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26 décembre 2017 2 26 /12 /décembre /2017 15:50

On entre dans ce film par un avertissement maison, qui fait bien attention de se distinguer des autres avertissements du genre: on est prié d'y croire que si Gustave Minda, héros du film, semble obéir à une morale, elle n'a rien d'une morale à suivre. Les mentions d'usage viennent ensuite, nous annonçant que cette histoire, inspirée d'un roman de José Giovanni, est bien sûr fictive... On aura reconnu les précautions d'usage qui sont là pour rassurer la production, et par là-même la censure tatillonne. Mais ça a surtout l'avantage de nous installer dans le vif du sujet: car si Gustave Minda est bien un truand, et même un assassin, il n'empêche, il a une morale. Un honneur. Et c'est bien là le sujet...

Un malfrat, Gustave Minda (Lino Ventura) s'évade en compagnie de deux autres hommes. L'un d'entre eux meurt dans les abords de la prison, mais les deux autres parviennent à s'éloigner... Puis ils se séparent, et Gustave Minda va pouvoir reprendre le fil de sa vie, du moins le croit-il. Mais s'il n'aura aucun mal à retrouver les deux personnes qui comptent le plus pour lui, son ami Alban (Michel Constantin) et sa compagne Manouche (Christine Fabréga), en revanche le retour aux affaires sera plus dur: tout a bien changé lors de son passage prolongé à l'ombre...

En effet, Gustave 'Gu' Minda était en prison depuis longtemps, et le monde a continué sans lui. le code d'honneur qui régissait à l'époque la vie des truands a bien changé, et si de son temps un bandit était un bandit, et un flic un flic, aujourd'hui le commissaire Blot (Paul Meurisse) demande au malfrat Joe Ricci (Marcel Bozzufi) des nouvelles de ses gosses, et offre même fort galamment sa protection à Manouche. Ces nouvelles manières ne conviennent pas à Minda, qui souhaite encore vivre selon les anciens codes. 

C'est Meurisse qui fournit les moments les moins austères, comme cette scène hallucinante de drôlerie qui voit le commissaire intervenir sur les lieux d'une fusillade et faire à lui tout seul l'interrogatoire des témoins, dont il sait bien qu'il ne diront rien. La scène est un plan-séquence, et si on y rit, c'est bien le seul moment, dans un film qui est quand même généralement un requiem grave. On y suivra jusqu'au bout Gu Minda, dans sa quête de survie d'abord, puis d'honneur. Car une fois franchie la ligne rouge de la trahison, il sait qu'il va lui falloir laver son honneur avant même de garder la vie: une fois de plus, Melville s'intéresse aux codes qui régissent la vie des hommes, en situation exceptionnelle. Son film, sec mais magistral, est fantastique, et offre à son acteur principal l'un de ses plus beaux rôles...

 

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Published by François Massarelli - dans Noir Jean-Pierre Melville