Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
  • Contact

Recherche

Catégories

9 septembre 2013 1 09 /09 /septembre /2013 07:34

Une hagiographie sirupeuse, dans un Technicolor certes plaisant mais relativement peu exploité, avec de bons acteurs mal employés, et un bilan d'autant plus négatif que le film ment comme un arracheur de dents, sur un personnage fascinant mais qui l'est surtout pour ses dons de showman, et pour le fait d'avoir forgé avec son remarquable sens de la publicité son propre personnage: cela fait-il un bon western? Bien sur que non! Alors disons-le tout de suite, la raison de la présence ce film pas remarquable du tout dans la filmographie si prestigieuse du dur à cuire William Wellman est en fait double: le studio participait à mon sens à l'effort de guerre, et lançait une naïve mais sympathique tentative de faire machine arrière sur les Indiens, présentés ici comme des citoyens Américains brimés, à l'heure ou certains d'entre eux étaient en première ligne sur les péniches de débarquement en Europe; d'autre part, Buffalo Bill était le prix à payer pour avoir pu faire The Oxbow Incident l'année précédente...

Alors que peut-on y sauver? Pas grand chose, assurément, si ce n'est quelques extérieurs épars, une "signature" Wellmannienne, aussi: lors de l'affrontement entre Bill Cody (Joel McCrea) et son ex-ami Yellow Horse (Anthony Quinn), les deux hommes se dérobent au regard, privant le spectateur de "la" scène à voir... Et le metteur en scène semble s'être vraiment impliqué dans la scène de la bataille qui est au coeur du film, celle qui amènera Bill à Washington pour un destin loupé. La bataille est excitante, esthétiquement superbe, sans concessions... Sinon, Joel McCrea est transparent, Linda Darnell est un rendez-vous manqué, et Maureen O'Hara est... Tiens, non, elle est magnifique. Oui, le contraire est impossible.

Bref: Pour finir, non seulement le film est inutile, mais surtout il est pétri de mensonges, autant sinon plus que They died with their boots on, le film de Walsh sur Custer avec Errol Flynn, qui lui est un chef d'oeuvre. Pas Buffalo Bill.

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans William Wellman Western
20 juillet 2013 6 20 /07 /juillet /2013 11:41

Sept bandits cambriolent une banque, sur la Frontière; ils s'enfuient vers le désert de la Vallée de la mort. L'un d'entre eux meurt, et les six autres s'enfoncent dans le désert de sel; leurs poursuivants ne continuent pas leur route, et l'un des bandits, Dude (Richard Widmark), fait remarquer qu'ils ont sans doute bien raison... En effet: au fur et à mesure de leur progression, les conditions, le manque cruel d'eau, font ressortir les inimitiés entre eux, jusqu'à ce que, alors qque leurs chevaux montrent des signes d'épuisements, ils arrivent dans une ville: Yellow Sky, une ville fantôme... Pas complètement: une jeune femme (Anne Baxter) surnommée Mike et son père, un vieux chercheur d'or (James Barton) y survivent, à l'abri d'une mine d'or qui ne donne plus grand chose, en amitié avec les Apaches locaux. la cohabitation entre les deux habitants et les bandits, parmi lesquels certains, dont le leader Stretch (Gregory Peck) sont très attirés par la fille, ne sera pas de tout repos.

 

Une traversée littérale du désert, et six hommes, aussi dissemblables que possible, mais tous des gangsters, et tous des anciens de l'armée de l'union: le film de Wellman frappe juste et fort, montrant un voyage au-delà de l'enfer représenté par cette promenade brûlante dans le désert de sel au début du film. Les hommes vont se déchirer pour une jeune femme qui n'a probablement jamais vraiment eu l'occasion de rencontrer des hommes avant, et elle va en échange révéler parmi certains d'entre eux (Stretch,  Walrus, joué par Charles Kemper, et Half Pint, joué par Harry Morgan) une envie de passer de l'autre côté de la loi, alors que les autres, derrière Dude, vont s'enfoncer dans le crime. De son côté, la jeune femme surnommée 'Mike' va découvrir sa féminité grâce aux efforts de Stretch (Dont le vrai nom est Dawson) por l'apprivoiser. Leur première confrontation ressemble presqu'à un viol, mais les choses vont aller en s'améliorant...

 

Wellman nous montre une fois de plus des humains en proie à un univers hostile, sommés de s'entendre ou disparaître. La Frontière est ici fort peu métaphorique, représentée par cette ville fantôme où la loi dépend surtout de la bonne volonté d'appliquer une certaine forme de morale, ce que les héros ont probablement eu en commun lors de leur jeunesse durant la guerre, et réapprennent à faire grâce à ces deux personnes qui vivent, finalement, en bonne intelligence avec les Apaches, dans une contrée des plus sauvages.

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans William Wellman Western
8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 09:03

Des trois films de gangsters mythiques (Little Caesar de Le Roy et Scarface de Hawks étant bien sur les deux autres) qui entament la décennie, celui-ci est le plus fascinant; James Cagney y est incroyable, mais la grande force reste la mise en scène exemplaire, impeccable et plus qu'inspirée de Wellman. C'est l'un de ses très grands films, si ce n'est le plus grand, peu importe: c'est juste l'une des preuves de son génie. Il a su prendre un matériau bien de son temps, et inventer une manière de faire, qui n'allait pas rester sans suite: Angels with dirty faces (Curtiz 1938) et The roaring twenties (Walsh, 1939) allaient tous deux reprendre la même structure chronologique, passant d'une exploration de l'Amérique populaire des débuts du siècle jusqu'aux années 30 en n'oubliant pas les cassures de la première guerre mondiale et de la prohibition, deux évènements traumatiques qui ont sérieusement entaché cet âge de l'innocence qu'auraient été les années 20 sans elles. Bien sur, les deux films en question ajoutent aussi la crise de 1929, absente de ce film, mais le propos est ailleurs: dépeindre l'histoire d'un gangster comme une illustration du rêve Américain, un thème que The public enemy partage du reste avec Little Caesar, de Mervyn Le Roy.

 

Tom Powers (James cagney) est un jeune homme qui a de l'ambition, mais qui est surtout déterminé à les réaliser hors du giron de la loi: le souvenir des fessées paternelles, administrées quotidiennement par un père policier? Le fait qu'elles ont manifestement développé chez lui un plaisir masochiste de transgression et de défi? Quoi qu'il en soit, Powers est tellement motivé qu'il s'impose bien vite à ses employeurs, et va découvrir avec la prohibition un terrain de jeu qui lui permettra vite de devenir quelqu'un, et de tout avoir: pouvoir, ascendant sur les hommes et les femmes, et de multiples occasions de passer sa colère... La chute, bien sur, sera expéditive.

 

Dès le départ, Wellman plonge dans le coeur du sujet, littéralement, en multipliant les plans-séquences dans son exposition; la façon dont il nous prévient en nous montrant une rue peuplée de gens qui vont et viennent, dans laquelle les hommes qui véhiculent de l'alcool (Un camion encombré de tonneau, un homme qui transporte plusieurs seaux remplis de bière), croisant ironiquement une parade de l'armée du salut, nous installe dans un monde qui n'a pas encore affronté ses contradictions, et qui y viendra en 1919 avec le Volstead Act, la loi qui installera la prohibition sur l'ensemble du territoire Américain. dans ce monde de 1909, où il faut choisir son camp, Tom Powers, qui traine toujours avec son copain Matt, est déjà attiré par le crime, ne serait-ce que parce qu'il est en permanence en colère, contre son père surtout. Celui-ci ne dira pas un mot, mais la courte séquence qui le présente, figure silencieuse et menaçante qui se rend dans la cuisine pour décrocher du mur la ceinture de cuir qui lui sert à administrer de cuisantes corrections à son fils, ne laisse aucun doute: son fils est éduqué à la violence par la violence, et il va apprendre à aimer cela, comme le prouve le plan durant lequel le père hors champs le frappe, et le visage du jeune homme se transforme sous nos yeux, lorsqu'afin de supporter le traitement dont il est la victime, il s'efforce de regarder son géniteur dans une posture de défi.

 

Puis l'évolution de Tom Powers se fait sous la houlette de diverses autres figures paternelles, dont le louche Putty Nose, un gangster de moindre envergure qui embauche Tom et Matt, avant de les lâcher en pleine crise, après qu'ils aient provoqué la mort d'un complice lors d'une affaire, ou le "régulier" Paddy Ryan, un autre Irlandais qui les prend sous sa houlette. Putty Nose est surtout vu à travers deux séquences qui le montrent jouer la même chanson au piano: dans la première, il en joue pour les gamins fascinés de la rue, et s'arrête de chanter sur un mot lorsqu'il avise la présence de Matt et Tom, auxquels il souhaite confier une affaire. Lors de la séquence qui voit Tom supprimer son ancien patron, il joue la même chanson, et s'arrête sur ce même mot, touché à mort par la balle que vient de tirer Tom (Hors champ, bien entendu): l'inévitable meurtre du père, transgression qui est aussi une libération pour Tom. Paddy Ryan sera aussi pour Powers l'occasion d'affronter un complexe d'Oedipe fort mal vécu; réfugié chez Paddy, fin saoul, Powers couche sans même s'en apercevoir avec la compagne (Particulièrement gourmande, d'ailleurs) de son protecteur, ce qui lui occasionnera une grosse colère le lendemain... Mais ses rapports avec les femmes seront le plus souvent marqués soit par sa domination (Ce dont l'incroyable séquence dite 'du pamplemousse' se veut le témoin), soit par la recherche impossible d'une égale, et surtout par son ambition; ainsi, il se dabarrasse de Kitty, sa première petite amie, après qu'il ait commencé à s'ennuyer avec elle, et la remplace par Gwen une jeune femme qui a plus de classe (Et qui est jouée par Jean Harlow avant que celle-ci ne soit une actrice, comme en témoigne la scène parfois gênante durant laquelle elle lui susurre des "Oh, My bashful boy"). Tom Powers est la recherche de femmes avec lesquelles il puisse se sentir en confiance, mais son "métier" aura toujours le dessus. Ses rapports avec les hommes sont aussi riches et aussi bien évoqués dans le film, notamment son amitié pour le moins complexe avec le compagnon Matt: dès les premières séquences, nous voyons Powers choisir Matt plutôt que sa soeur (Celle-ci se consolera avec le frère de Tom, celui qui incarnera le versant honnête, mais aussi insipide, de la famille!); il passe son temps à tenter de rabaisser son copain, mais ils sont inséparables, et c'est après qu'une bande ait éliminé Matt que Powers va déclencher les impressionnantes hostilités de la fin du film. Il va se dépasser, dans une scène qui est aujourd'hui célèbre, parce que Wellman, tout simplement, nous en prive: il filme Powers qui entre dans un restaurant, et... le bruit d'une altercation musclée, suivie d'un plan qui aurait pu terminer le film, nous montrant Powers blessé tomber dans l'eau (Il pleut en abondance) en murmurant  "I ain't so tough", je ne suis pas si dur.

 

Le mythe ne se referme pas sur cette scène, la fin nous montre un Tom qui a échappé de peu à la mort, et qui semble être sur la voie de la guérison, voire de l'honnêteté, renouant avec sa famille... Mais Wellman ne peut pas  nous laisser sur un happy-end, et la fin portera sa dose d'énigme, de non-dits, d'ellipse. elle sera visuelle, définitive et forte, marquée par une mise en scène sublime, dans laquelle le cinéaste nous montre une fois de plus, comme il l'aura fait durant l'ensemble des 83 minutes de son film, sa maîtrise absolue du mouvement, du placement de la caméra, de la composition, du rythme, de la profondeur de champ et du coup de théâtre, en un seul plan de quelques secondes, suivi de la vision d'un phonographe dont le disque tourne à vide. Fin: The public enemy est l'un des plus beaux films Américains de tous les temps.

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans William Wellman Pre-code
9 février 2013 6 09 /02 /février /2013 14:32

Night nurse est un sacré petit film, avec la grande Barbara Stanwyck; tourné la même année que The public enemy, à la Warner, le film bénéficie du savoir-faire du studio et de la mise en scène coup-de-poing du grand "Wild Bill", mais soyons aussi clair que possible: si le film joue beaucoup avec les codes contemporains (Présence d'un bootlegger, donc prohibition, pauvreté et crise, abandon coupable d'une mère qui boit et écoute du jazz en permanence, etc...), et se veut réaliste, on est quand même pas dans la réalité. Mais le monde dépeint dans le film, s'il n'est pas authentique, est une lecture raccourcie et fascinante d'une certaine Amérique de 1931, pas souvent représentée: Lora Hart (Stanwyck) est une jeune femme peu qualifiée qui profite d'un quiproquo pour devenir infirmière et va gravir les échelons jusqu'à devenir diplômée, et devenir l'infirmière de nuit d'une riche famille, dont le père est mort et la mère est tombée sous la coupe d'un inquiétant personnage, le chauffeur Nick (Clark Gable). Celui-ci laisse les enfants mourir à petit feu, afin sans doute de mettre main basse sur l'argent de la mère. Lora a le choix entre écouter sa conscience d'une part, ou se plier aux règles syndicales d'éthique, et ni faire des vagues, ni dénoncer le médecin en charge de l'affaire... avec l'aide d'une sympathique fripouille, pourvoyeur de whisky frelaté avec une morale, elle choisit pourtant la première solution...

Ce film est par moments un catalogue fascinant de tout ce qui fait le sel des films "pré-code", à plus forte raison lorsque Wellman est aux commandes: les premières trente minutes, qui voient Lora gravir les échelons en vivant quasiment 24 h sur 24 à l'hôpital, en compagnie de sa copine (Joan Blondell) les voient se déshabiller ou s'habiller en permanence, et le metteur en scène joue sur la promiscuité d'ailleurs soulignée entre les internes et les infirmières, et l'esprit farceur des jeunes médecins se manifeste de plusieurs façons. Les deux jeunes femmes ont vécu, leur langage, leur attitude aussi (Cette façon que Joan Blondell a de mâcher aussi vulgairement du chewing gum pendant la récitation des droits et des devoirs du métier d'infirmière, sans perdre la complicité du public - en même temps, c'est Joan Blondell...), ou encore les discussions à bâtons rompus entre les deux jeunes femmes, et leur carapace de plus en plus dure au fur et à mesure que le film progresse, dresse un portrait d'une Amérique des gens qui travaillent, qui une valeur bien plus documentaire que le drame qui alimente la seconde partie. Quant à celle-ci, tout en restant en effet assez baroque, elle se plie à une règle d'or toute Wellmanienne: quand les autorités ne font pas leur boulot (Des médecins empêchés par l'éthique de se dénoncer les uns les autres bien que leurs turpitudes soient avérées, par exemple) il faut qu'un autre 'corps constitué' les remplace: par exemple les gangsters; cette vieille idée de prendre le contrôle la loi qui est aussi au coeur de ce beau film qu'est The star Witness donne à ce film une fin sardonique, réjouissante et inattendue...

Et sinon, pour finir, je vais le répéter: c'est un film de William Wellman, avec Barbara Stanwyck, Joan Blondell et Clark Gable dans le rôle d'une sale brute. A-t-on besoin finalement d'en savoir plus?

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans William Wellman Pre-code Barbara Stanwyck
16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 16:37

Un tel film ne pouvait se faire qu'à la Warner, dans cette première moitié des années 30, et on a le sentiment que seul Wellman pouvait le mener à bien... il décrit les errances de trois jeunes gens, et leurs compagnons, dans les Etats-Unis de 1933, en proie à une solide crise qui fait des victimes dans tous les foyers. Le metteur en scène s'est enthousiasmé non seulement pour un sujet qu'il avait déja abordé sous un angle plus esthétique que militant (Beggars of life, avec des adultes toutefois en 1928, mais c'était avant la crise, justement), et auquel il revient dans des conditions plus proches du documentaire, exalté par le parlant, et semble-t-il poussé par ses interprètes qui sont tous formidables, Frankie Darro en tête... Le film dépeint une fraternité entre les jeunes, qui dépasse d'ailleurs les barrières raciales, ce qui est particulièrement notable, même si c'est sur ce point assez timide.

 

L'histoire part d'une situation adolescente comme il en existe des centaines, dans les comédies de campus des années 20: Ed et Tommy sont deux copains qui ne sont pas fortunés, mais qui aiment à s'amuser le soir dans le tacot invraisemblable de Ed, et qui sont de toutes les fêtes, jusqu'au jour ou le chômage touche aussi bien la mère veuve dee Tommy que le père d'Ed. ils partent donc en train pour aller ailleurs trouver du travail, et se retrouvent bien vite piégés dans une vie sur la route qui n'est pas sans dangers...

 

Passionnant et court, le film n'écarte aucune forme de réalisme, montrant non seulement les rapines, que la réaction des autorités locales devant ces afflux de jeunes désoeuvrés (Des milices aidées de la police, dont les méthodes ne sont pas tendres pour les faire déguerpir), que le viol dont est victime une des jeunes. On notera toutefois la ligne de conduite toujours décente et empreinte de morale de Ed et de ses deux amis, qui participent ici de la politesse de la fiction... Le film se termine avec l'intervention de la NRA: non pas le lobby des armes, mais la National Recovery Administration, officine mise au point sous l'administration Roosevelt pour commencer à mettre en place le New deal; cette intervention permet de rassurer, et de finir sur une note d'espoir, bien dans la ligne éditoriale d'un studio qui était partie prenante de façon sans doute un brin opportuniste d'une politique volontariste. Mais cette tendance à ménager le spectateur comme les dirigeants d'un pays part d'un bon sentiment, ce qui n'est pas condamnable (Même si c'est plus le bon sentiment du studio que celui de William "Wild Bill" Wellman...), et surtout rien à la fin de ce film ne peut diminuer la force des 60 minutes qui précèdent cet épilogue heureux...

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans William Wellman Pre-code
17 novembre 2012 6 17 /11 /novembre /2012 16:45

Dans l'impressionnante série de films réalisés par Wellman à la Warner, celui-ci fait partie de la catégorie des réflexions sociales contemporaines; sous la direction du réalisateur de The public enemy, ces films étaient particulièrement intéressants. Star witness fait aussi partie d'un ensemble de films des années 30, de Lloyd (The cat's paw) à Capra (Mr Smith goes to Washington), en passant par DeMille (This day and age) et Brabin (Beast of the city) ou Lang (Fury) qui exploraient des voies parallèles à la démocratie en ces temps troublés...

 

Un crime a lieu en pleine soirée, dans la rue, sous les yeux d'une famille réunie pour prendre son repas. Plus grave, le gangster responsable du meurtre et son gang s'introduisent chez les Leeds, et les menacent de représailles s'ils parlent. Le procureur Whitlock (Walter Huston) est décidé à les faire témoigner, et ils acceptent, jusqu'au jour ou le père de famille est enlevé et tabassé, puis c'est au tour de l'un des garçons du foyer, le jeune Donny, d'être kidnappé... la famille prend peur, et à l'exception du grand-père (Chic Sale), un ancien de la guerre de Sécession, ils prennet la décision de céder à la menace... Whitlock essaie de les faire changer d'avis.

 

Le film se situe dans un milieu qui n'a rien d'aisé, dans une famille ou tout n'est pas rose. Par exemple, le père est inquiet quant à l'avenir de son grand fils, qui a quitté l'école mais ne cherche pas de travail; le grand-père, un vieux soiffard et pique-assiette, fait le mur de la maison de retraite pour venir sincruster à table... Le père travaille, et essaie de faire passer ses messages sur l'éthique à ses enfants, mais cela ne va pas toujours dans le bon sens. Bref, nous dit Wellman, des gens comme tout le monde. Il explore ensuite, avec le style coup de poing qui le caractérise, de montrer non seuleemnt le fonctionnement de la loi, mais aussi ses limites, et il nous montre le gangstérisme au plus près. on sait avec quelle efficacité il en était capable... a ce titre, Star witness est beaucoup plus direct que Public enemy, qui passait par de nombreuses ellispes. Là, c'est directement en pleine figure que la violence frappe: le père passé à tabac par exemple passe un très mauvais quart d'heure, et le traitement réservé à Donny ne fait aucune doute. On comprend de fait l'intransigeance du procureur interprété par Huston...

La loi, nous dit wellman, est absolue, mais a aussi besoin du citoyen. Il prone assez clairement une intransigeance totale, plaide au passage (mais ce n'est pas une surprise en ces temps lointains, hélas) pour une peine de mort considérée d'ailleurs comme une évidence par tous les protagonistes; il passe aussi par une réflexion parallèle à celle qu'il développera sur les anciens combattants dans Heroes for Sale, avec le personnage du grand-père, un héros à la fin, mais qui doit quand même rejoindre la maison de retraite sise tout prèt d'un cimetière militaire... mais surtout il dépeint comme Lang avant lui l'atmosphère particulière d'une époque, sans prendre de gants. et rien que pour ça, on lui pardonnera son réquisitoire musclé, parce qu'il est difficile de résister à Wild Bill...

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans William Wellman Pre-code
2 novembre 2012 5 02 /11 /novembre /2012 09:37

Entièrement ou presque situé de nuit, Lilly Turner est un de ces mélodrames-coups de poing que Wellman tournait presqu'en dormant lors de son passage à la Warner dans les années 30. Il conte les mésaventures d'une femme mariée (Ruth Chatterton), du moins le croit-elle, à un prestidigitateur minable, qui prend la fuite quelques jours avant d'accoucher de leur enfant. Elle apprend donc qu'il était bigame, et ne le reverra plus... Dave, un bonimenteur alcoolique (Frank McHugh), se marie avec elle, puis l'assiste. Elle accouche d'un enfant mort-né, puis ils retournent travailler dans le circuit minable de foires et des "medicine shows". toujours mariés, bien que ce ne soit que pour la galerie, ils travaillent enfin pour le "docteur" McGill (Guy Kibbee), mais la encore le drame va se précipiter: alors que Lilly tombe amoureuse d'un ingénieur musclé (George Brent) qui fait le taxi pour survivre, un autre tas de muscles, l'"homme fort" Fritz (Robert Barrat), va littéralement tomber fou de désir...

 

La crise: comme toujours dans ces petits films, elle est partout, cachée derrière les habits usagés du mélodrame. Ruth Chatterton joue un personnage qui semble avoir relativement accepté son destin minable, sauf devant l'amour: elle exprime de façon très claire son désir pour George Brent, et va jusqu'à mentir pour essayer de l'amener dans son lit; elle n'est d'ailleurs pas la seule, puisque l'épouse du "docteur" (Marjorie gateson) va essayer aussi... Le désir n'est pas, dans ce film, l'apanage des femmes: Dave souffre en silence, pendant que le reste des hommes présents essaient tous de coucher avec Lilly. Certains, d'ailleurs, y parviendront: le film, parfait exemple de la période pré-code, est un démenti cinglant à l'impression d'un cinéma Américain asexué, et pourtant, il dépeint surtout une période difficile, de perte des repères en pleine crise, durant laquelle le moindre espoir à court terme devient une richesse convoitée. L'interprétation est sanss fautes, le rythme ne faiblit pas, et s'il est certain que la copie (Passée au Cinéma de inuit de France 3) était par trop noire, l'atmosphère poisseuse convient finalement idéalement au sujet...

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans William Wellman Pre-code
18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 11:55

Tom Holmes a fini la guerre prisonnier dans un hôpital Allemand, ou on l'a tant bien que mal rafistolé... Mais c'est un homme dépendant à la morphine qui rentre au pays, et il y apprend que sa dernière action héroïque avant de devenir prisonnier a été endossée par un autre. Celui-ci, par remords, lui trouve une situation, mais l'addiction de Tom rendra les choses compliquées, et il est vite licencié. Il trouve à s'établir ailleurs, se fait remarquer par son esprit d'initiative, mais la mort de son nouvel employeur va une fois de plus le précipiter dehors, alors qu'il est marié et père de famille. Tout bascule lors d'une manifestation au cours de laquelle il tente de raisonner ses camarades, mais il est emprionné pour agitation alors que son épouse meurt piétinée par la police...

A nouveau tiré de l'excitante période durant laquelle Wellman était un metteur en scène sous contrat à la Warner, Heroes for sale est une pure merveille à tous points de vue: le metteur en scène (Et le studio) pointent du doigt une situation indigne, comme en écho à la chanson Remember my forgotten man dans Gold diggers of 1933: les vétérans de 1917-1918, aux Etats-Unis en pleine crise, sont nombreux parmi les chômeurs et les vagabonds qui se massent sur les routes. D'autre part, Wellman étant Wellman, il adopte un style coup de poing, avec le génie qui le caractérise, et emporte avec lui le public pour ne jamais le perdre durant les 71 minutes (Des 76 d'origine) que dure le film; il obtient de chaque acteur (Richard Barthelmess, Berton Churchill, Robert Barrat...) et actrice (Loretta Young, Aline Mac-Mahon) une performance superbe: oui, même de Barthelmess, acteur perdu dans le parlant, qui était si terne chez Curtiz (Cabin in the cotton); il est ici un très crédible vétéran perdu en pleine reprise de l'activité par une Amérique oublieuse de ses héros...

 

Mais le film n'est pas que dénonciation, s'attachant à des personnages, concernés au premier chef (Tom Holmes, le héros, son épouse, le lâche Roger qui va précipiter le drame de Tom), mais aussi plus présent pour créer un univers. A ce titre, le trairtement émouvant du personnage de Mary (Mac-Mahon), la fille au coeur d'or qui n'a pas pu avoir le beau gosse, mais n'a jamais exprimé ses sentiments, est extrêmement touchant, et traité avec une immense délicatesse. Si le metteur en scène cède à son penchant virtuose pour masquer les scènes clés (Il cache un vol tenté par Barthelmess derrière la grille de son guichet, obtenant par la même occasion une métaphore de le peine de prison qu'il risque), ne se prive pas de rappeler qu'il est un maitre de l'action maitrisée, dans une scène de manifestation qui dégénère en émeute, durant laquelle Loretta Young a du se couvrir de bleus... Le sens politique du film est celui de la Warner d'alors: sans prôner le communisme (Un personnage de comédie, sympathique immigré communiste, se transforme en le pire des capitalistes durant la fin du film!) ni montrer le plus beau visage du capitalisme, le film montre qu'une nouvelle donne est nécessaire, un nouveau volontarisme, dans l'esprit de collaboration entre les classes. Roosevelt est d'ailleurs cité en exemple, mais on ne m'otera pas de l'idée que Wellman, électron libre et généreux, qui finit son film sur une note amère, n'est pas aussi optimiste que le scénario...

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans William Wellman Pre-code
24 février 2012 5 24 /02 /février /2012 09:39

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/5/56/MidnightMaryPoster.jpgPrété à la MGM en 1933, William Wellman réalise, avec Loretta Young, Ricardo Cortez et Franchot Tone un film en apparence 'à la manière Warner'. Que ce soit à lui qu'on ait fait appel en dit long sur le crédit dont dispose encore le réalisateur; ça montre aussi que les dirigents des studios connaissent leur métier... Le film fait partie de ces petites oeuvres excitantes dont la Warner s'est en effet fait une spécialité, les plus notables étant bien sur The public enemy et l'incontournable Three on a match (Mervyn LeRoy, 1932). Mais le film est malgré tout, dans son scénario, plus un film MGM, permettant une idylle entre Loretta Young et Franchot Tone, qui laisse entrevoir un futur avec des paillettes, ce qui était refusé généralement aux héros de ce genre de film...

 

Mary Martin (Loretta Young) attend le verdict de son procès: elle est accusée de meurtre, et ce n'est pas la première fois qu'elle a maille à partir avec la justice; en attendant l'issue qu'elle devine fatale, elle s'assied dans une petite pièce en compagnie d'un vieux clerc, et se laise aller à des souvenirs de la décennie écoulée: comment pour fuir la pauvreté et la faim elle est devenue la petite amie du gangster Leo Darcy (Ricardo Cortez), et a finalement rencontré un homme de la haute société qui a cru en elle: Tom Mannering (Franchot Tone), lors de sa rencontre avec Mary, a su tout de suite d'où elle veniat, mais il lui a tendu la main. Mais se jugeant trop dangereuse pour lui, elle le quitte; jusqu'au jour ou Darcy et Mannering se retrouve une fois de trop face à face...

 

Le scénario, basé sur un flash-back de bonne facture, qui happe le spectateur sans jamais le lâcher, appelle donc d'une part un happy end, et d'autre part des passerelles entre les bas-fonds et l'aristocratie, dont Mannering est un reflet paradoxal; son meilleur ami, Sam (Andy Devine) est un brave homme, riche noceur mais foncièrement sympathique. Et Mannering après avoir rencontré Mary devient moins http://4.bp.blogspot.com/-wnlA4s3TJfQ/TqgY9n4rjQI/AAAAAAAAQF8/6WFl7xX1j3A/s400/Midnight%2BMary%2B%25281933%2529.jpgvain, et réapprend à travailler (Il est avocat) avec plaisir. Le portrait de la zone organisée est lui sans concession, avec Darcy, un homme violent et sans scrupules. Contrairement à Night nurse, ce film ne nous propose pas de portrait de gangster au grand coeur. La rédemption de Mary n'en est pas vraiment une, puisqu'il est sous-entendu que la jeune femme agit principalement sous la pression: celle de son environnement, celle de la faim, celle de la nécessité; elle porte pourtat en elle une aspiration à plus, à mieux, incarnée dans le tableau dont elle a vu une reproduction quand elle était plus jeune: elle en découvre l'original chez Mannering, et comprend qu'elle est enfin arrivée "chez elle". De même, sous l'influence de la jeune femme, Darcy va avoir une bonne en habit et un valet Anglais: cette soif de sophistication détonne un tantinet chez Wellman, qui nous montrait les riches parents de Richard Arlen comme appartenant à un monde en pleine décomposition dans Wings.

 

Le metteur en scène a fait quand même selon son coeur dans l'utilisation à plusieurs reprises d'un réalisme dur et sans concessions avec toujours la petite touche de stylisation suplémentaire; il a laissé libre cours à son génie pour le plan-séquence, qui laisse toujours les acteurs rester dans la peau de leurs personnages aussi longtemps que possible; enfin, il est un virtose de la caméra mobile, et du placement de caméra: sans aucun effort, la composition est contamment parfaite. Il n'est pas dupe des différences entre ce film et ceux dont il a l'habitude: il se permet d'ailleurs un commentaire narquois sous la forme d'un plan final, qui voit Mannering et Mary, en l'attente d'un nouveau procès qui doit exonérer la jeune femme; ils sont dans les bras l'un de l'autre, au parloir de la prison; tout va bien, ils sont pleins d'espoir... Mais une ombre de http://www.davidbordwell.net/blog/wp-content/uploads/mary-and-mag-400.jpgbarreaux est projetée sur eux, et une barre les décapite de façon symbolique... Quoi qu'il en soit, si la MGM a souhaité avoir Wellman pour faire un film Warner, elle a surtout eu un film de William Wellman... Celui-ci a certes repli les obligations du cahier des charges, mais il a aussi fait passer ses propres idées: manifestement sommé de montrer aussi souvent que possible les james de Miss Young, il a aussi su utiliser ses yeux, comme dans la première scène, lorsque le procureur lit son réquisitoire, et que la jeune femme est vue cachée derrière un magazine, laissant ses yeux seuls exprimer l'indifférence: toujours cete tentation si typique du réalisateur de masquer les scènes "obligatoires"... Il a su tempérer le romantisme parfois exagéré avec son humour et son génie pour le commentaire social brutal. Bref, d'un film excitant mais mineur, il a fait bien mieux.http://storage.canalblog.com/47/59/110219/39092356.jpg

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans William Wellman Pre-code
23 février 2012 4 23 /02 /février /2012 09:27

San Francisco, Barbary Coast, 1906: Jenny Sandoval (Ruth Chatterton) assiste son père dans un établissement louche. Mais elle lui cache quelque chose: elle attend un enfant de Dan (James Murray), le pianiste. Au moment ou elle lui avoue son intention de fuir avec Dan, le monde tremble.... Littéralement, c'est le fameux tremblement de terre de Frisco. Une fois le calme revenu, les bas-fonds sont en ruine, la vie de Jenny aussi: son père est mort en la menaçant, Dan est mort lui aussi. Avec l'aide de sa fidèle servante Amah, elle place son fils à Chinatown, puis reprend ses activités, sous la protection de l'influent avocat Dan Sutton (Louis Calhern). Elle sauve ce dernier d'une affaire de meurtre, mais ne sait pas que c'est ce qui va finalement précipiter sa chute...
 

Du mélodrame, du grand et beau tire-larmes, relevé à sa sauce par William Wellman, toujours autant à l'aise dans la stylisation et la suggestion que dans les images-coups de poing. Cette histoire de mère criminelle qui finit condamnée par son propre fils est forcément une occasion en or pour l'actrice Ruth Chatterton, habituée aux rôles durs. Mais pour Wellman, ce film ressemble à une promenade de santé, dans laquelle il s'adonne à ses petits plaisirs: superbe reconstitution du tremblement de terre, vécu "de l'intérieur", peinture sans concession des petites combines et de la débrouille des fillles qui travaillent dans le bar, un meurtre à l'écran, caché par une table renversée, et une rigueur rare dans la reconstitution des modes passées.

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans William Wellman Pre-code