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21 octobre 2019 1 21 /10 /octobre /2019 16:52

Comment voulez-vous qu'on l'aborde avec sérénité, celui-ci? Vendu et sur-vendu avant les Oscars, puis encore plus vendu et incontournable une fois obtenues les 11 hochets: c'est bien simple, au pays de Walt Disney, il est de bon ton de favoriser l'arithmétique, et donc un film qui a obtenu plus d'Oscars que les autres est forcément le meilleur film de tous les temps. Selon la même logique, un certain nombre d'historiens (avec un accent sur la dernière syllabe) prennent acte du fait que Wyler, dont les 70 films de sa longue et distinguée carrière ont accumulé à eux seuls plus de 100 nomination pour les dits Oscars, est donc logiquement, numériquement, mathématiquement le plus grand réalisateur de tous les temps... 

Et en plus, il ne voulait pas forcément le tourner! c'était au départ Sidney Franklin qui devait le faire, puis il a été question de King Vidor, avant qu'en dernière minute on ne se rend compte que Wyler, qui sortait de The big country, n'avait rien en chantier! Et en plus, le metteur en scène habitué des prises multiples faisait peur à la MGM: est-ce qu'il allait être efficace?

Ben-Hur, c'est d'abord un roman au succès insolent, puis plusieurs productions théâtrales, puis de courtes adaptations partielles du roman pour quelques bandes cinématographiques, avant que le cinéma ne s'empare pour de bon de la chose: c'est en 1925, au terme de trois années de dur labeur coûteux, que la MGM a pu enfin clore le tournage et le montage d'un film qui allait sans doute faire beaucoup plus pour son prestige que pour son compte en banque... Et il n'a pas été question de le refaire avant le milieu des années 50: c'est que dans cette période, on a besoin économiquement des grosses productions coûteuses (ce qui est un paradoxe) afin de faire la pige à la télévision, et DeMille a montré qu'on pouvait même faire beaucoup d'argent avec! Mais on a aussi, dans le monde d'après-guerre, besoin de fédérer les populations autour d'une oeuvre oecuménique et qui puisse tant qu'à faire représenter le monde qu'on vient juste de quitter. Ben-Hur, qui conte l'occupation de Judée et la persécution des Juifs, est un véhicule idéal...

Déjà la version de 1925 avait fait l'objet d'un soin particulier afin d'être aussi bien acceptée par les Chrétiens de toute obédience, comme par les Juifs, les Musulmans et les athées. Une histoire éminemment religieuse mais qui gardait sa prudence face aux miracles, et face aux autres religions... Le même soin a été apporté ici par le producteur Sam Zimbalist et par William Wyler. Et dès le départ, celui-ci a pris le parti de s'intéresser d'abord et avant tout au côté intime du drame: comment la famille des princes de Hur vit l'occupation, comment la situation vire au drame quand leur ami le romain Messala les trahit, comment ensuite Judah Ben-Hur survit, et tente d'accomplir une vengeance qu'il juge légitime tout en reconstituant le puzzle de sa famille. Une histoire qui n'est pas si éloignée que ça de... Gone with the wind.

Mais il y a plus: dans son périple de plusieurs années, Judah va passer par tous les stades, toutes les situations: prince Juif, puis galérien; prisonnier de Rome puis haut dignitaire quand il est adopté par un tribun dont il a sauvé la vie; enfin, vedette incontestée des courses de char avant de virer en soldat du Christ, mais bien incapable de mener des troupes contre un ennemi, le Romain, qui lui ressemble... Judah Ben-Hur, l'homme qui vit dans l'ombre du Christ mais qui reste le centre d'une histoire dont Jésus n'est finalement qu'un motif, est un homme, tout simplement... En mettant en veilleuse l'intrigue religieuse (qui est pourtant là et bien là, dans des séquences d'ailleurs d'une grande beauté), Wyler a permis au film d'acquérir cette nouvelle dimension, presque absente de la première version: là, Novarro était un homme d'action qui se jette à corps perdu dans la bataille et la vengeance. Mais Wyler en prenant son temps permet à Ben-Hur de prendre le sien aussi...

Du coup, c'est un peu long à la détente, voire long tout court: 3 heures et demies, entractes non compris... Mais les scènes les plus intimistes ont inspiré Wyler et ses acteurs, comme d'habitude: Heston, malgré tous ses défauts (y compris le fait que le pauvre garçon n'ait pas été mis dans la confidence de la sous-intrigue homo-érotique entre lui et Stephen Boyd, un comble), est extraordinaire, bien meilleur qu'en Moïse; Stephen Boyd est un meilleur Messala que Francis X. Bushman en 1925, et Haya Harareet (qui sortait à peine de son service militaire obligatoire en Israel), Sam Jaffe, Finlay Currie, Jack Hawkins ou Hugh Griffiths sont superbes eux aussi... 

Maintenant, même pour toutes ses réussites, pour ses compositions superbes en 65 mm, pour son Technicolor d'une grande beauté, la musique de Miklos Rosza, l'excellence de son montage, les truquages splendides ou sa course de chars, je continue à le dire: Ben-Hur, c'est Niblo, dont la bataille navale et la course de chars st infiniment supérieures, pour ne citer que ces deux exemples.

Et Wyler? Pas son meilleur film, si vous voulez mon avis...

 

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Published by François Massarelli - dans William Wyler
20 octobre 2019 7 20 /10 /octobre /2019 23:12

De tous les films qui traitent du sujet de l'homosexualité féminine, celui-ci est un des plus célèbres. Mais si on se réjouit de voir Audrey Hepburn, et Shirley McLaine, voire Miriam Hopkins un certain nombre d'années après ses prestations chez Lubitsch ou Mamoulian, il faut quand même reconnaître que le le film, qui se résout essentiellement en huis-clos, est âpre, dur. Wyler fait tout reposer sur les acteurs et actrices, dans sa méthode habituelle, rigoureuse et probablement très appréciable pour ses interprètes... 

L'histoire est celle d'une petite école menée par deux femmes, aidées par la tante de l'une d'elles. Martha et Karen, respectivement McLaine et Hepburn, joignent difficilement les deux bouts dans leur pensionnat pour jeunes filles, et lorsque la rumeur de leurs relations coupables (on s'intéressera à toutes les combinaisons linguistiques et sémantiques utilisées afin de pouvoir dire l'indicible dans le film) se répand, suite à des vexations prétendument subies par une jeune écolière de l'endroit, les parents retirent tous leur progéniture. les suites ne se font pas attendre: les deux femmes se retrouvent seules, perdent un procès qui leur fait une publicité embarrassante (Wyler, qui fait partie de ces réalisateurs qui dans les années 60, veulent faire tomber la censure, nous montre les mâles de l'endroit qui viennent rôder autour du pensionnat comme on va au zoo), et le fiancé (James Garner) de Karen jette l'éponge, obsédé par le fait qu'il se pourrait bien que sa future femme ait commis les actes dont on l'accuse.

Ce qui sauve le film de n'être qu'une simple (Et impressionnante) autopsie d'une rumeur, ce sont ces deux scènes au cours desquelles Martha révèle la vérité de ses sentiments à Karen, et la réaction de celle ci: elle ne la rejette pas, sans se jeter sur elle pour autant. La dernière scène voit l'effet de la rumeur sur Martha qui ne se supporte plus, et se pend. On ne saura pas quelle réponse aurait apporté Karen à la jeune femme, mais les deux actrices ont su jouer ce film dans la dignité jusqu'au bout, et presque réussir à poser la question: et si ce n'était pas grave? Si on avait tout simplement le droit d'être différent?

En faisant un film qui s'intéresse aux mécanismes dévastateurs d'une rumeur, avec tous ses acteurs (les petites écolières, la vieille tante qui pense tout haut, la bourgeoise qui fait la pluie et le beau temps, et les braves gens qui comptent les points), Wyler aurait déjà pu accomplir un grand film; son choix a été de prolonger les personnages au-delà de la simple résolution de leur parcours, et de sonder les êtres présents dans le film. Et c'est ce qui rend (au-delà des prestations superbes et profondément dérangeantes pour l'époque de McLaine et Hepburn) le film si beau et si dur...

Après les coups d'éclats (Censurés) de Stroheim avec Foolish wives, les mentions d'amours ambiguës en contrebande chez Clouzot (Quai des orfèvres), un film qui pose le problème, tout en confirmant la difficulté à faire en sorte d'afficher clairement la couleur devant une identité sexuelle qui divise aujourd'hui encore l'humanité en deux: les gens qui acceptent ou s'en foutent, et les salauds.

 

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Published by François Massarelli - dans William Wyler
13 octobre 2019 7 13 /10 /octobre /2019 14:17

Mission impossible?

Sans doute, mais pourquoi ne pas le tenter quand même? Ce que Wyler doit faire, d'ailleurs, n'est pas tant d'adapter le roman d'Emily Brontë, que d'en proposer une version qui sied plus à son romantisme personnel. Et du coup, l'abréviation et la simplification à l'oeuvre dans cette adaptation produite par Samuel Goldwyn passent beaucoup mieux... Notons que si le film a été tourné en Californie, ça ne se voit absolument jamais, même si de toute évidence, il ne s'agit pas du Yorkshire non plus!

Un voyageur égaré, M. Lockwood, débarque en pleine tempête de neige dans la maison lugubre de Wuthering Heights, sur la lande désolée... Il trouve refuge sur place, sous la responsabilité du rude M. Heathcliff. Pendant la nuit, Lockwood entend un cri à l'extérieur, d'une femme qui prétend être "Cathy". Alerté, Heathcliff devient fou... Une domestique, Elle, explique à Lockwood le fin mot de l'histoire: Cathy, c'est Catherine Earnshaw, la fille de l'ancien propriétaire de Wuthering Heights; un jour, il a ramené à la maison un enfant trouvé, Heathcliff. Ce dernier a été élevé entre l'égalité (la complicité avec Catherine) et ordre de classe (toute la maisonnée, à la mort de leur maître, a remis Heathcliff à sa place à l'instigation du frère de Catherine qui était jaloux de lui. Et Catherine, amoureuse de Heathcliff mais désireuse de s'élever socialement, a été longtemps partagée sur la marche ç suivre... Heathcliff, pour finir, a été forcé de partir et déterminé à revenir en maître de la lande...

C'est en 1939 que le film est sorti, et on imagine bien que dans l'optique du vieux producteur indépendant, et de son metteur en scène, les personnages de la jeune soeur Brontë pouvaient bien faire concurrence à ceux de Margaret Mitchell. Si le roman a subi dans cette adaptation une simplification, et si le film divise un peu trop l'univers qu'il montre entre rugosité (Wuthering Heights) et richesse (la demeure des Linton), le metteur en scène retourne à son péché mignon, qui est de donner aux acteurs des scènes qui leur permettront de donner libre cours à leurs passions. Merle Oberon (Cathy) est sans doute à son meilleur dans ce film, où Wyler utilise beaucoup l'intensité de son regard, et Laurence Olivier (Heathcliff) a rarement été aussi juste dans un rôle, qui lui permet ici de jouer la carte des passions débridées. Si l'intrigue s'éloigne du roman, les scènes qui permettent à Wyker et ses acteurs d'y revenir sont nombreuses...

Donc, si je n'irai pas comme le font les actuels vendeurs de pellicule, jusqu'à qualifier ce film de chef d'oeuvre romantique, au moins ce raccourci nous permet-il de nous approcher, même à distance respectable, d'un immense classique probablement totalement inadaptable.

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Published by François Massarelli - dans William Wyler
11 octobre 2019 5 11 /10 /octobre /2019 17:17

Un homme arrive dans l'ouest: Jim McKay, capitaine au long cours, a rencontré une jeune femme, et il l'a demandée en mariage. Fille d'un gros éleveur de l'ouest, elle n'a pas pensé un seul instant que ce serait à elle de déménager, et donc il accourt... Au départ, McKay a du mal à s'adapter: les moeurs locales sont un peu étranges pour lui. De plus on lui demande environ tous les quarts d'heure de prouver qu'il est un homme, et il a horreur de le faire sur commande. Enfin, la famille Terrill dans laquelle il est supposé entrer, est sous la coupe du père de sa fiancée, le Major Henry Terrill: celui-ci cultive depuis très longtemps une rivalité sanglante avec Hannassey, un autre éleveur, moins fortuné, mais tout aussi cabochard que lui.

McKay, c'est Gregory Peck, en héros très paradoxal de western: il est l'outsider, le pied-tendre, le Dude, comme on dit là-bas, et c'est tout sauf tendre... Très rapidement, il va s'attirer des ennuis et des ennemis: le père Terrill, qui ne comprend pas qu'on puisse envisager les choses autrement que lui ne le fait, pour commencer; la famille Hannassey, qui le considère comme un crétin venu de l'Est, ensuite; le principal collaborateur de Terrill, l'homme à tout faire Steve Leech (Charlton Heston), qui est jaloux de celui qui s'apprête à épouser celle qu'il aime; enfin, Patricia Terrill elle-même, qui ne comprend pas que mcKay ne pense pas exactement comme son père, voire qu'il pense par lui-même tout court. La demoiselle a des problèmes à régler avec son paternel, et du coup le couple ne durera pas longtemps...

La seule personne qui réussira à apprécier McKay a sa juste valeur (si on excepte le sympathique Ramon, un palefrenier avec lequel le capitaine va sympathiser dans une scène mémorable) est Julie Maragon (Jean Simmons), la propriétaire, symboliquement, du seul point d'eau de la région, véritable trait d'union entre les deux ennemis de toujours: son territoire est la clé de la paix fragile, où elle laisse les uns et les autres abreuver leur bétail. 

Comme on le voit, le film possède une galerie de personnages hauts en couleurs, auxquels il faut ajouter quelques précisions, concernant les Hannassey: d'un côté, le père, divisé entre sa haine de classe envers celui qui le déteste autant et qui lui a réussi, et une envie de retrouver une justice, qui s'exprime paradoxalement entre deux flambées de violence par un désir de fair-play (c'est lui qui règlera un duel entre son fils et McKay, en menaçant de tuer son propre fils s'il enfreint les règles): un personnage riche, déroutant, et qui a valu un Oscar à Burl Ives. De l'autre, son fils justement, Buck (Chuck Connors), caricature de méchant vicieux, alcoolique et violeur. Mais les deux psychopathes assumés sont-ils si différents de Terrill (Charles Bickford) et de sa fille (Caroll Baker) obsédée de l'honneur et de la puissance de son papa?

Dans un film qu'il traite à moitié en western Shakespearien, à moitié avec un oeil gentiment rigolard (ah, la scène durant laquelle pour son plaisir, McKay va en douce dompter le cheval au caractère difficile qu'on souhaitait lui faire monter par bizutage!!), Wyler affiche sans trop de complexe une tendance à exagérer avec gourmandise, sans pour autant rejouer la partition de Duel au Soleil... C'est un film qui se dévore sans retenue, et qui inaugure une époque de super-westerns, dont beaucoup (The magnificent seven, How the west was won) seront beaucoup plus insipides, et nettement moins distrayants... En 165 minutes, il prend son temps, à l'image de son héros qui refuse de se comporter en cliché de l'ouest et qui fait les choses quand et comment elles doivent être faites...

 

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Published by François Massarelli - dans Western William Wyler
6 octobre 2019 7 06 /10 /octobre /2019 17:15

Voici un film à cheval entre le muet (pour ses premières 55 minutes) et le parlant (pour les dernières 24!): il est aussi situé entre le mélodrame et la comédie, avec un fort penchant pour ce dernier genre d'autant qu'il s'agit d'un "véhicule", comme on dit, pour la comédienne Laura La Plante dont la carrière était sous surveillance à la Universal, car si elle pouvait jouer la comédie muette, le parlant lui posait problème. ...Ce que confirme le film, hélas...

Evelyn Todd est une chorus girl, naïve et simple, montée à la grande ville de son propre chef. Et elle se fait licencier parce qu'elle n'est pas très douée... Effondrée, elle accepte le conseil d'une amie, qui lui propose de passer u bon temps dans la mesure où elle a un joli minois. Mais les hommes qu'elle côtoie dans une soirée aimeraient un peu plus, et elle s'enfuit... Pour trouver sa porte close et ses affaires dans la rue: elle vient d'être mise à la porte de son logement!

C'est le moment que choisit Paul (Neil Hamilton) pour entrer dans sa vie. Le richissime prince charmant la sauve, l'emmène, l'épouse, et tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes, si le propre oncle du jeune marié n'était un témoin du passé de la jeune femme. Elle n'a rien à se reprocher, mais comment pourrait-elle le prouver?

La Universal, contrairement à la MGM, peut largement se permettre de dégonfler les bonnes moeurs comme une baudruche, et s'amuser de voir une jeune femme de la classe ouvrière se payer la tête d'une vieille baderne qui la traite comme de la crotte, mais comme je le disais plus haut, le film passe soudainement, en plein milieu de sa partie dramatique, du muet vers le parlant, et justement, quand il s'agit de parler, Laura La Plante ne tient pas vraiment la distance. Reste un film soigné, dont les ruptures de ton sont parfaitement bien amenées, et dont les acteurs, dans l'ensemble, assument parfaitement leur rôle... Tant qu'il ne faut pas trop parler!

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie William Wyler 1929 Pre-code *
5 octobre 2019 6 05 /10 /octobre /2019 11:06

Dans une plantation en Malaisie, la nuit chaude est perturbée par des coups de feu, puis par la mort d'un homme: Leslie Crosbie (Bette Davis) vient en effet de tuer Geoff Hammond, l'ami de la famille avec lequel on avait pris ses distances. La suite s'organise: on prévient le mari de Leslie (Herbert Marshall), puis la police et l'avocat de la famille sont prévenus... Tout ça se passe entre gens de bonne compagnie, et le récit que Leslie fait des événements permet à tous de n'avoir pas le moindre doute: elle s'est défendue contre un assaillant et a toutes les excuses du monde pour avoir perdu son sang-froid et vidé le chargeur sur le cadavre! Pour tous, le procès ne sera qu'une formalité.

Sauf que pour Mrs Hammond (Gale Sondergaard) qui est une indigène (ce que ne manquent jamais de souligner, d'un air dégoûté, les braves protagonistes Britanniques, ce n'est pas aussi simple: elle fait savoir via l'avocat Joyce (James Stephenson) qu'elle est en possession d'une lettre qui accuse formellement Leslie d'avoir intentionnellement fait venir le soir de sa mort Geoff, dans le but évident d'un adultère... Joyce est donc devant un cas de conscience grave: commettre un parjure et céder au chantage pour sauver son amie, ou... laisse la justice se faire?

...Et pourtant le film, un pur mélodrame mâtiné de film noir, n'est pas un film policier, et ne se concentrera pas sur le cas de conscience évoqué, du moins pas seulement. Wyler y fait la preuve de son talent exceptionnel, en réussissant à transcender le théâtre filmé (c'est une adaptation d'une pièce de W. Somerset Maugham, l'auteur de Miss Sadie Thompson/Rain), tout en fournissant par des plans longs et soutenus à la fois un écrin de choix pour les acteurs, et une tension phénoménale au fur et à mesure que le film avance. Que Bette Davis (qui adorait Wyler, comme quoi tout est possible y compris pour l'une des actrices les plus égocentriques au monde!) y soit formidable, est une évidence: le metteur en scène se repose intégralement sur sa capacité à être le centre de tout: scène, intrigue, pensées des personnages, interrogations du spectateur... Le choix d'Herbert Marshall (qui n'allait pas très bien) joue aussi en faveur du film, lui qui devra interpréter un mari trompé qui doit aller jusqu'à s'humilier pour conserver la femme qu'il aime.

Le film joue aussi de l'atmosphère particulière, moite et inquiétante, de son parfum colonial: c'est à porter au crédit de cette production, que d'avoir développé une intrigue sans le moindre prêchi-prêcha, où finalement une britannique se fait prendre en flagrant délit de vice aggravé, coincée dans ses derniers retranchements par une femme locale, dont les intentions ne sont jamais totalement claires, d'ailleurs. Tous ces braves blancs, qui passent leur temps à se plaindre du climat en sirotant des cocktails, n'en peuvent plus de maudire celui qui est mort et qui l'avait bien cherché: il avait osé franchir la barrière raciale... Mais que penser de celle qui l'a tué, et qui cinq minutes plus tard (juste le temps de se changer en arborant désormais une tenue d'un blanc virginal), assume d'une façon incroyable le pire mensonge de sa vie en mettant sa propre vilenie sur le dis du défunt?

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Published by François Massarelli - dans William Wyler Noir
29 septembre 2019 7 29 /09 /septembre /2019 09:01

La princesse Ann (Audrey Hepburn), future monarque d'un petit pays Européen, finit une tournée des capitales, et passe par Rome, où elle va devoir se soumettre au même cirque qu'ailleurs: cérémonies officielles, bals sous surveillance, discours réchauffés, et conférences de presse tellement muselées qu'elle y répond automatiquement. Bref: elle s'ennuie, voire déprime, et à l'occasion d'un coucher difficile (elle se fâche et refuse de se calmer), elle fait le mur, pour aller voir la vie de plus près. Mais on lui a administré un sédatif, et elle s'endort sur un banc très peu de temps après avoir entamé sa fugue. C'est là que Joe Bradley (Gregory Peck), un correspondant Américain d'un service de presse, la découvre, sans la reconnaître. Puisqu'elle est incapable de marcher, et ne peut se débrouiller seule, il la ramène à contrecoeur à son appartement. Le lendemain il se réveille tard et laisse la princesse dormir pour se rendre (en retard) à son travail, ignorant du fait que sa mission du jour (interviewer la princesse) est annulée, et pour cause: tous les journaux l'annoncent, "La princesse est malade". Et comme ils l'illustrent par des photos, Bradley comprend la situation incroyable dans laquelle il se trouve...

Un conte de fées, en somme, qui voit 24 heures de la vie de deux personnes que tout éloigne (même si un Bradley est amené à côtoyer professionnellement des princesses) les rapprocher, puis les unir avant de les bouleverser. Le film est une comédie bien sûr, mais jusqu'à un certain point, car tout se passe comme si Wyler avait décidé de tourner le film (en décors naturels à Rome!) à la fois en hommage au néo-réalisme, et comme un drame sentimental. La comédie est donc bien présente, mais rapidement sous-tendue par une certaine amertume... Et le résultat est magique: depuis cette première scène durant laquelle Audrey Hepburn doit maintenir une attitude digne et impassible devant les hauts dignitaires qu'on lui présente à la pelle, alors qu'elle vient de perdre sa chaussure. Et le général qui l'accompagne en toutes circonstances de méprendre les signaux que lui envoient la suite, et l'invite à danser: c'est une vraie situation de comédie liée à l'embarras, mais le jeu étonnamment précis et économe d'Audrey Hepburn y renouvelle le genre...

A l'inverse elle s'anime lorsqu'elle est enfin libre, et le réalisateur comme ses acteurs ont de toute évidence pris un grand plaisir à déambuler et tourner dans Rome, avec une situation qui aurait sans doute plu à Lubitsch ou Wilder, car jusqu'à la fin du film, la princesse ignorera l'identité véritable de son prince charmant. Mais l'amertume gagne du terrain justement quand Bradley doit dépasser ses sentiments pour faire son métier, et trahir littéralement la princesse Ann... Il suffira d'un bain forcé (une bagarre entre les services secrets à la recherche de la princesse, et le bon peuple d'un dancing sur le fleuve) pour pousser définitivement les deux amoureux dans les bras l'un de l'autre.

Le final du film cède définitivement la place à la tristesse et au devoir: revenue à sa place, pendant la conférence de presse qui doit sceller la fin de son voyage officiel, la princesse Ann aperçoit Bradley devant elle, et réussit par les paroles officielles qu'elle prononce, à engager un dialogue avec lui et à le questionner sur la vérité de ses sentiments:

Ann: ...I have faith in relations between people.

Bradley:  May I say, speaking for my own... press service: we believe your highness's faith will not be unjustified.

Ann: I am glad to hear you say it.

Le point de presse est donc le moment durant lequel au nez et à la barbe des journalistes et de la famille royale présente les deux amants s'avouent leurs sentiments... tout en prenant acte de leurs adieux. Les derniers plans nous montrent Joe Bradley qui quitte le palais, filmé sous un plafond extraordinaire, mais plus seul et plus désespéré que jamais. Il n'empêche, cette scène formidable et ces deux personnages sont parmi les plus beaux du genre... A l'image d'un film qui se présentait comme une anecdotique et vigoureuse comédie qui exploitait un peu la situation scandaleuse de la princesse Margaret qui avait défrayé la chronique pour filer le parfait amour avec un roturier... En lieu et place, nous avons un grand film, une visite magique de Rome, et la naissance d'une légende, Audrey Hepburn.

 

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Published by François Massarelli - dans William Wyler Comédie
25 septembre 2019 3 25 /09 /septembre /2019 18:40

En 1939, Kay Miniver (Greer Garson) quitte le centre de Londres pour rentrer chez elle, dans la banlieue: elle vient d'acheter un chapeau d'une grande frivolité, et ne peut s'empêcher de se sentir coupable vis-à-vis de son mari (Walter Pidgeon)... En chemin elle rencontre trois personnes qui vont souvent réapparaître: d'abord, le vicaire (Henry Wilcoxon) qui prend le même train qu'elle et la rassure sur sa frivolité; puis la redoutable Lady Beldon (Dame May Whitty) qui partage leur compartiment et qui se comporte comme elle sait si bien le faire, en aristocrate hautaine et conservatrice... Enfin, en sortant du train, elle croise M. Ballard (Henry Travers), un employé des chemins de fer qui a dédié sa vie à la création de roses. Il est impatient de lui montrer son dernier spécimen, qu'il a baptisé Mrs Miniver... En arrivant chez elle, Kay qui s'inquiète tant de son achat inconsidéré ne sait pas que son mari, lui, a quasiment acheté une nouvelle voiture!

En apparence il ne se passe quasiment rien, et pourtant on ne peut plus détacher ses yeux de l'écran. Greer Garson, d'une part, interprète avec une incroyable grâce et une puissance phénoménale son personnage de femme au foyer d'âge moyen, profondément humaine et Britannique jusqu'au bout des ongles... Et le script, structuré avec intelligence, oscillera en permanence entre le frivole (les réunions de famille, les occasions sociales, le quartier, les querelles culturelles pour savoir qui, du prolétaire Ballard ou de l'aristocrate Lady Beldon, a cultivé la plus belle rose) et le grave: la guerre qui menace, les enfants qui partent au combat, les avions qui bombardent, et le nazi caché dans le jardin...

Chaque événement mène à un autre, et le léger annonce souvent le grave, justement... Mais au milieu de tout ça, dans une mise en scène d'une rigueur diabolique, et avec un sens du détail qui emporte tout sur son passage, Wyler assène un message nécessaire: oui, c'est certainement de la propagande de dire que quand la barbarie menace, il faut combattre avec toute la décence et la force possibles... Mais c'était en 1942 nécessaire, et je ne vois pas pourquoi ce ne le serait pas encore aujourd'hui! le film est prenant, disais-je, et souvent marqué par une maestria quant à la représentation des émotions. Un aspect important du cinéma de Wyler, qui signerait quelques années plus tard The best years of our lives, un film d'après-guerre tout aussi majeur que celui-ci, et qui allait, lui aussi rafler l'Oscar du meilleur film.

Et c'est amplement mérité, pour le personnage de Mrs Miniver, pour l'humanisme profond du film et de ses personnages, pour le regard touchant sur l'absurdité cruelle d'un conflit qui tend à laisse les plus âgés vivant pour pleurer les plus jeunes, et sur ces moments de félicité qui sont gâchés par l'intrusion d'un soldat ennemi blessé. On lui donne à manger, à boire, mais le nazi ne pourra pas se priver de prévenir, avant d'être emmené par la police, que d'autres viendront. Ce ne sont pas les Allemands qui sont ainsi montrés u doigt, mais le nazisme, et cette prétention à rayer du monde un pays démocratique, où à la fin, le prolétaire reçoit justement un trophée des mains de l'aristo, le jeune soldat intellectuel soutient de son bras la vieille dame conservatrice, et les amis et voisins se mettent en quatre pour assurer un avenir décent aux enfants, entre eux raids aériens... De scène en scène, un film admirable,direct et sans second degré aucun, qui mérite d'être pris en pleine poire...

 

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Published by François Massarelli - dans William Wyler
8 septembre 2019 7 08 /09 /septembre /2019 08:46

Jezebel, personnage biblique, est l'épouse du roi Ahab qui tenta de persuader son époux d'abandonner l'adoration de Yavhé, pour favoriser d'autres divinités, et d'une manière générale s'est appliquée à n'en faire qu'à sa tête en se livrant à des transgressions de la morale et des provocations contre la bonne société... Le nom revient souvent justement quand il s'agit de condamner le comportement d'une femme de la haute société: "Why, she's a common Jezebel!"

Trois adjectifs me viennent à l'esprit en considérant ce film particulièrement connu et célébré, à juste titre, de William Wyler. Il raconte les dangereuses manigances d'une belle du Sud, une dizaine d'années avant le conflit qui va déchirer les Etats-Unis: Julie Marsden (Bette Davis) aime Preston "Pres" Dillard (Henry Fonda), qui le lui rend bien, mais la jeune femme tend à jouer au yo-yo avec le jeune homme, qui lui en revanche est responsable et mesuré. De plus, en tant que banquier il est partie intégrante de la municipalité Néo-Orléanaise et a donc des obligations et des devoirs, d'autant que les autorités craignent une résurgence grave de la fièvre jaune qui avait déjà décimé la population vingt années auparavant... Alors devant tant de caprices, de manoeuvres pour toujours être au centre des conversations, et d'entorses au bon goût, Pres rompt ses fiançailles une bonne fois pour toutes... Quand il reviendra, c'est marié, et Julie prendra évidemment la présence d'Amy Dillard (Margaret Lindsay), une Nordiste de surcroît, comme un camouflet personnel. Mais la fièvre jaune est là...

Insidieux. La façon dont Wyler construit son film, centre le tout autour du personnage particulièrement négatif de Julie est magistrale, et tout y est accumulation d'impressions pour le spectateur. Le plus beau étant que cette abominable être humain, qui répand le doute, l'irritation, voire la misère autour d'elle (on se bat en duel pour elle, et pas qu'un peu) finit par être bien plus qu'une simple marionnette pour pièce de théâtre, nouvelle ou film. Certes, le personnage de Julie est un savant équilibrage de clichés, mais la collaboration entre Wyler et Bette Davis donne lieu à un personnage formidable, une sorte de Super-Scarlett en plus riche, qui réussit là ou à mon sens Vivien Leigh échoue: Julie, c'est la monstrueuse créature de Frankenstein de la bonne société Sudiste, de ces familles qui disposent d'êtres humains (comme ces esclaves que dans ce film on voit évoluer autour de leurs maîtres comme si tout était normal). Comme le dit une fille à sa mère qui vient de lui envoyer un regard courroucé parce que la petite avait oublié de faire une révérence, il serait peut-être temps d'évoluer... Et c'est insidieux, car sous couvert d'un impeccable romantisme, Wyler assène des coups et cabosse sérieusement l'image d'Epinal de tous ces braves gens.

Flamboyant. Evidemment, ce n'est pas pour rien que Bette Davis a considéré ce film comme l'un des plus importants de sa carrière! Elle y domine une interprétation pourtant gorgée d'acteurs solides (Donald Crisp, George Brent, entre autres, sans parler de Fonda) et la mise en scène par son impressionnant sens de la composition, et de par une coûteuse tendance à cadrer au plus large, nous montre Julie en reine de la maisonnée (et quelle maisonnée!) et de la plantation. Et le film court durant toutes ses 104 minutes vers un final qui se résout dans les flammes: Gone with the wind (oui, bien sûr, il y a tant de comparaisons à faire entre les deux, on ne va pas s'en priver) aurait sans doute bénéficié d'un placement de la guerre à la fin du film... Jezebel se termine sur une épidémie meurtrière qui permettra un acte de rédemption. Rien que ça!

Malsain. Oui, bien évidemment, pour tous ses clichés (Belle du Sud, élevée dans l'opulence, orpheline et héritière dont tous les proches finissent par être à sa botte, et j'en passe), Julie est d'abord et avant tout une femme amoureuse, qui a fini par considérer le monde comme tournant autour d'elle et de son affection maladive pour un homme auquel elle pense 24 heures sur 24, mais qu'elle se dispose à faire souffrir: consciemment. C'est un beau personnage qui souffre d'une maladie qu'on reverra plusieurs fois chez William Wyler, une obsession... amoureuse celle-ci. A ce régime, comment s'étonner que Jezebel se termine dans les flammes, avec ces plans qui voient Bette Davis se diriger vers son destin, cadrée de manières à ce que les flammes des feux allumés dans les rues de New Orleans dévastée par une épidémie, se confondent avec elle?

Bette Davis se jette entièrement dans cette intrigue qui non contente de tourner autour d'un personnage dotée d'une vraie profondeur psychologique (ce qu'elle attendait depuis bien longtemps au studio) mais en plus est dotée de robes à tomber par terre... Wyler a réussi à allier une rigueur classique, une sorte de raisonnable apparent et linéaire, avec le délire des mélodrames les plus improbables, et c'est sans doute l'un des cas les plus réussis d'une collaboration effective entre une actrice et un metteur en scène, un film qui trouvera des échos et des connections dans The heiress et The collector. Un chef d'oeuvre.

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Published by François Massarelli - dans William Wyler
1 juin 2019 6 01 /06 /juin /2019 08:54

Plus ou moins basée sur Washington Square de Henry James, la pièce originale avait tapé dans l'oeil de Olivia de Havilland, qui depuis son départ de Warner se lançait avec audace dans des projets de plus en plus personnels. De même, c'est elle qui a fait appel à William Wyler - en espérant qu'il dise oui! C'est dire si le film lui tenait à coeur...

Les Sloper vivent à Washington Square à New York, un quartier tout ce qu'il y a de convenable pour des gens "très biens". Le docteur (Ralph Richardson) fait son travail, hautement respecté de sa clientèle; il vit avec sa fille Catherine (Olivia de Havilland), accueille pour un petit temps sa soeur Lavinia, récemment devenue veuve (Miriam Hopkins), et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes... Austin Sloper, veuf inconsolable, souhaite bien entendu que sa fille trouve un jour un mari, mais... Il en doute, car il n'a pas le moindre doute: elle est irrémédiablement, définitivement, incontestablement médiocre. Le seul atout en sa faveur serait, probablement, son argent: et c'est bien là le problème, comme Catherine ne va pas tarder à le constater quand un prétendant, Morris Townsend (Montgomery Clift), va s'infiltrer avec insistance dans sa vie. Pour Catherine, peu habituée aux attentions, ce sera l'amour au premier regard. Pour son père, Morris n'est qu'un chasseur de dot. Pour Morris...

La cruauté: c'est bien sûr le mot clé de tous les commentaires sur le film, aussi bien la cruauté de James, que celle de la situation développée dans le film, celle du père également, qui a tant regretté le décès prématuré d'une épouse qu'il adorait qu'il en a en retour projeté sur sa fille unique l'image impossible à atteindre de la perfection. Et en retour, aussi des développements qui vont encore plus loin, le fait d'être cruel dans cet environnement devenant la solution à tous les problèmes, semble-t-il...

Wyler organise sa mise en scène autour d'un nombre limité de personnages. Aucun des domestiques ne partage son point de vue, et Lavinia est hors-jeu, y compris lors de quelques scènes où elle complote gentiment pour faciliter les affaires des amoureux, que le père empêche de se voir. Morris est quant à lui toujours cantonné dans le point de vue des uns (Austin, qui n'a pas le moindre doute quant à la duplicité du jeune homme, et qui a des arguments) ou des autres (Catherine, amoureuse, et qui a des arguments elle aussi, est persuadée que son affection est réelle). Et pour cause: il est l'enjeu même du film, et à travers lui, le destin d'une femme qui a tellement été étouffée par son père qu'elle en a acquis une certaine incapacité à vivre par elle-même...

Outre une utilisation parfaitement maîtrisée du cadre dans ces scènes généralement situées dans la maison des Sloper, le miroir est sans doute le "truc" le plus souvent utilisé dans le film par la mise en scène, dans ces pièces immenses où évoluent les personnages. Extension de l'action, raccourci génial quand l'image qui s'y reflète est celle de Lavinia (Miriam Hopkins vit le film entier comme une occasion pour son personnage de revivre sa vie amoureuse par procuration, elle est formidable) qui dévale l'escalier pour rejoindre sa nièce; occasionnellement le miroir est aussi un reflet de l'âme des personnages notamment dans deux plans, l'un où Austin aperçoit sa fille occupée à son unique passe-temps, la broderie, mais l'image qui se reflète d'elle montre un visage dur, voir impitoyable vis-à-vis de son père. Puis quelques instants plus tard, le père qui vient d'annoncer une mauvaise nouvelle se retire, aperçu dans le miroir comme assujetti à la volonté désormais bien affirmée de sa fille, multipliée par deux: la vraie Catherine et son reflet. mais cette fois-ci les deux ont exactement la même attitude...

Olivia de Havilland a joué ce rôle avec une gourmandise particulièrement visible, et n'a pas lésiné sur les effets pour se vieillir, et comme la réaction de toute la bonne société, à part Morris bien sûr, est de lever les yeux au ciel quand il s'agit d'elle, on notera aussi qu'elle évite le maquillage, sauf sur les paupières mais pour les enlaidir; elle joue en permanence dans le premier et le deuxième acte une jeune femme qui tient sa place et ne comprend pas grand chose... Avant de revenir transformée au troisième, légèrement maquillée, comme rajeunie: elle a pris son destin en main, car elle est livre: son père est mort...

Le film est d'une richesse inépuisable, une grande gorgée de venin et d'ironie vacharde, déguisée en drame romantique, avec ces décors et ses costumes si soignés... La vie de la pauvre Catherine n'est pas rose, certes, mais quel bonheur cinématographique! Quel film! Quelle actrice!

 

 

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Published by François Massarelli - dans William Wyler Olivia de Havilland Criterion