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2 juillet 2024 2 02 /07 /juillet /2024 22:08

Trois histoires font intervenir les mêmes acteurs dans des rôles différents:

The death of R.M.F.: Robert (Jesse Plemons) a laissé son patron Raymond (Willem Dafoe) lui dicter absolument tout de sa vie, il s'est marié à celle (Hong Chau) qu'il lui a indiquée, il lit ce qu'il lui dit de lire... et il doit provoquer un accident qui entrainera la mort d'un homme, RMF. Et là, Robert ne veut plus, il reprend donc sa liberté. Mais le peut-il?

R.M.F is flying: Liz (Emma Stone), une biologiste marine, a disparu lors d'une mission. Son mari Daniel, un officier de police (Jesse Plemons) se désespère. Mais quand elle est retrouvée in extremis après avoir survécu tant bien que mal sur une île déserte, il se rend compte qu'il ne la reconnait plus. Il refuse d'admettre que c'est elle et commence à avoir un comportement de plus en plus erratique. Liz, ou celle qui la remplace, décide de rester auprès de son mari coûte que coûte (en dépit de l'avis contraire de son père, Willem Dafoe)...

R.M.F. eats a sandwich: Emily (Emma Stone) et Andrew (Jesse PLemons) sont deux membres actifs d'une secte new age délirante menée par Omi (Willem Dafoe) et Aka (Hong Chau). Elle a du quitter sa famille dont sa fille en bas âge, et ils ont pour mission de trouver l'élue de la secte, une guérisseuse qui peut sauver les gens par l'imposition des mains. Les candidats (dont Hunter Schafer) ne donnent pas grand chose, jusqu'à ce que Rebecca (Margaret Qualley) ne contacte Emily au sujet de sa soeur jumelle Ruth, qui l'aurait ramenée sans le savoir d'entre les morts quelques temps auparavant...

C'est noir, très noir, et on est devant des portraits déformés de notre société plus proches sans doute de l'esprit de The lobster, ou de The Killing of a sacred deer, que du Frankensteinisme revisité de Poor things et de la classe historique en costumes de The favourite. J'émets une hypothèse: Lanthimos a vraiment eu à la fois reconnaissance mondiale et succès solide avec ces deux derniers films, et a sans doute eu envie de retourner au surréalisme et au ton absurde de autres films... Au risque de dérouter le public.

Mais justement, son assise lui a permis de convoquer pour son nouveau film (à la durée extravagante de 2 heures et 44 minutes) des acteurs de premier plan, dont trois si je ne m'abuse reviennent depuis Poor things: Emma Stone, Willem Dafoe et Margaret Qualley (qui elle aussi joue dans les trois parties)... Ces petites histoires jouent en faveur du film, qui se remet en selle deux fois après un démarrage sur ce qui est sans doute l'intrigue la plus aboutie.

Comme d'habitude il sera de bon ton de s'armer d'humour, de beaucoup d'humour même devant les horreurs qui s'accumulent devant nous: échangisme militant (avec une vidéo qui donne lieu à l'une des scènes les plus étranges qui puissent être), prosélytisme sectaire, viol, cannibalisme, manipulation avec chantage affectif, les motifs d'aller fouiller dans les travers psychologiques d'une société ne manquent pas. On regrettera, c'est mon cas, que le morcelement en trois intrigues nous fasse perdre l'exceptionnelle cohérence des univers des films de Lanthimos... Pour le reste, on applaudira fatalement les acteurs, ils sont tous exceptionnels dans le film!

Quant à R.M.F., le seul personnage commun aux trois parties, il s'agit de l'acteur Yorgos Stefanakos. Il est aussi notaire, est un ami de Lanthimos, et lui a fait l'amitié d'apparaître dans Poor things. Il s'appelle bien RMF dans le film, c'est brodé sur son polo. Mais R.M.F. pour quoi? Lanthimos estime que c'est arbitraire. Des commentateurs croient y voir les initiales de Redemption, Manipulation, Faith. Ce qui correspondrait effectivement à la "coloration" des trois sketches... Enfin, d'autres pensent qu'il s'agirait de Random Mother F...ker, soit "connard lambda". Je vous laisse juge...

 

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Published by François Massarelli - dans Yorgos Lanthimos
24 janvier 2024 3 24 /01 /janvier /2024 17:50

Le nouveau film de Yorgos Lanthimos est une adaptation d'un roman d'Alasdair Gray. Mais ne nous y trompons pas: même s'il s'agit de l'adaptation d'une autre oeuvre, on voit facilement ce qui a attiré l'auteur de The Lobster, de Dogtooth, de The favourite... Derrière ce monde recréé, c'est bien de son univers singulier qu'il s'agit...

Un univers parallèle et fantastique, pas trop éloigné de Frankenstein, mais avec un Prométhée en bien mauvais état: Godwin Baxter (Willem Dafoe) est un chirurgien de génie, abimé par la vie (et par un passé familial qui se devine en filigrane), qui a fait de l'observation des possibles du vivant, le coeur de son art. Chez lui, on croise des animaux croisés, une chèvre à tête de canard et un coq à tête de bouledogue... Ses étudiants le détestent sans aucune cordialité, sauf Max McCandles (Ramy Youssef) qui peine à cacher son admiration. Godwin (qui se fait facilement surnommer God, bien sûr) l'engage pour une tâche inattendue: mesurer les progrès d'une jeune femme que God présente comme une opérée du cerveau, Bella (Emma Stone)...

Un univers sombre: Bella n'est pas une jeune femme opérée du cerveau, mais une suicidée mystérieuse, que Godwin Baxter a recueillie juste après son trépas, alors qu'elle était enceinte... Il l'a sauvée, mais a surtout trouvé le moyen, avec les deux cadavres qu'il avait sur les bras, de ne faire qu'une personne dans un acte de défiance à l'éthique... Bella, quoi qu'il en soit, est une femme-enfant dont Max doit apprendre à mesurer les progrès tout en s'adaptant à son incroyable excentricité... Et ça se complique drôlement quand le jeune femme découvre sa sexualité. 

Sans aucun frein...

Un univers de transgression tous azimuths, ce qui ne surprendra sans doute que ceux qui ne sont pas familiers de l'oeuvre du metteur en scène, de son ironie créative, et de ses penchants pour l'observation de l'apprentissage (Voir Dogtooth à ce sujet!), ou de la rencontre fructueuse entre la répression (le film se situe dans une sorte de monde parallèle, mais dont la toile de fond reste quand même par bien des aspects la société victorienne...). Nous suivons donc ici les aventures d'une jeune personne qui apprend et qui apprend vite, parfois sous la férule d'un tuteur auto-désigné (Mark Ruffalo) qui croit pouvoir dominer la jeune femme, mais s'en mordra vite les doigts. Et guidée par son instinct, Bella apprendra à exprimer sa sexualité, découvrira la cruauté du monde, le socialisme, la prostitution...

Clairement, la façon dont Emma Stone domine le film est impressionnante. c'est un rôle physique, atypique, qui impose un don de soi qui est absolu. Elle y est magistrale de bout en bout, avec une énergie confondante, un humour ravageur, et sans aucun frein apparent... Un monstre de Frankenstein souvent assez punk, d'ailleurs. Mais le film ofre au-delà du monstre les conditions de la confection d'un personnage de Candide totalement inédit. Contrairement aux enfants enfermés de Dogtooth, Bella suit ses envies, et Godwin se réjouira finalement de l'avoir laissée explorer toutes ses possibilités. Il en ressort, sous des dehors de films gentiment absurde, et tout une panoplie de merveilles visuelles (le monde parallèle, d'abord en noir et blanc, puis en couleurs avec l'apprentissage de la liberté, de Bella) une ode à la différence, à la liberté aussi, qui a le bon goût de ne pas se terminer mal, et en prime possède sa propre morale... C'est un grand film. 

 

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Published by François Massarelli - dans Yorgos Lanthimos
10 juillet 2021 6 10 /07 /juillet /2021 11:26

Dans un avenir aussi proche qu'improbable, le célibat est mal vu, et toute personne seule doit impérativement passer 45 jours dans un hôtel où il/elle va tenter sa chance, sous haute surveillance. Au bout de cette période, elle/il sera transformé en animal s'il/elle n'a pas trouvé l'âme soeur.

Dès le départ, on peut mesurer les conséquences de cette situation, avec une scène privée du moindre contexte dans laquelle une femme qui restera inconnue gare sa voiture à côté d'un champ et abat froidement un âne. ...Son mari?

David (Colin Farrell) aimerait être transformé en homard si cette éventualité se précisait, d'où le titre... D'autant que son séjour ne se passe pas très bien au point qu'il va devoir tenter de tricher avec les règles de l'étrange hôtel, et les conventions sociales particulières (les couples ne sont pas ensemble par amour, mais par affinité: par exemple, ceux qui saignent du nez ensemble, ou ceux qui ont le même caractère).

Parallèlement, des rebelles, les "solitaires", vivent en marge et servent de monnaie d'échange pour les invités de l'hôtel. Ces marginaux qui prônent un célibat affirmé (et soutenu par des règles drastiques) sont en effet chassés par les célibataires, qui gagnent en les trucidant des points, à savoir pour un solitaire abattu, c'est une journée de plus à l'hôtel...

Le monde étrange de Yorgo Lanthimos, versant absurde, c'était déjà l'étonnant Kynodontas (Canine), dans lequel une famille en vase clos développait sa propre culture basée sur la peur absolue de l'inconnu: on y voyait déjà un microcosme dont l'émotion était bannie, et dont les rites devenaient délicieusement embarrassants, et même profondément burlesques: la danse pratiquée par ceux qui ne la connaissent pas, par exemple une constante des films de Lanthimos apparemment. Cette société pervertie jusqu'à l'absurde, filmée avec une impressionnante rigueur et une lenteur méthodique, ressemble à une version cauchemardée de la nôtre, ce qui ne l'empêche pas d'être très drôle, sinon hilarante. Il faut juste avoir l'humour bien accroché...

 

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Published by François Massarelli - dans Yorgos Lanthimos Comédie
19 septembre 2020 6 19 /09 /septembre /2020 17:21

Le deuxième long métrage Anglophone de Lanthimos, après The lobster, continue à explorer les thèmes chers au réalisateur (Voir Kynodontas), en particulier une plongée au coeur de la famille sous son versant le plus mécanique... La famille du film est un foyer aisé: le père Steven (Colin Farrell) est un chirurgien cardiologue réputé, la mère (Nicoele Kidman) est ophtalmologue, les deux enfants Kim (Rafey Cassidy) et Bob (Sunny Suljic) sont fort bien élevés et promis à un grand avenir... Mais depuis quelques temps, Steven voit, à l'hôpital où il exerce voire ailleurs, un mystérieux adolescent, Martin (Barry Keoghan), qui envahit de plus sa vie ainsi que celle de sa famille... 

On apprendre bientôt qu'il s'agit du fils d'un patient malheureux de Steven, qui est mort sur la table d'opération un jour que le chirurgien avait trop bu. S'il le laisse s'installer dans sa vie sans oser s'en ouvrir auprès de son épouse, c'est d'abord par culpabilité. Mais Martin abat bien vite ses cartes: il va provoquer la mort de toute la famille si Steven ne choisit pas de sacrifier un des membres, afin de "payer" pour la mort du père de Martin. La mort surviendra en quatre étapes: paralysie, refus de s'alimenter, saignement des yeux et enfin mort... 

Aucune explication sensée ne viendra évidemment étayer le lien entre Martin et la maladie qui va prendre d'abord Bob, puis Kim. Mais Lanthimos, comme dans ses films précédents, a déjà installé une atmosphère qui échappe au réalisme par la froideur émotionnelle qui se dégage du film: Steven, dont les gestes sont mécaniques, n'a jamais que des platitudes à dire, personne ne rit ni ne semble s'amuser. Et les personnages tendent à dire ce qu'ils pensent, Kim accueille donc Martin chez elle en lui disant pour commencer qu'ele vient d'avoir ses premières règles... Quelque chose ne tourne pas rond dans ce monde, clairement...

Lanthimos assume totalement aussi bien cette froideur, qui empêche justement le film de sombrer soit dans le drame soit dans le pathétique, que l'absurde et le fantastique de la situation. Il livre à coup de plans-séquences souvent statiques (qu'est-ce que ça fait du bien, une caméra qui ne se croit pas obliger d'être en mouvement permanent!) et à grande distance de ses personnages une nouvelle radiographie de la famille humaine, terrain de cruauté et de terrifiantes expériences; il le fait en ne négligeant pas la mythologie, qui le pousse ici à s'inspirer du mythe d'Iphigénie... celle-ci finira par accepter le sacrifice pour le bien de la Grèce: voilà qui ne présage rien de bon pour la famille Murphy... Quant aux acteurs, ils s'en tirent tous avec brio, notamment Raffey Cassidy qui est brillante de bout en bout et assume la froideur qui lui est demandée avec une aisance phénoménale...

 

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Published by François Massarelli - dans Yorgos Lanthimos
1 décembre 2019 7 01 /12 /décembre /2019 09:41

Yorgos Lanthimos ne fait rien comme tout le monde, décidément. Après avoir proposé des radiographies méchantes de familles dysfonctionnelles (on ne souvient en particulier de Dogtooth et de son atmosphère hallucinante de huis-clos glaçant) il continue dans cette voie en s'intéressant à une sorte de triangle amoureux historique, et à la lutte de pouvoir qui s'y déroule... Il s'appuie sur les personnages de la Reine Anne et de sa confidente, la belle Sarah Marlborough, épouse d'un ministre d'une part, mais aussi et surtout, nous dit le film, première ministre officieuse... vers le mieu du règne de la monarque, une jeune servante, Abigail Hill, a commencé en effet à supplanter la belle aristocrate dans les faveurs de la Reine.

Anne (Olivia Colman) est essentiellement une Reine détachée des affaires, trop préoccupée de ses lubies et de ses soucis grandissants de santé. Sarah (Rachel Weisz) tient donc fermement les rênes du pouvoir, sans que quiconque (pas même Lord Godolphin, premier ministre en titre) ne songe s'en émouvoir ou s'en offusquer. C'est qu'elle a une guerre à accomplir! Pendant ce temps, l'opposition Tory menée par lord Harley (Nicolas Hoult) essaie de trouver un angle pour affaiblir le pouvoir. C'est à peu près à ce moment qu'arrive Abigail Hill (Emma Stone), noble tombée en disgrâce, venue trouver un travail de servante auprès de la Reine. Mal accueillie, vite soucieuse de se venger de l'attitude hautaine de Sarah, Abigail a trois atouts: une sexualité peu regardante, une réactivité impressionnante et surtout, elle connait un secret d'état qui peut l'amener loin, très loin: elle sait tout de l'amitié réelle de la reine et de Sarah...

Traité comme une comédie grinçante, le film nous entraîne avec brio dans les arcanes du pouvoir, en se concentrant le plus souvent sur les chicaneries et les escarmouches, en mélangeant au fur et à mesure de chapitres, les points de vue: certains chapitres en effet penchent du côté de Sarah, d'autres d'Abigail... La personnalité presque monstrueusement excentrique de la Reine (Olivia Colman joue le rôle constamment au bord de la caricature), constamment hors-jeu, joue beaucoup à installer un malaise pathétique au lieu de forcer vers la caricature. Mais c'est la confrontation entre les deux autres femmes qui est le plus passionnant du film...

Lanthimos utilise à merveille les décors luxueux de Hatfield House et des angles distordus par des lentilles extravagantes. L'idée souligne justement l'idée d'un point de vue extérieur, tout en nous invitant à prendre le film comme ce qu'il est: une distorsion de la réalité historique, dans laquelle les anecdotes ont été retravaillées. Et il choisit une position de caméra souvent basse justement, afin d'accentuer l'impression du spectateur d'assister à une série d'événements auxquels il n'aurait pas du être convié. Bref le film choisit une voie constamment éloignée de l'académisme en vogue dans ce genre de reconstitution historique. Et les acteurs et actrices s'amusent d'un dialogue d'une méchanceté sans égale...

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Yorgos Lanthimos
27 août 2019 2 27 /08 /août /2019 09:12

Installant dans une narration totalement froide et distanciée un couple de bourgeois Grecs et leurs trois enfants, qui vivent semble-t-il plus ou moins à l'écart du monde dans une grande propriété qui sert de prison au fils et aux deux filles de la famille, le réalisateur Grec Yorgos Lanthimos développe ce qui me paraît être une comédie, donc je vais assumer cette hypothèse! Maintenant quand je dis "froide", ce n'est pas un vain mot...

Nous entrons dans l'histoire sans préambule, mais on voit vite que qui cloche: les trois enfants (qui ont tous plus près de vingt, voire de vingt-cinq ans) parlent entre eux dans ce qui a l'air d'être un jeu, mais on réalise très vite qu'ils ne comprennent pas tout ce qu'ils disent, et qu'ils ne connaissent pas le monde. Et d'un côté, si les parents les protègent des dangers du dehors, ils font venir aussi assez régulièrement Christina, une jeune femme (elle travaille à la sécurité dans l'entreprise où le père travaille) pour satisfaire les besoins du grand fils... 

Donc d'un côté, les parents font rester leurs trois enfants chez eux en leur disant qu'ils ne pourront pas sortir de la maison tant qu'ils n'auront pas perdu au moins une canine, et ils leur racontent des sornettes sur les chats, qu'ils présentent comme étant les animaux les plus dangereux de la création... Ce qui occasionne un cours d'aboiements par le père, un grand moment de déglingue tourné avec la plus sérieuse des rigueurs. Un moment qui renvoie un peu cinéma teinté de surréalisme de Alex Van Warmerdam, mais en plus méchant encore. Quand l'influence du dehors (à travers Christina, par exemple) se fait sentir, il faut que les parents soient imaginatifs: quand le fils demande à sa mère ce qu'est un zombie, elle lui répond que c'est une petite fleur, ce qui occasionne de grands moments d'un dialogue surréaliste. Bref: ils amoindrissent tout, et bien sûr non seulement le monde extérieur est supposé leur faire peur, mais en plus il devient assez fade!

Sauf quand Christina commence à monnayer des faveurs auprès des enfants: en échange, elle propose à l'aînée deux cassettes vidéo (les enfants n'ont eu droit, comme seul cinéma, qu'à des home movies): on apprendra, par le jeu qu'elle en tirera, qu'elle a vu Rocky et Jaws, apprenant en cachette les dialogues par coeur, et les récitant à son frère et sa soeur, médusés...

La parents ne manifestent, à part une espèce d'instinct de protection vis-à-vis de leurs enfants, aucune raison valable d'agir comme ils le font, mais ils sont entièrement dédiés à cette tâche, qui est clairement d'abord et avant tout la responsabilité du père. Il possède d'ailleurs un côté imprévisible qui en fait un vrai tyran, parfaite métaphore à lui tout seul pour tous les régimes dictatoriaux envisageables. Cela dit, la mère lui obéit et lui emboîte le pas d'une manière très consciencieuse...

Les jeux inventés par les enfants, leur "art" occasionnel (oui, les parents aiment a se distraire et demandent parfois à leur trois enfants un petit spectacle) sont souvent indigents, et assez étranges. Une chorégraphie par exemple dansée par les deux filles sur un morceau de guitare joué par le fils, tourne au très bizarre: ce sont des danseuses qui n'ont jamais vu de danse... Sous l'influence de Christina, la sexualité s'installe dans la fratrie, et la franchise de Lanthimos et des acteurs est particulièrement étonnante, surtout avec la froideur et la lenteur du ton!

Mais bien sûr, à un moment ou un autre, la tentation du dehors va se manifester. Comment, dans quelles circonstances, qui cela va toucher, et quelle en sera l'issue, je vous laisse le voir dans le film, à la fin d'une narration détaillée, méthodique, et je le répète, froide...

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Yorgos Lanthimos