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28 août 2024 3 28 /08 /août /2024 08:53

Mis en chantier la même année que Father of the bride, pour capitaliser sur l'énorme succès, ce deuxième (et dernier) film de la série aurait pu n'être qu'un pur produit de consommation. Et c'est d'ailleurs de cette façon qu'il est considéré aujourd'hui, quand la MGM a été jusqu'à oublier d'en renouveler le copyright! Le film est donc dans le domaine public, ce qui veut dire qu'il fait avoir de la chance pour en voir une copie décente. Pourtant le film a non seulement eu du succès, mais il est aussi l'un des rares cas de suite appropriée, et réussie!

Le mariage de Fay (Elizabeth Taylor) et Buckley (Don Taylor) n'est pas, pour Stanley Banks (Spencer Tracy), la dernière épreuve: en effet, après avoir souffert de voir sa fille voler de ses propres ailes, il doit maintenant passer à l'étape suivante: devenir un grand-père...

D'autres éléments sont à prendre en compte: la jalousie de la future grand-mère Banks (Joan Bennett) à l'égard des autres grands-parents, qui entendent bien s'approprier le couple et leur futur enfant; les tensions entre les jeunes mariés, et leurs doutes et soupçons... Mais ce qui reste le principal ancrage du film, c'est bien sûr Spencer Tracy, ses humeurs bougonnes (après un démarrage printanier qui le voit limite coquin avec son épouse, c'est bien normal après tout), sa philosophie d'un autre siècle...

Oui, car ce qui fait sans doute le sel de ce film, comme du précédent, c'est cet aspect d'irrésistible capsule temporelle, de vision parfaite de la classe moyenne Américaine en 1951. Encapsulé en 81 minutes, pas une de plus...

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Published by François Massarelli - dans Vincente Minnelli
18 février 2023 6 18 /02 /février /2023 11:02

Paris, 1900, on fait la connaissance de Gigi (Leslie Caron), fille d'une cantatrice (qu'on ne verra jamais) et dont l'éducation a été largement confiée à sa grand-mère (Hermione Gingold) et sa grand-tante (Isabel Jeans). Ces deux-là sont des légendes du tout-Paris, des cocottes, ou demi-mondaines: pas des prostituées, non, mais des poules de luxe, des femmes dont le destin évident est d'être entretenues. Et justement, Gigi est éduquée dans ce sens...

Nous faisons aussi la connaissance de Gaston Lachaille (Louis Jourdan), le neveu d'Honoré Lachaille (Maurice Chevalier): Gaston est riche, établi, séduisant, mais tout l'ennuie... Sauf les conversations avec Gigi. Sous l'oeil d'Honoré, rompu aux coutumes de la bonne société (c'est-à-dire grand séducteur lui-même, et constamment vu aux bras d'une ravissante créature ou deux), les deux jeunes gens s'aiment, mais sans nécessairement s'en apercevoir. Leur amour triomphera-t-il des convenances paradoxales d'une société qui accepterait d'eux qu'ils aient une certaine promiscuité, mais pas qu'il se marient?

Je vais le dire de suite: je n'ai jamais adhéré à ce film, qui a tout du chef d'oeuvre officiel: Oscar 1958 du meilleur film, récompenses en pagaille, sélection automatique au festival de Cannes, et un pedigree impressionnant, en tant que dernière superproduction musicale de Arthur Freed pour Minnelli (leur unique collaboration ultérieure, Bells are ringing en 1960 serait nettement plus modeste), et par dessus le marché des extérieurs systématiquement tournés à Paris... 

Le choix de Minnelli pour le tourner s'imposait, en raison des affinités (déjà explorées partiellement dans An American in Paris) du réalisateur pour la période de l'impressionnisme, et la profonde marque de ce style sur l'imagerie du Paris de 1900... Et c'est d'abord en tant que peintre que le metteur en scène a conçu son approche sur ce film, aux costumes, comportements, et jusqu'aux coiffures, impeccables. Cette histoire qui a tout pour être scandaleuse mais ne l'est pas tant que ça, passe d'abord par les salons, où l'on se montre, et les rues, où l'on voyage en voiture à chevaux. On a rarement aussi bien montré une période au cinéma, et avec tant de goût.

Mais voilà, on a beau dire, on a beau faire, impossible de s'intéresser à Gigi et Gaston, impossible de ne pas bailler d'ennui, sauf quand un détail nous fait relever la tête, comme ces soudains arrêts de eu chez Maxim's, qui accompagnent le boniment de l'oncle Honoré, montrant qui s'affiche avec qui... Ou ces quelques conversations relevées entre Isabel Jeans, survoltée, et le reste de l'humanité... Les chansons lassent, le ton très "chic Parisien, revu et corrigé par Hollywood", agace, et l'accent Français de certains protagonistes me hérisse le poil. Donc c'est beau, pas plus.

Mais c'est déjà ça, non?

 

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Published by François Massarelli - dans Musical Vincente Minnelli
16 février 2023 4 16 /02 /février /2023 16:07

Un couple qui s'apprête à se marier prend une décision radicale: celle d'acheter une caravane, une longue, très longue caravane... Quand je dis "un couple prend une décision", il fallait sans doute comprendre que l'un(e) des membres du couple prend une décision...

Le film commence par poser une situation dramatique: la caravane n'a apporté que des ennuis, les amoureux sont fâchés, et madame s'apprête à vendre. Monsieur raconte justement à l'acheteur potentiel les avanies et avaries variées vécues dans la caravane... L'idée du flash-back est excellente, puisqu'elle pose dès le départ qu'il faut s'attendre à des aventures, justement.

Pour le reste, on est en pleines trente glorieuses, et le couple formé à l'écran par Lucille Ball et Desi Arnaz semble taillé pour représenter le conformisme optimiste Américain dans toute sa joviale banalité... La caravane elle-même, bien entendu, les prolonge en représentant leur mariage, ainsi qu'un certain confort matériel assez franchement loufoque! C'est gentil tout plein, et le film entier est basé sur l'accumulation de gags savamment dosés, entièrement basés sur la caravane, justement. Et il est intéressant de constater que, contrairement à la maison préfabriquée de Keaton dans One week, par exemple, la caravane survivra en parfait état à tout ce que subiront ses propriétaires. ...Est-ce pour cette raison qu'on est un peu déçus?

 

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Published by François Massarelli - dans Vincente Minnelli Comédie
15 février 2023 3 15 /02 /février /2023 23:26

Dans un monde habité uniquement par les Afro-Américains, semble-t-il, nous suivons les tribulations d'un couple dont toute la communauté parle: Petunia (Ethel Waters), adorée de tous, a fort à faire avec son bon à rien de mari, Little Joe (Eddie Rochester Anderson): celui-là n'a pas son pareil pour mentir, tricher, fuguer, fricoter et surtout, surtout, risquer l'argent du ménage (gagné par sa sainte épouse) au jeu... Quand le film commence il est supposé s'être racheté, mais pendant l'office religieux, il disparaît, plus ou moins contraint et forcé par des voyous qui  font miroiter un jeu gagnant d'avance... Quand Petunia le récupère, au cabaret de Jim Henry, il vient d'être blessé dans une partie de dés qui a mal tourné...

Petunia le ramène chez elle, mais là, le cas de Joe est sur la balance: quand il mourra, obtiendra-t-il l'enfer, qu'il semble mériter, ou le paradis comme le réclame en prières Petunia, qui affirme que son Joe la rend heureuse? Le film va s'évertuer à nous donner une réponse en montrant les coups tordus tentés par Lucifer Jr (Rex Ingram), le damné qui souhaite sérieusement remplacer son père...

Un film comme celui-ci serait-il possible aujourd'hui? ...Et pourquoi pas? Mais pas par un Minnelli, encore moins par un studio aussi frileux que l'était la MGM de l'époque! On ne va pourtant pas se plaindre de ce que cette comédie musicale, montée à Broadway par des blancs mais entièrement interprétée par des noirs, ait été confiée à un réalisateur comme Minnelli, on va simplement se plaindre d'un système qui à l'époque empêchait totalement un Afro-Américain de diriger une telle production... 

Je pense que, premier film oblige, c'était une mission confiée par le studio à Minnelli, qui avait d'autres ambitions (son premier film vraiment personnel serait le troisième, Meet me in St Louis): mais il a eu l'intelligence de faire son boulot d'une façon plus qu'irréprochable, en croyant au film, et en fournissant au casting, et à la production un cachet et une classe inimitable. On retrouve son goût, son sens esthétique, le souffle du chorégraphe cinématographique qu'il a toujours été, et il a su laisser les artistes donner le meilleur d'eux-mêmes: et quels artistes! Ethel Waters est fabuleuse, et Anderson fidèle à lui-même... Lena Horne, en tentatrice ("Georgia Brown", certainement very sweet), Rex Ingram en diable magouilleur, jusqu'à Louis Armstrong en vieux démon qui a roulé sa bosse (et sa trompette)... Et n'oublions pas l cerise sur le gâteau, la présence (d'ailleurs soulignée dans les dialogues) de Duke Ellington, qui interprète un Going up d'anthologie, avec des interventions cruciales de Ray Nance (violon), Al Sears (sax ténor) et Lawrence Brown (trombone)!

Certes, le scénario, à l'instar de la pièce, laisse le champ libre à tout un paquet de clichés, parmi lesquels on retrouvera un parler assez folklorique, des offices religieux bruyants, et un "little Joe" dont la passion pour les dés va de pair avec une certaine fainéantise, tout un univers de clichés et de stéréotypes, mais qui sont véhiculés par les acteurs eux-mêmes... Et Minnelli a tenu à associer des leaders noirs et la NAACP à son film. Alors aujourd'hui, certes, cette comédie musicale ne se ferait pas, ou se ferait différemment. Mais on ne va ni la dénigrer ni la brûler, on va se contenter d'y prendre du plaisir, parce que nom d'un petit bonhomme, c'est un classique, un vrai!

 

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Published by François Massarelli - dans Vincente Minnelli Comédie musicale
31 décembre 2022 6 31 /12 /décembre /2022 18:47

Londres: Lord Jimmy Broadbent (Rex Harrison) s'est remarié en rentrant des Etats-Unis, veuf, chez lui à Londres, avec une dame très comme il faut, Sheila (Kay Kendall). Celle-ci n'a jamais rencontré la fille de Jimmy, Jane (Sandra Dee), qui s'apprête à les rejoindre à Londres. Tout aurait été pour le mieux s'il n'y avait eu une malencontreuse conversation avec Mabel (Angela Lansbury), la cousine de Sheila, sur les convenances et les traditions de la bonne société: Sheila est désormais déterminée à présenter sa belle-fille au tout-Londres dans un bal qui lui sera entièrement dédié. Problème: non seulement Jane ne veux pas spécialement participer à la chose et s'y adonne avec peu d'entrain, mais surtout elle et Sheila auront toutes les peines du monde à tomber d'accord sur un éventuel choix de soupirant... Jane souhaite connaître un peu mieux l'Américain David Parkson, un percussionniste de jazz (John Saxon), qui est attiré par elle, alors que Sheila la verrait bien convoler en justes noces avec David Fenner (Peter Myers), qui vient de la noblesse Londonienne, mais est incapable de parler d'autre chose que de la circulation...

Ca sonne très attirant, comme ça, et ça l'aurait sans doute été en d'autres circonstances. Mais Minnelli voulait-il vraiment faire le film? On y trouve quelques relents de l'atmosphère bon enfant mais gentiment satirique de Father of the bride, mais dans ce dernier film l'axe père-fille (Spencer Tracy et Liz Taylor, excusez du peu) était essentiel... Ici, on est supposé s'intéresser autant aux tribulations des deux jeunes, qu'aux frasques et manigances des deux adultes, et compte tenu des acteurs choisis pour les parents, que voulez-vous... Difficile de rivaliser avec Harrison et Kendall! Et de ce déséquilibre naît parfois une difficulté à entrer dans le film pour de bon... 

Par ailleurs, pour un non-Britannique de 2022 (ou 2023, ça fait le même effet!), cette histoire de traditions, forcément, reste un peu étrange à suivre... et plus étrange encore de s'y intéresser totalement! Alors forcément, quand le duo d'acteurs cités plus haut relève le plat, on sent la satisfaction monter! Tout cela sent un peu la source théâtrale, même relevée par la rigueur de Minnelli... Mais les épices de loufoquerie, de jeu comique (la scène merveilleuse durant laquelle ils sont tous les deux occupés à épier leur fille alors qu'elle revient chez eux avec un galant, est le sommet du film) de Rex Harrison et Kay Kendall, valent le détour... C'est l'avant-dernier film de l'actrice, qui ne se savait pas encore atteinte d'une leucémie. Elle est décédée en 1959...

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Vincente Minnelli
23 décembre 2022 5 23 /12 /décembre /2022 09:38

Une crise majeure couve dans une petite institution psychiatrique privée, dont le médecin principal Stuart McIvers (Richard widmark) est très attaché à la notion de faire participer les patients (parfois réunis dans un "conseil d'administration" très convivial) à l'organisation et la vie de la clinique. Les problèmes pourtant existent, entre les patients et leurs médecins et infirmières (une d'entre elles, par exemple, tend à se mêler de trop près de la vie privée de ses patients, notamment l'un d'entre eux dont elle déplore l'alcoolisme); entre les médecins eux-mêmes: des luttes de pouvoir existent en effet entre le docteur Devanal (Charles Boyer) qui travaille pour la clinique depuis 25 ans, et le jeune et dynamique McIvers, et par-dessus le marché l'intendante et comptable de l'établissement, une célibataire endurcie et peu réputée pour sa tendresse, nommée Victoria Inch (Lillian Gish), souhaite manipuler les actionnaires pour influer sur la direction de l'établissement...

A ces problèmes institutionnels viennent s'ajouter des problèmes privés: Stevie (John Kerr), l'un des patients, est troublé et suicidaire, persuadé qu'il ne rencontrera jamais l'amour; Karen McIvers (Gloria Grahame) n'en peut plus de devoir passer après la clinique dans les priorités de son mari; celui-ci est attiré par une jeune professeure d'art plastique, Meg Rinehart (Lauren Bacall), une veuve qui le lui rend bien; et Madame Dévanal (Fay Wray) sait pertinemment que son mari, qui boit, la trompe en permanence (il va même faire une tentative avec Karen) mais elle craint le moment où le reste du personnel va s'en émouvoir...

Ce qui déclenchera le drame dans le film est une histoire de rideaux, qui va être un révélateur impliquant absolument tout le monde: un conflit éclate entre Victoria et Karen, l'une cherchant à économiser sur les rideaux à acheter et l'autre cherchant à imposer sa marque sur la clinique; Meg et Stuart envisageaient de confier la réalisation des rideaux à ses patients, et le Dr Dévanal essaie d'exploiter la situation pour écarter Stuart de la direction de la clinique... Pendant ce temps, Karen se languit de plus en plus de son mari et commence à sortir seule. Le film adopte au fur et à mesure une posture symbolique, tout ce qui se passe dans la clinique devient une métaphore d'une famille en proie à des conflits. A plusieurs reprises d'ailleurs, les patients sont assimilés aux enfants d'un couple qui serait représenté par Stuart et Meg... Cette impression d'intimité familiale est renforcée par les scènes qui font intervenir le quotidien d'un couple, en l'occurrence Stuart et Karen, dans sa vérité: une scène durant laquelle Karen attend fébrilement que son mari vienne la rejoindre dans la chambre, et une autre où Widmark suit son épouse dans la salle de bains, et ils se querellent pendant qu'elle prend sa douche: nous ne voyons que le haut du buste de Gloria Grahame, mais nous savons que Widmark lui, voit son épouse nue. Et pourtant, ni gêne ni ferveur, juste une habitude quotidienne dépourvue de la moindre passion, et probablement du moindre sentiment.

Minnelli est très à l'aie avec une mise en scène qui joue sans effort apparent à la fois du Scope qui était à ses débuts, et des plans-séquence qu'il permet. Dans l'espace de l'institution, il fait jouer ensemble tous ces acteurs chevronnés (et quel casting, au passage! j'ai mis de côté les participations d'Olive Carey et Oscar Levant) ensemble et le drame qui couve et les tensions qui effleurent en deviennent palpables. Le film est aussi baigné de couleurs moins franches et plus subtiles, plus chaudes également, de l'Eastmancolor, Minnelli poursuivant ainsi son exploration magistrale de la couleur et des es nuances, dans un film où la peinture et l'art jouent un rôle non négligeable.

 

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Published by François Massarelli - dans Vincente Minnelli Lillian Gish
18 décembre 2022 7 18 /12 /décembre /2022 16:52

Une compagnie propose à ses clients de répondre à leur place, de passer des messages, et une de ses standardistes, Ella, a pris l'habitude de rendre des services à ses clients  parce qu'elle est bonne comme le pain (comme on dit): elle tombe amoureuse de l'un d'entre eux... Et ça tombe mal parce que la police soupçonne (à tort) que le service est une couverture pour un réseau de prostitution... Pendant ce temps, un escroc tente de se servir de la compagnie pour faire passer des paris illégaux...

Bells are ringing est la réunion de la MGM et de l'immense succès de Broadway de Judy Holliday, dont les chansons avaient été écrites par Comden et Green. plus encore: c'est la toute dernière collaboration musicale de Minnelli avec Arthur Freed pour la MGM!! Et le résultat est...

...Sympathique.

Judy Holliday est l'héroïne, donc, et elle est particulièrement atypique. A la fois douée pour un comique verbal et farfelu, ponctué de gestes incohérents en apparence mais qui à chaque fois sont motivés par ses émotions, elle est constamment intuitive. Je ne sais pas si son style était si approprié pour travailler avec un metteur en scène aussi porté sur le contrôle de ses films que Minnelli... L'actrice fait partie de ces météores, ces artistes partis trop tôt parce qu'ils se sont détruits, parce qu'ils étaient malades, ou qu'ils étaient incorrigibles dans leurs associations. Holliday, pour sa part, était malade (Un cancer, dont elle souffrait déjà lors du tournage de ce film semble-t-il), se détruisait (L'héroïne, la cocaïne, et tout un tas d'autres saletés), et le faisait en compagnie d'un incorrigible junkie, Gerry Mulligan, qui d'ailleurs joue dans ce film.

...Il est amusant.

Elle aussi, parfois, parce qu'elle a quand même tendance à prendre toute la place.

Comden and Green, on ne les présente bien sur plus: d'ailleurs ici, il y a des chansons monumentales, comme The party's over. Ou Just in time, interprétée par Judy Holliday avec Dean Martin.

...Il est saoul.

Tout le temps, et ça se voit.

Et pour finir, on se fait la réflexion: Minnelli, c'est The bandwagon, The pirate, Lust for life, The bad and the beautiful... et Gigi: Oscar du meilleur film en 1958. Au milieu de cette galerie prestigieuse, cet étrange petit film si différent, à la loufoquerie parfaitement assumée (ah, la chanson consacrée au name-dropping!) fait figure de vilain petit canard, ce qui finalement n'est pas si mal!

 

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Published by François Massarelli - dans Vincente Minnelli Musical
17 décembre 2022 6 17 /12 /décembre /2022 23:22

Tony Hunter (Fred Astaire) était un grand nom du show business dan les années trente, mais il est fini... Lassé d'Hollywood qui est manifestement lassé de lui, il rentre à New York et retrouve ses amis les Marton: Lester (Oscar Levant) est compositeur et Lily (Nanette Fabray) écrit des paroles... Ils ont un projet énorme, une comédie musicale qui mettrait en vedette Tony, et qui serait mise en scène par le nouveau prodige de Broadway, Jeffrey Cordova (Jack Buchanan); celui-ci a des idées folles pour le spectacle, ce qui laisse Tony sceptique: une vision sombre, peu compatible avec le style de comédie musicale qui a rendu Hunter célèbre; une intrigue qui louche sur Faust... Et surtout une co-star qui pose un gros problème à Tony: Gabrielle Girard (Cyd Charisse) est en effet une ballerine, et pour le danseur de claquettes, c'est une source de complexes... 

Alors bien sûr que la vision délirante de Cordova sera un désastre, bien sûr que le couple Marton manquera de se déchirer sous la pression de l'intensité des répétitions, et évidemment qu'entre Hunter et Gabrielle, ça n'ira pas du tout, les deux ayant épouvantablement peur de l'autre, Gaby de la stature légendaire de Tony et Tony du savoir-faire de danseuse classique de Gaby... Ils ne s'entendront tellement pas qu'on n'aura aucune peine à voir l'alchimie amoureuse entre eux! ...et du désastre naîtra un succès énorme.

Mais ce que raconte vraiment le film, ce n'est ni le succès ni l'échec, c'est la camaraderie, la solidarité des gens de spectacle, leur capacité à travailler ensemble y compris quand ils le font pour de mauvaises raisons (l'égo surdimensionné de Jeff, le conflit matrimonial des Marton ou bien sûr la rivalité des deux stars qui cache bien mal leur amour gauche...). Le film part d'un constat, celui qui admet qu'une star, justement, a des hauts et des bas. L'intelligence du film est d'une part dans le fait d'utiliser la situation réelle de Fred Astaire, totalement lessivé et remplacé par aussi bien Gene Kelly que Frank Sinatra; on utilise aussi le talent phénoménal de Cyd Charisse, repérée l'année précédente dans une scène fabuleuse de Singing in the rain: pas besoin de doublure quand elle danse... et d'autre part, ici, le bon vieux truc de scénario qui consiste à faire raconter à un film la mise en route d'un projet de spectacle (Gold diggers of 1933, 42nd street, Footlight parade ou encore Give the girl a break sont tous passés par là) est poussé dans ses derniers retranchements avec la présence écrasante de Jeff Cordova qui permet de prolonger la réflexion sur l'évolution du monde du spectacle entamée par la présence d'un vétéran face à une nouvelle venue... 

Et on se retrouverait,  rien qu'en s'en tenant au script, face à un film très complet, mais voilà: les stars d'une part, tous absolument géniaux, et parfaits dans leurs rôles, la musique ensuite (due comme le script à Betty Comden et Adolph Green, et ils ont vraiment mis le paquet: chef d'oeuvre après chef d'oeuvre), et une chorégraphie splendide (Fred Astaire n'est pas Gene Kelly, il a donc fallu faire appel à Michael Kidd qui a su trouver les chorégraphies idéales pour ce petit monde recréé en studio: Kelly n'aurait jamais voulu!), tout se conjugue sous la direction habitée de Minnelli et concourt à accomplir un film dans lequel le monde du spectacle se moque gentiment de lui-même, avec goût, exubérance, et un talent qui explose partout, tout le temps. Comment s'étonner après qu'on le considère comme un tel chef d'oeuvre? Le film est drôle, prenant, sensible et joyeux. Enivrant, sans les effets secondaires d'une boisson alcoolisée, on n'a donc pas besoin de le consommer avec modération, au contraire.

Minnelli, parfaitement à son aise dans ce film, nous rappelle à quel point il avait du talent pour ce genre, auquel il apporte non seulement énergie, une direction d'acteurs sans faille, et sa palette légendaire, avec ce goût prononcé pour les couleurs primaires, et le chic pour en affubler son actrice principale... C'est donc l'un de ses meilleurs films et l'un des meilleurs musicals de la grande époque. 

Car comme disait (presque) Shakespeare:

The world is a stage, the stage is a world of entertainment...

 

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Published by François Massarelli - dans Vincente Minnelli Musical
4 juillet 2022 1 04 /07 /juillet /2022 15:53

Un dimanche... Joe (Robert Walker), un soldat en transit termine une permission à Ne York, d'où il doit s'embarquer deux jours plus tard pour une direction inconnue, probablement l'Angleterre... Il est coincé à la gare, dans la grande ville qu'il ne connaît pas et qui le dépasse. A la faveur d'un incident (il a causé la perte du talon d'une de ses chaussures) il rencontre Alice (Judy Garland), une jeune femme: il l'aide à réparer la chaussure, puis la suit dans un bus, puis ils se rendent dans un parc. De fil en aiguille, il se plaisent et se donnent rendez-vous sous une horloge, pour la soirée...Une soirée qui se prolongera le lendemain.

On pense un peu à Lonesome, de Paul Fejos, qui faisait se rencontrer deux personnes solitaires à Coney Island, alors qu'ils auraient du se rencontrer depuis longtemps et sont clairement faits l'un pour l'autre. Mais ici, le contexte est bien différent, puisque c'est la guerre, et si on croise souvent des gens en uniforme dans le New York du film, on sait que ces soldats, marins et autres, sont tous en sursis. Certains, c'est souligné à plus d'une reprise, vont se marier un peu à la hâte, et ce sera  un coup de tête de deux jeunes gens qui n'ont trouvé que cette solution pour assumer leur attirance, mais se reverront-ils? C'est la grande question qui turlupine Joe et Alice, et à laquelle le film va répondre: s'aiment-ils, et doivent-ils se marier sur le champ, ou s'agit-il d'une envie passagère l'un de l'autre, et dans ce cas ne faudrait-il pas mieux passer son tour? On y pose donc la question de la définition d'un amour face au coup de foudre... Ce qu'une comédie, après tout, est souvent l'occasion de résoudre.

Minnelli, qui s'aventure pour la première fois complètement hors de la comédie musicale, a choisi de coller au plus près de ses protagonistes et de leur escapade de 48 heures. Les deux héros sont donc lâchés dans New York, un dimanche, et vont accumuler les expériences dans des endroits variés, en laissant de plus en plus libre cours à une complicité particulièrement évidente. C'est d'autant plus remarquable qu'ils sont à la fois totalement dissemblables (la femme qui travaille, venue de la cambrousse, certes, mais elle connaît fort bien la grande ville, et le soldat qui vient pour la première fois dans la métropole, et qui ne peut s'empêcher de regarder les gratte-ciels comme un gosse découvrant le pays des merveilles) et rigoureusement complémentaires... Les deux amoureux vont se découvrir à travers une épopée urbaine faite de petits riens: une visite au musée, où Joe par son enthousiasme à narrer une anecdote fait peur aux enfants, puis une conversation juchée sur le socle d'une statue (à chaque fois qu'un gardien s'approche, mine de rien, ils se mettent dans une position plus décente), une virée dans le camion d'un laitier (James Gleason), dont un pneu va éclater: en l'accompagnant pour téléphoner dans un coffee-shop, les trois auront un semblant d'altercation avec un poivrot...

Les lieux sont tous terriblement banals: musée, parc, restaurant, café, jusqu'au laboratoire où les deux amoureux doivent aller effectuer un test sanguin de fortune. Le mariage qui les unira le sera encore plus; et les autres protagonistes se diviseront en gens très affairés, qui sont autant d'obstacles, et des braves gens complices, qui ont repéré avant eux l'amour qui les guette... Et les circonstances (transports en commun, et temps qui passe) seront autant de bâtons dans les roues de Joe et Alice. Mais leur histoire d'amour, rendue sublime par sa banalité et sa simplicité même, prend une résonnance d'autant plus forte que les deux acteurs sont géniaux, de bout en bout. Judy Garland, petit bout de bonne femme d'abord irritée, puis amusée, sera charmée avant longtemps par sa rencontre avec le soldat. Et Robert Walker, stupéfiant de naturel, incarne la fragilité d'un homme qui vient de rencontrer ce qu'il n'attendait absolument pas: l'âme soeur...

C'est donc une merveille, qui anticipe sur les sommets non dansés et non chantés d'un très grand cinéaste, évidemment, et qui a bénéficié de toutes les attentions: Arthur Freed à la production, une photographie superlative de George Folsey (même les transparences réussissent à se faire oublier, et pourtant il y en a!). Et Minnelli, qui sait qu'il est en train de réaliser un film important pour lui, profite de l'occasion pour montrer de quoi il est capable: une ouverture et une conclusion calquée l'une sur l'autre, par un grand mouvement de caméra vers les gens qui s'affairent dans la gare pour commencer, et le mouvement s'inverse pour finir le film, ou encore un plan-séquence parmi d'autres, lorsque les trois "laitiers" se rendent au coffee-shop, où un homme saoul se lâche complètement dans une insupportable logorrhée (C'est Keenan Wynn)... C'est un mélo, c'est une comédie... Disons que c'est une mélodramédie et restons-en là, ça ne lui enlèvera de toute façon rien du tout: c'est un film formidable, c'est tout ce qui compte!

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Vincente Minnelli
20 décembre 2021 1 20 /12 /décembre /2021 18:01

Dave Hirsch (Frank Sinatra), écrivain mais raté, beau gosse mais vaguement alcoolique, quitte l'armée et se retrouve dans un bus... endormi, il est réveillé au moment où il débarque chez lui, dans la petite (tout petite) ville de l'Indiana, où il a grandi, et où il n'avait vraiment pas prévu de revenir. Et la soirée précédente a dû être endiablée, puisqu'il se retrouve flanqué d'une ravissante mais très encombrante jeune femme: Ginnie (Shirley McLaine) l'a suivi sur un coup de tête, on se demande bien ce qu'il lui avait promis...

Installé bien malgré lui, il reprend contact avec son frère, le très raisonnable joaillier Frank (Edward Kennedy); celui-ci lui présente une jeune femme, Gwen French (Martha Hyer), avec l'intention que David soit séduit par la rigueur de la jeune femme, mais il semble plus séduit par une rencontre avec un joueur local, Bama Dillert (Dean Martin). Entre les parties endiablées de poker avec ce dernier, les tentatives embarrassées de séduction de Gwen, les soirées à boire avec Ginnie, et une relation compliquée avec sa famille, Dave va-t-il renouer avec son talent d'écrivain?

Magnifié par la musique superbe d'Elmer Bernstein, ce film se hisse sans aucun effort au sommet des productions mélodramatiques de Minnelli, sa deuxième carrière presque, des films souvent pesants (The four horsemen of the apocalypse, Home from the hill) et longs, mais celui-ci est juste parfait. L'alchimie entre la mise en scène et le Cinemascope, dont Minnelli est un technicien aguerri en cette fin des années 50, entre les acteurs (Dean Martin et Sinatra sont déjà copains même si c'est leur premier film ensemble) et les actrices (Shirley MacLaine n'en finissait pas de débuter, mais elle est fantastique), tout fonctionne à plein régime dans un film au rythme sûr, qui jamais ne sonne faux... 

Le drame de Dave Hirsch n'a pas besoin d'être expliqué, quand il arrive à Parkman, Indiana, on comprend assez vite que la ville n'est pas le lieu idéal pour son épanouissement culturel. Il va pourtant y rester et longtemps hésiter entre la facilité des rapports humains avec la simplissime Ginnie, et l'ambition d'écrire, qui va être ravivée par sa rencontre avec l'enseignante Gwen... Ginnie, pour laquelle l'expression "ravissante idiote" semble avoir été inventée, est le personnage le plus fascinant du film... D'abord dédaigneux, Dave se fait vite à elle, à son enthousiasme simple, à son amour inconditionnel aussi. A la fin du film, après un climax tragique parmi les plus intenses qu'il m'ait été donné de voir (et que je ne décrirai pas!), la caméra s'éloigne d'un cimetière pour cadrer la statue d'un ange. Mais nous l'avons, nous, déjà rencontrée: elle s'appelle Ginnie. Ce film dans lequel Minnelli dissèque sous nos yeux les relations compliquées entre l'hypocrisie des gens comme il faut et les tentations des autres est l'un de ses meilleurs, on s'en doute.

 

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Published by François Massarelli - dans Vincente Minnelli