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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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16 mars 2018 5 16 /03 /mars /2018 10:43

Un avion en perdition, 22 passagers qu'on nous a présentés les uns après les autres, tous en crise; un équipage en plein doute: le capitaine (Robert Stack) se rend compte qu'il va lui être de plus en plus difficile de cacher sa propre peur, et son second, un vieux de la vieille (John Wayne) traîne comme un boulet l'accident de son dernier vol en tant que pilote: il avait coûté la vie à tous ses passagers et son équipage, incluant son épouse et son fils unique... Le but du voyage est simple: relier Honolulu et San Francisco, mais... un moteur qui lâche, un réservoir qui fuit, un temps exécrable et un navigateur qui se plante dans l'évaluation des distances, et nous voilà partis pour une sérieuse aventure qui n'est pas sans dangers.

C'est sans doute la première fois qu'un film comme celui-ci confronte au danger, justement, des gens dont ce n'est absolument pas la vocation. The high and the mighty est sans doute la rencontre fortuite (Et absolument pas sur un table de dissection!) du film d'aventures, avec ses professionnels en pleine panade, qui font leur métier quels que soient les risques, d'un côté, et de l'autre d'une histoire impliquant des civils, qui auraient pu jouer le même petit jeu de révéler leurs problèmes, doutes, failles et défauts dans un film de maison hantée! Et Wellman étant Wellman, il affronte une histoire potentiellement grandiose en refusant systématiquement le spectaculaire. C'est donc essentiellement par les individus, et surtout par les passagers, qu'on aborde le film et les événements. On ne verra que peu de plans extérieurs de l'avion et de la tempête, au profit d'un huis-clos extrêmement bien mené, et d'une progression des problèmes techniques tels qu'ils sont rapportés et commentés par l'équipe. 

Il est temps d'aborder l'inévitable commentaire: Robert Stack, un avion en proie à un destin contraire, des passagers qui nous sont détaillés dans le cours chaotique de leur vie, une liaison avec les responsables au sol... Oui, bien sûr, comment ne pas penser à Airplane! d'un côté, ou à l'ensemble des films catastrophes de l'autre? Sauf que d'une part, si Wellman fait la part belle à ses protagonistes "profanes", les passagers qui peuplent la carlingue plutôt que l'équipage, c'est dans l'optique de son refus d'en rajouter sur la glorification de l'héroïsme. Ses membres d'équipage (dont la plus en vue est inévitablement l'hôtesse, interprétée par Doe Avedon) font leur travail, avec humanité, mais surtout sans en rajouter dans le drame: ce serait un travail particulièrement mal fait.

Le huis clos est donc un drame humain, dont les étapes "techniques" sont d'ailleurs surtout d'une linéarité narrative: l'avion décolle, il y a des turbulences, il y a un problème, il y a un suspense, et finalement on arrive à bon port. C'est donc dans la progression de la réaction des passagers qu'on suivra l'histoire... Certains sont d'ailleurs plus spectaculaires que d'autres: je passe sur les inévitables clichés du genre, quoi qu'il arrive la plupart des gens qui sont coincés dans cet avion à risque vont promettre monts et merveilles s'ils s'en sortent, et à l'arrivée, on voit quelques démentis commencer à poindre!

Certes, on voit à travers ce film tous ses clichés, toutes les parodies qui s'ensuivront, il nécessite donc un esprit tolérant, et une mise en condition. Mais Welmann a une fois de plus réalisé un film qui n'a rien d'anodin, ne serait-ce que par la prouesse narrative: raconter une histoire d'une vingtaine de personnes coincées dans un avion en plein ciel; ou encore les prouesses techniques: toutes les contraintes liées à l'environnement du huis clos, plus le fait que le film est en cinémascope... bien sûr, ce dernier point nous permet de rappeler qu'avec Wings en 1927, Wellman a déjà expérimenté avec le fait de filmer des avions en plein ciel, sur écran large. Il le rappelle ici... Mais surtout, Wellman a pris cette histoire humaine au sérieux, et en fait une histoire de dépassement humain à sa façon, c'est-à-dire sans jamais en rajouter sur l'héroïsme inutile. Sa "signature", qui consiste à ne pas nous montrer la scène qu'on attend, est d'ailleurs un jeu sur le bilan technique tel que les pilotes vont le dresser! Au lieu d'une scène où tout le monde se congratule, le metteur en scène nous montre cinq hommes, l'équipage et leur patron, qui regardent, songeur, le moteur défaillant. Pas un d'entre eux ne s'exprimera autrement que pour dire des petites choses telles que "bon, je rentre, j'ai sommeil"... De la dignité, de la sobriété...

Quant à John Wayne, d'ailleurs producteur du film, sa participation est un accident. Le rôle du co-pilote, d'ailleurs secondaire, a été écrit pour Spencer Tracy. Quand il s'est trouvé libre suite à un refus de Tracy, Wayne n'est proposé. Il y est splendide, si on accepte l'irritant gimmick des sifflements. Son personnage passe son temps, à la demande de ses collègues, à siffler la musique de Dmitri Tiomkin (qui a d'ailleurs obtenu le seul Oscar remporté par le film). Ca lasse...

 

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Published by François Massarelli - dans William Wellman John Wayne
4 septembre 2017 1 04 /09 /septembre /2017 15:46

Comme Wings avait été réalisé par un Wellman motivé, et seul maître à bord, en réaction contre tout ce qui lui avait été confié auparavant, Beggars of life prend par bien des côtés le contre-pied de son film de 1927 qui allait d'ailleurs obtenir l'Oscar du meilleur film... Mais tout en allant sur bien des points à l'opposé de sa superproduction épique, Beggars of life est du pur Wellman, un grand film dont le metteur en scène avouait plus tard qu'il le considérait comme son muet préféré... Sorti en 1928, il était partiellement parlant (Il devait sans doute présenter une ou deux scènes de dialogue), mais seules des copies muettes ont survécu.

Jim (Richard Arlen), un vagabond, marche dans la campagne, entre deux trains. Son but: rejoindre le Canada, pour entamer une nouvelle vie... Mais à court terme, son but serait plutôt de manger un petit déjeuner. Et en passant devant une modeste maison, il voit un homme immobile et attablé: su la table, un petit déjeuner encore fumant. Il frappe, mais l'homme ne répond pas. Il entre, toujours rien: l'homme est mort, et celle qui l'a tué fait soudain du bruit: c'est Nancy (Louise Brooks), une jeune femme qui a abattu son "père adoptif", en vérité un vieux cochon, et elle se prépare à s'enfuir, déguisée en homme. Les deux décident de faire un bout de chemin ensemble...

Les affiches du film mettaient clairement en vedette un troisième acteur, Wallace Beery, qui joue le rôle d' Oklahoma Red, un autre vagabond, influent et respecté. Il va disputer Nancy à Jim, avant de se rendre à l'évidence: ces deux-là s'aiment, autant les protéger... En attendant, la route est semée d'embûches: les trains sur lesquels on trouve parfois refuge, les autres "voyageurs" qui ne sont pas toujours commodes, et la police qui ne tarde pas à savoir que la jeune meurtrière qu'ils cherchent s'est déguisée en jeune homme...

Le film est une plongée sans trop de concessions (si on excepte le sentimentalisme pur jus de l'intrigue amoureuse, d'ailleurs soulignée par une autre complicité fascinante, entre un homme malade et un vagabond noir qui est à 100% à son service) dans le monde de "la route", celle d'avant la Crise de 1929, celle des miséreux et des aventuriers déchus qui tentent à leur façon de participer au rêve Américain; un monde dans lequel la police, les gens qui possèdent, les braves gens, sont des ennemis... Wellman, sans faire trop d'effets, nous trimbale à la suite de ses "hoboes", et son sens du rythme, son sens de la composition, son montage et une caméra austère mais sûre d'elle-même, nous donne à voir un film qui est certes austère, mais totalement prenant. Sa direction d'acteurs ne souffre d'aucune faille dans ce film: Arlen, tout en retenue, force juste ce qu'il fait sa fragilité sombre; Wallace Beery est sans doute à son meilleur, même si c'est sans doute à lui qu'incombe le rôle le plus galvaudé avec son vagabond au grand coeur. 

Enfin Louise Brooks (Qui sera critiquée pour un rôle qui "ne met pas en valeur sa plastique", les gens sont parfois vraiment des goujats) est formidable en très jeune femme qui ne sait pas exactement ce qu'elle veut, mais qui sait bien ce qu'elle ne veut pas. Et cette féminité que des critiques stupides ont cherché en vain, est précisément l'un des enjeux du film, qui va offrir à son personnage une renaissance par la route... Ce film dans lequel les gens marchent du début à la fin, ou sautent sur les trains, est un compagnon (de route) d'autres errances, d'autres films de Wellman qui nous intéressent aux à-côtés de cette belle démocratie parfois ingrate: Safe in hell, Wild boys of the road, Heroes for sale, The star Witness, Call of the wild, ou encore Westward the women...

 

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Published by François Massarelli - dans William Wellman 1928 Louise Brooks
18 mars 2017 6 18 /03 /mars /2017 15:24

Faisant partie de la quinzaine de films signés par Curtiz en cette faste période de 1931 à 1933 (15 pour lesquels il est crédité, plus deux pour lesquels il est intervenu en remplacement sans être mentionné), Female est un bien curieux objet.

Tout d’abord, si Curtiz signe le film, il a bien été entamé par William Dieterle, puis assigné à William Wellman (Dont on reconnaît le style « poing dans la figure » dans le personnage de Ruth Chatterton, qui parle aussi vite que James Cagney) avant d’atterrir sur les genoux de Curtiz. Il serait bien sur difficile de tout attribuer au metteur en scène de Doctor X, mais de nombreuses scènes portent sa marque. L’histoire est un véhicule pour le couple Ruth Chatterton/George Brent, la première interprétant le rôle de Miss Allison Drake, capitaine d’industrie, et prédatrice d’hommes, qui mène sa vie comme elle l’entend, fuyant les attaches romantiques et assumant pleinement sa puissance en l’affirmant comme un facteur d’égalité avec les hommes. C’est ce dernier point qui est mis en avant dans la majorité du film. 
Female est osé, et typiquement "pré-code" dans son traitement franc et impudique du sexe, mais il est aussi original par son message : après avoir trouvé l’âme sœur (le seul qui ne lui mange pas dans la main, le seul qui s'approche d'elle en égal, voire la prend de haut), Miss Drake décide d’accepter le mariage qui lui est proposé, et prend sa décision seule. Le final en forme de renoncement parait plaqué: un plan, un seul dans lequel la jeune femme affirme ne jamais vouloir revoir son usine, qu’elle transmet à son futur mari. On n’y croit pas vraiment ... D'autant que dans la voiture qui ramène les deux protagonistes dans le droit chemin, le chauffeur, relégué à l'arrière, porte un cochon qu'on vient de gagner dans une foire, et qui couine allègrement... Là encore, un message subliminal de Wellman?

Au-delà des provocations piquantes, la mise en scène s’articule autour de la supériorité de PDG de Miss Drake d’une part, filmée en "magnate" de l’industrie en permanence: Curtiz (ou l’un des deux autres, en fait) ressort le vieux truc de l’usine-décor, vue en permanence à travers les fenêtres de son bureau, mais utilise ici plutôt les transparences que les silhouettes en carton-pâte, comme dans les Chemins de la terreur; d’autre part, il est systématiquement fait référence à l’esprit d’affirmation de son égalité: elle rencontre l’ingénieur dont elle sera amoureuse à la foire, ou elle entre en compétition avec lui au stand de tir. Lors des scènes qui suivent, elle mène la danse. Si il est probablement excessif de considérer ce film comme du pur Curtiz, il est tout aussi impossible de l’attribuer, comme Olivier-René Veillon le fait dans son anthologie « Le cinéma Américain, les années 30 » (Editions du Seuil) au seul Dieterle; la mise en scène de Curtiz s’affirme discrètement mais luxueusement (On connaît ses habitudes dispendieuses...) à travers les séquences de l'usine et de la villa à la piscine gigantesque, dans ce film forcément impersonnel, mais il a aussi su donner des signes quasi féministes: un très beau plan au début du film dans lequel il utilise un miroir dans le champ pour éviter le montage et nous montrer deux protagonistes de façon artificielle dans le même espace, nous montre deux visages radieux de la féminité: a gauche, Allison, en plein exercice matinal, à droite, dans le miroir, une femme mariée et souriante qui la félicite pour sa vitalité. Beaucoup de scènes entre les deux femmes portent ainsi la marque de fabrique de Curtiz, qui s’il n’a pas toujours traité les femmes de façon aussi élégante dans ses films, a souvent signé des œuvres qui offrent d’attachants portraits de femmes: c’était vrai de beaucoup de ses œuvres Autrichiennes, de beaucoup de ses films muets Warner (Avec Dolores Costello, dont il était quasiment le réalisateur officiel), ce sera vrai également avec Mildred Pierce, bien entendu ou le poignant Strange love of Molly Louvain. En attendant, voilà un petit film rafraîchissant qui ne fait pas trop mentir son titre...

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Published by François Massarelli - dans Pre-code Michael Curtiz William Wellman William Dieterle
16 janvier 2017 1 16 /01 /janvier /2017 15:27

C'est beaucoup plus au producteur Dore Shchary, l'homme qui monte à la MGM à la fin des années 50, qu'à Wellman qu'il convient d'attribuer ce film. Le metteur en scène pour sa part a souvent rappelé qu'il avait été engagé pour son efficacité, mais que les films "à message" n'étaient définitivement pas pour lui. Ce qui peut faire sourire, de la part de l'auteur de Star witness, Wild boys of the road, ou The Ox-Bow incident! Mais un coup d'oeil à ce curieux film, nous permettra de comprendre exactement ce que voulait dire Wellman. Ce dernier pouvait au moins se vanter d'avoir accompli son travail en trois semaines, établissant un record. 

Dore Schary souhaitait faire évoluer le studio, et quitter la sphère des spectacles délirants et hauts en couleurs des musicals de la firme, en développant une production plus centrée sur le citoyen moyen et ses problèmes. Ainsi, nous avons ici une intrigue qui pourrait presque, si ce n'était un détail, être dépourvue d'enjeu comme d'intérêt: six jours de la vie d'une famille dans une petite banlieue modeste de Los Angeles, un couple avec un jeune ado, qui s'apprête à accueillir un nouveau-né, c'est imminent. Joe Smith (James Whitmore), le père, travaille dans une usine aéronautique, et le fils a commencé à travailler lui aussi: tous les matins, il distribue les journaux dans son quartier. Les fins de mois sont difficiles, et le moral tient à peu près la route, mais Joe a des angoisses, liées à l'arrivée du bébé. Et si la mère ne tenait pas le choc? Mais tous es soirs pendant une semaine, vers 20h30, une voix s'invite à la radio. Elle se présente comme la voix de dieu, et va bientôt bouleverser les habitudes de toutes et tous. Dans le monde entier...

Ce qui relie ce film a l'oeuvre de Welman, c'est un mélange de naturalisme et de retenue assez habituel chez lui: on ne verra jamais, par exemple, le moment de "la voix", ce sera à chaque fois relayé, soit par un bulletin radio, soit par un personnage. Le premier à le faire est Joe lui-même... Mais l'univers de cette petite banlieue, la vie de tous les jours, le travail à l'usine et la routine journalière sont dépeints avec un réalisme tranquille, une précision et un oeil particulièrement avisé. On appréciera quelques scènes dans lesquelles Wellman a mis beaucoup de lui-même, notamment une séquence qui voit le fils et la mère entendre le départ de Joe, qui s'énerve après sa voiture tous les matins de la même façon. Avec une précision diabolique, le fils mime en même temps que les bruits le départ de son père! Maintenant, bien sur, le film est généreux, mais il est noyé, sous les bons sentiments d'une part, et sous une dose excessive de religion d'autre part. Un commentateur a beau dire à la fin du film (car en effet, c'est bien la voix de dieu, ce n'est jamais mis en doute du reste) "toute l'humanité, quelque soient les religions, les couleurs, etc...) le type de religion dont il s'agit ici est quand même bien protestant, bien blanc, bien Anglo-saxon.

Bref, curiosité.

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Published by François Massarelli - dans William Wellman Le coin du bizarre
4 décembre 2016 7 04 /12 /décembre /2016 14:25

Le Nord de la France, décembre 1944: lors d'un hiver particulièrement rigoureux, une division de G.I. qui s'apprêtait à rejoindre l'arrière pour prendre du bon temps à Paris est envoyée pour une mission secrète sur la petite ville de Bastogne... Une fois arrivés, les soldats découvrent que la mission n'a rien de secrète, que les Allemands sont parfaitement au courant, et qu'ils sont totalement déterminés à garder la ville, un endroit stratégique pour pouvoir espérer inverser la donne contre les alliés. dans les bois des alentours, à partir de la nuit, la neige, le brouillard et les SS déguisés en soldats Américains vont mener la vie dure à une troupe d'infanterie qui ne connaîtra jamais le repos...

L'héroïsme, façon Wellman: cinq années après les faits, le metteur en scène donne de la bataille de Bastogne une vision particulièrement décalée. Ses soldats sont des rustres, des hommes qui n'en peuvent plus, ne sont pas toujours, du moins en apparence, très sympathiques les uns avec les autres (une jeune recrue, dont ce sera le premier combat, se voit totalement ignoré e arrivant au campement...), préoccupés par tout ce qui pourrait leur permettre de penser à autre chose que la réalité brutale du conflit qui les occupe. Mais ce sont bien sur des coeurs d'or, des hommes à la bravoure d'autant plus palpable qu'il savent devoir survivre, et des héros dans la mesure où chacun de leurs gestes va dans le bon sens: libérer l'Europe. seulement, personne dans le film n'aura l'impudeur de le dire.

Le metteur en scène, on le sait, et il l'a si souvent prouvé (Wings!!!) n'aime pas la guerre, même s'il a souvent fait état de ses souvenirs de vétéran, et s'il n'a jamais caché son plaisir de pouvoir expliquer "sa" guerre. de montrer ce qu'il a lui touché du doigt, la rudesse des combats, les moments où tout bascule, la perte des copains, mais aussi la camaraderie, seule façon de s'en sortir. Et ses soldats, pouilleux, sales et râleurs, ont beau être étudiés par Dore Schary et les autres pontes de la MGM comme on crée un produit de marketing, le metteur en scène a su garder une véracité touchante à ses acteurs: Van Johnson en boute-en-train qui doit valer frustration après frustration, John Hodiak en intellectuel qui ronge son frein, Ricardo Montalban en Angeleno d'origine Hispanique qui s'émerveille d'avoir pu jouer pour la première fois dans la neige, etc... Et il fait semblant, comme d'habitude, de tourner sans s'en soucier, mais le vétéran iconoclaste qu'est Wellman ne peut pas ne pas signer le film à sa façon: il met en scène la confusion dans laquelle les soldats coincés entre les Allemands, la neige et le brouillard se retrouvent dès qu'ils entrent dans les bois, et bien sur n'oublie pas d'envelopper la violence dans une certaine part de mystère en dosant la part d'"action" que nous voyons. Le film est prenant, âpre et splendide, comme d'habitude.

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Published by François Massarelli - dans William Wellman
25 juillet 2016 1 25 /07 /juillet /2016 09:57

Lawrence 'Rip' Smith (James Stewart) est surnommé ainsi parce qu'il a la faculté de s'endormir n'importe où; une habitude prise lors de ses nombreuses périodes creuses, car si l'ambitieux jeune homme voit grand, il est un peu trop en avance sur son temps: son truc, c'est le sondage d'opinion, un phénomène dont les dirigeants, chefs d'entreprises, patrons de presse sont avisés, mais qui passe au dessus du grand public. Et comme Smith veut rester son propre patron, la concurrence dans ce marché novateur est rude. Il est donc, une fois de plus, sans emploi, et part sur un coup de tête à Grandview, une petite localité charmante, dont il a entendu parler par un ancien camarade de l'université: à Grandview, l'opinion reflète exactement celle de la société Américaine, à moins de 1% de marge d'erreur Qu'un sondeur décide d'y interroger la population, et il aura le sondage le plus fiable au monde... Mais si Smith part avec armes et bagages, et avec ses fidèles assistants Ike (Ned Sparks) et Mr Twiddle (Donald Meek), il ne faut pas ébruiter le véritable but de leur installation à Grandview, et ils prétendent être des agents d'assurance. Sitôt arrivé, Rip trouve la ville parfaitement à sa convenance, et fait la rencontre d'une jeune femme de la localité qui contrairement à lui, souhaite développer la ville dans le sens du progrès: deux problèmes s'ensuivent: développer la ville, c'est la changer, ce qui contrecarrerait les plans de Rip; et la jeune femme, Mary Peterman (Jane Wyman), journaliste locale, est décidément fort jolie...

Tourné juste après It's a wonderful life, et produit par Robert Riskin pour la RKO, le film de Wellman subira le même sort au box office; un flop monumental. Comme si, en fait les Américains 'étaient pas près à retrouver James Stewart, où du moins pas le Stewart plus adulte qui est revenu de cinq années de guerre... On a pourtant ici certains ingrédients qui renvoient à un personnage emblématique de l'acteur: il s'appelle Smith, et ce n'est pas pour rien! Arrivé à Grandview, il est aussitôt reconnu par l'équipe de Basket-ball de l'université comme un ancien champion, et va devenir leur co-entraîneur, ce qui fait qu'on le voit souvent flanqué de jeunes boy-scouts! Et si c'est un James Stewart qui vient masqué, conscient du fait qu'il s'apprête à exploiter les habitants sans leur assentiment, il ne met pas longtemps à devenir un pilier sur de la petite communauté. Mieux: lorsque le pot-aux-roses est découvert, deux conséquences: la population se met à l'heure du sondage et se prête au jeu (Qui est d'ailleurs faussé, ce qui est une autre histoire), et à part Mary qui s'était beaucoup rapprochée de lui, personne n'en tient rigueur à Rip qui va d'ailleurs sauver la ville d'un coup dur...

Les raison de l'insuccès de ce film, dont le scénario, au fait, est du à Robert Riskin, l'ancien collaborateur de Capra (Mais s'il a écrit Deeds et You can't take it with you, entre autres, il n'est pas le scénariste de Smith), sont sans doute à chercher dans le fait que la 'science' dont il est question, ici, est aussi nébuleuse pour le public e 1947 qu'elle peut l'être pour la plupart des gens aperçus dans le film, et d'ailleurs tout se passe comme si Wellman ne s'y était pas vraiment intéressé, et s'en était débarrassé aussi vite qu'il l'a pu! Non, ce qui a motivé le réalisateur, c'est d'abord la comédie, et avec Stewart et Wyman, d'un côté, mais aussi la figure hallucinante de Ned Sparks, de l'autre, il a été servi... Le choc des cultures, lorsque les trois New Yorkais débarquent à Grandview, est assez proche de celui vécu par Fredric March et Carole Lombard dans Nothing sacred... Et certaines séquences se promènent avec brio dans les riches heures de la screwball comedy.

Finalement, le metteur en scène est à l'aise avec cette histoire de petite ville tout à coup abandonnée de tous, devenue la risée de l'Amérique, et dans laquelle la population enfin réunie se met à faire front, sommée par ses enfants qui reprochent à leurs aînés de ne rien faire personnellement pour empêcher la décadence d'une ville qui a encore beaucoup à leur offrir. Dans la direction de ses jeunes acteurs, comme toujours très impressionnantes, passent des réminiscences de Wild boys of the road... Wellman, comme pour signer son film, lui qui aime tant se passer de LA scène à faire et à montrer, garde le premier et unique baiser de ses deux stars, pour... après le fondu au noir. Typique! En attendant, même un peu mineur sur les bords, franchement, un film plus que recommandable.

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Published by François Massarelli - dans William Wellman Comédie
17 juillet 2016 7 17 /07 /juillet /2016 09:29

New orlean: Gilda Karlson (Dorothy Mackaill) se prostitue pour le compte d'une madame, Angie (Cecil Cunningham). Elle exécute une "mission" auprès d'un client, qui n'est autre que Piet (Ralf Harolde), l'homme qui l'a faite basculer dans cet univers. la discussion s'anime, et Gilda assomme son agresseur et provoque un incendie. Le lendemain, elle apprend qu'elle est recherchée, il lui fait donc fuir. C'est le moment inopportun qu'a choisi Carl (Donald Cook), son petit ami, pour revenir... Il ignore tout de sa vraie vie, elle le met au parfum et contre toute attente il se range de son côté, et l'aide à atteindre l'île de la tortue, où elle peut être tranquille, à l'abri de l'extradition. Mis on y trouve beaucoup d'aventuriers échoués, et ils auront tôt fait de la renvoyer à sa condition et à son "métier"... Pire: alors qu'elle attend le retour de Carl, elle reçoit la visite inattendue de l'homme qu'elle croit avoir tué.

Apre? Plutôt, oui! William Welman, on le sait bien, n'est ni un tendre ni un naïf, et sa vision de la prostitution n'est pas vraiment celle du mélodrame Griffithien! Certes, c'est un homme qui l'a faite basculer dans cet univers, mais quand le film commence, Gilda connait son métier! La plus célèbre des photos de plateau du film donne assez bien l'idée de la situation, elle figure en illustration de cet article. Pourtant, comme les autres personnages de Wellman, elle est en quête d'une certaine forme de rédemption. le film va nous le montrer à travers ce qui va se passer sur l'île, dans le drame qui va se jouer entre elle, l'homme qu'elle est sensée avoir tuée, et les hommes en sursis qui vivent avec elle, et qui tous, la passeraient bien à la casserole... Et Gilda, dans tout cet imbroglio n'aura pas une seule pensée pour elle-même: elle ne pensera qu'à Carl, son jeune officier fringant, qui a décidé en un éclair de la pardonner, et de la soutenir dans sa tentative de s'échapper d'une vie infecte...

C'est, au milieu de la fructueuse période Warner de Wellman, un film qui trône au-dessus des autres, de façon évidemment moins flamboyante que Public Enemy, voire Wild boys of the road. Mais la façon dont Welman choisit de prendre le parti d'une femme qui aurait si facilement été condamnée à vu, dans tant de films y compris de cette époque glorieuse de relâchement généralisé, la sûreté franche et directe de son style, et le légendaire "style Warner" de cette période pre-code sont irrésistibles.

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Published by François Massarelli - dans William Wellman Pre-code
14 juillet 2016 4 14 /07 /juillet /2016 11:09

Un western qui pose en termes aussi clairs et crus la question de la justice expéditive, dénonçant du même effet tous les aspects qui posent problème dans la Loi américaine, et disons-le, universelle, tant le message du film parle à tous. On va le redire: message. Ce film n'est en rien gratuit, il n'est pas de ces westerns qu'on regarde pour y retrouver un plaisir escapiste, il se regarde comme on retourne à un exposé brillant. Confié à un maître qui n'a pas pour habitude de mâcher ses mots, habité par des comédiens qui incarnent tous d'une façon convaincante des humains embarqués dans une affaire regrettable qui sera exacerbée par d'incontrôlables passions, le film est nécessairement une grande date, et une oeuvre gonflée, dans la mesure ou une vision aussi radicale est finalement rare en temps de guerre, ou la simplification manichéenne est le plus souvent érigée en loi absolue... Il est vrai qu'à l'extérieur des Etats-Unis, en ces temps troublés, la justice expéditive existe bel et bien...

 

Deux cowboys fatigués reviennent dans une ville qu'ils ont quitté depuis longtemps, et vont se trouver pris plus ou moins de force dans un posse, le but du rassemblement étant de trouver et lyncher les meurtriers d'un homme qui vient d'être tué après que son bétail lui ait été volé. Les "justiciers" vont vite tomber nez à nez avec trois hommes, accompagnés d'un troupeau, qui pourraient bien être les criminels recherchés, bien qu'il apparaisse très vite à un certain nombre des membres du posse que ce n'est pas le cas. Le débat fait rage entre les différentes personnes présentes: les lyncheurs, les coupables et les témoins plus ou moins impliqués...

Le film est court, très court même pour un film de 1943. Wellman a débarrassé sa démonstration de tout ce qui pouvait l'encombrer, pas d'histoire sentimentale donc, même si il y en a l'ombre d'une esquisse, vite mise de côté. Pas de grands discours, même si un procédé permet au scénariste Lamar Trotti d'introduire une sorte de conclusion en forme de lecture humaniste par Henry Fonda: l'un des "condamnés"  a eu le temps d'écrire une lettre, qui sert de conclusion au film, et termine de désigner post-mortem les lyncheurs comme des hommes qui se sont mis hors-la-loi, par rapport aussi bien à la société que la religion. Fonda, qui permet l'identification du spectateur, n'est pas ici un donneur de leçons, mais un homme qui passait par là, et qui n'a participé à cette odieuse aventure que contraint et forcé, son statut d'étranger en faisant un suspect potentiel. Mais sa vision pragmatique lui permet d'agir en conscience, en se désolidarisant très vite du troupeau d'obsédés du noeud coulant. Ceux-la sont pointés du doigt plus que les autres, et sont bien sur un mélange hétéroclite: une dame un peu trop pittoresque, un riche propriétaire qui se réclame de la confédération (Le film se situe un certain temps après la guerre de sécession) et qui tourmente son fils, jusqu'à le pousser à participer au lynchage contre son gré, et divers personnages qui se situent plus ou moins officiellement du coté de la loi. Les "justes" ne seront, eux, que sept...

 

Les trois "victimes" de ce qui est une erreur judiciaire rappellent bien sur qu'on n'est pas égaux aux Etats-Unis devant la justice, que cette inégalité soit liée à une origine, à une classe sociale ou comme ici, au fait qu'on ne vous connait pas, ce qui fait automatiquement de vous un suspect... Le film, bien sur, dénonce avant tout le lynchage, sous couvert de folklore westernien. Mais on sait qu'en 1943, un lynchage n'aurait pas été perpétré comme il est fait dans le film sur un jeune homme blanc (Dana Andrews), un vieux cabochard Irlandais (Francis Ford, admirable) ou un Mexicain (Anthony Quinn). Donc le film prend une couleur politique contemporaine, en dénonçant un phénomène qui est une réalité, encore, à cette époque, dans le Sud notamment. Mais Wellman, usant de son habituelle tactique de cacher au moins partiellement l'action des scènes-clés, ne nous montrera jamais la pendaison, mais en insère l'ombre dans les plans, une ombre qui pourchassera les auteurs du lynchage qui auront survécu à l'incident... De la même manière, il nous montre Fonda dissimulé derrière un chapeau, seule sa bouche étant visible, ce qui de fait met en valeur le discours final, lu par le comédien sur la lettre du jeune condamné, qui remet les choses en place: on ne tue pas, que ce qoit par visée criminelle, ou par justice. La lettre enjoint l'homme de faire la justice dans la dignité, l'objectivité, et à l'écart des passions. Devant ces braves gens, tous réunis autour d'un crime qui n'aurait pas du se commettre dans un pays de droit, la lecture de la lettre rappelle avec force où l'Amérique devrait se situer, et ce qu'elle doit faire, pour lutter contre la barbarie aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur de ses frontières.

On ne saurait mieux le dire: tuer est mal, que ce soit légitimé par la loi, ou non. Ce n'est plus ici ni Fonda, ni Dana Andrews ni William Wellman, ni Lamar Trotti qui s'expriment: c'est moi.

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Published by François Massarelli - dans William Wellman Western
9 février 2015 1 09 /02 /février /2015 13:17

A star is born... Take 1! La version de Cukor prend toute la place, mais il ne faut pas oublier d'où elle vient: ce film de Wellman a longtemps souffert de n'être disponible, domaine public oblige, que dans d'affreuses copies qui ne rendaient pas du tout justice à son merveilleux Technicolor. Rappelons l'histoire: nous assistons à l'ascension fulgurante d'Esther Blodgett, dite Vicki Lester, une jeune provinciale qui est "montée" à Hollywood afin d'y devenir star. c'est grâce à sa rencontre avec Norman Maine, star confirmée mais alcoolique mondain, qu'elle va percer, puis finalement dépasser son pygmalion, jusqu'à ce que celui-ci devienne un boulet. Les rôles principaux sont tenus par rien moins que Janet Gaynor pour son dernier grand rôle, et Fredric March dans le rôle courageux d'une sorte de John Gilbert-Bis.

C'est une production Selznick, ce qui veut dire qu'on n'a pas lésiné sur les participations prestigieuses (May Robson, Adolphe Menjou, Lionel Stander, Andy Devine sont tous de la partie), mais c'est aussi et surtout un film de Wellman: si on n'attendait pas "Wild Bill" sur ce terrain, à savoir la comédie sentimentale qui vire à la tragédie, doublée d'une vision vitriolée d'Hollywood, il convient de ne pas oublier que Wellman a souvent traité de la déchéance, à commencer par celle qui lui tenait tant à coeur, des vétérans retournés à la vie civile et qu'on oubliait dans leur coin (Heroes for sale).

Et tant de ses films parlent de la cruauté de la chute (Wild Boys of the road, Beggars of life), de la zone, de l'oubli et de la cruauté de l'existence en général, qu'il était peut-être le plus qualifié, sans parler de son regard sans concessions. Avec cette vision cruelle mais juste, sa démonstration des sacrifices qu'on doit faire afin de réussir en tant qu'artiste, le film se dévore tout seul, sans ces moments musicaux qui envahissent le remake de Cukor, qui affadissent la critique et débarrassent le vitriol de cette vision infernale de la quête du succès. Ce n'est sans doute pas le meilleur film de William Wellman, loin de là, mais c'est quand même un sacré moment de cinéma, avec qui plus est l'énergie fabuleuse de l'une des plus grandes actrices du vingtième siècle pour le porter. On la découvre ici avec une capacité à passer de la comédie la plus farfelue (une scène qui la voit essayer d'imiter toutes les stars féminines pour se faire remarquer, Garbo, Hepburn ou Mae West) à la tragédie la plus poignante...

Et celle qui avait affronté Hollywood au coude-à-coude avec son partenaire Charles Farrell, maintenant lessivé, devait avoir une certaine expérience de cette expérience broyeuse qu'était Hollywood à l'époque... Bref, grâce à elle avant tout ce film refait souvent (et trop, les deux dernières versions étant d'une coupable inutilité) est en soi inégalable.

 

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Published by François Massarelli - dans William Wellman
28 décembre 2013 6 28 /12 /décembre /2013 09:59

Le film de Wellman, produit par la compagnie alors moribonde Twentieth Century Pictures (Qui allait un an plus tard fusionner avec Fox)  est très éloigné du livre de Jack London, et comment s'en étonner? L'idée d'une oeuvre cinématographique qui serait centrée sur un chien, et accessoirement des humains, vus du point de vue de l'animal, semble totalement ahurissante pour 1935. Donc, le script du aux plumes conjuguées de Gene Fowler et Leonard Praskins recentre sur un groupe d'humains, là où le roman donnait essentiellement un compagnon au héros canin. Pourtant, la réappropriation à laquelle s'est attelé Wellman n'est pas si éloignée qu'on aurait pu le croire du roman; pour commencer, le metteur en scène et son (Tout petit) studio ont fait le choix de tourner dans la nature, et d'imposer à l'équipe technique aussi bien qu'à la distribution des conditions de tournage difficiles. Ensuite, avec Wellman aux commandes, un film d'aventures n'est pas à proprement parler une bluette... et de fait, si la lettre a été trahie de façon évidente, l'esprit est là, même si un happy-end de rigueur semble contredire le propos de London.

 

Passant outre sur toute la première partie de l'histoire, le film commence avec le plus significatif des épisodes: en Alaska, le chercheur d'or Jack Thornton (Clark Gable) reçoit de Shorty (Jack Oakie) un tuyau qui va lui permettre de se refaire: une mine d'or qui appartiendrait à un prospecteur venu de l'est, et qui apparaît prometteuse... Ils se procurent le matériel, et des chiens, dont Buck, un impressionnant animal, mi-sauvage, avec lequel Thornton se lie très vite. Ils se mettent en route, et portent secours à Claire (Loretta Young), l'épouse de Blake, le propriétaire de la mine. Celle-ci ne sait pas ce que son mari est devenu après qu'il l'ait quittée pour chercher de la nourriture. Les trois font désormais équipe, et vont chercher la mine ensemble, mais ils vont au-devant de sérieux ennuis: d'une part, un prospecteur riche et sans scrupules, Smith (Reginald Owen) en veut au chien, mais aussi à l'or; d'autre part, les sentiments complexes de Thornton et Claire vont aussi poser des problèmes...

 

Un décor de forêts et de montagnes hivernales, que Wellman a trouvé dans le parc National de Mont Baker (Etat de Washington) plutôt que dans les hauteurs du Nord californien, l'endroit ou d'autres dont Chaplin ont recréé l'Alaska: c'est évidemment un endroit rêvé pour Wellman, qui a à coeur de montrer l'homme en proie aux rigueurs de l'aventure... Que le tournage ait été difficile ou non importe peu, la vérité de ce qui est montré à l'écran est assez  forte, et le lyrisme des images emporte facilement l'adhésion; l'idylle (Partagée avec la réalité, semble-t-il) entre Gable et Young, marquée par le sacrifice et une tension sensuelle qui allait se raréfier en ces années de recadrage de la censure, se conjugue bien avec une histoire marquée par les symboles, dans laquelle "l'appel de la forêt", incarné par le chien Buck, est pour Thornton une tentation permanente, tout comme le mal, incarné cette fois (20 ans avant Track of the cat) par un être humain, le pittoresque Smith qui reste avant tout une figure presque Satanique. Le style de Wellman est comme d'habitude solide, musclé, et marqué par une beauté constante, et un sens de la composition qui laisse plus d'un collègue sur le carreau. Même si on est loin de Jack London, on est en plein territoire Wellmanien, et ce n'est pas mal non plus...

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Published by François Massarelli - dans William Wellman