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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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30 août 2023 3 30 /08 /août /2023 22:30

Vincent (Fabrice Eboué) et Sophie (Marina Foïs) sont bouchers, et Sophie s'impatiente: non seulement son mari est lent (parce que méthodique dans son travail) et est en train de couler la boutique en voulant trop en faire, mais en plus leur vie sentimentale est arivé au-delà du point critique. Elle en vient à considérer une séparation...

Ils subissent une attaque d'un groupe d'activistes vegan qui aspergent de sang Sophie... La colère est à la hauteur du traumatisme. Mais en revenant de chez des amis (d'insupportables m'as-tu-vu, hautains, profiteurs, racistes, anti-fonctionnaire et obsédés par le fric que leur rappporte leur réussite, bref: des français, quoi), ils aperçoivent sur la route un cycliste qui n'est autre que l'un de leurs agresseurs. Vincent le tue par mégarde...

Plutôt que de risquer d'être soupçonnés de vengeance, Sophie suggère à son mari de faire disparaître le corps; mais par mégarde (une fois de plus) Sophie en expose une partie qui ressemble à du jambon à la boucherie...

Le nouveau jambon a beaucoup de succès. Sophie et Vincent y voient une opportunité de sauver leur boutique, leur couple et de se débarrasser des vegans...

La chasse commence.

Bon, il est des idées qui doivent sonner très drôle sur le papier, ou qui font des courts métrages formidables... Ici, le long métrage, ce n'était pas une bonne idée. Certes, c'est occasionnellement drôle à force d'excès, de dialogues parfois très ciselés, et de quelques grossièretés bien senties. On aime les deux sales amis racistes: ça donne probablement au spectateur l'illusion que, vaguement, le film soit une sorte de portrait de notre pas si beau pays. Mais c'est comme les films de Jean Yanne, voyez les quarante années plus tard, ça fait mal... Tout pour l'effet, tout pour appater le client et lui donner l'illusion qu'il/elle est un rebelle en poussant loin le bouchon de l'ignominie. Les Monty Python l'ont (admirablement) fait, dans un épisode ultra provocateur du Flying circus. C'était pour une série de sketches d'une dizaine de minutes en fin d'un épisode... Ici, ça dure 85 minutes. Mais on peut très bien s'en passer...

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Published by François Massarelli - dans Yum yum Comédie
30 août 2023 3 30 /08 /août /2023 14:56
1982, Hollywood... Paul Paul Bartel) et Mary (Mary Woronov) sont de très prudes Américains, désireux d'acheter un restaurant, qui sera un temple du bon goût.. Pas comme tous ces échangistes qui se retrouvent dans l'appartement d'à coté. Mais le jour ou l'un d'entre eux assaille la belle Mary, le sang de Paul ne fait qu'un tour, et il le tue. Une idée saugrenue leur traverse l'esprit: et s'ils les appataient avec le stupre afin d'assainir la ville? Sauf qu'ils ne connaissent pas Raoul, le bellâtre Chicano qui va leur apporter un paquet d'ennuis...
La publication par la prestigieuse collection Criterion de ce film pouvait ressembler à un gag, c'est pourtant une comédie très soignée, un portrait (au mauvais goût parfaitement assumé) de l'envers d'Hollywood, et un film réjouissant: le seul d'ailleurs dans lequel on puisse entendre l'immortelle phrase "Go to sleep, I'll bag the nazi!".
A travers les deux très convenables et très coincés anti-héros, Paul le sommelier (qui se fait réprimander à son travail parce qu'il se refuse à vendre aux clients la piquette qu'ils réclament) et Mary l'infirmière qui se refuse à céder aux avances des plus obsédés des patients de urgences, Paul Bartel se plaît à montrer un monde sérieusement corrompu d'une part, mais va aussi jusqu'à démontrer que la logique des "réformateurs" auto-proclamés (car à n'en pas douter, Paul et Mary sont du genre à vouloir sauver l'humanité malgré elle!) débouche aussi sur la corruption et la malfaisance... Sans parler du portrait hilarant de deux personnes qui sont tellement habitués à réprimer leurs émotions et leurs pulsions qu'ils en deviennent de vrais psychopathes...
Tout n'est donc pas que dans le titre, dans cette comédie débridée et totalement mal polie. On est complètement à l'écart de tout formatage, dans une sorte de no-man's land socio-culturel où une équipe de film fauché peut sans vergogne se lancer dans une oeuvre underground qui va réussir à ironiser sur la mode de l'échangisme, l'obsession sexuelle, la manie des Américains de se mêler en permanence de ce que font leurs voisins, les excès de la vertu, et bien sûr, mais je l'ai manifestement gardé pour la bonne bouche, le cannibalisme... Et le pire c'est que Bartel a réussi à tourner son film en privilégiant pour lui et sa compagne un jeu parfaitement posé, détaché et d'une grande subtilité.
C'est donc un vrai OFNI, mais avec le choix entre moutarde et ketchup...

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Criterion Yum yum
2 octobre 2022 7 02 /10 /octobre /2022 08:50

Hunter (Haley Bennett) est l'épouse de Richie (Austin Stowell) un jeune homme qui monte, fils à papa, papa qui lui a d'ailleurs payé une immense baraque qui surplombe l'Hudson... Hunter, qui joue son rôle (elle va avoir un enfant, la lignée est donc assurée), s'ennuie à mourir et commence à développer un trouble alimentaire particulièrement gênant, le Pica: elle ingère volontairement des objets qui ne sont pas, mais alors pas du tout faits pour l'être: une bille. Une pile. Et... un poinçon... La famille s'inquiète, et agit en conséquence, et pendant ce temps, Hunter qui voit une psy (payée par beau-papa évidemment) commence à remettre en cause non seulement sa légitimité domestique, mais également son ascendance: elle est, révèle--t-elle lors d'une séance, le produit d'un viol...

Swallow, soit "avaler"... Il est des exemples de films dans lesquels le détachement émotionnel, la froideur, servent clairement le propos. Je pense par exemple à certains films de Kubrick, voire à des films Victoriens (Picnic at Hanging Rock, évidemment)... Mais ici, non. Difficile de dépasser le stade du dérangement devant ce qu'on nous présente comme une comédie grinçante, mais qui n'a que le cadre pour répondre aux canons de ce genre. Admettons par contre que ce soit fort grinçant!

On peut au moins applaudir la prestation des acteurs, dont Haley Bennett, et Elizabeth Marvel qui joue la belle-mère: une brave femme, mais qui tient son rang et qu'il est probable qu'Hunter ne souhaite pas suivre dans son comportement. Une scène, aussi, retient l'attention par sa cruauté: Hunter, en rémission, participe "en bonne maîtresse de maison" à une fête d'anniversaire pour Richie car on aura compris que tout tourne autour de lui. Elle y apprend que tous les invités sans exception savent ce qui ne va pas chez elle... 

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Published by François Massarelli - dans Miam Gloups Yum yum
8 novembre 2020 7 08 /11 /novembre /2020 16:49

Le général Titus Andronicus (Anthony Hopkins) revient d'une campagne victorieuse contre les Goths avec des prisonniers, mais il a payé un lourd tribut: vingt-et-un de ses fils sont morts au combat. Il se venge en exécutant devant la Reine des Goths, Tamora (Jessica Lange), son fils premier-né. 

L'empire est en plein tumulte: le dernier César vient en effet de mourir, et il lui faut un successeur: ses deux fils se disputent le trône, mais le sénat leur préfère Titus. Se jugeant trop vieux, celui-ci désigne Saturninus (Alan Cumming), qui s'empresse de se conduire en pourceau: il décrète que Lavinia (Laura Fraser) la fille de Titus, sera l'impératrice, mais quand l'autre héritier Bassianus (James Frain) l'enlève, Saturninus décide de libérer les Goths et de faire de Tamora sa femme. Si on ajoute les magouilles du Maure Aaron (Harry Lennix), amant de Tamora, la famille Andronicus est entrée dans une spirale irrépressible de vengeance et de violence...

Ce premier film de Julie Taymor est une adaptation d'une des pièces aujourd'hui les plus obscures de Shakespeare, rarement tentées sur scène, et pour cause: cette peinture d'un Rome en proie à une décadence carabinée avec un grand D... Orgies, sacrifices humains, viols, meurtres ritualisés et surtout, festins cannibales s'y succèdent, donc c'est surtut le genre de pièce qui peut être jouée à Avignon, mais au-delà, sa réputation peu ragoûtante (et le fait qu'un certain nombre de commentateurs, y compris du vivant du Barde) ont taxée cette pièce des premiers temps de sa carrière de profondément idiote, n'arrange pas les choses...

C'est parce qu'elle avait produit et mis en scène une version réactualisée (et remplie d'anachronismes) que la réalisatrice s'était adonnée à une version filmée. Celle-ci a été mal accueillie, et on comprend pourquoi... Il plane au-dessus de tout ce fatras un parfum d'inutile qui est souvent assez embarrassant. Il y a de bonnes idées, dans les choix de continuité par exemple, mais si l'essentiel du texte est bien là, les anachronismes finissent par tourner à la farce... Cela étant, on appréciera que le rôle de Titus Andronicus permette à Hopkins de rappeler à notre bon souvenir le rôle d'Hannibal Lectericus, en préparant de façon gourmande des pâtés avec ce qui reste des deux insupportables fils de Tamora, qui ont violé sa fille... Le but étant comme de juste de les donner à manger à leur mère. Ca valait bien le coup d'habiller l'acteur Gallois d'un costume de cuisinier qui lui va comme un gant.

Bref: Taymor fera mieux, beaucoup mieux même, avec les univers autrement plus graphiques de Frieda Kahlo (Frieda) et des Beatles (Across the Universe), mais ce Titus raté a au moins l'avantage d'être haut en couleurs (surtout du rouge), original (ça oui) et bien souvent franchement mal poli...

 

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Published by François Massarelli - dans Julie Taymor Shakespeare Yum yum
7 mai 2020 4 07 /05 /mai /2020 18:04

Il y a dans ce film court (19 minutes) un parti pris de non-subtilité, qui renvoie à tout un courant du cinéma, dans lequel se sont parfois illustrés, chacun à sa façon, Javier Fesser, Jan Kounen, Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro, et même Terry Gilliam. Donc ça commence bien, mais... J'ai dit non-subtilité, et c'est vrai, donc ça peut aussi rebuter un poil. 

Ca commence de façon fort charnelle, mais la scène torride est une fausse piste... Jusqu'au moment ou la dame (Géraldine Martineau) mord de façon très sauvage le monsieur (Moustafa Benaïbout) qui ne s'y attendait pas. Le lendemain, Daphnée doit donc laisser momentanément Karim pour rejoindre ses parents, mais le jeune homme décide de lui faire une surprise et se cache dans le Scénic avec du champagne, répétant son texte: "Surprise!" pour se préparer au bon moment.

Il entend donc sa fiancée inviter un homme dans sa voiture, les entend parler avec une complicité troublante, et... les entend arriver, discuter avec les parents, puis... il entend le coup violent porté par Daphnée à la tête de l'autre homme. Après, ça vire au grand d'importe quoi comme il convient à un film burlesque sur l'anthropophagie des aristocrates... Delicatessen, en moins soigné, rencontre ici la bande dessinée Les Crannibales de Jean-Claude Fournier.

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Published by François Massarelli - dans Comédie Yum yum
27 février 2018 2 27 /02 /février /2018 09:41

Il est plus question de papillons que d'agneaux dans ce splendide film de l'ex-documentariste Jonathan Demme, qui s'intéresse précisément à l'étrange période d'entrainement d'une jeune femme sur le point de devenir un agent du FBI, Clarice M. Starling (Jodie Foster). Quand le film commence, cette dernière est en pleine course, dans le cadre intensif de son entrainement. On en aura la confirmation très rapidement, Clarice n'est pas encore intronisée agent du F.B.I., d'où une nette impression que les pas qu'elle va faire dans le cadre de cette enquête qu'on lui confie, d'abord par petits bouts, sont cruciaux... Et bien sûr, les deux heures de ce film sont le récit initiatique d'une chrysalide stagiaire qui devient à son tour un papillon du FBI!

Et pourtant, ce qu'on lui demande, dans un premier temps, est très vague: son supérieur veut que la jeune femme essaie de persuader un psychiatre enfermé, le docteur Hannibal Lecter, de collaborer depuis sa cellule avec le FBI. Elle l'apprendra plus tard, en réalité, on souhaite ardemment son aide dans le cadre d'une enquête brûlante, pour attraper "Buffalo Bill", un psychopathe qui a déjà laissé plusieurs cadavres de femmes derrière lui, et qui s'apprête à frapper à nouveau. Bref, on utilise Starling, ou du moins, on lui donne un minimum d'informations, d'une part pour ne pas la mettre en danger, et d'autre part, quand même pour la tester.

Et ce n'est pas rien, car partout où elle va, ce petit bout de femme se heurte à la masculinité sans fards de ses collègues stagiaires (qui se retournent sur son passage avec des regards qui en disent long), de son supérieur (Venez me parler en privé, shérif, je ne voudrais pas effaroucher ma jeune et jolie stagiaire), du docteur Chilton, directeur de la prison psychiatrique pour criminels dangereux (Un séducteur de la pire espèce: persuadé qu'il est séduisant, alors que...), mais aussi des policiers et techniciens de la police scientifique rencontrés sur le terrain, ou bien sûr les criminels qui entourent le Dr Lecter.

Mais pas ce dernier, qui lui manifeste un respect, une courtoisie pour reprendre ses mots, qui le rendraient presque sympathique, si ce n'était une stratégie d'une part, et s'il n'entrecoupait leurs aimables conversations de références à ses dîners cannibales!

Un film qui est d'abord la rencontre entre un monstre et une héroïne en devenir, confrontée à un cauchemar total pour sa première mission d'envergure. Clarice est coincée entre ses trois pères: le vrai, décédé quand elle était encore une enfant, le père officiel de substitution, le parfois décevant supérieur hiérarchique Jack Crawford (Scott Glenn), et le père inattendu, celui qui va paradoxalement lui apporter peut-être le plus: Hannibal Lecter (Anthony Hopkins), psychopathe enfermé et consultant occasionnel dans les affaires de dingues, qu'on ne présente plus.  Et Demme, qui a dit et répété qu'il n'était pas intéressé du tout par les histoires de serial killer, a pourtant fait ce film... Mais le metteur en scène y était attiré en raison d'un personnage fascinant, celui de Clarice Starling justement. Comment une femme va devoir affronter les monstres modernes, pour elle mais aussi afin de devenir une héroïne, et afin d'exister: vous avez remarqué? Comme dans Philadelphia deux ans plus tard, Demme fait tout pour nous cacher la vie privée de Starling, dont on sait juste qu'elle vit en colocation avec une collègue de l'académie, et dont on connaît mieux le passé: la mort de sa mère, celle de son père policier quand elle avait dix ans, et une grosse revanche à prendre sur la vie et la solitude. Et au criminel surnommé "Buffalo Bill", qui convoite ce à quoi il n'a manifestement pas droit, le film oppose Starling, qui mérite ce qu'elle va devoir prendre à coup de flingue s'il le faut: c'est un film dans lequel une femme, clairement, prend le pouvoir, et Jodie Foster n'est pas pour rien dans la réussite absolue du film.

Demme, dès le départ, fait semblant d'entrer dans cette histoire derrière Clarice, comme si celle-ci était suivie d'une équipe de tournage. c'est l'un des atouts majeurs de ce film dont la stylisation  passe justement par l'apparente absence de style. Mais tout est dans le détail (Y compris ou surtout pour Lecter, le fou furieux auquel rien n'échappe, pas même le parfum que Clarice utilise parfois, "mais pas aujourd'hui"...), dans l'accent d'un personnage, dans la prononciation d'une syllabe, dans le plan aussi. Et dans le montage de Craig McKay, bien sûr, on a tous en mémoire deux séquences de haute volée dont Demme n'a pas souhaité revendiquer la paternité, et qui ont assuré la renommée de ce film et ne sont sans doute pas pour rien dans son succès, ainsi que dans le fait que Silence of the lambs ait décroché l'Oscar du meilleur film: pas mal pour un film policier... Le monteur a suggéré à Demme de bouleverser l'orodonnance d'une bobine entière afin de faire monter la température du public... Et ça marche!

Avec ses deux stars, Anthony Hopkins dans le rôle de sa vie et Jodie Foster qui est particulièrement impressionnante, Demme a sans doute plus et mieux montré avec son film qu'on ne le fera jamais dans les infos télévisées du monde entier. Son film a revitalisé et même changé le visage du genre policier pour longtemps, et on a très rarement fait mieux depuis. 

 

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Published by François Massarelli - dans Jonathan Demme Noir Jodie Foster Criterion Yum yum
21 juillet 2015 2 21 /07 /juillet /2015 18:06
Hannibal (Ridley Scott, 2001)

La suite de The silence of the lambs s'imposait-elle?

...Non.

D'ailleurs Anthony Hopkins venait de prendre quasiment sa retraite quand la production a commencé, et certains sur le projet en entendant la nouvelle étaient prêts à rendre les armes... Ridley Scott n'était pas à la base du film, mais s'est déclaré intéressé, d'autant que le scenario prévoyait une série de séquences situées en Italie, et l'oeil du peintre Scott a du s'allumer en l'apprenant... Il est sans doute facile de dédouaner un metteur en scène d'un échec, en disant qu'il a été amené dans la production à son corps défendant, je ne le ferai donc pas, et je crois que Scott n'est pas du genre à se laisser dicter sa conduite. Mais Hannibal, si l'image y est constamment passionnante, est doté d'un script et de dialogues de la trempe de ceux qu'on trouve dans les abominables films de Ron Howard adaptés de Dan Brown; mais pire encore, il possède deux ou trois scènes atroces, dans lesquelles on est amenés à prendre presque parti, même inconsciemment, pour un tortionnaire sadique. Du coup, on a envie de faire comme Jonathan Demme et Jodie Foster: fuir, et ne pas participer. Dont acte.

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Published by François Massarelli - dans Ridley Scott Navets Yum yum
10 avril 2015 5 10 /04 /avril /2015 07:18

Le temps passe, et la perception des films change... Lors de sa sortie, ce film de fiction assez exceptionnel par ses choix (Pas de langage compréhensible, des 'costumes' limités à un strict minimum, et une tentative rationnelle de placer les acteurs dans des conditions aussi proches que possible de l'action) bénéficiait des recherches de plusieurs éminents spécialistes: Anthony Burgess, le linguiste, a fourni clés en main des notions de langage basées sur plusieurs indices sensés, et le zoologue Desmond Morris a livré pour sa part les clés d'un comportement proto-humain qui faisait sens. Le film n'est en aucun cas une oeuvre de vulgarisation scientifique, mais bien une fiction basée sur le roman de J.H. Rosny, ce qu'il convient de rappeler pour des raisons évoquées plus loin...

Dans notre monde, en pleine préhistoire, une tribu de pré-humains rassemblés autour des mêmes peurs, et conservant jalousement le feu, est attaquée par un groupe d'hominidés violents et plus forts qu'eux. Chassés de leur grotte, ils se réfugient sur une île, ou ils vont très vite constater l'étendue des dégâts: non seulement plusieurs d'entre eux sont morts, mais ils ont aussi perdu le feu, et ne savent pas comment en faire. La décision, pas unanime, de confier la recherche d'une source de feu à trois d'entre eux est prise, et les trois hommes partent ainsi en quête: Everett McGill, Ron Perlman et Nameer El-Kadi sont donc désignés. En chemin, ils vont rencontrer pas mal d'embuches: lions, mammouths, autres tribus hostiles voire cannibales, mais aussi une peuplade inconnue, nettement plus avancée, qui va leur apprendre trois choses essentielles: rire, utiliser des armes conçues pour tuer plus surement qu'une massue, et surtout... Faire du feu. Plus personnellement, l'un d'entre eux va découvrir aussi de nouveaux sentiments grâce à sa rencontre avec une jeune femme de cette tribu (Rae Dawn Chong), qu'ils vont sauver de la mort.

Annaud a réussi son film d'une manière éclatante, et il se voit encore aujourd'hui avec fascination, tant la clarté de l'intrigue et des comportements fait sens du début à la fin. Les émotions, essentielles en particulier pour les quatre héros, sont évidentes et parfaitement rendues, nous permettant de suivre sans aucun souci l'intrigue. Ce qui fait problème aujourd'hui, c'est bien sûr la rigueur scientifique vue par ceux que Hitchcock appelait d'un ton résolument moqueur "les vraisemblants", les gens qui vont s'attacher à certains détails d'un film pour en contester l'intelligence, puisque la vraisemblance n'y est pas. C'est particulièrement vrai avec ce film, qui mêle d'une certaine façon quatre époques bien différentes de l'humanité à travers quatre groupes d'humains ou d'hominidés aux stades d'évolution (Aussi bien physique que comportementale) bien différents... Par ailleurs, il charge un peu trop la barque pour l'animalité de la tribu des héros. Si le but était d'en faire des homo sapiens proches de nous, ils se font sérieusement coiffer au poteau par le tribu plus évoluée dont vient l'héroïne.

Et alors? Reproche-t-on à Guillaume de Baskerville de n'avoir pas existé? Ce film se présente comme une fiction, pas autre chose, et la naïveté de l'ensemble n'enlève rien au fait que c'est, décidément, toujours aussi touchant 30 ans après... Le voyage initiatique vécu par les trois grands dadais est captivant et la supériorité émotionnelle et intellectuelle d'une femme incarnée avec une énergie phénoménale par Rae Dawn Chong fait plaisir à voir. Surtout que depuis ce film, on a pu voir 10 000, de Roland "Ach!" Emmerich, qui retourne à l'âge de pierre des pin-ups à gros seins des films des années 60. La Guerre du feu a au moins tenté une approche, sinon scientifique, au moins sensée, et à la logique comportementale avérée, qui nous conte à sa façon condensée, le merveilleux de l'évolution.

 

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Published by François Massarelli - dans Groumf Yum yum
18 janvier 2015 7 18 /01 /janvier /2015 09:40

Sur un lac de l'Arizona, les festivités hormonales et siliconées d'un spring break qui sannonce haut en température sont un peu gâchées par l'arrivée inopinée, suite à un tremblement de terre, d'une espèce de Piranha préhistorique qui avait jusqu'à présent survécu à l'écart, dans un lac souterrain. Ca va être la fête du poisson, et ils vont se servir un peu partout: les garçons et les filles décérébrés qui dansaient comme des crétins autour du lac, les vieux les jeunes, les baigneurs, pêcheurs, bronzeurs, géologues, pom-pom-girls, et y compris les skieurs nautiques, avec ou sans parachute. D'ailleurs, comment pouvez-vous prendre de la hauteur lorsqu'un groupe de piranhas affamés est en train de vous grignoter l'arrière-train? Toutes les figures du film d'horreur au second degré vont donc y passer...

Prenons de la hauteur nous aussi... Même pas un remake du film originel de 1978, réalisé avec trois euros et quatre centimes par le grand Joe Dante, ce nouvel effort est d'une impressionnante efficacité, en plus d'être un fascinant documentaire. Non sur les sales bêtes qui le peuplent (Et il y en a beaucoup, et demain ils seront des milliers, et ils ont faim, et ils mangent, if you see what I mean), non pas non plus sur le spring break, cet abandon viscéral de toute humanité qui pousse l'étudiant Américain moyen à se déhancher comme un crétin en comptant les nichons siliconés autour de lui; non, le documentaire en question est plutôt consacré au genre, le film-de-bestiole-lâchée-en-plein-sur-un groupe-d'humains-qui-vont-tout-faire-pour-se-faire-bouffer. Aja ne rate aucune cible, est très complet, et ajoute même un certain nombre de nouvelles pistes à explorer pour l'avenir, comme les poches de silicone qui se détachent du squelette, ou la quéquette tellement indigeste qu'un piranha la recrache, avec ce que j'aime à interpréter comme un air de dégout.

Car non, mais comment eut-il pu en être autrement, ce film frontal et au pedigree flou (Métafilm ou exploitation, la frontière a été abolie) ne fait pas dans la dentelle, mais dégage une atmosphère de comédie qui a le bon goût de ne reculer devant rien. Bien sûr, tout le monde y trouvera son compte, et certaines scènes du film tombent sans scrupules dans l'exploitation pure et simple, le ballet aquatique en tout premier lieu; les acteurs, conscients du second degré de l'ensemble, ne se privent pas non plus. Si les jeunes talents et les jeunes pousses (Au premier rang desquels Kelly Brooke, supermodèle qui a du talent, et pas qu'en 3D, et compose avec intelligence un personnage de superbimbo qui ressemble à l'image qu'elle est supposée véhiculer, je vous dis qu'on est dans le métafilm!!) font bien leur boulot en criant ou en agonisant au bon moment, on appréciera les présences de six acteurs de premier plan, qui semblent confirmer l'intérêt de l'entreprise: Ving Rhames, qui trouve un moyen certes polluant pour maigrir tout en se débarrassant d'un grand nombre de poissons mangeurs d'hommes; Elizabeth Shue, désormais maman, mais qui traine sa sexitude et un uniforme durant tout le film, lassée de devoir menotter tous les rednecks qui la draguent; Ricardo Chavira, en géologue lassé de s'ennuyer à compter les cailloux, et qui est attiré par la foultitude de protubérances alentours; Jerry O'Connell, qui en fait des tonnes, et qui a le rare privilège d'incarner un homme qui doit mourir en prononçant, par deux fois, les dernières paroles les plus nulles du monde: "The wet T-shirt contest!!"; Christopher Lloyd, en vieux propriétaire d'une boutique de poissons (Située à côté d'un lac d'eau douce, ce qui est quelque part est d'une piquante absurdité...) qui mérite une mention spéciale tant son jeu est réjouissant à force d'être forcé, mais quand on connait le Doc Brown, on a l'habitude.

Tous, pourtant, sont à mes yeux symboliquement eclipsés par la présence, dans l'ouverture du film, de Richard Dreyfuss, dont on rappelle qu'il était l'une des stars du film par lequel tout a commencé: non pas le Piranha de Dante, mais bien sûr Jaws, de Spielberg. Eh bien, croyez-moi si vous le voulez, mais ici, il aurait bien eu besoin d'un plus gros bateau.

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Published by François Massarelli - dans Yum yum
16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 17:10

Petit film d’épouvante réalisé en plein cœur de la vague des films d’horreur entamée par les succès en 1931 de Dracula et Frankenstein pour Universal, Doctor X était la réponse de la Warner, tout comme Freaks et Fu-Manchu étaient celle de la MGM, Dr Jekyll celle de la Paramount et The most dangerous game celle de la RKO. L’énumération le montre bien : tous ces films évoluent dans des univers différents, et on peut schématiquement affirmer que chaque firme répond avec ses propres armes, son propre style. Doctor X sera un film super-Warner ou ne sera pas, il est donc fait appel à Michael Curtiz. En ces années 1931-1933, WB sort selon Jean-Pierre Coursodon 17 films de Curtiz, c’est donc une valeur sure. Mais Doctor X possède sur toute la concurrence un atout de poids : il est tourné en couleurs, à l’aide du système Technicolor deux bandes : le film consiste en deux bandes de celluloid de couleurs(Composite, ce ne sont pas des couleurs primaires)différentes qui une fois placées l’une sur l’autre recomposent la palette de l’image. Ce sera le même principe grosso modo avec le Technicolor 3 bandes utilisé plus tard(Robin Hood, Gone with the wind)mais les trois couleurs primaires seront utilisées, de manière à obtenir des teintes plus variées, et notamment du vrai bleu, du vrai rouge… ce qui n’est pas le cas ici. Une parenthèse s’impose: les réalisateurs détestaient le Technicolor, qui avait surtout été utilisé pour quelques scènes occasionnelles dans certains films lors des années 20. Le recours au long métrage était toujours une expérience, voire un gimmick ; rare sont les réalisateurs qui y ont eu recours plusieurs fois. Curtiz qui récidivera l’année suivante avec The Mystery of the Wax Museum en fait partie, et ses deux films en 2-strip Technicolor sont, aux cotés de The Black Pirate de Douglas Fairbanks, parmi les plus merveilleuses œuvres en couleurs de l’époque.

Doctor X n’a sans doute pas été considéré à sa sortie comme un chef d’œuvre : il est vrai que cette histoire de cannibalisme et d’expériences sadiques ne fait pas dans la légèreté. Mais c’est peut-être ce qui fait le sel de cet incroyable petit long métrage: souvent erratique, mélangeant constamment les registres, le réalisateur ne discutant rien et laissant les anecdotes les plus gratuites et illogiques sur l’écran, le film fonctionne en permanence comme un rêve des plus baroques, et la couleur n’atténue en rien cette impression, au contraire. Cette dernière ajoutée à la gourmandise de Curtiz pour l’utilisation de la lumière et du clair-obscur, permet d'obtenir des effets souvent somptueux.


Voici un petit rappel de l’histoire pour le cas ou elle ne vous serait pas familière, mais sachez que je parlerai de la fin (Et de certains petits secrets) d’ici peu : un meurtrier apparemment cannibale sévit dans les bas-fonds de New-York, utilisant du matériel chirurgical qui l’identifie comme un médecin appartenant à l’académie du docteur Xavier (Lionel Atwill) ; celui-ci va tenter de démasquer le criminel lui-même avec la collaboration de ses collègues (Dont le monstre, bien sur), sous le regard appréhensif de sa fille Joan (Fay Wray) et le tout se déroule également sous les yeux d’un reporter en mal de scoop (Lee Tracy). A l’épouvante, totalement maîtrisée (La mise en scène de Curtiz se régale de ces jeux d’ombres et de ces coups de théâtre visuels et gratuits), s’ajoutent des fragments de comédie épicée : on est en pleine époque « Pré-code », et Fay Wray, pas plus que dans King Kong n’est portée sur les pyjamas de fourrure. Il y a des relents de films de gangsters, le début du film, avec ces mouvements de police autour d’une morgue sous le regard d’un journaliste fouineur aurait pu être une annexe de Public Enemy, et on y trouve des réminiscences des comédies à la Front Page (Ce succès de 1931 était alors dans toutes les mémoires, et se retrouve ici dans les conversations entre Tracy et son patron : c’est à qui parlera le plus vite). La mise en scène tend globalement à nous faire penser que Curtiz a laissé le script se débrouiller tout seul, tournant tout y compris ce qui est illogique (Les fausses pistes et les actes manqués abondent : tout ce qui peut produire un effet, même mensonger, est utilisé), et a comme d’habitude évité de privilégier un acteur ou un groupe de vedettes, laissant le casting habiter l’action, et permettant à chaque personnage d’acquérir une vérité troublante, et une vie intérieure assez effrayante. Il y aurait beaucoup à dire sur le sadisme du majordome, qui se délecte de l’atmosphère horrifique en terrifiant la bonne en permanence, ou des tendances de certains des médecins qui lisent des revues cochonnes en cachette, ou observent d’un air mystérieux la fille de leur patron bronzant sur la plage… Curtiz utilise bien sur ses marques de fabrique, les jeux d’ombres, les plans composés de façon impeccable avec les objets du décor à l’avant plan, les conversations filmées derrière des paravents, et d’une certaine façon ne montre jamais rien de front : les ombres au lieu des acteurs, les personnages vus derrière un drap soulevé à la morgue, l’utilisation des miroirs pour les transitions, le tout forme un ensemble tortueux et visuellement excitant d’actions suggérées et cachées, en coulisse ou en son off : le film est, comme d’habitude pour un Warner des années 30, admirablement monté.


Cette mise en scène tire par ailleurs sa cohésion, d’autant plus remarquable si l’on se penche sur l’aspect hybride (Genres, acteurs de style différents…) du film, de la volonté de Curtiz de relayer le X du titre par sa mise en scène: les docteurs dissimulent tous un handicap ou une cicatrice, une malformation ou un vice, et le film est couturé de partout : combien de grilles, de croisement de fenêtres, d’ombres, de colonnes de rampe d’escalier viennent se placer entre nous et les acteurs pour participer à la dissimulation générale? Et du même coup, comment ne pas s’interroger sur le Docteur Xavier lui-même, y compris une fois le film vu, et une fois qu’il est disculpé ? Lorsqu’il examine le corps mutilé d’un collègue, se content-t-il d’examiner ou…? Il est frappant de constater que pour un directeur d’académie médicale, il a de drôles de motivations, s’étant efforcé de rassembler autour de lui une bande de bras-cassés (Littéralement) obsédés par les fanges déliquescentes les plus tortueuses de l’ame humaine : cannibalisme, influence de la lune… cela ressemble ç un appel d’offres pour savant fou. Et d’ailleurs, la première fois que l’on voit e Docteur Xavier avec sa fille, c’est pour le voir gêné par la lumière du jour. Pourquoi? On me répondra qu’il s’agit principalement de fournir du suspense au public, ce qui est vrai, mais il s’agit aussi d’ouvrir des portes, et le fait qu’on ait négligé de répondre à ces questions dans le cadre du scénario ne gêne en rien Curtiz lui-même, qui contrairement à d’autres réalisateurs qui auraient trouvé certaines scènes redondantes ou inutiles, les garde et les traite avec le même perfectionnisme que toutes les scènes plus importantes… Cela sert son dessein, et c’était le principal contentieux avec le studio, et cela s’apparente sans doute à toute l’histoire de sa vie de réalisateur…

Au-delà de l’apparente décérébration de ce film, s’agite un monde typiquement Curtizien : a ces galères microcosmiques, au bateau en provenance de l’Ile du diable (Passage to Marseille), au café Américain de Rick (Casablanca) se substituent ici l’académie et la « maison hantée » du docteur Xavier, repaires de gens de provenance diverses (Otto le majordome, Docteur Xavier et son accent appliqué, Docteur Rowitz…)bien définis et finalement tous inquiétants. Tous ont bourlingué, beaucoup ont survécu à des circonstances extraordinaires : ces exilés font de plus écho au propre exil de Curtiz, qui les peint comme de véritables névrosés, des accidentés de la vie, impossibles à réparer… De plus, il nous montre le meurtre comme un acte de création (Cannibale, bien sur) : le meurtrier ne mange pas ses victimes, il en utilise les chairs pour créer un produit qui sera la solution à toutes les blessures: ce type d’expérience absurde est bien sur l’apanage des savants fous, mais le coté créatif, allié à l’obsession de Xavier pour le théâtre, lui qui recrée les meurtres pour provoquer des réactions chez ses collègues Sinon, l’utilisation de figures de cire renvoie à l’art, sous toutes ses formes, y compris les plus sordides. Curtiz a filmé en 1931 un maître de ballet rendu fou et devenant criminel dansThe Mad Genius, et on verra avec Mystery of the Wax Museum ce que cette vision cannibale de l’art peut entraîner…

Bref, un film à voir tous les six mois.

 

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Published by François Massarelli - dans Michael Curtiz Pre-code Yum yum Technicolor