C'est la première fois dans sa carrière, à ma connaissance et sous réserves, que Lloyd est crédité à la mise en scène, et c'est aussi la dernière. Juste retour des choses, sans doute, même s'il ne s'en est jamais plaint et pour cause...
Ce film est une compilation d'extraits de ses oeuvres, et pas que les muettes. Tous les films représentés datent de la période qui s'étale de 1919 à 1936, et une photo témoigne de la participation au film de Preston Sturges Mad Wednesday, également connu sous le titre de The sin of Harold Diddlebock. Sans se priver de chanter sa propre gloire, Lloyd nous détaille les grandes lignes de son style, avec des titres d echapitre on ne peut plus clairs: Comedy, Thrills, Action... Sagement, on a droit ici strictement à une sélection de scènes, dont la logique et l'intégrité ont été respectées. Pour Hot Water, par exemple, c'est près de vingt minutes soit un tiers du film original. La qualité est au rendz-vous et on ne s'étonnera pas d'ajouter que les meilleurs moments sont ceux qui proviennent des films muets.
Maintenant a-t-on besoin, en 2023, de ce film? A l'époue de sa sortie, c'était une nécessité, puisque les films de Lloyd n'étaient plus en circulation, et que le bonhomme les avait conservés: cet avant-goût était presque une réhabilitation. Et ça permet de voir aussi, ce qui est rare, une sorte de cohérence dans des extraits choisis de films, on a ici une proportion importante de ce qui faisait le bonheur des spectateurs de ses films: des gags, certes, mais aussi des personnages, et une logique narrative, qui est restituée dans les 98 minutes de cette compilation; du même coup celle-ci reste une bele façon d'aborder l'oeuvre...
Maintenant, pour reprendre ce que je disais plus haut, en rendant à Lloyd ce qui appartient à Harold, ce film arrivait à point nomé pour rappeler qui était le patron sur le plateau, acteur, producteur mais aussi dirigeant d'une main de fer dans un gant de velours des armées de gagman: qu'il ait été dirigé par Alf Goulding, Hl Roach, Fred Newmeyer, Sam Taylor, Ted Wilde, Clyde Bruckman ou Leo McCarey, un film de Harold Lloyd ressemble... à un film d'Harold Lloyd.