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23 juillet 2023 7 23 /07 /juillet /2023 15:06

Dans un coin rural très reculé, vit une petite famille. Johanna (Mary Pickford) est la fille de la maison, et elle n'a que très peu de temps libre, entre les tâches ménagères et le jardin. Néanmoins elle est heureuse si ce n'est qu'elle rêve d'un prince charmant... Alors quand un groupe de soldats en manoeuvres, et en formation avant de partir sur le front, viennent s'installer sur la propriété, elle commence à s'intéresser à tous ces militaires, dont certains ne sont pas indifférents à son charme rustique...

C'est une comédie légère, mais le thème patriotique, bien que subtil, y est bien présent. Mary Pickford, et avec elle Douglas Fairbanks et Charles Chaplin, était du reste très impliquée dans la propagande de l'effort de guerre, et on retrouve ici (comme dans le film The little American de Cecil B. DeMille sorti l'année précédente) une sorte d'évidence: il faut s'engager en Europe...Mais force reste à la comédie, avec ce portrait comique d'une jeune fille un peu plus âgée que d'habitude, mais pas beaucoup plus dégourdie que ses rôles coutumiers...

Car Johanna n'est pas une petite fille, et le film est l'histoire de son éveil, aussi, de sa trasformation enfin. Johanna aspire à l'amour, à devenir adulte ou du moins à être traitée comme telle... Mais pour ses soupirants (dont Douglas MacLean et Monte Blue) elle EST une femme... La comédie passe par des moments cocasses, et l'un d'entre eux quoique bien innocent, a fait l'objet d'une censure dans certains états (dont, comme d'habitude, la si chatouilleuse Pennsylvanie): Johanna cherche à plaire et s'inspire de la photographie d'une danseuse, qui porte uniquement un drap plus ou moins transparent, façon Isadora Duncan... Ses parents la punissent immédiatement. La photo a été censurée sur bien des copies distribuées dans l'Est. Johanna ira jusqu'à prendre des bains de lait, confirmant l'importance du corps dans sa vision de la séduction. Une scène traitée avec délicatesse, mais dont la présentation étonnera quand même les admirateurs de Miss Pickford qui sont plus habitués à la voir assumer le rôle d'une pré-adolescente...

C'est un film de William Desmond Taylor, qui était réputé à cette époque comme un escellent réalisateur à l'aise dans tous les styles. Sa direction d'acteurs est excellente, et on sent la vedette totalement à l'aise. Elle avait la réputation d'être assez difficile à diriger vraiment et se chargeait le plus souvent d'habiter ses rôles, mais elle avait beson d'un cadre bien mené, et d'une troupe sous contrôle. Elle qui revenait souvent à ses metteurs en scène favoris parce qu'elle était en confiance, a fait appel à lui à plusieurs reprises, mais seul deux films ont survécu dont celui-ci, et aucun n'est entier actuellement. Il manque la troisième bobine de Johanna Enlists...

 

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Published by François Massarelli - dans Mary Pickford William Desmond Taylor Muet Première guerre mondiale 1918 **
26 mars 2020 4 26 /03 /mars /2020 21:11

Oui, Taylor, n'est pas que le protagoniste d'un des mystères judiciaires les plus insistants qui soient (cherchez, et vous trouverez tout ce qu'il y a à savoir sur cette sombre histoire jamais résolue): c'est aussi un cinéaste des années 10, dont bien sûr nous n'avons que peu de films (il n'est ni Griffith, ni DeMille, et les films de cette période ont massivement disparu), mais il y en a. 

Ben Blair est un film Pallas, une filiale de Paramount à laquelle Julia Crawford Ivers a beaucoup collaboré. Comme The Call of the Cumberlands, c'est un véhicule pour l'acteur Dustin Farnum et sa partenaire Winnifred Kingston. C'est très proche du western, sans être à 100% identifiable au genre: dans une famille très riche, le fils doit se rendre dans l'Ouest avec sa femme et sa fille, car il est malade et la grande ville ne lui sied plus; arrivé dans l'Ouest, il se sent mieux, et la petite commence à vivre au milieu de la nature... avec un ami, Ben Blair, à l'histoire plus que rocambolesque: sa mère enceinte de lui, a fui son mari en compagnie d'un moins que rien. Une fois la mère décédée et l'amant parti, Ben a été recueilli par son vrai père. Devenus adultes, les deux amis ont une vision différente des choses: Ben (Dustin Farnum) est amoureux, et Florence (Winnifred Kingston) souhaite retourner avec sa mère à New York pour vivre une vie moderne...

Beaucoup de choses, en fait: d'une part, le film accumule les péripéties, et le script de Julia Crawford Ivers complique le mélodrame avec adresse, permettant à Farnum de faire la totale: un homme, un vrai, mais un amoureux transi... Un sentimental, mais qui a une mère à venger... Et enfin, un homme de bon sens, qui oppose sa morale infaillible à un Est corrompu rempli de menteurs... C'est profondément distrayant, et Taylor passe son temps à surprendre. Son sens du cadre et du rythme est impeccable, et sa direction d'acteurs est splendide.

 

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Published by François Massarelli - dans 1916 Muet Julia Crawford Ivers William Desmond Taylor Western **
8 avril 2017 6 08 /04 /avril /2017 09:46

Taylor, dans l'histoire du cinéma, est surtout resté pour être le metteur en scène dont l'assassinat (jamais résolu) a déclenché le nettoyage d'Hollywood par Will Hays, en même temps que la fameuse "affaire Arbuckle". Il est donc intéressant de voir l'un de ses films pour lui rendre mieux hommage. Et ce film, disponible dans le fantastique coffret Treasures III édité par l'association des cinémathèques Américaines, est une bonne occasion de le racheter, en effet. 

Un enfant abandonné, victime de l'ostracisme de ses camarades d'orphelinat et de la négligence des adultes, s'enfuit, et tente de faire sa vie seul. Repêché par une juge progressiste (Dans son propre rôle) suite à une intrusion au domicile d'un politicien, il est recueilli par celui-ci, et prouve sa valeur à travers une bonne action savamment menée. 
Nous voici en présence d'un mélo social de haute volée, dont les acteurs jouent souvent juste, et dont le metteur en scène utilise à merveille le montage pour installer un rythme soutenu. Le cadre est au plus près des visages, et l'effet est là aussi efficace, surtout devant la recherche d'authenticité des protagonistes (Les gamins notamment).

Ce film totalement oublié est à voir, d'autant que l'écheveau des ses intrigues réussit à déjouer les pièges du manichéisme le plus total: il faut voir la femme du politicien faire une moue paniquée lorsqu'elle entend son mari se porter volontaire pour accueillir le délinquant. Pourtant, c'est elle que plus tard le jeune appellera sa mère... Le recours au réalisme est accompagné d'une grande science des ombres et du tournage de nuit: La première scène montre deux femmes (L'une d'elles est enceinte) négocier un futur nouveau-né, en ombres chinoises; lorsque la mère biologique s'en va, l'autre sort de l'ombre, et son visage vulgaire contredit efficacement le chic de sa toilette... Les scènes de l'orphelinat sont très réalistes et un petit suspense très prenant s'installe autour du sort d'un enfant coincé dans une baignoire, lors d'une visite de candidates pour une adoption. Le recours au juge Lindsey, spécialiste du droit des enfants, évite le didactisme en le faisant vraiment jouer un rôle dans le dénouement. Une très heureuse surprise, qu'on aimerait accompagner d'autres films de ce metteur en scène.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1920 William Desmond Taylor *