scène de Philadelphia, de Jonathan Demme. Et au vu du style de ce film généreux, fait avec enthousiasme, ce n'est pas du tout un hasard...

Et puis ELO, quoi.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Tom Hanks