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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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3 mai 2024 5 03 /05 /mai /2024 20:30

Sally (Helen Foster) est une jeune femme très comme il faut, qui a rencontré dans son lycée des jeunes gens de son âge, mais qui vont la pousser à se dévergonder un peu: alcool, tabac, puis son petot ami va lui imposer des rapports... La descente aux enfers, toujours plus loin, toujours plus bas, va se poursuivre, jusqu'à l'irréparable...

Le film est une cause célèbre... A moins que ce ne soit son remake. Le scénario de Willis Kent, également producteur du film, a servi deux fois: dans les deux cas, la production a utilisé le bon vieux prétexte cher à ce qu'on appelle "l'exploitation", soit prétendre que le film sert une croisade morale, en rappelant aux parents d'être vigilants à l'égard de leurs enfants... ce que rappelle un prologue, qui fait intervenir un professionnel (probablement) qui met les adultes en garde. 

Mais cette mise en garde et ces intentions affichées, surtout, ont permis à la production d'aller plus loin que la censure ne le permet, puisqu'il leur est donné licence pour montrer les dangers du comporteent de Sally: l'alcool, la pression des copines, la drogue (glissée dans son verre, pour la rendre docile), les maladies vénériennes, la grossesse, et pour finir l'avortement clandestin et la prostitution... Sans oublierun strip poker qui a beaucoup angoissé Helen Foster durant le tournage, au point qu'elle s'est donnée du courage "liquide", soit une bouteille d'alcool de contrebande, cachée sous la table!

C'est un "quickie", un film vite fait mal fait, et on voit bien les coutures. On voit bien les intentions salaces derrière le prétexte, aussi... Mais le film est malgré tout soigné, et contrairement à son successeur (1934), il reste surtout suggestif. ...Enfin pour la majeure partie du film. La fin est lancée à partir d'une scène où il me semble reconnaître une scène choquante de La rue sans joie... Donc la production avait bon goût, c'est déjà ça!

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Published by François Massarelli - dans 1928 Muet **
24 avril 2024 3 24 /04 /avril /2024 15:45

Sorti en 1927, chez Universal, ce film est une adaptation par Emory Johnson d'une nouvelle écrite par sa mère Emilie... Le réalisateur était de San Francisco, et a consacré une bonne part de son oeuvre à sa ville. Ses films possèdent un volontarisme qui les place au-dessus du lot, y compris quand comme celui-ci (et d'autre, d'ailleurs), ils sont sortis par un studio: précisément, c'est une distribution Universal...

Le prologue du film choisit de nous montrer un événement qui renvoie clairement au passé de la ville: quand un matin, la terre a tremblé à San Francisco, détruisant une bonne partie de la ville. On nous montre ne famille qui fuit, le père, la mère, le fils...Le père ne se remettra pas et laisse donc derrière lui sa veuve et leur fils, qui grandit: c'est Henry Victor. La mère, incarnée par Mary Carr, est une de ces mères de cinéma, comme tant de films nous ont montrées: sage, souriante, aimante et douce... Le fils est bien sûr très épris de sa maman, alors quand il revient de l'université avec une épouse, celle-ci va se sentir délaissée. Ca ira jusqu'au drame, puis la séparation, enfin le divorce...

Le quatrième commandement, celui du titre, demande aux hommes de ne pas négliger leurs parents et les personnes agées de leur famille, "Tu honoreras ton père et ta mère"... C'est ce que le film va illustrer, d'abord en choisissant de montrer de quelle façon Virginia (Belle Bennett) qui n'a pas connu sa maman, adopte puis repousse celle de son mari, au point de fuir avec leur fils quand elle juge qu'elle en a trop subi. Puis il va montrer de quelle façon elle reçoit la monnaie de sa pièce une fois son fils devenu adulte...

La mise en scène est assez franchement exaltée, il faut laisser de côté tout cynisme pour adhérer au film, comme ouvent avec le mélodrame; son intérêt principal, outre le fait que la réalisation en est très soignée, est que le personnage principal est précisément celle qui va partir, abandonner son mari pour de mauvaises raisons... Derrière le prêche un brin irritant, le film vaut pour son énergie.

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Published by François Massarelli - dans Emory Johnson 1926 Muet **
24 avril 2024 3 24 /04 /avril /2024 09:24

Un vieux monsieur, très riche, se fache tout rouge contre sa fille, qui a osé se marier avec un artiste de cirque. Il la déshérite et exige que sa petite-fille lui soit confiée... Mais c'est trop tard: le bateau qui transportait la troupe a été victime d'un naufrage au large de la Côte Africaine, et selon toute vraisemblance il n'y a aucun survivant... Mais le grand-père (Joseph J. Dowling), effondré, reçoit l'étrange visite fantômatique d'une petite fille qui vient lui demander de l'aide, avant de disparaître sous ses yeux. Persuadé de la survie de sa petite-fille, il va désormais consacrer tous ses efforts à la retrouver, et persuadé d'avoir été visité par une émanation surnaturelle, il va s'adjoindre les services d'un occultiste, Don Mackey (Norman Kerry), pour la retrouver... Pendant ce temps, un héritier potentiel, sentant le danger, ne va pas rester inactif.

Et pendant ce temps, Lorraine, effectivement sauvée par le gorille Bimi, s'installe sur son rivage, au milieu des animaux, un éléphant et des lions qui vont la protéger. Mais Bimi est particulièrement jaloux de sa protégée... Les années passent, et elle devient une jeune femme (Patsy Ruth Miller).

C'est un démarquage sans scrupules de Tarzan, et même le titre nous le dit: de Tarzan of the apes, on passe à Lorraine of the lions! Et contrairement à ce qu'on pourrait penser, il n'y a aucun esprit "camp", ici, aucune volonté ironique, le film est à prendre comme une aventure au premier degré, ce qui serait impensable en 2024. A moins que...?

Mais au-delà de ses aspect ridicules, et de son côté mélodramatique en diable, le film est bougrement sympathique. La première partie en particulier, qui se situe sur plusieurs continents, et ne perd jamais le spectateur en jouant sur le suspense et l'improbabilité: la scène de la visite à son grand-père par la petite Lorraine est d'ailleurs très belle et plutôt intrigante... 

Mais Ce Lorraine of the lions se démarque de Tarzan au moins sur deux points: réunissant deux des stars de The hunchback of Notre-Dame, il capitalise sans problème sur l'envie du public de les voir se rapprocher et cette fois, l'enfant élevée en pleine jungle sait ce qu'elle veut quand elle est dans les bras de l'athlétique Norman Kerry! et sinon, le film ne peut s'empêcher de proposer à Kerry de jouer les sauveteurs, lorsque le gorille Bimi devenu fou de jalousie s'en prend à sa maîtresse, soudainement éplorée et incapable de se défendre. Bon, ce genre de chose ne serait quand même pas arrivé à Tarzan, hein?

Quant à Norman Kerry, eh bien... je suis persuadé qu'il s'est beaucoup amusé, et qu'il n'a pas pris ce film très au sérieux...

 

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Published by François Massarelli - dans Edward Sedgwick 1925 Muet **
23 avril 2024 2 23 /04 /avril /2024 17:01

Le maître de Rex, un cheval prodige, a été assassiné par un bandit... Tout accuse Joe Regan, le contrebandier, et celui-ci vise à mettre la main sur la fortune d'une pure et innocente jeune femme. Heureusement, le mountie Jack Gordon veille au grain sur tous les fronts...

C'est un de ces films courts, qui offraient chz Universal un complément de programme vite fait, mais pas forcément mal fait: c'est du mélo sans scrupule, mais le film (qui ne sortira qu'en 1929) est soigné, et les acteurs (dont Helen Foster, qui n'allait pas tarder à sombrer dans le film de série Z) sont compétents. De toute façon, les personnages sont tous plus ou moins inspirés des clichés du genre, et l'essentiel du spectacle est fourni par les chevaux (c'est un film dont la vedette EST un cheval, Rex The wonder Horse)! Mais le metteur en scène sait, sur ses 47 minutes, installer une vraie tension...

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Published by François Massarelli - dans Cataclop Muet 1928 **
22 avril 2024 1 22 /04 /avril /2024 10:53

La Pologne, au début du XIXe siècle, après les guerres Napoléoniennes... Des bourgeois, des paysans, des prêtres, des anciens soldats, des Catholiques, des Juifs de Lithuanie et de Pologne, s'unissent derrière l'idée d'une Pologne libre et tournée vers l'avenir...

...Ou du moins c'est ce que j'ai cru comprendre: le film est adapté non seulement de l'Histoire, dans son versant glorieux donc méfiance, et en plus c'est l'Histoire de la Pologne, un domaine dont je ne puis dire qu'il me soit familier... Mais il est aussi adapté d'un poème célèbre... en Pologne! D'ailleurs les intertitres suivant le poème, le film n'en est que plus complexe à comprendre.

Ajoutons à ça que le film n'a survénu que sous la forme d'une copie incomplète... Qui totalise quand même ses deux heures bien tassées.

Il reste essentiellement décoratif, à plus forte raison quand la numérisation de ce classique muet Polonais a été effectuée d'après une superbe copie en 35 mm bien conservée... malgré les trous béants dans l'intrigue. Et si il est évident que le metteur en scène avait vu les films des années 20, du Danemark, de France, d'Allemagne ou d'Italie, sans parler bien sûr des Etats-Unis, il est clair que ses tentatives d'émulation du style en vigueur (caméra mouvante, utilisation du décor notamment dans les scènes sentimentales) restent, justement, des tentatives...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1928 ** Potrzebie
26 décembre 2023 2 26 /12 /décembre /2023 11:34

Deux jeunes femmes, à peu près du même âge, ont été confrontées dès leur plus jeune âge à des circonstances fort différentes: Stella Maris (Mary Pickford), élevée par sa famille richissime, est invalide mais très bien suivie, et maintenue depuis sa chambre dans une ignorance absolue de tout ce qui pourrait lui rappeler que le monde est cruel: par exemple, l'homme qu'elle aime, et qui le lui rend bien (Conway Tearle), est marié à une femme de mauvaise vie (Maria Manon), comme on dit: alcoolique et cynique, violente et menteuse... De son côté, Unity Blake (Mary Pickford) a vécu toute sa jeunesse dans un orphelinat, donc quand une femme vient l'adopter, à tout prendre, après tout pourquoi pas. Sauf que cette femme est justement l'épouse du journaliste John Risca, l'amoureux platonique de Stella Maris, et si elle l'adopte, c'est pour l'exploiter... Par des chemins inattendus, les deux personnages vont se croiser et se rencontrer...

Je vous arrête de suite: si la dimension mélodramatique du film est parfois assez évidente, il ne s'agira pas ici, ni de récit d'une paire de jumelles séparées à la naissance par des secrets compliqués et délirants, ni d'une histoire dans laquelle les deux femmes vont devenir les meilleures amies et vivre dans la soie jusqu'à la fin de leurs jours. On peut argumenter du statut de la fin comme étant heureuse, pendant des jours, il n'en reste pas moins que c'est quand même assez poignant...

Le nombre de films produits par Mary Pickford qui "sortaient de son style habituel" est tellement important (Fanchon the cricket, A romance of the redwoods, Tess of the storm country, Rosita, Little Annie Rooney, Sparrows, My best girl...) qu'on en finirait presque par se denmander si on ne serait pas victime d'un cliché persistant: car l'actrice, ici, a soigné particulièrement le rôle de l'orpheline Unity Blake, jouant sans le moindre maquillage (et devenant de fait quasiment méconnaissable, un truc qu'utilisera Marion Davies dans plus d'un film) et se livrant à une variation troublante sur ses "pauvres petites filles riches... En fait une très pauvre petite fille pauvre! et le film adopte souvent son point de vue, montrant Stella Maris comme l'idéal absolu de vie pour la petite Unity qui pas un instant, ne s'imagine vraiment qu'elle pourra avoir une telle existence. Le film est donc très noir, je le disais plus haut.

Et Neilan a été encouragé par les circonstances (la nécessité de truquer certaines scènes, et de proposer parfois deux Mary Pickford dans les mêmes scènes) à soigner particulièrement sa mise en scène et ses images. Et c'est un festival de beautés cinématographiques, de clair-obscurs, d'utilisation savante de l'ombre et de la lumière... C'est une merveille, l'un des plus grands films de ses auteurs... Mary Pickford, Frances Marion la scénariste, et bien sûr le trop oublié Marshall "Mickey" Neilan.

 

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Published by François Massarelli - dans Marshall Neilan Mary Pickford Muet 1918 **
26 octobre 2023 4 26 /10 /octobre /2023 22:20

The unknown occupe une place à part dans le corpus de dix films réalisés par Tod Browning avec l'acteur Lon Chaney... Souvent cité comme étant le meilleur par beaucoup d'amateurs, il est sans aucun doute le plus troublant de leurs films, celui dans lequel l'acteur et le réalisateur font converger leurs univers à travers une thématique commune qui aura rarement été aussi riche en sens et en interprétations...

Lon Chaney, acteur à transformations, appréciait le défi représenté par la recréation du handicap, et avait à plusieurs reprises utilisé ses capacités de jeu pour la caractérisation de personnages comme Blizzard (The penalty, Wallace Worsley, 1920), amputé des deux jambes (Et tourné d'une hallucinante façon frontale), ou comme Dan, le faux infirme de The blackbird (Tod Browning, 1925), qui soumettait son corps à une impressionnante et dangereuse gymnastique pour faire croire qu'il était difforme...

De son côté, Browning était fasciné par le bizarre, certes, c'est souvent dit. Mais il était surtout issu du milieu du cirque, et avait transposé dans son univers cinématographique cette expérience, non seulement par des films situés dans ce monde-là (The unholy three, The mystic ou The show, pour s'en tenir à des films tournés avant The unknown), mais aussi en mettant souvent l'accent sur la mystification. Et son style en venait aussi: chez lui, on trouve peu de mouvements de caméra, peu de montage savant. Il lui importait d'installer une atmosphère par un décor approprié, et de demander aux acteurs de mettre en place la situation d'une manière aussi claire que possible. Les séquences reposaient ensuite beaucoup sur l'exposition de la scène à l'écran, avec une tendance justement à s'attarder, qui est surprenante aujourd'hui, par ce qu'elle enlève de rythme, mais qui est totalement inhérente à tout son cinéma (Ce qui donne parfois des résultats embarrassants, je pense à son adaptation ratée de Dracula en particulier). Mais surtout, Browning cherchait constamment à reproduire de lui-même vis-à-vis du public le bon vieux lien de mystification, en pointant le spectateur dans la mauvaise direction... 

Donc, un illusionniste qui aimait à créer de toutes pièces des univers décalés et situés aux frontières du convenable, et un acteur fasciné par la différence et qui cherchait par tous les moyens à la représenter au mieux, en faisant tout pour être convaincant, et même au-delà, à créer entre lui et son spectateur un lien émotionnel fort: ces deux-là étaient faits l'un pour l'autre...

Le défi de The Unknown était important pour l'acteur, dont la publicité de l'époque cachait qu'il avait été doublé. Rien de déshonorant pour lui pourtant: Chaney, fait-il le répéter, était un acteur, et son personnage d'homme qui fait croire qu'il n'a pas de bras, avant de prendre la décision de se faire amputer, est un exemple particulièrement significatif de son talent... l'intrigue est la suivante: Alonzo (Chaney), homme sans bras, est une attraction du cirque de Zanzi (Nick De Ruiz). Tous les soirs, il effectue avec ses pieds un numéro de lanceur de couteaux... Son assistante est la jolie Nanon (Joan Crawford), dont il est amoureux... Celle-ci est obsédée par l'insistance des hommes à vouloir la toucher, en particulier ce grand nigaud de Malabar (Norman Kerry), le costaud de la foire, qui revient à la charge en lui déclarant sa flamme tous les soirs: irritant, même si l'intention du bonhomme reste noble.

Le problème d'Alonzo, c'est qu'il a un secret: il a des bras, qu'il dissimule évidemment, et ceux-ci sont célèbres dans la police: car avec les deux pouces de sa main gauche, le bandit laisse des empreintes particulièrement reconnaissables. Si sa couverture (Il a un corset et utilise ses pieds avec la même dextérité qu'un authentique amputé) peut tenir un temps, comment pourrait-il devenir l'amant de Nanon? ...Surtout quand celle-ci surprend une silhouette mystérieuse qui étrangle son père, et possède deux pouces à la main gauche. Malgré les conseils de Cojo (John George), son ami et complice qui lui propose de prendre du champ, Alonzo s'entête et prend la décision la plus folle possible: se faire amputer, afin de définitivement détourner les soupçons, et de pouvoir conquérir Nanon. 

Avant son départ, Alonzo a une idée qui débouchera sur un désastre: il conseille à Malabar d'insister, espérant provoquer chez Nanon un dégoût plus intense encore... C'est bien sûr le contraire qui arrivera, car dans l'univers de Lon Chaney, l'amour est hors de portée. C'est l'un des ingrédients qui permettent à l'acteur de provoquer une forte sympathie de son public, assez paradoxalement: car Alonzo est une fieffée canaille, qui résout cette histoire dans une tentative sadique que je vous laisse découvrir par vous-même... Un acte qui, bien sûr, lui coûtera la vie. D'autres éléments visant à diaboliser le personnage ont disparu des copies actuelles (le film n'a survécu que dans une copie réduite à cinq bobines, dénichée dans les collections de la cinémathèque Française): le meurtre soit montré, soit fortement suggéré du médecin qui l'ampute, et la disparition plus que louche de Cojo, seul témoin survivant des actes criminels d'Alonzo... Mais ces actes avaient probablement été coupés avant la sortie de la version définitive.

Browning est à son aise dans ce film, situé dans son monde si particulier, fait de roulottes et de coulisses du cirque; les personnages y sont à la fois des illusionnistes, car une bonne partie du travail artistique du cirque repose sur le faire croire, et de véritables créatures d'un monde parallèle; comme dans la plupart de ses films de cirque, Browning nous montre des gens qui gardent leur identité en permanence: d'ailleurs, Malabar est toujours Malabar, avec le costume idoine. J'admets au passage que Norman Kerry n'est probablement pas la meilleure raison de voir le film... Et Chaney y trouve son personnage idéal, un infirme qui est à la fois un criminel, un escroc, un manipulateur et un amoureux éconduit. Sa prouesse est impressionnante, qu'il soit doublé (dans des plans travaillés au millimètre, puisque on le voit vivre avec les pieds d'un autre, sa doublure...), ou que l'illusion repose sur son jeu irréprochable. Et il joue, littéralement, sans les mains, donc avec son exceptionnel visage.

Pour finir, comment ne pas penser à l'interprétation la plus fréquemment associée à ce film, qui voit en The Unknown une métaphore à forte connotation sexuelle, faisant de Nanon une femme qui a été violée, et d'Alonzo, un homme qui pour la posséder va décider de se faire castrer. Il est vrai que si Malabar convoite Nanon sexuellement (Ce gros tas de muscles a un regard de collégien salace dès qu'il la voit), on peut s'interroger sur le lien qu'Alonzo cherche à établir. D'autant que Chaney joue ici un homme d'âge mur... Un tel scénario, impliquant une métaphore de la castration comme seule chance de se faire aimer est excessif, mais pas au regard de l'étrangeté de l'univers de l'acteur, et encore moins du réalisateur. Beaucoup, au sujet de ce film, veulent d'ailleurs voir un rapport avec la rumeur insistante selon laquelle Browning, dans l'accident de voiture dont il a été victime en 1915 (Qui coûta la vie à l'acteur Elmer Booth) aurait subi beaucoup plus qu'un traumatisme, et que son obsession de l'amputation, voire de l'impuissance, en viendraient en droite ligne. Spéculations, théories, qui ne font qu'ajouter au sordide... ou au fascinant. Ou aux deux... Tout ça pour dire que The unknown, en dépit de son air de ne pas y toucher, est un sacré morceau de l'univers de Browning. Enfin restitué dans une version qui rend justice à a progression, et au sens de l'atmosphère de son réalisateur: une copie plus complète du film ayant été retrouvée à Prague, on a enfin la possibilité de l'apprécier dans une version de six bobines plus proche (à 30m près!) de sa durée initiale...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1927 Tod Browning Lon Chaney **
26 octobre 2023 4 26 /10 /octobre /2023 21:35

En Hongrie, dans un petit cirque, une troupe de gitans se livre à un numéro bien huilé: une jeune femme, Zara (Aileen Pringle), réussit à faire croire à la foule, en plein jour, qu'elle convoque des esprits... Un Américain (Conway Tearle) présent dans le public s'intéresse à eux et décide de les ramenr avec lui pour une escroquerie de haut niveau: prétendre que Zara est médium et qu'elle peut permettre à de riches clients de communiquer avec leurs défunts... Et tant qu'à faire, s'ils amènent leurs bijoux, il y a moyen de s'en charger aussi!

Ceci est l'un des films les plus méconnus de Browning, qui pourtant est lié à son courant le plus connu, ses films situés autour du cirque, ou du carnaval. Cette escroquerie élaborée mais totalement incroyable au sens strict du terme, nous en rappellera d'autres: les criminel(le)s repentis ou non de The wicked darling et The exquisite thief (1919), Outside the law (1920), The White tiger (1923), Drifting (1923), ou The unholy three (1925) pour s'entenir aux films tournés avant celui-ci...

Derrière cet intérêt pour les malfaiteurs organisés et imaginatifs, se cachent plusieurs aspects de son oeuvre, on hésite à écrire "de sa vie" car on n'est pas sûr que les légendes qu'il a lui-même colportées avec application soient vraies, et qui n'en sont jamais parties: le fait de baser une vie entière sur le mensonge, par exemple, comme Alonzo (The unknown); le goût pour le mise en scène, qu'elle soit sur un tréteau ou dans la vie d'un bandit (The unholy three); et puis une véritable fascination pour les trucs qui servent à duper le public (comme le dit un de ses personnages en mourant, dans The blackbird: I'm fooling them): on verra ainside quelle manière on fait croire tout et son contraire au piblic dans The show, mais aussi dans The mark of the vampire, ou dans Miracles for sale, qui mettra en colère une armée de prestidigitateurs en révélant des trucs de la profession! Toute une conception de la vie dans ces obsessions, qui renvoient à toute une profession, qui n'est pas vraiment éloignée de celle du cinéma...

Et ici, le truc qui repose autant sinon plus sur la crédulité des clients, que sur de véritables techniques, reste quand même l'un des plus élaborés, et improbables de son oeuvre. A des morceaux d'explication, telle l'utilisation savante de l'ombre et de la lumière, Browning ajoute des trucs cinématographiques, des mattes, du flou, des surimpressions... C'est sans doute l'un des plus techniques de ses films, et l'un des plus intéressants tant cette fois aucun personnane ne renvoie à ce qu'aurait pu en faire Lon Chaney!

Et ce qui reste, c'est que cette fois, les bandits resteront sans doute des bandits. On voit en effet une escroquerie élaborée, dans laquelle une troupe de voleurs prennent vraiment les gens pour des imbéciles pour mieux leur soutirer de l'argent, et le tout est vu de leur point de vue... Les acteurs sont largement oubliés, voire des seconds couteaux, mais ils sont convaincants et prenant, menés par Aileen Pringle, une actrice énergique qui nous rappelle un peu Priscilla Dean. Bref plus qu'une rareté, c'est un film qui devrait être à la tête du canon de Tod Browning. Dommage qu'il soit resté si méconnu...

 

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Published by François Massarelli - dans 1925 Muet Tod Browning **
25 octobre 2023 3 25 /10 /octobre /2023 15:54

1899: la petite ville de Johnstown prospère gentiment à l'ombre du barrage sur la rivière. Tom O'Day (George O'Brien), ingénieur, a des doutes sur la solidité de la construction, et tente d'en informer les notables. Il s'apprête à épouser Gloria (Florence Gilbert), la fille de l'un d'entre eux... Le mariage laissera inconsolable Anna (Janet Gaynor), la fille d'un contremaître (Paul Panzer), qu'un malfaiteur véreux incite au sabotage... 

C'est un film Fox, qui est basé sur un incident authentique. Mais le propos a été recentré sur deux aspects; d'une part, l'intrigue sentimentale, assez mélodramatique et très générique. Sauf qu'en raison de la personnalité des acteurs il est difficile de ne pas imaginer un seul instant que george O'Brien finira avec Janet Gaynor! Ensuite, la progression lente mais inéluctable vers le désastre, filmé avec une grande invention dans les effets spéciaux... Avant l'inondation, une chevauchée héroïque de Janet Gaynor fait une grande impression et a souvent été utilisée pour la promotion du film...

Mais il n'y a pas que ça dans ce film certes peu imaginatif mais impeccablement fait et monté: en une heure tout juste (ou presque), Irving Cummings nous montre une communauté Américaine de 1899 dont on n'a pas le moindre oment l'impression qu'elle est en fait à dater dans les années 20... la tare du cinéma Américain classique étant l'incapacité, à quelques rares exceptions près (Our hospitality, The GeneralThe Scarlet Letter, The Bowery, The Strawberry Blonde), à rendre correctement les périodes qu'il montre. C'est souvent sans grande importance, mais il arrive que ce soit agaçant. Ce film est très authentique sur les costumes, et les comportements. 

Il ajoute un fort accent sur la communauté, à travers cette petite bourgade réunie autour de son église et de son barrage, dans laquelle un employé noir et un tailleur juif (Max Davidson) semblent intégrés, dans la limite de leurs attributions (le plus souvent à l'écran est Davidson, qui est une fois de plus impeccable. Et sinon, forcément, c'est un film, tourné un an avant l'admirable Sunrise, et on y verra Janet Gaynor et George O'Brien. Rien que ça, ça vaut la peine...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1926 Max Davidson **
20 septembre 2023 3 20 /09 /septembre /2023 18:08

A la cour d'Espagne, Dom César de Bazan (Antonio Moreno) est un noble dont la fortune a subi de sérieux revers... Lors d'un dîner accordé à la cour par le roi Philippe (Wallace Beery), César tombe amoureux d'une gitane... mais il se fait aussi voler tout l'argent qui lui reste et ne peut empêcher une saisie. Mais la belle gitane, Maritana (Pola Negri), lui ramène (un peu tard) son bien. Elle a aussi tapé dans l'oeil d'un certain nombre de personnages, donc le roi, un sacré coquin... César et Maritana sont partis pour de picaresques aventures au milieu d'intrigues de cours toutes plus rocambolesques les unes que les autres...

Quand Ernst Lubitsch et sa complice Pola Negri sont arrivés aux Etats-Unis, en 1923, suite au succès de leurs films Allemands communs, ils se sont tous deux lancés dans une adaptation de la pièce de théâtre Dom César de Bazan, d'Ennery et Dumanoir. Mais c'étaient deux films différents: l'un, celui-ci, était une spectaculaire production Paramount qui s'intéressait à tous les aspects fastueux du grand spectacle simili-historique, l'autre, Rosita, était une production United Artists de Mary Pickford, mise en scène par Lubitsch, et qui occasionnera (à tort) des regrets à l'actrice. Celle-ci regrettera d'avoir tourné un film trop intime, situé dans le cadre d'une histoire d'amour entre un prince et une danseuse...

Ici, c'est en effet le faste qui domine, mais on a le sentiment que Brenon cherche par tous les moyens à donner au public ce qu'il veut... Et globalement y parvient. Sans jamais trop se prendre au sérieux (et la pièce originale d'ailleurs, démarquage de Ruy Blas comme le serait La Folie des Grandeurs de Gérard Oury, n'était pas à proprement parler une tragédie), le film accumule les coups de théâtre à loisir... Negri est excellente, énergique et mutine mais parfois aussi tentée par le drame. Moreno sait parfaitement ne pas se prendre trop au sérieux et est engageant en héros à l'épée chatouilleuse. La photo est signée du grand James Wong Howe (qui signait encore seulement "Howe"), ce qui est un gage de beauté... La réalisation n'est pas notable par des scènes mémorables, mais Brenon fait bien son travail. Il y a uand même des séquences de foule... que Lubitsch aurait probablement adoré tourner...

 

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Published by François Massarelli - dans Herbert Brenon Muet 1923 **