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27 octobre 2023 5 27 /10 /octobre /2023 23:24

Un film sur les pionniers et l'esprit qui les animait... Un grand propriétaire en Californie, Roy Whitman (John McIntire) décide de financer une expédition pour aller à Chicago et ramener des femmes pour ses hommes. Il souhaite faire prospérer sa vallée à tous les niveaux, et demande à Buck Wyatt (Robert Taylor) de l'aider dans l'acheminement de ce convoi un peu particulier. Ils ramènent 150 candidates, avec une exigence: qu'elles soient des "femmes bien". Ce que Whitman entend par là, c'est bien sûr dans leur valeur humaine. Wyatt, lui, estime que ça implique uniquement des femmes dont la vie a été jusqu'à présent sans équivoque, d'où un ressentiment de sa part à l'égard de deux anciennes prostituées, dont une (Denise Darcel), Française (Ou plutôt selon le film, de New Orleans), qui l'attire beaucoup. Le chemin est semé d'embûches, de mort, de renoncements, d'intransigeance aussi (Buck exécute froidement un violeur), mais nombreux sont les humains qui vont changer en chemin, à commencer par Buck.

Admirable! Le sujet, à la base du à une idée de Frank Capra dont il ne fera jamais un film, convient parfaitement à la dureté de Wellman et à sa façon directe d'affronter la violence ou le malheur d'une situation. Ici, rien ne nous est épargné, des conflits, de la bêtise humaine parfois, des mesquineries mais aussi de la profonde humanité de tous les protagonistes quels qu'ils soient, et d'où qu'ils viennent. En nous donnant à voir une histoire par ailleurs authentique, il rappelle à quel point l'esprit pionnier qui animait ces hommes et ces femmes impliquait certes de tout reconstruire quelque part, mais aussi et d'abord de tout quitter, de tout risquer. Et c'était sans doute un gros risque pour Wellman et Dore Schary, producteur de génie à la MGM en ce début des années 50, que de se lancer dans un western ausisi atypique... dont le tournage en pleine nature, en plein désert n'a certainement pas été de tout repos. Un chef d'oeuvre de plus à mettre à l'actif impressionnant de William Wellman. On aura ici toute la panoplie des grands westerns, et non seulement les situations extrêmes, mais aussi les décors grandioses, les cadres les plus étonnants...

Une scène, typique du metteur en scène et de son art de nous pousser à voir ailleurs quand une scène risque de nous brûler les yeux, symbolise parfaitement l'importance de la femme dans cette époque de conquête: l'une des candidates accouche, dans un chariot, mais celui-ci perd une roue, et les chevaux s'emballent. Buck arrête leur course, pendant que sans se concerter, toutes les femmes s'unissent et soulèvent le chariot, afin que l'accouchement puisse se terminer dans de bonnes conditions. Quand le bébé naît, c'est un peu le leur à toutes... Une scène d'entraide, qui résume un peu cette collaboration unique entre deux univers si riches l'un et l'autre, celui de Capra et celui de Wellman. Sinon, le metteur en scène traite d'une scène impossible à faire, celle du viol, avec sa méthode unique entre toutes: réussir à montrer sans rien montrer, mais sans occulter non plus, en utilisant le décor pour cacher les protagonistes. Mais le dialogue, lui, est possible à entendre, et on entend l'excuse dégueulasse et sans pitié du violeur face à sa victime: allons, laisse-toi faire, tu sais bien que tu le veux toi aussi... Une scène à la franchise inattendue, en ces temps prudes.

A propos de pudeur et de morale, le film évite soigneusement, du début à la fin, tout humour qui se positionnerait contre les femmes. Pas de clichés, pas de facilités, les femmes ici assemblées, quels que soient les préjugés de Wyatt à leur égard, ont pesé les risques et assument les dangers de cette expédition, l'admiration et le respect qu'elles forcent vis-à-vis des hommes qui les accompagnent sont partagées non seulement par les spectateurs et le metteur en scène de ce film... Qui se fend d'un final tout en douceur qui est absolument parfait: toutes les survivantes des attaques, des accidents et des vicissitudes du voyage sont arrivées, et elles imposent leur loi: certes, les hommes les ont attendues et n'en peuvent plus d'attendre... Mais la rencontre se fera sur leurs conditions, à leur façon... Une troupe d'hommes craintifs, endimanchés, timides, se retrouvent tout à coup face à d'impressionnantes pionnières qui d'un seul coup d'épaule leur imposent le respect. L'une d'entre elles (Hope Emerson) rompt le silence en montrant une photo d'un des hommes, qu'elle a gardé sur elle durant tout le voyage: "n'allez surtout pas croire que c'est vous qui allez choisir...". Ravis, conquis, les hommes se laissent faire, le reste de la scène n'est qu'une pure poésie westernienne, tendre, délicate et admirable. Comme le film, quoi...

 

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Published by François Massarelli - dans William Wellman Western Frank Capra
22 octobre 2023 7 22 /10 /octobre /2023 21:52

1921, à Fairfax, dans le Comté d'Osage en Oklahoma, les Natifs Américains locaux (les Osage) sont devenus riches grâce à la découverte de pétrole. Le comté est une réserve "indienne", comme on disait alors, et les fortunes des Osage sont sous surveillance voire pour certains sous tutelle. La population blanche a été largement attirée par la situation, et de nombreux blancs ont commencé à se marier avec les héritères Osage. C'est dans ce contexte qu'Ernesr Burkhart (Leonardo Di Caprio) revient de la première guerre mondiale, pour s'installer auprès de son oncle William Hale (Robert de Niro), riche propriétaire et philantrope, mécène local et auto-proclamé "ami des Osage"... Mais c'est un ami obsrvateur, qui fait rapidement comprendre à son neveu qu'il a en effet intérêt à se trouver une riche héritière, mais que ce ne sera pas suffisant... Et justement des morts de plus en plus nombreuses, jamais expliquées, frappent la communauté native de Fairfax à peu près à cette époque. Pourtant, quand il rencontre la belle Osage Molly Kyle (Lily Gladstone), Ernest semble bien tomber amoureux... Pourtant ça va être le début d'un bain de sang...

Scorsese varie une fois de plus les plaisirs de cinéma en s'attquant à sa façon à un genre qu'il n'a jamais abordé avant, même s'il en est clairement un fin connaisseur: le western. Mais un western qui est situé dans les années , une période durant laquelle dans certaines parties de l'Ouest (partout où ce n'était pas la Californie, en gros), le travail de construction du pays n'était pas vraiment achevé... Comme avec Gangs of new York, situé 60 années environ avant les faits racontés ici, le metteur en scène transpose dans cette intrigue d'un autre genre, son univers bâti autour du crime organisé... Car autour de Bill Hale, magistralement incaré par Robert de Niro, c'est bien un système quasi mafieux qui s'agite. Un système qui repose à la fois sur un racisme militant, et sur un double langage maitrisé en permanence: car s'il prétend constamment le contraire, Hale est absolument déterminé à prendre des mains des Osage cet argent du pétrole dont il estime qu'ils ne le méritent pas. Et il est aidé de façon étonnante par une population qui reste hostile aux "indiens", mais aussi, par des gens qui n'ont aucune difficulté, à envisager (ou à concrétiser) un plan qui se finirait par le meurtre d'enfants qui sont des héritiers du pétrole... Et à la dire à un policier, entre la poire et le fromage, comme si ça n'avait rien de choquant. Un monde dans lequel, incidemment, la banque est détenue par un homme qui se présente ouvertement comme le chef local du KKK.

Comme Mean Streets, Goodfellas, Casino, Gangs of New York, The Departed, The Wolf of Wall Street et The Irishman, le film est donc une fois de plus une exploration de la façon dont l'Amérique s'est construite sur des familles tentaculaires et criminelles, des groupes humains (et ici The wolf of Wall Street est bien sûr l'exception) dont l'affirmation d'identité passe par le crime voire le massacre. Et comme dans la plupart de ces films, la police, à travers un fonctionnaire consciencieux et méthodique du FBI (l'excellent Jesse Clemons), met du temps à les coincer, mais ira au bout de l'investigation. Mais entre temps, on aura vu de quelle manière des gens auront été loin dans une entreprise inhumaine d'extorsion à très grande échelle.

Et le plus intéressant, c'est que tout en jouant sur la fresque (un film de 3h26, c'est souvent souligné), Scorsese ne perd jamais de vue ses trois principaux personnages, à savoir Hale, Burkhart et Molly. Celle-ci aime son mari, qui le lui rend bien, et mettra du temps avant de le soupçonner d'être pour quelque chose dans le meurtre de sa mère, ses trois soeurs, et aussi dans la façon dont son diabète va empirer quand Hale lui fournira de l'insuline. Si elle ne soupçonne pas Ernest, en revanche elle comprendra assez vite que Hale est un hypocrite... Ce dernier est en effete permanence à vanter son affection pour les Osage, mais on comprend assez vite que c'est lui qui tire les ficelles... Ernest, lui, est sans doute un esprit lent, capable de se fermer à la logique, et réussissant à faire abstraction du fait qu'il est en train de tuer son épouse à petit feu... Tout en étant sincèrement amoureux. Di Caprio, les dents jaunies et les traits tirés, le joue comme un homme monstrueux dans son inachèvement, son manque total de sophistication, et l'eprise que son oncle a sur lui, bien sûr... La dynamique entre ces trois personnages trouve son meilleur ancrage dans le personnage de Molly et Scorsese réussit un tour de force narratif: nous faire adopter le point de vue de cette dernière alors qu'elle sera moins présente à l'écran que les deux autres. Mais Molly est bien le sujet et le révélateur du drame...

Enfin, le film participe d'une fascination du metteur en scène pour le double langage, qui est celui de la mafia, mais aussi de "Bill the butcher" dans Gangs of New York, ou de Jordan dans The wolf of Wall Street: cette capacité de prétendre constamment faire le bien, et être le bienfaiteur d'une communauté (ou le supérieur d'une entreprise^), tout en se conduisant sans aucun scrupule en criminel, dans le seul but d'accumuler le plus d'argent possible. Le Catholique Scorsese (non pratiquant, certes, mais il est baptisé et a été élevé à Little Italy) est autant dégoûté que fasciné par cette espèce, dont au terme d'un carrière fascinante, il fait dans ses films, qu'ils soient inspirés ou non de la vérité (c'est le cas ici) les fondateurs d'une Amérique entièrement forgée dans le sang.

 

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Published by François Massarelli - dans Martin Scorsese Western
29 septembre 2023 5 29 /09 /septembre /2023 22:17

Tourné en 1946, monté et déposé en 1947, et sorti en fin 1948... ce film tend à prouver que hawks aimait à prendre son temps... Mais il ne s'agit pas ici seulement de commenter la production compliquée d'un western hors-normes qui entendait changer un peu la face du genre, mais aussi de prendre en compte la façon dont, dans tant de films et en particulier ses westerns, (celui-ci étant le premier qu'il achèvera seul), les personnages sont lents, méthodiques, appliqués... Ce qui leur donne une efficacité imparable.

Tom Dunson (John Wayne) désire monter un ranch au Texas, mais en partant en compagnie de son assistant Nadine (Walter Brennan) pour accomplir son rêve, il apprend la mort de sa fiancée dans un raid indien... Sur les lieux de l'attaque, il recueille un rescapé, un adolescent choqué, chatouilleux... et armé. Les trois se mettent en route pour créer le ranch Red River D. Les années passent, l'adolescent, Matt, est devenu un homme (Montgomery Clift), et Dunson en est fier. Mais les temps sont durs, et une solution pour se tirer des ennuis est de se rendre dans le Missouri pour y vendre du bétail... Le voyage s'avérera difficile, car non seulement les éléments extérieurs (bandits, attaques d'indiens, une caravane rencontrée en chemin) compliqueront les choses, mais la relation entre Matt et Dunson s'enveimera jusqu'à la rupture...

voilà un film exceptionnel, qui commence à l'écart du monde et semble ne jamais vouloir se reconnecter à la moindre communauté établie. Dunson, son copain et son fils adoptif semblent avoir vécu leur vie entière dehors, au soleil, et on ne les verra jamais dans une ville, attablés dans un saloon, ou dans quelque endroit "civilisé que ce soit... Ni ville, ni ville fantôme, ce qui s'y apparente le plus serait sans doute la caravane et ses chariots. Il s'en dégage une impression de liberté totale qui traduit bien l'idéal romantique d'une vie à la dure, d'une quête perpétuelle du bout de la prarie, là où l'herbe se fait remplacer par les constructions. Un monde qui tend vers la civilisation, donc, mais sans jamais l'atteindre car une fois atteint ce rivage, l'histoire ne sera plus la même. Le film en devient donc l'égal de ces grands films fondateurs du genre que sont The covered wagon (James Cruze), Three bad men (John Ford), The big trail (Raoul Walsh), ou d'autres classiques qui offrent une réflexion romantique et amère sur la perte de l'innocence et de la liberté de l'ouest, notamment The searchers, de John Ford...

En cherchant à construire cette épure du western, il peut nous sembler normal voire évident que Hawks ait choisi de confier à John Wayne, encore jeune (il se vieillira pour une bonne part du flm afin de coïncider avec l'âge de son personnage), le rôle principal de son film. Aujourd'hui, derrière son conservatisme alarmant, le bonhomme est encore qu'on le veuille ou non un symbole de cette image du cow-boy, épris de la liberté, qui s'épanouit plus en cherchant la fortune qu'il ne le fera jamais en la trouvant, et qui finit par se fondre dans un environnement hostile dont il saura prendre et célébre le meilleur. Mais voilà, il restait à Wayne à écrire ces pages du western, un genre où à l'exception des films de Ford et de Walsh (en particulier The big trail en 1930) pour lequel il n'avait quasiment tourné que des séries B voire des navets... Quand il tourne Red River, il n'a pas encore participé à la trilogie de la cavalerie, à The Searchers, Hondo, et tant d'autres films... Au même titre que Stagecoach, Red River sera donc une oeuvre majeure pour sa carrière.

La façon dont Hawks présente l'équipe (composée principalement mais pas uniquement de trois personnages) est typique de son oeuvre: là où d'autres (Curtiz, par exemple) auraient préféré exposer les personnages rapidement en ayant recours à des types (Alan Hale et Guinn Williams, dans Dodge City, sont de pittoresques faire-valoirs unidimensionnels, qui se différencient considérablement du valeureux Irlandais au sourire suave de Erroll Flynn... Lui aussi est un stéréotype bien pratique. Pas ici: les personnages n'en finissent pas de se définir, et de se dévoiler lentement, dans une approche pourtant ni naturaliste ni psychologique... Tout est dans l'art de la digression, comme je le disais: ces gens se définissent dans le travail, dans l'action, la décision froide, mais réfléchie et jamais précipitée. C'est d'autant plus notable que bien souvent les personnages de Wayne (notament dans les films qu'il produira, qui seront souvent marqués d'un sceau très idéologique de droite, voire libertarien avant l'heure) finiront par être un rien trop infaillibles dans leur jugement, dans leur radicalisme aussi. Mais Tom Dunson, marqué au fer rouge par la perte d'un être cher, est un homme qui garde jusqu'au bout du film le droit de mener sa barque en se trompant...

Dans cet art consommé de la digression érigée en fil narratif, on ne peut que remarquer et souligner, d'un côté le rôle primordial joué par Walter Brennan, auquel il suffit d'enlever son dentier pour apparaître plus vieux... Véritable conscience de John Wayne, il effectue dans certaines versions du film la narration avec un certain bonheur. Il commente tout, mais on évite toute redondance un peu trop pittoresque justement parce qu'il humanise le héros, en lui conservant son amitié, mais surtout en montrant que ses errements et sa colère sont motivés, justement, par la perte. Et l'autre partie de ce fil digressif concerne le personnage de Matt, le comlice et l'héritier, qui complère Dunson, mais s'oppose à lui quand ça lui semble légitime. Et justement, c'est ce qui fera le sel du film dans sa deuxième moitié... Mais Matt est également un adolescent à peine grandi, où Hawks va aussi bien mettre des qualités de professionalisme et matière de maniement d'arme, qu'on retrouvera chez d'autres (Ricky Nelson dans Rio Bravo, et James Caan dans El Dorado), qu'une certaine tendance à dégainer pour frimer, voire des allusions à certaines manies adolescentes ("ton bras pour tirer fonctionne bien?" "oui, je m'entraîne tous les soirs"...). Au-delà donc de la fascination de Hawks pour le travail des cow-boys dans la prairie, et de la façon dont Wayne joue un homme qui porte en lui une impression de responsabilité telle qu'il s'arroge le droit de vie et de mort sur ses employés, le film devient le conte d'une confrontation entre un homme et son fils adoptifs, une querelle liée aussi bien à un héritage matériel (le ranch, les bêtes) que culturel (l'ardeur au travail, la loi de la prairie)... 

Et plus que tout, à travers ce conte en liberté et au grand air, c'est la naissance, après vingt ans de comédies, films de gangsters, films noirs et films d'aventure, d'un maître du western, qui n'allait pas en tourner beaucoup (trois autres, j'en exclus The Big Sky dont la période n'est pas celle du "Wild West"), mais en délivrer deux chefs d'oeuvre absolus. Celui-ci est donc le premier... Un film dans lequel l'impulsion d'aller vers l'Ouest, cet appel fondamental de l'aventure, se retrouve dans deux hommes, un ancien, qui court après tout ce qu'il a gagné puis perdu, mais qui refuse de remettre en question son approche fondamentale, à la dure, et un jeune, un homme d'avenir élevé à la dure mais foncièrement adaptable, adepte aussi bien des armes que de la négociation, et qui porte en lui l'espoir d'un ouest pacifié, dompté, et civilisé. Un conflit de génération qui se mue en une parabole de la construction d'un monde, il n'y a pas de meilleur sujet pour un western.

 

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Published by François Massarelli - dans John Wayne Howard Hawks Western Criterion
9 août 2023 3 09 /08 /août /2023 09:45

C'est un western contemporain: les chapeaux et chevaux des cow-boys, y croisent des voitures et la vie trépidante d'une grande métropole... Il est aussi assez difficile de le prendre au sérieux, tant les aventures de l'ouest y sont prése tées sous un jour léger... 

Dans une grande ville, le riche George Brooks (Frank Beal) couve sa fille Ellen (Kathryn McGuire) d'une tendresse bienveillante, mais elle se comporte tout de même en enfant gâtée. Elle s'affiche en permanence en compagnie d'un type interlope, Rodney Stevens (Frank Hilliard). Il serait même louche, et il en aurait après ses bijoux, que ça ne m'étonnerait pas... Brooks confie donc sa fille à l'un de ses employés, Tom Markham (Tom Mix), qui supervise son ranch en Arizona, avec pour mission de lui apprendre la vie en la bousculant un peu s'il le faut; Markham applique un traitement rôdé en jouant la comédie de la vie à la dure du grand ouest. Mais Stevens va profiter de la situation pour tenter de voler un diamant conséquent...

Côté pile, donc, un western-pour-rire, avec ses faux) indiens, une (fausse) attaque de diligence, et ses cow-boys (plus ou moins vrais). Côté face, une première moitié dans laquelle Tom Mix, en costume du dimanche (il a mis ses santiags à paillettes), se rend à Los Angeles où il doit déjà se battre dans les rues contre une mystérieuse bande... On sent que le film hésite, souhaite couvrir un large territoire tout en proposant beaucoup d'humour: un personnage décalé, un chauffeur de taxi qui est presque venu par hasard, fournit du gag au kilo...

C'est un film FBO, un tout petit studio qui avait récupéré Mix après son contrat Fox. FBO était un indépendant, dirigé par Joseph Kennedy (le père) à l'époque où ce dernier rêvait de devenir un important dirigeant de studio. C'est raté... A travers ce film parfaitement conservé (merci à la Bibliothèque du Congrès et à Lobster pour une restauration très efficace), on voit l'une des raisons pour lesquelles le western est tombé en désuétude, et s'est retrouvé durant dix années confiné aux tout petits films, à quelques exceptions près: hors les "grands sujets" des films qui avaient illuminé les années 20, The iron horse, The Covered Wagon, il n'intéressait pas un public avide de grands frissons épiques... Pas de petits westerns rigolos menés avec cascades et dérision.

Et sinon, grandeur et déliquescence, Kathryn McGuire, qui joue un rôle plu que générique de femme futile et écervelée, est l'ancienne partenaire de Buster Keaton dans Sherlock Jr et The Navigator...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1929 Western
7 août 2023 1 07 /08 /août /2023 14:15

Grant newbury (Tom Mix) est un inspecteur de la police des frontières, spécialisé dans l'intervention de terrain... Il est chargé de mettre fin à un trafic d'immigrants sur les frontières du Sud, et se retrouve sous couverture, engagé par la bande de Jim Frazer (J. Farrell McDonald), qui sous un aspct bonhomme, est le chef d'une opération de grande envergure, qui passe par le Grand Canyon pour faire passer des immigrants chinois qui seront utilisés comme main d'oeuvre à bon marché. Mais Frazer est aussi le tuteur de la charmante Estelle Holloway (Eva Novak), une jeune orpheline de la bonne société de Chicago. Elle ignore tout des activités de son oncle, et souhaite le rejoindre pour l'été...

C'est un de ces petits westerns tricotés en série par la Fox dans les années 20 autour du personnage de Tom Mix, qui vaut mieux que ce que ses photos de publicité pouvaient indiquer: costumes exagérément décorés et précieux, immense chapeau, éperons dorés... Ici, il est comme souvent un cow-boy coincé dans le 20e siècle, mais avec une certaine ressource. Par exemple, il sera vu aussi bien sur son cheval qu'à bord d'un avion, dns un fiml qui ne s'embarrasse jamais de tergiversations... C'est trépidant, direct, sans chichis...

Bien sûr, un oeil actuel sur le film ne nous aidera pas à l'apprécier, en raison d'une part d traitement réservé aux chinois, qui au mieux sont un élément décoratif, et au pire une source de gags, mais c'est le lot de toutes les minorités dans les films muets américains; et d'autre part, la façon dont la jeune femme se retrouve totalement démunies une fois qu'elle s'est éloignée de son bivouac dans le grand canyon, nous fera probablement plus sourire que frissonner; heureusement, elle a Tom Mix! celui-ci est un de ces braves hommes sans histoires ni arrière-pensées qui peuplaient ces westerns naïfs, et il done envie de vois d'autres de ses films, pour peu qu'on mette la main dessus...

Et la star incontestée du film reste évidemment le Grand Canyon, dont les contours en 1922 étaient certainement mal connus. Le film prétend que l'équipe a inauguré e survol de la zone, et en a tiré des images superbes. Et les avantages dramatiques de cette curiosité géographique sont nombreux, et Lynn Reynolds l'a bien compris. Enfin, le lieu permet à Tom Mix et aux cascadeurs de s'en donner à coeur joie...

 

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Published by François Massarelli - dans Western Muet 1922
25 février 2023 6 25 /02 /février /2023 18:17

Vern Haskell (Arthur Kennedy) est un brave homme, un cow-boy qui rêve de s'établir avec sa fiancée: le mariage est prévu pour dans huit jours... mais elle travaille dans un magasin qui est dévalisé par des bandits, et lors du hold-up, elle est tuée... Vern décide de retrouver les hommes, et mène son enquête, détail après détail... Il remonte la piste jusqu'à une bande de hors-la-loi qui tournent autour d'une ancienne chanteuse de saloon, Altar Keane (Marlene Dietrich). L'un d'entre eux possède une cicatrice, comme si une femme l'avait griffé...

Il n'y a peut-être pas de genre plus propice aux obsessions de Fritz Lang que le western: la culpabilité, la loi et ses subtilités, la présence de la mort qui rode, l'envie du crime et surtout la vengeance considérée comme une affaire strictement privée! D'ailleurs, s'il n'en a fait que trois (Outre ce film, The return of Frank James et Western Union, le fait est que d'autres films dans son oeuvre auraient aisément pu appartenir au genre: dès 1919, n'avait-il pas pastiché le genre dans Die Spinnen? Fury, You only live once, Man Hunt ou The big heat auraient pu se dérouler sans accrocs dans un cadre westernien, sans changer grand chose à leur atmosphère.

Donc, la motivation pour Vern, un héros tranquille qui aspirait sans doute à l'anonymat et une vie bien pépère, sera la vengeance, une vengeance qui lui tient à coeur car on le verra sacrifier beaucoup dans ce film, qui le place dans une certaine incertitude quant à son avenir: il sacrifie d'abord son honnêteté, car pour s'approcher des coupables potentiels, il lui faudra se faire marquer comme bandit, et être crédible. Il va donc commettre un délit... Il va aussi, dans une scène révélatrice, sacrifier toute chance auprès d'Altar, la mystérieuse chanteuse, qui manifestement en pince pour lui bien qu'elle soit promise à un autre (Mel Ferrer). Combien d'autres héros de westerns auraient eu la chance de "partir avec la fille" à la fin du film? 

...Pas Vern, car ce n'est pas ce qu'il cherche. 

Et puisqu'on parle de chercher, le film est construit en deux temps, ce qui ne surprendra personne chez les spectateurs familiers de l'oeuvre de Lang! Sauf que ces deux parties ne sont pas des longs métrages à part entière, voilà tout. La première est celle qui est consacrée à l'enquête et on retrouve l'art de Lang pour les puzzles, faits de détails, de signes, de petits riens qui s'amoncellent. Ici, le puzzle reconstitue de façon obsessionnelle le visage d'une femme autour de laquelle le crime gravite, interprétée par Marlene Dietrich...

C'est là que pour moi le bât blesse... Quelle loi au monde, quel juge impitoyable nous a imposé, à chaque fois ou presque qu'un rôle lui revenait, que Marlene Dietrich (par ailleurs une actrice fort capable) doive chanter une chanson... J'utilise le terme de chanter à défaut d'autre chose, mais je persiste et je signe: non seulement c'est faux et ridicule quand elle chante, mais c'est toujours aussi épouvantablement laid. Et pour tous les films que j'ai vus d'elle, il n'y a pas une exception...

Mais outre ça, c'est un impeccable western, dont le seul (autre) défaut est sans doute d'être tombé dans le domaine public: ça veut dire qu'on a toutes les chances, quand on le voit, de tomber sur une abominable copie... sauf si on a entre les mains le Blu-ray Warner Archive sorti en janvier 2023. 

 

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Published by François Massarelli - dans Fritz Lang Western
25 février 2023 6 25 /02 /février /2023 14:08

Ca devait arriver: avec ce film, exceptionnellement conservé dans une copie à peu près complète, Perez s'attaque au western, ce qui a une conséquence sur l'analyse de son oeuvre...

Il interprète donc un pied-tendre qui se trouve malgré lui, et par hasard, sur les lieux d'un crime: deux bandits s'apprêtent à faire passer un mauvais quart d'heure à une jeune femme (Dorothy Earle). Il ne fait qu'une bouchée d'eux, et en récompense, la jeune femme tombe amoureuse et le ramène chez son vieux papa, qui donne un ultimatum au jeune homme: deviens mineur, trouve un filon, et tu auras la main de ma fille!

C'est gentiment absurde, plein de gags idiots et de jeux de mots glorieusement stupides dans les intertitres, et le personnage ne parvient jamais à nous faire oublier qu'il est l'expatrié Perez déguisé en cow-boy pour les besoins d'un film. C'est avec ce film d'un genre hautement codifié, qu'on se rend compte quand même qu'à force de tout baser sur des rêves ou sur leur logique (même si ce film ne nous raconte pas un rêve, il en possède quand même l'arbitraire loufoque), on perd quand même la substance des personnages. Même quand ils parodiaient sans vergogne, Keaton et Arbuckle réussissaient à composer un personnage...

 

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Published by François Massarelli - dans Marcel Perez Western Muet
19 février 2023 7 19 /02 /février /2023 17:50

Tourné en novembre 1912 à Fort Lee, après Oil and water (le premier «deux bobines» depuis Enoch Arden), The Massacre ne sortira qu’en février 1913. Il deviendra, à sa façon, un classique du western, et doit sans doute cette position enviable à sa construction: mélange de mélodrame, de drame historique, de film d’aventures, Griffith ne choisit jamais et pose les jalons des ingrédients futurs du western.

Il me déçoit toutefois, par la manipulation un peu trop voyante utilisée par le metteur en scène pour nous impliquer dans une scène de bataille déjà anthologique; le film nous conte en effet deux histoires: le départ vers l’ouest de l’héroïne jouée par Blanche Sweet et son mari interprété par Charles West, d’une part, et les pérégrinations fatales d’un régiment de Cavalerie mené par un officier à la Custer, dont un ancien prétendant de Blanche Sweet est l’un des scouts (Un guide civil, pas un ridicule gamin en uniforme), joué par Wilfred Lucas.

Le prologue, comme d’habitude, est centré sur Blanche afin de capter le public, et l’impliquer jusqu’au bout; de fait, lorsque le simili-Custer a mené l’attaque sur un village indien, et doit subir les représailles à ce qui pourrait bien être Little Big Horn, les gens de la caravane dont font partie Blanche et son mari sont avec la cavalerie, et ces pionniers vont eux aussi subir l’attaque fatale. Le suspense est lié à la question suivante: le mari de l’héroïne préviendra-t-il les secours à temps pendant que Blanche et son enfant, protégés par les cavaliers (et le scout, dont le sens du sacrifice est souligné) courent un danger particulièrement mortel?

Non que je refuse ma part de suspense lorsqu’elle m’est donnée, mais les incohérences du récit, le côté collage (« Bonjour, amis pionniers. Nous venons de massacrer des femmes et des enfants, leurs maris doivent le savoir à présent, et ils ne sont sûrement pas contents. Vous joignez-vous à nous ? –D’accord. »), et la frustration du spectateur que je suis de voir Griffith lâcher en plein vol le sujet qu’il avait abordé (nommément, le massacre de Washita, qui pré-data Little Big Horn de quelques années: il s’agissait effectivement de l’acte de barbarie qui sera à la base de la fédération de plusieurs tribus -un cas unique dans l’histoire des Amérindiens- qui entraînera une victoire spectaculaire contre Custer): la description du massacre par la cavalerie des femmes, des vieillards et des enfants est montrée ici sans ambiguité, avec tout le savoir-faire dont Griffith pouvait faire preuve, tant dans le montage que dans le dosage de ce qu’il faut voir et de ce qu’on peut suggérer. Mais l’indignation soulevée par l’anecdote ne débouche que sur le coté mécanique des représailles…

C’est tout Griffith: il soulève des problèmes, il pose des questions, mais n’y apportera pas de réponse. D’ailleurs, je me permets moi aussi de soulever une question, sans y apporter non plus de réponse: de quel massacre nous parle le titre de ce film ambigu? Le film est très distrayant, et le suspense marche à fond, c’est bien le principal.

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Muet Western
17 février 2023 5 17 /02 /février /2023 08:33

A deux pas du désert, un homme seul et sans cheval (John Wayne) arrive dans un ranch, dont la propriétaire (Geraldine Page) l'héberge. Elle attend son mari parti on ne sait où, et elle a un petit garçon de 6 ans, qui très vite se lie avec Hondo Lane, l'étranger. Celui-ci leur dit de faire très attention, car les Apaches, qui vivent en bon voisinage avec eux, sont furieux à cause du comportement du gouvernement à leur égard. Quand Hondo part, il indique clairement à son hôtesse qu'il la désire...

Pendant qu'il est loin du ranch, les Apaches, menés par le chef Vittorio (Michael Pate), font une visite menaçante à Mrs Lowe, mais la présence du garçon inspire le chef, qui décide d'en faire un guerrier, garantissant la protection de l'enfant et de sa mère. Pendant ce temps Hondo rencontre le mari, qui est un bon à rien, et le tue pour se défendre...

C'est un prototype, celui des westerns "idéologiques" qui seront pondus par Wayne et sa compagnie Batjac, souvent avec Andrew McLaglen aux commandes; ici, l'idéologie est une sorte de version glorifiée d'un libertarisme absolu! Hondo, d'ailleurs, le professe sans cesse, donnant lieu à des scènes dont une en particulier est célèbre: votre enfant ne sait pas nager? flanquez-le à l'eau! Il veut caresser le chien? Laissez-le faire, il sera mordu et n'y reviendra pas. Le personnage de Hondo traverse tout le film avec cette assurance, et comme Wayne est aux commandes du film, qu'il a produit, il a toujours raison, et je dois dire que c'est assez exaspérant...

Sinon, le personnage, situé dans la carrière de Wayne alors que l'âge commence à se faire sentir, mais pas l'embonpoint, est aussi un brouillon de ce que fera John Ford avec Ethan Edwards, un indépendant absolu. Mais Hondo n'est pas, contrairement à Edwards, un raciste invétéré et motivé par une haine des Indiens: il a, le répète-t-il, du sang et de la culture Apache; il a vécu comme eux, et les comprend... Et il laisse la "civilisation" s'installer, mais non sans regret, car il reste admiratif de la culture Apache. Le film fait donc partie de ce courant ouvertement soucieux de rectifier le tir sur les nations Indiennes, et même s'il le fait avec une certaine gaucherie, c'est un aspect intéressant...

Pour le reste, Wayne producteur a piqué certaines méthodes de son mentor John Ford, et on verra ici quelques ratés (un cheval qui glisse dans un plan large, n'importe quel metteur en scène aurait refait le plan, mais la méthode Ford, non!), et des cascades où Yakima Canutt n'essaie même pas de ressembler à John Wayne... Enfin, le film était en 3D à sa sortie, attendez-vous donc à une dizaine de lances, couteau, tomahawks lancés vers l'écran...

 

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Published by François Massarelli - dans Western John Wayne
16 février 2023 4 16 /02 /février /2023 17:06

The last drop of water est l’un des premiers westerns de Griffith, rendus donc possibles par le déplacement en Californie. Ce film simple mais efficace nous conte le départ d’une caravane de colons vers l’ouest, et le sacrifice de l’un d’entre eux, qui en donnant son ultime ration d’eau à un camarade rend possible la découverte d’un puits par ce dernier, qui va pouvoir ramener de nouvelles provisions d’eau à la caravane assiégée par des indiens.

Mentionnons également le triangle amoureux, entre un ancien soupirant éconduit, une jeune femme interprétée par Blanche Sweet, et un alcoolique, mais aussi une intervention taritara de la cavalerie, et on a à peu près tous les ingrédients du film, tourné dans des décors parfaitement idoines, dont l’inévitable désert du sud Californien.

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Muet Western